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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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2. Un corpus idéologique partagé ?

L'antiproductivisme est au coeur du projet écologiste et de la décroissance. Pour preuve le corpus intellectuel des Verts et des décroissants est sensiblement le même. Pour les Verts, l'antiproductivisme est la valeur fondamentale de leur engagement. Elle est ce qui fonde leur « raison d'être » en politique et les distinguent des autres partis.

Des références culturelles similaires

Il est souvent reproché aux écologistes de ne pas avoir de socle théorique ou idéologique identifié. Cette absence de « Petit livre Vert » n'est d'ailleurs pas sans lien avec le caractère mouvementé de l'histoire du parti écologiste. Les écologistes apparus en tant que force politique dans la deuxième moitié du vingtième siècle ne possèdent pas de manifeste fondateur comme peuvent en disposer les autres formations dont la pensée politique remonte au XIXème siècle voire avant. Dans la pensée de l'écologie politique il n'y a ni Capital ni Richesse des Nations, autant de sommes idéologiques qui aujourd'hui encore alimentent les réflexions des mouvements respectivement marxistes et libéraux. Il n'y a pas non plus de héros historiques pour incarner cette pensée et préciser son contenu comme Jaurès, Blum ou encore De Gaulle le firent en leur temps pour leur camp. La charpente idéologique des écologistes se constitue d'une myriade de textes écrits par des auteurs différents et d'une succession de mobilisations autour de luttes symboliques. La raison de l'éclatement des fondements du parti écologiste se situe d'abord dans le fait que l'écologie a d'abord été un mouvement social, comme nous le verrons plus loin, avant de devenir « politique ». D'autre part l'écologie politique est ce qu'Edgar Morin appelle une « pensée complexe ». Elle intègre diverses critiques de la société moderne et se place d'emblée dans une dimension planétaire. La thématique écologiste est donc évolutive, formée non pas d'un seul bloc mais de différentes strates.

Yves Frémion dans son Histoire de la Révolution écologiste définit l'écologie politique comme l'articulation entre « la défense de la nature et de l'environnement, la solidarité sociale, le combat démocratique pour une citoyenneté pleine et entière, et enfin l'équité entre pays du Nord et du Sud »142(*). Cette pensée politique émerge dans les années soixante et soixante-dix avec une génération de scientifiques et d'intellectuels qui refusent la société industrielle des Trente Glorieuses et expliquent les causes de son effondrement.

Yves Frémion s'essaie à faire la liste de « ces pionniers et penseurs de l'écologie moderne »143(*) : Des naturalistes Robert Hainard (critique radical du capitalisme au nom de l'exigence de la nature) et Simon Charbonneau, des économistes (Friedrich Schumacher, Jeremy Rifkin, Nicolas Georgescu-Roegen, François Partant), des environnementalistes (Barry Commoner144(*), Jean Marie Pelt, Albert Jacquard), des libertaires (Murray Bookchin, Paul Goodman) et des penseurs célèbres tels Hannah Arendt, Hans Jonas, Günther Anders, Edgar Morin, Jean Baudrillard ou encore Paul Virilio et Michel Serres. Parmi ces penseurs certains ont une influence directe sur la formation du mouvement écologiste. Jacques Ellul, André Gorz, Ivan Illich, Serge Moscovici ou René Dumont rejoignent le large cercle des théoriciens de l'écologie politique. Bien entendu l'ensemble de ces personnalités ne se revendiquaient pas toujours écologistes. Néanmoins leurs actions et travaux ont nourri cette offre politique nouvelle et ont contribué à en fonder le corpus idéologique. Nous ne détaillerons pas ici la pensée de ces auteurs auxquels nous avons déjà consacré, pour certains d'entre eux, de plus longs développements au chapitre premier. Toutefois remarquons que la dénonciation des dégâts du productivisme et/ou la formulation d'alternatives à la société productiviste constitue pour eux un véritable fil d'Ariane. Chacun à sa manière, plus ou moins directement, a mis en exergue les limites naturelles ou sociales de la société productiviste de consommation.

Il est dès lors peu surprenant de retrouver dans le bagage intellectuel de l'écologie politique nombre de références revendiquées également par la décroissance. Sans pousser la comparaison jusqu'à une analyse fouillée du contenu programmatique des sources précitées, ce qui d'ailleurs n'offrirait aucun gage de scientificité à notre démarche, cette similitude éclaircit le paysage des courants écologistes français. Décroissance et écologie politique sont les deux faces d'un même projet antiproductiviste. Cette nature antiproductiviste se retrouve également dans les textes fondateurs du parti écologiste.

* 142 FREMION, Yves, Histoire de la Révolution écologiste, Paris, Hoëbeke, 2007, p. 13

* 143 Ibid, p. 29-79

* 144 Auteur de Quelle terre laisserons nous à nos enfants ?, Paris, Seuil, 1969 et premier candidat écologiste à la présidentielle américaine en 1980

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand