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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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6.3.2 Sage-femme, médecin généraliste : face au déni partiel, que faire ?

6.3.2.1 « Encadrer » le lever, « accompagner » la sidération

Face à une patiente qui consulte pour un symptôme non spécifique mais qui, au fil de l'anamnèse, paraît de plus en plus suspecte, il est souvent difficile d'aborder la situation dans le calme. Pour certains il est parfois même utopique de prendre son temps quand on connait tous les risques que peut encourir une grossesse avancée jamais suivie.

Dans l'idéal, lorsque les premiers soupçons surviennent au cours de la consultation, il conviendrait de diriger l'interrogatoire sans pour autant être péremptoire ni culpabilisant : depuis quand ressent-elle ces signes qui l'ont conduite à consulter, n'y en aurait-il pas d'autres qu'elle n'aurait pas mentionnés ? La patiente est-elle sous contraception ? A-t-elle eu des rapports sexuels au cours des derniers mois ? D'une manière ou d'une autre (absence ou refus de contraception, oubli ou retard de prise de

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 76/89

pilule, gastro-entérite ayant entraîné des vomissements et la non-absorption de sa pilule, doute quant à la contraception locale utilisée), ces rapports auraient-ils pu être fécondants ? Sachant cela, n'y aurait-il pas une éventualité pour elle d'être enceinte ? Souhaite-t-elle s'en assurer ici, avec l'appui du professionnel ?

L'intérêt de ce exemple d'interrogatoire - très théorique et schématique il est vrai - ne répond qu'à un seul principe qu'il faudrait idéalement garder à l'esprit en toute circonstance : ne pas devancer la personne dans son raisonnement. Dans le processus lent et difficile visant à faire tomber le déni, il faut aider la patiente à se poser les bonnes questions, l'amener à cheminer pas à pas dans la bonne direction, en bref exécuter avec elle les prémices de son travail psychique jusque-là entravé : formuler l'éventualité que « oui, elle pourrait bien être enceinte ».

Il faut cependant rester réaliste : même dans les meilleures conditions d'accompagnement le lever du déni reste synonyme de sidération et de profonde détresse psychique. Tous les professionnels se doivent alors d'être présents, à l'écoute et bienveillants, enveloppants, mais certainement pas moralisateurs ou incrédules ; il est pour certains spécialistes question d'abandonner quelque peu l'attitude du « soignant qui sait », pour davantage montrer à cette patiente une émotion face à ce qui la submerge et l'étouffe, mentionner peut-être notre manque de savoir et justement s'ouvrir à ce qu'elle vit, affirmer qu'on veut comprendre et travailler avec elle dans ce but ; montrer nos émotions tout en restant doux et mesuré, pour qu'elle puisse à partir de là construire ses propres ressentis, combler le vide drastique de pensées et d'émotions qu'a entraîné le déni. Avant tout il faut la croire, car c'est en acceptant l'inacceptable qu'elle pourra à son tour s'y résigner, qu'elle pourra confier son mal-être à autrui, reprendre pied face à la sidération et enfin penser l'inconcevable : le fait qu'elle est enceinte.

Dans tous les cas de figure, si la révélation n'a pas lieu dans une structure médicale pouvant directement prendre en charge la grossesse non suivie, il est primordial de ne pas laisser repartir la femme sans un minimum de précautions : mortifiée, en pleine confusion suite à ce lever brutal du déni, submergée par l'angoisse voire la honte face à l'idée d'avoir négligé cette grossesse, elle risque de répéter les mécanismes de clivage psychique qui jusque-là la protégeaient de sentiments

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insupportables, et ainsi replonger dans le déni. En outre, il a déjà été vu l'état psychique instable engendré par le lever du déni : un passage à l'acte étant à craindre, il ne faut pas hésiter à faire venir un proche que la grossesse n'implique pas personnellement - a fortiori une amie - afin de lui expliquer posément la situation, pour que cette personne puisse ensuite épauler la patiente, l'accompagner dans cette épreuve et surtout s'assurer qu'elle ne retombera pas dans le mécanisme délétère du déni une fois le professionnel de santé quitté. [29]

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