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Analyse des causes et consequences de la pauvrete rurale Etude de cas de la Republique d'Haiti

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par Onan JULES
Universite d'Etat d'Haiti - Licence en Science Economique 2006
  

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PARTIE V

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Une analyse récapitulative de tout ce qui précède amène à ces différentes conclusions:

§ la pauvreté rurale dans les pays en développement gagne de plus en plus de terrain puisque près de trois (3) pauvres sur quatre (4) à l'échelon mondiale vivent dans des zones rurales;

§ la majeure partie des revenus de ces pauvres provient d'activités liées à l'agriculture ;

§ une large proportion d'agriculteurs se trouve plongée dans une pauvreté absolue ;

§ dans le cas de la République d'Haïti, la réalité de la pauvreté dans les zones rurales prend aujourd'hui des proportions manifestement dramatiques.

En effet, il est partout reconnu que la population d'Haïti est la plus pauvre de l'hémisphère occidental, les deux tiers environ de cette population vivent en milieu rural où la pauvreté est aigue ; quelque 80% de la population rurale vit en dessous du seuil de pauvreté. Ce qui est encore plus déconcertant, c'est que depuis la fin des années quatre-vingt, les conditions de vie de la population rurale haïtienne ne cessent de s'empirer. Selon des indices calculés par la FAO en fonction de la période 1989-1991 choisie comme référence, l'agriculture, principale activité du milieu rural, est en déclin. L'indice de production agricole est passé de 104.4% en 1988 à 90.5% en 1997.

Aussi, les observateurs sont unanimes à reconnaître que cette situation d'extrême pauvreté dans laquelle se trouve la population rurale haïtienne est sans nul doute le résultat des conditions dégradantes de l'agriculture haïtienne.

En effet, les conditions techniques de la production demeurent très défavorables à une politique de dynamisation du secteur primaire. La production agricole, en Haïti, comme on l'a déjà démontré, repose essentiellement sur l'emploi des techniques traditionnelles et primitives à savoir, la machette, la houe coloniale, celle à angle droit et accompagnée parfois de la pioche.

L'utilisation de la traction animale pour le travail du sol demeure très limitée. L'emploi d'intrants chimiques et biologiques est très rare. Selon un rapport de la FAO, Haïti utilise près de 4.1 kgs d'engrais/ha et possède ½ tracteur pour 1000 has.

Les conditions d'extrême pauvreté dans lesquelles végètent les paysans haïtiens, rendent impossible tout effort d'amélioration de leurs techniques de production visant à accroître le rendement du secteur à des fins de développement. Dépourvus de tout encadrement, ils se confinent dans l'utilisation des procédés routiniers les plus désuets.

L'analyse approfondie de la situation dans laquelle végète la population rurale et les caractéristiques de l'agriculture haïtienne donnent lieu de découvrir que des problèmes sérieux empêchent le développement de la production agricole et l'amélioration des conditions de vie en milieu rural.

Ainsi, ces faits nous autorisent à dire que la détérioration de la production agricole en Haïti constitue l'un des facteurs clés de la paupérisation rurale. Car, comme on ne cesse de le répéter, l'agriculture est la principale activité économique du monde rural. Une large proportion des ruraux, surtout les pauvres y tirent leurs possibilités de revenus. Par conséquent, toute détérioration dans la production aura des répercussions négatives sur la population rurale en particulier.

Pourtant, nous savons que des efforts énormes ont été consentis tant par des organismes internationaux, nationaux non gouvernementaux que par des organismes nationaux gouvernementaux en vue d'améliorer les conditions de vie des ruraux qui végètent dans une pauvreté absolue. Cependant, malgré tout, force est de constater que la population rurale n'arrive point à satisfaire ses besoins alimentaires voire les besoins non alimentaires. Les cultivateurs ont perdu le pouvoir de donner à la population rurale un panier de vivres alimentaires. On a là une agriculture qui n'arrive pas à nourrir même ceux qui la travaillent.

Face à cette situation effarante, des mesures urgentes passant par des politiques structurelles doivent être prises en vue de renverser la situation des pauvres des zones rurales.

Cependant, pour mettre au point des politiques qui aient une chance d'aider effectivement les pauvres ruraux, les pouvoirs publics devraient cibler les quatre (4) groupes principaux suivants :

· Les petits propriétaires qui cultivent leur terre ;

· Les fermiers non propriétaires qui cultivent la terre des autres ;

· Les ouvriers sans terre, employés à la tâche ou à long terme dans le secteur agricole ou non agricole ;

· Les femmes, qui peuvent aussi appartenir à l'un des trois groupes précédents.

