En termes de coûts
Les contraintes macroéconomiques du pays au
début des années 90 ont entre autres rendu défaillante la
fourniture des services éducatifs par l'Etat. Le phénomène
de «maîtres des parents» a ainsi pris de l'envol. Ces derniers
perçoivent leur rémunération non de l'Etat mais des
associations des parents d'élèves (APE) ou par les élites
locaux. Ils représentent en 2008 environ 26,7% des enseignants des
écoles primaires publiques. Ce phénomène handicape
particulièrement les familles vivant en zone rurale qui
déjà majoritairement défavorisées se retrouvent en
train de payer davantage pour l'éducation de leurs enfants. Ceci a pour
effet d'accentuer les inégalités et de dissuader certains parents
à scolariser leurs enfants.
Analyse des déterminants de
l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au Cameroun En termes
d'accès et de participation
Le système éducatif camerounais ne rencontre en
général pas de problème au niveau de l'accès
à l'éducation dans le cycle primaire. En effet les taux bruts
d'accès y sont en général supérieurs à 100%
dans l'ensemble du territoire national. Le problème se pose plutôt
en termes d'achèvement du cycle. Le taux brut d'achèvement reste
inférieur à 100% (il vaut 72,70 en 2008) avec une
légère variation dans les deux sous-systèmes
d'enseignement. En effet tandis qu'en 2004 il vaut 56% dans le sous
système francophone, il vaut 82,5% dans le sous-système
anglophone pour la même année.
Le taux de redoublement est d'environ 18% dans le
sous-système francophone et de 12,2% dans le sous-système
anglophone. Ceci relève d'une différence fondamentale de
conception de l'apprentissage et du contrôle des connaissances entre les
cultures des pays francophones et anglophones d'Afrique subsaharienne.
I.2.3.2. Dans l'enseignement
secondaire
Le nombre d'enseignants dans le secondaire est en constance
baisse. Nous sommes quittés d'un effectif de 30 371 pour l'année
scolaire 2000/2001 à 27 323 enseignants pour l'année scolaire
2007/2008.
On combine à cela un déséquilibre dans
la répartition de ces enseignants sur l'ensemble du territoire national.
En effet, les régions du centre, de l'ouest et du littoral sont celles
qui regorgent le maximum d'effectifs dans les zones francophones. Pour
l'année scolaire 2007/2008 sur 27 323 enseignants, on en
dénombrait 7 891 dans la région du Centre, 4 292 à l'Ouest
et 3490 dans le Littoral soit des poids respectifs de 28,9%, 15,7% et 12,8%.
Les régions de l'Adamaoua, de l'Est, de l'Extrême-nord et du Sud
ont leurs effectifs d'enseignants de loin inférieurs à ceux
cités ci-dessus (respectivement 760, 1 069, 788 et 966) Les
régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ont des effectifs non très
éloignées l'un de l'autre et n'affichent pas de disparités
assez flagrantes l'une l'autre compte tenu de la langue d'expression
majoritairement anglaise qu'ils ont en partage (ils ont respectivement 3415 et
3388 enseignants en 2007/2008).
Cette inégalité dans la répartition des
effectifs est une des grandes causes des disparités observées
dans les résultats des examens officiels. En effet plusieurs
établissements se retrouvent très souvent sans enseignants pour
dispenser certaines disciplines, pour d'autres le nombre d'enseignants est tout
simplement insuffisant. Les enseignants se retrouvent d'autant plus en zone
urbaine au détriment des zones rurales. Ce qui explique très
souvent les
Analyse des déterminants de
l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au Cameroun
mauvaises performances scolaires et les fortes
déperditions enregistrées chez les élèves
résidant dans les zones rurales.
I.2.3.3. Dans l'enseignement
supérieur
Le Cameroun ne dispose que de sept universités d'Etat
et un nombre non négligeable d'institutions privées
d'enseignement supérieur (IPES). Les universités d'Etat regorgent
le plus d'effectifs d'étudiants (en 2008, sur 150 932 étudiants
dénombrés sur le territoire national, 130 872 provenaient de
six7 universités d'Etat et 20 060 des IPES soit une part de
86,7%), ceci s'explique par les frais d'inscription relativement abordables par
rapport à ceux du privé et la diversité des
filières qu'on y trouve.
Les universités de Douala et de Yaoundé II sont
celles qui enregistrent les plus grands effectifs et contribuent ainsi le plus
à la croissance des effectifs des universités d'Etat. En effet,
les étudiants de l'université de Douala sont passés de 18
650 en 2005 contre 31 716 étudiants en 2008. Quant à
l'Université de Yaoundé II-Soa son effectif d'étudiants
est passée de 18 636 étudiants en 2005 à 28630
étudiants en 2008.
Le poids des femmes dans ces effectifs quoique
inférieur à celui des garçons connait cependant une nette
amélioration (elles représentent 44,27% des effectifs en 2008
contre 39,7% en 2005).
Le personnel enseignant (Professeur, Maîtres de
Conférences, Chargés de cours, Assistants, Attachés
d'Enseignement et de Recherche) a été évalué
à 2748 en 2008. Cet effectif en augmentation résulte du
recrutement de 1000 enseignants par la fonction publique en 2007 (avant ce
recrutement on dénombrait environ 2061 enseignants). Ce recrutement a eu
entre autres pour effet d'améliorer le taux d'encadrement de 53
étudiants pour un enseignant à 48 étudiants pour un
enseignant. Toutefois des efforts restent à faire car cette valeur
demeure insatisfaisante quant aux recommandations internationales. Toutefois,
il existe une grande disparité dans la répartition de ces
enseignants parmi ces universités d'Etat. Il y a en effet une forte
concentration des enseignants de rang magistral (Professeurs et Maîtres
de conférence) à l'université de Yaoundé I, ceux-ci
représentent 57% de l'ensemble de la catégorie
susmentionnée. La structure des enseignants par grade dévoile un
certain déséquilibre avec un poids important de Chargé de
Cours et des Assistants qui représentent respectivement 44,7% et 32,4%
de l'ensemble des enseignants. Les Professeurs et les Maîtres de
conférences représentent respectivement 10% et 6%.
7 L'Université de Maroua, la dernière a
été crée en 2009.
Analyse des déterminants de
l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au
Cameroun
Dans ces trois cycles d'enseignement, la scolarisation est
loin d'être homogène sur l'ensemble du territoire national.
Celle-ci dépend entre autres, de la localisation administrative
(province, département, arrondissement), de caractéristiques de
la zone de résidence (zone urbaine/zone rurale), du genre de la personne
scolarisable (garçon/fille), et du revenu de sa famille
(riche/pauvre).
Le présent chapitre nous a permis de nous
imprégner du contexte camerounais dans lequel nous nous trouvons
notamment à travers les situations économique, sociale et
culturelle mais aussi à travers une brève description de son
système éducatif. Nous y avons aussi fait un état des
lieux en matière d'offre et de demande en service d'éducation
dans l'enseignement primaire ainsi que la présentation de
l'évolution des principaux indicateurs en matière
d'éducation dans le primaire. Le chapitre suivant a pour objectif de
présenter les différents travaux de recherche menés sur
les déterminants de l'achèvement d'un cycle d'enseignement en
général et du cycle d'enseignement primaire en particulier. Tout
ceci dans le but de nous familiariser des différents résultats
déjà obtenus sur la question afin d'orienter par la suite notre
travail.
Mémoire professionnel
Analyse des
déterminants de l'achèvement du cycle d'enseignement primaire au
Cameroun
CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE ET
CADRE
CONCEPTUEL
Ce chapitre a pour but de donner un aperçu des travaux
de recherche menés sur le phénomène d'achèvement.
Pour mieux comprendre ces travaux ainsi que les différentes conclusions
auxquelles les chercheurs sont parvenus, nous allons tout d'abord
procéder à une définition des concepts clés y
afférant.