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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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Vers une machine électorale ?

Depuis 1984 les Verts ont procédé à de nombreuses réformes organisationnelles avec le double objectif d'améliorer la participation des adhérents et d'accroitre l'efficacité électorale du parti. La première réforme d'envergure a lieu en 1994 lorsque les écologistes remplacent les assemblées générales annuelles par un congrès à deux niveaux : les assemblées décentralisées au niveau régional élisent leurs représentants au CNIR et les délégués à l'assemblée fédérale. Ces derniers désignent ensuite le quart restant du CNIR et les membres du collège exécutif. La réforme menée par la nouvelle majorité Voynet-Cochet a l'avantage de mettre un terme à la pratique peu démocratique de l'assemblée fédérale annuelle dont les résultats étaient fonction du lieu où elle se tenait. Pourtant elle ne règle pas les nombreuses divergences qui animent les débats internes. Incapable de se mettre d'accord sur l'objectif ultime du parti (compétition électorale ou organisation sociale alternative), les écologistes font même appel à un Audit participatif interne (A.P.I) achevé en 2002. Le travail réalisé par trois politologues jette une lumière crue sur les lacunes organisationnelles des Verts : « l'organisation des Verts est actuellement, et d'une manière structurelle, une organisation faible »252(*). En outre l'A.P.I pointe de nombreux dysfonctionnement du parti comme l'incohérence des statuts ou l'attachement aux courants transformés en écuries d'ambitions personnelles. Malgré l'exhaustivité et la qualité de l'étude, les Verts n'utilisèrent que partiellement ses conclusions à travers le processus de Réforme participative interne (R.P.I.).

La véritable réforme de l'organisation écologiste date en réalité de la transmutation vers EELV. L'aventure Europe Ecologie, initiée par la liste pour les européennes de 2009, est en soit une petite révolution dans l'histoire de l'écologie politique. L'association de personnalités sous le signe du rassemblement des écologistes témoigne de l'intégration de la dimension concurrentielle du marché politique. Europe Ecologie agrège tout ce que le mouvement écologiste peut avoir de personnalités reconnues (à l'exception de Nicolas Hulot néanmoins représenté par ses proches) pour faire un coup médiatique. Au terme de l'élection, l'opération « marketing » est réussie. Mais c'est au prix d'un affranchissement des règles de désignation du parti Vert. L'acceptation de la logique électorale avec Europe Ecologie inaugure un mouvement de réforme organisationnelle qui doit permettre aux écologistes d'accéder un jour au pouvoir.

Pendant près de deux ans les écologistes (Verts et « non Verts » issus d'Europe Ecologie) mènent un travail de réflexion sur la rénovation du mouvement écologiste. Ce processus de reconstruction ravive les idéaux originaux de l'écologie politique. Sous l'impulsion de Daniel Cohn Bendit est évoquée l'idée d'une « coopérative politique », structure souple dans laquelle toute la mouvance écologiste mais aussi des militants d'autres partis politiques se retrouveraient. Les initiatives fleurissent pour dépasser le cadre rigide du parti politique et créer le lien avec la nébuleuse écologiste. Faute d'avoir jamais pu vraiment choisir entre l'expérimentation du monde souhaité et la participation à la société politique, les écologistes finissent par dissocier les deux ambitions sur le plan organisationnel. Une coopérative est créée autour d'EELV afin de reprendre pied dans le mouvement social et associatif. Moyennant une cotisation (plus faible que les adhérents au parti) les coopérateurs forment un réseau de sympathisants plus ou moins proches d'EELV. Ils peuvent ainsi participer aux réunions et actions des groupes locaux, voter le programme ou encore être candidat à une élection mais sont privés de droit de vote dans les discussions internes au parti, sauf en ce qui concerne l'élection présidentielle. D'autre part la forme plus classique du parti demeure avec cependant un certain nombre d'innovations comme le tirage au sort pour la désignation de l'Agora (instance d'élaboration du programme d'EELV).

En dépit des ambitions réformatrices, le poids de l'ancien parti Vert reste déterminant dans l'ensemble organisationnel écologiste. Il est trop tôt pour dire si la tentative de retrouver le lien avec la mouvance écologiste est ou non un succès. Toutefois les évolutions du parti écologiste traduisent une certaine professionnalisation. Les règles de collégialité ou la pratique du tourniquet ont ainsi été abandonnées tandis que les statuts, notamment le non cumul des mandats, sont parfois ostensiblement bafoués dans une relative indifférence. De l'autre côté, le rôle du secrétariat national a été renforcé. Initialement doté de peu de pouvoirs, le secrétaire national est désormais un acteur clé habilité à parler au nom du mouvement. L'émergence d'une élite verte, la mise en place d'une véritable direction ou encore l'adoption d'un processus de primaires « semi-ouvertes » (il est possible de devenir coopérateur à prix réduit pour pouvoir voter) afin de désigner le candidat à l'élection présidentielle253(*) sont autant d'éléments qui démontrent l'institutionnalisation des Verts. Même si ce processus reste inachevé, il est renforcé par l'adoption d'une stratégie d'alliances électorales.

* 252 RIHOUX, Benoît., PEIRANO, Albert., FAUCHER, Florence, Audit participatif interne (API) des Verts. Rapport final. Vers un parti en mouvement : démocratie, efficacité, convivialité, 22 octobre 2002.

* 253 Ce processus de primaires est un gage de ne pas reproduire les investitures catastrophes comme en 2002 lorsqu'Alain Lipietz avait finalement dû laisser la place à Noël Mamère. C'est aussi un signe d'acceptation de la logique majoritaire propre à la Vème République et à la compétition médiatique qui l'accompagne.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand