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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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2. L'autonomie relative des écologistes : la stratégie de l'alliance

Depuis l'origine les écologistes n'ont cessé de se disputer sur la stratégie à adopter. Le débat recouvre l'opposition fondamentale entre partisans d'une stratégie de pression et ceux d'une stratégie électorale. A chaque élection ce clivage s'exacerbe et le choix d'une ligne autonome ou d'alliances avec les partenaires de gauche est toujours âprement discuté. Bien que l'autonomie soit un principe idéologique fort pour les écologistes, il est supplanté à partir de 1993-1995 par une stratégie d'alliance avec la gauche non communiste.

Le revirement stratégique opéré par les écologistes confirme leur institutionnalisation. Ce choix peut s'interpréter comme la victoire des « pragmatistes » sur les « doctrinaires » mais cette analyse reste relativement limitée.

La conversion majoritaire des Verts français

La stratégie autonomiste est la traduction politique de l'idéologie des Verts français. Comme nous l'avons expliqué plus haut, le projet antiproductiviste porté par les écologistes est incompatible avec les partis majoritaires, de droite comme de gauche, attachés à la croissance. Néanmoins cette évolution connait des évolutions avec l'entrée dans le jeu partisan. Confronté au mur du système majoritaire, les alliances électorales apparaissent comme le seul moyen de peser dans le champ politique.

Il convient de ne pas caricaturer la ligne politique des Verts français. Les écologistes ne sont pas naturellement opposés à tout partenariat politique. Un an seulement après la création du parti, trois porte-paroles des Verts lancent en effet un « Appel à la convergence des forces alternatives et écologistes »254(*) proposant un accord avec des mouvements tels que la LCR. Cette ligne va se fissurer dès l'assemblée générale de novembre 1986. La motion « Construire » défendue par les promoteurs d'une stratégie d'alliance est balayée par celle d'Antoine Waetcher préconisant l'autonomie. Dans un contexte politique marqué par la déliquescence de la gauche au pouvoir, le discours prônant l'identité spécifique des écologistes plait aux militants. Le parti entreprend alors un recentrage sur les thèmes environnementaux et remporte quelques succès. Le positionnement « ni droite - ni gauche » permet de préserver les écologistes de la défiance qui touche les partis politiques. L'alternance socialiste n'a eu que peu d'effets et l'écologie politique se place en position d'alternative crédible. Toutefois la stratégie autonomiste atteint rapidement ses limites. Malgré des résultats probants aux élections locales et européennes, les Verts ne parviennent pas à s'imposer sur la scène politique nationale. Ils n'obtiennent aucun député aux législatives de 1988 et 1993. De plus, faute de choisir son camp dans un système partisan bipolarisé, les Verts se trouvent confrontés à la concurrence d'une multitude de nouvelles organisations écologistes. La plus importante, Génération Ecologie, est « un missile anti-Verts »255(*) téléguidé par le P.S pour freiner l'ascension électorale des Verts. Avec un certain Brice Lalonde à sa tête, Génération Ecologie réussit à ravir un électorat plus large que les Verts lors des régionales de 1992 (7% pour Génération Ecologie contre 6,8% pour les Verts).

Dans ce cadre A. Waechter perd la majorité à assemblée générale de Lille en 1993. Deux ans plus tard les militants valident la stratégie de rechercher un accord avec des partenaires politiques : l'écologie n'est pas à marier « sauf si elle a un bon préservatif » ironise Voynet en référence à la motion instituant le « ni-ni » en 1986. Des discussions sont menées avec le parti communiste, le parti socialiste et différentes organisations d'extrême gauche. Daniel Boy remarque que l'accord le plus logique idéologiquement serait avec l'extrême gauche256(*). Les écologistes choisissent finalement l'efficacité et conclu l'accord avec le Parti socialiste. Ce dernier laisse une dizaine de circonscriptions « réservées » aux écologistes en échange de ne pas présenter de candidats face au P.S dans un certain nombre d'autres endroits. La stratégie des Verts se révèle payante puisqu'ils obtiennent au final huit élus pour un score total d'environ 4 %. Depuis lors, et malgré les changements de majorité interne, les écologistes ont toujours recherché des accords électoraux (en particulier avec le parti socialiste) en vue des élections législatives sans pour autant toujours l'accepter257(*).

De ce rapide historique électoral des Verts, il est important de retenir l'évolution vers une stratégie d'alliances assumée. Après s'être isolés sur l'échiquier politique, les écologistes affirment leur volonté de participer au pouvoir. L'accord avec le P.S les propulse d'ailleurs directement au rang de parti de gouvernement. Mais si la stratégie d'alliance a des avantages vis-à-vis du nombre de mandats, elle a aussi ses inconvénients. Beaucoup d'écologistes gardent ainsi un mauvais souvenir du gouvernement de « gauche plurielle » et des nombreux camouflets affligés à Dominique Voynet. Plus récemment « l'accord de législature » conclu entre EELV et le P.S en vue des législatives de juin 2012 a été vivement critiqué par une partie des militants écologistes y voyant un renoncement amère à certaines revendications historiques de l'écologie politique258(*).

* 254 L'appel est lancé en mai 1985 par les porte-paroles Yves Cochet, Didier Anger et Jean Brière.

* 255 LECOEUR, Erwan, Des écologistes en politique, op.cit., p. 58

* 256 BOY, Daniel, « Les Verts français ont-ils changé ? », dans Pascal Delwitt et Jean-Michel De Waele, Les Partis verts en Europe, Bruxelles, Editions Complexe, 1999, p. 80-81

* 257 En 2002, dans un contexte politique difficile, les Verts trouvent un accord avec le reste de la gauche (P.S, P.C, PRG). En 2007 ils rejettent la proposition du P.S (14 circonscriptions réservées) jugée insuffisante.

* 258 L'accord prévoit par exemple une réduction de la part du nucléaire dans la production électrique de 75 % aujourd'hui à 50 % en 2025 quand les écologistes demandaient une sortie totale en vingt ans.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard