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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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2.3.2 Autres études prospectives et rétrospectives

Si l'on compare les résultats précédents à ceux d'autres études dans la littérature, les estimations sont également très proches :

· Etude rétrospective au Pays de Galles [43] : le taux de déni total est estimé à 1/2475 (contre 1/2455 à Berlin)

· Etude de BERNS à Indianapolis en 1982 [11] : taux de dénis de grossesse estimé à 2/1000, soit 1/500 (contre 1/475 à Berlin)

· Etude de BEIER en Allemagne en 2000 [11] : prévalence estimée à 0,5/1000

· Etude rétrospective à Cleveland [43] : 2/1000 pour tous les dénis confondus (1/475 à Berlin)

· Etude de BREZINKA à Innsbruck en 1994 [43] : 27 cas recensés pour un taux évalué à 1/340 pour tous dénis confondus soit l'équivalent d'environ 3/1000

· Etude de Friedman aux Etats-Unis : 1/515 soit 2/1000 pour tous types de dénis confondus

Quel que soit le pays où a lieu l'étude, le taux de dénis de grossesses tous types confondus oscille donc entre 0,5 et 3 pour 1000, avec une moyenne de 1 sur 500. Pour comparaison, les naissances gémellaires sont de l'ordre de 1/85 (soit 11,7/1000), les placentas praevia et les HELLP syndromes sont estimés à 1/250-280 (soit 3,77/1000), et les crises d'éclampsie à 1/2500 (soit 0,4/1000) par l'OMS.

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 33/89

Selon ces mêmes études, le déni massif ou total est lui estimé entre 1 et 2,5 sur 2500. Le risque de décès néonatal est de 1/8000 [13].

Selon les observations de A. Gorre-Ferragu pour sa thèse de médecine [11], ces chiffres sont stables depuis les années 1970 et semblent indépendants de la couverture sociale proposée.

Il apparait donc que loin d'être un phénomène rare et fluctuant, le déni de grossesse constitue un véritable problème de santé publique, d'autant plus préoccupant qu'il est encore largement ignoré du grand public mais aussi du monde médical et judiciaire [13]. Malgré un début de prise de conscience au cours des dernières années, principalement dû au retentissement médiatique de certaines affaires citées auparavant, le déni de grossesse serait encore fréquemment étiqueté comme « grossesse non suivie non déclarée », et traité uniquement dans ses dimensions médicales et sociales [32] [43] [8].

2.3.3 Profil à risque : universalité du déni

Si la prévalence estimée du déni de grossesse est relativement similaire d'une étude à l'autre, les résultats sont en revanche beaucoup moins en accord en ce qui concerne le type de population à risque de faire un déni de grossesse.

Les femmes en déni de grossesse font encore l'objet de nombreux préjugés [43] : la croyance populaire les imagine jeunes ou immatures, infantiles, irresponsables, sexuellement inexpérimentées. Issues d'un milieu socialement défavorisé, elles seraient pour la plupart dotées d'une intelligence moindre, ou mentiraient sur leur état. Probablement primipares, vivant seules ou chez leurs parents, elles présenteraient souvent une pathologie psychiatrique préexistante...

Les études citées précédemment ont démenti ce profil très éloigné de la

réalité.

Concernant l'étude prospective des maternités de Denain et Valenciennes[32], la moyenne d'âge est de 26 ans tous dénis confondus, les âges extrêmes étant 14 et 46 ans. Sur les 56 patientes sélectionnées, 26 étaient des

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 34/89

multipares. La majorité était en couple avec le père de l'enfant. Tous les milieux socio-économiques étaient représentés.

L'étude berlinoise du gynécologue Jens Wessel [43] a révélé une moyenne d'âge identique chez les femmes en déni soit de 26 ans, toutes les tranches d'âge étant représentées et avec des extrêmes allant de 15 à 44 ans. Seules 3% d'entre elles étaient encore scolarisées, 14% n'avaient aucun diplôme, et 34% présentaient un niveau d'étude moyen voire haut. 56% d'entre elles étaient multipares, 12% avaient vécu au moins une grossesse auparavant (IVG, FCS), et seulement 21% d'entre elles ont présenté un déni pour leur toute première grossesse. 4 patientes présentaient une grossesse gémellaire. La plupart (83%) était dans une relation de couple stable. Enfin, seules 3 patientes sur les 66 étaient atteintes d'une pathologie psychiatrique (schizophrénie).

L'étude de Friedmann en 2007 aux USA [18] révèle des résultats assez différents avec seulement 18 % de patientes âgées de plus de 30 ans, et 20% de femmes en déni vivant en couple. En revanche, 74% d'entre elles avaient déjà des enfants, réfutant comme les autres études l'idée que les femmes en déni sont essentiellement primipares. De même, l'influence de la consommation de drogues ou l'existence de troubles psychiatriques ne concernent respectivement que 8% et 2% des patientes, et ne semblent donc pas être des facteurs récurrents dans le déni de grossesse.

Ces résultats témoignent d'un véritable polymorphisme du déni de grossesse, qui ne suivrait aucun modèle théorique précis. Si les préjugés considéraient le déni comme plus fréquent chez des femmes jeunes, célibataires, primipares, étudiantes ou sans emploi, les études récentes ont prouvé qu'il touche au contraire des femmes de tous âges et de tous les milieux sociaux, qu'elles aient ou non déjà vécu l'expérience de la maternité, qu'elles vivent seules ou en couple.

La survenue d'un déni de grossesse chez des femmes déjà mères laisse également supposer que ce symptôme n'appartient pas à une structure mentale générale, mais qu'il serait plutôt dû à un état ponctuel du psychisme de la femme [13].

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