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Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?

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par Mari Jaouen
Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004
  

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2.2.1.6 Nécessité d'une gouvernance

Comme nous l'avons vu, les professionnels du tourisme sont souvent découragés par le manque de prise de décisions ou leur absurdité à long terme. En effet, comme c'est le cas aujourd'hui avec la société civile au niveau national pour les grandes questions de société, il semble que le pilotage touristique ne peut désormais opérer sans s'appuyer de manière explicite sur les professionnels.

La gouvernance est définie comme l'ensemble des arrangements et des relations formels et informels entre intérêts publics et privés à partir desquels sont mises en oeuvre les décisions. Cette notion permettait de rendre compte l'extrême complexité des rapports entre partenaires privés et publics. Les interactions sont nombreuses, plus ou moins aléatoires ou difficiles entre les quatre sphères principales au sein des stations (publique, privée, économique et la clientèle)

Compte tenu de l'évolution de l'activité touristique et des implications qu'elle engendre, et compte tenu également des aspirations en matière de démocratie participative, il est désormais nécessaire de mettre en oeuvre au niveau des communes ou des territoires touristiques, un lieu de gouvernance où institutions communales, professionnels et société civile débattent des enjeux et des décisions concernant le développement touristique. Un lieu de débat public, distinct du conseil municipal, qui permettrait de confronter la certitude du décideur public aux réalités.

Sous la pression de la société civile et de certains professionnels, cette démarche est actuellement en cours d'expérimentation dans certaines stations de montagne des Alpes. Cette idée se fait de plus en plus entendre, car les conditions de travail et de vie sont dépendantes du type de développement touristique engagé dans les communes et une demande de participation aux débats concernant les professionnels du tourisme et la société civile émerge.

La mise en place d'une gouvernance locale pour gérer au mieux l'aménagement et le développement touristique est probablement un challenge à long terme. Un certain nombre de fondements du développement touristique ne facilitent malheureusement pas une telle perspective. En effet, les expérimentations de gouvernance en cours dans certaines stations montrent que des obstacles piègent la mise en place de gouvernance. Le problème le plus redoutable est certainement la gestion foncière et immobilière.

2.2.1.7 Le climat source d'incertitudes supplémentaires


Image 23 : Le réchauffement global dans les Alpes, source : Chappatte.

Le laboratoire du Col de Porte, situé en Chartreuse (Isère) à 1 320 m donne des relevés précis sur les 40 dernières années. Ceux-ci montrent que si la tendance générale est une diminution de l'enneigement depuis la fin des années 70, les fluctuations annuelles sont bien plus sensibles que la tendance à long terme.

Figure 19 : Nombre de jours par saison avec neige au sol au Col de porte, Source : Météo France - CNRM/CEN

 

L'observatoire du Mont Aigoual (Cévennes, Gard, 1 567 m), marqué par un climat très excessif, dispose de relevés manuels de cumuls de hauteurs de précipitations neigeuses depuis 1896. Même si cette variable est moins parlante, pour les sports d'hiver, que le nombre de jours avec neige au sol représenté sur le graphique précédent, cette série est précieuse du fait de sa longueur et de sa qualité.

Figure 20 : Cumul par hiver des épaisseurs de neige fraîche entre 1896 et 2003 au mont Aigoual, Sources : Météo France - Station du mont Aigoual

 

Le climat a changé au cours du XXe siècle. En raison de l'augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, induite par l'activité humaine, des changements plus importants sont prévus pour le XXIe siècle. La température moyenne à la surface de la Terre continuera d'augmenter à un rythme probablement sans précédent au cours des 10 derniers millénaires. Il y aura très probablement plus de jours chauds, moins de jours froids, de vagues de froid et de jours de gel. Dans un monde plus chaud, il y aura intensification du cycle hydrologique. Les précipitations mondiales devraient augmenter et s'intensifier25(*).

Les augmentations de températures simulées sur l'Europe sont généralement comprises entre +1,5°C et +3,5°C. Par ailleurs la tendance générale des modèles est de simuler des précipitations plus importantes en hiver sur le nord de l'Europe et plus faibles en été sur le sud de l'Europe. Les cartes suivantes, à prendre avec précaution, donnent une idée de l'impact sur l'enneigement d'un réchauffement de 1,8°C sur les Alpes et les Pyrénées, d'après le modèle CROCUS de Météo France.

Figure 21 : La situation actuelle, Source : Météo France - CNRM/CEN

 

 

Figure 22: La situation future (T +1,8°C), Source : Météo France - CNRM/CEN

Ces simulations de météo France qui nous montrent une réelle diminution de l'enneigement sont peu rassurantes. En effet, une baisse de la quantité de neige ne permettrait pas de proposer des activités de sports d'hiver sur une période aussi étendue qu'aujourd'hui. De plus, il y a toujours eu, et cela ne fait que s'accentuer, des fluctuations dans les précipitations.

« Les stations de sports d'hiver doivent garantir à leurs actionnaires les 5 % de croissance annuelle qu'ils attendent. Le nombre de skieurs n'augmente plus ; il faut donc accroître coûte que coûte l'offre de pistes et le nombre de jours skiables.

L'enneigement artificiel, lié au phénomène de réchauffement climatique, est devenu en quelques années la réponse miracle aux difficultés de nos stations. Les inconvénients environnementaux ne font évidemment pas le poids face aux arguments économiques de «l'assurance neige». Le «marketing» qui semble commander aux stratégies des stations vaut tant pour le kilométrage de pistes offert par une station que pour la surface de pistes enneigées artificiellement. En quelques années, la neige artificielle est donc passée d'une solution d'appoint à un pur argument commercial, d'où la surenchère entre les stations.

Cette fuite en avant risque de faire beaucoup de dégâts, les ressources nécessaires à la fabrication de ce paradis artificiel n'étant pas inépuisables. Fabriquer de la neige artificielle génère une augmentation conséquente des besoins en énergie, un épuisement des ressources en eau, avec les conflits d'usages qui en découlent, des atteintes au milieu et aux paysages, une pollution des sols... »26(*)

La décision des stations de s'équiper en canons à neige, de creuser des retenues collinaires, d'utiliser des additifs pour produire de la neige même quand la température ne le permet pas, est là encore motivée par des résultats économiques. Mais qui viendra encore dans ces stations lorsque le paysage si cher aux touristes sera totalement massacré, quand l'utilisation d'additif aura pollué tous les sols et nappes phréatiques ?

* 25 source : GIEC 2001

* 26 MOUTAIN WILDERNESS FRANCE, Enneigement artificiel, EAU SECOURS !, Document de sensibilisation, Décembre 2005

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld