C.3.2 Approche selon de concept de traumatisme
psychique
Nous constatons que le processus de deuil ainsi que le risque
d'effondrement dépressif sous-jacent, débuteraient au moment de
l'annonce du cancer faite au malade. Cette annonce peut alors se concevoir
comme un événement traumatique, soudain et entra»nant des
pertes si nombreuses qu'elles génèrent des pensées
particulièrement angoissantes. Celles-ci relèvent des
représentations sociales sur la maladie grave comme le fait d'appartenir
au groupe des cancéreux, malades, laids, handicapés, mourants,
morts, etcÉ
L'annonce engendre donc un stress très important, de
l'ordre du stress aigu avec : une phase d'alarme physique et une phase d'alarme
psychique. Cette dernière se caractérise par la mobilisation des
capacités mentales nécessaires pour juger et analyser la
situation, afin de défendre d'individu par une réaction rapide et
adaptative. Il est bien connu qu'un stress trop long et répétitif
conduit à l'épuisement psychique et physique et de là,
à un risque d'effondrement dépressif majeur.
L'annonce peut aussi engendrer un état de stress
post-traumatisme caractérisé par des non-réponses, un
blocage du psychisme avec répétition des images mentales afin de
tenter de les mentaliser, une mémoration qui ne se transforme pas en
souvenir mais reste présent, en reviviscences. Ces sensations «
ecmnésiques « (Crocq, 1993) forment un corps
étranger dans le psychisme qui dépossède le sujet de
lui-même, mu par une force qui pousse le patient à vivre des
sensations non souhaitées et infiniment désagréables tout
comme dans les hallucinations.
Si l'annonce engendre un traumatisme, les conséquences
graves sont les suivantes :
barrage aux informations complémentaires,
· sidération,
· inhibition relationnelle,
· souffrance morale de l'état d'impuissance.
Concernant le cas de Mme D., elle nous a fait part de
pensées envahissantes, concernant son état de santé et
dont elle ne voulait pas parler, sans doute par évitement. De plus, les
signes cliniques de repli sur soi, sidération, d'inhibition
relationnelle et de sentiment d'impuissance étaient présents et
dénotait d'un état qui peut s'interpréter aussi comme un
état de stress post-traumatique.
Pour le médecin qui sera responsable de l'annonce, il
lui sera difficile d'éviter de générer un stress aigu chez
son patient. Le traumatisme se caractérise par une hypervigilance
liée à la menace de mort avec attaque-fuite instinctive
inadaptée.
L'aide psychologique est alors indispensable et consiste en
une écoute à fonction ma ·eutique, c'est-à-dire
qui permet de mettre au monde une nouvelle facon de voir son expérience
de la maladie, qui permet que le processus de mentalisation se fasse.
Mme D. pourra dans les dernières séances envisager
son avenir, projeter des vacances,
de revoir des membres de sa famille, et même de parler de
l'avenir de son fils qui est
encore célibataire. «Il pourrait penser à
s'installer maintenant, mon fils, et avoir des
enfants un jour. « dira-t-elle.
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