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Justice politique et prévention des conflits dans les sociétés pluriethniques: cas de la politique de l'équilibre régional au Cameroun.

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par Alain Patrick YODOU SIBEUDEU
Université catholique d'Afrique centrale - Master II en sciences sociales, option: gouvernance et actions publiques 2011
  

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I. 2- Le pluralisme identitaire et les droits « différentiels »

En suivant la logique de l'individualisme démocratique, Kymlicka réinterprète l'éthique et le projet politique libéral à la lumière du nouveau contexte pluraliste contemporain. Comme dans les approches d'inspiration communautarienne, il considère l'appartenance culturelle comme un bien fondamental que la théorie libérale ne peut ignorer. C'est ce qui l'amène à orienter son argumentation en faveur de la reconnaissance de droits collectifs à l'intérieur du paradigme libéral des droits.

La reconnaissance du pluralisme identitaire, pense-t-il, ne remet pas en question le libéralisme. Les droits différentialistes des groupes, correspondent plutôt parfaitement à la logique libérale. D'où son projet de renverser ce paradigme dominant selon lequel les droits individuels sont incompatibles avec les droits culturels45(*).

Selon lui, si les droits individuels ne sont pas complétés par des mesures différentialistes, ils peuvent devenir discriminatoires, car ils ne tiennent pas compte du fait que des individus qui n'appartiennent pas à la culture dominante pourraient subir un traitement inégal. Assurer l'épanouissement des individus revient pour le libéralisme, à tenir compte également de leur appartenance culturelle. Kymlicka opte pour les droits collectifs parce qu'ils sont essentielles à la liberté et à l'autonomie du sujet libéral : « Longtemps, j'ai proposé que les penseurs libéraux devraient se sentir concernés par la question de la viabilité des cultures sociétales. D'une part, parce que celles-ci contribuent à assurer l'autonomie des personnes et, d'autre part, parce que les gens se sentent profondément attachés à leur propre culture46(*) ».

Kymlicka estime donc, contrairement à la pensée libérale, que l'appartenance culturelle joue un rôle fondamental dans l'acquisition de l'autonomie individuelle. Priver d'autonomie les communautés d'individus revient également à priver ceux-ci de la même autonomie. D'où l'obligation de l'État libéral de reconnaître certains « droits différentiels de groupe » pour réaliser les principes fondamentaux du libéralisme.

Suite au débat sur les droits collectifs et les droits individuels, Kymlicka propose de remplacer le concept de droits collectifs par celui de « droits différentiels de groupe » ou « droits des minorités ». Cette nouvelle terminologie permettrait d'éviter l'ambiguïté engendrée par le concept de droits collectifs. Elle contribue à mettre l'accent sur les protections dont peut se prévaloir un groupe minoritaire contre les décisions d'un groupe majoritaire47(*). L'opposition ainsi conceptualisée se situe donc entre groupes et non entre individus et groupes. Des droits collectifs pourraient donc être reconnus à certaines minorités culturelles dans les cas où il est démontré que l'appartenance à un groupe culturel engendre pour les individus une injustice et une inégalité basée sur leur identité.

Il apporte par ailleurs une autre précision conceptuelle susceptible de résoudre le conflit théorique libéral entre les droits collectifs et les droits individuels. Il s'agit des notions de « restrictions internes » et de « protections externes ».

Les droits collectifs deviennent de ce fait acceptables du point de vue de l'éthique libérale seulement s'ils permettent à une communauté de se défendre contre l'hégémonie d'une culture dominante (« restrictions internes »). Toutefois, ils ne peuvent être invoqués pour supprimer l'expression des dissidents à l'intérieur de la communauté (« protections externes »)48(*). En définitive, Kymlicka ne sacrifie pas les principes sacrés d'autonomie et de liberté individuelle que prônent les libéraux. En plus de définir le citoyen d'un point de vue politico-juridique ainsi que le fait le modèle jacobin, il intègre l'identité psycho-sociologique à sa définition de la citoyenneté.

* 45 (Cf.) Kymlicka, Op.Cit., pp. 128-129.

* 46 (Cf.) Kymlicka, Idem, p. 94.

* 47 (Cf.) Kymlicka, Ibid, pp. 45-48.

* 48 (Cf.) Kymlicka, Ibid, pp. 35-44.

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