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Le conflit frontalier Gabon- Guinée Equatoriale, analyse géopolitique

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par Sidonie BOUKOULOU
Institut des relations internationales du Cameroun - Master 1 2008
  

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II - LES ENJEUX ENERGETIQUES ET MARITIMES

La découverte, puis la mise en exploitation, à partir des années 1990, d'importants champs d'hydrocarbures dans les espaces maritimes des États insulo-continentaux (Guinée équatoriale), des États-archipels (São Tomé et Príncipe), provoquent une course à l'appropriation des mers dans le centre du Golfe de Guinée.

A - LES ENJEUX ENERGETIQUES

Le pétrole est d'un enjeu vital âprement disputé entre les pays aux économies faibles et où s'immiscent volontiers des Etats tiers. En conséquence, les rivalités maritimes entre les nations s'articulent désormais autour de deux enjeux majeurs, les flux et les ressources. Les gisements pétroliers d'Afrique centrale suscitent des luttes d'exploration et d'exploitation qui mettent en interaction les stratégies et politiques maritimes, les stratégies sécuritaires et économiques du pétrole.

Ces ressources dernières se présentent comme le plus petit diviseur commun dans le Golfe de Guinée. La qualité du pétrole trouvé ainsi que les coûts d'exploitation et de mise en production de l'off-shore profond moins onéreux que l'exploitation home shore y ont favorisé la propagation des plates-formes de forage dans cette sous-région, raison pour laquelle l'off-shore occupe une place importante sur la scène pétrolière d'Afrique centrale. Ces réserves sont devenues un enjeu stratégique important, dans l'après-11 septembre 2001, suite aux crises politiques et militaires apparues au Moyen-Orient, espace traditionnel d'approvisionnement des Américains et des Européens.

Le pétrole par son importance dans la sécurité économique et militaire demeure un vecteur d'enjeux à la fois économiques, financiers et géostratégiques, ainsi qu'un facteur puissant des convoitises. Le pétrole est une donnée largement prise en compte par les stratèges géopolitiques. La dépendance des pays envers ce produit est telle qu'une difficulté d'approvisionnement peut en soi justifier un conflit.

B - LES ENJEUX MARITIMES

Les enjeux maritimes peuvent être perçus sous deux angles : d'abord le volet environnemental avec l'intérêt international actuel porté sur les écosystèmes marins du Golfe de Guinée, ensuite le volet des ressources énergétiques au regard de l'importance du pétrole.

Abordant le premier volet, il sied de signaler que la question de la souveraineté dans les îlots disputés est relancée par l'intérêt croissant que la communauté internationale porte sur les écosystèmes et la conservation des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale et des écosystèmes marins du Golfe de Guinée. Cependant, le deuxième volet évoqué, c'est-à-dire les calculs pétroliers sont évidemment une des dimensions de la rivalité qui intervient dans les problèmes juridiques, politiques et stratégiques de démarcation entre les eaux maritimes de la Guinée équatoriale et du Gabon, bref du Golfe de Guinée. La délimitation des zones pétrolières en Afrique, suscite une vive rivalité entre les Etats, particulièrement en ce qui concerne les gisements marins, qui donnent lieu à de vives luttes d'appropriation, preuve de l'interaction stratégique entre géopolitique des mers et géopolitique du pétrole dans les conflits entre les pays de la sous-région incorporés dans l'espace du Golfe de Guinée. Or, la majeure partie des pays de la région du Golfe de Guinée dispose des gisements off-shore presque localisés dans la zone continentale et la situation maritime de l'ensemble de ces Etats fait apparaître une importante majorité d'Etats côtiers que la convention de Montego Bay classifie dans le troisième groupe c'est-à-dire, celui des Etats les moins pourvus, car leur domaine maritime n'atteint pas 25 000 miles nautiques carrés.

Par ailleurs, tout à l'intérieur du Golfe, c'est-à-dire, de la baie de Bonny à la baie du Gabon, la configuration du Golfe est telle que les côtes des Etats se font face : Nigeria/Guinée Equatoriale, Cameroun/Guinée Equatoriale, Guinée Equatoriale/Sao Tome, et Sao Tome et Principe/Gabon. A cet effet, la convention de Montego Bay en son article 15, précise le principe d'équidistance.

Cependant, la Cour internationale de justice de La Haye peut avoir recours au principe de proportionnalité lorsque la règle de l'équidistance pénalise la mise en place des eaux territoriales par des États voisins.

Ce principe de proportionnalité s'appuie sur le calcul d'un rapport entre la superficie du plateau continental relevant de l'État riverain et la longueur de son littoral. Mais alors que les droits relatifs au plateau continental sont indépendants de toute revendication, ceux liés à la ZEE n'existent que si l'Etat côtier a explicitement crée celle-ci dans le respect du droit de la mer et des droits des autres Etats côtiers.

Aussi, si chaque Etat peut décider de créer ou non une ZEE, il peut en fixer arbitrairement la largeur, sans pour autant que la ZEE ne s'étendre au-delà de 200 milles comptés à partir de la ligne de base. La plupart des Etats du Golfe de Guinée ont opté pour une limite extérieure fixée à 200 milles. Toutes ces données permettent d'apprécier l'application du principe d'équidistance par les deux Etats.

Pour le Gabon, la frontière maritime passe le long d'une ligne équidistante entre l'île de Corrisco et l'îlot de Mbanié. La seule portion de frontière admise par les deux pays traverse l'estuaire du Río Muni en son milieu. La côte gabonaise est la plus étendue de toute la sous-région du Bassin du Congo, soit 885 km de long, et l'une des plus importantes Zones Economiques Exclusives (ZEE) qui est quasiment équivalente à la superficie du pays (265 000 km²).

Or, la convention de Montego Bay précise que si les lignes des eaux des Etats sont distantes de moins de 400 milles, la limite séparant leurs ZEE doit être fixée d'un commun accord (délimitation maritime) ou par décision d'un tribunal international ou un tribunal international du droit de la mer. Le principe de l'équidistance, largement appliqué par la Guinée équatoriale dans la délimitation de ses frontières maritimes, se fonde sur l'article 15 de la conférence de Montego Bay.

L'extrême éparpillement spatial de sa composante insulaire entraîne un débordement de « l'espace maritime approprié » avec une ZEE d'environ 312 000 km2, sur les territoires marins des États voisins : Nigeria, Cameroun, Gabon, São Tomé et Príncipe. Justement, la constitution physique territoriale de la Guinée équatoriale divisée en un domaine insulaire et un bloc continental  de 26 017 km2, le Río Muni rend difficile le tracé des frontières maritimes entre les deux pays à cause de l'éclatement du territoire21(*).

Un tel panorama donne une idée de l'étendue du potentiel belligène et polémiste du Golfe de Guinée. Le moins qu'on puisse dire, le régionalisme conflictuel atteint son paroxysme avec la banalisation des frontières et l'exploitation des opportunités.

* 21 _ Jean Rieucau,  Bioko (Guinée équatoriale) : un espace insulaire stratégique au centre du golfe de Guinée », Les Cahiers d'Outre-Mer, Revue de géographie de Bordeaux N°226-227 | Avril-Septembre 2004, [En ligne], mis en ligne le 13 février 2008. URL : http://com.revues.org/index548.html , Consulté le 09 février 2009.

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