Tous ces groupes profiteront des avantages d'une bonne gestion macroéconomique - qui aide à maîtriser l'inflation et maintienne des prix non subventionnés - propice à une croissance économique durable entraînée par l'investissement privé et la concurrence sur les marchés. Il est inutile de dire que des lois inéquitables ou l'application déficiente des lois en vigueur, l'exclusion des pauvres du processus de décision et la corruption généralisée dans le secteur public ne sont pas moins nuisibles au bien-être des pauvres qu'à la croissance économique globale du pays.

La lutte contre la pauvreté rurale passe notamment par une expansion agricole fondée sur l'application de techniques nouvelles. Cependant, l'effet de telles initiatives sur les pauvres ruraux dépend des conditions initiales, de la structure des institutions et des incitations. On sait que la stagnation de l'agriculture en Haïti a porté préjudice aux pauvres ruraux en créant des pénuries alimentaires surtout dans le Nord Ouest et le Haut Artibonite et en faisant monter les prix, ce qui réduit leur capacité d'acheter de quoi se nourrir et de trouver du travail.

On peut supposer qu'une hausse du rendement des cultures réduit à la fois le nombre des pauvres ruraux et la gravité de leur condition. Mais ces effets ne sont substantiels que si certaines conditions sont remplies d'après plusieurs économistes:

· Les marchés des biens fonciers et des capitaux ne sont pas faussés par une forte concentration de la propriété des ressources naturelles (terres agricoles), qui se manifeste notamment par des contrats d'occupation des sols inéquitables et par l'exclusion sur les marchés des capitaux (limitant l'accès aux financements) ;

· L'investissement public dans l'éducation et les soins de santé de base est important et utilisé de façon rationnelle ; le niveau d'instruction et l'état de santé des agriculteurs influent beaucoup sur la productivité agricole ;

· La recherche agricole bénéficie d'un appui important et efficace du secteur public et les petits exploitants profitent des améliorations qui en résultent ;

· Le capital physique, comme par exemple les réseaux d'irrigation et les routes d'accès, est suffisamment entretenu ;

· Des dispositifs de protection et d'aide sociales existent pour les très pauvres, en particulier les travailleurs (intermittents) sans terre et les femmes rurales, sous forme de programmes de travaux publics, de micro financements et de subventions alimentaires ;

· Les pauvres ruraux participent directement à l'identification, à la conception et à l'exécution des programmes, pour parvenir à une utilisation efficace des ressources et à une répartition équitable des prestations.

Là encore, bien que ces conditions seraient optimales, les acteurs doivent se concerter pour trouver des moyens différents de lutter contre la pauvreté rurale dans le cadre de stratégies nationales qui font intervenir les administrations publiques, le secteur privé à but lucratif et la société civile, soient :

· La collecte de l'information : les pauvres ruraux sont aux prises avec de nombreux problèmes différents et ils ne constituent pas un groupe homogène. Aussi convient-il de faire un effort durable pour rassembler des informations à propos des problèmes spécifiques qui se posent, afin de pouvoir y remédier comme il convient.

· La priorité au développement des ressources : le gouvernement doit évaluer quels sont les actifs dont les pauvres ont le plus besoin, pour les aider à gagner davantage. Il peut s'agir des terres agricoles ou d'autres ressources, de l'accès au crédit ou d'améliorations dans les secteurs de la santé et de l'éducation. Si l'on compte exclusivement sur la main-d'oeuvre, sans se préoccuper de mettre en valeur les autres ressources, on laisse intacte la principale cause de la pauvreté persistante.

· Un droit d'accès adéquat à la terre et à l'eau : un vaste programme de reforme agraire - comprenant l'attribution de titres de propriété foncière, la redistribution de terres et un régime des baux agricoles équitable et applicable - peut accroître l'efficience des petits propriétaires - exploitants et fermiers et rehausser leur niveau de vie.

· Des soins de santé de base et alphabétisation : les pauvres ruraux ont besoin de développer leur capital humain pour pouvoir sortir de la pauvreté et contribuer davantage à l'économie et à la société. Les soins de santé de base (vaccination, accès à l'eau salubre et planning familial) et l'éducation (alphabétisation, scolarisation et formation technique) - en particulier pour les femmes et les enfants - sont des conditions fondamentales et devraient être accessibles à un coût raisonnable.

· La participation des intéressés : la meilleure façon de financier et d'entretenir l'infrastructure et les services de santé et d'éducation est de faire participer les groupes ciblés à leur conception, à leur emploi et à leur suivi.

· La mise en place de l'infrastructure : les pauvres ruraux ne peuvent pas faire le meilleur usage de leurs ressources, notamment humaines, si certaines des principales composantes des infrastructures physiques du pays (irrigation, transports et communications) et des services de soutien (recherche et vulgarisation) sont inadéquates, en qualité et en quantité. La meilleure façon de financer et d'entretenir les infrastructures sociales et physiques et les services - pour qu'ils soient efficaces par rapport aux coûts et d'une qualité raisonnable - est de faire participer les groupes ciblés à leur conception, à leur emploi et à leur suivi, et de responsabiliser les administrations publiques compétences.

· Un crédit ciblé : les sources de crédit informel et formel sont souvent trop coûteuses ou inaccessibles pour les pauvres. Les programmes publics ciblés rural, en particulier s'ils sont subventionnés, bénéficient beaucoup plus aux non-pauvres qu'aux pauvres. Ceux-ci veulent pouvoir obtenir des crédits à des conditions acceptables quand ils en ont besoin. Les récentes expériences de programmes de crédit centrés sur les collectivités, qui font appel à la participation active des pauvres dans les décisions en matière de prêts et les responsabilisent, ont permis de servir les groupes ciblés pour un coût raisonnable.

· Les travaux publics : une proportion forte et croissante des pauvres ruraux dépend du travail salarié, parce qu'ils n'ont pas d'autre actif que leur force de travail ou qu'ils ont par ailleurs des actifs très limités sous forme de terres et d'animaux domestiques. Un programme souple de travaux publics peut grandement aider ceux qui n'ont pas ou presque pas de terre à lisser les fluctuations des ressources du ménage et à faire face aux périodes de disette. Si ces programmes sont établis sur des bases durables, ils peuvent aussi renforcer le pouvoir de négociation des pauvres dans les zones rurales.

· Des programmes décentralisés d'aide alimentaire à l'exemple de l'Organisation CARE dans le Nord Ouest: certains pauvres ruraux vivent dans un état de malnutrition presque constant. Le soutien dont ils ont besoin diffère selon les circonstances, et peut leur être procuré sous forme de complément alimentaire, d'aide alimentaire fournie par les écoles, les centres de soins et les centres communautaires, ou de transferts monétaires. Les programmes d'aide décentralisés et ciblés semblent les plus efficaces.

Cependant, aucune de ces mesures n'aura d'impact positif sur le monde rural si elles sont prises sans la concertation des paysans. Aussi, proposons nous que ces mesures soient prises dans une perspective de développement endogène qui, dans son essence, admet l'idée que toute population est à même d'initier le processus d'amélioration de ses propres conditions de vie. Car, le développement endogène comme on le dit tantôt, a pour objectif :

- d'aider les gens à trouver des moyens d'organiser des programmes d'effort personnel ;

- de fournir des techniques d'action coopérative dans le cadre de plans que la population locale élabore et exécute pour améliorer son propre niveau de vie.

Aujourd'hui, le développement rural ne doit pas être considéré comme une oeuvre de bienfaisance sociale mais plutôt comme un investissement socialement rentable dans cadre d'une stratégie globale de relance de l'économie nationale. Les financements, consentie pour le réaliser, peuvent favoriser à la fois une croissance évidente de l'offre de produits agricoles et artisanaux ainsi qu'une augmentation considérable de la demande de ceux-ci. La clé du succès d'un tel processus de reprise économique réside dans le choix et l'agencement de mesures et actions définies dans le cadre d'une perspective de freinage de l'exode rural.

D'ailleurs, ne coûterait-il pas plus cher d'établir des migrants ruraux en ville que d'améliorer leurs conditions de vie à la campagne ? En fait, une simple observation des rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince permet de constater l'incapacité actuelle du secteur urbano-industriel d'accueillir les migrants ruraux. Les possibilités de redressement d'une telle situation à court et moyen terme sont très minces.

Une telle perspective exige une nouvelle conception de la ruralité de la part de ceux qui s'engagent dans le développement rural en Haïti. Le rural ne peut plus se réduire à l'espace agro-sylvo- pastoral. Sa dynamique est actionnée par son composant humain. Dans le cas d'Haïti, la réduction de la pauvreté rurale ne peut être assurée sans la prise en compte des questions suivantes : organisation des milieux résidentiels, insertion professionnelle des jeunes ruraux et réorientation des femmes-chefs de famille.

Par conséquent, le développement rural en Haïti exige une politique destinée à combattre non seulement des problèmes liés aux techniques de production agricole ou forestière mais aussi ceux relatifs à d'autres aspects économiques et sociaux. Une telle politique ne peut être conçue et menée à bonne fin qu'avec la participation active d'une équipe de cadres professionnels, choisis non sur la base du clientélisme ou de militantisme mais en fonction de leurs compétences. C'est seulement à ce modeste prix qu'on pourra mettre fin à la culture de la pauvreté rurale en Haïti.

BIBLIOGRAPHIE

LIVRES

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Documents Officiels

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Revues

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Conférence prononcée le 11 juillet 1986 à L'Institut Français d'Haïti.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault