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La persistance de l'insalubrité à  Kinshasa: de la coercition à  la conscientisation. Une approche de la communication pour le changement de comportement

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par Guillaume-Trésor Kakesa
Université catholique du Congo - Diplôme de licence en communication sociale option marketing et relations publiques 2012
  

Disponible en mode multipage

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Epigraphe

Aucun développement n'est possible sans changement et ce qu'il faut changer c'est l'homme, l'être au centre de tout agir !

Guillaume-Trésor Kakesa

Dédicace

A l'Eternel Dieu Tout Puissant, de qui nous vient tout réconfort

A ma mère Evelyne Mbumba

A mon frère Léonard Kakesa et à son épouse Sylvie Mbangala

Pour leur soutien incommensurable au prix de multiples sacrifices.

Guillaume-Trésor Kakesa

Remerciements

Ce travail de fin d'étude est le couronnement de nos cinq années d'apprentissage au sein de l'Université Catholique du Congo (UCC), lesquelles a connu un dynamisme collectif pour que cette étape soit franchie.

Ainsi, avant d'entamer le vif du sujet, qu'il nous soit permis de nous acquitter d'un devoir, celui d'exprimer notre gratitude à l'égard de tous ceux, de près ou de loin, de l'une ou de l'autre manière, nous ont tendu leur main durant ce cursus académique.

Parmi ces âmes bienveillantes, nous citons ici, le Professeur Abbé Joseph Baambe A Mboyo qui a dirigé ce travail avec sympathie, patience et rigueur scientifique. Quel mot dire ? Il est maître et modèle.

Remercions très chaleureusement monsieur l'Assistant Pudens Malibabo, ses contributions combien louable ont permis de nourrir ce travail.

Nous ne pouvons passer sous silence les efforts que les Professeurs et Assistants de l'UCC ont fournis durant notre parcours académique. Qu'ils retrouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.

Que tous les miens trouvent dans ce travail un motif d'honneur et de fierté. Mention spéciale, à Marie-Jeanne Mububu, Célestine Mububu, Suzanne Mububu, Félicité Mububu, Jean Mububu, Monique Mububu, Pacifique Mundanda, Marien Mundanda, Marina Mundanda, Clarisse Kayongo, Don-Félix Masumu, Petit Don Mbiyavanga, Laurianne Mbiyavanga, Plamedi Mbiyavanga, Parfait Mbiyavanga, Cadette Kakesa, Mbudjo Kakesa, Pika Kakesa, Sublime Kakesa, Gaël Kakesa, Samuel Zinia, Jeanine Lukundu, Merveille Tikana, Divin Tikana, Noëlla Tikana et vous tous.

A nos inséparables, Géu lord Longo, Jacques Ngbondu, Fabien Ntwa, Abbé Guy Masieta, Soeur Mireille Kasongo, Soeur Véronique Engbondu, Soeur Liliane Makengo, Elysée Kembe, Bernadette Musela, Laetitia Matombe, Grace Wele, Yvette Masengu, Sonia Kutonda, Cynthia Kambamba, Judith Mokulayanga, Bernadine Mangoyo, Chancelvie Makengo, Prisca Mushiya, Junny Bashimbe, Esther Kiombo, Tony Ekoto, Victor Kuwa, Marcellin Kalombo, Yvon Tshimwanga, Glaudyshia Limbembe, Jean-Claude Matiti, Panacée Matiti, Ruphine Tudienu, Didi Dikwa, Gué lord Kwambamba, Chrisosphère Buende pour tous ce que vous représentés pour moi.

Que Jean-Paul Modiala et Blondine Kapungu, Nzulain Kayata, famille Mwanatanga, Dr Michel Lama, Samuel Lama et Sandra Jibikilayi, trouvent à travers ces quelques lignes, l'expression de notre reconnaissance.

Enfin, que tous ceux qui, bien que n'ayant pas été cité nommément, se sont dévoués et déployés sans compter pour la réussite de nos études et la réalisation de ce travail, soient rassurés de notre profonde gratitude et qu'ils sachent que leurs noms sont gravés infiniment sur la feuille de notre coeur.

A tous et à chacun, nous disons un grand merci !

Guillaume-Trésor Kakesa

Abréviations

CCC : Communication pour le Changement de Comportement

IEC : Information Education Communication

JMPR : Jeunesse du Mouvement Populaire pour la Révolution

MICS2 : Multiple Indicator Cluster Surveys 2

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

PNA : Programme National d'Assainissement

PTC : Plan du Travail Créatif

RDC : République Démocratique du Congo

SIC : Sciences de l'Information et de la Communication

TRIVAC : Trier Recycler Incinérer Valoriser et Communiquer

UCC : Université Catholique du Congo

UPN : Université Pédagogique Nationale

0. INTRODUCTION GENERALE

0.1. Problématique

De nos jours et de par le monde, les questions sur l'environnement restent d'une actualité brulante. A Kinshasa, l'évolution de l'insalubrité et la dégradation de la nature ont pris des proportions inquiétantes. Profondément enraciné, cet état de choses a plongé les gens dans une insensibilité sans précédent et est devenue un épiphénomène.

Jadis appelé « Kin-la-belle », cette appellation est loin d'être une réalité aujourd'hui. « Kin-la-belle n'est qu'un lointain souvenir dans le langage du kinois... »1(*), en lieu et place de « Kin-la-poubelle ».

Du nord au sud, de l'est à l'ouest, la capitale congolaise ressemble à ce jour à une décharge publique, où les collines d'immondices se rivalisent avec des nappes d'eaux stagnantes, un véritable gîte des moustiques.

Artères et lieux publics, espaces verts, rigoles et caniveaux, rien n'est épargné par ce fléau. Curieusement, tout autour de ces endroits impropres se déroule des intenses activités commerciales. Par conséquent, derrière cette insalubrité se colle la présence accrue des maladies endémiques telles le paludisme, la typhoïde, la dysenterie, la verminose... qui sont devenues des cantiques de diagnostics médicaux à Kinshasa.

Eu égard à ce qui précède, l'évaluation générale de l'insalubrité à Kinshasa, a conduit les autorités provinciales a souhaité un changement de mentalité, pour limiter la montée en vitesse de cette situation, afin de sauvegarder l'homme et son espace vital.

Ainsi, à travers diverses occasions, l'Hôtel de ville a tenté de restaurer la salubrité dans la ville de Kinshasa. Les gouverneurs André Kimbuta, Jean Kimbunda et bien d'autres dans le passé, ont tour à tour lancé les opérations « Kin bopeto »2(*), « Opération coup de poing etc.».

Ces différents programmes d'assainissement ont mis en contribution des bulldozers pour démolir les étalages des commerçants, des garages de fortune installés sur les voiries publiques. Et récemment, un « Salongo »3(*) obligatoire a été décrété chaque week-end de 7 heures à 10 heures, par l'arrêté n°SC/088 du 10 mai 2010, portant sur mesures collectives d'assainissement à Kinshasa.

Pour pérenniser la salubrité dans la ville, cette loi a sollicité l'implication effective de toutes les autorités municipales ainsi que celles de la Police. Bien plus, elle a prévu des « sanctions financières à l'égard des contrevenants, allant de 5 à 100 dollars américains pour les maisons d'habitations, de 100 à 1000 dollars américains pour les maisons commerciales et des services et de 1000 à 10.000 dollars américains pour les industries. Et en cas de récidive, l'amande sera portée au double du montant originel »4(*).

Passant au comble le bilan de ces approches, tous les esprits s'accordent à première vue qu'en dépit des multiples mesures de renforcement aux opérations d'assainissement et la présence de certaines structures de salubrité, l'état de lieu de l'insalubrité à Kinshasa reste lamentable. Le volume de déchet ne fait qu'augmenter et leur gestion devient de plus en plus complexe.

A en croire cette observation, rien ne semble avoir réussi. Cet échec peut être considéré comme un effet de rejet par la population des contraintes qui pèsent sur elle pour assainir l'environnement. D'où l'essence même du conflit qui s'instaure entre les administrateurs et les administrés autour de la question de la salubrité de la ville de Kinshasa.

Mais il s'avère important de dépasser cette dimension factuelle pour finalement chercher les raisons de la réfraction populaire par rapport aux décrets sur le changement de comportement visant l'assainissement de l'environnement à Kinshasa. Partant du postulat selon lequel, un environnement sain garantie une santé publique saine, une question s'impose à ce niveau : Nonobstant la communication de l'Hôtel de ville articulée en décret, pourquoi les kinois ne s'engagent pas dans l'assainissement de leur milieu de vie ? Pour répondre à cette question, nous serons amener à nous rapprocher des concernés et à nous entretenir avec eux.

0.2. Hypothèse

Tout changement voulant s'inscrire dans le temps, s'enracine dans une communication participative et éducative. Ceci, pour aider les gens à franchir le pas jusqu'au déclenchement d'un engagement responsable et intériorisé.

Tout compte fait, la persistance de l'insalubrité à Kinshasa s'explique par l'absence d'une information utile et pertinente pouvant susciter l'adhésion, à côté desquelles l'on pourrait associer le manque d'organisation et de considération à l'égard du public.

Cependant, la logique de tout développement durable prend sa force dans une approche participative, cherchant à construire ensemble tout d'abord sur le plan d'idées et enfin sur le plan d'actions.

0.3. Méthodes et techniques

L'élaboration de tout travail scientifique nécessite une ou des méthodes de recherche. Constituer par un ensemble de « manières de faire », cette démarche ne rien d'autre que l'itinéraire qu'emprunte un chercheur afin de bien atteindre son objectif. Ainsi, pour tenter de creuser notre problématique, ce travail fait recourt à l'approche ethnométhodologique.

Par définition l'ethnométhodologie est « une science pratique des pratiques humaines, qui permet d'appréhender les réalités sociales  là où elles s'expriment et se  produisent »5(*).

Selon Alex Mucchielli6(*), l'expression « ethnométhodologie », n'est pas à être entendu comme une méthodologie spécifique de l'ethnologie, ni comme étant une nouvelle approche méthodologique de la sociologie. Dans ce concept, « ethno » désigne le savoir quotidien de la société à la disposition de tout membre, tandis que « méthodologie » renvoie à la mise en oeuvre de savoir-faire et des procédures profanes par ces membres.

Fondé par Harold Garfinkel, l'ethnométhodologie est donc l'étude du « raisonnement sociologique pratique », c'est-à-dire une connaissance savante construite par les sociologues à partir des connaissances profanes du monde social. En accordant aux activités banales de la vie quotidienne la même attention qu'on accorde habituellement aux événements extraordinaires, l'ethnométhodologie cherche à les appréhender comme des phénomènes de plein droit.

Et prenant distance de la sociologie de Durkheim qui considère l'individu comme un idiot culturel, c'est-à-dire qui produit la stabilité de la société en agissant conformément à des alternatives d'actions préétablies et légitimes que la culture lui fourni, Garfinkel stipule que, les faits sociaux ne s'imposent pas aux individus. Entre une règle ou une instruction et leur application par les individus s'ouvre un immense domaine d'interprétation.

L'individu est capable d'analyser une situation et de réagir en conséquence, grâce à la connaissance qu'il incarne.

Dans ce même élan, le choix de cette approche dans notre réflexion, s'inscrit dans le but de mettre sur la table la problématique de l'insalubrité, la disséquer pour trouver les causes réelles de la persistance.

Bien entendu, la réalisation de ce travail nous renvoi aussi aux techniques vivantes d'une part et non vivantes d'autre part. La technique vivante notamment l'entrevue entendu comme « un dispositif de face à face où un enquêteur a pour objectif de favoriser chez un enquêté la production d'un discours sur un thème défini dans le cadre d'une recherche »7(*), viendra en appui à l'approche ethnométhodologique. Grâce à un jeu d'échange, la technique vivante va tenter d'entrer dans la pensée des interlocuteurs pour dégager le sens assigné à l'approche contraignante comme politique d'intervention pour rétablir la salubrité. Bien au de là, il sera aussi question de recueillir les suggestions en lieu et place de l'actuelle stratégie. Par ailleurs, la technique non vivante ou documentaire quant à elle, nous permettra de recourir spécialement aux ouvrages et autres documents relatifs à ce sujet afin de réunir les opinions de divers auteurs.

0.4. Cadre théorique

D'après Kuhn, le cadre théorique  « sert donc en partie à justifier la « scientificité » d'une recherche et à légitimer celle-ci dans un paradigme reconnu selon le fonctionnement de la science normale »8(*). Il a comme objectif d'insérer une problématique particulière dans un ou plusieurs systèmes d'explications reconnu par la communauté scientifique. Il consiste à cimenter en quelque sorte l'orientation définitive de la recherche.

Dans cette optique pour mieux murir notre réflexion, le présent travail marche sur les traces de la communication pour le changement de comportement (CCC). Nous allons y revenir en long et en large dans la deuxième section du premier chapitre.

0.5. Délimitation du sujet

Le sujet dont il est question ici est limité principalement aussi bien dans le temps, dans l'espace que dans la matière. Quant à la délimitation temporelle, la présente étude est focalisée sur la période de l'entrée en vigueur de l'arrêté n° SC/088 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa à nos jours.

Concernant la délimitation spatiale, notre cadre de recherche correspond à la limite provinciale de la ville de Kinshasa et précisément dans le quartier Kingasani, ceci dans le souci de circonscrire le champ de notre d'étude. Et partant de la délimitation sur la matière, celle-ci s'atèle sur les causes de la persistance de l'insalubrité.

0.6. Intérêt du sujet

En focalisant notre recherche sur les méthodologies des Sciences de l'Information et de la Communication (SIC), notre principal intérêt consiste à doter à tout partisan de changement de comportement, un dispositif lui permettant à bien entrer dans les âmes des individus avec une communication ayant à la fois une valeur de message et un facteur de reliance ou de rapprochement.

Au demeurant, notre motivation n'est pas seulement pour de raison d'actualité que revêt ce sujet, mais aussi et surtout parce que nous sommes tous concernés en tant que membre effectif de cette société qui s'enfonce de plus en plus dans l'inconscience. C'est donc pour nous, une façon de rendre chacun responsable à son niveau. Car, l'insalubrité vue comme une préoccupation secondaire en ce jour, elle est par conséquent une menace lointaine.

0.7. Division du travail

Hormis l'introduction et la conclusion générale, notre travail est subdivisé en trois chapitres. Dans le premier chapitre intitulé : « Clarification des concepts opératoires  et cadre théorique», il sera question de définir et d'approfondir les différents concepts qui constituent l'assise de notre dissertation afin de mieux orienter notre analyse. Le deuxième chapitre portant sur la « Classification des déchets et leur impact sur l'environnement et sur l'homme » se penchera à répertorier les différents types de déchets et à démontrer leurs méfaits. Et le troisième chapitre reposera sur « L'analyse des mécanismes explicatifs de la persistance de l'insalubrité à Kinshasa », tout en cherchant à établir le rapport entre individus et faits.

CHAPITRE I : CLARIFICATION DES CONCEPTS OPERATOIRES ET

CADRE THEORIQUE

Comme toute oeuvre de conceptualisation, le travail scientifique revêt dans son essence, un sémantisme caché. De l'usage courant à l'usage spécifique, le vocabulaire d'un système langagier est souvent porteur d'une multiplicité de sens. Ainsi, la pluralité de signification d'un même mot peut se présenter comme obstacle à la réussite de la communication.

Restant dans cet angle, notre effort dans le présent chapitre, consiste à esquisser les principaux concepts sur lesquels se fondent notre réflexion afin de casser toute polysémie sémantique. Dans un premier temps, nous allons passer en revue les vocables de communication, coercition, communication coercitive, conscientisation, résistance, changement et autres sous-jacent. Puis, nous finirons par un aperçu de la théorie sur laquelle se cimente cette étude notamment, la communication pour le changement de comportement (CCC).

SECTION I : CLARIFICATION DES CONCEPTS OPÉRATOIRES

I.1. La communication

La communication est d'évidence une réalité omniprésente. Elle est produite et transmise d'une manière ou d'une autre par toutes les espèces. En ce sens, elle fait l'objet d'étude de plusieurs disciplines et n'a pas une définition unique.

Pour Jean-Marc Lehu, la communication est « un processus de transmission d'information d'un émetteur vers un récepteur. Elle implique un codage puis un décodage, pour espérer déclencher la réaction recherchée »9(*).

Etymologiquement, le « terme communication renvoie à l'idée de la relation à l'autre (com= avec) »10(*). La communication est ainsi « l'action d'établir une relation avec quelqu'un, ou de mettre quelque chose en commun avec une personne ou un groupe de personnes »11(*).

Pour compléter cette définition, Philippe Cabin et Jean-François Dortier envisagent la communication « comme la participation d'un individu à un système d'interaction qui le relie aux autres »12(*), c'est-à-dire « un mécanisme par lequel les relations humaines existent et se développent »13(*).

Et dans une acceptation plus large, on entend par communication « tous les procédés par lesquels un esprit peut en affecter un autre. A l'évidence, cela inclut non seulement le langage écrit et parlé, mais aussi la musique, les arts visuels, le théâtre, le ballet et, en fait, tous les comportements humains »14(*).

En rapprochant toutes ses définitions, l'on peut retenir toute suite que dans toute communication, il ya nécessairement transmission d'information. Cependant, cette communication n'a pas la vocation d'être un simple échange d'information. Elle est plutôt, le ciment qui lie les hommes, en abolissant les barrières pour unir les passions communes. C'est ainsi que dans une communication un message est à la fois un contenu et une relation, car « la communication n'est satisfaite que si tous les acteurs de la communication sont d'accord sur la nature de la relation »15(*). « La communication n'est donc plus seulement le partage d'une information, elle représente une volonté de changement, elle reflète une intention d'orienter la réalité »16(*).

I.1.1. Type de communication

Toute communication est caractérisée par son type. Et comme évoquer dans les lignes précédentes, la communication intervient aujourd'hui à plusieurs niveaux dans la vie humaine. Mais, pour le cas d'espèce, nous n'évoquons ici que deux types à savoir :

- La communication interpersonnelle,

- La communication institutionnelle.

· La communication interpersonnelle :

Elle s'intéresse aux échanges des informations moyennant l'usage de la parole. Et s'effectue sous forme d'un face à face entre deux ou plusieurs personnes.

Entre humains, c'est la base de la vie en société parce qu'elle est « faite de dialogue et de compréhension mutuelle. C'est sur cette base que se fonde les premières expériences de l'enfant et que se règle les relations entre adultes ; ces échanges supposent un minimum d'égalité et de transparence et visent le bien être et le développement de la personne (relation amicale, relation amoureuse, etc.) »17(*).

· La communication institutionnelle :

C'est le discours « des organisation sur elles-mêmes »18(*). La communication institutionnelle représente « l'ensemble des actions de communication qui visent à développer la notoriété de l'entreprise et, dans un second temps à améliorer puis à entretenir son image »19(*). « Il s'agit de faire connaître l'organisation, d'identifier ses activités et de donner une bonne image d'elle-même, à ses publics tant externes qu'internes »20(*). « La communication institutionnelle confère à l'entreprise le statut lui permettant ainsi à mieux s'intégrer dans son environnement. « C'est l'acte par lequel les entreprises occupent pleinement la place qui leur revient dans la société »21(*). Cette communication fait recourt à un certain nombre d'outils en l'occurrence « les relations publiques, les opérations de mécénat et de parrainage »22(*). Son action se déroule par conséquent sur le long terme.

I.1.2. Composantes du processus de communication

En dehors de son type, toute communication est aussi caractérisée par ces composantes que résume ici le schéma de communication de Roman Jakobson23(*) :

Dans ce schéma, on peut identifier un destinateur (émetteur) qui émet un message à un destinataire (récepteur). Le message est transmis grâce à l'existence d'un code (la langue) partagé par les deux participants qui, pour qu'il y ait transmission d'informations, doivent obligatoirement entrer en contact (un contact qui suppose une connexion physique et psychologique). L'ensemble s'inscrit dans un contexte.

· Emetteur : Toute communication provient d'une source, cette source est l'émetteur. La réussite ou l'échec de la communication dépend en partie de cette source.

Pour ce faire, il devra disposer des informations suffisantes sur ses destinataires, il devra savoir coder son message en fonction du décodage de l'autre et maîtriser les techniques de transmission du message.

· Message : C'est le contenu de la communication. Il comprend les informations transmises et les symboles codés par l'émetteur qui donnent des significations particulières pour qu'elles soient interprétées dans le sens qu'il a voulu leur donner. Plus l'écart entre le message émis et l'interprétation faite à la suite de sa réception est grand, plus la communication est défectueuse. Ainsi, un message a davantage de chance d'être compris et accepté s'il s'inscrit dans le champ d'expérience de l'émetteur et du récepteur.

· Récepteur : C'est celui à qui le message est destiné, auprès de qui l'émetteur tend à susciter une réaction. Lors de la réception du message transmis, le récepteur essaie de traduire les informations reçues sous forme de significations comprises et interprétées.

· Code : C'est l'ensemble de conventions permettant de produire les messages. Quand l'émetteur et le récepteur poursuivent les mêmes objectifs et partagent les mêmes codes, la communication a plus de chance d'être efficace.

· Canal : C'est le médium, moyen pour véhiculer les messages de l'émetteur au récepteur.

· Contexte : C'est le cadre dans lequel est produit un acte de communication. Cet environnement de la communication peut être la famille, l'école, l'entreprise ou toute situation sociale, comme la réunion entre amis, etc. et peut générer du bruit, ou être source d'interférences. C'est donc le contexte qui donne le sens de l'échange.

De ce qui précède, la communication n'est pas une démarche unidirectionnelle. Elle est plutôt circulaire et interactive. Elle se fonde sur le réajustement mutuel, grâce au feed-back.

ü Feedback :

Mais on ne peut pas penser la communication sans feed-back ou rétroaction qui est la réaction du récepteur au message reçu. Le feed-back permet de vérifier que le message a atteint son but ou non, a été compris ou pas. Le cas échéant, il tend à apporter des réajustements pour garantir une compréhension mutuelle. Grâce à l'élément du feed-back, la communication interpersonnelle se réalise suivant un processus dynamique et assure un « va et vient » qui place l'émetteur et le récepteur en interaction continue pour atteindre le même objectif24(*).

Ceci dit, la communication mérite ainsi d'être considérée ici non pas comme une somme d'éléments, mais plutôt comme un ensemble dynamique qui doit être maniée avec beaucoup de précaution. En ce sens, « elle est un processus complexe. La notion de complexité n'est pas à confondre avec celle de compliqué. Elle repose sur l'idée d'imprévisibilité, c'est-à-dire un sens imprévu peut surgir au sein du système »25(*).

I.2. Coercition

La coercition est l'action de contraindre quelqu'un, afin de le pousser à agir sous une influence. C'est concept à un sens beaucoup plus péjoratif dans les relations humaines car, il vise à étouffer la marge de la liberté relativement à ce que l'on est censé faire volontaire.

Dans un processus de changement sous l'angle de l'approche coercitive, on « estime que ce qui gouverne le comportement des humains, c'est la loi naturelle fondant l'organisation sociale, et en vertu de laquelle les moins forts doivent céder aux plus forts »26(*). En d'autres termes, dans une démarche d'influence, ceux qui ont moins de pouvoir doivent céder devant ceux qui en ont plus.

I. 3. Communication coercitive

C'est une communication injonctive où l'on exclue toute marge de coopération. Le rapport caractérisant une situation de communication coercitive est celui de force. Tout s'édicte. Cette communication est perçue non pas comme un moyen d'échange, mais plutôt comme un instrument de renforcement du pouvoir ou encore comme un simple outil permettant à l'émetteur du changement d'énoncer ses décisions.

En s'appuyant sur une définition linéaire, instrumentale de la communication, le changement inscrit dans une dynamique coercitive, mérite d'être qualifié ici d'une approche de la non-négociabilité. Ce type de communication est souvent source de malentendu et d'antagonisme entre les acteurs en situation d'échange.

I.4. Conscientisation

Parler de la conscientisation, c'est comprendre avant tout ce que c'est la conscience. Si le premier concept se présente comme une démarche, le second est par conséquent le résultat à atteindre. De ce faite, la conscience est le « sentiment intérieur qui pousse à porter un jugement de valeur sur ses propres actes »27(*). La conscientisation implique de cette manière la prise de conscience d'une situation quelconque.

Terme se rapportant fréquemment dans le champ éducatif, la conscientisation est définie en quelques mots par Catalina Ferrer et Réal Allard comme « un mouvement personnel qui mène vers la sensibilisation des gens par rapport à la réalité ou aux problèmes vécus dans le monde qui les entoure »28(*). Il est toutefois important de ne pas réduire ce concept à l'acte de sensibiliser. La conscientisation inclut plutôt « une éducation à la compréhension critique de la réalité sociale et environnementale et au sens éthique de la responsabilité »29(*). Ceci demande de l'observation, de la réflexion et du questionnement sur soi, sur l'entourage ou la société que sur l'environnement.

Bien plus, la conscientisation ne s'arrête pas à la compréhension critique d'un problème, mais implique également un engagement pour le changement. Dans cette optique, le défi de la conscientisation est triple :

- Susciter une prise de conscience ;

- Susciter le passage à l'action ;

- Encadrer et vivre l'action30(*).

I.4.1. Finalité de la conscientisation

La conscientisation a comme finalité le changement de comportement durable dans le temps et dans l'espace. Le changement de comportement est à comprendre ici comme un élan intérieur d'un individu ou d'un groupe d'individus, résolument décider à renoncer un comportement considéré comme non cohérent au bon fonctionnement de la vie sociale pour l'acquisition des nouvelles orientations en harmonie avec la société. Pour être réussi, le changement de comportement doit être maintenu et nécessite ainsi une somme considérable de temps, d'effort et d'énergie car, l'individu peut adopter un certain comportement pour l'abandonner au bout de quelques temps.

I.5. Résistance

Le sens premier du mot résistance est attribué d'abord aux choses. Sa première signification provient des sciences physiques et signifie « le phénomène physique qui s'oppose à une action ou à un mouvement. Le faite de résister c'est opposer une force à une autre pour ne pas subir les effets d'une action »31(*).

Tourné vers l'action humaine, la terminologie « résistance au changement » remonte des travaux de Coch et French en 1947. Selon Pierre Collerette, Delisle et Perron, la résistance au changement est « l'expression implicite ou explicite de réactions de défense à l'endroit de l'intention de changement »32(*). Elle est aussi perçue par Edgard Morin comme « des forces qui s'opposent à la réorganisation des conduites et à l'acquisition des nouvelles compétences ou, en d'autres mots, à des forces restrictives »33(*).

De ce qui précède, la résistance au changement est très souvent la réponse à un changement non négocié, suscitant chez l'individu un déséquilibre mental. Ainsi, Kurt Lewin indique que « toute force s'exerçant dans un système provoque une force contraire, qui s'oppose à elle, de façon à maintenir un état quasi stationnaire »34(*). En d'autres termes, la résistance au changement s'alimente pour chercher le sens de l'action et développer certaines méthodes pour y faire face. Comme conséquence, la résistance conduit généralement à l'échec du changement.

I.6. Changement

C'est « toute modification d'un état quelconque à un autre, qui est observée dans l'environnement et qui a un caractère relativement durable »35(*).

Le changement est aussi un « acte par lequel un objet se modifie ou est modifié dans un ou plusieurs caractères »36(*).

Pour ces auteurs, comprendre le changement, c'est tenter de comprendre un ensemble complexe des phénomènes, d'événements, parmi d'autres. C'est en fait tenter d'expliquer un processus continu qui se situe au centre de la réalité des organismes vivants et qu'il est difficile d'isoler entre deux points.

Ainsi, « le mérite d'un changement, n'appartient pas à sa définition, mais plutôt au jugement de celui qui l'observe, dans le sens que la valeur d'un changement est mesurée en terme de progrès et de régression. Le progrès en tant que l'atteinte d'un état plus adéquat par rapport à ce qui existait antérieurement et la régression étant l'inverse (toujours perçue par celui qui l'observe) »37(*).

On peut ainsi « étudier le processus de changement dans les organisations sociales ou dans la structure de la personnalité et s'intéresser aux facteurs qui contribuent à la réalisation de ces processus et ceux qui s'opposent au changement. Les facteurs de la résistance au changement constituent un objet privilégié de ses études »38(*).

I.6.1. Les facteurs de changement 39(*)

La décision d'un individu de modifier ou non son comportement est fonction de différents facteurs. Ces facteurs peuvent favoriser ou constituer un frein au changement souhaité. Ces facteurs sont :

- Les facteurs externes,

- Les facteurs internes.

I.6.1.1. Les facteurs externes

Ce sont les facteurs qui relèvent de l'environnement dans lequel vit l'individu.

· La culture :

C'est l'ensemble des normes, rites, valeurs et habitudes d'une société. Elle consiste en tout ce qu'il faut savoir ou encore croire pour se conduire d'une manière acceptable par les membres de la société. La culture détermine ainsi entièrement ou en partie le mode d'expression et influence les attitudes et les idées de l'acteur social.

En conséquence, le comportement de l'individu se laisse dicter par la culture pour n'est pas être rejeté par la société.

· Les sous-cultures :

Il existe au sein de toute société un certain nombre de groupes culturels qui permettent à leurs membres de s'identifier de façon plus précise à un modèle de comportement donné.

On distingue les groupes régionaux, ethniques et religieux, qui ne partagent pas les mêmes positions et opinions.

· La classe sociale :

Toute société met en place un système de stratification sociale des différentes classes sociales qui sont représentées par des groupes homogènes dont les membres partagent le même système de valeurs, de mode de vie, d'intérêts et de comportements (les jeunes, les femmes, les personnes âgées...).

Dans la vie quotidienne, l'individu est influencé par de nombreux groupes de référence auxquels il appartient (voisins, amis, collègues, associations...). Ces groupes favorisent les relations interpersonnelles et jouent un rôle très important dans la construction du comportement de l'individu. Ils exercent une pression qui tend à rendre l'individu conforme aux modes de comportement et de jugement de groupe.

· La famille :

Le comportement de l'individu est aussi influencé par les membres de la famille. C'est dans la famille que l'individu acquiert certaines attitudes et conduites dans sa vie. L'individu est ainsi formaté par la culture de sa famille.

I.6.1.2. Les facteurs internes

Ces facteurs sont liés aux caractéristiques personnelles et psychologiques de l'individu et conditionnent son comportement. Ils influencent directement ses décisions.

a) Les caractéristiques personnelles :

Elles concernent l'âge de l'individu, son sexe, son niveau d'instruction, son état matrimonial, son occupation professionnelle et constituent des facteurs déterminant le comportement de l'individu.

b) Les caractéristiques psychologiques

· Les connaissances :

Ensemble d'informations dont dispose l'individu à propos d'un sujet quelconque. C'est un préalable à tout changement de comportement individuel. C'est l'étape première de la prise de conscience d'un phénomène.

· La perception

Processus par lequel un individu choisit, organise et interprète des éléments d'informations externes pour construire une image cohérente du monde qui l'entoure.

· Les croyances

Correspondent à un élément de connaissance descriptive qu'un individu entretien à l'égard d'un objet.

· Les attitudes

Résument les évolutions positives ou négatives, les réactions émotionnelles et les prédispositions à agir. C'est une orientation que l'on se donne vis-à-vis d'un objet ou d'une idée.

I.7. Processus de changement

La démarche de changement réfère aux différentes phases qui doivent être franchies pour initier, promouvoir et implanter un changement dans un système, cela pour s'assurer de la matérialité du changement. Plusieurs chercheurs s'étendent pour dire que « l'une des étapes les plus importantes du processus de changement de comportement est l'amorce, et que la difficulté à combattre l'inertie et l'indifférence, causées par les habitudes de vie de l'individu, s'avère souvent la plus grande barrière qui soit rencontrée »40(*).

Analysant de façon globale le processus de tout changement, Pierre Collerette et Gilles Delisle41(*) en se référant à la théorie de Kurt Lewin, souligne que le processus de changement tel que vécu par le système qui change se caractérise par trois étapes plus ou moins distinctes, longues, difficile et intenses selon les personnes et les groupes concernés. Ces étapes sont :

- La décristalisation ;

- Le mouvement ;

- La recristalisation.

I.7.1. La décristalisation

Elle correspond à la période où un système, qu'il s'agisse d'un individu, d'un groupe ou d'une plus grande collectivité commence à remettre en question ses perceptions, ses habitudes ou comportements. Il s'agit ici de déplacer les barrières, de changer les schémas de perception, et de déstabiliser les croyances. Ainsi, cette phase est essentiellement informative, explicative.

I.7.2. Le mouvement

C'est cette phase où le système se rend plus ou moins perméable à de nouveaux modes de comportement. La nécessité de changement étant désormais ressentie, elle traduit un mouvement vers l'exploration des nouvelles pratiques.

La principale tâche de ce stade se focalise sur le déplacement des résistances et la réduction des tentions.

I.7.3. La recristalisation

Les enjeux de cette troisième phase sont essentiellement des enjeux d'intégration, d'enracinement, d'appropriation du nouveau comportement et de l'émergence d'une nouvelle culture. Pour ce faire, il faut créer un nouvel état d'équilibre satisfaisant pour les membres du groupe en cherchant à le consolider chaque fois.

I. 8. Environnement

C'est « l'ensemble des conditions physico-chimique et biologiques qui caractérise un milieu naturel ou artificiel donné et contrôlent les conditions de vie propres à l'ensemble de la communauté des êtres vivants qui le peuplent depuis l'individu isolé, la population, le peuplement, etc. »42(*).

L'environnement constitue le voisinage de l'être humain, de l'animal que du végétal. Cet espace vital est composé des éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels ou artificiels, préconisant une utilisation rationnelle en vue de prévenir les conséquences fâcheuses qui pourront y découler.

I. 9. Santé

La santé est le « fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme humain pendant une période appréciable »43(*). Selon l'O.M.S, la santé est « l'état de complet du bien être physique, mental et social 44(*)».

I.10. Déchet

Le déchet se définit comme « l'ensemble des résidus se présentant sous forme solide, voire liquide [...] qui résulte des diverses activités humaines : domestiques, industriels et agricoles »45(*).

Selon l'Encyclopédie scientifique en ligne, le déchet est « un objet en fin de vie ou une substance issue d'un processus, jugés devenus inutiles ou dangereux ou encombrants, et dont on veut se débarrasser »46(*).

En ce sens, le déchet désigne toute chose ou objet inutilisable et abandonné.

SECTION II : CADRE THÉORIQUE 

La communication pour le changement de comportement (CCC)

La résurgence de certains comportements problématiques en R. D. Congo, pose aujourd'hui le problème de la maîtrise des enjeux de changement de comportement dans sa globalité. Il est à noter de ce fait que, la plupart des programmes de sensibilisation, conçus pour aider les gens à modifier un comportement quelconque, opèrent selon un paradigme d'action qui traite la question de changement de comportement de façon isolée en se limitant au besoin d'information et aux actions visant un changement immédiat. Ainsi, tout porte à croire que pour initier un nouveau comportement, il suffit de produire des émissions radio et télédiffusées, des spots publicitaires et affiches afin de venir à bout du comportement déviant.

Par ailleurs, les récentes études dans le domaine de changement de comportement ont démontré les limites de cette démarche traditionnelle, qui met en avant plan des comportements prêts a adopté et ont ouvert une nouvelle piste de réflexion reposant, sur ce qui peut se présenter comme obstacle au changement de comportement tant au niveau individuel que collectif. Cet effort de chercher à saisir le changement de comportement à travers ses enjeux est comprimé dans l'approche dite de la « communication pour le changement de comportement » ou CCC en sigle.

Il sied de souligner à ce propos que jusque là, la CCC n'a pas encore donné lieu à une littérature abondante en format ouvrage. L'absence d'une documentation essentielle en cette matière, nous a conditionné à nous contenter des informations en ligne exploitées par certaines structures non gouvernementales pour le développement.

a) Définition de la CCC47(*)

La CCC est « un processus interactif et participatif, à double voie, permettant d'échanger des informations, des idées, des connaissances, des opinions et des décisions, en vue de favoriser dans une communauté donnée ou chez certains individus, des changements durables de comportement ou l'adoption de comportements nouveaux concourant à l'amélioration des conditions de vie de cette communauté ou de ces individus ». Elle peut aussi être appréhendée comme « un ensemble de procédés interactifs d'échanges d'idées et d'informations avec un individu ou un public cible en vue de lui permettre de prendre conscience de ses propres problèmes ou besoins prioritaires et d'être acteurs de la résolution de ces problèmes ou besoin »48(*).

La CCC vise ainsi à amener des individus, des groupes ou une population à adopter, à maintenir ou à changer volontairement une attitude et un comportement en vue de l'amélioration de la qualité de leur vie au plan individuel ou collectif.

b) Passage de l'Information Education et Communication (IEC) à la CCC

Ce concept a vu le jour ces dernières décennies où les acteurs de développement ont senti la nécessité d'assurer une plus grande participation des communautés.

« Reposant à l'origine sur les programmes d'IEC, la CCC a succédé à celle-ci en 1980 pour s'inscrire dans une approche plus globale, visant à agir sur les déterminants des changements des comportements »49(*). En tant qu'une « approche globale et intégrée, la CCC va au de là de la simple transmission de messages, de connaissances et d'informations »50(*).

Avec la CCC, il s'agit désormais de :

- Faire une bonne analyse de la situation pour identifier avec les populations les facteurs qui favorisent un changement de comportement,

- Pousser et inciter les populations cibles à l'acquisition de nouveaux comportements,

- Impliquer les populations dans tout le processus de changement de comportement.

Elle a évolué de façon à promouvoir des messages mieux ciblés, favoriser le dialogue et l'appropriation commune du processus.

c) Composantes de la CCC

· Cible : la CCC a comme public cible l'individu, les communautés, les réseaux et les leaders,

· Educateur : dans son intervention, l'agent de la CCC joue le rôle de facilitateur non pas celui de maître,

· Objectif : l'objectif principal de la CCC est de changer le comportement,

· Acception : dans son acception du changement, la CCC estime que les comportements sont influencés par les facteurs socioculturels, d'environnement et des normes sociales.

· Canaux de communication : pour atteindre son objectif, la CCC véhicule sa communication à travers les réseaux sociaux, la communauté, le mass média et les canaux de proximité (les médias traditionnels),

· Technique de communication : la communication de la CCC se passe entre A et B. A et B sont des partenaires, donc égaux.

· Relation entre source d'information et receveur : en CCC, l'émetteur et le récepteur sont des partenaires qui dialoguent.

d) Rôle de la CCC

Le rôle que tend jouer la CCC dans le processus de changement de comportement est multiple, aussi à plusieurs niveaux :

Au niveau des individus, la CCC permet de :

- Susciter l'implication personnelle,

- Accroître ou améliorer les connaissances sur les solutions aux problèmes à résoudre,

- Obtenir une attitude favorable face à une pratique, une idée,

- Combattre les rumeurs,

- Changer, renforcer les pratiques et les comportements conformes aux solutions identifiées,

- Maintenir le bon comportement,

- Rendre l'individu maître de ses décisions,

- Encourager à informer, à persuader et à motiver d'autres individus.

Au niveau de la communauté ou du groupe, la CCC permet de :

- Impliquer la communauté dans le processus d'adoption des comportements désirables,

- Obtenir son soutien en faveur de ceux qui adoptent les comportements désirables,

- Obtenir un changement collectif,

- Rendre la communauté ou le groupe maître de son propre développement.

Au niveau de la société globale, la CCC permet de :

- Accroître la prise de conscience du public sur les problèmes et les solutions de la relation population et développement,

- Sensibiliser les différentes composantes de la société sur les politiques et les problèmes de population,

- Changer les valeurs, les habitudes et pratiques sociales dans le sens de l'intérêt collectif,

- Contribuer à obtenir un appui politique de haut niveau en faveur du programme.

e) Approches utilisées par le CCC

La CCC combine un ensemble d'interventions comportant la communication interpersonnelle, le mass média, les approches de participation communautaire qui tiennent compte des valeurs, du contexte et des relations existantes entre les membres d'une communauté.

f) Domaines d'intervention de la CCC

La CCC sert d'outil ou de stratégie de développement humain dans les domaines suivants :

- Santé (sida, toxicomanie...),

- Planning familial,

- Environnement,

- La promotion de la paix, de la démocratie, etc.

g) Modèles de changement de comportements

Pour promouvoir, renforcer et maintenir un comportement approprié, la CCC repose sur un ensemble des théories de changement de comportement, qui permettent de concevoir des programmes et des actions efficaces sur terrain. Il existe ainsi plusieurs théories de changement de comportement. Cependant, il serait toutefois fastidieux de répertorier de manière exhaustive toutes ces théories.

Pour ce faire, nous allons nous limiter au modèle transthéorique et à la théorie du comportement planifié, afin de servir de guide d'application de la CCC dont il est question ici.

a) Modèle Transthéorique51(*)

Formalisé par Prochaska et DiClemente, ce modèle est issu d'une étude comparative entre les principales théories développées en psychothérapie en 1970, pour aider les personnes dépendantes à l'alcool, au tabac et à la drogue à changer leur comportement.

Durant cette période, le champ de la psychologie a été caractérisé non seulement par la multiplication des modèles de thérapie mais aussi, par les divergences profondes entre eux. Ainsi, vers la fin de cette décennie, les cliniciens étaient confrontés à plus de 200 modèles prétendant tous à l'efficacité. Cependant, plusieurs d'entre eux étaient confus et insatisfaits. Et selon ces deux psychosociologues, le champ était à cette époque si fragmenté qu'il était menacé d'éclatement.

En révisant ces différentes théories, Prochaska et DiClemente ne se sont pas contenté tout simplement à juxtaposer ces théories et leurs variantes pour en faire ressortir les similitudes et leurs divergences. Leur objectif était de développer un modèle transthéorique, capable d'intégrer les meilleurs éléments de chacune d'elles dans un tout cohérent.

Par conséquent, il n'exclut aucune technique ou autre modèle d'intervention, pourvu qu'on les utilise en tenant compte du stade de changement.

De façon brève, le modèle transthéorique décrit comment les gens modifient un comportement problématique ou acquiert un comportement positif. Il soutient que les personnes qui modifient leur comportement passent par une série de stades suivants :

- Précontemplation ;

- Contemplation ;

- Préparation ;

- Action ;

- Maintien ;

- Terminaison.

Et que la progression d'un stade à l'autre est facilitée par l'utilisation des bonnes stratégies de changement au bon moment.

· Précontemplation :

A ce premier niveau, l'individu ne se sent pas absolument concerné par le problème. Dans cette phase les individus sont moins réceptifs au message car, elle est caractérisée par la résistance de reconnaître qu'un comportement pose problème et qu'il doit être modifié. Il a tendance à nier le problème ou à rejeter la faute sur les autres. A ce stade, il est primordial d'informer pour augmenter le niveau de la prise de conscience du problème.

· Contemplation :

Au deuxième stade, l'intérêt pour la question est un peu plus fort. L'individu prend conscience du problème et l'importance d'un changement commence à être admise. Mais la connaissance est encore partielle, et le besoin d'être convaincu est encore fort avant de passer à l'acte. A ce stade, il convient d'aider l'individu à effectuer une autocritique sur les enjeux du changement et sa responsabilité. Pour ce faire, la communication doit se fonder sur les témoignages en rapport avec le bien fondé du changement.

· Préparation :

C'est ici que les intentions et l'action se rencontrent. L'individu est prêt à s'engager dans le changement et commence à poser de petits gestes en identifiant les objectifs et les moyens pour y parvenir. Ses efforts restent cependant insuffisants pour maîtriser parfaitement le comportement à éliminer ou à acquérir. A ce stade, la communication doit être axée sur le côté pratique, c'est-à-dire le comment faire. Ceci pour amener l'individu à passer à l'acte.

· Action :

Cette phase correspond au passage à l'acte. La personne se lance. Elle teste différentes options, différentes possibilités. A ce stade, les habitudes sont donc bouleversées et les nouveaux réflexes ne sont pas encore définitivement adoptés. L'effort à fournir ici consiste à valoriser le changement amorcé par des récompenses.

· Maintien :

C'est la phase où les changements de comportement ont eu lieu, mais ils doivent être maintenus dans le temps pour devenir de véritables habitudes. Le stade de maintien constitue ainsi une phase de stabilisation du comportement et de prévention de la rechute. Il ne s'agit toutefois pas d'une phase statique. Car, malgré les progrès réalisés, les individus peuvent avoir des tentations persistantes de recourir à leurs anciens comportements, ce qui demande la poursuite des efforts de changement et l'anticipation des obstacles qui pourraient les amener à la rechute. Il convient à ce niveau de consolider le changement en évitant des situations qui peuvent entrainer la rechute.

· Terminaison :

A cette étape les risques de rechute sont à peu à près nuls. Les nouveaux comportements ont été totalement intégrés, et ne sont plus du tout considérés comme contraintes. Ce sont des habitudes devenues des évidences, des automatismes complètement intégrés au comportement. A ce stade, il faut favoriser la relation d'aide entre les acteurs. D'où, la nécessité de mettre en place des structures d'accompagnements pour aider, conseiller, identifier les freins et déjouer certains obstacles.

Il faut cependant noter que ce dernier stade a fait l'objet de moins de recherches que les autres car, il constitue souvent un idéal à atteindre plutôt qu'une réalité tangible. D'après Prochaska et DiClemente, chez les anciens fumeurs et alcooliques par exemple, moins de 20 % des individus atteignent ce stade. Pour la majorité des gens, le maintien constitue donc le dernier stade dans le processus de changement. C'est sans doute pour ces raisons que le stade de terminaison ou conclusion est omis dans plusieurs présentations du modèle transthéorique qui décrit un modèle à cinq stades.

b) Théorie du comportement planifié52(*)

Stipulant que les comportements humains sont rationnels, logiques et sont notamment guidés par l'information disponible, c'est modèle est l'extension de la théorie dite de l'action raisonné de Ajzen et Fishbein (1980) à laquelle s'est ajouté comme variable de changement, le contrôle que l'individu pense avoir sur son comportement.

Le modèle du comportement planifié suggère que l'individu modifie ses comportements en fonctions de trois variables ci-après :

- Les attitudes, c'est-à-dire son point de vue face au comportement ;

- Les normes subjectives, relatives à la perception de ce qu'on attend de lui et

- Le foyer de contrôle, c'es-à-dire la perception de sa propre capacité à agir. Cette dernière variable est liée à la notion de confiance car, les gens sont beaucoup plus disposés à changer de comportement pour de choses dont ils sont capables.

Dans la situation idéal, plus l'attitude est positive, plus l'environnement est soutenant et plus la personne est confiante en ses capacités, plus grande serait la probabilité de changement.

Le comportement est donc dicté à la fois par l'attitude (mon regard), la norme subjective (le regard de mes proches) et le contrôle comportemental perçu (mon jugement sur ma capacité).

Conclusion partielle

Plaçant chaque mot à sa juste valeur, le tour d'horizon des principaux concepts de ce premier chapitre a ambitionné poser l'armature d'analyse de notre problématique. De quoi à comment, la description de la nomenclature de cette étude donne ici, une vision nette de ce que c'est le changement.

Ce parcours révèle que passer d'une étape à une autre ou changer c'est apporter un discours constructif durant lequel chaque interlocuteur est considéré en tant que tel. C'est aussi une démarche en douceur car, penser autrement le changement c'est semer le vent dont la résultante est la tempête.

CHAPITRE II : CLASSIFICATION DES DECHETS ET LEUR IMPACT SUR

L'ENVIRONNEMENT ET SUR L'HOMME

Irréversiblement, toute substance solide, liquide ou gazeuse d'une moindre valeur après son usage et dont on veut s'en débarrasser est nul doute un déchet. Des ménages aux industries, des hôpitaux aux marchés et bien d'autres espaces de vie, les déchets sont inévitables. Ainsi, la quantité des besoins de l'homme corresponde également à la quantité des ordures attendues quelques temps par la suite.

Pour cette cause, l'ultime objectif de ce deuxième chapitre est essentiellement pédagogique. Elle vise à développer la culture du risque de l'insalubrité à tout égard pour faire émerger dans l'esprit de chacun, l'âme d'éco-citoyen.

Articuler en deux grandes parties, ce chapitre commence par répertorier les différents types de déchets et leur cycle de vie en premier lieu. Et se termine par un état de lieu de la production des détritus dans la ville de Kinshasa ce, en mettant en exergue leurs 'incidences sur l'environnement et sur la santé humaine.

II. 1. Classification des déchets

Il existe un nombre important de publications et de documents inédits sur la classification des déchets. Nous nous limitons ici à la typologie ci-après :

- Selon les trois états de la matière,

- Selon le degré de décomposition de la matière,

- Selon le lieu de production.

a) Selon les trois états de la matière

Nous distinguons ici trois types de déchets dont les déchets solides, les déchets liquides et les déchets gazeux.

· Les déchets solides : ce sont des déchets des activités quotidiennes et sont sans valeur, destinés à l'abandon dans un dépotoir quelconque.

· Les déchets liquides : c'est toute substance usée. Ils sont constitués de :

- eaux pluviales et usées,

- eaux ménagères, eaux de latrines, de caniveaux, etc.,

- eaux industrielles.

· Les déchets gazeux : c'est toute substance gazeuse libérée par l'incinération d'un objet ou par réaction pouvant conduire à une nuisance ou pollution.

b) Selon le degré de composition de la matière :

Selon leur nature, les déchets déversés ça et là peuvent ou ne pas se décomposer. L'on distingue ainsi, les déchets putrescibles et non putrescibles.

· Les déchets putrescibles :

Ils sont aussi dites biodégradables. Ce sont des déchets organiques décomposables par l'action des micro-organiques en présence d'oxygène, c'est-à-dire ils peuvent être détruits naturellement.

· Les déchets non putrescibles :

Les déchets non putrescibles ou non biodégradables sont généralement, les déchets inorganiques qui ne peuvent se décomposer par l'action des micro-organiques en l'absence de l'oxygène53(*).

c) Selon le lieu de production

Selon leur source de provenance, nous avons les déchets ménagers, les déchets industriels et les déchets hospitaliers.

· Les déchets ménagers :

Ils sont constitués des débris des végétaux, des tessons de bouteilles, des restes de cuisine, des cendres, des feuilles mortes, des chiffons, des plastiques, des cartons, des textiles et autres emballages, que les ménages produisent quotidiennement54(*).

· Les déchets industriels :

Ils sont de nature très variés et sont de deux catégories :

- Les déchets industriels dit banal, collectés soit avec des ordures ménagères mais pour la majorité d'entre eux (94 %) par une collecte spécifique.

- Les déchets industriels dit spéciaux, constitués en grande partie des substances polluantes potentiellement très toxiques telles les boues de peintures, les stations d'épuration, les résidus de pesticides, les métaux lourds (mercure, chrome, zinc, plomb, etc.)55(*).

· Les déchets hospitaliers :

C'est l'ensemble des déchets produits ou issus des formations sanitaires, des centres hospitaliers ou laboratoires. A ce niveau, il importe de distinguer deux types de déchets :

- Les déchets hospitaliers ménagers, constitués par l'ensemble des restes de tables, des emballages en papiers, en plastiques, en verres...

- Les déchets hospitaliers biomédicaux, constitués des déchets anatomiques (restes humains) après l'accouchement, amputation, etc. et les déchets non anatomiques comprenant les matériaux chirurgicaux et médicaux. Les déchets hospitaliers sont dangereux car, contaminés56(*).

II. 2. Le cycle de vie des déchets57(*)

La durée de vie d'un déchet dépend de sa nature ainsi que des matières qui le compose. Ce point présente le temps nécessaire pour la décomposition d'un déchet dans l'environnent.

II.3. Situation des déchets et de l'insalubrité à Kinshasa58(*)

La croissance spatiale rapide et anarchique, l'augmentation galopante de la population, le développement économique et du commerce formel qu'informel, ont conduit considérablement à un accroissement permanent des déchets à Kinshasa.

Déblais, gravats, décombres et débris issus des travaux publics, cadavres d'animaux domestiques, épaves des véhicules, carcasses d'appareils électroménagers, déchets d'abattoirs, produits d'élagages...sont les différents types de déchets qui ont envahi Kinshasa.

Il suffit de traverser n'importe quel coin de la ville pour constater les manifestations de ce problème : entassement de déchets dans les secteurs résidentiels, le long des routes, ruisseaux bloqués, etc.

Ainsi, la ville en produit quotidiennement des tonnes, parfois jetés pêle-mêle à même les trottoirs. Et l'autorité urbaine éprouve d'énormes difficultés pour les évacuer.

II.3.1. Les déchets ménagers

Les déchets ménagers sont les plus visibles et encombrants à Kinshasa. C'est dans les quartiers densément peuplés que les déchets s'entassent en monticules et restent dans cet état pendant plusieurs jours voire plusieurs mois.

Quelque soit le type de quartier ou du site, les déchets ménagers sont d'habitude stockés dans des poubelles domestiques, constitués des petits seaux ou demi-fûts usagés sans couvercles et souvent posés dans l'arrière-cour au coin de la parcelle à l'air libre.

Sur ces bases, dans son étude de 2007 sur le plan d'action pour l'assainissement de la ville de Kinshasa, Programme national d'assainissement (PNA) a évalué la production urbaine des déchets ménagers à environ 6. 300 m/jour, soit 6 litres/parcelle/jour, contre 5.700 m/jour en 2005, 5.000 m/jour en 2000, 3.500 m/jour en 1986.

Et d'après Mulumba cité par Francis Lelo Nzuzi, les déchets ménagers kinois sont composés en général des matières organiques 62, 2 %, de matière plastiques 22, 2 %, de textiles 7, 11 %, de boîtes à conserve 5, 8 %, de verre 1, 42 %, de chaussures 0, 77 %, d'autres déchets 0,48 %, etc.

PNA ajoute à ce sujet que, le poids volumétrique des ordures sèches dans une poubelle ménagères est d'environ 200 g/l et atteint 350 g/l avec le tassement de transport. Il peut passer à 500 g/l dans le cas de déchets humides, comme les résidus de cuisines qui représentent la grosse part des ordures dans les décharges publiques.

II.3.2. Les déchets des marchés

Les marchés de la ville de Kinshasa sont situés en général près des grandes artères ou des avenues. Ces marchés sont ainsi des hauts lieux de production des déchets.

Selon le PNA, le marché central de Kinshasa prévu pour 2000 vendeurs, en abrite aujourd'hui près de 10.000 et produit à présent près de 45 m de déchets par jour, dont 60 % de matières organiques, 15 % de plastiques, 10 % de papiers et cartons, 4 % de verres et poteries, 3 % de bois et de branchages, 2 % de chiffons et de tissus, 2 % de métaux. A cela, il faut ajouter le 15 m de déchets que des ménages environnants y jettent chaque soir dans une décharge sauvage crée anarchiquement. Ceci fait environ 60 m de déchets qu'il faut évacuer à tout prix quotidiennement.

A côté du marché central, il existe plusieurs petits marchés éparpillés dans les communes et qui ont une aire d'influence parfois extra-communale. La présence d'un marché entraine d'office, la naissance d'une décharge non contrôlée. A ce propos, le PNA mentionne dans ses rapports avoir ainsi évacué 3. 024 m de déchets au marché Gambela en 1997.

D'autres petits marchés des quartiers s'établissent le long des grands axes routiers et entrainent du coup la création de dépotoirs, des encombrements. C'est le cas des marchés Gambela à Kasa-vubu, Djakarta et Mariano à Kalamu, Rond-point Ngaba et Kianza à Ngaba, Pascal à Masina, Kingasani ya suka à Kimbaseke, etc. Ils étalent dangereusement leurs ordures sur les trottoirs pendant plusieurs mois avant d'être évacués par les pouvoirs publics.

En dehors des décharges liées à la présence des marchés, il y a celles qui sont nées carrément dans les lieux de forte fréquentation. De cette façon, Francis Lelo Nzuzi indique avoir dénombré 80 dépotoirs implantés aux carrefours et dans les arrêts de bus (Rond-point Ngaba, Bongolo et Maviokele, Kimbondo à Bandalungwa, UPN à Ngaliema...emprises routières (Saïo, Pépinière de Bandalungwa, Itaga), les berges de cours d'eau (marché du pont Kasa-vubu), etc.

II.3.3. Les déchets industriels

Les déchets industriels sont difficiles à voir et quantifier à Kinshasa parce qu'ils se trouvent dans des concessions industrielles inaccessibles à toute personne étrangère.

Néanmoins, il est connu que Kinshasa produit aussi ses quelques déchets industriels même si les activités des usines tournent au ralenti dans la ville. Les brasseries et les fabricants de produits agroalimentaires, cosmétiques, textiles, de matériaux de construction, de déchets recyclés (plastiques, papiers, verres...), produisent aussi régulièrement des déchets provenant des matières premières, des produits finis ou semi-finis.

Ces déchets sont soit ordinaires et inertes, soit dangereux et toxiques. Les déchets de matières premières et des produits sont déversés en vrac dans des décharges non contrôlées. C'est le cas des sachets d'emballage, des tessons de bouteilles, des copeaux de bois, de la mitraille, etc. Ces déchets industriels restent un danger permanent à Kinshasa.

Cependant au stade actuel, il est difficile de connaître les quantités exactes de la production de déchets industriels qui sont d'ordres biologiques, chimiques, physique, inflammables, radioactifs...car, pour échapper au contrôle de services étatiques, ces fabricants ont la fâcheuse habitude de maquiller leurs statistiques.

L'une des rares estimations récentes sont celles du PNA de 2006, qui évalue la production de déchets solides dans les unités industrielles et commerciales à environ 62.697 tonnes par an, mais ne précise pas ni leur nature, ni leur origine.

II.3.4. Les déchets hospitaliers

Les déchets hospitaliers augmentent proportionnellement aux effectifs des centres de santé. Selon Flouriot, si au début des années 70, Kinshasa avait 16 établissements hospitaliers et maternités comptant au total 3.000 lits, vingt ans plus tard, les effectifs avaient beaucoup évolués.

En 2004, l'Inspection médicale provinciale de la santé a enregistré environ 2.101 structures médicales officielles, toutes catégories confondues.

Peu importe leurs critères de sélection, tous ces établissements sanitaires, petits et grands, produisent des déchets dangereux dont l'élimination pose de sérieux problèmes.

Ces déchets biomédicaux sont constitués essentiellement des éléments utilisés au cours des soins curatifs. Ils sont liquides (sang, liquide de dialyse, pus, liquide d'épanchement, etc.), mais surtout solides (matériel médical, membres amputés, placenta, foetus...). Ainsi en 2007, Biey a évalué leur production à 30 m par jour et très souvent leur évacuation s'effectue sans précaution, d'où ces déchets deviennent la cause de toutes sortes de pollutions de l'environnement et humain.

Cette estimation volumétrique des déchets hospitaliers se complète par les statistiques y relatives, des quelques grandes formations sanitaires de la ville, présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau I : Production de déchets hospitaliers dans quelques hôpitaux de Kinshasa

Catégories des hôpitaux

Quantité (m/semaine)

Quantité totale (m/an)

Cliniques universitaires de Kinshasa

0,3

15,6

Hôpital général de Kinshasa

5

260

Clinique Bondeko

0,2

10,4

Hôpital général de référence de Ndjili

0,1

5,2

Source : Kiyombo 2003

II.3.5. Les déchets liquides

Il n'existe pas encore d'étude spécifique sur la production des eaux usées à Kinshasa. Les chercheurs ne se contentent que des estimations qui donnent un lien de cause à effet entre la quantité d'eau consommée et celle qui est rejetée parce qu'usée.

Ainsi en 1999, la Regideso produisait 380.000 m par jour pour des besoins estimés à 526.100 m. Si ses estimations se révèlent exactes, cela laisse croire que les 380.000 m d'eau consommée correspondent aux mêmes quantités rejetées. Dans l'hypothèse que toute eau consommée se transforme après en déchet liquide, on peut conclure que Kinshasa produit à peu près 380.000 m par jour, d'autant plus qu'elle en consomme la même quantité.

S'agissant de la production d'eau usée industrielle, l'IGIP l'estime à 1.300 m par jour. Ces eaux usées industrielles kinoises sont déversées sans aucun prétraitement dans le fleuve.

Il y a ainsi un fort risque de dégradation des écosystèmes aquatiques et de modification de certains paramètres.

A Ngaliema par exemple, la baie du fleuve est polluée par plusieurs usines de la ville implantées au bord de celui-ci et y déversent des rejets industriels non traités, tels que, les hydrocarbures, huiles lourdes (lubrifiants)...

Et en dehors des ménages, des industries et des centres hospitaliers, ces eaux usées proviennent aussi des marchés, hôtels, bars, restaurants, bâtiments publics, grandes surfaces, installations de lavage des véhicules, etc.

II.3.6. Les modes d'évacuation et d'élimination des déchets à Kinshasa

a) La gestion des déchets solides

Selon Hardoy et Satterwaite, à « Kinshasa, l'enlèvement des déchets ménagers n'est assuré que dans quelques zones résidentielles. Dans le reste de la ville, les déchets sont déposés sur la route ou dans des sites illégaux, ou sont déversés dans les égouts ou enterrés dans des décharges à ciel ouvert »59(*) . Elle ne suit pas formellement la logique TRIVAC, c'est-à-dire Trier, Recycler, Incinérer, Valoriser et Communiquer comme cela se passe ailleurs.

Depuis des années, les modes d'évacuation des déchets n'évoluent pas à Kinshasa. Le rapport d'enquête de MICS2 portant sur la situation des enfants et des femmes en RDC de 2006 démontre à ces propos que, le kinois se débarrasse de leurs ordures de la façon suivant : services organisés publics ou privés 29,1 %, incinération/brulage 6,4 %, enfouissement 14,6 %, compost/fumier 11,6 %, voie publique 6, 2 %, cour d'eau 6,6 %, décharge non contrôlée 21,6 %, autres 3,9 %.

De son côté, le rapport annuel de 2005 du PNA a fait mention de la faible capacité de la ville de monter des stratégies de gestion de déchets. Il indique qu'en 1960, Kinshasa, avec une population de 476. 819 habitants avec un taux de production d'ordures ménagères estimé à 15 %, avait un taux d'évacuation de plus de 70 %.

Curieusement en 2000, avec une population de plus de 6 millions d'habitants avec un taux de production de déchets ménagers estimé à plus de 70 %, la ville a une capacité d'évacuation de moins de 15 %. Cette faillite est à la base de la multiplication à travers la ville des décharges non contrôlées qui affectent dangereusement la santé publique.

b) La gestion des déchets liquides

L'étude sur le mode d'évacuation des eaux usées à Kinshasa est arrivée à la conclusion selon laquelle, le kinois les évacuent de plusieurs manières : les égouts 7,5 %, les caniveaux 25,4 %, les puits perdus 1,5 %, les trous dans la parcelle et dans la rue 45,2 %, etc. En bref, 34,4 % seulement des ménages kinois utilisent des modes hygiéniques d'évacuation des eaux usées.

II.3.7. L'insalubrité et la dégradation de l'environnement

L'évacuation inconsidérée des déchets a pour conséquence la contamination de l'air, de l'eau et du sol. Les déchets non-biodégradables constitués des emballages de métal, de verre ou de matière plastique, comme des tonnes de sachets en plastique s'accumulent dans la nature et forment des tas d'ordures qui défertilisent le sol et réduisent ainsi sa viabilité pour des besoins de la production agroalimentaire.

La mauvaise gestion des déchets biodégradables et leur entassement dans les décharges non contrôlées provoquent quant à elle l'échappement de gaz toxiques qui sont relâchés dans l'atmosphère, le sol et les cours d'eau.

Les déchets organiques et d'origine animale non éliminés de façon judicieuse polluent les cours d'eau résultant dans la contamination de l'eau potable60(*).

Par ailleurs, les plastiques qui nous entourent de façon omniprésente ainsi que la prolifération des décharges non contrôlées à travers la ville, contribuent à l'enlaidissement du cadre de vie. Et comme on le voit, Kinshasa a perdu en quelques années seulement son éclat de Kin-la-belle des années 50 à cause d'une insalubrité indescriptible.

II.3.8. L'insalubrité et la santé publique61(*)

L'environnement n'est pas seulement une préoccupation d'ordre esthétique. L'impact sur la santé constitue désormais un enjeu spécifique comme `a reconnu la Charte européenne de l'environnement de 1989. Ainsi, la qualité de l'environnement est l'un des principaux déterminants de l'état de santé de la population62(*).

Aujourd'hui, les conséquences immédiates de l'insalubrité sur la santé publique à Kinshasa n'est plus à démontrer. A ce propos, l'Hôtel de ville évalue à 88 % les maladies à Kinshasa qui ont pour origine l'insalubrité, notamment le paludisme, la fièvre typhoïde, les infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, etc.

A cela s'ajoute les maladies hydriques par contamination virale (poliomyélite et hépatite A), par contamination bactérienne (salmonellose, shigelloses, leptospiroses) et par contamination des vers parasites intestinaux.

En 2004, la péritonite, une complication de la fièvre typhoïde, a sévi au second semestre de l'année à Kimbanseke avec 13.400 cas signalés au 13 décembre 2004, dont 615 cas graves entre le 1er et le 10 décembre, 53 % de cas de décès, soit 55 de 98 patients enregistrés à l'hôpital général de Kinshasa.

D'un coin de la capitale à un autre, l'étude de faisabilité d'un projet de salubrité dans la commune de Kalamu réalisée par Kimula stipule que, la zone de santé de cette commune a dénombré 629 cas de paludisme et 543 cas de fièvre typhoïde déclarés et soignés sur environ 300.000 habitants entre le 17 juin et le 2 août 2005.

Sous ce même angle, Ekula cité par Francis Lelo Nzuzi indique qu'en 2006, la clinique Saint-Raphaël dans la commune de Lemba a traité près de 4.136 cas de paludisme, 1081 cas de fièvre typhoïde, 1.403 cas de diarrhée simple et 2.167 cas de diarrhée amibienne.

Et d'après une étude menée par Mbula et al., en 1993 sur le suivi de cas entre le 1er janvier 1958 et le 31 décembre 1980, la fièvre typhoïde représentait 1 % des admissions chez les moins de 30 ans dans le département de médecine interne. Les patients dont 4,8 % sont morts suite à une certaine complication en relation avec la durée de la maladie, venaient principalement de trois communes : Lemba 22,1 %, Matete 14,9 %, Ndjili 12 % dont 18,4 % de ménages, 12 % d'élèves, 10 % d'étudiants, etc. La même maladie a touché une bonne partie de la commune de Kimbanseke.

S'agissant de la vulnérabilité, il sied de préciser à ce sujet qu'à Kinshasa, les enfants représentent la cible la plus touchée de toutes ces pathologies.

De cette manière, l'enquête de 2005 sur la prévalence de l'anémie en R D Congo a étudié la distribution par province de parasitoses intestinales chez les enfants de moins de 3 ans et présente les résultats de Kinshasa comme suit : ascaris 36,2 %, ankylostomes 16,5 %, amibes 8,3 %, oxyures 100 % (Ministère de la santé, 2004).

En 2007, l'Hôtel de ville de Kinshasa a évalué à 85 % le taux d'enfants âgés de 6 à 10 ans, porteurs de plusieurs parasites (ascaris, trichocéphales, ankylostomes), notamment dans les quartiers périphériques.

Tableau II : Maladies liées à la dégradation de l'environnement en 1989

Maladies

Nombre de cas

% du total de cas

% de cas environnementaux

Paludisme

28.873

45,0

55,9

Verminose

18.793

29,3

36,4

Maladies respiratoires

2.628

4,1

5,1

Dysenterie amibienne

1.175

1,8

2,8

Bilharzioses

95

0,1

0,1

Filariose

52

0,1

0,1

Total

51.616

80,4

100

Source Yuma 1999.

Les statistiques du bulletin épidémiologique du ministère de la santé de 1989 présentées dans ce deuxième tableau, prouvent à suffisance que l'insalubrité est la principale source de nuisance sanitaire à Kinshasa depuis un certain temps.

Tableau III : Coût des soins médicaux des maladies des mains sales à Kinshasa

Maladies

Coût des soins médicaux

Paludisme

5 à 10 $

Verminose

4 $

Typhoïde

10 $

Diarrhée sanguinolente

4 $

Bilharziose

10 $

Choléra

15 $

Source : Inspection provinciale médicale de la santé 2007.

A travers ce tableau, il est nécessaire d'évaluer les conséquences des maladies de l'insalubrité sur le budget ménager à Kinshasa, une ville où la pauvreté est quasi manifeste.

Néanmoins, en dépit de la vulnérabilité croissante de l'insalubrité sur la santé publique, les médecins sont d'avis que beaucoup de maladies peuvent être évitées si la ville se dote d'une bonne politique de l'insalubrité. « Il est ainsi souhaitable et il est désormais possible de mobiliser des outils scientifiques pour mieux connaître les risques sanitaires liés à l'environnement afin de mieux les maîtriser dans une optique de développement durable »63(*).

Conclusion partielle

Les résultats de ce deuxième chapitre restent évocateurs et interpelatifs. Et comme on peut le constater, l'insalubrité reste un fléau réel dans la ville de Kinshasa. Considérer comme une préoccupation secondaire aujourd'hui, elle est bel et bien une menace lointaine.

Pour souligner cette importance, ce deuxième chapitre s'est penché fondamentalement à donner les informations sur les déchets, source principale de l'insalubrité, ceci pour alimenter la connaissance publique en cette matière.

La gestion rationnelle des immondices est un autre centre d'intérêt abordé par ce chapitre. De ce fait, une moindre négligence, entraine une double conséquence. D'une part, la dégradation de l'espace de vital et d'autre part la présente accrue des certaines maladies combattent l'homme du jour au jour.

CHAPITRE III : ANALYSE DES MECANISMES EXPLICATIFS DE LA PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A KINSHASA

Si tout changement est avant tout une visée, la politique de sa mise en oeuvre s'avère aussi capital que le changement attendu. Ainsi, vouloir promouvoir un changement efficace, convient de répondre au préalable à un certain nombre de questions, soit « qui, dit quoi, à qui, comment, avec quels effets ? » car, le mérite d'un changement est mesurable en terme de progrès ou de régression.

Reposant sur une démarche qualitative, ce troisième chapitre fait appel à une analyse approfondie de notre problématique afin d'établir le rapport entre les résultats obtenus à l'issue de notre recherche et les hypothèses préalablement émises. Tout en les expliquant à la lumière de la théorie de la CCC sur laquelle se focalise notre étude.

Ainsi, pour bien mener cette étude, ce chapitre commence par un exposé sur l'objet d'enquête, l'échantillon, l'outil de collecte des données et le questionnaire, le déroulement d'enquête et les difficultés rencontrées. Dans un second temps, nous passerons à la présentation et au dépouillement des résultats, puis viendra l'interprétation et l'analyse des résultats, la reprise critique et finalement interviendra les perspectives communicationnelles.

III. 1. 1. Objet d'enquête

De par sa nature, l'enquête est une étude d'une question quelconque par le rassemblement des différents avis. En ce sens, la finalité de notre descente sur terrain est de nous enquérir des explications approfondies sur la relation entre la persistance de l'insalubrité à Kinshasa et la coercition en nous référant à l'appréhension de la société à ce sujet.

III. 1. 2. Echantillon

Miles et Huberman64(*) affirment que les chercheurs qualitatifs travaillent avec de petits échantillons de personnes, nichés dans leur contexte et étudiés en profondeur. Dans cet élan, notre enquête s'est ressourcée auprès d'un échantillon de 10 personnes. Le choix de cette taille s'explique par le souci de faire parler l'enquêté afin, de parcourir notre problématique dans tous ses horizons.

Aussi, l'analyse qualitative n'a pas vocation de quantifier ses résultats car, en se plongeant dans une dynamique dialogique, chaque échantillon est un univers d'opinion qu'il faut étudier et comprendre, elle rapporte la voix des enquêtés de façon la plus naturelle. Ceci pour se distancier de l'approche quantitative.

III. 1. 3. Outil de collecte des données et questionnaire

Les données à notre possession ont été recueillies grâce à la technique d'entretien semi-directif. Se fondant sur un contact direct entre le chercheur et l'enquêté, mais aussi sur les questions ouvertes en annexe. La technique d'entrevue semi-directif a poursuivi l'objectif de puiser dans la profondeur des dépositaires du savoir relatif à notre question de recherche, en vue d'appréhender la globalité de représentations et d'interprétations influençant le changement dans le sens contraire ou la persistance de l'insalubrité, résultante d'une approche vue sous l'oeil coercitif.

De même, la logique de la flexibilité qui a orienté cette démarche s'est fixé comme ultime finalité de relancer l'échange et de rebondir sur des notions personnelles pour faciliter l'enquêté à s'exprimer le plus que possible et pour éviter à ce qu'il s'éloigne des objectifs de la recherche.

III. 1. 4. Déroulement de l'enquête et difficultés rencontrées

La réalisation de cette enquête s'est déroulée sur une échéance de trois (3) semaines, soit du 1er au 21 avril 2012. Pendant cette période, il s'agissait de l'élaboration du guide d'entretien de sa conduite et de la transcription manuelle de verbatim. Quant à son cadre d'étude, cette enquête a été réalisée auprès des individus exerçant des activités commerciales le long des artères publiques au quartier Kingasani dans la commune de Kimbanseke.

Par ailleurs, les difficultés rencontrées durant notre enquête sont liées aux questions informatives, soit les questions visant à nouer la prise de contact, notamment celle en rapport avec l'identité de l'enquêté. Pour ce cas précis, la plupart des personnes enquêtées n'ont pas souhaité décliner leur identité complète sinon leur prénom tout court. Ayant constaté cela après la présentation du chercheur et du pourquoi de l'enquête, notre entrevue débutait directement par la deuxième partie, soit les questions d'investigation pour se clôturer par la première partie. De plus, sur les 10 personnes interviewées 8, parmi eux n'ont pas voulu l'enregistrement de leur propos, ceci pour des raisons de sécurité disaient-ils. En dépit ces deux conditions, notre enquête s'est passée dans un esprit d'ouverture remarquable.

III. 2. Présentation des résultats de la recherche

Les résultats de la recherche présentés ici s'articule en deux phases. La première phase décortique les déterminant sociaux ou mieux l'identité des enquêtés et la seconde phase fait le regroupement thématiques des énoncés révélateurs ayant la même valeur significative.

III. 2. 1. Déterminants sociaux

Tableau I : Répartition selon le sexe des enquêtés

Sexe

Nombre

%

M

7

70

F

3

30

Total

10

100

Source : Données d'enquête 2012

La majorité des personnes enquêtées sont des hommes et ces dernières sont au nombre de 7, soit une valeur relative de 70 %, contre 3 femmes, soit 30 %.

Tableau II : Répartition selon le secteur d'activité des enquêtés

Catégories

Nombre

%

Boutiquiers

7

70

Electroniciens

1

10

Peintres

1

10

Etudiants

1

10

Total

10

100

Source : Données d'enquête 2012

Sur un échantillon de 10 enquêtés, les boutiquiers sont plus nombreux, soit 70 %, suivi de 10 % d'électroniciens, 10 % de peintres et 10 % d'étudiants.

Tableau III : Répartition selon l'expérience des activités des enquêtés

Tranche

Fréquence

%

2- 6 mois

2

20

2- 4 ans

2

20

5- 7 ans

4

40

18- 20 ans

2

20

Total

10

100

Source : Données d'enquête 2012

Dans ce tableau, l'on note que ceux dont l'expérience d'activités varie entre 18-20 ans représentent 40 %, suivi de 20 % se situant entre une expérience de 5-7 ans, puis de 2-4 ans et de 2-6 mois, se caractérisant dans le même pourcentage.

Tableau IV : Répartition selon le cursus scolaire des enquêtés

Niveaux

Nombre

%

Secondaires

2

20

Diplômés d'Etat

3

30

Gradués

5

50

Total

10

100

Source : Données d'enquête 2012

Le chapitre sur la formation scolaire des enquêtés, nous indique que sur un échantillon total de 10 personnes, 50 % possèdent un titre de gradué, à ceux-ci s'ajoute 30 % des diplômés d'Etat, puis 20 % ayant atteint le niveau secondaire.

III. 2. 2. Classification thématique des résultats

Cette partie consacre son attention à la classification des énoncés significatifs dans une thématique et restitue les points de vues de chaque enquêté vis-à-vis de notre sujet de recherche.

Les extraits d'interviews des enquêtés sont accompagnés d'une codification de leur noms. Cette codification est constituée des lettres F et M symbolisant leur sexe, suivi de l'initial de leur prénoms en minuscule, soit Fe...Ms, etc.

Fe: Madame Evelyne

Fg: Madame Godé

Fn : Madame Nancy

Mf : Monsieur Franck

Mb : Monsieur Bienvenu

Mj : Monsieur Jacques

Mj': Monsieur Jacques'

Mm : Monsieur Martin

Mj'' : Monsieur Jérémie

Ms : Monsieur Simon

a) L'appréhension de l'interdiction de la vente le long des artères publiques (Q2)

Le sens que nos enquêtés donnent à l'interdiction de vendre le long des artères publiques, ne relève pas d'une quelconque explication préalable. Néanmoins, ils pensent que c'est pour quelques raisons ci-après :

« Nous vivons quotidiennement dans l'insalubrité, surtout pendant la saison pluvieuse. Les militaires nous disent que le Président de la République ne veut plus que les gens vendent autour des artères publiques. L'ordre est venu du Président et du commandant de la police, mais je n'ai pas suffisamment d'informations sur le pourquoi dont on leur chasse.» 65(*) (Mj).

Une maman quant à elle pense que : C'est « parce qu'ils vendent le long du boulevard, un accident peut subvenir puis, ils créent de l'embouteillage »66(*) (Fe).

Une autre abonde dans le même sens :

« Bazobengana bango liboso pona basalaka ba attroupement, lisusu ezali pe pona saleté ebotamaka esika batekaka 67(*)» (Fg).

Traduction :

« On leur chasse d'abord pour les attroupements qu'ils créent, puis il ya aussi de l'insalubrité qui se produit là où vendent ces gens ».

Tout comme les précédents celui-ci confie ce qui suit :

« Au par avant on avait un major, il était courtois envers tout le monde. Il acceptait que les gens vendent le long du boulevard, mais après trente mètres. Mais par après c'est le gouverneur qui a décidé pour les chasser. Il y a de cela deux semaines passées que le nouveau major vient de chasser les gens, on a essayé de cotiser pour lui donner mais il a catégoriquement refusé. Je lui donne raison, parce qu'il peut y avoir un véhicule qui n'a plus de frein et peut causer des incendies, de catastrophiques. Mais les gens disent que quand ils vendent le long du boulevard, c'est pour faciliter les gens qui attendent le transport » (Mj'')

Pour un autre :

« C'est pour éviter les encombrements parce qu'en cas d'accident, on n'est pas exempté. Aussi, parce que ce qu'ils vendent causent aussi de l'insalubrité. Il y a aussi des autorités qui se sentent gêner quand ils passent parfois on leur lance de pierre »68(*) (Mf).

Un papa fait aussi savoir ceci :

« Les artères publiques devraient être dégagées normalement parce que ça provoque en quelque sorte l'insalubrité. La voie publique telle que vous la voyez, boulevard et tout, devrait être assaini. Parce que c'est vraiment une voie où passe tout le monde, alors quand il ya des gens qui vendent le long et tout, ça provoque beaucoup de l'insalubrité et puis voyez, c'est le boulevard les gens s'étalent jusqu'aux bordures du boulevard, c'est-à-dire c'est pour cette cause que moi personnellement, je peux accepter que le boulevard soit un peu dégagé parce que ça peut provoquer aussi des accidents et tout, donc à part l'insalubrité, il y a aussi des accidents parfois parce que les gens quand ils vendent ils débordent parfois, ils arrivent jusqu'aux bordures, c'est vraiment imprudent aussi de voir les gens aux bordures du boulevard, vendre et tout. Voilà pour moi c'est une bonne mesure »69(*) (Ms).

En joignant sa voix aux autres, cet enquêté fustige tout de même cette position :

« Pona kotala vraiment service wana yambo esengeli nde Hôtel de ville asalango poya kobengana batu, premièrement :

- Un eza d'abord risque, risque na nini lelo motuka akoki koya na boulevard motuka lelo pan atuti pan peut être frein esili akolinga à se défendre na minutie wana tango amoni ke côté ya ko se défendre eza te, akoki komikota côté batu bazotekela, tangu alokoti déjà batu wana pan bakufi eza déjà likama na kati ya mboka,

- Ya mibale eza nini, ezali principal esika bato, bapaya ya ndenge na ndenge bazoleka, nzela bapaya bazoleka bazomona batu, epesaka penza ndakisa moko ya bien te. Lelo oyo Hôtel de ville aza mutu moko faut aluka à encadrer bango. Akobengana bango ndenge wana kaka te. En même temps Hôtel de ville ye moko azoya kofutisaka bato ba taxe, tango ozo ya kofutisa bato ba taxe wana ce ke oza au courant nango ke bato wana faut bateka esika wana, mais lobi na lobi oko mona wana boye kobengana. Wana ekomi makambo mosusu to bozosakana na batu pona nini. Soki bamonaki ça ne va pas bateka esika wana te, il ne fallait pas bafutisa bango ba taxe »70(*) (Mb).

Traduction :

« L'Hôtel de ville chasse les gens :

- Premièrement c'est un risque, dans quel sens, aujourd'hui le frein d'un véhicule peut rater, il cherchera à se défendre, mais s'il n'ya pas d'autre moyen, il peut terminer sa course là où vendent ces gens, dès lors qu'ils les ramassent et qu'ils meurent c'est déjà un problème pour le pays,

- Deuxièment, c'est la route principale où passent les étrangers de toute marque et quand ils voient les gens comme ça, ce n'est pas bon. Mais l'Hôtel de ville doit chercher à les encadrer, il ne peut pas les chasser de cette manière. En même temps, il continue à percevoir la taxe. Quand il vienne percevoir la taxe, ce qu'il est au courant que ces gens devraient vendre dans cet endroit. Mais quelques temps après, il les chasse de nouveau. C'est une façon de blaguer avec les gens. S'il pense que ce n'est pas l'endroit approprié, il ne faut plus non pas faire payer la taxe ».

Allant dans le même sens cette enquêtée déclare :

« J'ai encouragé ça parce que les conditions d'hygiènes ne sont pas respectées. Les gens vendent à même le sol de baigné, etc. Exemple, une fois je suis descendue du bus ici à Kingasani. J'ai vu une maman qui vendait ses arachides à même le sol ; son enfant avait fait caca et la maman a emballé cette saleté pour la mettre à côté de sa marchandise, cela m'avait écoeurée, c'est pour cela que je m'aime plus acheter tout ce qui est vendu pêle-mêle. Aussi les conditions urbaniques ne sont pas réunies. On ne doit pas voir un marché à chaque dix pas »71(*) (Fn).

Cependant, cet intervenant de sa part voit des choses d'une autre manière :

« L'Hôtel de ville lorsqu'il chasse les gens, il dit que ces gens là sont en train de salir la ville. Chasser les gens c'est ne pas la raison parce qu'en 2006, il a fait au tant. Il a interdit la vente de l'eau en sachet mais y a pas toujours de solution. Chasser les gens c'est bien. Parmi les enfants qui vendent de l'eau en sachet, il y a des enfants des fonctionnaires qui ne sont pas bien payés. Il faut commencer par bien payer les gens pour qu'ils ne vendent plus le long des artères. Il faut d'abord commencer par résoudre les problèmes qui tourmentent l'ordre social avant de penser à résoudre la salubrité »72(*) (Mj').

Un autre d'ajouter :

« Là où ils vendent ce n'est pas le marché. Mais les vendeurs ont parfois raison parce qu'ils n'ont pas de place précise pour vendre. Parmi eux, il y a des gens qui ont payé le frais pour avoir un étalage dans un marché. Mais ils sont ballotés par ceux qui perçoivent cet argent »73(*)(Mm).

b) Pour ou contre l'initiative du salongo : (Q2)

Pris de façon isolée, la plupart de nos enquêtés estiment que le salongo en soi comme initiative n'est pas mauvais. Cette position se laisse entendre à travers quelques extraits de leurs interviews :

« Le salongo est bon pour assainir notre pays » (Fe).

A côté de cette enquêtée, une autre de sa part stipule que :

« Likanisi ya salongo eza bien kasi suivi eza te ponini ba chefs d'avenues bazosala mosala na bango te, bakoki kotambola na quartier ou na avenue pona kotala esika saleté ezali sima babengi population pona kobongisa » (Fg).

Traduction :

« L'idée de salongo est bonne. Mais il n'y a pas de suivi, parce que les chefs des rues ne font plus leur travail. Ils pouvaient faire le tour du quartier ou de l'avenue pour regarder là où il y a de l'insalubrité pour enfin inviter la population à l'assainir ».

Toujours à ce sujet une étudiante à fait savoir ceci :

« Du point de vue salubrité, ça va. D'ailleurs pour moi, le samedi seul ne suffit pas. Il faut qu'on y mette même deux fois par semaine pour que la ville soit propre » (Fn).

Restant dans la même logique un enquêté ajout que :

« Le salongo en soi est bon. Et jadis c'est les chefs d'avenues qui passaient pour travailler avec les gens, les avertir. Mais l'Hôtel de ville n'envoi plus des véhicules d'assainissement »(Mf).

Comme les autres cet enquêté aussi que :

« Salongo na yambo eza bien, salongo ezali pona kotalisa propreté ya mboka, mais propreté ekozala kaka na esika moko te. Eloko babengi proreté basalaka kaka na kati ya chambre te. Ebandakaka, kobanda chambre, salon tii libanda ya lopango » (Mb).

Traduction : « Premièrement le salongo est bon pour assurer la propreté du pays. Mais la propreté dont il est question, ne doit pas s'effectue un seul endroit. Ce qu'on appelle la propreté ne se limite seulement pas dans la chambre. Elle part de la chambre jusqu'à la cour de la parcelle ».

Dans ce perspective, un papa quant à lui s'est exprimé comme suit :

« Le salongo est une bonne chose, le décréter, moi personnellement je suis content du fait que l'Hôtel de ville la décrété, mais malheureusement le salongo n'est pas respecter. On dit bien, mais il devrait y avoir les mesures d'encadrements » (Ms).

De l'autre côté, cet enquêté pense le contraire :

« Je ne vois pas la raison d'être de ce salongo, parce que c'est empêcher les gens pour rien. Au moment où ils nous interdisent de vendre les libanais ouvrent leurs magasins. Ce salongo de samedi est un manque à gagner pour nous » (Mf).

Allant dans le même sens, cet intervenant explique :

« Pour les vendeurs, le samedi est un jour de repos, nous sommes obligés de donner quelque chose pour entretenir la propreté » (Mm).

c) Le salongo vu comme expression de tracasserie et du gagne-pain (Q3/Q4)

Si dans les lignes précédentes le salongo est vu comme un idéal pour parvenir à l'assainissement, par ailleurs nos enquêtés déplorent la manière dont celui-ci se déroule, ainsi que ses résultantes.

« Il y a d'autres policiers qui ne sont même pas envoyés, qui n'ont même pas l'ordre de mission. Ils peuvent vous trouver déjà à la fin du salongo, mais ils confisquent tout de même la marchandise qui n'arrivera même pas à la commune. Parfois ils les revendent chez d'autres personnes. Ils s'intéressent à l'argent, travailler ou ne pas travailler, il suffit de leur chercher quelque chose » (Fe).

Dans ce même fils 'idées cette enquêtée dit ceci :

« Les envoyés de l'Hôtel de ville ou ceux qui viennent superviser le salongo n'ont pas de rigueur. Ils focalisent leur attention sur l'aumône des vendeurs, l'argent, un produit. Les superviseurs se détournent de leur mission. Leur objectif est celui de faire travailler les gens, mais ils font juste le contraire. Parmi ces agents on voit ceux du service d'hygiène, les policiers, qui s'intègrent parce qu'ils ont besoin d'argent » (Fn).

Un autre d'ajouter:

« Avant 10 heures, il y a des policiers qui viennent surprendre les gens en les arrêtant. Les policiers ne viennent pas pour contrôler, ils ne pensent qu'à l'argent. S'ils vous arrêtent ils vous amènent à la commune pour payer l'amande, soit vous négocier sur place. Ces policiers ya de fois confisquent la marchandise des gens. C'est de l'aventure, même au grand marché le salongo ne se fait pas les policiers viennent seulement pour tourmenter la population. Quand ils arrivent même si votre place est propre, ils vous arrêtent afin de leur donner de l'argent. Tout ça c'est tourmenter la population » (Mj).

Cet enquêté fixe l'opinion en indiquant ceci :

« Normalement le salongo commence à 7 heures, à 6 heures par exemple, au moment où les bureaux de l'Etat ne pas encore ouverts, il y a déjà des policiers qui passent pour arrêter des gens. Et quand les policiers arrivent, que votre place soit propre ou pas il faut payer de l'argent. Et prenant de l'argent ils ne vous donnent ni reçu ou jeton. S'il arrive que d'autres groupes des policiers viennent de passer après le premier, il faut encore leur donner de l'argent. Quand vous leur expliquer que j'avais déjà donné à leurs collègues qui sont passés, ce n'est pas leur problème. Les policiers sont contents de descendre sur terrain parce qu'ils s'attendent à de l'argent » (Mm).

Pour celui-ci :

« Les policiers passent récupérer les marchandises des gens, foufou, chaises en les mettant dans un pousse-pousse. C'est une sorte d'intimidation pour que vous payiez de l'argent. Ce n'est pas de façon gentille mais par force. Les policiers préfèrent que les gens ouvrent leurs boutiques pour qu'ils aillent un moyen de vivre. Le salongo est vraiment la proie des policiers, quand les gens donnent quelque chose aux policiers par exemple 500 FC, ils disent que je fais le salongo avec mon 500 FC » (Mj'').

Quant à un autre :

« Je ne vois pas la raison d'être de ce salongo, parce que c'est empêcher les gens pour rien. Au moment où ils nous interdisent de vendre les libanais ouvrent leurs magasins. Ce salongo de samedi est un manque à gagner pour nous. On voit, c'est seulement les policiers qui en profite pour l'argent. En bref, le salongo est un mot d'ordre qui n'a pas sa raison d'être. Pourquoi on l'applique seulement aux commerçants et pourtant dans des avenues il y a aussi de l'insalubrité. Les policiers viennent seulement tracasser les gens » (Mf).

Dans ce même élan cet enquêté à fait savoir ce qui suit :

« Banani basalaka suivi awa ezalaka mingi ba policiers, ba policiers bato basalaka suivi ya nini wana ya salongo, wana ndenge batambolaka, eza te ke non batelama basala salongo te, bango bayakaka na mbala moko bouuu ! ba brutaliser, bakangi biloko mais soki ofuti bango quelque chose batiki na biloko na yo, donc ekoma lokola esika ya koliela. Ndenge eza boye, aye kokuta tangu mosusu eloko tangu mususu ba bâcha, mais azui yango à débâcher yango, bazwi biloko bakangi, ale tangu okokoma na bureau bazosenga 10 dollars or, ke tangu akuti mutu na mbeba ya ndenge wana, approcher mutu à la prochaine fois ameka susu kozongela yango te, mais tangu ozwi biloko wana okangi yango, biloko wana peut être eza ya 20.000 ou bien 30.000, mais tangu okomi kuna ozosenga ye, amitekili pe nanu te ozo senga, oh !pesa nga 10.000 akopesa ngo ndenge nini » (Mb).

Traduction :

« Qui font le suivi ici ce sont des policiers. Quand ils arrivent c'est ne pas pour faire le salongo. Ils confisquent nos biens et quand on leur donne quelque chose, ils vous le retournent. Ce devenu un trafic où ils trouvent leur gagne-pain. Tel que là, la marchandise peut être bâchée, mais ils vont jusqu'à la débâcher puis la confisquer. Lorsqu'on se rend à leur bureau, ils vous demandent 10 dollars or, quand quelqu'un a fait une telle faute, il faut lui reprocher pour qu'il la répète plus. Mais quand vous saisissez la marchandise d'une valeur de 20.000 ou 30.000 et en retour vous taxer une amande de 10.000 au moment où il n'a pas encore vendu, comment est-ce qu'il peut la payer ».

Venant en appui à ce point de vue, un papa a fait remarquer ceci :

« Ils ont trouvé une occasion d'argent. Ils travaillent mais abusivement. Ils travaillent pour leur propre compte, dans l'esprit de pouvoir gagner quelque chose. Ils sont présents là, ils font de va-et-vient, ils font de tour. Si quelqu'un refuse de donner l'argent, ils peuvent prendre soit, il prend la chaise, il prend la table, il commence à partir avec ou une de la marchandise dont la personne est en train de vendre. Il vient, il prend et puis il part, alors le vendeur n'acceptera pas que sa marchandise puisse partir avec les soldats, les policiers. Il va suivre et devoir donner quelque chose pour récupérer ce qu'on lui attrapé et tout ça parce qu'il vendu ou parce qu'il a ouvert la maison ou parce qu'il a étalé » (Ms).

d) Le salongo, un échec à la hauteur d'inattendu (Q5)

Depuis son institution par l'autorité urbaine de Kinshasa, le salongo est loin d'être l'indicateur du changement souhaité. Vu la progression de l'insalubrité au quotidien, les activités du salongo ressemblent à un coup d'épée dans l'eau :

« Lelo bato basalaka lisusu te. Na ngonga ya salongo bavandaka na bandako, bayaka nde sima ya salongo po na koteka. Lisusu, na tangu ya salongo nakovanda na nga liboso ya boutique mais na kangi. Ata nazosala na ga te, ba policiers bakosala eloko te, ata nakomboli te loboso ya boutique, bango problème na bango ezalaka ke balingaka te komona bato bateka na ngonga ya salongo » (Fg).

Traduction :

« Aujourd'hui les gens ne travaillent plus. Ils restent chez eux pendant le salongo et ne viennent qu'après celui-ci pour vendre. Aussi, pendant le salongo, je peux rester devant ma boutique qui est bien sûre fermée. Même si je ne travaille pas, les policiers ne font rien, même si je n'ai pas balayé devant ma boutique, leur problème est qu'ils n'aiment pas voir les gens vendre pendant le salongo ».

Un autre enquêté a renchéri comme suit :

« Comme à l'accoutumé, on vient à 11 heures or, le salongo débute en principe de 8 heures à 10 heures. La saleté est partout. Même un petit enfant peut dire que la saleté est partout. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Il faut que les gens commencent par être sérieux dans tout ce qu'ils font. Cela doit commencer par la tête. Même toi, quand tu sors ici tu feras le même constat que moi. Quand je parle qu'eux-mêmes doivent être d'abord sérieux pour le cas de ce salongo, est-ce qu'il est respecté ? Il doit chercher à savoir pourquoi il n'est pas respecté. Il envoi des policiers qui viennent chercher de l'argent tout simplement » (Mj).

De même :

«Ici  à Kinshasa, le salongo n'existe pas c'est seulement de nom. Premièrement nous payons la taxe pour la salubrité, mais le samedi on trouve toujours de la saleté. Les gens ne travaillent pas, parce qu'ils savent que si je ne travaille pas, quand les policiers viendront je leur donnerais 200 FC. Surtout ces derniers temps ils passent même plus de trois fois pour percevoir de l'argent auprès des vendeurs. Il n'y a pas des bons résultats, parce que le salongo ne se fait pas comme il faut. Si aujourd'hui on vous arrête pour n'avoir pas fait le salongo, ça dérange plus, parce que je sais qu'on finira par me lâcher après avoir donné de l'argent. Et pendant le salongo les gens ne sont pas toujours présents, ils préfèrent rester chez eux pour venir au moment où le salongo prend fin » (Mm).

Celui-ci s'exprimer comme suit :

« On entend seulement parler du salongo, mais c'est un salongo qui n'existe que de nom. On ferme les boutiques le matin jusqu'à 10 heures. C'est un salongo de mot, parce que j'ai peur d'ouvrir avant 10 heures pour qu'on ne m'arrête pas. Sinon, on préfère rester à la maison, mais on ne voit pas les gens travailler. Non ya pas des résultats palpables. Si je dis non parce que si on faisait le salongo, chaque samedi, on ne pouvait pas avoir de la boue comme ça sur cette route. Les gens voient les articles de loin mais n'arrivent pas à entrer ici parce qu'ils sont empêcher par cette boue. L'Hôtel de ville n'a pas réussi, parce qu'il est incapable. L'Hôtel de ville lui-même n'est pas surveiller, comment il va à son tour surveiller, l'Hôtel de ville n'assume pas ses responsabilités » (Mj'').

Pour cet enquêté :

« C'est à l'époque de Mobutu que le salongo avait porté des fruits. Aujourd'hui c'est seulement un slogan. Quand quelqu'un est avisé, il ne saura plus garder de l'insalubrité. On doit changer la conception » (Mf).

Comme les précédents ce papa nous a confié ceci :

« Y a pas des fruits, y a pas des fruits pour ce salongo. Je ne sais pas dans d'autres milieux, mais là où moi je travaille y a pas des fruits, y a pas de fruit. Le milieu est vraiment insalubre, le salongo n'est pas vraiment respecté. Le mot salongo est resté comme ça là, c'est une mesure, c'est décrété, mais les gens ne respectent pas ça. Y a pas des fruits, y a pas des fruits. Même si vous venez le même samedi à 12 heures, vous allez trouver ces poubelles, même le dimanche vous allez trouver ces poubelles là. Donc, n'y a pas des fruits, tout ça c'est un manque des mesures d'encadrement » (Ms).

De la même manière cet enquêté stipule ce qui suit :

« En tout cas ndeko na ngayi, elingi koloba ke mokolo yango eza mokolo ya salongo, biloko ya boye esengelaki mokolo yango samedi, toloba lokola lelo eza vendredi lobi lokola samedi oye comme ça, otala yo moko na misu no omona eloko babengi salongo, ezo salama ndenge nini ebongaki omona yango. Po oyo azosala, kaka wana bosoto nyonso tout kaka place wana. Wana eza salongo te » (Mb).

Traduction :

« En tout cas mon frère, pour des telles choses il faillait venir le même samedi, tel qu'aujourd'hui vendredi pour voir de tes propres yeux, ce qu'on appelle salongo, comment ça se passe. Il fallait que tu voies ça. Parce que là où l'on travaille, c'est là aussi que l'on dépose la même saleté. Ça ce n'est pas le salongo».

Pour celui-ci :

« Vous savez quand vous parler de salongo, on sous entend que les gens doivent travailler. Ya pas des véhicules de l'Hôtel de ville, y a pas de volonté de la part de la population. Quand les gens donnent quelque chose aux policiers par exemple 500 FC, ils disent que je fais le salongo avec mon 500 FC. Les gens attendent l'heure de la fin » (Mj'').

e) L'incommunication ou l'absence d'une information utile (Q2/Q4/Q5/ Q6)

Susciter l'adhésion, inculquer une nouvelle vision, passer d'un état à un autre, c'est inscrire le changement dans la dynamique d'une interaction permanente et constructive. Ecoutons nos enquêtés à ce propos :

« En Europe y a des gens qu'on met en route pour dire par exemple aux gens, monsieur il ne faut pas jeter la bouteille là bas, il y a une poubelle » (Mj).

Cette enquêtée de son côté pense que :

« Après le salongo, il y a des résultats éphémères. Les gens ne sont pas instruit au saolongo » (Fn).

De sa part :

« C'est à l'époque de Mobutu que le salongo avait porté des fruits. Aujourd'hui c'est seulement un slogan. Quand quelqu'un est avisé, il ne saura plus garder de l'insalubrité. On doit changer la conception » (Mf).

Pour celui-ci :

« Kala na Zaïre, mutu nyonso azalaki déjà komiyeba ke samedi ezalaka mokolo ya kobongisa bala-bala to ba mapangu na biso, place bozokovanda ou bien zongo na biso, en même temps tango bozovanda ndenge wana, bakotinda papier déjà bapesaki bino avant ke samedi. Ezalaka à partir ya moko nani, mokambi bala-bala, chef d'avenue, bakotinda papier ke bokende bokabola, samedi salongo eza » (Mb).

Traduction :

« Jadis à l'époque du Zaïre, tout le monde savait que le samedi était le jour prévu pour l'entretien de nos avenues, nos parcelles, de nos toilettes et en même temps le chef d'avenue nous envoyait un communiqué bien avant le samedi même, nous interpellant que le samedi y a salongo ».

De sa part ce papa a réagi comme suit :

«L'Hôtel de ville ne pouvait pas descendre dans tous les marchés, l'Hôtel de ville ne devrait pas descendre dans toutes les rues, mais peut être il devrait sensibiliser. Par exemple, nous au marché, je vois l'administrateur, il est l'autorité du marché. Il peut venir même avec un micro, il commence à parler. S'il ne parvient pas à rassembler le marché et les vendeurs, mais il peut passer de tabler à table ou de rangé à rangé parler avec un microphone : voilà nous devons assainir notre milieu, pour y arriver, il faudrait ceci, il faudrait cela. Mais chose qui ne se fait pas, les gens prend le mot salongo, comme ça là, salongo, salongo, salongo mais les bras croisés, salongo mais on reste à la maison jusqu'à 9 heures » (Ms).

Quant à celui-ci :

« L'Hôtel de ville n'a pas eu le temps de descendre pour des exercices sur les méthodes qu'on doit utiliser. En 2010, l'Hôtel de ville a placé des poubelles publiques. Il n'a pas eu le temps de bien expliquer aux gens. L'Hôtel de ville doit être responsable. Les gens doivent avoir des garde-fous. Il doit bien gérer leur mesure » (Mm).

f) L'in-considération ou le manque d'égard dans l'exercice du salongo (Q1/Q2/Q3)

Sentiment d'injustice, inquiétude, mauvais traitement pendant le déroulement du salongo, ce sont des marques imprimées dans le souvenir des personnes auxquelles ce salongo est destiné. Peut-on, les découvrir à travers ces extraits :

« Le samedi nous vendeurs, on ne vient pas pour faire le salongo, on vient pour vendre. Les bureaux travaillent, les commerçants expatriés vendent aux heures de salongo, pourquoi on doit s'enprendre aux autochtones, pourquoi seulement nous l'a demandé et pendant beaucoup de temps. C'est une perte de temps, le samedi on ne vend pas comme il faut » (Mf).

Pour cet intervenant :

« Si ces militaires vous attrapent, ils vous confisquent toutes vos marchandises, tel est le cas d'un ami qui vend à l'agence PMU. En causant avec lui, il m'a dit que jusque là on ne le lui a pas encore remis ses biens.  A ceux qui ne font pas le salongo, on les arrête. C'est ne pas la démocratie » (Mj).

Allant dans le même ordre d'idées, cet enquêté :

« Eloko tozomona nde yambo ya mabe na mboka oyo eza nini : bakozwa, babandi kobeta, kobwaka biloko wana eza bien te, eza mabe makasi. Zwa mutu na ndenge ya malembe, mais oyo ekomi ya kobeta, kobwaka biloko ya bato, bozosabote en même temps kokamata lisusu ba bongo, oyo bazalaki na yango, bozobotola ezalaka te. Eza te ke bana mboka tokomi lokola ba étrangers. Etranger kutu na kati ya mboka aza na paix, mais pourquoi pas biso bana mboka tozanga kimia, pona nini eza bien te. Esika wana faut bayeba, bayeba kopesa droit ya mwana mboka, batia mwana mboka na esika na ye, ke non mwana mboka esengeli azala na kimia, à vivre na kimia lokola eza mboka na ye. Bapaya bazo ya awa, baza na kimia pourquoi pas biso te. Tokomi ba paya susu bana mboka tokomi ba paya ? Wana eza bien te » (Mb).

Traduction :

« Ce que nous voyons de mal dans ce pays ce quoi : ils viennent nous frapper, jeter nos marchandises, ce n'est pas bon. Il faut de la douceur, plutôt que de frapper, de renverser nos marchandises, en les sabotant et en même temps vous confisquer notre argent, ce n'est pas comme cela. Nous nous sentons comme étrangers. Un étranger d'ailleurs vit en paix dans ce pays, mais pourquoi pas nous patriotes. Un patriote doit se sentir dans ces droits, qu'il soit en paix parce c'est son pays. Les étrangers viennent ici, ils sont en paix pourquoi pas nous. Nous citoyens, nous sommes devenus des étrangers ? Ce n'est pas bon ».

g) L'inorganisation ou l'absence des conditions nécessaires à l'assainissement (Q2/Q4/Q6/)

Assainir, c'est aussi réunir les moyens indispensables au bon fonctionnement du projet. Sans poubelles et sans évacuation continuelle, sans agents efficaces, sans entretien permanent et sans valorisation des immondices, c'est tournoyer en rond :

« La propreté c'est bien, seulement là où le bas blesse, il y a pas une bonne organisation, y a pas des poubelles. Ils nous demandent de mettre la propreté mais où l'évacuer ? L'Hôtel de ville doit faire un suivi efficace pour ramasser les déchets que les gens produisent par avenue, par marché par exemple. On pouvait organiser des services à l'instar de la SNEL, où des agents de l'insalubrité travaillent et à la fin on vous donner la facture, qui doit être en dessous de 1dollars. Je pense ça doit être un service privé parce que celui de l'Etat ! Il faut que la communauté soit organisée qu'on ait un chef de rue qui doit être respecté comme jadis en travaillant en collaboration avec le chef du quartier. Tout doit partir de l'organisation, on ne doit pas commencer un problème par des solutions » (Mf).

Pour cette maman :

« Comme dans des marchés, il faut placer des poubelles après une distance de deux mètres. Par exemple, quand on a quelque chose qu'on doit jeter, qu'on la jette plus n'importe où, mais dans la poubelle. Puis, cette poubelle doit être évacuée de temps en temps » (Fe).

Un autre enquêté de son côté s'exprime ainsi :

« Kala ezalaki l'Etat na population ba JMPR, wana babandaki ko participer, ba chefs des quartiers. Chef du quartier ye moko azalaki en personne, azo contrôlé na avenue na ye, tii azokota lopango ya moko na moko, azotala bala-bala, ndenge nini mosala esalami. Soki pe kuna basali te, ako convoqué parent wana, pourquoi lopango wana basali propreté te, soit bakozwa tangu mosusu deux jeunes chaque parcelle, bakoti na salongo. Salongo eza na ngo lisusu te » (Mb).

Traduction :

« A l'époque, c'est l'Etat et la population soit les JMPR ainsi les chefs des quartiers qui s'en chargeaient du salongo. Le chef d'avenue lui-même en personne assurait le contrôle de son avenue, en visitant chaque parcelle et son avenue entière, comment le travail a été effectué. S'il arrivait qu'il y a un endroit où le salongo n'a pas été fait, il convoque son propriétaire en cherchant à savoir dans votre parcelle, pourquoi la propreté n'a pas été maintenue. Ou soit, l'on demandait deux jeunes par parcelle pour le salongo. Le salongo n'existe plus ».

Ce papa quant à lui déclare  ceci :

« On a lancé la campagne chaque jour, chaque samedi salongo, les chefs des entités ou les chefs des marchés et les chefs des rues devraient se préparer en conséquence. Par exemple, chercher les éboueurs, les gens qui devaient assurer le transport ou faire le déplacement des immondices après que les vendeurs ou les gens de la rue aient balayé. C'est une formation, aussi de la préparation. Alors ce manque de préparation, c'est qui a fait que ce système puisse échouer et donc, le salongo » (Ms).

Réagissant comme les précédents, cette enquêtée explique :

« Si partout il y avait des poubelles, ça serait une bonne chose. Mais il ne suffit pas de déposer des poubelles, sans les vider, sans suivi. C'est encore pire que de laisser les gens vivre dans l'insalubrité » (Fn).

h) Lutter contre l'insalubrité et pérenniser le changement, c'est conscientiser (Q5, Q6 et Q7)

Si l'insuccès du programme d'assainissement de l'autorité urbaine de Kinshasa est attribué à un problème d'approche, les personnes enquêtées estiment quant à eux que, lutter contre l'insalubrité et pérenniser le changement, c'est responsabiliser ou encore c'est conscientiser l'individu au centre de l'agir :

« La conscience de l'homme doit travailler, il faudra que l'homme lui-même se reproche que ce que je suis en train de faire, ce n'est pas propre. La personne doit toujours continuer à faire du bien sans être forcée par qui ». (Mj).

Pour celui-ci :

« Il faut commencer par prendre conscience, pour savoir que là où je suis est sale. Chaque personne doit savoir là où il faut jeter les déchets. On ne doit pas jeter n'importe quoi n'importe où. Il faut que les gens prennent conscience. On doit mettre les agents pour faire savoir à ceux qui vendent ou à ceux qui sont dans leur parcelle d'avoir des poubelles. Les chefs des rues, des quartiers doivent interpeller les gens sur les méfaits de l'insalubrité » (Fe).

