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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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Introduction: Définitions et

méthodologie

En introduction à cette recherche, il importe de bien définir ce que nous entendons à la fois par féminisme, genre, développement et ONG. Ces termes ne font pas l'unanimité; et c'est bien ce qui rend difficile leur utilisation tant au quotidien, lorsqu'on veut exprimer la relation complexe entre les deux genres composant l'humanité, que lorsqu'on désire les conceptualiser pour pouvoir mobiliser la notion de genre, a fortiori lorsqu'on les associe à un domaine également controversé tel le développement. Comme ces deux notions procèdent d'un savoir, il n'est pas inutile de faire quelques réflexions sur la constitution d'un savoir.

1. DE LA CONSTITUTION DU SAVOIR ET DU RAPPORT A L'OBJET

Le savoir est le fruit d'un cheminement idéologique et culturel qui a des répercussions sur la facon de construire son objet, en l'occurrence: les femmes, le genre et le développement. Tout concept est le résultat d'une pratique, quel qu'en soit le domaine.

Etant socialement construit, il doit être remis dans un contexte plus global que le simple cadre et la réalité particulière dans lesquels se sont développées les recherches, observations, analyses, systématisations et conceptualisations qui l'ont produit. Cette double contrainte entre le particulier et l'universel prend tout son sens dans le cas des études féministes et des études de développement.

Huguette Dagenais souligne ainsi que la recherche féministe ne part pas de catégories du discours ou de théories mais de problèmes concrets et de personnes, les femmes, pour arriver à une conceptualisa tion. 13 Cette recherche s'inscrit donc directement dans un vécu, dans une situation. Or si la réalité de la recherche féministe est effectivement ancrée dans le réel, les recherches sur les femmes, et par extension sur le genre, ont créé des objets d'étude non réductibles (les femmes) pour dégager des cadres conceptuels qui ont vocation à être universels mais qui sont dans la réalité souvent réducteurs.

2. QUELQUES DEFINITIONS DU GENRE

Jeanne Bisilliat et Christine Verschuur soulignent le fait que le terme genre n'est pas apparu de facon soudaine. Il est selon elles une des étapes fondamentales de la recherche féministe et est le produit d'un cheminement intellectuel. 14

L'ONG Deutsche Welthungerhilfe donne cette définition de genre:

Les gens naissent femmes ou hommes mais apprennent à être des filles ou des garcons qui grandissent pour devenir des femmes ou des hommes. Ils apprennent quelles sont les attitudes et comportements appropriés, les rTMles et activités qui sont pour eux et comment ils doivent se mettre en relation avec les autres. Ce comportement acquis est ce qui fait l'identité de genre et détermine les rTMles de genre. 15

13 DAGENAIS Huguette, Conceptions et pratiques du développement: contributions féministes et perspectives d'avenir, in BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris-Genève, p. 32.

14 BISILLIAT Jeanne et VERSCHUUR Christine (dirige par), Le Genre: un outil nécessaire. Introduction à une problématique, Cahiers Genre et développement, n°1, 2000, AFED-EFI, Paris-Genève, p. 14.

15 DEUTSCHE WELTHUNGERHILFE: Gender Training for GAA Staff, Bonn, 1997, polycopié, p.2.

La notion de genre est donc utilisee pour differencier les caracteristiques biologiques, qui sont donnees par la nature et ne peuvent etre changées des caractéristiques sociales qui sont apprises par la civilisation et peuvent etre changées. Le premier aspect important dans le genre est donc la difference entre genre et sexe.

Cette definition a suscité de nombreuses critiques. La critique principale decoule du caractere culturel du concept. Son peu d'universalite en ferait un outil de travail peu recommande. Tout comportement acquis culturellement fait en quelque sorte partie d'une sphere dans laquelle on ne peut s'immiscer. D'autre part inserer le genre dans les politiques reviendrait à s'introduire dans la sphère privee puisqu'on touche aux relations interpersonnelles. Alors que les critiques fusent par rapport au caractere culturel du genre, il y a moins de scrupules à utiliser des concepts tels celui de la croissance, bonne gouvernance ou droits de l'Homme, tous concepts typiquement occidentaux. Nous reviendrons sur la critique relative à la sphere privee ulterieurement.

Selon Isabelle Jacquet,

le genre est une construction theorique dont l'objectif est de faire en sorte que toute analyse, toute initiative, tout projet de developpement prenne en consideration l'existence du decoupage des societes et des activites humaines entre deux types d'individus: les hommes et les femmes16.

Le terme de genre designe donc les relations sociales entre les sexes. Cependant, on pourrait ajouter que ce sont toutes ces relations et non pas seulement celles que les femmes pourraient avoir avec les hommes, qui sont inclues dans ce concept.17 Restreindre l'etude du genre à la seule etude des femmes ne sert à rien, sinon peut-etre à para»tre plus neutre, plus serieux et moins effrayant que lorsqu'on utilise le terme 'femmes' ou 'feminisme'. Tout comme les autres relations sociales, celles qui se nouent entre hommes et femmes sont construites; elles ne reposent donc pas sur des caracteristiques naturelles/biologiques. Sexe et genre ne peuvent se confondre. Cette difference fondamentale est soulignee par John Hoffman qui remarque que, s'il n'y avait pas de différence entre sexe et genre, alors on devrait voir que dans une société sexiste, la domination des hommes résulte de leurs différences biologiques d'avec les femmes, et que l'égalité de genre ne pourrait 'etre possible qu'en effacant ces différences, chose qui n'est ni désirable ni vraiment possible.18

Pour Marques-Pereira le genre serait, de maniere globale,

une categorie analytique qui fait reférence à: la division sociale entre le masculin et le feminin, le rapport de pouvoir entre hommes et femmes fondé sur la division sexuelle du travail, le caractère transversal du genre à l'ensemble des rapports sociaux, le caractere dynamique du genre variable dans le temps et dans l'espace, le caractère quotidien des rapports de genre et la construction sociale des differences, non seulement entre hommes et femmes, mais aussi entre femmes.19

De ces quelques definitions du genre nous tirerons le cadre général de notre analyse, dans
laquelle nous tenterons de voir en quoi l'aspect dynamique, global et transversal du concept

16 JACQUET Isabelle: Développement au Masculin/Féminin. Le genre, outil d'un nouveau concept, L'Harmattan, Paris, 1995, p.9.

17 Les relations sociales sont la base d'un cadre d'analyse du genre dans le développement, cadre que nous développerons dans la deuxième partie de ce travail.

18 HOFFMAN John: Gender and Sovereignty, Feminism, the State and International Relations, Palgrave, New York, 2001, page 35. Traduction libre. NB: toutes les citations d'ouvrages en anglais ou en espagnol sont l'objet de traductions libres.

19 MARQUES-PEREIRA Bérengère, Femmes dans la cite dans le cTMne sud de l'Amérique latine et au Portugal, in MARQUES-PEREIRA Bérengère: Femmes dans la Cite: Amérique latine et Portugal, Sextant, ULB, n8, 1998, Bruxelles, pp. 7-16, p.12-13.

de genre peut servir de base à une redéfinition des rapports de pouvoir en agissant comme un "big bang conceptuel".

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