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La question de la décroissance chez les verts français

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par Damien ZAVRSNIK
Université Aix- Marseille  - Diplôme d'études politiques 2012
  

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Chapitre 9 : Une base militante sensible au débat sur la décroissance

Le sens commun, au même titre que la science politique, considère souvent les partis politiques comme des entités collectives d'un point de vue macro. Or on oublie trop souvent l'essentiel, c'est-à-dire que ces entités sont des communautés politiques composées d'individus. Olivier Filleule et Nonna Mayer le rappellent de manière éloquente, « l'organisation, au moment où on l'observe, n'est [...] rien d'autre que le résultat d'un équilibre ponctuel résultant de la coexistence d'individus dont la présence n'est redevable ni des mêmes déterminants individuels ni des mêmes contextes »290(*).

Nous l'avons remarqué plus haut, le parti écologiste s'est formé à la confluence de différentes mouvances et philosophies politiques. Peut être encore plus que dans les autres formations, les adhérents Verts ne réceptionnent pas l'idéologie verte de la même manière. Pour revenir plus prosaïquement sur notre cas d'espèce, il est intéressant et même nécessaire pour avoir une photographie complète de la question, d'étudier en quoi la « base » du parti Vert appréhende le débat sur la décroissance. Les analyses des idéologies partisanes se résument souvent à l'idéologie des dirigeants. Or les militants produisent eux aussi du « sens » d'autant plus chez les Verts où la culture pluraliste et égalitariste veut que la parole d'un militant ait la même valeur que celle d'un cadre.

Grâce aux analyses conduites par divers auteurs, à notre « observation participante » et aux ressources collectées par questionnaire auprès des adhérents du groupe local EELV Pays d'Aix, nous essayerons de mettre en lumière la sensibilité des militants Verts à la décroissance. Avant de développer ce point particulier, il importe de détailler quelques caractéristiques socio-professionnelles des militants Verts. Nous conclurons notre enquête en abordant le travail de synthèse que commencent à fournir certains partis Verts européens sur la question de la décroissance.

1. Caractéristiques des militants verts

La décroissance n'est pas à proprement parler une proposition classique sur le marché politique. Yves Cochet le dit sans ambages, proposer la décroissance serait un « suicide électoral ». Pourtant, nous avons tenté de démontrer qu'il existe une sensibilité sinon une adhésion plus ou moins grande du parti écologiste aux propositions des objecteurs de croissance. Comment expliquer alors un tel décalage entre un électorat qui refuserait en bloc ce projet politique et une communauté politique Verte qui y adhérerait ? L'analyse des caractéristiques des militants Verts peut contribuer à esquisser une réponse.

Il est très difficile de dessiner l'idéal-type du militant écologiste en raison du peu d'études récentes. Avec les ressources disponibles seront brossés les grands traits de la sociologie des militants Verts.

Des militants des classes moyennes supérieures, surdiplômés

Les similitudes entre la sociodémographie des militants Verts et de leurs électeurs sont assez frappantes. D. Boy, F. Platone, H. Rey, F. Subileau et C. Ysmal soulignaient cet état de fait pour les trois partis qui constituaient, pour l'essentiel, la « gauche plurielle » : « les trois partis, P.S., Verts et P. C. F., bien que dans une moindre mesure, sont bien les partis des couches moyennes salariées disposant d'un fort capital culturel »291(*). Toutefois, à la différence du P.S et du P.C.F, le parti écologiste peine à rassembler un électorat socialement plus large que leurs adhérents. Les Verts seraient un parti de classes socioprofessionnelles supérieures, surdiplômées et qui attirerait donc des électeurs ayant, en majorité, le même profil.

Les études sociologiques menées sur les militants Verts tendent à confirmer ce portrait qui contraste d'ailleurs avec l'image jeune que porte l'écologie politique dans l'opinion. Le premier trait caractéristique du parti Vert concerne sa composition socioprofessionnelle. Les Verts sont essentiellement un parti de cadres et de classes moyennes supérieures provenant du secteur public. En 1998 les catégories intermédiaires représentaient 44% des adhérents Verts soit une augmentation de plus de dix points depuis 1989. Daniel Boy explique cette montée en flèche par l'accroissement du nombre d'instituteurs chez les Verts dont la représentation passe de 8 à 18% du total des adhérents292(*).

Tableau 3 : Composition socioprofessionnelle des Verts en 1989 et en 1998 comparée à celle de la population française, en %. Source : Boy, D., et alii, op. cit., p. 26 et 28.

Le parti écologiste attire aussi les cadres et les professions intellectuelles qui constituaient 35 % des adhérents en 1998. Cette proportion semble avoir encore augmentée avec Europe Ecologie puisque 42% des adhérents ou sympathisants d'Europe Ecologie293(*) se déclaraient appartenir à cette catégorie en 2010. D'autre part les classes populaires sont presque absentes (1% d'ouvriers et 1% d'agriculteurs pour Europe Ecologie). Cette répartition socioprofessionnelle est corrélée à un fort niveau de capital culturel. Dès 1990 on note un nombre important de diplômés du supérieur (58% alors qu'ils ne représentent que 10 % de la population totale) notamment issus de filières scientifiques (environ 60 %)294(*). Daniel Boy évoque même le chiffre considérable de 65% de diplômés du supérieur chez les adhérents Verts en 1998. L'étude de Guillaume Sainteny sur les années soixante-dix à quatre-vingt-dix remarque des constantes similaires. Les écologistes ont un niveau de diplôme important mais ne répondent pas au parcours classique du personnel politique (sciences politiques, droit, écoles d'administration, ...). Ces cadres diplômés proviennent pour beaucoup des milieux de l'éducation, de la recherche, de la santé ou encore de l'art et du journalisme.

* 290 FILLIEULE, Olivier, MAYER, Nonna, « Devenirs militants. Introduction », Revue française de science politique, vol. LI, no. 1-2, février-avril 2001, p. 21

* 291 BOY, Daniel, et alii, C'était la gauche plurielle, op.cit., p. 17

* 292 Ibid., p. 25

* 293 Etude menée en 2010 sur environ 4000 adhérents et sympathisants d'Europe Ecologie par l'agence « Somme toute », pour Europe Ecologie, juillet 2010. Malgré certains biais méthodologiques (adhérents et sympathisants ne sont pas dissociés, ...) cette étude constitue à ce jour la seule source de données disponible sur les militants écologistes depuis la création d'Europe Ecologie. Il faut donc prendre en compte ses résultats plus comme des indications que comme des résultats scientifiques.

* 294 ROCHE, Agnès, BENNAHMIAS, Jean-Luc, Des Verts de toutes les couleurs, Histoire et sociologie du mouvement écolo, Paris, Albin Michel, 1992.

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