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Féminisme, genre et développement en Amérique latine: le cas de Novib (ONG néerlandaise )

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par Zoé Maus
Université libre de Bruxelles - DEA pluridisciplinaire 2002
  

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Chapitre II: ONG et perspective de genre

en Amérique Latine

Comme nous l'avions évoqué précédemment, et comme nous avons pu le constater lors de
nos séjours en Amérique centrale210, il n'est pas évident que les programmes de la

208 Permanencia voluntaria en la Utopia: El feminismo autonomo en el VII encuentro feminista latinoamericano y del Caribe, Colecci--n Feminismos Complices, Editorial La Correa Feminista, Mexico, 1997, pp.111 -116.

209 ALVAREZ Sonia A., Latin American feminisms "go global": trends of the 1990's and challenges for the new millenium, in ALVAREZ Sonia, DAGNINO Evelina et ESCOBAR Arturo (sous la direction de), Cultures of politics, Politics of cultures. Re-visioning latina american social movement, Westview Press, Boulder, 1998, pp. 293-324, p.294.

210 Lors de notre voyage en Amérique centrale durant l'été 2000, nous avons rencontré des femmes et des
hommes, membres d'associations féministes, d'ONG européennes et d'institutions internationales210 qui nous ont
fait part de leur expérience et de leur facon de voir. Nous avons rencontré des membres des organisations

coopération internationale répondent aux attentes des populations auxquelles ils s'adressent et les différends entre les deux parties sont grands, encore plus lorsqu'il s'agit de féminisme et de genre. Cette réflexion faite, il semble essentiel de voir ce qui sépare les deux "mondes" pour travailler à ce qui les relie.

Dans ce chapitre nous mettrons en lumière quelques traits saillants dans les rapports entre ONG (du Nord) et les féminismes en Amérique latine en observant dans un premier temps quelles peuvent être les conceptions des femmes du Sud et du féminisme qu'ont les ONG du Nord et comment ces conceptions se reflètent dans le choix de leurs partenaires et le type d'action qu'elles mettent en place. Nous évoquerons également quelques remarques qui sont faites par les femmes latino-américaines par rapport au travail des ONG.

1. ONG, FEMMES DU SUD ET FEMINISMES

Nous avons observé, lors de notre expérience à VOICE mais également à la lecture de divers documents d'ONG, qu'il existe, au sein des ONG du Nord, une réticence à aborder la thématique du féminisme (comme base théorique et courant politique) d'une part, à travailler avec les féministes (comme groupes d'action/ partenaires) d'autre part.

? ONG, féminisme et patriarcat inconscient

Un premier point qui sépare les ONG européennes des femmes latino-américaines est la reproduction du schéma de pensée patriarcal par les ONG, puisque c'est celui-là même contre lequel luttent les femmes latino-américaines. Souvent ces structures restent empreintes en effet d'un patriarcat inconscient, ce qui rend les thématiques liées aux femmes taboues, encore plus lorsqu'elles se présentent sous le terme de "féminisme". Les ONG doivent bien sftr lutter pour intégrer le genre dans leurs projets, mais également lutter pour l'intégrer à l'intérieur de leurs structures.211

Ines Smyth, (OXFAM-GB), évoque dans plusieurs articles 212, la difficulté qu'ont les ONG de développement à parler ouvertement de féminisme et d'idées féministes. Les raisons qui sont invoquées par Smyth sont les suivantes: la peur d'ingérer dans la culture locale, le 'féminisme pop'213 et l'anxiété par rapport au projet politique du féminisme.214 Dans une étude sur le Genre au sein de l'Union Européenne 215, Mandy Macdonald évoque également cette crainte. Selon elle, cette résistance viendrait d'une conception démodée du féminisme qu'ont ces personnes: celui-ci serait une "importation du Nord", "l'imposition de valeurs

suivantes: Paz y Tercer Mundo (Tegucigalpa), ECHO (le Desk Officer pour l'Amérique centrale, Tegucigalpa), OXFAM (Managua), CHRISTIAN AID (Guatemala Ciudad), Croix Rouge Américaine (Tegucigalpa), Acción Contra el Hambre (Tegucigalpa), Solidaridad Internacional (Tegucigalpa), La Malinche, La Corriente (Managua), CCER (Coordinadora Civil para la Emergencia y la Reconstrucci--n - Managua), Puntos de Encuentro (Managua), Centro de Derechos de Mujeres (Tegucigalpa), Red de Mujeres contra la Violencia (Managua).

211 A propos du changement au sein des ONG voir le chapitre 2: Dinámica de género interna de las organizaciones donantes in MacDONALD Mandy, SPRENGER Ellen et DUBEL Ireen, Género y Cambio organizacional. Tendiendo puentes entre las politicas y la practica, KIT, Institut Royal pour le Tropique, Pays Bas, 1995, pp. 35-54.

212 voir A rose by any other name: Feminism in development NGOs in PORTER Fenella, SMYTH Ines et SWEETMAN Caroline, Gender Works! Oxfam experience in policy and practice, Oxfam Publications, Oxford, 1999, pp. 132-142. et NGOs in a post-feminist era, in PORTER Marilyn et JUDD Ellen (sous la direction de), Feminists doing development. A practical guide, Zed Books, Londres, 1999, pp. 17-28.

