B.2 Etude de cas
Nous avons été amenés à suivre Mme
D., une patiente de 58 ans, pendant plusieurs mois, d'avril à juillet
2008, deux à trois fois par semaine. Cette patiente a été
suivie très régulièrement par toute l'équipe de
psychiatrie de liaison qui a craint une issue dramatique à l'état
de cette patiente. En effet, celle-ci leur évoquait un cas semblable
survenue deux ans auparavant et dont l'issue avait été fatale
malgré tous les efforts déployés des équipes
soignantes, et bien que les pronostics vitaux étaient très
optimistes sur le plan somatique.
B.2.1 Anamnèse somatique
Mme D. a été suivie au CHI de Montfermeil pour
un myélome (ou maladie de Kahler) diagnostiqué en février
après plusieurs semaines d'examens depuis le mois de janvier.
Le myélome est un cancer de la moelle osseuse et touche
souvent plusieurs régions osseuses, d'oü le nom de myélome
multiple. Plus précisément, des plasmocytes, cellules de la
moelle osseuse qui ont pour rôle de fabriquer des a nticorps, deviennent
anormales et ne tiennent plus compte de leur environnement. Elles
prolifèrent au détriment des autres cellules et de l'os qui les
entourent. Les symptômes sont des douleurs osseuses permanentes
méme au repos et associées à de la fatigue à cause
de l'anémie, des tumeurs au niveau de la moelle épinière
qui peuvent entraîner des troubles neurologiques, une insuffisance
rénale et des infections à cause du déficit en
immunité normale et une hypercalcémie liée à la
déminéralisation osseuse avec crampes musculaires, fourmillements
et problèmes du rythme cardiaque.
Le traitement consiste presque toujours en une
chimiothérapie par cytotoxiques, médicaments qui
détruisent les cellules cancéreuses. Il est administré par
voie veineuse avec la mise en place d'un cathéter central. Ce traitement
précède une autogreffe de cellules souches et peut s'administrer
en première ligne juste après le diagnostic, ou en 2e
et 3e ligne, c'est-à-dire après une ou deux rechutes.
Le myélome est donc une maladie chron ique dont on ne peut pas
guérir définitivement, mais qui
peut être traité jusqu'à 5 fois après
une rechute, repoussant de plus en plus l'échéance de la
maladie.
Mme D. se plaindra tout au long de son suivi des douleurs
musculaires, de tremblements et fourmillements au niveau des mains, de
palpitations cardiaques s'ajoutant aux troubles anxieux, de perte de la
mémoire et aura contracté des infections pulmonaires et
urinaires. Elle va subir une première chimiothérapie d»s
février qui donnera de très bons résultats mais sera mal
supportée. La seconde chimiothérapie de juillet se passera mieux
et sera plus aisément tolérée. Les médecins
parleront alors de rémission « spectaculaire « autant
sur le plan psychique que physique.
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