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Les facteurs d'intégration du Rwanda à  la communauté de l'Afrique de l'est

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par Eric Rutsindintwarane
Institut d'à‰tudes Politiques de Toulouse - Maitrise 2009
  

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Introduction

Depuis quelques années déjà, le phénomène du régionalisme gagne en importance et, ce faisant, il devient une préoccupation majeure pour un nombre croissant de chercheurs en sciences sociales (M. Boguikouma, 1999). Malheureusement, comme l'a fait remarquer A. Hurrell (1995, p.332), peu de travaux à caractère théorique portent sur la résurgence du régionalisme que l'on observe dans des contextes non-européens depuis une dizaine d'années. En fait, les principaux textes portant sur ce phénomène se limitent à tenter de prévoir les conséquences du phénomène sur le commerce international et ou encore à en identifier les causes, généralement sans se rapporter à une école ou à un cadre théorique défini.

Il ressort de ce qui précède que corollairement à la plupart des Pays en Développement (PED), le Rwanda n'est pas en dehors du processus d'intégration régionale et il appartient d'ores et déjà à plusieurs ensembles économiques régionaux. Récemment, il a rejoint la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) même si la demande d'adhésion a été présentée depuis 1996. En plus de la CAE, le Rwanda a adhéré aux différentes organisations régionales comme la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), l'Organisation du Bassin pour l'aménagement de la Kagera (OBK), la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale, (CEEAC). Beaucoup d'écrits et de discours se sont attachés à expliquer l'intégration du Rwanda à la CAE. La plupart des analystes se posait la question de savoir comment un pays traditionnellement francophone peut s'intégrer dans une communauté constituée des pays anglophones.

C'est dans ce contexte que nous sommes entrés dans ce débat en nous posant la question suivante : Quels sont les facteurs qui expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE ? Cette question principale de notre étude a été précisée par ces sous-questions de recherche plus spécifiques: «Quels sont les facteurs historico-géographiques qui expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE ? Quels sont les facteurs économico-politiques qui expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE ?» En posant ces questions dans le cadre de ce mémoire, l'objectif principal poursuivi est d'analyser les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE. Plus spécifiquement, notre objectif est d'analyser les facteurs historico-géographiques qui sont à l'origine de l'intégration du Rwanda à la CAE et d'analyser les facteurs économico-politiques qui expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE. A la suite des considérations théoriques, les hypothèses suivantes ont été formulées.

1. Les facteurs historico-géographiques expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE;

2. Les facteurs économico-politiques expliquent l'intégration du Rwanda à la CAE.

Pour expliquer nos hypothèses, nous avons formulé le sujet de recherche comme suit : « Les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE ». Le choix de ce sujet n'est pas le fait du hasard. L'Afrique de l'Est, en premier lieu, a été le théâtre de nombreuses initiatives régionales, qu'elles aient été lancées par les anciennes puissances coloniales ou par les Etats nouvellement indépendants de la région.

Il s'agit en deuxième lieu, d'une région en pleine mutation. Celle-ci concerne d'une part, les efforts effectués par le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie depuis 1996 pour la renaissance de la CAE. Cette mutation fait référence aux importants bouleversements géopolitiques et économiques qui secouent la région d'Afrique orientale depuis quelques années. Son ouverture sur le Rwanda et le Burundi, les pays traditionnellement appartenant à la CEPGL.

Enfin, le choix de ce sujet peut également se justifier à travers des différentes caractéristiques économiques ou géographiques, qui naturellement devraient pousser les différents états de l'Afrique orientale vers la régionalisation. A titre d'exemple, l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda mais aussi l'est du Kivu souffrent de leur enclavement tandis que la Tanzanie et le Kenya se concurrencent sur la maitrise de l'hinterland régional (notamment grâce aux ports de Dar-es-Salaam et de Mombasa).

Pour rendre compte de notre démarche, nous avons organisé le travail en cinq chapitres. Au préalable, une introduction préliminaire présente le sujet de l'étude, explique son intérêt, et fixe la démarche de la recherche.

Le premier chapitre cherche à dégager la problématique d'intégration des PED. On traitera également des défis de cette intégration des PED en faisant allusion aux ensembles régionaux créés en Amérique, Asie et en Afrique.

Le deuxième chapitre se propose de dégager le cadre théorique. On s'attachera particulièrement à l'inventaire des théories couramment utilisées dans l'étude de l'intégration, à leur examen critique, à l'explication de la théorie adoptée, à la formulation des questions de recherche. Il sera aussi question de formuler les hypothèses et d'opérationnaliser le cadre théorique à l'aide des concepts, dimensions et indicateurs.

Le troisième chapitre porte sur la méthodologie. Dans le cadre de la vérification des conjectures théoriques, nous répondrons d'abord aux deux questions fondamentales interroger qui ? et interroger comment? Ces questions nous ont conduit au choix des interviewés et de la méthode. Essentiellement inscrite dans une démarche de recherche qualitative, notre approche privilégiera un recours à l'utilisation des documents et à l'entrevue semi-dirigée via le téléphone. L'analyse et l'interprétation des résultats sera faite à partir de l'analyse de contenu qui met l'accent sur des mots clés révélateurs, dégagés à partir des conjectures théoriques.

Le quatrième chapitre étudie les facteurs historico-géographiques d'intégration du Rwanda à la CAE, analysés à partir de la langue, l'expérience historique des royaumes de l'Afrique de l'est, l'Afrique de l'est comme berceau de l'humanité, le contrôle colonial, l'indépendance, l'enclavement du Rwanda et l'étroitesse de sa superficie.

Le cinquième chapitre étudie les facteurs économico-politiques d'intégration du Rwanda à la CAE. Il s'agit de la situation politique, la recherche du désenclavement du pays, la vision 2020 du gouvernement Rwandais, la sécurité, la recherche du marché vaste, la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires.

Chapitre I. La problématique de l'intégration dans les Pays en Développement (PED)

I.1. Problématique de l'intégration en Amérique

Plusieurs textes portant sur le régionalisme dans les Amériques ne sont que des descriptions des principaux groupes d'intégration ou du rôle que jouent certains acteurs dans la formulation du régionalisme dans les Amériques. Ces textes sont quelquefois agrémentés de prédictions ou d'observations formulées par les auteurs sur les chances de réussite des différents projets d'intégration (J. Monfils, 1997).

Le phénomène d'intégration en Amérique commence à s'observer dans les années 50. Selon T. Dos Santos (2002), au début des années 50, la pensée économique latino-américaine produisit, surtout au sein de la Commission Economique pour l'Amérique Latine (CEPAL), une abondante littérature sur l'importance de l'intégration économique.

Dans le sillage de la constitution du marché commun européen en 1957, on voit surgir en Amérique latine l'Association Latino-Américaine de Libre Echange (ALALE/ALALC) en 1960 (qui fut remplacée en 1980 par l'Association Latino-Américaine d'Intégration-ALADI), le Marché commun centraméricain en 1961, le Pacte andin en 1969 et toute une série d'initiatives qui tôt ou tard allaient essuyer un échec patent ou connaître un franc affaiblissement. Les causes sont multiples et fortement sujettes à controverse à la fois théorique et idéologique, mais la sagesse traditionnelle qui prévaut aujourd'hui semble indiquer un ensemble de trois causes principales qui sont résumées ci - dessous.

En premier lieu, l'inadéquation des politiques mises en place dans le nouveau contexte du capitalisme mondial à partir des années 70, à savoir la substitution aux importations comme stratégie d'industrialisation et comme instrument de développement.

En deuxième lieu, le fossé entre le cadre juridique établi en vue de l'intégration régionale et l'absence d'une ferme volonté politique pour sa mise en oeuvre.

En troisième lieu, l'instabilité politique et les habitudes profondément ancrées de discrétionnalité administrative dans la gestion des politiques publiques qui furent portées à leur paroxysme par la fragilisation ou la banqueroute des finances publiques à la fin des années 70 et au début des années 80.

Il faut noter aussi la création du MERCOSUR, une organisation importante créé dans la région. Cette organisation a abouti à pousser des initiatives régionales qui eurent un effet positif sur la destinée des Amériques. Le MERCOSUR est un ensemble d'intégration commercial englobant les pays comme le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, la Bolivie, Venezuela, Equateur et le Paraguay. Cet ensemble eut des difficultés (entreprises dans ces pays rivalisaient pour contrôler le marché) au moment ou les leadeurs de ces pays étaient des néolibéraux, comme par exemple le Président Carlos Menem de l'Argentine et le Brésilien Fernando Henrique Cardoso.

L'organisation a connu des difficultés comme l'a souligné le Parlement de la Grande Bretagne dans son 7ème rapport de la session 2006 - 2007, MERCOSUR « faces significant challenges as its development has been hindered by national interests, internal asymmetries, and disputes between members which have been even taken to the WTO. The Argentina and Brazilian economic crises, subsequent devaluations and trade disputes have been politically problematic to MERCOSUR»1(*).

De ce qui précède, on peut déduire que même si le MERCOSUR a connu des difficultés, on remarque qu'il peut servir d'exemple pour les pays africains dans la mesure où il a réussi à asseoir à la fois une intégration économique, commerciale, politique, sociale et culturelle.

I.2. Problématique de l'intégration en Asie

Le conflit Est - Ouest eut régulièrement un ascendant sur les positions prises par les décideurs politiques asiatiques. La Guerre Froide constitua une base construisant de la collaboration dans les pays asiatiques durant tant d'années. Ainsi, les questions sécuritaires et diplomatiques formèrent pendant cette période les enjeux majeurs de la coopération au sein des diverses institutions, et ce, jusqu'à son affaiblissement dans les années 80. La fin de la Guerre Froide causa un coup fatal en Asie; les relations des pays asiatiques entre eux et celles avec les autres pays du monde changent énormément.

Après la Deuxième Guerre mondiale, les États asiatiques furent divisés entre les différentes idéologies politiques de l'époque. La montée du communisme en Chine, la Guerre du Vietnam et ultimement l'invasion du Cambodge ne sont que quelques exemples des tensions au sein des institutions asiatiques. Sans compter l'omniprésence de l'influence des deux superpuissances dans la région. Quelques tentatives institutionnelles mirent les bases de la coopération en Asie du Sud-est après la Guerre mondiale, mais sans grand succès.

L'ASEAN constitue l'institution d'intégration régionale la plus importante et ce, encore à ce jour. Elle fut fondée le 8 août 1967, à Bangkok en Thaïlande par les pays comme l'Indonésie, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, et les Philippines. Les premières années de l'institution furent donc caractérisées par la stagnation et l'apprivoisement mutuel.

Pour M. Heon (2008), pendant cette période, l'organisation avança à cette époque par essais et erreurs, elle atteignit néanmoins l'objectif de briser les barrières psychologiques entre les membres en favorisant la discussion sur tous les sujets; ce qui représente en soi toute une avancée considérant les années tumultueuses et conflictuelles que vécurent ces États.

C'est dans cet ordre d'idée que furent créer d'autres ensembles régionaux comme la SEANZA (South East Asia, New Zealand, Australia) créé en 1956 et le SEACEN (South East Asian Central Banks) qui fut l'Association des Banques centrales d'Asie du Sud-Est. Néanmoins, les deux institutions disposèrent d'une influence limitée.

En sus de ce qui précède, la réussite d'une coopération économique régionale de l'ASEAN enrichirait les ensembles régionaux existants en Afrique. En effet, même si l'intégration régionale au sens du développement des échanges intra-régionaux fut un échec au contraire, la coopération entre les pays de l'ASEAN aida au développement des échanges extrarégionaux.

I.3. Problématique de l'intégration en Afrique

Depuis le début des années 90, une relance du processus d'intégration régionale se remarque dans les pays africains; elle intervient après l'éclipse des années 80 qui avait succédé à l'effervescence intégrationniste de la période des indépendances. Cette recherche de l'intégration représente la croyance des leadeurs africains que l'intégration est une condition fondamentale de la réussite des efforts montrés en matière de développement.

Selon le rapport de la CNUCED (2009), le continent a progressé dans la création d'organismes sous-régionaux d'intégration économique. Toutefois, contrairement aux attentes, ceux-ci n'ont pas sensiblement accru les échanges commerciaux, les flux d'investissement et la mobilité des personnes entre pays africains. Ne pouvant pas identifier les problèmes auxquels font face tous les ensembles régionaux, nous nous sommes limités aux organisations comme la CEDEAO, SADC, CEPGL et la CAE.

I.2.3.1. La CEDEAO

La CEDEAO est une organisation d'intégration régionale créée en 1975, regroupant 15 Etats Ouest-Africains. La CEDEAO a pour missions de promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines de l'activité économique, d'abolir, à cette fin, les restrictions au commerce, supprimer les obstacles à la libre circulation des personnes, des services et des biens, l'harmonisation des politiques sectorielles régionales. L'objectif majeur reste la constitution d'un vaste marché commun ouest-africain et la création d'une union monétaire.

La CEDEAO, depuis sa création, a initié de nombreux programmes de coopération et d'intégration dans les principaux secteurs économiques, notamment dans les domaines de la promotion commerciale, la libéralisation des échanges, le développement des infrastructures routières et de communication, le développement de l'agriculture, de l'industrie et de l'énergie. Toutefois, les résultats ne sont pas à la hauteur des ambitions car, la plupart des décisions prises par les instances politiques n'ont pas été appliquées. Les résultats économiques décevants et la lenteur des progrès en matière d'intégration régionale dans cette partie de la région s'expliquent par divers facteurs.

Il y a eu une rivalité entre les pays Anglophones et Francophones de la région. Les chefs d'État de l'organisation sous régionale n'ont jamais accordé leurs violons aussi bien dans la gestion de la crise libérienne qui a éclaté à la frontière ivoiro-libérienne en décembre 1990, que dans celle qui met à mal la légendaire stabilité ivoirienne. Sur le dossier libérien, les chefs d'État de la sous région n'ont pu saisir l'occasion pour parler d'une seule voix. (D. Alassane Mahamidou, 2007).

En réalité, la CEDEAO n'a pu asseoir une politique de sécurité régionale qui mette les pays à l'abri des bandes armées reconverties en politiciens à certains endroits, où les professionnels ont échoué. A cet effet, il faut souligner les rivalités entre le Nigeria et la Côte d'Ivoire. Le premier, anglophone, puissance démographique, pays exportateur de pétrole, longtemps sous des régimes militaires et instables, n'a jamais accepté l'hégémonie ivoirienne fondée sur ses productions agricoles de cacao et de café et surtout sur sa relative stabilité sous Houphouët-Boigny (D. Alassane Mahamidou, 2007).

En ce qui concerne l'union douanière, dans l'ensemble, les échanges intra-régionaux restent faibles. En 1980, année d'entrée en vigueur de la communauté et 1985, les échanges ont diminué; depuis 1985, ils ont progressé, mais leur part dans les exportations totales des pays de l'Afrique de l'Ouest reste insignifiante; il est vrai que d'importants échanges frontaliers ne figurent pas dans les statistiques (D. Alassane Mahamidou, 2007).