213 EISENSTEIN appelle ainsi certains thèmes qui, autrefois du seul ressort du féminisme, sont passés aujourd'hui, édulcorés et simplifiés, dans le domaine public, c'est-à-dire ces thèmes tels le harcèlement sexuel, le droit au travail, etc. qui sont aujourd'hui des problèmes d'ordre général qui rendent le combat féministe inutile aux yeux de certains puisque ces problèmes sont abordés par tous.

214 SMYTH Ines, A rose É, opcit., pp. 137 -138.

215 MACDONALD Mandy, Gender Mapping the European Union, EUROSTEP/WIDE, Brussels, 1995.

occidentales au Sud", "un complot matriarcal". Face à cette résistance, Macdonald souligne l'importance du langage qui peut, selon elle, être

aliénant et mystificateur.216

Creation d'un sujet femme homogene

On observe cependant moins de réticences des ONG lorsqu'il s'agit de créer un sujet-femme homogène. A l'instar du discours qui a été développé sur les pays du 'Tiers Monde', et qui dépeignait les sociétés du Sud comme étant 'imparfaites, anormales, ou comme étant des entités malades comparé aux sociétés développées'217, un discours dépréciant a été développé sur les femmes du Sud. Celles-ci sont souvent présentées comme étant doublement opprimées: par leur genre et par le sous-développement de leurs pays.218 Cette description de la femme du Sud est en grande partie le fait des féministes occidentales qui ont expliqué les femmes du Sud en présupposant que les réalités des femmes occidentales, blanches et de classe moyenne, pouvaient s'appliquer à toutes les autres femmes. C'est donc en se basant sur des paradigmes occidentaux que les ONG ont défini ce vers quoi on devait aller, prenant pour base la femme occidentale.

A la difficulté déjà énorme de parler des problématiques de femmes, et d'intégrer le genre dans le développement s'ajoute donc celle de déconstruire les croyances et conceptions que peuvent avoir les ONG pour pouvoir reconstruire une pensée plus novatrice et réellement incluante du féminin.

Choix des partenaires

Pourquoi, alors que les ONG travaillent avec ce qu'elles appellent des "partenaires du Sud", ne mettent elles pas plus d'enthousiasme à soutenir les mouvements féministes, qui sont la concrétisation du "savoir féministe", du "savoir de genre"? Les ONG du Nord préfèrent en général travailler avec des organisations rurales, sociales, qui ne sont pas directement féministes. Il existe une crainte en effet que les féministes avec lesquelles une collaboration est entamée ne soient pas représentatives de l'ensemble des femmes.219 Ce désir de travailler avec des partenaires qui seraient représentatifs est bien sar utopique mais pose également la question du sens politique des partenariats. Si les ONG sont claires avec les idéaux qu'elles défendent, et sont conscientes du fait qu'elles mêmes ne représentent pas "toute la société du Nord", elles ne devraient avoir aucun problème à créer des partenariats avec les organisations qui leur semblent être en accord avec leurs positions. Cette crainte n'est évidemment pas présente dans toutes les ONG. En fait, on constate que les ONG qui ont le plus peur de travailler avec les féministes, ou même d'utiliser le terme "féminisme", sont

216 MACDONALD Mandy, opcit, p. 49.

217 ESCOBAR Arturo, Culture, economics and politics in Latin American social movements theory and research, in ALVAREZ Sonia et ESCOBAR Arturo (sous la direction de), The making of the social movements in Latin America. Identity, strategy and democracy, Westview Press, Boulder, 1992, pp. 62-85, p. 65.

218 pour la réflexion sur les conceptions négatives des femmes au sein des ONG européennes voir MacDONALD Mandy, SPRENGER Ellen et DUBEL Ireen, Género y Cambio organizacional. Tendiendo puentes entre las politicas y la practica, KIT, Institut Royal pour le Tropique, Pays Bas, 1995, pp. 39 -40.

219 En 1996, Lors de la préparation de cette rencontre, émaillée de l'opposition entre les autonomes et les institutionnelles, les ONG européennes, et en particulier ICCO, ONG hollandaise, jouèrent un rTMle pour le moins ambigu. Après avoir décidé de financer le septième Encuentro féministe, ICCO a retiré son soutien sous prétexte que la rencontre n'était pas ouverte à l'ensemble des femmes latino-américaines (et surtout aux "institutionnelles"). Or, les organisatrices n'ont jamais refusé la participation à quiconque. Le choix de la méthodologie et du thème de la rencontre était fixé mais elles n'avaient pas pour autant fermé la portes aux femmes "institutionnalisées". La "neutralité", credo souvent mis en avant par les ONG, est ici foulée aux pieds et on peut se poser la question de la légitimité d'une telle décision. On peut également se poser des questions sur le rTMle joué par les ONGL (les institutionalizadas) dans la décision d'ICCO. voir le chapitre consacré à l'institutionnalisation du mouvement féministe latino-américain. voir Permanencia voluntaria en la Utopia: El feminismo autonomo en el VII encuentro feminista latinoamericano y del Caribe, Colecci--n Feminismos Complices, Editorial La Correa Feminista, Mexico, 1997.

celles qui ont une vision plus réductrice de l'intégration des femmes dans le développement et dont l'action est la moins dynamique en termes de changements sociaux, ce qui est généralement le cas des ONG confessionnelles. Nous verrons dans l'analyse de NOVIB que le partenariat qu'ils mettent en place est avant tout basé sur un une communauté de vues.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle