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L'Organisation des Nations Unies face aux conflits armés en Afrique: Contribution à une culture de prévention

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par Franck Armel O. Afoukou
Université d'Abomey Calavi (Bénin) - Diplome de fin de formation au Cycle I de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature du Bénin 2005
  

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SECTION II : VERS UNE PAIX DURABLE : S'ATTAQUER AUX

CAUSES PROFONDES DES CONFLITS ARMES

L'approche stratégique qui conduira à l'enracinement d'une véritable culture de prévention cohérente, efficace et légitime semble être, selon le débat international, celle qui consiste à s'attaquer aux causes profondes des conflits dans toutes leurs dimensions. Nous mettrons l'accent sur celles qui paraissent importantes. Les unes s'observent sous une dimension politique et économique (§1) et, les autres sous un angle social et militaire (§2).

Paragraphe I : La dimension politique et économique

Elle intègre principalement la promotion d'une culture démocratique (A) et des efforts allant dans le sens de la réduction de la pauvreté (B).

A- La promotion de la culture démocratique

La contestation du pouvoir politique a été en Afrique l'une des causes de plusieurs conflits armés depuis les indépendances. Cette remarque est partagée par le Secrétaire général des Nations Unies dans ce qui paraît être l'un de ses plus importants rapports politiques. En réalité, dit-il, « C'est la nature du pouvoir politique dans bien de pays d'Afrique de même que les conséquences (...) de la prise du pouvoir et du maintien de celui-ci, qui est une source majeure de conflit dans le continent105(*) ». Dans ces conditions, la promotion et le renforcement d'une culture démocratique pourraient aider à réduire les risques de conflits armés.

C'est le même constat que fait le Human Security Centre dans son Rapport lorsqu'il mentionne que:

« The risk of civil war is indeed low in stable and inclusive democracies but countries with governments that are partly democratic and partly authoritarian (...) are more prone to civil war than either democracies or autocracies106(*)».

Le rôle de l'ONU dans la promotion de la démocratie en Afrique devrait alors s'affermir. L'idée de la création à l'ONU d' « ...un fonds pour la démocratie destinée à aider les pays qui cherchent à instaurer la démocratie ou à la renforcer107(*) » paraît une avancée décisive dans cette perspective. Il importe toutefois de rappeler que la démocratie peut se traduire sous des formes multiples selon la réalité des peuples qui l'assimilent. L'ONU ne devrait donc pas chercher à imposer un modèle particulier de démocratie au risque de servir la politique de certains de ses Etats membres puissants.

La promotion de la culture démocratique pourrait également consister à faire échec par des menaces voire l'emploi de la force à toute tentative de prise illégale du pouvoir. La crédibilité de cette proposition suppose que les Etats africains se soient engagés au préalable dans un processus démocratique fiable. La culture démocratique est garante des Droits de l'Homme et accorde à tous les mêmes chances de participation au pouvoir politique. Elle est également une forme non violente de gestion des conflits intérieurs108(*). Une action axée sur le long terme et visant sa promotion en Afrique peut permettre d'instaurer une paix durable.

Aussi, la réduction de la pauvreté contribue t-elle à l'enracinement de cette paix.

B- La réduction de la pauvreté

L'Afrique est un continent où la pauvreté sévit à grande échelle. Elle est le lot quotidien de la population. C'est aussi en Afrique que les conflits armés font le plus de ravages. Cet état de fait conforte l'idée selon laquelle pauvreté et violence vont de pair dans la mesure où les pays développés semblent être à l'abri des conflits violents. Dans cette logique, on peut valablement soutenir que « Sans développement, il n'y a guère d'espoir de réduire les conflits en Afrique109(*) ».

Réduire la pauvreté endémique de l'Afrique, c'est y promouvoir un développement durable, gage d'une paix aussi péreine. Le Human Security Report 2005 a d'ailleurs abondé dans ce sens. Il souligne que « Poverty is associated with weak state capacity. The greater the poverty and the lower the capacity, the higher the risk of war110(*) ».

Dans ces conditions, une aide au développement, sans doute reformée111(*), peut être un outil précieux de prévention des conflits à long terme. Certains spécialistes vont même jusqu'à soutenir que « La coopération au développement est indiscutablement l'instrument unique le plus important d'une politique efficace de consolidation de la paix dans les pays en développement112(*) ».

L'ONU peut véritablement contribuer à lutter contre la pauvreté en Afrique en réduisant sensiblement le coût des OMP et en réaffectant les crédits au profit de l'aide au développement113(*). Ce faisant, elle pourrait corriger la démarche qualifiée par certains auteurs de contresens absolu qui a jusque là consisté, en matière de traitement des conflits, à prélever pour l'action humanitaire des crédits initialement alloués au développement114(*). De même, les Etats membres devraient accroître le montant de l'aide au développement qui passe par le canal de l'Organisation afin de lui donner les moyens de réduire véritablement la pauvreté. Ce montant est encore extrêmement faible. Il est égal à 6,5% du total115(*).

Pour une meilleure prévention des conflits en Afrique, l'ONU pourrait également s'attaquer aux causes profondes des conflits liées à la dimension sociale et militaire.

* 105 Kofi A. ANNAN : Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique op. cit. §12

* 106 Human Security Centre : Human security Report 2005 [en ligne]. Traduction possible: « Le risque de guerre civile est en effet peu élevé dans les pays démocratiques et stables. Mais les pays au gouvernement partiellement démocratique et autoritaire sont plus enclin à la guerre civile que toutes les autres démocraties ou autocraties ».

* 107 Proposition de Kofi A. ANNAN : Dans une liberté plus grande : Développement, sécurité et respect des droits des droits de l'homme pour tous, op.cit. p.12

* 108 Cf. Kofi A. ANNAN : Eviter la guerre, prévenir les catastrophes : Le monde mis au défi, op. cit. p.17

* 109 Kofi A. ANNAN: Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, op. cit. §79

* 110 Human Security Centre, op. cit. Traduction possible: « La pauvreté est liée à la faible puissance de l'Etat. Plus il est pauvre et moins il est puissant, le risque de guerre est plus élevé ».

* 111 Aujourd'hui beaucoup de spécialistes s'accordent pour reconnaître que la polique d'aide au développement doit être reformée.

* 112 Joao de Deus PINHEIRO : Consolidation de la paix et prévention des conflits en Afrique, op. cit. p. 7

* 113 L'ONU dépense actuellement 3 ou 4 fois plus pour les OMP que pour le développement. En Somalie par exemple, l'acheminement d'une aide humanitaire d'une valeur de 150 millions de $ US a coûté 2 milliards à la communauté internationale en termes de soutien militaire soit plus de dix fois plus. (cf. Bernard ADAM : Une Onu efficace exige avant tout des moyens et une volonté politique in L'ONU dans tous ses états, op. cit. p.199)

* 114 Cette démarche de contresens absolu est notamment le point de vue de Michel ROCARD : Pistes pour une meilleure prévention in LE COURRIER n° 168 p. 68

* 115 Cf. Maurice BERTRAND : L'ONU, op. cit. p.79

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