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L'éducation primaire comme levier de développement. Analyse critique à  partir de l'Objectif OMD 2: « Assurer l'éducation primaire pour tous »

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par Corinne STEPHENNE
Université catholique de Louvain - Master 120 en sciences de la population et du développement,  2011
  

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3.4. L'éducation et les théories économiques et/ou du développement

Les théories économiques occidentales servent de référence à la mise en place des politiques publiques de développement et d'éducation alors qu'elles font aussi l'objet de nombreuses critiques. Trois grandes théories sont incontournables : la théorie du capital humain, la théorie de la croissance endogène et l'approche par capability.

La théorie du capital humain

La théorie du capital humain - Mincer (1958), T.W. Schultz (1963) et G.S. Becker (1964) - met en lumière l'impact du capital humain (éducation, aptitude et expérience) sur la productivité des travailleurs. En faisant référence aux travaux de G. Psacharopoulos (1994, 2002), N. Henaff mentionne qu'il découle de cette théorie que « les rendements de l'éducation sont décroissants d'un cycle à un autre, et c'est dans le primaire qu'ils sont les plus élevés >> (Henaff, 2006 : 76).

Parallèlement, la théorie néoclassique considère également que « le taux d'accroissement du stock d'éducation est déterminant ... et a un effet sur la productivité du travail>> (Henaff, 2006 : 77). En ce qui concerne le rôle des inégalités dans la croissance, N. Henaff relève que « l'hypothèse des rendements décroissants implique des rythmes d'accumulation différenciés en fonction du niveau initial de capital et par

conséquent la convergence des niveaux de revenu sur le plan international comme au sein des pays et entre les différentes catégories de ménages >> (2006 : 78).

Pour les pays en développement (Perkins et al., 2006), cette conception a largement influencé et influence aujourd'hui encore les investissements consentis en faveur du secteur de l'éducation comme investissement rendant compte à la fois d'un rendement privé et d'un rendement <<social>>. Le rendement privé correspond à un calcul du coût d'opportunité entre coûts directs et manque à gagner lié à l'envoi d'un enfant à l'école d'une part, et d'autre part, l'argent escompté dans l'avenir ou le revenu futur (2006 : 335-336). Le rendement social se calcule en incluant tous les coûts privés - publics entrant dans la fourniture d'éducation d'une part, et en incluant d'autre part les effets externes positifs comme la santé, la participation à des décisions politiques, le progrès technique (2006 : 337-338).

La théorie de la croissance endogène

La théorie de la croissance endogène - R. Lucas (1988, 1990) et de R.J. Barro (2002) - s'articule autour de l'impact des politiques publiques, du capital humain et de la diffusion des technologies sur la croissance. Le capital humain a un effet sur la croissance car il facilite l'absorption des technologies modernes provenant des pays développés, l'innovation et l'ajustement à la hausse du capital physique. L'accumulation de capital humain est considérée comme un préalable au développement technologique. Il permet aussi l'exportation de la main d'oeuvre et il attire les investisseurs étrangers. La nouvelle économie classique formule l'hypothèse de rendements croissants ou constants de l'éducation (Henaff, 2006 : 77).

Parallèlement, << le stock initial d'éducation a une grande importance dans la détermination du taux de croissance à long terme ... l'accumulation de capital humain est considéré comme un préalable au développement technologique, et a un effet sur la productivité totale des facteurs >> (Henaff, 2006 : 77). N. Henaff mentionne que << R.J. Barro note que le primaire est un passage obligé pour le passage au secondaire >> (Henaff, 2006 : 79) et que cette théorie semble reconnaître que la qualité est plus importante que la quantité pour la croissance à long terme.

L' « approche par les capabiités »

A. Sen place l'éducation au centre de son approche par les capabilités et dans sa manière d'appréhender le développement. Son approche a eu une influence déterminante sur les politiques d'aide au développement et est à l'origine de la création en 1990, par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), d'un premier indice de développement humain au côté du produit intérieur brut mesurant le niveau de développement d'un pays.

A. Sen définit le développement comme << un processus intégré d'expansion des libertés substantielles, en corrélations étroites les unes avec les autres >> (Sen, 1999a : 22). Il distingue les libertés instrumentales, dont relève l'éducation, des libertés substantives. Les libertés instrumentales sont au nombre de cinq et entretiennent entre elles de nombreuses interactions. Il s'agit des libertés politiques (droits civiques et politiques associés à la démocratie), des facilités économiques (possibilité d'utiliser les ressources à des fins de consommation, de production ou d'échanges, de l'accès au financement), des opportunités sociales (les dispositions prises par la société relatives à la santé, à l'éducation et aux services facilitant l'accès aux autres libertés instrumentales), des garanties de transparence (garantie implicite de clarté) et de la sécurité protectrice (filet de protection sociale). Les libertés substantives, quant à elles, découlent des premières et représentent << l'ensemble des << capacités >> élémentaires, telles que la faculté d'échapper à la famine, à la malnutrition, à la mortalité prématurée, ainsi que les libertés qui découlent de l'alphabétisation, de la participation politique ouverte, de la liberté d'expression... >> (Sen, 1999 : 56-61).

Le développement dans ses composantes économique, sociale et politique repose donc sur la promotion des libertés individuelles et l'engagement social des êtres humains. La liberté individuelle est, selon lui, de l'ordre de la responsabilité sociale. L'important est de renforcer les << capabilités d'une personne de façon à lui donner la possibilité de choisir le type de vie qu'elle a envie de vivre et à lui permettre d'agir comme un <<agent>> c'est-à-dire une personne qui agit, modifie l'état des choses, est considérée comme membre de la collectivité et comme intervenant aux plans économique, social et politique (Sen, 1999 : 34).

Dans cette approche, la croissance du PNB et du revenu est un moyen d'étendre les libertés, et non plus une fin en soi, aux côtés d'autres facteurs déterminants comme les

dispositions économiques et sociales (libre accès à l'éducation et à la santé) et les libertés politiques et civiques (participation au débat public ou exercice d'un droit de contrôle). Ainsi, ces autres facteurs sont constitutifs du développement, il ne s'agit plus de se poser la question de leur rôle de « conducteurs » ou non du développement (Sen, 1999 : 57). Les aspects économiques, sociaux et politiques sont intégrés dans la perspective d'une compréhension globale du processus de développement. L'approche par les libertés est similaire au concept de « qualité de vie » du fait qu'ils se centrent sur les existences individuelles et la façon dont elles se déroulent (Sen, 1999 : 41).

L'éducation est un préalable au développement. En tant que composante des opportunités sociales, elle fait partie du registre des moyens et non des fins. L'accès à l'éducation, de préférence garanti par l'Etat, joue un rôle déterminant dans le développement par les libertés. D'un point de vue politique, la participation exige un niveau minimum de connaissances ne fût-ce que pour prendre part aux débats, aux décisions sur ce que l'on souhaite, ce que l'on a raison d'accepter ou de refuser. D'un point de vue économique, le développement de l'éducation publique contribue à son extension. A ce sujet, il cite en exemple les pays asiatiques. Le Japon a bénéficié dans son développement économique de la qualité de ses ressources humaines résultant d'un large éventail d'opportunités sociales dont le taux d'alphabétisation qui était déjà plus élevé qu'en Europe au milieu du XIXème siècle. La Chine, comparativement à l'Inde, engrange une croissance économique plus importante car elle a investi la sphère sociale en généralisant l'éducation et l'accès à la santé avant d'entamer des réformes économiques visant à ouvrir l'économie au marché mondial. Elle a, de ce fait, bénéficié d'un taux d'alphabétisation très élevé et d'un système scolaire bien réparti sur tout le territoire alors que l'Inde souffrait pour 50% d'une population adulte analphabète et préférait investir dans la formation des élites plutôt que dans l'éducation élémentaire. Plus largement, A. Sen relie l'illettrisme et la malnutrition à la pauvreté comme reflet d'une privation de capacités élémentaires. Citant en exemples le Sri Lanka, le Costa Rica, l'Etat du Kérala, il relie également des programmes sociaux adaptés dans le domaine de l'éducation et de la santé à une amélioration des conditions de vie sans qu'il n'y ait nécessairement croissance économique (Sen, 1999 : 63-66).

La pauvreté est une privation de capacités élémentaires et non une simple faiblesse de revenu (Sen, 1999 : 123).

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore