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La condition juridique des étrangers en zone CEMAC. Contribution au diagnostic de l'intégration personnelle en Zone CEMAC

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par Eric- Adol GATSI TAZO
Université de Dschang Cameroun - Diplôme d'études approfondies  2009
  

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Para. 2 : EXCEPTIONS FONDEES SUR L'ADOPTION DES MESURES DE
SAUVEGARDE ET SUR LA THEORIE DES CIRCONSTANCES
EXCEPTIONNELLES

La mise en veilleuse des libertés communautaires peut également être imposée à un Etat membre par l'existence des difficultés qui rendent cette restriction souhaitable et même indispensable. A l'étude, ces difficultés peuvent être à la fois économiques (A) et politiques (B).

132 CJCE, Aff. 41/74 Van Duyn, 4 décembre 1974, Rec. 1975, p.1351.

133 CJCE, Aff. 30/77, Bouchereau, 27 octobre 1977, Rec. 1977, p.1999.

A- L'adoption des mesures de sauvegarde

La restriction fondée sur l'adoption des mesures de sauvegarde est une possibilité offerte par l'article 22 de la Convention régissant l'UEAC. Elle constitue une restriction à l'exercice des libertés consacrées en ce sens qu'un Etat membre peut l'invoquer pour déclarer ces libertés momentanément inopérantes sur son territoire. Il faut reconnaître que ces dispositions sur l'adoption des mesures de sauvegarde trouvent un champ d'application plus favorable dans le cadre de la libre circulation des biens et marchandises qui constituent l'intégration réelle.134 Mais force est de reconnaître qu'elle peut également intervenir au chapitre des restrictions aux libertés communautaires et de l'intégration personnelle voulue par les textes. Ceci est d'autant plus vrai que le texte parle de « dérogations aux règles générales de l'Union Economique ». Or, nous savons que l'Union Economique de l'Afrique Centrale (UEAC), à travers la convention la régissant traite certes de la libre circulation des biens et marchandises, c'est-à-dire de l'intégration réelle, mais aussi - et surtout, peut-on dire- de l'intégration personnelle et à travers elle de la reconnaissance à l'étranger ressortissant communautaire d'une condition confortable sur le territoire de tous les Etats membres. C'est dire par exemple que l'article 22 peut être invoqué pour faire obstacle à la libre circulation, ou encore au droit de séjourner, ou au droit d'accéder sans discrimination à un emploi salarié. L'hypothèse envisageable est celle d'un Etat qui fait face à un problème de chômage excessif de ses ressortissants et qui peut dès lors faire obstacle à l'arrivée massive des étrangers sur son sol sur la base de cet article, afin de résoudre le problème d'emploi qui se pose135. Vu sous cet angle, la restriction des libertés communautaires en vue de l'adoption des mesures de sauvegarde est une mesure non dénuée de bon sens, mais qui suppose remplies un certain nombre de conditions et fait l'objet d'un encadrement strict.

1- Conditions à l'adoption des mesures de sauvegarde

Stricto sensu, une seule condition est requise : l'existence des difficultés graves dans un ou plusieurs secteurs de la vie économique de l'Etat qui l'invoque. C'est dire que pour que l'adoption de telles mesures soit permise, il faut que l'Etat requérant produise la preuve qu'il fait face ou qu'il rencontre des difficultés importantes dans un domaine quelconque de son

134 Prévues aux articles 2 alinéa (c) et 13 alinéa (a) de la Convention régissant l'UEAC.

135 Notons que les partis politiques reconnus comme de l'extrême droite européenne ont souvent invoqué ce motif pour réclamer la mise entre parenthèses des libertés communautaires. D'autres vont même plus loin et revendiquent la sortie de l'Euro avec tous ses corollaires, notamment la fermeture des frontières nationales au marché de l'emploi.

économie. A notre sens, ces difficultés peuvent être constituées par exemple par l'existence d'un taux de chômage surélevé, à condition que le problème évoqué soit suffisamment grave et nécessite qu'une mesure soit prise. Il faut donc exclure du champ d'application de cet article de simples difficultés passagères dénuées d'un niveau de gravité élevé. Cette précision en vaut la peine car elle a pour but d'éviter qu'un Etat membre ne prenne pour alibi une quelconque difficulté pour faire obstacle à l'application des libertés communautaires sur son territoire. Les mêmes raisons commandent l'encadrement strict dont cette mesure fait l'objet.

2- L'encadrement de l'adoption des mesures de sauvegarde

L'encadrement témoigne ici de la rigueur qui entoure cette mesure. En effet, le législateur communautaire n'entend pas faire de cette mesure une porte ouverte aux dérogations de fait des Etats aux dispositions communautaires. C'est pourquoi il a encadré cette mesure à deux niveaux :

- en premier lieu, la mesure doit être autorisée par le Conseil des Ministres. Cette

formalité interdit aux Etats d'adopter des mesures de sauvegarde de façon unilatérale sans que aucune autorisation explicite ne leur soit été accordée par le Conseil des Ministres qui, au préalable, doit avoir été saisi par l'Etat requérant à cet effet. C'est donc au Conseil des Ministres qu'il revient l'appréciation car il doit juger et dire si en l'espèce les conditions sont de nature à exiger une mesure de sauvegarde. En plus, le texte précise que le Conseil des Ministres statue en la matière à la majorité qualifiée.

- ensuite, la mesure prise, si elle est autorisée, doit intervenir dans une durée

limitée. C'est quasiment évident car une réserve prise sans délimitation temporelle aboutirait purement et simplement à une négation du droit communautaire de la part de l'Etat requérant. Cette précision est toutefois importante en ceci qu'elle empêche les Etats de prendre de telles mesures sans y adjoindre une limitation temporelle. En l'absence de précision textuelle sur la durée, nous pouvons dire qu'à notre sens, il doit s'agir d'une durée raisonnable qui permettra à l'Etat de faire face à la difficulté qu'elle rencontre, sans pour autant renoncer totalement à l'application des libertés communautaires.

A cela, il faut ajouter que le Conseil des Ministres, statuant à la même majorité, « peut décider que l'Etat concerné doit modifier, suspendre ou supprimer lesdites mesures de sauvegarde et/ou de protection »136 selon que les circonstances qui ont présidé à leur prise soient atténues, ou tout simplement aient disparu. Dans cette dernière hypothèse, la mesure

136 Article 22 para.3 de la Convention régissant l'UEAC.

disparaît et les ressortissants communautaires retrouvent leurs droits conférés par les textes communautaires, lesquelles ne peuvent plus être mises à l'épreuve que par l'existence des circonstances exceptionnelles.

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