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Enracinements polynésiens d'hier et d'aujourd'hui dans l'archipel de Nouvelle Calédonie

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par Tomasi TAUTU'U
Université de Nouvelle Calédonie - Master 2 arts, lettres et civilisations option francophonie 2012
  

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3. Les nouveaux enjeux :

A. Les Wallisiens et Futuniens face au Nationalisme kanak

L'état mène une politique d'immigration massive dans le contexte de l'exploitation minière. Par ailleurs, contrairement aux protestants, l'église catholique, « protectrice » de la communauté wallisienne et futunienne, même si officiellement revendique sa neutralité dans la politique locale, cautionne par son attitude la politique étatique française en Nouvelle Calédonie303(*). Logiquement la très grande majorité des Wallisiens à partir des années 70 se positionne clairement pour la France et se range au sein du RPCR.

En 1975, le Festival « Mélanésia 2000 » marque le début du nationalisme kanak incarné par Jean Marie Tjibaou qui se fait le porte-parole pour l'indépendance du pays. A partir de 1984, le FLNKS prône la lutte par le « boycotte actif » qui se résulte par des affrontements entre indépendantistes et non indépendantistes. Certains Wallisiens n'hésitent pas à s'embrigader pour quelques billets dans les milices armées du RPCR durant les évènements304(*). Cet engagement paramilitaire à l'intérieur des terres kanak va ternir leur image au sein des milieux kanak d'autant plus qu'on les sollicite pour être gardiens de boîte de nuit ou vigiles dans des entreprises privées.

1988 est une année marquée par les évènements d'Ouvéa où dix neuf indépendantistes sont abattus par l'armée française après une prise d'otage. Notons que les prises d'otages sont effectuées pour la plupart par des personnes originaires de Mouli au Sud et de Saint Joseph au nord, fiefs des fagaouvéa dont avons longuement évoqué dans les chapitres précédents. Le président du FLNKS et le chef du RPCR, incarné par Jacques LAFLEUR signent un accord de paix en 1988. Les accords de Matignon coûteront la vie au leader indépendantiste originaire de Hienghène, un an plus tard à Wadrilla Ouvéa, alors qu'il rendait hommage aux 19 Kanak tués lors de la prise d'otage. Ces évènements ont atteint un tel degré de violence que toute la population de la Nouvelle Calédonie a été fortement marquée. Plus particulièrement les habitants de l'île ont subit un traumatisme.

Au sein de la Communauté Wallisienne, l'ex prêtre Kalépo Muliava305(*), fondateur d'un journal mensuel bilingue, dans la même année crée l'Union Océanienne306(*) et se démarque de la droite locale. La particularité de ce partie c'est qu'il est mono ethnique, c'est-à-dire composé uniquement de Wallisiens et de Futuniens et que l'identité réclamée comme l'intitulé du mouvement l'indique est celle d'être « Océanien ». Il tente d'ouvrir une troisième voie dans l'échiquier politique alors que la communauté a toujours été traditionnellement sous le joug du RPCR307(*), incarné par Jacques LAFLEUR. La mort prématurée de ce leader avortera son initiative politique. Or, ce revirement de situation nous semble important dans la compréhension des enjeux sociopolitiques contemporains. D'un point de vu anthropologique, il est intéressant1 d'analyser les rapports entre les groupes sociaux dans le contexte océanien.

Les accords de Nouméa soulèvent cette problématique, comment vivre ensemble en harmonie dans ce pays ? L'Etat cède au gouvernement local plusieurs compétences de façon échelonnées. Les communautés autochtones, les descendants des colons, les communautés migrantes, adhèrent en grande majorité, au projet d'un destin commun, d'une citoyenneté calédonienne. L'ancien U.O308(*) se désintègre en plusieurs groupuscules dont le RDO309(*) porté par Alosio Sako. Cette dernière formation s'allie officiellement au FLNKS310(*).

Pourtant, entre novembre 2001 et 2003 d'importants affrontements se produisent entre la tribu mélanésienne de Saint-Louis au Mont-Dore et le village Wallisien de l'Ave Maria et le bilan est lourd311(*) : 2 jeunes Kanak et un Futunien ont trouvé la mort, plusieurs blessés de part et d'autres, 178 familles wallisiennes ont du quitter leur lieu de résidence, du côté kanak ou wallisiens, des dissensions internes se sont créées312(*). Les conflits à caractère ethnique dans les établissements scolaires se multiplient, dans la commune de Dumbéa, sept familles wallisiennes ont quitté leur squat dû à des conflits les opposants à des jeunes kanaks313(*).

Chaque année depuis quelques années , les enseignants dans les collèges et lycées doivent gérer quotidiennement cette « animosité » entre ces deux ethnies. Selon certains commentaires, cet épisode aurait pu faire basculer la Nouvelle Calédonie dans une guerre civile et l'expression «  d'épuration ethnique » a été employée par des journalistes en mal de sensationnel pour caractériser ces évènements.

A l'opposé, la grande majorité des Wallisiens et des Futuniens en Nouvelle Calédonie de par leurs divergences314(*) et de la concurrence post moderne en autre315(*), semble toujours avoir occulté (consciemment ou non) leurs liens traditionnels avec « la communauté » kanak autochtone et encore moins leur lien possible de parenté316(*). Récemment pourtant, une partie de celle-ci, semble au contraire vouloir retisser les alliances ancestrales rompues par la colonisation en évoquant publiquement le mythe qui les approche et de légitimer en quelque sorte leur présence. Au même titre que les autres communautés  ethniques exogènes, « l'histoire » est révélée ici comme « un enracinement » et pour reprendre l'expression de Frédéric Angleviel, « une légitimité accrue en fonction de l'ancienneté ».

* 303 Cf. Jean Marie KOLHER, Eglise et ordre colonial en Nouvelle Calédonie, dossier de témoignage chrétien.

* 304 Un certain nombre de faits sont révélés dans l'hebdomadaire indépendantiste Bwénando, on fait par exemple allusion à la milice de MORINI, Bwénando N° 1, du 20 décembre p 12 ; N° 9 du 5 septembre ; N° 14 du 16 Octobre, 1985.

* 305 Il avait créé pour la première fois en 1983, une liste « ethnique » polynésienne (composée de wallisiens et Futuniens) lors des Municipales de Nouméa et dont le nom n'est rien que : Wallis mo Futuna.

* 306 Le Logo de cette formation politique mono ethnique est bien évidemment la pirogue, symbole de la tradition migratoire ancestrale de cette « communauté » puis d'une étoile.

* 307 Rassemblement Pour la Calédonie dans la République. (RPCR)

* 308 Union Océanienne. (U.O)

* 309 Rassemblement Démocratique Océanienne.

* 310 Front de Libération Kanak Socialiste.

* 311 Plusieurs articles des Nouvelles Calédoniennes peuvent être consultés  à ce sujet: du 11 juin 2002, 21 Mai 2008, 05 Décembre 2008, 24 Janvier 2009.

* 312 Ces évènements seront abordés dans le dernier chapitre de notre réflexion.

* 313 Faits apportés par TAUTUU Amasio, 5ème adjoint de la Mairie de Dumbéa en novembre 2008.

* 314 Divergences culturelles, linguistiques et politiques.

* 315 Nous faisons ici allusion à l'emploi et au statut social.

* 316 Ces concepts ont été abordés dans les chapitres précédents.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe