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La transposition dans l?ordre juridique national des directives cemac : une analyse sous le prisme de la pratique europeenne

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par GABRIEL CEDRIC MBOGNE CHEDJOU
Université de Yaoundé II/ Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master en relations internationales option intégration régionale et management des institutions communautaires 2012
  

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B- Le concours inexistant de la Commission de la CEMAC

Le concours de la Commission de la CEMAC comporte deux aspects, celui de son soutien à la mise en oeuvre du droit de la Communauté (1), et celui de son contrôle sur l'application des normes communautaires par les Etats membres(2).

1- En matière de soutien à l'application des normes communautaires195

Sur le point du soutien à la mise en oeuvre du droit communautaire, on peut remarquer l'insuffisante diffusion des normes communautaires, car même si les gouvernements des Etats membres sont les destinataires légitimes de ces normes, il est nécessaire au stade de leur application, d'associer les acteurs non-étatiques (société civile, secteur privé, les Barreaux, etc.).

En outre, la Commission de la CEMAC n'a pas mis en place de dispositif d'accompagnement des Etats membres pour l'application des normes communautaires. Il semble pourtant utile, pour la transposition des directives par exemple, que la Commission puisse soutenir même matériellement ou financièrement les Etats membres. Une plus grande implication de la Commission à ce stade permettrait d'anticiper d'éventuels manquements, et faciliterait le contrôle de la transposition des directives.

La Commission doit établir un véritable dispositif de dialogue entre elle et les Etats membres, afin de palier au mieux les faiblesses des administrations nationales en matière d'application du droit communautaire.

Dans le cadre par exemple de la transposition des directives UEMOA relatives aux marchés publics, adoptées le 09 décembre 2005 par le CM, la Commission de l'UEMOA s'est faite accompagner d'un Observatoire Régional des Marchés Publics (ORMP) dont les missions étaient la surveillance multilatérale et le pilotage du Projet de Réforme des Marchés Publics dans l'espace UEMOA. Plusieurs réunions ont été mises en oeuvre, et ont permis à la Commission de suivre efficacement l'exécution des directives par les Etats membres.

La Commission européenne dispose par exemple de la directive notification 83/189/CEE du 28 mars 1983 et codifiée par la directive 98/34/CE du 22 juin 1998. C'est une directive qui oblige les Etats membres à notifier à la Commission les réglementations

195 C'est également le cas au sein de l'UEMOA, voir DETCHENOU (Y.), Op.Cit

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nationales contenant des règles techniques à l'état de projet, c'est un véritable instrument de dialogue entre la Commission européenne et les Etats membres.

2- En matière de contrôle de l'application des normes communautaires

Sur l'aspect du contrôle, aucune disposition du Traité CEMAC du 16 mars 1994 ne prédisposait le Secrétariat exécutif (S.E) à une mission de contrôle sur la mise en oeuvre du droit CEMAC dans les Etats membres. Selon les dispositions de l'article 17, il était chargé de l'animation de l'UEAC. Difficile alors de voir dans cette formule du « législateur communautaire » un quelconque pouvoir de contrôle sur la mise en oeuvre conforme du droit CEMAC par les Etats membres. C'est sans doute pour palier en partie cette insuffisance, que le Comité Inter-Etats réuni à Malabo en juin 2005, avait recommandé l'institution d'un régime juridique de sanctions au sein de la Communauté196.

Le S.E est remplacé en 2007 par la Commission, mais il faut attendre les réformes institutionnelles de 2008, avec comme point majeur la révision du traité CEMAC et des conventions subséquentes, pour entrevoir des changements positifs.

Le Traité CEMAC révisé du 25 juin 2008 institue un régime de sanction en son article 4 al 2197 et définit des missions précises et claires pour la Commission de la CEMAC, elle « assure la mission de gardienne des Traités de la CEMAC »198, elle « veille au respect et à l'application, par les Etats membres ou leurs ressortissants, des dispositions du présent Traité et des Actes pris par les organes de la Communauté »199, ainsi qu'« à la mise en oeuvre du présent Traité, des conventions et des décisions de la Communauté. Elle veille également à la réalisation des objectifs en matière d'intégration »200. Ces missions rapprochent plus que jamais la commission de la CEMAC de la Commission européenne201, notamment en matière de contrôle de l'application du droit communautaire. C'est la raison pour laquelle en l'absence de faits empiriques témoignant de l'exercice de son contrôle par la Commission de

196 Rapport du comité inter Etat du 25 juin 2005 à Malabo en Guinée Equatoriale.

197 « En cas de manquement par un Etat aux obligations qui lui incombent en vertu du droit communautaire, la Cour de Justice peut être saisie en vue de prononcer les sanctions dont le régime sera défini par des textes spécifiques. »

198 Article 34 al 2 du traité CEMAC révisé.

199 Article 35 al 6 Op. Cit.

200 Article 35 al 11 Op. Cit.

201 Les missions de la commission européenne sont définies à l'article 211 du TCE.

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la CEMAC202, nous nous inspirerons des faits de la commission européenne pour présenter la substance de ce contrôle.

Concrètement, la Commission européenne publie chaque année un rapport sur l'application du droit communautaire établissant la liste des manquements à leurs obligations imputables aux Etats membres, tenus de lui notifier par voie électronique les textes pris pour la transposition en droit interne des directives. Ce rapport est présenté au Parlement européen.

L'action de contrôle de la commission européenne en matière de mise en oeuvre des directives communautaires par les Etats membres est axée sur trois secteurs : la communication des mesures nationales d'exécution (MNE), la mauvaise application des directives, et la conformité des MNE203, avec près de 80% de son effort de contrôle sur la communication des MNE204.

Le contrôle se manifeste à travers des opérations périodiques de mise en demeure au caractère systématique et exhaustif (tous les secteurs du marché commun sont concernés), avec entre autre une périodicité très serrée (elles se tiennent tous les deux mois)205. La Commission peut alors après une mise en demeure206, et après un avis motivé contre une possible infraction207 qu'elle aura elle même constatée ou qui lui aura été signalée par un Etat membre, et en cas de persistance de l'infraction, conduire une action en justice contre l'Etat fautif devant la CJCE208. La Commission a en outre la possibilité de saisir directement la CJCE lorsqu'elle

202 La Commission de la CEMAC est pour l'instant dans l'impossibilité d'agir, dans la mesure où le Traité CEMAC révisé et les conventions subséquentes ne sont pas encore entrés en vigueur. Il faut notamment que tous les instruments de ratification des Etats membres soient au préalable déposés au près du Tchad (article 66 du Traité révisé). Le Cameroun a déjà ratifié le Traité CEMAC révisé et les conventions subséquentes, en vertu de la Loi N° 2011/016 du 15 juillet 2011 autorisant le Président de la République à ratifier le traité révisé de la CEMAC et les conventions s'y rapportant, et par décret n° 2011-239 en date du 9 août 2011.

203 Voir le Livre blanc sur la gouvernance européenne, « rapport sur l'application du droit communautaire par les Etats membres et sur le contrôle de celle-ci par la commission, contenant des recommandations en vue de les améliorer du point de vue de la gouvernance démocratique européenne », Commission européenne/Secrétariat général, Bruxelles, 25 juin 2001, p. 93.

204 Ibid. p.95.

205 Ibid.

206 A titre indicatif en 2001, 1050 lettres de mise en demeure ont été envoyées, contre 569 motivés et la Cour a été saisie « seulement » 162 fois. Il faut souligner que ces chiffres sont en constante augmentation d'une année à l'autre. Ils sont passés de 2 356 en 2002 à 2 709 en 2003. Voir MUNOZ (R.), «Le contrôle de l'application du droit communautaire nécessité d'améliorer les outils actuels et obligation d'en proposer de nouveaux », Université de Liège/Institut d'Etudes Juridiques Européennes, 2007, p.10.

207 Concernant les infractions, Le nombre de dossiers d'infractions en cours en 2001(tous secteurs confondus) s'élevait à 3360 et en 2002 à 3541. Evidemment l'ensemble de ces cas ne donne pas lieu à la saisine de la Cour de Justice. Ibid.

208 Voir les articles 226 et 227 du TCE.

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l'estime nécessaire, par dérogation aux articles 226 et 227209, qui instaurent la procédure normale de saisine de la CJCE contre tout manquement d'un Etat. Ce contrôle de la Commission est mené notamment dans le cadre de la procédure du recours en manquement, c'est le contrôle « ex-post »210.

La commission européenne dispose aussi d'un contrôle « ex-ante »211, instauré par la directive notification 83/189/CEE du 28 mars 1983 et codifié par la directive 98/34/CE du 22 juin 1998. C'est une directive qui oblige les Etats membres à notifier à la Commission les réglementations nationales contenant des règles techniques à l'état de projet. Cet instrument vise donc à instaurer un dialogue entre la Commission et les Etats membres mais également entre les Etats membres entre eux afin d'éviter de futures violations du droit communautaire.

Au regard de ce qui précède, il semble alors assez logique de penser que les actions à venir de la commission de la CEMAC iront dans le même sens que celles de la commission européenne, notamment en matière de contrôle de l'exécution des directives.

Le contrôle de la commission de la CEMAC doit donc être mis en oeuvre de manière effective et efficace, dans la mesure où lui seul peut induire une implication déterminante de la CJC, et par ricochet réduire les contraintes juridictionnelles de l'application du droit communautaire en zone CEMAC.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld