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L'encadrement de l'histoire par le droit dans les démocraties européennes

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par Pierre RICAU
Université Paul Cézanne Aix- Marseille 3 - Master de sciences politiques 2009
  

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IIème PARTIE

UNE HISTOIRE ENCADREE PAR LE DROIT DANS LE CONTEXTE D'UNE PERPETUELLE RECHERCHE DE PERFECTIONNEMENT DE LA DEMOCRATIE

A) Les normes de protection et de reconnaissance des mémoires

Si la démocratie a pour objectif le bien être générale elle se doit d'allier la protection de chacune des expressions de l'histoire dans la société. Que ce soit l'histoire prétendant à l'objectivité d'une science ou l'histoire affirmant sa subjectivité chez les individus, chacune a ses enjeux propres. Bien protégées et bien distinguées toutes les expressions de l'histoire viendront s'enrichir mutuellement, alors que leurs possibles affrontements ne font que diminuer la valeur de chacune.

C'est pourquoi la définition de politiques de l'histoire doit se faire d'une part à travers l'existence d'un droit mémoriel, d'autre part grâce à une histoire scientifique protégée par des statuts juridiques précis.

1) Différentes formes d'encadrement de la mémoire par le droit

On choisira ici d'isoler encore une fois le cas du négationnisme, qui en droit relève d'un statut très précis, à distinguer du reste des « lois mémorielles ». Cette particularité, reconnu par la grande majorité des juristes et par de nombreux historiens, comme ceux en France du « Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire » sera développée plus loin.

On va donc se centrer dans un premier temps sur les modes d'intervention des différents producteurs de droit dans le champ mémoriel

Par le parlement

Comme le soulignait le rapport de la Mission d'information sur les questions mémorielles de l'Assemblée nationale française, l'intervention parlementaire dans le domaine de la mémoire est « ancienne et protéiforme »117. En France, dès la Révolution apparaissent des fêtes civiques et un culte laïque des grands hommes dictés par le législateur. Elles posent les bases de toutes les cérémonie républicaines qui font naitre des

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117 Bernard Accoyer, op.cit., p. 11

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représentation essentielles à l'affermissement d'un pouvoir nouveau qui a besoin d'une symbolique pour montrer sa présence et se définir une nouvelle légitimité.

Comme l'écrit Bernard Accoyer: « Révolutionnaire, la fête l'est dans la mesure où elle prétend remplir à elle seule les trois fonctions des anciennes festivités : à la fois politique par son contenu, religieuse par son déroulement liturgique et populaire à travers son projet pédagogique. Au contraire du sujet, le citoyen ne peut plus simplement se réjouir d'une inversion temporaire et ludique de la société : il s'élève à mesure qu'il prend connaissance et conscience des efforts accomplis, avant lui et pour lui, par les défenseurs de la liberté. » En ce sens ces premières commémorations sont déjà « mémorielles », car elle prétendent former chez le citoyen le sentiment d'appartenir à une entreprise historique régulée par le cycle des commémorations et guidée par l'exemple des ainés dont sera conservé la « poussière et la trace de leurs vertus » selon l'expression de la Marseillaise.

La Convention notamment fut particulièrement prolifique en terme de fêtes civiques: fête de la Fraternité, de l'Hospitalité, de la Régénération, de la Raison, des Victoires, de l'Être Suprême. Comme le remarque Bernard Accoyer, « dans les fêtes votées par les conventionnels, la confusion de l'historique, de l'artistique et du politique est totale »118, les artistes mettent en scène une histoire imaginaire pour les besoins du moment à la demande des conventionnels, David, à la fois peintre et député, administre le tout.

Parallèlement à la mise en place des commémorations, le législateur crée les premiers monuments mémoriels républicains: l'Eglise Sainte-Geneviève devient le « temple de la patrie » en 1791 sous le noms de Panthéon français. Les statuts et autres représentations des précurseurs de la pensée révolutionnaire ou des grands acteurs de la période commencent à être édifier un peu partout dans les espaces publics.

Lorsque en 1880, les républicains enfin revenus au pouvoir décident de créer une fête patriotique et républicaine, ils choisissent la date du 14 juillet, date d'une prise de la Bastille qui pour ses contemporains n'avait pourtant pas été perçue comme un événement décisif si on en croit la célèbre phrase du journal de Louis XVI: « aujourd'hui il ne s'est rien passé » et qui devient dès-lors le centre d'une attention et d'analyses historiques poussées qui lui donne un rôle de tournant de la Révolution en partie exagéré. Mais la célébration de la Révolution n'est pas exclusive d'autres hommages ; à l'imitation de leurs grands ancêtres justement, les parlementaires veulent fonder, par la loi, leur volonté

118 Bernard Accoyer, rapport, p. 15

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d'honorer les grands hommes de leur temps. Dès lors rien ne borne le domaine d'intervention de la loi, celle-ci comprise comme l'expression de la volonté générale. Le Parlement intervient de manière protéiforme, à travers les hommages aux morts, les hommages aux vivants, les mesures réparatrices et commémoratives. C'est ce que Pierre Nora appel « l'ère des commémorations »119, devant à la fois, selon la conception de Rousseau, « toucher le coeur »120 et instruire les participants.

Monseigneur Darboy et les otages de la commune, Louis Blanc, Gambetta, le président assassiné Sadit-Carnot, Félix Faure reçoivent du Parlement des funérailles nationales, la loi y fixe la participation symbolique et matérielle de l'Etat. Les « panthéonisations » reprennent de l'importance avec l'entrée de Hugo, de Zola, de Gambetta parmi « les grands hommes ».

La Première guerre mondiale marque la naissance de nouvelles commémorations. Avec la loi du 2 juillet 1915 instituant la mention « Mort pour la France » commence le « cycle du souvenir »121, rapidement enrichi par les lois d'octobre 1915 relatives à « la commémoration et à la glorification des Morts pour la France au cours de la Grande Guerre » ou encore la loi du 8 novembre 1920 qui ordonne l'inhumation d'un soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

Globalement la loi s'est auto-attribuée de nombreux pouvoirs relatifs à la mémoire: pouvoir de fixer les dates des commémorations, cérémonies, annuelles ou ponctuelles, et jours fériés, pouvoir de créer des monuments tel le Sacré-Coeur ou de leur donner un statut particulier, pouvoir de conférer des honneurs spéciaux et des récompenses (médailles, titres, pensions à vie) à des individus ou des groupes de personnes, pouvoir d'ouvrir des crédits spéciaux pour réparer les conséquences d'un événement historique et ainsi en effacer les conséquences, comme ce fut le cas pour le Coup d'Etat de Napoléon III de 1851 et la Commune de Paris de 1870. Plus récemment, notamment avec la loi du 4 janvier 2002 qui crée le label « musée de France » et la création d'un Code du patrimoine en 1978 le Parlement a distingué un statut particulier qui renforce la protection des biens à valeur mémorielle.

Au final on peut distinguer trois « compétences mémorielles » du législateur : une compétence commémorative, une compétence statutaire, une compétence réparatrice.

119 cité par Patrick Garcia, op.cit., p. 33

120 cité par P. Garcia, ibid., p.33

121 B. Accoyer, op.cit., p. 16

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En plus de ces trois compétences les parlements possèdent un pouvoir politique déclaratif, traduit généralement dans des actes qualifiés de « résolutions » ou de « déclarations ». En France, la Vème République ne prévoyait pas jusqu'à la réforme constitutionnelle du 23 Juillet 2008 la possibilité pour le Parlement d'émettre ce type d'actes déclaratifs, ce qui l'a poussé à utiliser la loi ordinaire pour exercer ce pouvoir politique. Il en résulte l'aberration juridique des lois non-normatives condamnée par le Conseil Constitutionnel français dans sa décision n°2006-203 I du 31 janvier 2006.

Si on observe les lois mémorielles récentes et litigieuses on s'aperçoit que certaines obéissent à ces compétences ou sont des déclarations. La loi Badinter de 1985 instituant la mention « Mort en déportation » relève de la compétence statutaire. La loi du 29 janvier 2001 relative à la reconnaissance du génocide arménien de 1915 est purement déclarative avec son article unique qui dispose que : « La France reconnaît publiquement le génocide arménien ». La loi Taubira de 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité a principalement une porté déclarative. Elle comporte aussi des objectifs commémoratifs en fixant notamment des modalités pour l'organisation de cérémonies dans les Départements et Collectivités d'Outre-mer, ainsi qu'au niveau international car elle établi une requête en reconnaissance de crime auprès du Conseil de l'Europe et de l'Organisation des Nations Unies visant à l'institution d'une date internationale de commémoration. Seul l'article 2 de cette loi est controversé car il dispose que les programmes scolaires et les programmes de recherche en sciences humaines accorderont à la traite négrière et à l'esclavage « la place conséquente qu'ils méritent » - on verra plus loin que le législateur a dépassé dans cet article son champ de compétence. La loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés », qui est en partie une réponse partisane à la loi précédente, relève en grande partie du pouvoir déclaratif et de la compétence de réparation car elle alloue des aides financières à ces victimes d'une décolonisation brutale. Là encore seul un article, le 4, est véritablement controversé, il prévoit que:

« Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite.

Les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, et accordent à l'histoire et aux

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sacrifices des combattants de l'armée française issus de ces territoires la place éminente à laquelle ils ont droit.

La coopération permettant la mise en relation des sources orales et écrites disponibles en France et à l'étranger est encouragée. ».

Cet article, dont l'alinéa 2 a été déclassé au rang de norme réglementaire par le Conseil Constitutionnel dans sa décision n°2006-203 I du 31 janvier 2006, pour ensuite être abrogé par le décret n°2006-160 du 15 février 2006, relevait là encore d'un abus de compétence et reste critiquable en particulier pour son alinéa 1 qui, lui, reste en vigueur.

La loi espagnole « par laquelle sont reconnus et élargis des droits et sont établis des mesures en faveur des personnes ayant souffert de persécution et de violence durant la guerre civile espagnole » de 2007 122 , plus généralement appelée Loi de Mémoire historique, est quant-à-elle une loi principalement de réparation, avec des effets statutaires et commémoratifs, ainsi qu'une portée déclarative sans équivoque. Elle permet la révision sur demande de tous les procès réalisés par les tribunaux franquistes, étend la réparation financière déjà existante pour les victimes du franquisme, établit la participation de l'Etat espagnol dans la localisation, l'identification et l'éventuelle exhumation des républicains disparus et souvent enterrés dans des fosses communes. Elle permet aux anciens membres des « brigades internationales » et aux descendants de républicains en exil d'obtenir la nationalité espagnole et comporte un volet commémoratif, en établissant un statut particuiler pour le Valle de los Caidos, mais aussi un volet « anti-commémoratif » lorsqu'elle impose le retrait des symboles du pouvoir franquiste.

Avant d'étudier la spécificité des lois relatives au négationnisme on peut observer le rôle des autres producteurs de droit.

Par le pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif et notamment le chef de l'Etat a toujours eu dans le domaine

122 « Ley por la que se reconocen y amplían derechos y se establecen medidas en favor de quienes padecieron persecución o violencia durante la Guerra Civil y la Dictadura » (« Loi par laquelle sont reconnu et élargis des droits et sont établis des mesures en faveur des personnes ayant souffert de persécution et de violence durant la guerre civile espagnole » traduction personnelle), adoptée par le Congrès des députés (chambre basse espagnole) le 31 octobre 2007

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mémoriel un rôle solennel et déclaratif particulièrement important. C'est le Président ou le Premier ministre d'une démocratie qui participent aux plus grandes commémorations et les animent. C'est dans les discours et les attitudes des membres du gouvernement qu'apparaissent certaines reconnaissances ou repentances mémorielles comme on l'a vu pour l'Allemagne avec le Chancelier Willy Brandt en 1970, ou comme le Premier ministre Lionel Jospin l'a fait en France vis-à-vis des mutins de 1917 dans un discours prononcé le 5 novembre 1998 sur le plateau de Craonne.

Le discours d'un Président peut aussi inspirer une loi. Celui de Jacques Chirac le 16 juillet 1995 est à l'origine de la loi française du 10 juillet 2000 « instaurant une journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux Justes de France », mêlant repentance et hommage.

D'autre part l'exécutif est à l'origine de la création d'une grande partie des monuments, mémoriaux et musées nationaux. A caractère d'établissement public, généralement en régie, ils sont gérés et entretenus par les services de l'Etat, et dépendent pour leur grande majorité des ministères de la Culture.

Enfin, c'est l'exécutif et notamment les ministères de l'Education qui définissent les programmes scolaires et les contenus pédagogiques des enseignements à contenu mémoriel: histoire mais aussi français, géographie ou éducation civique. Si dans les démocraties européennes les parlements peuvent parfois comme en France poser les principes fondamentaux de l'enseignement, confier à l'exécutif la définition des programmes est essentiel pour les dépolitiser le plus possible en confiant leur élaboration à des professionnels et en laissant au Parlement le rôle de contrôler leur neutralité a posteriori, dans son rôle d'évaluateur des politiques gouvernementales.

Par les pouvoirs locaux

L'importance des pouvoirs locaux dans l'encadrement et l'institutionnalisation de la mémoire est centrale. Parce que ce sont eux qui mettent en oeuvre les commémorations nationales, parce qu'ils organisent des commémorations locales mais aussi parce qu'il créent une mémoire institutionnelle au quotidien dans le choix des noms de rues et de bâtiments publics, dans la création de musée, de mémoriaux et de centres culturels ou dans le financement de projets et de sorties scolaires, ils sont « le point d'ancrage « naturel »

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des commémorations et les premiers animateurs » 123 des politiques mémorielles.

Comme l'a déclaré André Kaspi dans son audition par la Commission de l'Assemblée: « Chaque commune est dépositaire d'une histoire, chaque région est pourvue de lieux de mémoire ; toutes doivent être animées par la volonté de développer le sentiment identitaire. C'est à partir de cette réalité parlante et émouvante, témoignage de l'existence d'une mémoire locale et régionale inscrite dans la mémoire nationale, que les esprits des jeunes pourront être formés. »124

La Commission française de réflexion sur la modernisation des commémorations publiques a ainsi proposé dans la conclusion numéro 3 de son rapport125 de renforcer ce rôle mémoriel des autorités décentralisées et de faire passer à l'échelon local une partie de la surcharge de commémoration qui a envahi la vie publique nationale.