La multiplicité des organisations intergouvernementales est aussi un problème majeur en Afrique occidentale. Selon R. Lavergne (1996), il existe dans cette région une quarantaine d'organisations intergouvernementales (OIG), dont certaines tirent leur origine de la période coloniale. La complexité des raisons qui ont inspiré la création des organisations intergouvernementales dans la sous-région s'est traduite par une prolifération d'organisations à composition diverse ou ayant les mêmes membres, ou certains appartenant à de nombreuses organisations.

Ce nombre grandissant d'organisations va provoquer plus tard un chevauchement. Ceci parce que ces ensembles n'ont pas été fondés à une même période et une manque de mécanismes de conciliation des actions à mener.

Cette région de l'Afrique de l'Ouest a connu une contrainte liée aux idéologies. Pour R. Lavergne (1996), le jeu des divergences idéologiques a également influencée le processus d'intégration régionale. La négociation des règles d'origine de la CEDEAO et du protocole portant sur les entreprises communautaires illustre bien ce phénomène. Les gouvernements et les administrations nationales d'obédience socialiste poursuivaient vigoureusement des politiques d'indigénisation et une politique régionale favorisant une plus grande participation indigène ou étatique. Par contre, les États membres épousant l'idéologie du laisser - faire se sont opposés à cette démarche en proposant une approche libérale concernant la participation de pays tiers aux projets communautaires.

Après ce bref aperçu de la CEDEAO, il est important d'en retenir un élément qui peut servir de leçons pour l'Afrique de l'Est en matière d'intégration régionale. Comme on l'a souligné ci - haut, un des facteurs qui explique les défis de l'organisation est la rivalité entre les pays Anglophones et Francophones de la région de l'Afrique de l'Ouest. Il y a lieu de douter que ce phénomène de rivalité peut aussi concerner l'Afrique de l'Est dans la mesure où des pays comme le Rwanda (utilisant le Français et l'Anglais) et le Burundi (Francophone) viennent d'adhérer à une communauté dont les pays originairement membres sont purement Anglophones.

I.2.3.2. La SADC

La détermination de s'affranchir du joug économique de l'Afrique du Sud et de juguler la crise économique a conduit un certain nombre de pays de la sous - région de l'Afrique australe à instituer une organisation de coopération régionale. Ainsi, la conférence de coordination pour le développement en Afrique australe (SADCC) a été crée dans ces circonstances en Avril 1980 à Lusaka (Zambie) et regroupant l'Angola, le Botswana, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe. Son objectif est de renforcer l'intégration et la coopération sociale, politique et sécuritaire parmi les 15 pays membres de l'Organisation.

La Namibie a rejoint la communauté en 1990, l'Afrique du Sud en juillet 1994 lors du sommet de Gaborone et l'Ile Maurice en août 1995 lors du sommet de Johannesburg (Afrique du Sud). Par la suite, l'évolution de la donne politique dans la sous - région, ainsi que la nécessite de s'y adapter conduiront à une transmutation de la SADCC en SADC (Southern African Development Community) ou Communauté de développement de l'Afrique australe par le traite de Windhoek du 19 aout 1992 (J.B.N Wago, 1997).

I.2.3.3. La CEPGL

La CEPGL est une organisation internationale sous - régionale réunissant trois pays frontaliers à savoir le Burundi, le Rwanda et la R.D.C. Créée le 20 septembre 1976 à Gisenyi (Rwanda), elle tire ses origines dans les liens politico - administratifs et économiques qui unissaient les trois pays depuis l'époque coloniale. Le souci qui a présidé à la création de la CEPGL fut d'abord le maintien de la sécurité sur les frontières des États membre pour l'intérêt des régimes en place. La CEPGL avait pour but principal l'intégration économique et la coopération transfrontalière entre ces trois pays mais les différents conflits dans cette région du monde ont eu raison de lui dans les années 90.

La CEPGL a pour principaux objectifs d'assurer la sécurité des États membres et des populations de la région, notamment par la sécurisation les frontières communes des États membres, de concevoir et favoriser la création d'activités d'intérêt commun pour aboutir à la création d'une zone de prospérité commune, d'assurer et favoriser les échanges commerciaux et la circulation des personnes et des biens, de promouvoir une coopération étroite dans divers domaines notamment le domaine social, scientifique, culturel, politique, judiciaire, militaire, énergétique, des transports et des communications (E. Ntumba Bukasa, 2009).

Il faut noter que cette communauté a fonctionné jusqu'en 1996. La première guerre qu'a connue la R.D.C en octobre 1996, précédée de la guerre d'octobre 1993 au Burundi et le génocide contre les tutsis de 1994 au Rwanda ont créé des moments d'arrêt des activités de la CEPGL. Comme on le verra plus loin, c'est cette même année 1996 que le Rwanda a fait une demande pour l'adhésion à la CAE.

Comme d'autres ensembles régionaux, la CEPGL a connu des problèmes majeurs qui ont empêché ce dernier à atteindre ses objectifs. Les trois pays qui composent la CEPGL ont été caractérisés par les guerres et massacres à grande échelle. Le Rwanda, le Burundi et la République Démocratique du Congo connaissent des conflits dont les racines se situent dans un passé lointain et récent idéologiquement chargé et intellectuellement manipulé, mais dont les cultures des peuples sont plus similaires que différents (A. Mwaka Bwenge, 2006).

Un autre facteur de l'échec est l'appartenance de ces pays de la région des grands lacs à plusieurs autres ensembles régionaux. Ceci a par conséquent rendu inefficace et a produit des résultats décevants en termes d'intégration. Les processus d'intégration régionale ont des objectifs, programme et calendrier différents. En ce qui concerne la CEPGL, cela a conduit aux chevauchements d'adhésion. Ce chevauchement d'adhésion a entravé les efforts des ces trois pays.

De ce qui précède, on remarque que ce phénomène de chevauchement observé chez les pays membres de la CEPGL va concerner (ou concerne) aussi la CAE. En effet, certains décideurs et auteurs commencent à envisager même une fusion du COMESA, de la SADC et de la CAE.  

I.2.3.4. La CAE

La description de la CAE s'avère d'une nécessité absolue dans la mesure où elle constitue notre sujet d'étude. Le processus d'intégration régionale de la CAE date de 1933 avec la coordination des activités économiques et politiques suivant les liens coloniaux (chemin de fer Kenya-Ouganda, le Conseil monétaire d'Afrique de l'Est, l'Union postale, etc.). Le processus a évolué au fil du temps et la CAE a été créée en 1967. Dans la progression de l'histoire de la CAE, cette dernière a été dissoute en 1977, et reconstituée en 2001 entre le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda. En 2006, elle a admis en son sein le Burundi et le Rwanda qui en sont officiellement devenus membres le 18 juin 2007.

Il faut noter que même si la Communauté s'est effondrée en 1977, elle avait accompli beaucoup de réalisations. « Since the community's reestablishment in 1999, the community has recorded a number of achievements. The achievements include: success in establishing the organs of the community as stated in the EAC treaty, establishment of the EAC custom union, strengthening of an East African identity, harmonization of monetary and fiscal policies, improvement of transport and communication systems, the launching of Lake Victoria Commission and deepening of cooperation in different sectors»2(*) (D. Buberwa Kamala, 2006).

La CAE a pour but principal de piloter le programme d'intégration économique, social et politique de l'Afrique de l'Est, de manière à produire de la richesse et à consolider la compétitivité dans la région en incitant la production, les échanges et l'investissement. Selon l'article 5 (1) du Traité établissant la communauté d'Afrique de l'Est, les objectifs de la Communauté sont de développer des politiques et des programmes visant à agrandir et à approfondir la coopération entre les États membres dans les domaines politique, économique, social, culturel, de la recherche, de la technologie, de la défense, la sécurité, les affaires juridiques et judiciaires, pour leur bénéfice mutuel.

Pour les nouveaux membres (Burundi, Rwanda), leur adhésion à la CAE leur ouvre un potentiel énorme à l'économie (une tendance à la  baisse du prix des produits de consommation, l'ouverture d'un marché de travail pour la main d'oeuvre, un gain de transparence quant aux règles administratives et de douane, appui dans la lutte contre la fraude et la corruption et un gain de confiance du Secteur Privé et arrivée des capitaux d'investissement). Un autre avantage est le marché de plus de 120 millions d'habitants, avec d'importantes ressources. Elle vient juste après le Nigeria, en Afrique.

La Communauté s'est effondrée par suite de différentes préoccupations concernant la répartition des fruits de l'intégration. « The East African community suffered great setbacks due to ideological and political differences. In 1977, Kenya demanded to have more seats than Uganda and Tanzania in decision - making organs. Disagreements caused by President Idi Amin of Uganda; socialism in Tanzania, capitalism in Kenya»3(*) (S. Rwengabo).

Pour D. Percival (1996), « the development of cooperation between the countries of the old East African Community has been dogged by political differences. The former leaders of the region - socialist President Julius Nyerere of Tanzania, Kenya's pro-western President, Jomo Kenyatta and Ugandan dictator, Idi Amin proved to be uneasy bedfellows. The final collapse of the East African Community, which survived for a decade up until 1977, was provoked by disagreements over the benefits gained by each state from the operation of common regional services such as the airline, harbours and telecommunications. More recently, political divisions between Kenya and Uganda have hindered the work of the 1994 East African Permanent Tripartite Commission, which was set up to ease the way for normalized relations between the three neighbors»4(*).

Chapitre II. Cadre théorique de référence

II.1. L'adoption d'une théorie

Avant d'adopter l'approche théorique qui nous intéresse, il importe d'examiner les fondements théoriques couramment utilisées dans le domaine d'intégration régionale afin de voir dans quelle mesure elles sont pertinentes pour notre cadre d'analyse.

II.1.1. L'inventaire des théories

La construction du cadre théorique de référence puise ses fondements essentiellement dans l'article intitulé «Des fondements théoriques et stratégiques de la construction communautaire » de  Naceur Bourenane, dans l'ouvrage « Intégration et coopération régionales en Afrique de l'Ouest » sous la direction de Réal Lavergne. Il discute de la théorie classique de (volontariste et de l'instrumentaliste), d'une approche différente axée sur le concept de la construction communautaire privilégiant les actions de type stratégique telle que proposée par N. Bourenane(1996).

II.1.1.1. La théorie classique volontariste

Naceur Bourenane (1996) situe les fondements théoriques des modèles classiques de l'intégration régionale dans trois écoles ayant dominé la pensée économique des années 1960 : l'école néoclassique, l'école marxiste et l'école développementaliste. Selon lui, les premiers discours scientifiques sur l'intégration régionale se situaient dans le prolongement de la théorie des avantages comparatifs et du commerce international. Les recommandations des économistes libéraux étaient en faveur de la libre circulation des facteurs de production, ainsi que de la levée des barrières tarifaires et non tarifaires.

La théorie classique de l'intégration se développe à partir de la réflexion pionnière de J.Viner (1950) qui s'intéresse aux effets de l'union douanière sur l'échange international ; celui-ci montre que la formation d'une union douanière, qui se traduit par l'institution d'un tarif extérieur commun, engendre deux effets possibles, l'un de détournement des échanges, au détriment des pays non-membres, et l'autre de création des échanges au profit des pays membres de l'union (B. Békolo-Ebé, 2001). C'est en fonction de ces deux effets que l'on peut juger de l'incidence et des conséquences économiques de l'union douanière. Les développements ultérieurs, que l'on doit notamment à R.G. Lipsey (1957) et J.E. Meade (1956), analysent l'incidence sur l'utilisation des ressources du côté des consommateurs et les effets de bien-être, et s'intéressent, avec C.A. Cooper et B.F. Massell (1965) aux avantages que 1'union peut présenter en termes de marché pour chaque économie membre. Ces travaux influencent fortement le processus dans les PED (H. Myint ,1967 ; G. Meier, 1968 ; R.F. Mikessell (1970) et P. Robson, 1971).

En réduisant les barrières commerciales entre des pays voisins, la mise en place d'unions douanières et de zones de libre-échange pouvait être envisagée comme un mécanisme de rationalisation de l'activité économique de chaque pays, s'inscrivant ainsi dans le sens d'un renforcement progressif du commerce international. D'inspiration marxiste-léniniste, une lecture différente s'y oppose (Inotai, 1982 ; Benallègue, 1987). Selon cette approche, l'intégration est le résultat d'une évolution naturelle de l'économie capitaliste dominée par la loi de l'internationalisation du capital.

Selon ces auteurs (op.cit), ce type d'intégration serait générateur d'exclusion et de paupérisation des petites entreprises et de nombreuses catégories sociales, du fait même du mode de fonctionnement du marché. Ainsi, dans les PED intéressés à poursuivre activement le développement sous l'impulsion de l'État, l'intégration ne devrait pas se faire selon le libre jeu des forces du marché. L'intégration dans les PED devrait concerner en premier lieu la production et obéir à une démarche d'utilisation rationnelle des ressources disponibles, selon une approche planifiée et centralisée de gestion des besoins et des moyens susceptibles de les satisfaire, souligne N. Bourenane(1996).

Cette lecture comme le mentionne d'ailleurs N.Bourenane (op.cit) se fonde sur un certain nombre de postulats qui n'ont pu être vérifiés empiriquement, notamment l'efficacité de la planification en comparaison avec le marché. L'analyse préconisée par deux auteurs français (Marchal, 1965 ; Perroux, 1966) marque un tournant dans les travaux sur l'intégration. Ces auteurs proposent les éléments d'une lecture fondée sur une prise en compte de la dimension historique des phénomènes économiques et sociaux. Selon Marchal (1965), il y a lieu de distinguer l'intégration comme résultat du développement, de l'intégration conçue comme moyen et comme condition du développement. L'intégration économique peut être appréhendée comme le produit historique de la transformation des structures techniques, économiques et sociales.

Elle peut aussi être définie comme une démarche collective consciente, construite, de sociétés humaines cherchant l'amélioration de leur bien-être à savoir : un choix de politique économique (op.cit). Marchal(1965) montre qu'en tant que produit de l'histoire des sociétés, l'intégration est d'abord le résultat d'une transformation sociale. Autrement dit, elle ne peut pas intervenir n'importe où, ni dans n'importe quelle condition. Perroux (1966) poursuit la même démarche, qu'il articule autour de trois questions : Qui intègre? Comment? Et au profit de qui?

Sur le plan opérationnel, ces deux auteurs ne s'éloignent cependant pas tellement des approches volontaristes de leurs prédécesseurs ou de certaines approches théoriques du développement des années 1960 (N. Bourenane, 1996). Pour Marchal (1965), la mise en oeuvre de l'intégration doit se fonder sur l'industrialisation comme vecteur intégrateur, et sur des forces sociales capables de la supporter et de l'animer. Dans la même ligne de pensée, Perroux (1966) emprunte aux théories du développement et de l'industrialisation trois catégories conceptuelles : les pôles de développement, les unités motrices et l'industrialisation. Il présente l'industrialisation comme mécanisme de développement, dans un contexte de protection douanière, au profit de l'ensemble des pays concernés. Sur cette base, Perroux (op.cit) fait la distinction entre trois modalités d'intégration : l'industrialisation par le marché, par les investissements ou par les institutions.

Cette lecture développementaliste et industrialiste de l'intégration finit par conférer un caractère secondaire à la dimension sociale dé l'intégration, niant ainsi la démarche initialement préconisée, en la remplaçant par une autre, à la fois techniciste et spatialisée (N. Bourenane, 1996). Perroux (1966) a donc ouvert les perspectives d'une analyse socio-économique et politique de l'intégration, pour s'en éloigner ensuite, sous l'effet prégnant des théories du développement.

II.1.1.2. La théorie classique instrumentaliste

Cette approche instrumentaliste des stratégies d'intégration régionale se présente sous deux formes : une approche institutionnelle, axée sur la mise en place des institutions chargées de la promotion et du suivi du processus, et une approche axée sur le choix des modalités d'intervention (N. Bourenane, 1996).

En ce qui concerne les institutions à mettre en place, se retrouvent deux orientations non exclusives. La première donne la primauté à la mise en place de structures multilatérales, spécifiques et permanentes, chargées de définir et de proposer aux États des programmes d'action et d'en suivre l'application une fois qu'ils sont adoptés (op.cit). Les organisations communautaires ainsi créées ont en propre leur siège, leur personnel et leur budget de fonctionnement. Leurs décisions ont un caractère supranational obligatoire et contraignant pour l'ensemble des partenaires (N. Bourenane, 1996). La seconde donne la préférence à l'institution de commissions intergouvernementales spécialisées, se réunissant périodiquement, pour préparer et prendre des décisions à mettre en oeuvre par les pays et en évaluer par la suite l'exécution. Elles sont constituées de hauts responsables qui représentent les départements ministériels des États concernés lors des travaux. Les personnes désignées sont ainsi susceptibles d'être changées. Seules les structures ont une certaine pérennité (op.cit).

Si on y regarde de près, on constate que la seconde orientation a pris le dessus en Afrique comme le dit d'ailleurs (L.L, Ntumba, 1996). Les secrétariats et les autres organes communautaires restent limités dans leur pouvoir et leur champ d'action, parfois même dans leur indépendance d'action au niveau opérationnel (N.Bourenane, 1996). Le vrai pouvoir se situe dans chaque cas auprès des instances intergouvernementales, à savoir la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, le Conseil des ministres et les commissions techniques spécialisées composées de commissaires des États. Cela reflète le primat de la coopération sur la construction communautaire et traduit le fait que les organisations intergouvernementales n'expriment pas une volonté de dépassement, mais au contraire de réaffirmation, des souverainetés nationales (op.cit).

II.1.1.3. L'approche de la construction communautaire privilégiant les actions de type stratégique

Cette approche telle que proposée par N. Bourenane(1996) ouvre la démarche de la construction communautaire à ce qui est stratégiquement utile et réalisable sur les plans sociaux et techniques. La question des instruments de mise en oeuvre des stratégies d'intégration fondée sur une telle problématique devient ainsi seconde. En effet, le type d'institutions à mettre en place, les mesures concrètes à promouvoir et les échéances à fixer dépendront directement de la nature et des éléments de la stratégie de construction communautaire choisie, du contexte, de la nature des acteurs en présence et des enjeux qui les réunissent. Pour une compréhension mutuelle, il est important de définir les éléments clés dans les termes de l'auteur.

II.1.1.3.1. Une convergence des stratégies nationales

N.Bourenane (1996) préconise une démarche pragmatique, fondée sur l'adoption d'une stratégie réaliste et dynamique de l'intégration. Parmi les éléments d'une telle approche, la première a trait à la conception-même de la construction communautaire, qui doit refléter des accords s'exprimant au triple plan sous-national, national et international entre les partenaires directement concernés. Autrement dit, la stratégie de construction régionale doit exprimer une convergence de stratégies nationales particulières, définies de façon démocratique.

II.1.1.3.2. Une démarche progressive et flexible

Le deuxième élément requis d'une approche plus pragmatique et réaliste se réfère à la constitution des entités régionales. Contrairement à la vision qui semble prévaloir sur le continent et qui tend à faire de l'intégration régionale une démarche fondée sur l'exclusion de l'appartenance d'un pays à plus d'une organisation communautaire, le choix des groupements régionaux devra être davantage le fait des opérateurs économiques, ce qui suppose une démarche très souple, variable selon les objectifs des différents intervenants (N. Bourenane). La définition des programmes d'intégration et des objectifs temporels devra tenir compte également de la nature des structures socio-ethniques des pays considérés, de l'histoire récente des relations entre leurs composantes humaines respectives et du contexte géostratégique dans lequel ils évoluent.

II.1.1.3.3. Le rôle de l'État et les Organisations intergouvernementales

L'intégration est ici repensée en tenant compte des différents acteurs concernés et de leurs rôles respectifs (N. Bourenane, 1996). Dans le nouveau contexte résultant de la mise en oeuvre de programmes économiques articulés autour d'un désengagement de l'État des espaces de production et d'échange, l'État ne pourra plus systématiquement imposer les cadres d'organisation et d'intervention aux acteurs économiques, privés ou publics (op.cit). Au contraire, l'état devra informer, suggérer et accompagner les actions, laissant ainsi place à la dynamique sociale des échanges et de luttes qui réunit les acteurs sociaux concernés.

Aussi, le devenir des institutions et des organisations intergouvernementales a été repensé dans cette optique. Les OIG doivent être réorganisées pour servir de structures de propositions et d'appui aux opérateurs, au lieu de continuer à fonctionner comme des prolongements et des excroissances des États, sans prérogatives réelles (N. Bourenane, 1996). Cette orientation aura le double intérêt, de libérer ces entités de l'emprise stérilisante des pouvoirs en place et d'ouvrir des perspectives à leur autofinancement partiel, par les partenaires intéressés aux processus de construction communautaire qui se mettent en place (op.cit).

II.1.2. L'examen critique des théories

Avant de choisir l'une ou l'autre de ces théories ci-haut décrites, il faut d'abord procéder à un examen critique de ces approches théoriques. Cet examen critique nous a révélé ce qui suit :

Premièrement, la théorie classique volontariste telle que discutée en haut nous semble à moitié douteuse dans la mesure où cette approche n'est que partiellement dépassée. Cette approche comporte des limites analytiques de poids, surtout pour des pays de l'Afrique de l'Est dont l'intérêt principal serait le développement et l'industrialisation. Il convient par ailleurs l'union douanière prônée par cette théorie est valable dans la CAE.

Deuxièmement, la théorie classique instrumentaliste s'avère aussi inacceptable par le simple fait qu'elle insiste sur un étatisme excessif dans le choix et la mise en oeuvre des projets, un volontarisme démesuré en regard des contraintes du terrain et une attitude mimétique à l'égard de ce qui a pu être amorcé ailleurs. Cette attitude n'est pas compatible à la CAE qui elle, se fonde sur des bases intrinsèques notamment les valeurs socioculturelles des peuples de l'Afrique orientale.

II.1.3. L'adoption d'une théorie et son lien avec le sujet de recherche

Pour ce faire, les résultats de notre examen critique des théories portant sur l'intégration, nous incitent à adopter l'approche de Naceur Bourenane (1996), construite sous forme communautaire sur la base des actions stratégiques.

Selon cette approche, l'intégration est conçue comme un processus de coopération progressif, gagnant chaque fois en intensité, visant davantage le renforcement des économies nationales en formation que leur dissolution dans un ensemble commun. La politique d'intégration et les mesures qui en découlent ne sauraient ainsi être une panacée dans la poursuite d'un programme de relance ou de développement (N. Bourenane, 1996). Elles ne peuvent être qu'un complément et non un substitut aux programmes nationaux, et il est donc nécessaire pour tous les partenaires d'avoir une vision claire des stratégies de développement national (op.cit).

L'objectif visé serait de renforcer, par une démarche communautaire, les secteurs ou les segments d'activité économique d'avenir, en recherchant chez les autres partenaires, le maximum de synergies. Une telle démarche devra dépasser le cadre étriqué des arrière-pensées politiciennes et les préoccupations égoïstes, souvent non déclarées, à la base des actions d'intégration, pour s'inscrire dans une dynamique d'apprentissage de la solidarité réciproque et de la confiance, à l'échelle des États et des opérateurs économiques (N. Bourenane, 1996).

Le mérite de cette approche c'est que l'État n'est pas du tout négligé. Par contre, les structures publiques sont des instruments de promotion. Le volontarisme dans les décisions globales (choix d'objectifs et d'horizons temporels intéressant l'ensemble) pourra ainsi se traduire sur le terrain par l'appui apporté à des groupes déterminés d'acteurs, considérés comme vecteurs et agents du changement(N. Bourenane, 1996). La détermination de leurs stratégies respectives, de leur base économique, politique, sociale et géographique, et de leurs projets futurs constitue un élément important dans le processus de construction communautaire, ce qui est le fondement de la Communauté de l'Afrique de l'Est.

En sus de tout ce qui précède, voici en résumé le lien que nous avons établi entre l'approche adoptée et le sujet de notre travail. Etant donné que l'approche adoptée met l'accent sur la définition des programmes d'intégration et les objectifs temporels en tenant compte de la nature des structures socio-ethniques des pays considérés, de l'histoire récente des relations entre leurs composantes humaines respectives et du contexte géostratégique dans lequel ils évoluent, elle est parfaitement compatible avec la CAE. L'intégration de la plupart des PED dans des communautés régionales semble donc être motivée par l'histoire partagée entre les pays formant la communauté, sa position enclavée dans cette région, ainsi que des raisons économico-politiques sous-jacentes. Nous allons donc appliquer ces raisons d'intégration de la plupart des PED dans le cas concret  à savoir l'intégration du Rwanda à la CAE.

II.2. Problématique, question de recherche et hypothèses de recherche

L'intégration est un processus qui a toujours existé. Les peuples se sont rapprochés sous différentes formes qui sont allées des formes brutales de guerre aux formes douces d'échanges commerciaux et de mariages. Cependant, l'intégration régionale, sous sa forme actuelle, est une révolution post industrielle et un phénomène typique du 20ème siècle, caractérisé par la libre circulation (des marchandises, des services, des capitaux, des personnes, des idées, des politiques, des valeurs et de la culture) à travers des frontières communes, réalisée à travers la suppression progressive des frontières identifiables des Etats nations.

L'intégration régionale moderne est un processus de restructuration fondamentale des frontières existantes des Etats nations dans un super Etat, généralement un Super Etat Economique. Au 20ème siècle, l'intégration régionale était, dans son essence, un constat que l' « Etat-Nation » tel qu'il a évolué à travers les siècles depuis les grandes civilisations de l'histoire ancienne et atteint l'âge mûr au 18 ème siècle, était inadéquat sous la nouvelle ère de l'information et de la communication à savoir que « l'Etat est devenu trop petit pour les grandes choses et trop grand pour les petites choses ». Il existe une dynamique visible et globale vers la décentralisation. Il est aussi devenu une réalité qu'il est peu probable que l'intégration régionale soit gérée avec succès et de manière durable sans gouvernements locaux efficaces. Cette compréhension relativise ce que certains prennent plaisir à dire comme quoi « L'Etat Nation est mort, longue vie au Super Etat ».

L'intégration régionale a peu progressé ces dernières décennies en Afrique. Le pourcentage de commerce intra régional est de 9% en Afrique occidentale et seulement de 4% en Afrique centrale (Foroutan, 1998). Avec la résurgence des conflits armés et des guerres civiles en Afrique de l'Ouest et du Centre, l'intégration régionale a même reculé. La guerre en Côte d'Ivoire a engendré une grande perturbation du commerce intrarégional ainsi que des échanges avec les pays tiers. De même, le conflit au Congo-Brazzaville et la paralysie du chemin de fer pendant de longues périodes a déstabilisé les échanges avec les pays voisins.

Depuis le début des années 90, une reprise du processus d'intégration régionale s'observe en Afrique ; elle intervient après l'éclipse des années 80 qui avait succédé à l'effervescence intégrationniste ayant caractérisé la décennie des indépendances. Cette recherche de l'intégration, grâce à laquelle le thème et la démarche sont à nouveau à l'ordre du jour, reflète la conviction chez les décideurs des économies africaines que l'intégration est une condition essentielle du succès des efforts déployés en matière de développement. Cette conviction s'est d'autant plus consolidée que l'évolution de l'économie mondiale se traduit par l'émergence de pôles économiques, eux-mêmes résultats de regroupements et d'émergence de pôles tels que la mondialisation est multipolaire (B.Békolo-Ebé, 1993, 1994).

Sur le plan politique, les tentatives de la CEDEAO et de la CEMAC d'apporter des solutions africaines aux différentes crises des pays membres ont connu des échecs. Tous ces faits montrent que le processus d'intégration régionale a été caractérisé depuis longtemps par une crise structurelle et que la nouvelle approche de l'intégration mise en place dans le cadre de la zone franc au milieu des années 1990 n'a pas apporté les remèdes appropriés. Il convient par ailleurs de mentionner que les raisons qui motivent les pays à s'intégrer restent partagées. Les structures socio-ethniques, l'histoire commune, le contexte géostratégique dans lequel ces pays évoluent sont autant de facteurs explicatifs de cette intégration comme le montre N. Bourenane(1995).

Comme les autres pays du monde entier en général et de l'Afrique en particulier, le Rwanda n'a pas échappé à l'intégration dans la région et d'appartenir à plusieurs ensembles économiques régionaux. C'est récemment qu'il a rejoint la Communauté de l'Afrique de l'Est même si la demande d'adhésion a été présentée depuis 1996. En effet, si on localise le Rwanda dans son contexte géographique, il est situé au Centre Est de l'Afrique entre 1 et 3° L.S et entre 28 et 30° L.E. Il se trouve à 1,200 km de l'Océan Indien et à 2,200 km de l'Océan Atlantique, il partage ses frontières au Sud avec le Burundi, à l'Est avec la Tanzanie, au Nord avec l'Uganda et à l'Ouest avec la République Démocratique du Congo. Ce contexte géographique d'enclavement du Rwanda fait que les produits importés soient relativement chers et les produits d'exportation moins compétitifs sur le marché mondial (J.D. Muhigira, 1991).

Au cours de l'histoire récente du Rwanda, ce dernier a adhéré aux différentes organisations régionales comme la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL), l'Organisation du Bassin pour l'aménagement de la Kagera (OBK), la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale, (CEEAC). Suite aux crises qu'ont connues le Burundi (1993), le Rwanda (1994) et la République Démocratique du Congo (1996), la CEPGL est devenue inopérante. Les États membres de cette Organisation traversent depuis plus d'une décennie, la plus grave crise politique de leur existence, marquée entre autres par des conflits ethniques d'une ampleur sans précèdent, une insécurité généralisée et un blocage de longue durée des institutions républicaines et des administrations (C.I. R. G. L, 2006). L'autre organisation régionale à laquelle le Rwanda avait adhéré est l'Organisation pour l'Aménagement du Bassin de l'Akagera (OBK). Après le Génocide de 1994, cette organisation n'a pas été aussi fonctionnelle, il semble qu'elle a été abolie.

Quant à la CEEAC, le Rwanda s'est retiré de cette organisation le 5 juin 2007. A cet effet, l'ancien Ministre Rwandais des Affaires Étrangères Charles Murigande a justifié ce retrait par le fait que le Rwanda « est confronté aux problèmes liés aux multiples appartenances aux Communautés Économiques Régionales ayant pour corollaire la perte et la déperdition des maigres ressources (Rapport de la Deuxième conférence des Ministres Africains de l'Intégration, 2007). Cependant, en y regardant de près, l'on remarque que le retrait est motivé par des raisons géostratégiques et politiques. Sans entrer en détails, une chose est certaine c'est que le retrait du Rwanda à la CEEAC, correspond à son entrée à la CAE. Bien que les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE soient nombreux, le gouvernement Rwandais précise que « plus de 70% du commerce du Rwanda se passe dans le rayon commercial de la CAE et que la quasi-totalité des institutions rwandaises sont liées à celle des pays de la CAE par des accords de coopération » (La Nouvelle Relève, 2007).

Pour approfondir davantage cette question ayant trait aux raisons ayant motivé l'intégration du Rwanda à la CAE, nous nous sommes posé la question suivante : «Quels sont les facteurs qui ont poussé le Rwanda à s'intégrer dans la Communauté de l'Afrique de l'Est »?

Les réponses provisoires à cette question se résument autour de deux hypothèses ci - après :

1. Les facteurs géographiques et historiques justifient d'un côté l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est;

2. Les facteurs économiques et politiques justifient de l'autre côté l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est.

II.3. Opérationnalisation du cadre théorique

Afin d'opérationnaliser notre cadre théorique, il nous revient donc à définir le concept clé de la recherche, et en faire un concept opératoire, c'est-à-dire un concept dont on détermine les dimensions et les indicateurs. C'est ce que nous allons faire dans les lignes qui suivent.

II.3.1. La construction du concept

La construction du concept se fait d'abord par son identification à partir des hypothèses. Ainsi, nous avons retenu le concept « intégration » que nous avons essayé d'expliquer.

II.3.1.1. Intégration

La notion d'intégration sera réservée ici au processus résultant d'une démarche volontaire de deux ou de plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à des États différents, en vue d'une mise en commun d'une partie de leurs ressources. Ce processus a pour finalité l'émergence et le renforcement de relations techniques et économiques d'interdépendance structurelle, à effets d'entraînement positif sur les revenus. Si on admet une telle définition, on se rend compte que les entités géographiques produites par la colonisation de l'Afrique (l'Afrique occidentale française, l'Afrique-équatoriale française, l'Union douanière d'Afrique australe (SACU), etc.) ne sont pas le résultat ou la matérialisation d'un processus d'intégration (N. Bourenane, 1996).

Quant à Jean-Marc Siroën (2004, p. 3), lui voit dans l'intégration régionale un moyen pour des pays géographiquement proches entre lesquels les relations économiques tendent à s'affranchir des frontières politiques pour favoriser la formation des marchés intégrés. Pour Bourenane (1996, p. 65), l'intégration est un « processus résultant d'une démarche volontaire de deux ou de plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à des États différents, en vue d'une mise en commun d'une partie de leurs ressources. Selon cet auteur, ce processus a pour finalité l'émergence et le renforcement de relations techniques et économiques d'interdépendance structurelle, à effets d'entraînement positifs sur les revenus.

La notion d'intégration devrait davantage être couplée avec celle de construction communautaire. Cette dernière rend compte de la nature collective d'un processus de construction d'un espace collectif, entrepris de façon consciente, négociée et irréversible, par des partenaires ayant choisi de partager un même destin, dans un cadre politico-institutionnel préalablement établi et choisi par eux, sur une base négociée, en se fondant sur une vision stratégique de leur avenir en commun.

Dans le même ordre d'idée, il y a lieu de distinguer entre l'intégration régionale et l'intégration économique. Cette dernière recouvre l'intégration d'activités économiques, de secteurs ou de segments de filières, dans une perspective de rationalisation de la gestion des ressources et de maximisation des profits et des revenus. De ce point de vue, la dimension géographique, notamment la proximité spatiale, n'est pas toujours déterminante, contrairement à la notion d'intégration régionale qui est d'abord fondée sur la définition de l'espace géographique et physique. Plus qu'un simple support aux activités à intégrer, l'existence de cet espace devient un préalable, un facteur déterminant, dans l'émergence et la concrétisation du sentiment d'appartenance culturelle et politique à un ensemble déterminé, d'une vision partagée de l'avenir.

Dans les écrits sur le sujet, on tend souvent à confondre ces deux conceptions. Pourtant, elles ne se recoupent que partiellement. Bien plus, l'intégration économique ne peut s'opposer à l'intégration régionale, lorsqu'elle favorise l'intégration de régions lointaines, aux dépens des espaces les plus proches. Ainsi l'intégration régionale se distingue des notions apparentées en ce qu'elle est volontaire (contrairement à l'union, qui peut ne pas l'être), construite sur une base collective, recouvrant la mise en oeuvre d'un processus de construction communautaire (et dépassant le simple processus de coopération), et régionale, c'est-à-dire fondée sur un espace de proximité géographique (ce qui la distingue de l'intégration économique sui generis).

D'autres auteurs ont analysé le nouveau régionalisme, et plus particulièrement l'intégration régionale économique, à l'aide d'approches purement économiques ou transactionnalistes. Les auteurs associés à ces écoles tendent à définir le régionalisme en se basant sur ses manifestations observables plutôt qu'à tenter d'expliquer le phénomène (J.J. Schott, 1991). Certains ont adopté une définition formelle du régionalisme. Ainsi, ils emploient cette expression uniquement pour désigner une situation où des États traitent les produits importés différemment selon leur provenance (création d'accords de libre-échange, d'unions douanières, de marchés communs ou conclusions d'accords préférentiels (J.J. Schott, 1991).

Par ailleurs, d'autres auteurs donnent un sens plus large au concept de régionalisme. Ils font allusion à un phénomène plus diffus qui existe lorsque l'on peut constater que l'activité transnationale est plus soutenue entre les pays d'une même région qu'entre ces mêmes pays et le reste du monde. Un peu comme le faisaient les pluralistes il y a quelques années pour étudier l'intégration régionale (K. Deutsch, 1957& D.Puchala, 1970). Ces auteurs s'appuient sur l'observation des transactions transnationales pour prouver l'existence de «régions» et pour identifier les pays qui en font partie. Dans la majorité des travaux de ce type, les indicateurs mesurent les flux commerciaux. On s'attarde aussi, dans certains cas aux mouvements de capitaux et de main d'oeuvre (A. Bollard et D. Mayes, 1992 et R.C. Hine, 1992 et A. Sapir, 1992 & C.A. Primo Braga, R. Sadafi et A. Yeats, 1994).

II.1.6.2. Les dimensions

Afin d'opérationnaliser notre cadre théorique, il est important de préciser les dimensions de l'intégration. Il s'agit de préciser les facteurs de l'intégration régionale notamment en Afrique. Après avoir analysé la littérature, nous avons retenu deux dimensions : l'intégration d'inspiration historico-géographique et l'intégration d'ordre politico-économique.

La première dimension s'adresse à la vérification des composantes ci-après : l'histoire et la géographie. Cette étude vise donc à dégager les aspects historico-géographiques qui ont favorisé l'intégration du Rwanda à la CAE.

La deuxième dimension traite des composantes politiques et économiques. Cette dimension met en évidence l'importance de la recherche de marché et de sécurité dans l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est.

II.1.6.3. Les indicateurs

Le cadre théorique devient opérationnel avec les indicateurs aux dimensions d'inspiration d'intégration. Ce faisant, en commençant par la première dimension en l'occurrence l'intégration d'inspiration historico-géographique. Après avoir analysé notre cadre théorique, nous avons décidé de retenir quatre indicateurs.

1. Les aspects linguistiques: ceux-ci renvoient aux caractéristiques linguistiques telles que la langue commune. Par exemple, si les pays ont une langue commune, il y aura une forte chance que l'intégration se réalise ;

2. Un destin commun: On peut présumer que, plus les pays partagent un destin commun, plus il y a une interaction entre leurs peuples, ce qui suggère une intégration ; 

3. La proximité géographique entre les pays: Est-ce les pays sont proches les uns autres? Si c'est le cas, l'intégration a de fortes chances d'avoir lieu ;

4. L'espace physique favorable : On évoque ici le milieu favorable tel que le sol riche, un bon climat, la présence des ressources naturelles, etc. Si c'est le cas, le pays a tendance à s'intégrer.

En ce qui concerne la deuxième dimension traitant de l'intégration d'ordre politico-économique, l'analyse du cadre théorique nous a permis de trouver les indicateurs ci-après :

1. L'enclavement d'un pays : Plus le pays est enclavé, plus ce pays cherche à s'intégrer vers des pays désenclavés ;

2. La politique en place: Si le pays a mis en place une politique favorable à l'intégration, il y aura de fortes chances que l'intégration se réalise;

3. L'insécurité : Il est admis que l'intégration régionale conduit à étendre les actions à des domaines aussi divers que la défense et la sécurité. La plupart des pays se mettent ensemble pour assurer la sécurité ;

4. Le marché : Plus le marché des pays est étroit, plus ces pays ont tendance à se regrouper, ce qui leur permet d'être non seulement complémentaires mais aussi compétitifs dans cette ère de mondialisation.

Avec ces indicateurs qui nous permettent d'analyser le concept (l'intégration) dans la réalité, nous disposons maintenant d'un cadre théorique opérationnel. Ce faisant, nous sommes désormais en mesure de procéder à des tests empiriques afin de corroborer ou de réfuter nos hypothèses de recherche. Nous procédons donc à l'étape suivante de notre démarche scientifique à savoir les tests empiriques dans la méthodologie de recherche.

Chapitre III. Méthodologie de recherche

III.1. La préparation du test empirique

Les recherches sur les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE sont insuffisantes voire même inexistantes. Les données de cette étude tiennent compte des résultats de quelques recherches réalisées par des chercheurs étrangers, complétées par des données issues d'un questionnaire adressé aux personnes ressources mais qui ont refusé d'être citées nominativement. Pour ce faire, nous avons répondu à deux questions : interroger qui ? Et interroger comment ?

Etant donné que nous ne pouvons pas interviewer toutes les personnes ayant une connaissance sur la CAE, nous avons choisi un échantillon des interviewés. Il n'existe pas de formule magique ou mathématique permettant de déterminer la taille idéale d'un échantillon exemplaire (F. Depelteau, 2000). Certains chercheurs mentionnent que 30 cas constituent un seuil acceptable (op.cit). Mais la plupart des spécialistes soulignent, à juste titre, qu'il ne sert à rien de continuer à observer des gens ou des phénomènes lorsqu'on a atteint le point de saturation (J.P. Deslauriers, 1991 in F. Depelteau, 2000). Cela signifie que l'observation des cas supplémentaires n'apporte plus rien de nouveau et qu'elle n'apprend rien de nouveau au chercheur qui semble avoir tout vu et tout entendu.

Ainsi, comme l'explique J.P. Deslauriers(1991) cité par F. Depelteau, 2000), « il y a des signes qui annoncent la fin prochaine de la recherche. Le chercheur se rend compte qu'il a réponse aux questions posées initialement et aux autres soulevées par le terrain, lorsqu'il connaît à l'avance les réponses de ses interlocuteurs. Lorsque les périodes d'observations deviennent de moins en moins fructueuses, les données répétitives, et que la cueillette de renseignements apporte un rendement décroissant, il vaut mieux s'arrêter, car la prolongation de la recherche ne produira plus aucune donnée nouvelle ». En somme, en l'absence de critères précis, on se contente de celui de la saturation.

« Tout dépend du chercheur, du sujet, des circonstances. Certains projets de recherche peuvent se réaliser en quelques semaines alors que d'autres demandent plusieurs années. Plusieurs recherches sont réalisées avec un nombre relativement restreint d'entrevues. Certains auteurs prétendent que les recherches recourant à l'entrevue intensive recueillent habituellement entre 10 et 30 entrevues, centrées autour d'une dizaine de points et de sous-questions. Il faut se rappeler que le chiffre 30 constitue le point à partir duquel il devient possible de procéder à des opérations statistiques » (F. Depelteau, 2000).

En sus de tout ce qui précède, « la recherche qualitative ne donne pas une importance première aux nombres, mais elle ne les écarte pas pour autant. Le concept même de saturation des catégories implique un élément de répétition, de comparaison réitérée de plusieurs cas. Cependant, la recherche qualitative ne donne pas la première place aux nombres : lorsque les répétions sont suffisantes, on cesse de les accumuler, car on présume que même en continuant l'énumération, les nouveaux cas ne nous apprendraient rien qui ne soit déjà connu (J.P. Deslauriers, 1991) cité par F. Depelteau, 2000 ».

A cet effet, nous avons choisi la technique d'échantillonnage non probabiliste, celle de l'échantillon typique (exemplaire). A la question « interroger qui ? », nous avons interviewé trois personnes selon leurs connaissances du sujet. Deux de ces personnes travaillent au Ministère en charge de l'intégration à la CAE et une autre travaille à Arusha (Tanzanie) au Secrétariat de la CAE. Ces personnes interviewées sont toutes de nationalité rwandaise. Etant donné notre statut de diplomate au Canada qui ne nous permet pas de nous rendre directement au Rwanda pour mener une étude exhaustive, nous avons utilisé une entrevue semi-dirigée via le téléphone. Cette entrevue constitue donc un complément aux documents disponibles sur le sujet.

III.1.3. Observer comment ?

Après avoir répondu aux questions « interroger qui? », nous abordons la dernière question ayant trait à la réalisation d'un test empirique : « interroger comment? ». Répondre à cette question, c'est adopter une manière de recueillir des données (méthodes) ou des faits empiriques qui permettent de tester les hypothèses de recherche grâce à leur analyse.

A cet égard, M. Grawitz (1990) citée par F. Depelteau, 2000 mentionne trois techniques de collecte des données : les techniques documentaires (analyse de documents et de contenu), les techniques vivantes(les interviews, les tests, les questionnaires et les mesures des attitudes et des changements) et, finalement, les techniques d'études de collectivités et de groupes (enquêtes de terrain, expérimentation sur le terrain ou en laboratoire et recherche-action). M. Angers (1992) cité par F. Depelteau (2000), distingue trois méthodes (méthode expérimentale, méthode historique et méthode d'enquête) et six techniques principales de recherche (l'observation en situation, l'entrevue de recherche, le questionnaire ou le sondage, l'expérimentation, l'analyse de contenu et l'analyse statistique.

