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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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2.2 LE DENI DE GROSSESSE, MECANISME DE PROTECTION

2.2.1 Le concept de déni

Avant de détailler le phénomène du déni de grossesse, il nous est apparu nécessaire de définir le terme de « déni », concept largement utilisé aujourd'hui mais dont les définitions peuvent s'avérer parfois floues ou méconnues.

Le verbe « dénier », issu du latin « denegare », est apparu selon les historiens au XIIe siècle. Le sens général du mot « déni » a été attesté en français un siècle plus tard, et se déclinait à l'époque en deux définitions :

? Action de dénier ;

? Refus de la part du juge de remplir un acte de fonction (en Droit) ; Aujourd'hui dans le langage courant, le déni dans le Petit Robert peut prendre deux significations :

? « refuser de reconnaître quelque chose » (une responsabilité, un fait...) ; ? « refuser d'accorder quelque chose qui est dû » (un droit...)

Le déni dans son sens psychanalytique a été établi par Freud [11] comme un « mode de défense consistant en un refus par le sujet de reconnaître la réalité d'une perception traumatisante ». Théodore Dorpat en 1983 prolonge la thèse psychanalytique en présentant le déni comme un mécanisme de défense s'orchestrant en quatre phases :

1. « Evaluation préconsciente de la présence d'un

danger/traumatisme », ou « signal anxiety » comme l'avait déjà décrit Freud en 1926 : le Sujet fait une première analyse d'une situation à risque, de manière préconsciente voire même consciente ;

2. « Affects tristes et réactions défensives » : le sujet a déterminé la tonalité déplaisante de ce qui l'assaille et met en oeuvre une action

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 25/89

défensive. La plupart des stimuli sont enregistrés à un niveau inconscient ;

3. « Arrestation cognitive » : les informations menaçantes sont exclues, refoulées, et ne remontent donc pas à la connaissance consciente. L'attention du sujet est reportée ailleurs ;

4. « Comportement écran » : pour combler le vide formé par la phase précédente d'arrestation cognitive, le psychisme mobilise les fantasmes et affects de l'individu pour créer une histoire de surface, qui rend l'information tronquée crédible et consistante.

Ainsi selon T. Dorpat [12], le déni est « tel un jury qui rend un verdict avant que les preuves ne soient présentées » : il intercepte les données qui seraient douloureuses et donc insoutenables pour la conscience, les refoule dans l'inconscient et ne fait remonter à la conscience qu'une version acceptable, modifiée.

Pour quelques autres auteurs cités par C. Grangirard [13], le déni serait davantage un processus cognitif. Dans l'exemple d'une réaction à un diagnostic de maladie grave, le déni pourrait être perçu comme une stratégie d'adaptation à un stress intense (stratégie de coping qui vient du verbe « to cope », « faire face »). Le déni n'altérerait alors pas la relation de la personne à son environnement mais tente d'en modifier sa perception, dans l'attente que le sujet reprenne pied et adopte une stratégie plus élaborée et mieux adaptée.

Le processus cognitif du déni s'observerait notamment chez une personne qui se refuse à se reconnaître une addiction, par exemple l'alcoolisme. Pris en tenaille entre deux faits contradictoires ou cognitions - « le fait d'être alcoolique », et « le fait que les alcooliques ne sont pas des personnes de valeur » - le sujet expérimente un conflit d'ordre psychique. Le déni pourrait permettre de rejeter l'une des cognitions dérangeantes, par exemple « le fait d'être alcoolique », et ainsi éviter cette « dissonance cognitive » source d'inconfort et d'angoisse inconsciente.

Ainsi au fil du temps, le concept de déni s'est décliné comme mécanisme de défense dans différentes écoles de pensées (approches développementale, quantitative-comportementaliste ou encore cognitiviste du déni) que nous ne développerons pas ici,

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 26/89

mais qui aggravent la confusion concernant le terme de déni. Même s'il est par ailleurs fréquemment cité en psychiatrie (par exemple dans le déni de la maladie chez les patients cancéreux ou présentant des comportements addictifs), aucune définition précise ne figurait dans les dictionnaires consultés.

Devant la richesse et le nombre des références théoriques et psychopathologiques évoquées, il s'est avéré difficile de choisir une définition unique pour le déni. Naïma Grangaud dans sa thèse [12] a proposé une définition plus large compilant toutes ces approches, en nommant déni toute « tentative de désavouer, [de] renier l'existence d'une réalité déplaisante ».

Le déni se manifeste donc par une non-prise de conscience des faits, un refus catégorique face à une réalité externe pouvant être appréhendée par autrui. Ce mécanisme de défense massive, extrêmement fort et prenant sa source dans l'inconscient, s'active à l'insu du sujet. Il permet d'éviter une menace, de protéger ainsi le Moi de l'angoisse qu'entraîne une souffrance psychique indicible, en remettant en question le monde extérieur et non le sujet lui-même.

Dans le cas plus spécifique d'un déni de grossesse, la gestation et ce qu'elle symbolise - l'acte sexuel, l'arrivée d'un enfant - sont perçus comme des faits menaçants, et le psychisme maternel s'en préserve par un certain nombre de protections pour la plupart d'origine inconsciente.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand