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Une difficulté majeure en psychologie de la santé : comment appréhender des refus de soins chez des malades atteints d'une maladie grave et d'un syndrome dépressif ?

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par Veronique DI MERCURIO
Université Paris 8 - Master 2 psychologie clinique 2008
  

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B.1.2 La prise en charge des suicidants au CHI de Montfermeil

A la suite d'une étude faite sur les jeunes suicidants, l'équipe de psychiatrie de liaison a organisé une consultation « suicidant «. Elle permet d'accueillir après la crise suicidaire et l'acte suicidaire, ainsi qu'après la sortie de l'hospitalisation, les patients en risque de récidive pour un suivi psychiatrique et psychothérapeutique de courte de durée en attendant la décision d'une prise en charge future à long terme.

Les rendez-vous sont proposés, mais ne sont jamais imposés et leur organisation est laissée à l'initiative du patient ou de sa famille afin de valoriser la motivation aux soins. En cas de crise, un psychiatre de garde est joignable 24 h sur 24 au CHI de Montfermeil.

Un professionnel référent prend en charge la coordination de la pris e en charge du patient.

La suite de la prise en charge en ambulatoire peut se faire au CMP de Montfermeil, rattachée au 15e secteur oü pratiquent les membres de l'équipe de psychiatrie de liaison. Si la suite du suivi se fait en intra -hospitalier dans un autre secteur de l'EPS de Ville Evrard ou dans une autre institution, le professionnel référent proc»dera à une réévaluation du patient à la suite de son séjour, à l'aide d'une fiche de liaison.

Nous avons ainsi pu assister à plusieurs suivis post-crise par un travail de couple thérapeutique médecin-psychologue et souvent homme-femme. Cette position a été favorable à l'instauration d'une alliance thérapeutique de qualité avec le patient, s'adressant à l'un ou à l'autre interlocuteur de manière différente mais complémentaire. Par exemple, nous avons pu constater que le patient avait un rapport de soumission à l'autorité avec le psychiatre-homme et un rapport plus argumentatif et explicatif avec notre position de psychologue et femme.

Cas de Mme B., femme de 53 ans vue pour tentative de suicide avec maladie de Hotchkin guérie.

Mme B. est une très belle femme de 53 ans et malgré son arrivée aux Urgences la veille pour tentative de suicide médicamenteuse, nous sommes étonnés de sa présentation est très soignée et de sa posture droite sur son lit.

Elle se dit très fatiguée, très déprimée et extrêmement triste. Elle explique son geste par une situation conjugale « sans issue et qui dure depuis bien trop longtemps «. Mariée depuis plus de 30 ans avec un homme qu'elle avait rencontré au Bal des Pompiers et qui fut son premier amant, son mariage est devenu conflictuel au bout de 5 ans et après la naissance de 2 enfants. Son mari a alors tenté de se séparer, mais la survenue d'une grave maladie chez elle et la nécessité d'aide et de soins ont fait renoncer son mari à ses projets de séparation. Les traitements pour la maladie de Hotchkin vont durer 7 années, au cours desquelles les relations du couple vont plutôt s'améliorer, le mari s'investissant dans son travail de convoyeur de fonds, dans l'aide aux soins et à l'éducation des enfants. Mais lorsque son épouse est déclarée guérie, les conflits reprennent mais paradoxalement sans que le mari ne souhaite plus se séparer. La femme trouve un travail à responsabilités et bien rémunéré, tandis que son mari se désinvestit du sien, commence à boire et à sortir. « Il mène une vie d'adolescent, pire que ses fils qui sont de bons étudiants tout en étant obsédé par l'argent que je gagne.»

Depuis 2 ans, Mme B. fréquente un autre homme, rencontré dans le RER, dont elle est amoureuse et avec qui elle a des projets d'installation. Depuis plusieurs mois, elle n'ose pas se séparer de son mari actuel bien qu'elle ait eu le courage de lui avouer sa relation et affronte sa colère chaque jour. Entre la peur de quitter son époux et l'attachement toujours présent à l'égard du père de ses enfants, elle se retrouve piégée et ne voit plus d'autre issue que l'acte suicidaire.

Dès le 1 er entretien, cette patiente critique son geste qu'elle explique par épuisement psychique. Au cours des entretiens suivants, elle élaborera des projets concrets pour trouver une solution à sa situation, en réponse aux encouragements et sollicitations brèves mais fermes de notre part. Elle prendra la décision de se séparer de son mari et de vivre avec l'homme qu'elle aime, mais se fera héberger dans un premier temps chez le frère de son mari, qui connait sa situation et est prêt à l'aider. Elle a également l'appui de ses deux enfants, autonomes et qui se proposent aussi de l'aider dans son projet.

B.1.3 La particularité de l'intervention du psychologue

Dans l'équipe de psychiatrie de liaison du CHI de Montfermeil, le psychologue
clinicien tient une place bien spécifique par rapport au psychiatre. Bien qu'il
participe au diagnostic psychiatrique et aux décisions d'orientation de prise en

charge, il procede à une evaluation psychopathologique plus globale. Il prend le temps de laisser le patient exposer son histoire de crise, sa situation de vie au niveau personnelle, familial et social. Ceci permet d'affiner par la personnalité et le contexte social le diagnostic base sur une nosographie psychiatrique (CIM-10 ou DSM-4).

Pour cela, les entretiens du psychologue sont moins directifs que ceux du psychiatre. Les questions sont plus ouvertes, et la parole du patient n'est pratiquement jamais coupée avant la fin de son exposé. Son attitude est également moins autoritaire bien que parfois ferme concernant la récidive suicidaire.

Il nous a été possible en tant que psychologue-stagiaire de suivre un patient en complement d'un traitement psychiatrique, à la fois pour une evaluation de l'évolution et pour un travail psychologique avec des patients souffrant de depression.

Le psychologue clinicien suit aussi des patients qui n'ont pas de traitement psychiatrique, dans le cadre d'un suivi psychologique de soutien.

Bien que les cas de patients vus et suivis dans le cadre du stage aient été tres varies,

e

ce qui sera vu en détail dans la 2 partie, nous avons choisi d'orienter notre réflexion sur des cas de patients bien spécifiques. Il s'agira de patients touches à la fois par une maladie somatique grave comme le cancer, et une depression s'aggravant sur un mode délirant de type mélancolique. Ces situations, fort heureusement peu fréquentes, sont d'une extreme gravité car elles mettent la vie physique et psychologique du malade en danger, aboutissant à l'échec de toute tentative de prise en charge thérapeutique sur les plans psychologiques et somatiques, alors que les pronostics vitaux sont plutTMt optimistes dans un court et moyen terme.

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