Lamoureux (1995) cité par F. Depelteau(2000) mentionne trois types de méthodes(les méthodes exploratoires, descriptives et explicatives) et six outils de collecte de données (l'observation, l'analyse de contenu, les questionnaires, les entrevues, l'analyse des données chiffrées et les tests). M.F Fortin (1996) cité par F. Depelteau (2000) distingue ces méthodes selon qu'elles produisent des mesures objectives ou subjectives. Tandis que B. Gauthier (1990) cité par F. Depelteau(2000) explique comment utiliser l'observation directe, l'entretien non directif, les histoires de vie, l'analyse de contenu, le sondage, la mesure des attitudes, l'évaluation de programmes, la simulation sur ordinateur et la recherche-action. Loin d'être exhaustif, il nous semble que le choix des méthodes pour la collecte des données dépend essentiellement des objectifs de la recherche.

Ainsi pour notre cas, les méthodes doivent permettre de répondre à notre double objectif : analyser les facteurs historico-géographiques d'intégration du Rwanda à la CAE, analyser les facteurs économico-politiques d'intégration du Rwanda à la CAE. Conformément à ces objectifs, plusieurs données ont été donc requises pour la structuration de la démarche méthodologique. Comme le dit Glaser et Strauss (1967), la validation et les critères de scientificité résultent de la stratégie de triangulation. Cette stratégie s'est faite à tous les niveaux de la recherche et consiste à un procédé de comparaison constante entre les informations.

Selon C. Gagnon (in Miles et Huberman, 1994), la triangulation réfère actuellement à l'utilisation d'une multitude de sources de données ainsi qu'à la convergence de points de vue appuyés par des recherches similaires ou des théories. « Triangulation has also come to mean convergence among researchers (agreement between field notes of one investigator and observations of another) and convergence among theories »5(*) (A.M. Huberman et M.B. Miles, 1994). Elle peut aussi être envisagée comme un processus de codification et d'interprétation, lequel doit être fait en collaboration avec d'autres chercheurs (A. Mucchielli, 1996).C'est pourquoi, la validation de l'analyse et de l'interprétation qui est présentée dans ce travail va reprendre l'apport des différentes sources de données du processus de triangulation.

III.2. La réalisation du test empirique (la collecte et l'analyse des données)

La réalisation d'un test empirique se fait par le choix et l'utilisation d'un mode d'investigation de la réalité, communément connu sous le nom de méthode de collecte des données. Le test empirique se termine par une analyse des données.

III.2.1.1. L'utilisation de documents

Le terme document renvoie ici à toute source de renseignements déjà existante à laquelle le chercheur peut avoir accès (R. Landry, in B.Gauthier., dir. 1997). Pour notre cas, les documents utilisés portent sur les documents administratifs tels que les rapports divers, les documents de presse comprenant les journaux (notamment le New times et la Nouvelle Relève) et les publications scientifiques (articles, mémoires, thèses).

III.2.1.2. L'entrevue semi-dirigée via le téléphone

Les données ont été aussi recueillies selon la méthode de l'entrevue semi-dirigée via le téléphone6(*). Il fournit un cadre dans lequel les différents interviewés peuvent exprimer leur connaissance personnelle dans leurs propres termes (C. Deschamps, 1993, R. Mayer et Quellet, 1991). L'entrevue semi-dirigée permet de connaître ce qui est significatif pour les individus en engageant un dialogue avec eux, tout en respectant les thèmes à l'étude (Je. Poupart, 1997). Cette technique de collecte de données est souvent utilisée dans des démarches qui interrogent les réalités sociales selon la perspective des acteurs sociaux (idem). Il s'agit d'une forme d'interview qui laisse assez de liberté à l'interviewé pour faire apparaître des éléments d'analyse imprévus tout en convergeant les propos vers les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE.

Dans la société contemporaine de plus en plus médiatisée, l'entrevue est un moyen privilégié d'obtenir des informations utiles et pertinentes afin de mieux comprendre, saisir et interpréter l'expérience humaine (C. Gagnon, 2006).Cependant, cette méthode même si elle efficace pour la recherche, demeure subjective. L'entrevue est une conversation, un dialogue dont l'articulation du sens se construit en interaction, où chacun des protagonistes agit sur l'autre, l'influence par ses caractéristiques propres (C. Gagnon, 2006). C'est pourquoi comme le dit d'ailleurs R.K. Yin (1989), «since interview is subject to the problems of bias, poor recall, and poor or inaccurate articulation, a reasonable approach is to corroborate it with information from other sources»7(*).

Dans cette étude, l'entrevue semi-dirigée via le téléphone a été un outil important dans la mesure où nous étions en mesure à la fois de découvrir ce qui est à la base de l'intégration du Rwanda à la CAE.

III.2.2. L'analyse et l'interprétation des résultats

Les procédures d'analyse et d'interprétation varient en fonction de la diversité des documents étudiés (R. Landry in B.Gauthier, 1997). En ce qui concerne l'analyse des documents administratifs(les rapports) et les documents de presse (articles, mémoires, thèses, journaux), nous avons fait recours à l'analyse de contenu. L'analyse de contenu est une méthode de classification ou de codification dans diverses catégories des éléments du document analysé pour en faire ressortir les différentes caractéristiques en vue d'en mieux comprendre le sens exact et précis (R. L'écuyer, 1988) cité par F. Depelteau (2000).

Dans le cadre d'analyser nos données, nous avons d'abord transcrit les entrevues semi-dirigées que nous avons administrées via le téléphone. Comme la plupart des entrevues se sont déroulées en Kinyarwanda et en Anglais, il a fallu transcrire en traduisant simultanément, ce qui a rendu la transcription un peu longue dans la mesure où à chaque transcription, nous devrions réécouter l'entrevue et la relire pour s'assurer d'avoir bien traduit les propos des interviewés. Dans cette étape de transcription, nous avons essayé de reproduire le plus fidèlement possible les propos des interviewés.

Nous disions que le corpus sera examiné à l'aide de la méthode d'analyse de contenu. En nous fiant à nos hypothèses, à notre cadre théorique, nous avons rassemblé, préparé et classé les principaux documents pertinents et les entrevues semi-dirigées que nous avons analysés par la suite. Le mode d'analyse a été fait sur la base des conjectures théoriques de l'approche adoptée notamment les indicateurs. Nous avons inventorié les documents en les numérotant selon le choix et la définition des codes.

Tableau 1. Les documents analysés

1. La régionalisation en Afrique orientale : Entre impératif de développement et dynamiques politiques, Thèse de doctorant

2. L'Afrique des Grands Lacs existe-t-elle ? Tiers-Monde, Volume 27, Numéro 106, pp. 253 - 266

3. Lake Kivu regional trade in the nineteenth century, Journal des Africanistes, 2, pp.6-30

4. Histoire de l'Afrique de l'Est, Kampala, Ouganda

5. L'intégration régionale en Afrique Centrale comme stratégie d'insertion dans le nouveau contexte de mondialisation, Thèse de maîtrise

6. Et demain l'Afrique, Stock, Paris

7. Regional Integration: A Political Federation of the East African Countries? African Journal of International Affairs

8. Rethinking East African Integration: From Economic to Political and from State to Civil Society, Africa Development Journal

Tableau 2. Les entrevues analysées

A. Deux personnes qui travaillent au Ministère en charge de l'intégration à la CAE

B. Une personne qui travaille au secrétariat de la CAE à Arusha en Tanzanie

Notre analyse de contenu qualitative des documents et de l'entrevue semi-dirigée via le téléphone a mis l'accent sur des catégories à partir des indicateurs.

Tableau 3. Le choix et la définition des codes

Concept

Dimensions

Code

Définition des codes

Intégration

Les facteurs historico-géographiques de l'intégration du Rwanda à la CAE

01

Langue commune = intégration

02

Destin commun = intégration

03

1. Proximité géographique =intégration

2. Enclavement = l'intégration

04

Milieu favorable (sol riche, bon climat, ressources naturelles = intégration

Les facteurs économico-politiques d'intégration du Rwanda à la CAE

05

Politique

06

Situation sécuritaire

07

Le marché

Pour rendre le codage plus précis et pratique, nous l'avons complexifié de cette façon.

Tableau 4. Analyse et interprétation des résultats

Code

Signification du code

01.01-30-01

01.08-55-3

01.02-264-2

(Langue commune : Swahili = intégration, dans le premier document, à la page 30, au paragraphe 1)

Langue commune : Swahili= intégration, dans le huitième document, à la page 55, au paragraphe 3

Langue commune : Kinyarwanda=intégration, dans le deuxième document, à la page 264, au paragraphe 2)

02.02-257-03

02.03-15-02

02.04-03-02

(Destin commun : royaume = intégration, dans le deuxième document, à la page 257, au paragraphe 3).

Destin commun : royaume = intégration, dans le troisième document, à la page 15, au paragraphe 2).

(Destin commun : berceau de l'humanité = intégration, dans le quatrième document, à la page 3, au paragraphe 2)

03.02-256-03

03.06-22.01

03. AB

(1.Proximité géographique= intégration, dans le deuxième document, à la page 256, au troisième paragraphe).

(2.Proximité géographique= intégration, dans le sixième document, à la page 22, au paragraphe 1).

(3.Enclavement=intégration, dans les entrevues AB

04.02-257.AB

(Milieu favorable (sol riche, bon climat, ressources naturelles = intégration), dans le deuxième document, à la page 257et aux entrevues AB

05.05-59.AB

(Politique= intégration), dans le cinquième document, à la page 59 et aux entrevues AB

06.07-28-AB

(Situation sécuritaire= intégration, dans le septième document, à la page 28 et aux entrevues AB

07.07-28-AB

(Marché = intégration, dans le septième document, à la page 28 et dans les entrevues AB)

Que peut-on tirer de ces tableaux ? Avant de tirer une conclusion, nous reprenons d'abord nos hypothèses préalablement formulées :

Hypothèse 1. Les facteurs géographiques et historiques justifient d'un côté l'intégration du Rwanda à la CAE;

Hypothèse 2. Les facteurs économiques et politiques justifient de l'autre côté l'intégration du Rwanda à la CAE.

Pour vérifier ces hypothèses, nous avons regroupé huit principaux documents et transcrit deux entrevues, tous analysant les facteurs d'intégration du Rwanda à la CAE. Nous avons élaboré une liste des codes (de 01 à 07) axés sur les énoncés révélateurs en rapport avec les conjectures théoriques. Nous avons par la suite procédé au processus de codage en rassemblant sur une liste à part tous les éléments singuliers pertinents à nos hypothèses ci-haut formulées.

L'analyse des résultats montre que les mots clés sortant des documents et entrevues codifiés correspondent aux hypothèses, c'est- à -dire ils sont suffisamment révélateurs et pertinents pour corroborer nos hypothèses de recherche. A cet égard, nous concluons que nos hypothèses de recherche sont corroborées par les faits révélées par notre analyse de contenu des documents et des entrevues semi-dirigées via le téléphone.

III.2.3. Les difficultés rencontrées

Il convient de souligner que, pour mener une étude exhaustive sur le sujet, il aurait été intéressant de nous rendre au Rwanda. Ceci nous permettrait non seulement de fouiller la documentation sur place mais aussi d'approfondir notre questionnaire dans les entrevues à administrer. Une telle entreprise aurait été ardue, à cause non seulement du temps considérable qu'aurait exigé notre travail sur le terrain mais aussi de vastes ressources économiques que cela implique. Qui plus est, notre statut de diplomate du Rwanda au Canada réduit en quelque sorte le temps pour un tel travail. C'est pour cela que nous nous sommes contentés de quelques documents disponibles, lesquels documents sont complétés par les entrevues semi-dirigées via le téléphone.

Chapitre IV. Les facteurs historico-géographiques d'intégration du Rwanda à la CAE

L'intérêt du Rwanda d'adhérer à la CAE est une idée de longue date. Il s'agit d'une option logique car l'appartenance du Rwanda à la CAE est d'abord naturelle si on l'analyse sur le double plan géographique et historique (Ph.Apuuli Kasaija, 2004). Ensuite la Communauté occupe une place sans commune mesure dans la vie du Rwanda aussi bien sur le plan économique, politique. C'est ce que nous allons discuter dans les pages suivantes. Mais avant d'y arriver, nous expliquons d'abord la CAE. La CAE est constituée de cinq pays : le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi comme l'illustre la figure 1.

Figure1. Les pays de la CAE

Source: Baruti Katembo, 2008

IV.1. Aspects historiques

Si nous nous référons aux différents écrits, l'intégration du Rwanda à la CAE s'explique par l'histoire. A cet égard, H. Ochwada (2004, p.55) mentionne que « The East African sub-region comprising Kenya, Uganda, Tanzania, Rwanda and Burundi possesses a common historical heritage dating back to the pre-colonial period. During pre-colonial times people intermingled freely without inhibition and restrictions of artificial boundaries of country specific laws, trading among themselves within the sub-region and beyond. Moreover, they intermarried and related variously, including participating in political affairs of the communities within which they resided. Some Arab and Waswahili traders from the East African coastal region, for instance, established chiefdoms and kingdoms in areas as far as the Great Lakes of East Africa in the nineteenth century prior to colonialism»8(*).

T. Zeleza (1993, p.303) confirme ceci de cette façon « Family, clan and ethnic associations, both real and affected, played an important role in the provision of trading skills, capital and credit, and information. Traders formed alliances in foreign countries through marriage and blood brotherhood. The careers of the famous Swahili and Nyamwezi traders, such as Tippu Tip and Msiri who created commercial empires in Kasongo and Katanga respectively, were built on shrewd alliances with local rulers or people based on either marriage or fictional kinship ties»9(*).

Depuis longtemps, le Rwanda a des liens communs avec les pays de l'Afrique de l'Est. L'histoire de l'un ou l'autre des pays de l'Afrique de l'Est se comprend par référence aux autres, qu'il s'agisse de l'histoire précoloniale des populations africaines, de l'histoire coloniale qui a vu la conquête par différentes puissances européennes de l'ensemble de la région ou enfin de l'histoire contemporaine, marquée partout par des politiques ségrégatives originales, nous a communiqué l'agente du Ministère en charge d'intégration au Rwanda. La CAE est habituellement définie par le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie et elle a été rejointe en 2007 par le Rwanda et le Burundi.

IV.1.1. Langue

Dans notre entrevue via le téléphone, un cadre rwandais qui travaille au Secrétariat de la CAE à Arusha en Tanzanie a révélé que la population de la région de l'Afrique de l'Est présente depuis belle lurette des affinités culturelles et linguistiques. De nombreux travaux ont aussi montré la profonde filiation qui lie les langues d'Afrique noire. Plus particulièrement, ils ont mis en évidence l'importance du swahili qui permet une véritable intégration linguistique et culturelle de l'Afrique de l'est. Le swahili est parlé par 30 à 40 millions de personnes, réparties entre la Tanzanie, le Kenya, l'Ouganda, l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, le Burundi, etc. C'est sans conteste la langue la plus diffusée dans cette partie de l'Afrique. Elle a le statut de langue officielle en Tanzanie (avec l'anglais bien sûr), et de langue nationale au Kenya.

Selon M.K. Dupreelle, 2001, le swahili est à la fois une langue, une culture et une religion. Considéré comme une langue du négoce, le swahili permet le développement des réseaux commerciaux assez vaste, souvent informels du Rwanda avec les pays qui forment la CAE. L'importance du swahili au Rwanda fut renforcée par le retour de la diaspora rwandaise qui vivait en Tanzanie et au Kenya. Son expansion à travers le pays est sans aucun doute en vitesse. Le swahili constitue une langue d'enseignement dans les options littéraires du secondaire.

Il semble, explique l'agente du Ministère rwandais en charge d'intégration à la CAE que l'utilisation de cette langue au Rwanda date de l'époque des missionnaires. Les missionnaires européens et les explorateurs adoptèrent cette langue comme moyen de communiquer avec les locaux. Dans la première moitié du 19ème siècle, des missionnaires, notamment l'Allemand Johan Krapf, commencèrent à l'écrire avec l'alphabet romain. Auparavant, il était transcrit exclusivement en arabe. Au-delà des contraintes géographiques qui amènent le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda à traverser les pays voisins afin d'atteindre l'océan indien, l'influence asiatique et musulmane du swahili joue d'une certaine manière le rôle de catalyseur.

Comme l'explique notre interviewé du Ministère rwandais en charge de l'intégration à la CAE, le swahili n'est pas la seule langue qui véhicule la cohésion du Rwanda avec la CAE. Le Kinyarwanda, appelé langue bantu, est une des multiples langues d'Afrique de l'est. Il partage avec les autres langues bantoues la même phonétique et, surtout, la même logique grammaticale et syntaxique. Il est massivement parlé en République démocratique du Congo dans sa partie est, parlé au Burundi, en Ouganda et en Tanzanie.

Il convient de souligner que malgré certaines petites différences qui existent, les peuples de l'Afrique de l'Est se communiquent facilement dans leurs langues locales respectives. La langue Kinyarwanda-Kirundi-Giha, étant plus proche des langues parlées aux abords du lac Victoria (J.P. Chrétien, 1986, M.Guthrie, 1967).

IV.1.2. L'expérience historique de royaumes

La constitution des royaumes constitue un autre élément culturel qui lie les peuples de l'Afrique de l'Est. Cet ensemble correspond au sens large à l'Afrique du rift (Y. Lacoste, 1993). Il est formé principalement du Kenya, de l'Ouganda et de la Tanzanie, auquel on adjoint le Rwanda, le Burundi et la région congolaise du Kivu en raison de son exploitation minière régionale spécifique, et plus globalement du fait de leur enclavement et du brassage démographique qui les caractérisent les trois.

L'Afrique orientale est définie par Y. Lacoste (1993, p. 8.83) comme un ensemble qui passe par des alternances de scissions et de rapprochements. L'administration des royaumes rwandais et burundais fut en effet associée à celle du Tanganyika par l'Allemagne qui rêvait d'une Mittel Afrika jusqu'en 1919. Confiée par la Société des Nations à la Grande Bretagne jusqu'en 2003, le Tanganyika fut alors intégré au rêve de Cécile Rhodes, celui d'établir une Afrique anglaise, du cap au Caire.

Enfin, de 1923 à 1962, le Burundi et le Rwanda forma un territoire belge centrale, en association avec certaines régions de l'est du Congo. Dès 1900, des unions douanières virent le jour entre l'Ouganda et le Mombasa. Ces efforts se sont poursuivis au-delà de la seconde Guerre Mondiale et de l'accession aux indépendances. Les migrations volontaires ou mouvements de refugiés, alliances politiques et interventions militaires, relations commerciales officielles ou de contrebande sont autant de facteurs qui contribuent à la construction de l'Afrique orientale.

Si de nombreux enjeux sont locaux, l'implication des populations et des destins exige, pour leur résolution, une dynamique régionale favorable et inversement (A.Guichaoua, 1992). Plusieurs autres facteurs semblent d'autre part favoriser l'émergence d'une certaine intégration.

C'est le cas notamment de l'institution socioreligieuse du bwami qui a ouvert des nouveaux horizons sur l'institution royale du mwami telle qu'elle fonctionne au Rwanda, au Burundi, au Buha ou au Bushi (J.P.Chrétien, 1986, p.257). On peut parler des liens commerciaux, par exemple la diffusion des bracelets de raphia au Rwanda par les colporteurs venus du Butembo (D. Newbury, 1980, p.15). Le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda sont situés au carrefour de la grande voie nord-sud qui mène de la vallée du Nil à celle du Zambèze (le Cap au Caire) avec les routes est-ouest qui vont des comptoirs arabes sur les rivages de l'océan indien vers la cuvette du Congo (Y. Lacoste, 1997, p.4).

Dans cette région de l'Afrique de l'Est, se dressaient depuis des siècles des royaumes extrêmement organisés. C'est le cas notamment des royaumes du Rwanda(le Rwanda actuel), du Burundi(le Burundi actuel), de Toro, Nkolé et Buganda en Ouganda actuel, de Buha (une partie de la Tanzanie), de Bushi (la partie est de la République Démocratique du Congo). L'on voit bien qu'à l'exception de Bushi, tous ces royaumes occupent actuellement des territoires des Etats de la CAE.

Ces royaumes se sont étendus au fil des années en vastes royaumes. Les raisons expliquant le développement de ces grands ensembles se trouvent donc dans la géographie, l'économie et aussi le souci de sécurité et ce sont ces raisons qui reviennent dans l'explication de l'intégration du Rwanda à la CAE, le souligne le cadre du Secrétariat de la CAE. Seulement, une chose est certaine, c'est que la partie où ont développé ces royaumes appartient tout entière à l'Afrique tropicale, région réputée être le berceau de l'humanité.

IV.1.3. Le berceau de l'humanité

L'Afrique de l'Est, avec ses vallées et ses régions montagneuses, possède les traces historiques les plus anciennes du monde. Des crânes et des empreintes d'hominidés, certains vieux de plus de 3 millions d'années, ont été retrouvés dans différents sites, notamment les gorges d'Olduvai en Tanzanie et le lac Turkana au Kenya. Si d'autres vestiges similaires ont été retrouvés dans d'autres régions du continent, la Rift Valley est toujours considérée comme étant le berceau de l'humanité.

Il y a environ un million d'années, ces ancêtres, plus proches de l'homme, se sont dispersés au-delà de l'Afrique et ont atteint l'Europe et l'Asie. Il y a quelques 100 000 ans, l'homo sapiens -ou l'homme moderne- faisait son entrée en scène. Il y a 10 000 ans, les Africains de l'est parlaient khoisan et vivaient de chasse, en communautés. Les Pygmées étaient également présents.

IV.1.4. Le contrôle colonial

Selon le cadre du Secrétariat de la CAE, certains facteurs annoncent la possible construction d'une région plus ou moins intégrée et homogène. Au plan historique et politique, le destin des pays qui forment la CAE a en effet très vite été placé sous le signe de la régionalisation par ses colonisateurs. Les horreurs du commerce de l'esclavage et les attraits de l'Afrique de l'Est furent connus de l'Europe et suscitèrent son intérêt. En 1890, l'Allemagne et l'Angleterre signèrent un accord définissant leurs "sphères d'influence" qui établit formellement un protectorat anglais sur l'Archipel de Zanzibar. La plus grande partie de l'actuelle Tanzanie, le Rwanda et le Burundi furent soumis au contrôle des Allemands et prirent le nom d'Afrique de l'Est allemande (appelée plus tard Tanganyika) alors que les Anglais s'emparaient du Kenya et de l'Ouganda.

Le 19ème siècle fut aussi le temps des explorateurs, parmi lesquels les célèbres Henri Morton Stanley et David Livingstone. Au tournant du 20ème, les Européens avaient fermement établi leur présence en Afrique de l'Est. Les administrations coloniales anglaises et allemandes construisaient des chemins de fer et des routes pour ouvrir leurs colonies au commerce, ainsi que des hôpitaux et des écoles et encourageaient l'afflux des missionnaires chrétiens. Les hautes terres fertiles et le climat favorable convenaient aux agriculteurs européens, qui les colonisèrent. A l'inverse, le Tanganyika comprenait des zones non cultivables et envahies par la mouche tsé-tsé, ce qui rendait l'élevage et l'agriculture impossibles (Florence, 2008).

IV.1.5. L'indépendance

Alors que la présence européenne se renforçait en Afrique, le mécontentement envers l'autorité coloniale grandissait et les demandes nationalistes pour l'indépendance devenaient de plus en plus insistantes. Dans les années 50 et au début des années 60, les divers mouvements nationalistes s'unirent et gagnèrent en puissance à travers l'Afrique de l'Est. La Tanzanie accéda ainsi à l'indépendance en 1961, l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi en 1962 et le Kenya en 1963. L'indépendance et les années qui suivirent connurent des trajectoires différentes selon les pays. Au Kenya, le chemin menant à l'indépendance fut long et violent, en Tanzanie et en Ouganda, ce fut relativement pacifique pendant qu'au Rwanda et au Burundi, les anciennes rivalités entre les tribus furent un obstacle majeur (Florence, 2008).

Au Kenya, l'afflux des Européens avait augmenté rapidement pendant la première moitié du 20ème siècle, si bien qu'ils étaient environ 80 000 à s'y être installés en 1950. Nombre de terres expropriées pour leurs fermes avaient été prises aux Kikuyu. Ceux-ci réagirent en formant une association d'opposition politique en 1920 et provoquèrent la Rébellion Mau Mau dans les années 50, ce qui marqua un point tournant dans la politique kenyane (Florence, 2008) ;

Au Tanganyika, l'administration impopulaire allemande continua jusqu'à la fin de la 1ère Guerre Mondiale. Suite à la défaite des Allemands, la ligue des Nations confia la zone aux Britanniques, le Rwanda et le Burundi aux Belges. L'autorité britannique fut tout aussi impopulaire même s'ils négligèrent le développement du Tanganyika au profit des options plus lucratives et des terres plus fertiles du Kenya et de l'Ouganda. Une conscience politique s'organisa sous la forme d'unions et de coopératives entre agriculteurs, à travers lesquelles s'exprimaient les revendications du peuple. Dans les années 50, elles dépassaient les 400. Celles-ci s'unirent pour former l'Association Africaine du Tanganyika (TAA), un groupe de pression pour la cause nationaliste basé à Dar es Salam (Florence, 2008).

En Ouganda, les Anglais tentèrent de favoriser le recrutement des puissants Baganda dans le service civil. Les membres des autres tribus durent trouver d'autres moyens de s'imposer. Les Acholi et les Lango choisirent par exemple l'armée. Un ressentiment montait, faisant germer les conflits inter-ethniques qui déchirèrent l'Ouganda après l'indépendance. Au Rwanda et au Burundi, la période coloniale fut caractérisée par le pouvoir grandissant et les privilèges accordés aux Tutsi par l'administration belge. Les tensions de longue date existant entre Hutu et Tutsi explosèrent en un tristement célèbre génocide en 1994.

IV.2. Aspects géographiques

Géographiquement parlant, le Rwanda est proche des pays qui forment la CAE. Il partage ses frontières au Sud avec le Burundi, à l'Est avec la Tanzanie, au Nord avec l'Ouganda et à l'Ouest avec la République Démocratique du Congo. Il est donc normal que le Rwanda s'intègre dans cette région. L'unité régionale s'établit également au plan de la géographie physique où l'ensemble de la région correspond à une Afrique des hautes terres où circulation et échanges rencontrent peu d'obstacles.

En plus d'un espace de hautes terres de 1000 à 2000 m d'altitude, l'Afrique de l'est est délimitée essentiellement par la pluviométrie et la végétation (J.P.Chrétien, 1986, p.257). Dans cette zone, on trouve les lacs Victoria, Albert, Edouard, Kivu et Tanganyika, correspondant à des zones de fractures (Le Rift occidental), à des barrières volcaniques (les Virunga) ou à des dépressions tectoniques (op.cit.).

Cette région correspond à un environnement naturel favorable, notamment sur le plan climatique. L'abondance des précipitations et la longueur des saisons de pluies se prêtent à une riche agriculture (J.P.Chrétien, 1986). Cette agriculture est due à la qualité de ses sols dont les plus remarquables sont les zones volcaniques qui couvrent de vastes étendues d'Afrique orientale (E.Kodjo, 1985).

Etant donné que les frontières ont été délimitées en défaveur du Rwanda où certaines parties du Rwanda ont été annexées à d'autres pays, il ya certains rwandais qui se sont trouvés dans d'autres pays. L'intégration régionale permet donc au Rwanda de garder le lien avec ses anciens citoyens qui se trouvent dans les nouveaux pays. C'est une ambition louable dans la mesure où il n'y a pas à l'heure actuelle un petit pays, qui avec un faible nombre d'habitants, peut atteindre seul la puissance.

Ainsi, il semble que le gouvernement rwandais soit convaincu que la puissance économique et politique va de pair avec l'étendue et le nombre, nous a souligné l'agente du Ministère rwandais en charge d'intégration à la CAE. E.Kodjo (1985, p.350) l'a aussi mis en évidence en mentionnant dans son livre « Et demain l'Afrique », l'avenir appartient aux vastes ensembles géographiques dotés d'immenses espaces aux ressources naturelles considérables et de centaines de millions d'hommes. C'est dans ce cadre que le Rwanda a intégré dans un espace de plus de 100 millions d'habitants.

Les Rwandais sont éparpillés un peu partout dans les pays d'Afrique de l'Est dont entre le Burundi, l'Ouganda, la Tanzanie et la partie est de la RDC. La délimitation du Rwanda a réduit la vitalité des Rwandais car elle brise la cohésion qui a caractérisé leurs relations avec les voisins. Au plan des ressources énergétiques, les pays comme l'Ouganda et la Tanzanie possèdent un potentiel ressource d'énergie, ce qui apparaît comme un facteur d'intégration du Rwanda, un pays dont les ressources en la matière sont limités.

Cette agriculture est associée à l'élevage, qui occupe une place déterminante dans la plupart des pays qui forment la CAE. L'agriculture et l'élevage coexistent non seulement spatialement, mais aussi sur le plan économique (utilisation des engrais, usage des chaumes), social (les fameux contrats de clientèle qui ont fait couler tant d'encre et de salive) et culturel (la symbolique de la vache évoquée en de multiples occasions de la vie rurale). Selon J.P Chrétien (1986), quoiqu'une partie des populations ait été jadis préférentiellement attachée à l'élevage des bovins, il faut néanmoins y voir, sauf rares exceptions, des groupes des pasteurs-agriculteurs, surtout si on prend en compte les groupes l'activité globale des familles concernées. Corollairement à l'ensemble de l'Afrique, l'Afrique de l'est a vu ses frontières arbitraires et artificielles se cristalliser, lesquelles frontières héritent de la colonisation, avec une naissance et une exacerbation du nationalisme.

Chapitre V. Les facteurs politico-économiques d'intégration du Rwanda à la CAE

V.1. La situation politique

L'intégration du Rwanda à la CAE est le résultat de la situation politique qui prévaut dans la région où les organisations auxquelles le Rwanda appartenait, ne sont plus opérationnelles. C'est le cas de la CEPGL et l'OBK. Cette intégration constitue le 6eme pilier du gouvernement Rwandais à travers la vision 2020. Contrairement à la CEPGL, la CAE permet le désenclavement du Rwanda de part et d'autre de deux corridors (le sud -ouest : Tanzanie, et le nord-ouest : Kenya).