Une maman pense que :

« Esengeli moto ayeba ke esika nazovanda ebongi ezala peto. Na yango, il faut kokombola libanda, kotumba matiti. Salongo ezali likambo ya mikolo nyonso, donc kotia bopeto eza kaka te mokolo ya poso  te » (Fg).

Traduction :

« Que la personne sache que là où je vis doit être propre. Ainsi, il faut balayer sa cour tout en brulant les déchets. Le salongo est un effort de tous les jours, donc la propreté ne doit pas seulement se limiter le samedi ».

De même cette enquêtée stipule que :

« Si vous êtes habitué à la propreté, l'on passera un coup de balai au début de la journée tout comme à la fin de la journée. Par la sensibilisation, on peut bien faire ce travail. Dans la sensibilisation, il faut donner des informations aux gens sur les notions d'hygiène » (Fn).

Comme les précédents cet enquêté a fait savoir ceci :

« Une autre façon de faire, l'Hôtel de ville n'a pas d'autre moyen de faire. Mais nous aussi, nous devons être conscients. Il faudra que la population prenne conscience. Nous ne devons pas attendre que l'Hôtel de ville envoie les gens pour que l'on mette la propreté. La population doit prendre conscience. Les gens doivent se sentir capables de travailler eux-mêmes, sans qu'ils soient poussés par une autre personne. Chacun d'abord doit disposer une poubelle chez soi. Il ne faut pas toujours donner un grand travail à l'Hôtel de ville. Là où nous sommes, nous pouvons toujours l'entretenir. Jeter les histoires sur la route n'est pas bon » (Mj').

Aussi :

« Pour obtenir des résultats escomptés, il faudra que les congolais sachent que dans notre pays, la saleté existe et qu'il n'y a que moi-même qui peut lutter contre cela. Tu verras quelqu'un peut venir trouver la saleté devant sa boutique, il ouvre sans inquiétude et continue à vendre. La saleté dont il est question réside dans la tête des individus. La saleté ne date pas d'aujourd'hui, les congolais n'en fait plus un problème, la saleté est restée dans leur tête, la saleté est devenue une habitude. Il faut utiliser la mentalité des gens. Ça doit d'abord être une discipline personnelle » (Mm).

Pour son compte :

« Qu'on prenne des sifflets, des tam-tams, qu'on interpelle la population. C'est un problème de mentalité et de conscience, parce que dans la vie on peut tout tromper sauf sa conscience. Ce qu'on dit à lingala `` zonga mutu. Soki ozongi mutu, okosumba na nzela te, okosuba na nzela te''74(*). Ainsi, faire des ateliers bibliques, animer des conférences par exemple sur des maladies causées par l'insalubrité, en montrant les gens qui sont déjà touchés. Il faut des conseils. Moralement, ça sera une bonne chose » (Mj'').

De la même manière cet enquêté a confié ceci :

« Nakotala, ya motuya eza nanu biso moko pe conscience na bis oba peuple faut toyebaka. Eza mokumba ya Hôtel de ville normalement, mais population ezosenga ke biso moko tozala na boyebi ya eloko wana. Faut biso moko pe toyeba yango, tobanda kosalela yango, ezala kaka te faut batelemelaka biso na mutu te, biso moko pe faut toyeba yango. Pona nga en tout cas eyano na nga eza bongo, conscience kaka ya mutu. Mutu ye moko azwa kaka conscience ke ngayi faut nabongisa esika nga nazofanda, faut nabongisa esika na nga nazosalela. Ezalaka nde ndenge wana » (Mb).

Traduction :

« En bien regardant, le plus important est que nous peuple, nous ayons nous-mêmes la conscience. Bien que ce soit la responsabilité de l'Hôtel de ville, il ne faudra pas toujours attendre qu'il ait quelqu'un pour nous pousser non, nous devons la connaître nous-mêmes. C'est seulement la conscience de l'individu. Que l'individu lui-même prenne conscience en sachant que je dois assainir l'endroit où je vis, l'endroit où je travaille. C'est comme ça que ça se fait ».

Pour ce papa :

« Les vendeurs eux-mêmes aussi pouvaient être préparés moralement aussi psychologiquement. Comment cela, un administrateur c'est une autorité, s'il a des initiatives de ressembler les gens ou de parler aux gens, leur donner la morale par rapport à un sujet, non, non les gens vont entendre. Si pas tout le monde, mais du moins y aura quand même ceux qui vont comprendre l'importance de l'insalubrité et les méfaits de l'insalubrité et après ça disposer aussi des moyens. Donc, le tout commence ici à la tête, alors pour quelqu'un qui n'a pas ça à la tête, on peut le conscientiser en voyant des exemples ou en lui parlant, en lui disant par exemple que '' tala '' (regardes) les biens fondés, les inconvénients de l'insalubrité. Il doit y avoir des gens qui vont suivre, comprendre. Voilà moi je parlais de la conscientisation » (Ms).

III. 3. Analyse et interprétation des résultats

Le principal objectif poursuivi par cette section est essentiellement explicative. Elle vise à mettre en corrélation les grandes tendances dégagées dans les lignes précédentes, afin d'établir le rapport de la causalité ou les facteurs explicatifs qui en découlent.

De prime à bord, au regard du déménagement des vendeurs le long des artères publiques, les enseignements du terrain révèlent que la notion du danger de vendre aux alentours du boulevard, ainsi que celle de l'insalubrité est bel et bien évaluée par nos enquêtés. Cette position apparait au clair dans leurs réponses à travers cet extrait :

« C'est pour éviter les encombrements parce qu'en cas d'accident, on n'est pas exempté. Aussi, parce que ce qu'ils vendent causent aussi de l'insalubrité. Il y a aussi des autorités qui se sentent gêner quand ils passent parfois on leur lance de pierre » (Mf).

Par ailleurs, si les uns essayent de comprendre cette mesure sous cet oeil, d'autres cependant, s'inscrivent en faux contre cette réglementation et pensent que celle-ci est en incompatibilité avec le vécu quotidien de la population. C'est ce qu'a fait savoir cet interviewé :

« L'Hôtel de ville lorsqu'il chasse les gens, il dit que ces gens là sont en train de salir la ville. Chasser les gens n'est pas la raison parce qu'en 2006, il fait au tant. Il a interdit la vente de l'eau en sachet mais y a pas toujours de solution. Chasser les gens c'est bien. Parmi les enfants qui vendent de l'eau en sachet, il y a des enfants des fonctionnaires qui ne sont pas bien payés. Il faut commencer par bien payer les gens pour qu'ils ne vendent plus le long des artères. Il faut d'abord commencer par résoudre les problèmes qui tourmentent l'ordre social avant de penser à résoudre la salubrité » (Mj').

Un autre réagi comme suite :

« Là où ils vendent n'est pas le marché. Mais les vendeurs ont parfois raison parce qu'ils n'ont pas de place précise pour vendre. Parmi eux, il y a des gens qui ont payé le frais pour avoir un étalage dans un marché, mais ils sont ballotés par ceux qui perçoivent cet argent » (Mm).

Restant dans cette logique, une filiation s'établie entre la première et la deuxième question où deux tendances se manifeste également sur la perception du salongo. Ainsi, comme on peut le constater, le contact avec le terrain indique à ce propos que, pris de manière singulière, le salongo en tant qu'initiative de développement est estimé à sa juste valeur pour certains, tel que cela se laisse entendre à travers cette déclaration :

« Le salongo est bon pour assainir notre pays » (Fe).

Cependant, un autre camp de son côté voit en ce salongo un obstacle à leurs activités commerciales, mais aussi comme une mesure à double vitesse : « Je ne vois pas la raison d'être de ce salongo, parce que c'est empêcher les gens pour rien. Au moment où ils nous interdisent de vendre les libanais ouvrent leurs magasins. Ce salongo de samedi est un manque à gagner pour nous ».

En rapprochant de plus près ces avis, malgré la divergence avec un écart aussi moindre entre l'opinion défavorable et favorable sur la perception du salongo, il se dégage dans cette étude que, le salongo se présente ici comme un facteur propulsant de la propreté et en tant que telle, il est une expérience quotidienne. En ce sens, il sied de noter que, les gens ne s'opposent pas au changement dans l'absolu. Ce qu'ils refusent, c'est un changement dont ne ils partagent les règles de jeu.

A l'inverse, même si le salongo mérite une acception utilitaire dans l'esprit des personnes enquêtées, ses répercussions sur le terrain restent infécondes. Cela apparait en clair dans la cinquième question de notre entretien relative aux résultats de cette approche. En conséquence, étant une vision non partagée, le salongo a engendré dans le chef des individus le sentiment de démotivation ou le manque des raisons d'agir, lequel conduit à son tour à une désobéissance passive. Ceci pour éviter d'entrer en conflit avec la loi. Ainsi dans sa pratique, si les uns essayent de mettre une propreté de façade, les autres par contre croisent les bras ou d'autres encore juge mieux de rester chez eux et n'attendent que la fin du salongo. C'est ce qu'explique cette enquêtée :

« Aujourd'hui les gens ne travaillent plus. Ils restent chez eux pendant le salongo et ne viennent qu'après celui-ci pour vendre. Aussi, pendant le salongo, je peux rester devant ma boutique qui est bien sûre fermée. Même si je ne travaille pas, les policiers ne font rien, même si je n'ai pas balayé devant ma boutique, leur problème est qu'ils n'aiment pas voir les gens vendre pendant le salongo » (Fg).

Ce répondant de son côté passe au crible les résultats de cette approche :

« Comme à l'accoutumé, on vient à 11 heures or, le salongo débute en principe de 8 heures à 10 heures. La saleté est partout. Même un petit enfant peut dire que la saleté est partout. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Il faut que les gens commencent par être sérieux dans tout ce qu'ils font, la sériosité doit commencer par la tête. Même toi, quand tu sors ici tu feras le même constat que moi. Quand je parle qu'eux-mêmes doivent être d'abord sérieux pour le cas de ce salongo, est-ce qu'il est respecté ? Il doit chercher à savoir pourquoi il n'est pas respecté. Il envoie des policiers qui viennent chercher de l'argent tout simplement » (Mj).

Une relation d'implication se trace entre la cinquième, la troisième et la quatrième question venant ainsi expliquer les causes de cet insuccès. Les réalités de terrain attestent à ce sujet que contre toute attente, le salongo n'est qu'une opportunité mis en profit des agents de l'ordre pour malmener les paisibles citoyens afin de remplir leurs poches. Sentiment d'un rendez-vous manqué du côté des personnes enquêtées, le salongo est en revanche un motif de joie pour les agents de la police. Voilà pourquoi pour atteindre leurs objectifs, ces agents mettent en avant plan les infractions non fondées. Une maman raconte ici cette indignation :

« Il y a d'autres policiers qui ne sont même pas envoyés, qui n'ont même pas l'ordre de mission. Ils peuvent vous trouver déjà à la fin du salongo, mais ils confisquent tout de même la marchandise qui n'arrivera même pas à la commune. Parfois ils les revendent chez d'autres personnes. Ils s'intéressent à l'argent, travailler ou ne pas travailler, il suffit de leur chercher quelque chose » (Fe).

A cela s'associe l'outrance observée dans le déménagement des vendeurs le long des artères publiques et pendant le salongo, où la méchanceté et la force s'embrassent. Aussi, la relation qui caractérise les agents de l'ordre et les vendeurs à ce moment est semblable celle d'un chien face à un chat. Le tabac, l'arrestation, la destruction des marchandises et des étalages sont au rendez-vous. Les victimes de leur côté assistent impuissant devant ces actes sadiques. Tel qu'on peut lire dans cet extrait des questions 1, 2 et 3 :  

« Ce que nous voyons de mal dans ce pays ce quoi : ils viennent nous frapper, jeter nos marchandises, ce n'est pas bon. Il faut de la douceur, plutôt que de frapper, de renverser nos marchandises, en les sabotant et en même temps vous confisquer notre argent, ce n'est pas comme cela. Nous nous sentons comme étrangers. Un étranger d'ailleurs vit en paix dans ce pays, mais pourquoi pas nous patriotes. Un patriote doit se sentir dans ces droits, qu'il soit en paix parce c'est son pays. Les étrangers viennent ici, ils sont en paix pourquoi pas nous. Nous citoyens, nous sommes devenus des étrangers ? Ce n'est pas bon » (Mb).

Bien au de là de « l'in-considération », un autre élément du fiasco de cette politique d'assainissement s'explique à travers l'inexistence d'une communication interactive. L'on peut constater à ce sujet que, dans son texte législatif numéro 088 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa, l'Hôtel ne se limite qu'à définir les objectifs organisationnels de base notamment, celui d'assainir la ville. En mettant cependant de côté, les objectifs communicationnels ayant pour vocation de véhiculer la vision du changement. Or, les objectifs organisationnels sont indissociables des objectifs communicationnels. Découvrons cela à travers ces propos des questions 2, 4, 5 et 6 :

« L'Hôtel de ville ne pouvait pas descendre dans tous les marchés, l'Hôtel de ville ne devrait pas descendre dans toutes les rues, mais peut être il devrait sensibiliser. Par exemple, nous au marché, je vois l'administrateur, il est l'autorité du marché. Il peut venir même avec un micro, il commence à parler. S'il ne parvient pas à rassembler le marché et les vendeurs, mais il peut passer de tabler à table ou de rangé à rangé parler avec un microphone : voilà nous devons assainir notre milieu, pour y arriver, il faudrait ceci, il faudrait cela. Mais chose qui ne se fait pas, les gens prend le mot salongo, comme ça là, salongo, salongo, salongo mais les bras croisés, salongo mais on reste à la maison jusqu'à 9 heures » (Ms).

Un autre a renchéri en ces termes :

« L'Hôtel de ville n'a pas eu le temps de descendre pour des exercices sur les méthodes qu'on doit utiliser. En 2010, l'Hôtel de ville a placé des poubelles publiques. Il n'a pas eu le temps de bien expliquer aux gens. L'Hôtel de ville doit être responsable. Les gens doivent avoir des garde-fous. Il doit bien gérer leur mesure » (Mm).

Les déficits du système organisationnel en matière d'assainissement viennent se joindre aux éléments précédents. Les résultats d'enquête démontrent à ce sujet que l'absence des poubelles publiques, l'abandon des immondices ou encore l'inexistence d'un réseau d'assainissement ayant en sa charge le ramassage permanent des ordures, le traitement, le recyclage et la valorisation demeurent un écueil majeur à ce voeu d'assainissement. A ce propos il sied de souligner que, si les objectifs organisationnels de leur part ne sont pas atteints, la communication ne peut pas suppléer ce vide. Les deux objectifs fonctionnent de façon symétrique. Nos enquêtés ont fait savoir à ce sujet ce qui suit :

« Si partout il y avait des poubelles, ça serait une bonne chose. Mais il ne suffit pas de déposer des poubelles, sans les vider, sans suivi. C'est encore pire que de laisser les gens vivre dans l'insalubrité » (Fn).

Réagissant à ce propos, ce Papa attribue ce sors à l'impréparation :

« On a lancé la campagne chaque jour, chaque samedi salongo, les chefs des entités ou les chefs des marchés et les chefs des rues devraient se préparer en conséquence. Par exemple, chercher les éboueurs, les gens qui devaient assurer le transport ou faire le déplacement des immondices après que les vendeurs ou les gens de la rue aient balayé. C'est une formation, aussi de la préparation. Alors ce manque de préparation, c'est qui a fait que ce système puisse échouer et donc, le salongo » (Ms).

Toutes les critiques à l'égard de cette approche, incluent les propositions des enquêtés aux questions 6 et 7. Ainsi, les informations de terrain stipulent que pour s'approcher de son objectif, l'Hôtel de ville de Kinshasa à tout intérêt de repenser sa politique d'assainissement. En revanche, l'échantillon des personnes enquêtées estiment à cet effet que, la voie à emprunter est celle qui aboutisse au déclenchement de la remise en question de l'insalubrité par les sujets concernés. Cela, en mettant en exergue les inconvénients de l'insalubrité d'une part et les bénéfices individuels que collectifs de la salubrité de l'autre part. Car, il ressort de ce constat qu'en concevant le changement de cette façon, la politique de l'autorité urbaine de Kinshasa passe non pas à côté du fléau mais plutôt, loin de celui-ci. Les discours des enquêtés à ce sujet demeurent sans détour, comme le préconise l'un parmi eux à travers cet extrait :

« Qu'on prenne des sifflets, des tam-tams, qu'on interpelle la population. C'est un problème de mentalité et de conscience, parce que dans la vie on peut tout tromper sauf sa conscience. Ce qu'on dit à lingala `` zonga mutu. Soki ozongi mutu, okosumba na nzela te, okosuba na nzela te''. Ainsi, faire des ateliers bibliques, animer des conférences par exemple sur des maladies causées par l'insalubrité, en montrant les gens qui sont déjà touchés. Il faut des conseils. Moralement, ça sera une bonne chose » (Mj'').

III. 4. Reprise critique

Les résultats ainsi obtenus, l'effort consenti par point consiste à expliquer les écarts entre la théorie de la CCC et ces résultats, enfin d'envisager quelques perspectives.

De ce qui précède, mettre sur pied une politique d'intervention pour lutter contre l'insalubrité, c'est chercher à la comprendre comme un fait de société. Par conséquent, en tant qu'un fait de société, pour décider d'une quelconque stratégie, la problématique de l'insalubrité devrait être avant tout diagnostiquée et ses causes relevées. Car, dit-on en sociologie, les faits sociaux sont totaux et globaux.

A cet effet, en s'appuyant sur une approche coercitive pour énoncer un nouveau comportement à adopter, la CCC considère qu'un changement à coup de décret ou d'imposition, est un changement voué à l'échec. Christian Baylon et Xavier Mignon ajoutent à ce sujet qu' « il ne suffit pas de rendre une mesure obligatoire, de menacer d'une sanction en cas d'inobservation pour modifier le comportement individuel »75(*). De la contrainte résulte la dissonance cognitive conduisant à la résistance ou encore le rejet d'une réglementation ressentie comme des actes d'agressions non motivés. Mais aussi, les êtres humains étant rationnels, utilisent systématiquement l'information à leur disposition avant d'agir, comme l'indique Ajzen et Fishbein. Restant dans cette logique, Pierre Pastor et Richard Breard stipulent qu'« un conflit non traité correctement surtout s'il a été accompagné des sanctions peut entrainer pendant des années une baisse radicale de motivation et d'engagement »76(*). C'est un ainsi que dans une démarche coercitive, le comportement désiré tend à disparaître, dès lors que les actions de cette épreuve de force s'arrêtent. Ceci revient à dire que, dans l'esprit humain, plus on a le sentiment que quelque chose est imposée, plus on a tendance à s'opposer.

Par ailleurs, si le changement déclaratoire est perçu comme une approche de la non-négociabilité, regardant l'individu comme un simple instrument de la volonté des autorités, la CCC quant à lui inscrit le changement dans un processus dialogique. Aussi, elle conçoit le changement non pas comme une démarche linéaire mais bien plutôt progressive, laquelle doit obéir à un certain nombre d'étapes en passant par des rechutes et des rebondissements. Dans ce sens la CCC est essentiellement une approche éducative.

En essayant d'appréhender le changement dans son contexte social, culturel, économique et politique, la CCC recourt à une approche globale et va plus loin pour chercher les caractéristiques d'une situation en analysant tous les moyens de persuasion. Pour la CCC, l'individu doit modifier avant tout sa perception de la réalité. Elle précise que ce qui influence le comportement de l'individu se sont les attitudes et les croyances acquises par les habitus, lesquelles il faut combattre en premier lieu. Car, « un changement est avant tout une transformation des acteurs eux-mêmes »77(*). Ceci revient à dire que le changement de comportement suppose un changement :

- au niveau cognitif,

- au niveau affectif,

- et au niveau d'action.

La CCC aident les gens à agir favorable et en connaissance de cause. Ainsi, elle privilégie le dialogue qu'une décision subie ou une communication verticale.

Parallèlement, « persuader pour modifier les comportements préjudiciables à l'intérêt individuel que collectif implique un préalable : faire connaître les raisons qui justifient les modifications d'attitudes préconisées, donc diffuser au maximum les faits et les commentaires explicatifs du sujet et de la campagne »78(*). L'information représente le point de départ incontournable de toute démarche de changement. Elle a pour objectif est de toucher positivement les éléments conditionnant le comportement de l'individu (attitudes, normes subjectives...). L'information ainsi diffuée, alimente l'opinion de l'individu et forme une connaissance acquise après son interprétation. De cette, manière, la CCC n'intervient pas sans toutefois suffisamment livrer les raisons de mieux se comporter. En d'autres termes, l'information permet à l'individu à prendre connaissance du problème, tout en l'aidant à découvrir le danger tout comme le bénéfice qui en résulte. Elle conduit aussi à l'auto-évaluation, laquelle déclenche à son tour la prise de conscience et pour enfin susciter l'engagement. La CCC prône ainsi qu'il faut passer de l'information à la sensibilisation et de la sensibilisation à la conscientisation.

Ainsi, la CCC insiste à ce sujet qu' « on ne change pas sans communiquer et qu'il faut disposer aussi d'éléments d'informations complets à communiquer »79(*). Par cette communication, la CCC vise à construire des ponts et non pas des barrières, car communiquer c'est « créer un état d'esprit en commun entre qui celui émet et celui qui reçoit »80(*) pour que les acteurs en situation de communication soient les co-auteurs du dire. La communication est ainsi une négociation entre les états du moi. Dans cet élan, une communication réussie a besoin d'être présentée dans un contexte, qui donne à chaque interlocuteur sa valeur. La CCC communique ainsi pour coopérer et tisser les relations visant à transformer l'individu.

Pour pérenniser le changement dans le temps et dans l'espace, la CCC repose sur l'implication des sujets concernés. Etant une démarche consensuelle, la CCC n'est pas une intervention « pour l'individu ou la communauté » mais plutôt une intervention « avec l'individu ou la communauté ». De par cette acception, la CCC démontre que l'appropriation n'est possible que lorsque l'individu participe pleinement au processus et ce, dès l'identification du problème à la proposition des solutions. En d'autres termes, la logique de tout développement durable prend sa force dans une approche participative, cherchant à construire ensemble tout d'abord sur le plan d'idées et enfin sur le plan d'actions.

En appuyant cette vision, Lewin, Coch et French81(*) souligne à ce propos que pour qu'un changement soit réussi, il est nécessaire de le préparer par des discussions en groupe :

- Pour informer les acteurs de la nécessité du changement,

- Pour les inclure dans sa préparation en les faisant participer activement,

- Pour décider les modalités de la mise en oeuvre.

Pour ce faire, la CCC sollicite une adhésion volontaire car, un acte réalisé dans un contexte libre est plus engageant qu'un geste accompli dans une soumission passive ou par contrainte. Elle souligne aussi que les gens sont beaucoup plus disposés à changer que pour les choses dont ils sont capables. Son souci est de faire du changement un allant de soi, qui s'intègre dans la conscience pour devenir ainsi une culture qu'elle considère comme une seconde nature. Pour y arriver, la CCC fustige en tout état de cause, que, le changement ne se décrète pas mais s'accompagne.

III. 5. Orientation stratégique d'une campagne de CCC

Promouvoir, renforcer ou maintenir le changement de comportement en matière d'assainissement, nécessite la mise en place d'une stratégie de communication efficace avec des objectifs bien définis. Cette communication doit être perçue comme un moyen d'information et d'éducation permettant ainsi d'attirer l'attention, de susciter l'intérêt et le désir des publics concernés, mais aussi de les inciter à l'observation des principes d'hygiène environnementale.

Eu égard à ce qui précède, dans ce point il est question d'étudier comment influencer un changement de comportent positif et durable.

III.5.1. Analyse de la situation

Les maladies qui ont cessé de tuer ailleurs sont au rendez-vous quotidien à Kinshasa, mais aussi dans le reste du pays. De nos jours, le choléra, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques, le paludisme et la typhoïde principalement chez les enfants et les femmes enceinte occupent une place importante dans le profil épidémiologique du pays et de la ville de Kinshasa en particulier.

Les esprits bienveillants s'accordent à ce sujet que, ces pathologies à répétition résultent d'un écart entre les pratiques comportementales actuelles et les règles d'hygiène environnementale. En effet, la croissance de l'insalubrité généralisée à travers la présence accrue des décharges publiques non contrôlées et des eaux usées de tout genre longeant les rues de la capitale, ont fortement favorisé la prolifération des mouches et des moustiques, les premiers vecteurs de plusieurs maladies. Tout de même, l'insuffisance d'un réseau d'assainissement dynamique de ramassage des ordures a contribué l'altération de la beauté de la mégapole. Par ailleurs, l'absence d'une politique de communication pouvant alimenter les connaissances, les attitudes et les croyances de la population en matière d'hygiène environnementale, reste un grand obstacle au changement.

Ces problèmes majeurs d'environnement et de santé publique ne peuvent s'améliorer tous seuls par un miracle. La solution à ces fléaux relève des conditions à la fois politique, économique et sociales, mais aussi de l'appropriation correcte d'un système de communication entrainant une prise de conscience sur l'importance de l'hygiène environnementale. Ainsi, la construction d'une conscience écologique peut être bénéfique pour l'épanouissent d'un corps sain, dans un environnement sain et beau. Car, l'environnement et la santé sont deux éléments inséparables.

De cette façon, l'implication de toute les parties prenantes tant au niveau étatique que non étatique, l'éducation environnementale et sanitaire auprès de la population s'avèrent un enjeu de taille face aux problèmes d'hygiène environnementale.

III.5.2. Définition des objectifs de communication

L'acquisition des connaissances, le changement d'attitudes et des pratiques comportementales, sont les résultats attendus par ce projet de CCC.

- Objectif de connaissance :

Augmenter de 20 % le taux des gens qui connaissent les avantages de l'hygiène environnementale d'ici fin 2013.

- Objectif d'attitude :

Accroître de 20 % le taux des personnes qui perçoivent les bénéfices qu'offrent un environnement assaini d'ici fin 2013.

- Objectif comportemental :

Augmenter de 20 % le taux des gens qui pratiquent les principes d'hygiène environnementale d'ici fin 2013.

III.5.3. Segmentation de l'audience

Les objectifs de communication étant bien définis en termes mesurables, il est maintenant question d'identifier les cibles de communication et d'en faire leur analyse.

· Coeur de cible : les jeunes

Le profile de notre cible privilégiée est sociodémographique. Cette communication va s'adresser aux jeunes filles et garçons dont l'âge varie entre 13 et 35 ans. L'objectif poursuivi par ce choix est de créer une nouvelle génération des éco-citoyens. Aussi, tout comme d'autres catégories des personnes, les jeunes ne sont pas épargnés par la typhoïde et la malaria qui battent record presque dans tous les diagnostics médicaux à Kinshasa. C'est pour au tant qu'il faut les conscientiser sur ce danger permanent qui les guètes.

D'un point de vue psychographique, les jeunes sont naturellement attirés par le beau de façon général. C'est l'une des raisons parmi lesquelles, ils envient d'autres villes du monde. D'où l'intérêt à susciter ce besoin latent ici chez nous.

· Cible secondaire : elle est constituée par les gens qui doivent faire adopter le changement souhaité.

- La famille : c'est le socle par excellence de l'éducation. Elle reste la première instance de socialisation..

- L'école : c'est un meilleur canal de communication. Car, l'école, les jeunes ont une oreille attentive à ce disent leurs enseignants.

- Les milieux cliniques et le personnel médical: ce sont des conseillers par excellence. A travers les statistiques sur le taux des personnes victimes des maladies causées par l'insalubrité dans notre milieu, ils peuvent sensiblement mobiliser les jeunes à défendre cette cause.

- L'Eglise : à travers les groupes de formation, leurs enseignements peuvent faire agir efficacement et positivement les jeunes sur l'hygiène environnementale.

- Les leaders d'opinion : les artistes musiciens, comédiens et les sportifs sont parfois une catégorie la plus écoutée. A travers leurs chansons, théâtres et leur expertise, ils peuvent influencer de façon démesurée les appétits des jeunes en matière de salubrité.

- Les Ong : grâce à leurs oeuvres de bienfaisance, les jeux concours et leur prestation des services, elles peuvent toucher les sensibilités des jeunes pour cette cause.

- L'Etat : en allouant des ressources nécessaires pour l'assainissement, l'Etat peut contribuer significativement à l'instauration d'un climat propice au changement souhaité.

III.5.4. Analyse de l'audience

Cette analyse se fonde sur l'observation du phénomène tel que vécu. Elle vise ainsi à décrire le profil du public cible vis-à-vis de l'hygiène environnementale.

a) Connaissance en matière d'hygiène environnementale

- Faible connaissance sur les conséquences d'une mauvaise pratique d'hygiène environnementale,

- Faible connaissance sur les bienfondés d'un espace vital assaini.

b) Attitude en matière d'hygiène environnementale

- Mauvaise croyance sur les principes d'hygiène (l'homme noir ne meurt pas des microbes),

- Ne perçoit pas l'insalubrité comme une préoccupation majeure,

- Indifférence sur la dégradation de la beauté de la ville.

c) Pratique en matière d'hygiène environnementale

- Esprit poubelle, c'est-à-dire n'importe quoi est jeté n'importe où et n'importe comment.

III.5.5. Opportunités et obstacles

a) Opportunités

- Existence des moyens de communication,

- Disponibilité de la ressource humaine,

- Existence du projet sur la modernisation du pays,

- Opinion favorable.

b) Obstacles

- Faible engagement politique,

- Faible moyens financiers

- Absence d'un service d'hygiène approprié,

- Faible dynamisme des Ong et autres association,

- Faible pouvoir d'achat de la population,

- Faible engagement des médias.

III.5.6. Création des messages

L'effort consenti ici, consiste à mettre en place un discours ouvert, susceptible de toucher l'âme des publics cibles. Il s'agit d'un discours qui doit demeurer dans l'imaginaire collectif et qui doit faire agir au même moment. La création de ces messages s'inspire du plan du travail créatif (PTC) du modèle de l'agence Young & Rubicam82(*). Le tableau ci-dessous matérialise ces messages.

ü Slogan :

'' Sans ma contribution pour stopper l'insalubrité, Kinshasa ne sera jamais chic!''

Pour atteindre ses objectifs, le changement doit être ressenti à tous les niveaux de la vie. C'est pourquoi ce slogan doit être utilisé dans une vision éclatée. Dans son application, chaque entité devra remplacer le nom « Kinshasa » par la sienne car, c'est la somme de ces résultats qui feront de Kinshasa chic

ü Stratégie créative

Composant du message

Conceptualisation

Axe publicitaire

Hier Kinshasa était reconnue '' Kin-la-belle''. Mais pourquoi pas aujourd'hui ?

Concept d'évocation

M'engager à bien entretenir mon espace et à jeter mes ordures que dans une poubelle appropriée, c'est rendre possible ce rêve.

Promesse

Vaincre l'insalubrité, c'est voir en Kinshasa une ville semblable à celle de tes rêves.

Support promesse

A chaque instant et partout, un réseau d'assainissement et d'hygiène efficace vous accompagnera.

Conclusion

Voter pour '' Kin-la-belle'', c'est éviter l'insalubrité où que vous soyez.

Ton de communication

Testimonial

III.5.7. Canaux de communication

Faire agir pour changer, c'est aussi sélectionner les moyens compatibles par lesquels le message passera de la source vers la cible. Ce choix se fait en fonction des quelques critères suivants :

- L'adéquation à la cible (accès, préférence, degré de familiarité),

- La crédibilité du canal,

- L'impact (engagement, attraction, attention, mémorisation),

- La couverture géographique,

- Le coût.

Pour le cas d'espèce, les canaux choisis sont ci-après

· Les canaux institutionnels : les systèmes d'enseignements, les ONG, les milieux cliniques et le service d'hygiène.

· Les canaux médiatiques : médias de mass (radio, TV, presse affichage).

· Les canaux socioculturels : leaders d'opinion (artistes musiciens, comédiens, sportifs et les responsables des confessions religieuses).

Ceci nous conduit à proposer un plan média dans le tableau qui suit :

a) Médias

Moyen de communication

Actions

Période

Tranche horaire

TV

Balancement des spots publicitaires

Toute la période de la campagne

6h15, 12h15, 18h45, 20h30

Radio

Balancement des spots publicitaires

Toute la période de la campagne

6h15, 12h15, 18h45, 20h30

Affichage

Implantation des panneaux publicitaires dans les endroits stratégiques de la ville de Kinshasa

Toute la période de la campagne

- + -

b) Hors médias

- Implantation des banderoles,

- Constitution des clubs des éco-citoyens,

- Causeries éducatives,

- Tournée des conférences,

- Rencontres sportives,

- Marathons,

- Jeux concours,

- Emissions publiques,

- Sketch et théâtres,

- Projections films et débats,

- T-shirts,

- Casquettes,

- dépliants etc.

III.5.7. Timing et plan d'action opérationnel

a) Timing

La présente campagne se déroulera sur une échéance de 12 mois, repartis en quatre (4) trimestres. Les premiers trimestres sont essentiellement préparatoires et les deux derniers sont ceux du lancement de la campagne proprement dite. En d'autres ternes, cette campagne va de janvier 2013 à fin décembre 2013 et le lancement officiel de la campagne est fixé pour le premier week-end du mois de juin 2013.

Le choix de cette période se justifie par le faite que, le mois de juin préfigure les grandes vacances. Les activités de cette campagne viendront ainsi occuper les jeunes pendant ce moment de relax et va continuer jusqu'au mois de décembre, une saison aussi festive, ceci pour les doter d'un cadre assaini et beau afin de bien fêter le nouvel an 2014.

b) Plan d'action opérationnel

ACTIVITES

SUPPORTS

COUT

PARTENAIRES

DUREE/ JOURS

CALENDRIER (DE JANVIER A DECEMBRE 2013)

T1

T2

T3

T4

Mise en place du comité de pilotage de la campagne + préparation du plan d'action

Réunion + séances de travail

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26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plaidoyer des décideurs politiques, partenaires au développement, médias, leaders d'opinion et atelier de la présentation du projet de campagne

Réunion de sensibilisation

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48

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Recherche et confirmation des partenaires

Correspondance

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Production du matériel ou supports de la campagne

Cahier d'appel d'offre

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Formation des agents d'intervention

Séminaire

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Lancement de la campagne

Caravane motorisée, radio, TV, affiche

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Création des clubs des jeunes "Kinshasa chic"

Descente sur terrain

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Tournée des conférences, des causeries éducatives, jeux-concours, expositions, émissions publiques, etc.

Communication interpersonnelle

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Monitoring des activités (suivi)

Descente sur terrain

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Evaluation des résultats de la campagne

Réunion

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III.5.8. Suivi et évaluation

Le suivi consistera au monitoring et à l'analyse régulière, périodique de l'évolution des activités telles que prévues. Les méthodes misent en place pour surveiller et évaluer l'efficacité de la campagne seront :

ü La surveillance des médias,

ü Le contrôle des stratégies de la campagne

ü Les visites de terrain,

ü La collecte des données statistiques (sondage de la population), etc.

L'évaluation de son côté va se focaliser sur quelques indicateurs en comparant la situation initiale et la situation d'arrivée. Bien au-delà, il faudra répondre aux questions suivantes :

- Le message a-t-il atteint le public visé,

- Le message a-t-il été diffusé par l'entremise des modes prévus,

- Le calendrier de diffusion a-t-il été respecté,

- Le message a-t-il eu l'effet souhaité,

- Le message a-t-il répondu aux besoins en fonction du public cible,

- Le public croit-il au message.

Conclusion partielle

Les résultats recueillis sur terrain et analysés tout au long de ce troisième chapitre sont donc manifestes car, ils nous ont permis à vérifier notre hypothèse de départ.

De ce fait, la persistance de l'insalubrité à Kinshasa n'est pas un fait isolé. Il est plutôt au centre d'une multitude de significations dont la tracasserie entendu comme le rendez-vous incontournable des agents de l'ordre le week-end, l'incommunication, l'inorganisation, le non respect des personnes et de leurs biens.

Mais comment arriver au bout d'un comportement souhaité face à un environnement conflictuel ? C'est le dernier volet auquel s'est appesanti ce chapitre. L'intervention d'une perspective communicationnelle dans ce chapitre a voulu juste répondre à la question de comment penser autrement le changement en dehors de l'approche coercitive.

IV. CONCLUSION GENERALE

En tant que difficulté à surmonter, le changement de comportement se focalise avant tout sur la compréhension profonde des enjeux et des stratégies. Ainsi, il se dégage au terme de cette réflexion qu'un changement intériorisé est mieux qu'un changement extériorisé et volatile, instigué à coup d'une force intermédiaire.

Qui dit changement, dit la modification des connaissances, d'attitudes et des pratiques des acteurs en face de la mutation. Et vouloir changer une cause commune, c'est inscrire le changement dans une démarche dialogique, mettant en place un arsenal des méthodes visant à convaincre les bénéficiaires par de nombreuses explications et arguments sur le sens du changement souhaité. Ceci, pour les aider à « opérer une conversion critique leur permettant d'intérioriser et d'intégrer le changement »83(*) au quotidien.

En revanche, si « la persuasion préalable a été inexistante ou insuffisante ou mal conduite, l'individu rejette l'obligation car, chacun sait que pour être obéit il faut d'abord être considéré »84(*). A cet effet, le désir de s'aligner à un projet de changement ne se manifeste que lorsque l'individu reçoit en premier lieu toutes les informations possibles sur celui-ci, en passant par ses conséquences et ses bénéfices. Parallèlement, venir à bout d'un changement ayant engendré un conflit d'intérêt entre les décideurs d'un côté et les bénéficiaires de l'autre, Lewin souligne à ce sujet qu' « il est efficace de chercher à réduire la résistance des forces au changement que d'exercer une pression contre elles »85(*).

D'où, l'importance d'inclure la communication dans un processus de changement. De ce fait, la communication ne permet non seulement à baliser le changement en véhiculant la vision du changement, mais aussi elle modifie les perceptions des individus vis-à-vis du changement attendu, tout en les motivant. Dans cette optique, communiquer c'est établir une relation avec l'autre. Ainsi, rencontrer l'autre, c'est lui parler tout de même c'est l'écouter pour que jaillisse un dialogue authentique et une profonde proximité entre celui qui émet et celui qui reçoit. En d'autres mots, communiquer c'est coopérer avec l'autre afin d'accomplir les mêmes buts.

En ce sens, si le changement est avant la transformation des acteurs eux-mêmes communiquer pour lutter contre l'insalubrité, c'est privilégier une communication intensive et interactive.

En définitive, loin de nous l'intention d'avoir épuisé ce sujet. Car, derrière une science se cache une autre. Et à ce propos, l'oeuvre humaine ayant toujours ses limites, nous sommes ouverts à toutes les critiques pour son perfectionnement.

V. BIBLIOGRAPHIE

I. Ouvrages généraux

1. DORON, R. et PAROT, F., Dictionnaire de psychologie, Paris, PUF, 1991.

2. JEUGE-MAYNART, I., Le Petit Larousse illustré 2010, Paris, Malescherbes, 2009.

3. LAMIZET, B. et SILEM, A., Dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la communication, France, Ellipses, 1997.

4. LEHU, J.-M., L'encyclopédie du Marketing, Paris, Editions d'Organisation, 2004.

5. MORIN, Y., Larousse médical, Paris, Larousse, 2003.

6. MUCCHIELLI, A., Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines, Paris, Amand Colin, 2004.

7. RAMADE, F., Dictionnaire encyclopédique des pollutions. Les polluants :de l'environnement à l'homme, Paris, Ediscience International, 2000.

8. REY, A., Le Robert Micro, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998.

II. Ouvrages

1. BAYLON, C. et MIGNOT, X., La communication. Les outils et les formes de la communication : une présentation méthodique et illustrée, Paris, Armand Colin, 2009.

2. BONNEVILLE, L. et al., Introduction aux méthodes de recherche en communication, Canada, les Editions de la Chenelière Inc., 2007.

3. CABIN, P. et DORTIER, J.-F., La communication. Etat des savoirs, France, Editions Humaines, 2008.

4. COLLERETTE, P. et al., Le changement organisationnel : théorie et pratique, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 1997.

5. COLLERETTE, P. et DELISLE, G., Le changement planifié. Une approche pour intervenir dans les systèmes organisationnels, Ottawa, Editions Agence d'ARC Inc, 1982.

6. DAB, W., Santé et environnement, Paris, PUF, 2007.

7. DAGENAIS, B., Le plan de communication. L'art de séduire ou de convaincre les autres, Canada, Les Presses Universitaire de Laval, 1998.

8. GIUGLARIS, I. et al., Bien écrire et parlé juste. Guide pratique d'expression et de communication, France, Sélection du Reader's Digest, 1997.

9. LARAME, A. et VALLEE, B., La recherche en communication. Elément méthodologique, PUQ, Canada, 2002.

10. LELO NZUZI, F., Kinshasa, ville et environnement, Paris, L'Harmattan, 2008.

11. LOHISSE, J., La communication. De la transmission à la relation, 4ème Ed., Bruxelles, De Boeck, 2009.

12. MACERNAC, L. et al., Stratégies publicitaires : de l'étude marketing aux choix des médias et de techniques hors médias, Paris, Breal, 2002.

13. MICHELINE, F. et VERMETTE, M.-F., La recherche en communication : un atout pour les campagnes sociales, Canada, Presse de l'Université du Québec, 2010.

14. MILES, M. et HUBERMAN, M., Analyse des données qualitatives, 2ème édition, Bruxelles, De Boeck, 2003.

15. MORIN, E., Psychologies au travail, Montréal, Gaëtan Morin, 1996.

16. ONIBOKUN ADEPOJU, G., La gestion des déchets urbains : Des solutions pour l'Afrique, Ottawa-Paris, CRDI- Karthala, 2001.

17. PASTOR, P. et BREARD, R., La gestion des conflits. La communication à l'épreuve, France, Editions Liaisons, 2007.

18. STOETZEL, J., La psychologie sociale, France, Flammarion, 1978.

III. Webographie

1. BAREIL, C., La résistance au changement : synthèse et critique des écrits, Canada, HEC Montréal, 2004, [En ligne], web.hec.ca/Sites/Ceto/fichiers/04_10.pdf, (Page consultée, le 20/ 11/2011).

2. BOUDREAU, G., Le changement de comportement en général, [En ligne], http:// www.umoncton.ca/ecosage/Gaston2.rtf, (Page consultée, le 16/06/2012).

3. BOUTAUD, A., Ecologie. De la sensibilisation aux changements de comportement, [En ligne], www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/ecologie_comportement.pdf, (Page consultée, le 18/12/2012).

4. Centre de Documentation Electronique - VIH/sida - Côte d'Ivoire, Manuel de référence: Communication pour le changement de comportement et la mobilisation communautaire en matière de VIH/SIDA, [En ligne], http://archive.k4health.org/system/files/Int%C3%A9rieur %20MANUEL_CCC_0.pdf, (Page consultée, le 21/06/2012).

5. Définition CCC, [En ligne], http://www.africacampaign.info/uploads/media/13_manuel_ de_formation_des_formateurs_1_pdf, (Page consultée, le 06/02/2012).

6. FERRER, C. et ALLARD, R., La pédagogie de la conscientisation et de l'engagement, [En ligne], http://www.acelf.ca/c/revue/revuhtml/30-2/04-ferrer-2.html, (Page consultée, le 27/12/2011.

7. GELINEAU, L., Fondement pour une « théorie ancrée » de la conscientisation dans le cadre de la recherche action participative et de l'éducation dans une perspective mondiale, [En ligne], http://www.theses.umontreal.ca/these/nouv/gelineau_1/these.pdf. (Page consultée, le 09/02/2012).

8. Institut de Recherche pour le Développement Socio-économique et de la Communication(IRESCO), Stratégie de communication pour le changement de comportements des populations camerounaises face au paludisme 2011-2015, [En ligne], http://www.iresco.org/images/docs/Strategies_CCC_palu.pdf, (Page consultée, le 14/12/ 2011).

9. L'encyclopédie scientifique en ligne, [En ligne],http://www.techno-science.net/?onglet =glossaire&définition=3460, (Page consultée, le 12/02/2012).

10. La conduite du changement : Agir dans des situations complexes, [En ligne] http://www.esen.education.fr/fileadmin/user_upload/Contenus/Profils/gapfpe/kits/grh_app/notes_synthese/note_1_conduite_changement.pdf, (Page consultée, le 25/08/2012).

11. Le Cadre de référence - Education Pour la Santé,[En ligne], http://www.mdm-scd.org/ files/FichesMethologiques/francais/Mdm_Cadre%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence%20-%20Education%20Pour%20la%20Sant%C3%A9.pdf, (Page consultée, le 14/12/2011).

12. Le cycle de vie des déchets, [En ligne], www.colombus.fr/cms/wp-content/.../11/le-cycle-de-vie-des-dechets.pdf, (Page consultée, le 26/02/2012).

13. Les déchets dans l'environnement, [En ligne], www.cleanuptheworl.org/.../waste-in-the-environnement-les-d-chets-dans-l-environnement-f.pdf, (Page consultée, le 27/02/2012).

14. L'ethnométhodologie de Harold Garfinkel, [En ligne], www.ethnoinformatique.fr/mod/ resource/view.php?id=1264, (Page consultée, le 27/12/2012).

15. MADI, M., Module de communication et processus de changement de Comportement, [En ligne],http://www.scribd.com/doc/32773216/Communication-Et-Processus-de-Changement-de- Comportement (Page consultée, le 06/02/2012).

16. Mouvement des verts de Côte d'Ivoire, [En ligne],http://www.facebook.com/note.php? note_id=411679246969, (Page consultée, le 12/02/2012).

17. NORMAND, B., Les stratégies de changement employées par les hommes ayant des comportements violents envers leurs conjoints. Mesures à partir du modèle transthéorique du changement, [En ligne], http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/23895/ch02.html, (Page consultée, le 14/12/2011).

18. Programme Santé Sexuelle, Droits Humains (PROSAD), La communication pour le changement de comportement, Module XI, [En ligne], http://german-patrice-collection.org /en/download-centre/doc...768.

IV. Note des cours

BAAMBE, J., Cours de théories de changement social et conscientisation, L2 CS, UCC, 2012, Inédit.

V. Mémoire

J.P. MBANGALA, L'analyse géographique des déchets solides et son évacuation dans la ville de Kinshasa, district de la Funa, Mémoire de Licence, Université de Kinshasa, Faculté des sciences, Département de l'Environnement, 2009, Inédit.

VI. Texte légal et règlementaire

Hôtel de ville de Kinshasa, Arrêté n°/SC 088/MINEECG/BLD/PLS/2010 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa.

GUIDE D'ENTRETIEN

I. Questions informatives

1. Quel est votre secteur d'activité ?

2. Depuis combien de temps êtes-vous à ce secteur ?

3. Quelle est votre formation scolaire ?

II. Questions d'investigations

1. Pourquoi, à votre avis, l'Hôtel de ville de Kinshasa vient de chasser de nouveau les personnes vendant le long des artères publiques ?

2. Quelle est votre opinion sur le Salongo que l'Hôtel de ville a décrété chaque samedi à Kinshasa ?

3. Comment se déroule ce Salongo ?

4. Y a-t-il quelque chose que vous n'aimez pas dans la manière dont l'Hôtel de ville vous demande d'assainir votre environnement ?

5. Cette mesure de Salongo est-elle porteuse de fruit palpable ? Pourquoi et comment ?

6. Y a-t-il une autre façon de faire pour lutter contre l'insalubrité ? Si oui, laquelle ?

7. Quels sont les actes que vous seriez prêt à poser librement pour assainir votre environnement ?

Kinshasa : traque des vendeurs à la sauvette, les policiers accusés de brutalité

Des cendres d'une boutique incendiée le 28/05/2012, lors de dispersion de vendeurs sur des artères principale de la ville de Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo.

Des chaises cassés le 28/05/2012, lors de dispersion de vendeurs sur des artères principale de la ville de Kinshasa par la police. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo.

Des arbres coupés le 28/05/2012, lors de dispersion de vendeurs sur des artères principale de la ville de Kinshasa par la police. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo.

Hier sur l'avenue Tchad : La police a traqué les vendeurs à la criée et autres

Traque des vendeurs par les éléments de la Police congolaise, le long des avenues du Tchad, Plateau, du Commerce dans la commune Gombe, le mardi 24 avril 2012. Source : Journal l'Avenir.

VII. TABLE DES MATIERES

Epigraphe i

Dédicace ii

Remercients iii

Abréviations v

0. INTRODUCTION GENERALE 1

0.1. Problématique 1

0.2. Hypothèse 3

0.3. Méthodes et techniques 3

0.4. Cadre théorique 5

0.5. Délimitation du sujet 5

0.6. Intérêt du sujet 5

0.7. Division du travail 6

CHAPITRE I : CLARIFICATION DES CONCEPTS OPERATOIRES ET

CADRE THEORIQUE 7

Section I : Clarification des concepts opératoires 7

I.1. La communication 7

I.1.1. Type de communication 8

La communication interpersonnelle  9

La communication institutionnelle  9

I.1.2. Composantes du processus de communication 9

I.2. Coercition 11

I. 3. Communication coercitive 12

I.4. Conscientisation 12

I.4.1. Finalité de la conscientisation 13

I.5. Résistance 13

I.6. Changement 14

I.6.1. Les facteurs de changement 15

I.6.1.1. Les facteurs externes 15

La culture 15

Les sous-cultures  15

La classe sociale 16

La famille 16

I.6.1.2. Les facteurs internes 16

a) Les caractéristiques personnelles  16

b) Les caractéristiques psychologiques 17

La perception 17

Les croyances 17

Les attitudes 17

I.7. Processus de changement 17

I.7.1. La décristalisation 18

I.7.2. Le mouvement 18

I.7.3. La recristalisation 18

I. 8. Environnement 18

I. 9. Santé 19

I.10. Déchet 19

Section II : Cadre théorique 19

La communication pour le changement de comportement (CCC) 19

a) Définition de la CCC 20

b) Passage de l'Information Education et Communication (IEC) à la CCC 21

c) Composantes de la CCC 21

d) Rôle de la CCC 22

Au niveau des individus 22

Au niveau de la communauté ou du groupe 22

Au niveau de la société globale 22

e) Approches utilisées par le CCC 23

f) Domaines d'intervention de la CCC 23

g) Modèles de changement de comportements 23

a) Modèle Transthéorique 24

b) Théorie du comportement planifié 26

Conclusion partielle 27

CHAPITRE II : CLASSIFICATION DES DECHETS ET LEUR IMPACT SUR 28

L'ENVIRONNEMENT ET SUR L'HOMME 28

II. 1. Classification des déchets 28

a) Selon les trois états de la matière 28

b) Selon le degré de composition de la matière 29

II. 2. Le cycle de vie des déchets 31

II.3. Situation des déchets et de l'insalubrité à Kinshasa 32

II.3.1. Les déchets ménagers 32

II.3.2. Les déchets des marchés 33

II.3.3. Les déchets industriels 34

II.3.4. Les déchets hospitaliers 34

II.3.5. Les déchets liquides 35

II.3.6. Les modes d'évacuation et d'élimination des déchets à Kinshasa 36

a) La gestion des déchets solides 36

b) La gestion des déchets liquides 37

II.3.7. L'insalubrité et la dégradation de l'environnement 37

II.3.8. L'insalubrité et la santé publique 37

Conclusion partielle 40

CHAPITRE III : ANALYSE DES MECANISMES EXPLICATIFS DE LA PERSISTANCE DE L'INSALUBRITE A KINSHASA 41

III. 1. 1. Objet d'enquête 41

III. 1. 2. Echantillon 41

III. 1. 3. Outil de collecte des données et questionnaire 42

III. 1. 4. Déroulement de l'enquête et difficultés rencontrées 42

III. 2. Présentation des résultats de la recherche 43

III. 2. 1. Déterminants sociaux 43

III. 2. 2. Classification thématique des résultats 44

a) L'appréhension de l'interdiction de la vente le long des artères publiques 45

b) Pour ou contre l'initiative du salongo 48

c) Le salongo vu comme expression de tracasserie et du gagne-pain 50

d) Le salongo, un échec à la hauteur d'inattendu 52

e) L'incommunication ou l'absence d'une information utile 55

f) L'in-considération ou le manque d'égard dans l'exercice du salongo 56

g) L'inorganisation ou l'absence des conditions nécessaires à l'assainissement 57

h) Lutter contre l'insalubrité et pérenniser le changement, c'est conscientise 59

III. 3. Analyse et interprétation des résultats 62

III. 4. Reprise critique 67

III. 5. Orientation stratégique d'une campagne de CCC 70

III.5.1. Analyse de la situation 70

III.5.2. Définition des objectifs de communication 71

Objectif de connaissance 71

Objectif d'attitude  71

Objectif comportemental . 71

III.5.3. Segmentation de l'audience 71

III.5.4. Analyse de l'audience 72

a) Connaissance en matière d'hygiène environnementale 72

b) Attitude en matière d'hygiène environnementale 73

c) Pratique en matière d'hygiène environnementale 73

III.5.5. Opportunités et obstacles 73

a) Opportunités 73

b) Obstacles 73

III.5.6. Création des messages 73

III.5.7. Canaux de communication 74

a) Médias 75

b) Hors médias 75

III.5.7. Timing et plan d'action opérationnel 76

a) Timing 76

b) Plan d'action opérationnel 77

III.5.8. Suivi et évaluation 78

Conclusion partielle 78

IV. CONCLUSION GENERALE 79

V. BIBLIOGRAPHIE 81

VI. ANNEXES...................................................................................................83

VII.TABLE DES MATIERES................................................................................89

* 1 F. LELO NZUZI, Kinshasa, ville et environnement, Paris, L'Harmattan, 2008, p.19.

* 2 Kin propre

* 3 Dans le langage congolais le mot « Salongo » fait allusion aux travaux communautaires.

* 4 Article 16 de l'arrêté de l'Hôtel de ville de Kinshasa n°/SC 088/MINEECG/BLD/PLS/2010 du 10 mai 2010 portant sur mesures collectives d'assainissement dans la ville de Kinshasa.

* 5 L'ethnométhodologie de Harold Garfinkel, [En ligne], www.ethnoinformatique.fr/mod/resource/view.php? id=1264, (Page consultée, le 27/12/2012).

* 6 A. MUCCHIELLI, Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines, Paris, Amand Colin, 2004,

pp. 88-91.

* 7 FREYSSINET-DOMINJON, Cité par L. BONNEVILLE et al., Introduction aux méthodes de recherche en

communication, Canada, les Editions de la Chenelière Inc., 2007, p. 173.

* 8 KUHN, Cité par A. LARAME et B. VALLEE, La recherche en communication. Elément méthodologique, PUQ,

Canada, 2002, p. 165.

* 9 J.-M. LEHU, L'encyclopédie du Marketing, Paris, Editions d'Organisation, 2004, p. 163.

* 10 J. LOHISSE, La communication. De la transmission à la relation, 4ème Ed., Bruxelles, De Boeck, 2009, p. 17.

* 11 B. LAMIZET et A. SILEM, Dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la communication,

France, Ellipses, 1997, p. 120.

* 12 P. CABIN et J.F DORTIER, La communication. Etat des savoirs, France, Editions Humaines, 2008, p. 66.

* 13 C. H COOLEY, Cité par J. STOETZEL, La psychologie sociale, France, Flammarion, 1978, p. 216.

* 14 J-M. LEHU, Op. cit., p. 163.

* 15 B. LAMIZET et A. SILEM, Op. cit., p.121.

* 16 B. DAGENAIS, Le plan de communication. L'art de séduire ou de convaincre les autres, Canada, Les Presses

Universitaire de Laval, 1998, p. 24.

* 17 I. GIUGLARIS et al., Bien écrire et parlé juste. Guide pratique d'expression et de communication, France,

Sélection du Reader's Digest, 1997, p. 32.

* 18 B. LAMIZET et A. SILEM, Op. cit., p. 131.

* 19 J-M. LEHU, Op. cit, p. 167.

* 20 B. LAMIZET et A. SILEM, Op. cit., p. 131.

* 21 P. GREGORY, Cité par J-M. LEHU, Op. cit., p. 167.

* 22 B. LAMIZET et A. SILEM, Op. cit., p. 130.

* 23 C. BAYLON et X. MIGNOT, La communication. Les outils et les formes de la communication : une présentation

méthodique et illustrée, Paris, Armand Colin, 2009, p.75.

* 24 M. MADI, Module de communication et processus de changement de Comportement, [En ligne], http://www.scribd.com/doc/32773216/Communication-Et-Processus-de-Changement-de-Comportement (Page consultée, le 06/02/2012).

* 25 J. LOHISSE, Op. cit., p. 21.

* 26 P. COLLERETTE et G. DELISLE, Le changement planifié. Une approche pour intervenir dans les systèmes

organisationnels, Ottawa, Editions Agence d'ARC Inc, 1982, p. 145.

* 27 I. JEUGE-MAYNART, Le Petit Larousse illustré 2010, Paris, Malescherbes, 2009, p. 238.

* 28 C. FERRER et R. ALLARD, La pédagogie de la conscientisation et de l'engagement, [En ligne], http://www.acelf.ca/c/revue/revuhtml/30-2/04-ferrer-2.html, (Page consultée, le 27/12/2011.

* 29 Idem.

* 30 L. GELINEAU, Fondement pour une « théorie ancrée » de la conscientisation dans le cadre de la recherche action participative et de l'éducation dans une perspective mondiale, [En ligne], http://www.theses.umontreal.ca/these/nouv/gelineau_1/these.pdf. (Page consultée, le 09/02/2012).

* 31 C. BAREIL, La résistance au changement : synthèse et critique des écrits, Canada, HEC Montréal, 2004, [En ligne], web.hec.ca/Sites/Ceto/fichiers/04_10.pdf, (Page consultée, le 20/11/2011).

* 32 P. COLLERETTE et al., Le changement organisationnel : théorie et pratique, Sainte-Foy, Presses de l'Université

du Québec, 1997, p. 94.

* 33 E. MORIN, Psychologies au travail, Montréal, Gaëtan Morin, 1996, p. 205.

* 34 K. LEWIN, Cité par P. PASTOR et R. BREARD, La gestion des conflits. La communication à l'épreuve, France,

Editions Liaisons, 2007, p. 99.

* 35 P. COLLERETTE et G. DELISLE, Op. cit., pp. 25-26.

* 36 R. DORON et F. PAROT, Dictionnaire de psychologie, Paris, PUF, 1991, p. 113.

* 37 P. COLLERETTE et G. DELISLE, Op. cit., p. 26.

* 38 R. DORON et F. PAROT, Op. cit., p. 113

* 39 Programme Santé Sexuelle, Droits Humains (PROSAD), La communication pour le changement de comportement, Module XI, [En ligne], http://german-patrice-collection.org/en/download-centre/doc...768, (Page consultée, le 26/12/2011) et J. BAAMBE, Cours de théories de changement social et conscientisation, L2 CS, UCC, 2012, Inédit.

* 40 SULLIVAN, cité par G.BOUDREAU, Le changement de comportement en général, [En ligne], http://www.umoncton.ca/ecosage/Gaston2.rtf, (Page consultée, le 16/06/2012).

* 41 P. COLLERETTE et G. DELISLE, Op.cit., pp. 28-34-41-42.

* 42 F. RAMADE, Dictionnaire encyclopédique des pollutions. Les polluants : de l'environnement à l'homme, Paris,

Ediscience International, 2000, p. 177.

* 43 A. REY, Le Robert Micro, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1998, p. 12O4.

* 44 Y. MORIN, Larousse médical, Paris, Larousse, 2003, p. 917

* 45 Idem, p. 127.

* 46 L'encyclopédie scientifique en ligne, [En ligne],http://www.technoscience.net/?onglet=glossaire&définition= 3460, (Page consultée, le 12/02/2012).

* 47 Centre de Documentation Electronique - VIH/sida - Côte d'Ivoire, Manuel de référence: Communication pour le changement de comportement et la mobilisation communautaire en matière de VIH/SIDA, [En ligne], http://archive.k4health.org/system/files/Int%C3%A9rieur%20MANUEL_CCC_0.pdf, (Page consultée, le 21/06/2012)

* 48 Définition CCC, [En ligne], http://www.africacampaign.info/uploads/media/13_manuel_de_formation_des_ formateurs_1_pdf, (Page consultée, le 06/02/2012).

* 49 A. SECK, Cité par Le Cadre de référence - Education Pour la Santé,[En ligne], http://www.mdm-scd.org/ files/FichesMethologiques/francais/Mdm_Cadre%20de%20r%C3%A9f%C3%A9rence%20-%20Education%20Pour%20la%20Sant%C3%A9.pdf, (Page consultée, le 14/12/2011).

* 50 Institut de Recherche pour le Développement Socio-économique et de la Communication (IRESCO), Stratégie de communication pour le changement de comportements des populations camerounaises face au paludisme 2011-2015, [En ligne], http://www.iresco.org/images/docs/Strategies_CCC_palu.pdf, (Page consultée, le 14/12/2011).

* 51 F. MICHELINE et M.-F. VERMETTE, La recherche en communication : un atout pour les campagnes sociales, Canada, Presse de l'Université du Québec, 2010, pp. 22-24 ; B. NORMAND, Les stratégies de changement employées par les hommes ayant des comportements violents envers leurs conjoints. Mesures à partir du modèle transthéorique du changement, [En ligne], http://archimede.bibl.ulaval.ca/archimede/fichiers/23895/ch02.html, (Page consultée, le 14/12/2011) et A. BOUTAUD, Ecologie. De la sensibilisation aux changements de comportement, [En ligne], www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/ecologie_comportement.pdf, (Page consultée, le 18/12/2012).

* 52 M. FRENETTE et M-F. VERMETTE, Op. cit., p. 20.

* 53 J.P. MBANGALA, L'analyse géographique des déchets solides et son évacuation dans la ville de Kinshasa, district de la Funa, Mémoire de Licence, Université de Kinshasa, Faculté des sciences, Département de l'Environnement, 2009, Inédit. pp. 37-39.

* 54 F. LELO NZUZI, Op. cit., p. 161.

* 55 F. RAMADE, Op. cit., p. 127.

* 56 Mouvement des verts de Côte d'Ivoire, [En ligne],http://www.facebook.com/note.php?note_id= 411679246969, (Page consultée, le 12/02/2012).

* 57 Le cycle de vie des déchets, [En ligne], www.colombus.fr/cms/wp-content/.../11/le-cycle-de-vie-des-dechets.pdf, (Page consultée, le 26/02/2012).

* 58 F. LELO NZUZI, Op. cit., pp. 159-199.

* 59 HARDOY et SATTERWAITE, Cité par G. ONIBOKUN ADEPOJU, La gestion des déchets urbains : Des solutions

pour l'Afrique, Ottawa-Paris, CRDI- Karthala, 2001, p. 7.

* 60 Les déchets dans l'environnement, [En ligne], www.cleanuptheworl.org/.../waste-in-the-environnement-les-d-chets-dans-l-environnement-f.pdf, (Page consultée, le 27/02/2012).

* 61 F. LELO NZUZI, Op. cit., pp. 194-218.

* 62 W. DAB, Santé et environnement, Paris, PUF, 2007, p. 5.

* 63 W. DAB, Op. cit., p. 5.

* 64 M. MILES et M. HUBERMAN, Analyse des données qualitatives, 2ème édition, Bruxelles, De Boeck, 2003, p. 58.

* 65 Propos recueillis lors de notre entretien

* 66 Propos recueillis lors de notre entretien

* 67 Propos recueillis en lingala et traduit en français.

* 68 Propos recueillis lors de notre entretien.

* 69 Propos recueillis lors de notre entretien.

* 70 Propos recueillis en lingala, enregistré et traduit en français.

* 71 Propos recueillis lors de notre entretien.

* 72 Propos recueillis lors de notre entretien.

* 73 Propos recueillis lors de notre entretien.

* 74 Reviens homme. Si tu reviens homme tu ne peux plus déféquer dans la nature, tu ne peux plus uriner dans la nature.

* 75 C. BAYLON et X. MIGNON, Op. cit., p. 271.

* 76 P. PASTOR et R. BREARD, Gestion des conflits. La communication à l'épreuve, France, Editions LIAISONS,

2007, p. 108

* 77 P. PASTOR et R. BREARD, Op. cit., p. 103.

* 78 C. BAYLON et X. MIGNON, Op. cit., p.279.

* 79 La conduite du changement : Agir dans des situations complexes, [En ligne] http://www.esen.education.fr/fileadmin/user_upload/Contenus/Profils/gapfpe/kits/grh_app/notes_synthese/note_1_conduite_changement.pdf, (Page consultée, le 25/08/2012).

* 80 G.-H MEAD, cité par J. STOETZEL, Op. cit., p. 216.

* 81 K. LEWIN et al. Cité par P. PASTOR et R. BREARD, Op. cit., p. 101.

* 82 L. MACERNAC et al., Stratégies publicitaires : de l'étude marketing aux choix des médias et de techniques hors

médias, Paris, Breal, 2002, p. 149.

* 83 P. PASTOR et R. BREARD, Op. cit., p. 98.

* 84 C. BAYLON et X. MIGNON, Op. cit., p. 280.

* 85 K. LEWIN, Cité par P. PASTOR et R. BREARD, Op. cit., p. 100.






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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault