WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le " retour forcé " des roumains en Roumanie, depuis 2007

( Télécharger le fichier original )
par Audrey Guitton
Université de Poitiers - Master migrations internationales 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) En quoi ce programme de retour est-il humanitaire ?

Rappelons, tout d'abord, que l'ANAEM s'est formée par l'absorption du SSAE dans l'OMI. Ainsi, des assistants sociaux du SSAE travaillent au sein de l'ANAEM, devenu OFII. Les assistants sont nécessaires à l'OFII pour justifier l'existence des ARH et des aides à la réinsertion. Nous avons vu que les assistants sociaux n'ont pas la même conception de l'action sociale que les auditeurs. « Certaines assistantes sociales se plaignent de ne pas vraiment faire de l'accompagnement social : « pour le retour humanitaire notamment, c'est un entretien de routine, très déclaratif et on ne peut pas faire de l'accompagnement social ». D'autres, au contraire, estiment que « les assistantes sociales ont tout à fait leur place lors de ces entretiens car c'est une aide pour le migrant à se positionner, à réfléchir à son projet migratoire »93. Ainsi, tous les assistants sociaux ne sont pas d'accord, quant au rôle qu'ils doivent tenir et au caractère social des ARH.

Le fait que l'ANAEM, puis l'OFII aient repris l'activité du SSI permet de légitimer l'emploi du terme « social », pour définir ses actions. Cela permet également de s'assurer la collaboration de certaines organisations, dites humanitaires, rattachées au SSI.

M.P. - « On a commencé à collaborer avec l'ANAEM, parce que je suis correspondante du Service Social International et le SSI français était

93 Chevron S., La réforme des structures en charge de l'immigration. De l'ANAEM à l'OFII, op. cit., « Entretien avec Julie Guivarch, assistante sociale à la direction OFII de Paris Centre et avec Elisabeth Géradin, adjoint social à la direction OFII de Toulouse. », pp. 182-183.

40

incorporé à l'ANAEM. »94

Dans le contexte des ARH, la participation et le soutien logistique apporté par la Croix-Rouge, justifie l'appellation « humanitaire ».

N. - « L'implication de la Croix-Rouge aussi c'est questionnable. C'est la Croix Rouge qui fait la logistique de ça, et ça, c'est pas humanitaire du tout. C'est plus politique. »95

Enfin, si l'ARH était un programme humanitaire, les personnes reconduites ne ressentiraient pas le besoin de repartir et personne n'utiliserait ce programme à plusieurs reprises. Or, comme nous l'avons abordé en introduction, les Roumains sont devenus les premiers bénéficiaires des ARH. Ceci est, en partie, causé par le fait qu'ils en profitent plusieurs fois. Cela permet à l'OFII de « faire du chiffre », légitimant ainsi l'existence de ces programmes. J. Costa-Lascoux, explique également, que « le nombre alimente toujours les fantasmes : les uns l'utilisent pour asséner des arguments d'autorité, [...] les autres recourent aux effets d'échelle et de masse pour impressionner les esprits, ainsi que le pratiquent les mouvements populistes, afin de laisser croire à une « invasion étrangère ». »96 Cependant, la mise en place de l'AGDREF change d'ores et déjà la donne.

Les ARH et les aides à la réinsertion sont des programmes distincts. Il est possible de les cumuler mais très peu de personnes semblent recevoir les aides à la réinsertion97. Les ARH se destinent à des personnes vivant dans une situation de « grande précarité ». Or, le niveau de vie en Roumanie est inférieur au niveau de vie français. L'Opinion et les pouvoirs publics acceptent volontiers le fait que les migrants quittent la Roumanie pour tenter d'échapper à la misère. Dès lors, si la situation des migrants était si terrible en Roumanie, le fait de les reconduire dans leur pays d'origine ne serait pas une action humanitaire. Pour que ces reconduites soient humanitaires, il faudrait qu'un seul et même programme prenne en charge le retour et la réinsertion, pour s'assurer que la réinsertion ne soit pas optionnelle.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry