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L'Organisation des Nations Unies face aux conflits armés en Afrique: Contribution à une culture de prévention

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par Franck Armel O. Afoukou
Université d'Abomey Calavi (Bénin) - Diplome de fin de formation au Cycle I de l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature du Bénin 2005
  

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Paragraphe II : Les bouleversements politiques

Les conflits armés internes ont la particularité de plonger les institutions étatiques dans une crise systémique qui aboutit à l'effondrement de l'Etat (A) et au démantèlement du processus démocratique (B).

A- L'effondrement de l'Etat

Le drame politique des sociétés africaines en proie à un conflit armé est l'effondrement de l'Etat. «C'est une situation où la structure, l'autorité, le droit et l'ordre politique se sont émiettés et ont besoin d'être recomposés19(*)».

L'exemple le plus caractéristique de cette situation est la Somalie. Depuis janvier 1991, cet Etat de la corne de l'Afrique n'a plus de gouvernement central. Cette vacance du pouvoir a conduit à une fragmentation du pays en une douzaine de "fiefs" dont les "autorités" se concurrencent et se recoupent20(*). Depuis, le pays ne s'est toujours pas remis et continue de constituer une entité chaotique ingouvernable21(*).

D'un point de vue juridique, c'est l'existence même de l'Etat qui est compromise du fait de l'écroulement de l'édifice institutionnel servant d'assise au pouvoir politique.

L'effondrement de l'Etat conduit aussi inéluctablement à l'éclatement de la nation - du moins celle qui est en construction -. Il en résulte une certaine remise en cause du sentiment collectif du vouloir vivre ensemble. La société en tant que groupe se fragmente.

Martin LOWENKOPF résume mieux ces deux aspects de l'effondrement de l'Etat avec l'exemple du Libéria :

« (...) Non seulement l'Etat est absent dans sa fonction d'ordre et de légitimité, mais la société a volé en éclats, la nation est fragmentée, la population dispersée et l'économie en ruine. De plus, alors que l'Etat est vacant, ni ordre, ni pouvoir, ni légitimité ne sont transmis à des groupes (même si plusieurs organisations existantes pourraient évoluer dans ce sens). La réalité et le symbole du pouvoir sont tous deux à qui veut les prendre parmi les factions armées qui se combattent 22(*)».

La réponse de la communauté internationale face à cette situation consiste souvent à faire appel aux leaders des factions en lice : ce qui porte un véritable coup à la démocratie.

B- Le démantèlement du processus démocratique

La plupart des Etats africains ont amorcé, quoique timidement, un processus démocratique depuis une quinzaine d'années. La décennie 1990 a enregistré à ses débuts une vague de conférences nationales sur le continent. Celles-ci ont constitué le point de départ d'un processus démocratique du moins pour ceux des pays qui les ont réussi.

Sans remettre en cause le caractère naissant de la démocratie dans les pays africains, il convient de faire remarquer que les guerres ont tendance à porter un coup dur au processus démocratique, certes fragile.

Cette situation est le corollaire de l'effondrement de l'Etat. En effet,

« L'Etat n'est plus le seul détenteur du pouvoir de répression légale. Il peut à tout moment se trouver en compétition avec d'autres centres de pouvoir, en détenant les mêmes moyens. L'apparition d'un tel phénomène dans le paysage politique africain est un facteur de grande vulnérabilité, d'instabilité chronique et même de délégitimation des pouvoirs légalement mis en place, qui hypothèque les fragiles processus démocratiques amorcés ici et là23(*) ».

C'est bien cela que vit actuellement la République de Côte d'Ivoire. A l'issue des élections présidentielles de 2000, le gouvernement mis sur pied doit aujourd'hui partager le pouvoir avec des groupes rebelles. Comme mode d'expression politique, nous constatons avec amertume que les armes ont tendance à prendre le pas sur les urnes.

Ce phénomène constitue un défi pour la démocratie et pour ses promoteurs. La gestion de cette crise le prouve. Des accommodements de toutes sortes sont consentis à l'égard des rebelles désormais sur le même pied avec le pouvoir légal. Sous prétexte de "réconciliation nationale", des criminels de guerre sont intégrés dans des processus de reconstruction de l'Etat de droit, ce qui contredit les idéaux de justice et de démocratie. La démocratie du peuple devrait prévaloir sur celle des "Seigneurs de la guerre".

L'ampleur désastreuse des conflits en Afrique n'épargne pas les secteurs social et économique des régions concernées.

* 19 William ZARTMAN cité par Béatrice POULIGNY : Ils nous avaient promis la paix : Opérations de l'ONU et populations locales. Paris : Presses de sciences po, 2004, p.50

* 20 Simon HORNER : Somalie. Réunir les pièces du puzzle : rêve ou réalité ? In LE COURRIER N°162 Mars-Avril 1997, p.46

* 21 Cette expression est empruntée à Abdoul R. EDUI MOKA : La prévention des conflits en Afrique. Mémoire de DEA. Droit de la personne humaine et de la Démocratie. UAC : FASJEP, 2002, p.31

* 22 Martin LOWENKOPF cité par Victor G. AHANHANZO et Modeste HOUEDJISSIN : L'intégration régionale comme instrument de prévention des conflits : cas de la CEDEAO. Mémoire de fin de 1er cycle. DRI. UAC : ENAM, 2000, p.17

* 23 Alpha O. KONARE cité par Abdoul R. EDUI MOKA, op.cit. p.30

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