De façon croissante, par les institutions internationales

Les institutions internationales jouent aussi un rôle dans la protection et l'encadrement des mémoires.

Tout d'abord, et comme les gouvernements ou parlements nationaux elles peuvent faire des déclarations politiques sur le passé. Par exemple le Génocide arménien a été reconnu par la Sous-commission des Nations-Unies pour la prévention des discriminations et la protection des minorités dès le 2 juillet 1985, par le Parlement européen le 20 juillet 1987 et par le Conseil de l'Europe le 24 avril 1998.

Les organisations internationales peuvent aussi être à l'origine de commémorations comme l'a fait l'Assemblée générale des Nations Unies en adoptant en novembre 2005 une résolution pour que le 27 janvier devienne la « Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste ».

Une compétence statutaire leur a aussi parfois été attribuée, c'est le cas notamment pour l'UNESCO avec les classements au « Patrimoine mondiale de l'Humanité » mis en place par la Convention Concernant la Protection de l'Héritage Culturel et Naturel Mondial, le 16 novembre 1972, qui protège déjà en Europe plusieurs centaines de sites

123 B. Accoyer, op.cit., p. 131

124 A. Kaspi cité par B. Accoyer, op.cit., p. 131

125 Rapport de la Commission de réflexion sur la modernisation des commémorations publiques présidée par André Kaspi, rendu public le 12 novembre 2008, p. 9

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considérés comme ayant une valeur culturelle et mémorielle centrale. Depuis 1992 le programme « Mémoire du monde » est venu compléter ce classement avec un registre de patrimoine documentaire qui comprend des nombreuses oeuvres, bibliothèques et archives européennes et cherche à les protéger mais aussi à les valoriser pour le grand public.

En Europe, les institutions de l'Union et du Conseil sont très actives dans le domaine mémorielle. Parce qu'elles cherchent à valoriser la coopération et la citoyenneté européenne, elles mettent en avant la mémoire européenne et le multiculturalisme en produisant notamment des recommandations aux Etats européens sur le contenu et la forme de leurs commémorations et de leurs enseignements. On peut donner un exemple qui a beaucoup aidé à la réalisation de ce mémoire: le Conseil de la coopération culturel du Conseil de l'Europe a lancé en 1999 un projet « Apprendre et enseigner l'histoire de l'Europe du XXème siècle » qui a donné lieu à des travaux et des rencontres nombreux et riches ainsi qu'à de nombreux documents de conseil pédagogique et à une liste de recommandations aux Etats membres126.

Enfin, un rôle considérable des institutions internationales, propre actuellement au Conseil de Sécurité des Nations Unies et à la Cour Pénale Internationale, est la qualification juridique de certains faits comme les « Génocide » ou les « Crime contre l'humanité ».

Cette qualification, qui confère un statut spécifique aux faits entraine une protection particulière de leur mémoire comme on l'a déjà vu et comme on va le développer plus loin.

On peut donc considérer que l'intervention des producteurs de droit dans le domaine mémoriel est généralisée. Chaque niveau d'autorité politique et réglementaire cherche à la fois à fonder et émanciper tout en les équilibrant les différentes mémoires, et à produire une mémoire institutionnelle conforme à ses objectifs. Cet encadrement se produit sous la forme d'actes divers, souvent sans normativité juridique, mais créant des normes d'action et de pensée qui deviennent des institutions.

La répartition des compétences et pouvoirs relatifs à la mémoire entre les différentes autorités n'est pas un débat négligeable, le fait de priver un parlement de prérogatives en matière mémorielle a pu conduire en France à un détournement de la loi à des fins déclaratives qui a eu raison d'inquiéter la communauté historienne. Ce genre de dérive où sont confondus pouvoir politique et pouvoir législatif du parlement est particulièrement

126 Rec(2001)15 du 31 octobre 2001

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dangereux car il fait courrir le risque de la création d'une « histoire d'Etat » là où il n'y avait qu'une intention de positionnement sur l'histoire de la part des parlementaires.

Il est donc à la fois important de confier une responsabilité aux parlements dans la politique commémorative, notamment la fixation des grandes dates de commémorations nationales et en même temps de laisser les autres acteurs politiques jouer un rôle mémoriel conséquent, chacun à son échelle et de telle sorte que soit protégées la liberté de l'enseignement et les libertés d'initiative locales.

On va voire maintenant que le cas du négationnisme relève d'un domaine très particulier de la protection des mémoires qui a pu justifier le recours à la loi et à la répression juridique la plus lourde, le pénal.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway