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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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B. La version wallisienne d'après BURROWS

BURROW147(*), ethnologue anglophone, a marqué son passage aux îles Wallis dans les années 1930. Son témoignage est très intéressant car il nous indique qu'à cette date, les Wallisiens étaient au courant de cette migration ancestrale à Ouvéa Loyauté, datant de plus d'un siècle et demi. La tradition orale a retenu cet épisode qui a marqué l'histoire de leur île. Cet évènement implique tout de même des familles appartenant à la « royauté ».

Il est concevable que les évènements relatés, puissent aussi avoir été influencés par des témoignages, des échanges ayant pu exister entre les Wallisiens et les habitants d'Ouvéa Lalo, avant que l'ethnologue ne fasse son enquête sur le terrain. Nous verrons plus loin que ces contacts durant la période coloniale n'étaient pas fréquents, mais suffisants pour que des ajustements se fassent dans le contenu de l'histoire de part et d'autre. Il faut surtout noter que la version wallisienne donnée dans les années 30 et recueillie par BURROW ne diffère de très peu par rapport à l'écueil fourni par le LACITO concernant le même évènement.

Une enquête peut être menée afin de déceler les contacts directs entre les deux chefferies cousines éloignées de 2000 Kilomètres de mer. Que nous dit l'informateur de BURROW ? :

« Le chef principal du groupe des voyageurs était KAUKELO, descendant de la lignée royale de wallis...En plus de KAUKELO, le groupe comprenait FIUTAMA (frère de FUTUATAMAI), PUKA, un homme de lignage PULUIUVEA dont je n'ai pu apprendre le nom, un tongien et un futunien. Ils allèrent à la résidence royale de MATA UTU à Fataï sur la côte ouest pour construire une pirogue. Cette pirogue était nommée IFILAUPAKOLA. Pendant le travail, KAUKELO fût blessé à la jambe. Les autres eurent peur que le roi ne tire une vengeance de cette blessure à leurs dépens. FOTUATAMAI aurait adjuré les participants de partir en mer pour échapper à la colère du roi, mais il n'aurait pas voulu les voir emmener KAUKELO ...Le groupe décida de partir pour des pays inconnus et KAUKELO embarqua finalement avec eux. Alors qu'ils sortaient par AVATOLU, la passe occidentale du récif, l'esprit d'une femme se leva d'une tombe dans Songatautau, sur l'îlot de FATAI, et les appela : «  Adieu si vous touchez une terre où les feuilles de Palétuvier flottent et les mulets sautent, établissez- vous là. » 148(*)

Dans cette version « burrowsienne », les lieux sont précisés ainsi que les personnes de l'équipage de KAUKELO (ex NEKELO) au point de départ de la migration. Il aurait été intéressant de connaître le statut de l'informateur. Mais sa version des choses nous amène à penser que l'informateur est un des proches du LAVELUA. Notons simplement en premier lieu, la présence d'un anachronisme dans cette version de l'histoire. Si nous tenons compte de la généalogie des rois TAKUMASIVA149(*) et des recherches historiques récentes de l'île, la résidence royale n'était pas encore implantée à Mata-Utu, au départ de KAUKELO (vers 1750) mais à MUA. Elle a par la suite été déplacée par KAIHAU et KULIMOETOKE bien plus tard, au début du XIXème siècle sous le règne de VAIMUA, celui qui a accueilli les missionnaires en 1837.

En second lieu notons aussi, que l'équipage du « vaka » était composé de hauts dignitaires et des différentes composantes de la population wallisienne de l'époque  dont un Tongien et un Futunien. Effectivement, KAUKELO était bien entouré avec FIUATAMA, le frère de FITUATAMAI. Or, dans la tradition uvéenne le FITUATAMAI est un titre « coutumier » symbolisant le clan maternel du LAVELUA en personne. Il s'agit ici d'une lignée familiale spécifique et incontournable dans l'intronisation d'un roi. PUKA (ex-BEKA) de la lignée PULUIUVEA est en définitive, le chef de guerre. Il s'était installé selon la tradition loyaltienne à l'extrême nord de l'île. Si aujourd'hui ce titre est symbolique, dans Les temps anciens le chef de guerre renforçait le pouvoir du groupe. Ainsi, cette version des faits attribue à KAUKELO une certaine légitimation de son autorité à Uvéa Lalo, puisqu'il s'est entouré de dignitaires ayant des postes clefs dans la constitution d'une chefferie traditionnelle. Le Futunien ou le Tongien dont les noms sont occultés pour des raisons sûrement de prestige de la part de l'informateur, sont connus dans une autre version du mythe, comme étant POUMALIS et DRUMAI. La lignée de ce dernier s'est installée du côté de Mouli au sud150(*). DRUMAI, DOUMAI, TAMAI151(*) ou TOUMAI - variantes nominales provenant évidemment du titre hiérarchique de FUTUATAMAI- est un patronyme que l'on retrouve dans les îles et la Grande-Terre mais aussi dans les îles du Vanuatu actuelle, anciennement occupées par lesdits « Polynésiens ».

On pourrait se demander si ce mouvement de population correspondait à une stratégie d'occupation des terres ou bien au résultat provenant de vagues successives prolongées dans le temps. Il est vrai que les premiers Européens qui abordèrent les Hébrides au XVIIème siècle (1606) avaient été accueillis par un chef du nom de TOUMAI. Y aurait-il une coïncidence ? Il s'agirait plutôt à un processus migratoire continu entre la Polynésie Occidentale et la partie Est du Pacifique occupée par des populations noires de peau. C'est la raison pour laquelle, les patronymes d'origine polynésienne se retrouvent dans plusieurs lieux à la fois datant sûrement de plusieurs époques. Le nom POUMA ne viendrait-il pas de POUMALIS, une lignée  kanak que l'on retrouve à Mouli et à Pouébo ? POUM nom actuel d'une commune de l'extrême nord de la Grande Terre est le patronyme de POUMA un village situé dans la partie Est de l'île de Futuna éloigné à plus de deux mille Kilomètres de la Grande-Terre. Rappelons que « POUMA » n'était autre que le nom d'un grand chef de cette région à l'arrivée des premiers «  découvreurs » européens à Balade. Nous verrons plus loin que la version de l'histoire sur le lieu d'arrivée du groupe des voyageurs, diffère quelque peu.

* 147 Dans ce chapitre les noms propres seront écrits en majuscules.

* 148 BURROW Edwin, Ethnology of Uvea, Bishop Museum Bulletin n° 145, Honolulu, 1937.

* 149F.ANGLEVIEL, Wallis et Futuna 1801-1888, (Livre deuxième 1837-1858), Thèse p265. Voire aussi du même auteur,  les missions de Wallis et Futuna au XIXème siècle, Editions CRET, 1994, pp 31,32.

* 150 Cf. Une version complète de ce mythe raconté par un descendant direct de FIUATAMA dit DOUMAÏ plus bas.

* 151 « Tamai » signifie « père » en faka uvea, un nom que l'on retrouve à Kouaoua au pays de Kawipa.(Province nord)

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