V.1.1. La CEPGL

Comme nous l'avons déjà démontré dans les pages précédentes, la CEPGL est à l'heure actuelle en sommeil en raison de la conjoncture politique de la sous-région. Le Rwanda a dû donc chercher une autre alternative en s'intégrant à la CAE qui semble active notamment après les années 1996.

V.1.2. L'OBK

L'OBK a vu le jour en 1977. Elle réunissait le Rwanda, l'Ouganda, la Tanzanie et le Burundi. Elle traitait toutes les questions relatives aux activités liées aux ressources aquatiques du bassin de la rivière de la Kagera. Son but était l'exploitation optimale des ressources en eau du bassin, la mise en valeur des potentialités hydroélectriques, des pêcheries, de l'exploitation minière, de la protection de l'environnement, du tourisme, des transports et des communications, mais aussi de l'agriculture et de l'élevage.

Corollairement à la CEPGL, l'OBK n'est plus opérationnelle, ce qui ne permet au Rwanda de bénéficier des projets en matière de liaisons téléphoniques, notamment grâce au projet régional de télécommunication qui reliait les quatre pays membres par des réseaux hertziens. Il fallait pour le Rwanda de trouver une organisation semblable permettant de prendre en mains certains des objectifs de l'OBK. La CAE est donc mieux placée, d'autant plus qu'elle inclut le Kenya, un partenaire de taille du Rwanda.

V.1.3. Désenclavement du Rwanda

Le contexte géographique du Rwanda montre que' il est situé au Centre Est de l'Afrique entre 1 et 3° L.S et entre 28 et 30° L.E. Il se trouve à 1,200 km de l'Océan Indien et à 2,200 km de l'Océan Atlantique. Le Rwanda partage ses frontières au Sud avec le Burundi, à l'Est avec la Tanzanie, au Nord avec l'Uganda et à l'Ouest avec la République Démocratique du Congo. Il découle de cela un pays enclavé, ce qui fait que les produits importés soient relativement chers et les produits d'exportation moins compétitifs sur le marché mondial.

L'enclavement du Rwanda (figure 2) constitue l'une des principales raisons qui a permis à s'intégrer à la CAE, l'a souligné l'agent au Ministère en charge d'intégration à la CAE. L'enclavement est une entrave pour l'économie du Rwanda, ses relations politiques avec les pays constituant son voisinage et ses principales voies d'accès. L'intégration du Rwanda à la CAE lui permet de bénéficier des avantages des ports de Mombasa et Dar-Es-Salaam.

Figure 2. L'enclavement du Rwanda

Le port de Mombasa au Kenya est géré par la Kenya Port Authority, corps para-étatique créé en 1978. Il s'agit du premier port d'Afrique orientale. Le volume d'activité du port est fonction du volume d'import et d'export du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Burundi, du Kivu (est du RDC), du sud Soudan ainsi que de son niveau de compétitivité vis-à-vis du port de Dar-es-Salaam en Tanzanie. Il convient de mentionner aussi que le port de Mombasa joue un rôle important pour le transit régional. Ce dernier constitue depuis plus de 20 ans, environ 10% du trafic total (M.K.Dupreelle, 2001).

Le port tanzanien de Dar-es-Salaam constitue pour beaucoup d'acteurs de la région une alternative intéressante aux problèmes d'engorgement du port de Mombasa. Il s'agit du deuxième port d'Afrique orientale avec un traitement annuel de trois millions de tonnes. Il est à la fois lié au chemin de fer tanzanien et au Tazara. Le port est actuellement dirigé par la Tanzania Harbour Authority, corps parapublic également engagé dans un vaste programme de privatisation.

La survie du Rwanda dépend absolument de ces deux ports. Il est donc compréhensible que pour en bénéficier, le Rwanda n'a d'autres choix que s'intégrer dans la communauté qui regroupe les deux pays, à l'instar la CAE.

Il convient par ailleurs de mentionner qu'à l'heure actuelle, les déséquilibres commerciaux sont assez préoccupants. Bien que nous ne disposions pas des données pour le prouver, il y a lieu de signaler par exemple que le Rwanda exporte en Ouganda moins qu'il n'importe. C'est pourquoi, il nous semble que l'engagement du Rwanda à la CAE est avant tout poussé par son enclavement. La coopération, en matière de transport et de communication, est vitale.

V.1.4. La vision 2020 du gouvernement Rwandais

L'intégration du Rwanda à la CAE est influencée par les facteurs tant au niveau international, régional et national. Particulièrement dans les années 1990, le modèle néolibéral (réformes structurelles, marchés libéralisés, réduction du rôle de l'Etat) s'est imposé aussi bien au niveau national, régional que mondial comme une conditionnalité pour l'insertion à l'économie mondialisée (M. Boguikouma, 1999, p.59). L'un des éléments importants est l'ouverture des marchés afin de promouvoir l'insertion.

Au niveau régional, le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie se sont efforcés de faire fonctionner la CAE après une dizaine d'années de sommeil. C'est dans cette situation que le Rwanda a fait une demande d'adhésion en 1996. A cela s'ajoute, la politique nationale du gouvernement rwandais qui prône pour l'intégration régionale. C'est le cas notamment du 6 eme pilier de la vision 2020 qui met l'accent sur l'intégration régionale.

Suivant l'exemple de Singapour, le Rwanda dépourvu des ressources naturelles, s'est engagé résolument dans la voie de la technologie afin d'être la plaque tournante de la région. En effet, pour que cela se concrétise, il faut une intégration régionale avec une zone de libre-échange où les biens produits au Rwanda circulent sans entrave dans la région. Il convient de mentionner que contrairement à la plupart d'organisations régionales des PED, la CAE a un ambitieux programme de l'unification territoriale.

Ceci constitue un atout pour le Rwanda où l'étroitesse du pays génère des problèmes divers. E.Kodjo (1985, p. 263) se posait déjà en 1985 comment le Rwanda et le Burundi, pays de vingt-six mille trois cent trente-huit kilomètres carrées, et vingt-huit mille kilomètres carrées de superficie, aux ressources limitées mais à forte densité de population (plus de quatre millions d'habitants chacun, qui seront en toute vraisemblance plus de huit ou neuf millions d'ici l'an 2000) pourront-ils survivre en tant qu'états indépendants ?

La prévision d'Edem Kodjo est sans doute parfaite car le Rwanda a déjà plus de neuf millions d'habitants malgré le génocide des Tutsis de 1994 qui a emporté plus d'un million de Rwandais. Les dirigeants du Rwanda se sont rendu compte de l'ampleur du problème et ils oeuvrent avec détermination à l'union avec la CAE. Ceci permettra de supprimer aux antagonismes soit disant ethniques, qui n'ont de valeur que dans le cadre d'Etats théoriques « découpées à la diable », a la trame précaire et dès le départ « inoculées d'abâtardissement », pour reprendre une expression d'Aimé Césaire, cité par E.Kodjo (1985, p.266).

En sus de tout ce qui précède, se demande E.Kodjo (1985, p.272), le principe de l'intangibilité des frontières, qui sembla si précieux au départ, n'est-il devenu, au fil des ans un principe pervers aux effets négatifs pour l'avenir des peuples d'Afrique ? A-t-il réellement su éviter les multiples conflits de toute nature qui ont frappé l'Afrique de l'est ? Le génocide au Rwanda, les massacres au Burundi et en RDC constituent de belles illustrations. C'est pourquoi, l'intégration du Rwanda a aussi des visées sécuritaires.

V.1.5. La sécurité

Sur le plan politique, l'intégration régionale conduit à étendre les actions à des domaines aussi divers que la défense et la sécurité, la diplomatie ou la négociation internationale. L'idée sous-jacente c'est que l'intégration économique ne peut se réaliser sans cet environnement. A cet effet, M.Salih & J. Murkakis (1998) mentionne que «the integration could enable the people of East Africa to resolve the problem of insecurity that has dogged the politics of the Great Lakes region»10(*).

«A new attempt toward integration could enable citizens of the sub-region to stabilize, enhance and realize the full potential of their human resources for progress and development. This would also lessen the problem of refugees, which has impacted severely on the process of development in East Africa. Indeed, East African states have previously concentrated refugees from Rwanda, Burundi, Uganda and Somalia in the various camps within the region. In other instances, refugees and immigrants have been denied employment because of their citizenship»11(*) (M.Mamdani 2001; L.H.Malkki 1994; M.Turshen and C. Twagiramariya 1998).

L'intégration du Rwanda à la CAE est une solution durable au problème des réfugiés rwandais. Selon H. Ochawada (2004, p. 75), «the out-migration of impoverished peasants from Rwanda and Burundi since the early 1950s, and who form about 40 per cent of the population of Buganda or Banyamulenge of eastern Congo, would not be considered as aliens or immigrants but as committed citizens to the progress of the region»12(*).

On comprend, par exemple, l'importance prise par les questions de défense et de sécurité au sein de la CAE telles que le forum sur la sécurité et le développement qui regroupe les pays qui forment la CAE. Illustrant cet aspect, l'agent au Secrétariat à la CAE souligne que la CAE a joué un rôle déterminant dans les conflits du Congo. C'est dans ce cadre que l'intégration du Rwanda dans la CAE s'avère être un investissement capital et fructueux. Cette adhésion contribuera à stabiliser le pays au niveau politique et sécuritaire assurant ainsi les bases d'un développement durable qui lui avait manqué depuis des années. La libre circulation des personnes et des biens prônée par l'intégration économique n'est possible que dans un climat de paix et de sécurité, nous a révélé l'agent du Ministère rwandais en charge d'intégration à la CAE.

Le Rwanda et l'Afrique orientale dans son ensemble représente un enjeu géostratégique important qui en fait un pays et une région convoité. A ce point de vue, Yoweri Museveni prône pour une défense commune afin d'assurer les intérêts de la région. Il le souligne en ces termes «the integration would command more defence potential to guard African interests against encroachment by foreigners. He argued that the present small African states individually, do not possess much defence capacity»13(*) (Ph.Apuuli Kasaija, 2004, p. 28).

Dans ce cas, le Rwanda est obligé à se tracer les voies d'une paix véritable, durable et d'une stabilité, indispensables au développement de leurs forces de production. C'est pourquoi, la mise en place d'une organisation régionale intégrale, garantissant la sécurité de tous les pays, est la bienvenue. La CAE semble mieux placé à cet effet.

V.2. Aspects économiques

V.2.1. Un marché vaste

Pendant que le Rwanda s'est lancé dans un processus de développement, il fait en même temps face au marché étroit, une technologie et des capitaux insuffisants, des industries avec une faible productivité. Pour surmonter ces enjeux, il faut une intégration. Dans un marché régional de plus de 100 millions de consommateurs, la CAE apparaît être un marché potentiel pour le Rwanda. Bien que le Rwanda appartienne au grand marché de COMESA, 95% des exportations se font avec la CAE. A titre d'exemple, le Rwanda a doublé son volume d'export ces dernières années (M.K. Dupreelle, 2001). Le Rwanda vend dans cette région une importante quantité de thé, café et autres produits agricoles notamment les pommes de terre.

La question de la taille du marché est en effet centrale au sein des processus d'intégration. Si l'on se réfère à l'analyse classique d'Adam Smith, la division du travail n'est possible que si les marchés sont étendus. Quand le marché se révèle trop étroit, il faut avoir recours au monde extérieur. Pour B. Boulassa(1961), l'étude d'une intégration doit obligatoirement considérer les liens qui existent entre la taille du marché et la croissance. Un marché plus vaste est en effet censé favoriser le niveau de productivité.

Il découle de cela que l'élargissement du marché permet au Rwanda de développer le rendement des productions et la diminution des coûts. Ce marché important, accompagné d'un développement des échanges, a permis de générer des gains de bien-être par la diversification des produits. L'intégration est entrain d'engager les entreprises rwandaises dans une spécialisation croissante des productions, avec une réduction des coûts (M.Boguikouma, 1999).

L'étroitesse de son territoire, le Rwanda fait face à une vulnérabilité extérieure qui limite les possibilités de croissance interne et réduit son poids dans les négociations internationales, a souligné l'agente du Ministère en charge de l'intégration à la CAE. L'intégration est donc motivée par la compétition dont le Rwanda fait face dans le cadre de la nouvelle mondialisation de l'économie.

V.2.2. Suppression des barrières tarifaires et non tarifaires

La politique douanière constitue le facteur principal d'intégration de la plupart des pays, en veillant à ce que, du fait des changements dans les structures tarifaires, les modifications des prix relatifs ne soient pas défavorables à une allocation optimale des ressources et au bien-être (B. Békolo-Ebé, 2001). Ce sont les modifications des prix et des quantités qui modèlent les comportements des agents, pour favoriser le développement des échanges entre les pays membres.

En termes d'intégration régionale, il est traditionnellement démontré que l'ouverture des frontières et l'abaissement des barrières tarifaires permettent une meilleure exploitation des économies de dimensions (M.K. Dupreelle, 2001). Elle rend possible l'ouverture de marchés plus vaste a des producteurs plus efficients et elle suscite la mise en place d'une spécialisation économique qui favorise la mise en place d'économies d'échelle.

Le Rwanda attend donc de cette suppression des barrières tarifaires et non tarifaires le développement de la concurrence, la diminution des prix et la réduction de la segmentation du marché. Ces économies d'échelle sont cependant doublement bénéfiques lorsqu'elles se situent dans le cadre d'une intégration économique.

En réponse à la petite taille du marché et de leur influence limitée, dans un monde compétitif en voie de globalisation rapide, le Rwanda s'est intégrée à la Communauté de l'Afrique de l'Est. Yoweri Museveni, le président actuel de l'Ouganda est du même avis. En 1998, il a suggéré que « the countries of the East Africa Community (EAC) together with Rwanda and Burundi must federate politically in order to command respect from the other countries of the world. The federation would also enhance their bargaining strength in multi-lateral institutions, as well as bilaterally»14(*) (Ph. Apuuli Kasaija, 2004, p.22).  Il continue en soulignant que c'est à travers l'integration que «Eastern Africa states would command more respect from the world and an investor would be more attracted to invest in a united East Africa than in just Uganda because of the bigger market the former offers»15(*) (Ph.Apuuli Kasaija, 2004, p. 28).

Conclusion

Cette recherche a porté sur les facteurs de l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE). Le but du mémoire était d'appliquer la littérature théorique des facteurs d'intégration sur le cas concret à savoir l'intégration du Rwanda à la CAE. Après avoir dégagé la problématique d'intégration des PED, nous avons esquissé une importante littérature sur le cadre théorique d'intégration régionale. C'est à partir de ce cadre théorique que nous avons formulé les hypothèses de recherche comme suit :

· Les facteurs géographiques et historiques justifient d'un côté l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est;

· Les facteurs économiques et politiques justifient de l'autre côté l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est.

La méthodologie a été réalisée grâce à une analyse essentiellement qualitative et centrée sur l'interprétation des mots clés révélateurs. Les résultats auxquels nous sommes arrivés, se présentent sous forme de bilan tout en ouvrant une vision prospective pour les recherches futures.

En somme, l'analyse des facteurs historico-géographiques nous révèle que les langues communes parlées en Afrique de l'Est, l'expérience historique commune des royaumes de l'Afrique de l'est, une colonisation quasi identique sont autant des facteurs qui ont poussé voire même facilité le Rwanda à s'intégrer à la communauté. L'enclavement du Rwanda constitue un élément explicatif de taille car il ne lui permet d'accéder à la mer et par conséquent, l'importation et l'exportation deviennent difficiles. L'intégration constitue donc une question de survie. Nos résultats montrent aussi que compte tenu de l'étroitesse du pays et de l'explosion démographique, le Rwanda connaît des problèmes de densité élevée qui peuvent être résolus par l'intégration comme l'a expliqué éloquemment E.Kodjo (1985).

L'analyse des facteurs économico-politiques nous montre que le contexte régionale, la politique nationale à travers la vision 2020, la recherche de la sécurité et du marché vaste, la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires sont autant de raisons économiques et politiques explicatives d'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est. La situation qui prévaut dans la région c'est que les organisations (notamment la CEPGL et l'OBK) auxquelles le Rwanda appartenait, ne sont plus opérationnelles, la politique nationale du gouvernement rwandais qui prône pour l'intégration régionale notamment le pilier six de la vision 2020. L'intégration du Rwanda selon notre analyse permet de résoudre pacifiquement le problème des conflits frontaliers avec ses voisins tout en élargissant son marché économique.

L'argument souvent utilisé dans la presse nationale et internationale, selon lequel l'intégration du Rwanda à la Communauté d'Afrique de l'Est et son retrait de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale est un symbole d'enterrement du français au profit de l'anglais, doit être pris avec précaution puisque le processus d'intégration date de longue date. Il nous semble que les liens sont plus forts aujourd'hui avec l'Afrique de l'est qu'avec les pays d'Afrique centrale.

La conclusion principale que nous tirons de ce mémoire est que l'intégration du Rwanda à la communauté de l'Afrique de l'Est est le résultat complémentaire entre d'un côté les facteurs historico-géographiques et de l'autre côté les facteurs économico-politiques. Autant que les points communs tels que la langue, la culture, l'enclavement, le climat stimule l'intégration des pays de l'Afrique de l'Est, autant ces facteurs orientent les facteurs économico-politiques tels que nous les avons expliqués.

En effet, il nous semble prématuré de dire que l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est produira des résultats positifs. Plutôt, il faut considérer cette intégration comme une composante d'une stratégie globale du Rwanda visant à inverser le cycle des crises économiques et politiques auxquelles le Rwanda fait face. Le processus actuel de relance de la CEPGL n'est -il pas un défi pour le Rwanda? Une chose est certaine c'est que tant que les objectifs restent similaires entre la CEPGL et la CAE, l'intégration du Rwanda à la CEA risque d'être un échec. Cependant, il n'est pas question de désespérer car cette adhésion peut contribuer à stabiliser le pays au niveau politique et sécuritaire assurant ainsi les bases d'un développement durable qui lui avait manqué depuis des années.

En définitive, dans ce mémoire, nous sommes conscients que notre mémoire n'aborde pas toutes les raisons de l'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Est et que par conséquent nos conclusions restent partielles. L'analyse des facteurs d'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est demeure encore le problème non encore traité par la littérature. Aussi, nous n'avons pas non plus eu la prétention de nous focaliser à analyser de manière complète, ni de discuter tout le processus de la formation vers le fédéralisme. C'est pour cela qu'en termes de ce mémoire, une piste principale d'approfondissement se dessine. Les chercheurs sont donc invités à explorer ce processus de la CAE vers l'union politique en 2012.

Annexes

A. Guide d'entrevue (Deux agents du Ministère de l'intégration du Rwanda à la CAE)

Quels sont les facteurs selon vous, à la base de l'intégration du Rwanda à la CAE?

1. Historique

2. Géographique

3. Economique

4. Politique

B. Guide d'entrevue (Un cadre du Secrétariat de la CAE)

Quels sont les facteurs selon vous, à la base de l'intégration du Rwanda à la CAE?

1. Historique

2. Géographique

3. Economique

4. Politique

Selon vous, y a-t-il une autre raison pouvant expliquer l'intégration du Rwanda à la CAE ?

Si oui, laquelle ?



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Table des matières

Introduction..........................................................................................1

Chapitre I - La problématique de l'intégration dans les Pays en Développement (PED)...................................................................................................5

I.1. Problématique de l'intégration en Amérique.................................................5

I.2. Problématique de l'intégration en Asie .......................................................7

I.3. Problématique de l'intégration en Afrique....................................................8

I.2.3.1. La CEDEAO.................................................................................9

I.2.3.2. La SADC....................................................................................11

I.2.3.3. La CEPGL..................................................................................12

I.2.3.4. La CAE......................................................................................13

Chapitre II - Cadre théorique de référence......................................................16

II.1. L'adoption d'une théorie......................................................................16

II.1.1. L'inventaire des théories...................................................................16

II.1.1.1. La théorie classique volontariste........................................................16

II.1.1.2. La théorie classique instrumentaliste...................................................19

II.1.1.3. L'approche de la construction communautaire privilégiant les actions de type stratégique............................................................................................20II.1.1.3.1. Une convergence des stratégies nationales..........................................20

II.1.1.3.2. Une démarche progressive et flexible................................................20

II.1.1.3.3. Le rôle de l'État et les Organisations intergouvernementales.....................21

II.1.2. L'examen critique des théories ...........................................................21

II.1.3. L'adoption d'une théorie et son lien avec le sujet de recherche......................22

II.2. Problématique, question de recherche et hypothèses de recherche......................24

II.3. Opérationnalisation du cadre théorique.....................................................27

II.3.1. La construction du concept................................................................27

II.3.1.1. Intégration..................................................................................27

II.1.6.2. Les dimensions............................................................................30

II.1.6.3. Les indicateurs.............................................................................30

Chapitre III - Méthodologie de recherche........................................................33

III.1. La préparation du test empirique...........................................................33

III.1.3. Observer comment ?..............................................................................................35

III.2. La réalisation du test empirique (la collecte et l'analyse des données)...............37

III.2.1.1. L'utilisation de documents............................................................37

III.2.1.2. L'entrevue semi-dirigée via le téléphone.............................................37

III.2.2. L'analyse et l'interprétation des résultats..............................................38

III.2.3. Les difficultés rencontrées................................................................42

Chapitre IV - Les facteurs historico-géographiques d'intégration du Rwanda à la CAE....................................................................................................43

IV.1. Aspects historiques...........................................................................44

IV.1.1. Langue.......................................................................................45

IV.1.2. L'expérience historique de royaumes....................................................46

IV.1.3. Le berceau de l'humanité.................................................................48

IV.1.4. Le contrôle colonial........................................................................49

IV.1.5. L'indépendance............................................................................49

IV.2. Aspects géographiques

Chapitre V - Les facteurs politico-économiques d'intégration du Rwanda à la CAE...................................................................................................53

V.1. La situation politique..........................................................................53

V.1.1. La CEPGL...................................................................................53

V.1.2. L'OBK.......................................................................................53

V.1.3. Désenclavement du Rwanda..............................................................54

V.1.4. La vision 2020 du gouvernement Rwandais............................................56

V.1.5. La sécurité...................................................................................58

V.2. Aspects économiques........................................................................60

V.2.1. Un marché vaste..........................................................................60

V.2.2. Suppression des barrières tarifaires et non tarifaires.................................61

Conclusion.........................................................................................63

Annexes............................................................................................66

Bibliographie.......................................................................................67

Table des matières.................................................................................75

Résumé...............................................................................................78

Résumé

Notre recherche porte sur les facteurs d'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE). Au plan théorique et méthodologique, notre démarche vise d'abord à dégager la problématique d'intégration des PED, ensuite à esquisser le cadre théorique de référence, enfin à construire un cadre méthodologique.

Cette recherche a été réalisée grâce à une analyse de contenu centrée sur l'interprétation des mots clés révélateurs. Au plan empirique, notre recherche souhaite tester l'approche théorique des facteurs d'intégration sur un cas précis, soit l'intégration du Rwanda à la CAE.

L'analyse des facteurs historico-géographiques nous montre que les langues communes parlées en Afrique de l'Est, l'expérience historique commune des royaumes de l'Afrique de l'est, une colonisation quasi identique, l'enclavement et l'étroitesse du Rwanda sont autant des facteurs qui ont poussé voire même facilité l'intégration du pays à la communauté.

L'analyse des facteurs économico-politiques nous révèle que le contexte régional, la politique nationale à travers la vision 2020, la recherche de la sécurité et du marché vaste, la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires sont autant de raisons économiques et politiques explicatives d'intégration du Rwanda à la Communauté de l'Afrique de l'Est.

Mots-clés : Facteurs, intégration, Rwanda, Communauté d'Afrique de l'Est, PED

* 1 Traduction : est confronté à des défis importants comme son développement a été entravé par les intérêts nationaux, asymétries internes, et les différends entre les membres qui ont même été soumis auprès de l'OMC. Les crises économiques de l'Argentine et du Brésil, des dévaluations ultérieures et les différends commerciaux ont été des défis politiques du MERCOSUR.

* 2 Traduction : Depuis le rétablissement de la Communauté en 1999, la communauté a enregistré un certain nombre de réalisations. Les réalisations sont entre autres le succès dans l'établissement des organes de la communauté comme indiqué dans le Traité de l'EAC, l'établissement de l'union douanière de l'EAC, le renforcement d'une identité Afrique de l'Est, l'harmonisation des politiques monétaires et fiscales, l'amélioration des transports et des systèmes de communication, le lancement de Commission du Lac Victoria et l'approfondissement de la coopération dans différents secteurs

* 3 Traduction : La communauté de l'Afrique de l'Est a subi des revers en raison de grandes différences idéologiques et politiques. En 1977, le Kenya a exigé d'avoir plus de sièges que l'Ouganda et la Tanzanie dans les organes de prise de décisions. Les désaccords causés par le Président Idi Amin de l'Ouganda, le socialisme tanzanien, le capitalisme au Kenya.

* 4 Traduction : Développement de la coopération entre les pays de l'ancienne Communauté de l'Afrique de l'Est a été miné par des divergences politiques. Les anciens dirigeants de la région - le Président socialiste Julius Nyerere de LA Tanzanie, le Président du Kenya pro-occidental, Jomo Kenyatta et le dictateur ougandais, Idi Amin ne s'entendaient pas. L'effondrement final de la Communauté est-africaine, qui a survécu pendant une décennie jusqu'à 1977, a été provoquée par des désaccords sur les avantages apportés par chaque Etat dans l'exploitation des services communs régionaux tels que le transport aérien, les ports et les télécommunications. Plus récemment, les divisions politiques entre le Kenya et l'Ouganda ont entravé le travail de la Commission permanente tripartite de l'Afrique de l'Est (1994) qui a été mise en place afin de faciliter la voie à une normalisation des relations entre les trois pays voisins.

* 5 Traduction : La triangulation est également venu à signifier la convergence entre les chercheurs (accord entre les notes de terrain de l'enquêteur et les observations d'un autre) et de la convergence entre les théories.

* 6 L'entrevue a aidé aussi à confirmer ce que nous avons trouvé dans les documents.

* 7 Traduction : Alors que l'entrevue est soumise à des problèmes de partialité, faible rappel, et une faible ou articulation imprécise, une approche raisonnable est de corroborer des informations provenant d'autres sources.

* 8 Traduction: La sous-région de l'Afrique de l'Est qui comprend le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi possède un patrimoine historique commun qui remonte à la période précoloniale. Durant les temps précoloniaux, les gens se côtoyaient librement sans inhibition et restrictions de frontières artificielles de lois spécifiques aux pays, des échanges entre eux au sein de la sous-région et au-delà. En outre, ils se marièrent et ils s'entraidaient de diverses façons, notamment en participant aux affaires politiques des communautés dans lesquels ils résidaient. Certains commerçants arabes et Swahili de la région côtière de l'Afrique de l'Est, par exemple, a créé des chefferies et des royaumes dans des domaines aussi loin que les Grands Lacs de l'Afrique orientale au XIXe siècle, et ce avant le colonialisme.

* 9 Traduction: Famille, clan et les associations ethniques réels et touchés ont joué un rôle important dans la fourniture de compétences commerciales, de capitaux et de crédit, et l'information. Les commerçants ont des alliances dans les pays étrangers par le mariage et la fraternité de sang. Les carrières du célèbre swahili et les commerçants Nyamwezi, notamment Tippo Astuce et Msiri qui ont créé des empires commerciaux à Kasongo et à Katanga, respectivement, ont été construits sur des alliances avec les chefs locaux habiles ou des personnes formées sur le mariage ou les liens de parenté fictive.

* 10 Traduction: L'intégration pourrait permettre à la population de l'Afrique de l'Est de résoudre le problème de l'insécurité qui a continuellement secouée la vie politique de la région des Grands Lacs.

* 11 Traduction: Une nouvelle tentative vers l'intégration pourrait permettre aux citoyens de la sous-région à se stabiliser, renforcer et réaliser le plein potentiel de leurs ressources humaines pour le progrès et le développement. Cela permettrait également d'atténuer le problème des réfugiés, qui a fortement pesé sur le processus de développement en Afrique de l'Est. En effet, les pays de l'Afrique de l'Est ont dans le passé accueilli des réfugiés en provenance du Rwanda, du Burundi, de l'Ouganda et de la Somalie dans les différents camps dans la région. Dans d'autres cas, les réfugiés et les immigrés se sont vu refuser un emploi en raison de leur citoyenneté.

* 12 Traduction: L'exode des paysans pauvres du Rwanda et du Burundi depuis le début des années 1950, et qui forment environ 40 pour cent de la population de l'Ouganda ou Banyamulenge de l'Est du Congo, ne seraient pas considérés comme des étrangers ou des immigrés mais comme des citoyens engagés à l'avancement des la région.

* 13 Traduction: L'intégration recommanderait plus de possibilité de défense pour protéger les intérêts africains contre l'empiétement par des étrangers. Il a soutenu que l'actuel petit Etats africains individuellement, ne possède pas beaucoup de capacité de défense.

* 14 Traduction: Les pays de la Communauté de l'Afrique de l'Est ensemble avec le Rwanda et le Burundi doivent fédérer politiquement afin de imposer le respect des autres pays du monde. La fédération permettrait également de renforcer leur pouvoir de négociation dans les institutions multilatérales et bilatéralement.

* 15 Traduction: Les Etats d'Afrique de l'Est imposeraient plus de respect du monde et un investisseur serait plus attiré à investir dans un pays uni d'Afrique de l'Est que dans l'Ouganda seulement à cause du plus grand marché que ce premier offre.






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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus