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La transposition dans l?ordre juridique national des directives cemac : une analyse sous le prisme de la pratique europeenne

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par GABRIEL CEDRIC MBOGNE CHEDJOU
Université de Yaoundé II/ Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master en relations internationales option intégration régionale et management des institutions communautaires 2012
  

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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

On peut le constater, un pan essentiel du dispositif de mise en oeuvre du droit communautaire fait défaut au sein de la CEMAC. En effet, « le droit communautaire ne peut être réalisé que s'il est perçu et assimilé par l'ordre juridique national de chaque Etat »296. La capacité d'assimilation du droit communautaire des Etats membres est alors ici, la capacité d'assimilation des autorités administratives, la capacité d'assimilation des autorités judiciaires nationales, mais aussi et surtout la capacité d'assimilation des particuliers, tous acteurs primordiaux de la construction communautaire. Les juges nationaux, encore plus, sont des instruments stratégiques de la mise en oeuvre du droit communautaire, et c'est à eux qu'il revient par le mécanisme du renvoi préjudiciel, d'enclencher le contrôle de la CJC, car « le juge communautaire ne peut véritablement jouer son rôle de jurisdictio que s'il est saisi des litiges qui lui fournissent l'occasion de préciser le sens et la portée des objectifs des textes communautaires »297. Mais si l'oeuvre du juge national fait alors cruellement défaut jusqu'ici dans l'application des directives CEMAC, notamment du fait du désintérêt du justiciable national à l'encontre du droit communautaire, l'on est tenté de penser que l'instauration récente au sein de la CEMAC du mécanisme de recours en manquement d'Etat, répond d'une nouvelle dynamique dont les effets positifs sont appelés à s'étendre sur la mise en oeuvre des directives communautaires. L'action des Etats membres, et surtout celle de la Commission, sera donc déterminante pour l'efficacité du recours en manquement d'Etat, qui vise tout au moins en partie, à améliorer la mise en oeuvre du droit communautaire en zone CEMAC.

296 NEGRUT (V.), « le rôle de la jurisprudence (CEJ) dans le développement du droit communautaire », ACTA UNIVERSITATIS DANUBIUS. JURIDICA, n°1, 2008.

297 KOAGNE ZOUAPET (A.), Op. Cit. p.92.

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CONCLUSION GENERALE

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La transposition des directives fait partie des engagements communautaires des Etats membres, une obligation à laquelle ils ont souscrits par leur adhésion au Traité CEMAC. La transposition est une obligation juridiquement consacrée, notamment par de nombreuses dispositions des textes communautaires originaires, qui instituent et conduisent la participation des Etats membres dans le processus de construction communautaire et plus particulièrement dans la mise en oeuvre du droit communautaire. Dans le cadre de la CEMAC, la directive communautaire est l'acte juridique communautaire qui consacre l'obligation de transposition des Etats membres. Le législateur communautaire, par la directive, consacre un acte juridique au régime souple, eu égard aux domaines sensibles et essentiels pour le marché commun, qu'elle est appelée à régir ; un acte juridique dont la mise en oeuvre est indissociable de l'intervention des autorités nationales. Cette implication des Etats membres revêt alors une signification toute particulière, celle d'un aveu de réalisme, face aux « faiblesses intrinsèques à tout ordre juridique d'émanation internationale »298 qui « conduisent les institutions créées dans un cadre interétatique à recourir, pour l'exécution de nombre des actes juridiques qu'elles adoptent, à l'utilisation des systèmes juridiques nationaux »299. Les Etats membres restent pour ce faire autonomes, tant sur le plan institutionnel que procédural, mais cette indépendance ne peut être absolue, au risque de mettre en péril les objectifs de la construction communautaire. C'est la raison pour laquelle cette autonomie des Etats membres est soumise à la primauté et à l'applicabilité directe du droit communautaire, mais est aussi encadrée par la surveillance du juge communautaire.

De manière plus pratique, la transposition se réalise par des instruments que sont les actes juridiques de droit interne et les structures administratives nationales. Mais le choix des outils de transposition peut être conditionné tant par la méthode, que par des exigences essentielles de la transposition issues de la jurisprudence communautaire. La mise en oeuvre des directives communautaires c'est alors l'adoption d'un texte national de transposition, dont les dispositions doivent être conformes aux objectifs fixés par l'acte communautaire, notamment dans le respect des délais fixés par ce dernier. La violation des délais de transposition est notamment constitutive d'un manquement au droit communautaire. Si plusieurs difficultés peuvent alors être invoquées par les Etats coupables d'infractions ou qui ont dépassé les délais, c'est en partie dû au fait que la transposition des directives est un exercice assez contraignant.

298 KENFACK (J.), Op. Cit. p.270.

299 Ibid.

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La principale contrainte que rencontre le processus de transposition en zone CEMAC réside dans le contrôle de l'exercice, tant sur le plan extra juridictionnel que sur le plan juridictionnel. Car en effet, si la transposition entraine une sorte d'« individualisation normative interne »300, « opération consistant en la digestion de la norme internationale par l'Etat et en sa restitution sous une forme qui la rend invocable par un individu ou une personne morale de droit privé »301, la particularité de l'entreprise communautaire veut que le résultat de cette individualisation soit le même dans tous les Etats membres, complexifiant par là même une surveillance qui demande la participation coordonnée et presque simultanée de tous les acteurs communautaires. Le contrôle des Etats membres et de la Commission de la CEMAC est alors inexistant, tandis que le contrôle de la CJC et du juge national est un contrôle contingent, qui n'agit que si la CJC et le juge national sont saisis pour solutionner des questions relatives au droit communautaire. La transposition reste néanmoins un exercice perfectible, une amélioration qui passe pour l'essentiel par un contrôle plus important de la Commission de la CEMAC, qui est désormais le bras séculier de la Communauté dans son contrôle des activités des Etats membres, mais surtout l'acteur central du recours en manquement d'Etat. Les Etats peuvent eux mêmes à leur niveau améliorer l'exécution des directives, en s'inspirant des modèles qui marchent, car l'exemple de l'UE montre notamment que, plus les Etats membres seront sanctionnés, plus ils seront prompts à améliorer la mise en oeuvre du droit communautaire dans l'ordre juridique national.

300 P. GUGGENHEIM, Traité de droit international public, cité N. MOUELLE KOMBI, Op. Cit., p. 225.

Notre hypothèse semble alors confirmée, en effet, le mécanisme de transposition effectif au Cameroun, souffre de quelques insuffisances tant nationales que communautaires qui grèvent son déploiement et influent alors négativement sur l'application harmonisée des directives au sein de la CEMAC. Mais le résultat obtenu de notre recherche demande une certaine réserve, car en l'absence d'une jurisprudence CEMAC sur l'exécution des directives, on a grandement eu recours à la jurisprudence européenne, alors que rien n'empêche la CJC d'avoir des positions futures différentes en matière de transposition des directives communautaires.

301 P. REUTER, « quelques remarques sur la situation juridique des particuliers en droit international public », la technique et les principes de droit public. Etudes en l'honneur de G. SCELLE, cité N. MOUELLE KOMBI, Op. Cit., p. 225.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand