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Le déni de grossesse: revue de littérature ; essai de réflexion sur la prise en charge de patientes en déni.

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par Laure SAINTE-ROSE FANCHINE
Université de Nice Sophia Antipolis IAE - Diplôme d'état de sage-femme 2012
  

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1.3 LA GROSSESSE DANS LA SOCIETE OCCIDENTALE

1.3.1 Entre statut et symbole : le mythe maternel

Dans notre société moderne, la gestation psychique telle qu'elle vient d'être succinctement décrite n'existe pas : notre imaginaire collectif conçoit l'image d'une femme enceinte belle, sereine, enveloppée d'images harmonieuses et positives, comblée dans l'attente puis par les soins à son enfant, qu'elle réalise d'ailleurs avec une assurance telle que cela ne peut être que par instinct - instinct maternel. Ces représentations nous sont rassurantes, apaisantes, nous confortent dans nos préjugés sur la « bonne mère », aimante, universelle, pétrie d'instinct et opérationnelle dès la naissance. N'est-il pas difficile - voire effrayant - que d'envisager une grossesse synonyme de questionnements, de vulnérabilité et d'angoisse, une gestation marquée de réminiscences affectives et douloureuses ? [38]

Le mutisme collectif autour de la maternité psychique se poursuit jusque dans notre prise en charge de la femme enceinte dans le milieu de la Santé : alors qu'on surveille à grand renfort d'examens et d'échographies la grossesse physique, la gestation psychique est peu prise en compte, comme oubliée, déniée. A l'heure actuelle, on n'envisage la grossesse que dans sa dimension heureuse, publique ; on délaisse son intimité, changeante et ambivalente comme l'inconscient, cette entité dont elle se nourrit et dont elle hérite la tonalité scandaleuse, mystérieuse et obscure, intrigante, séduisante, cruelle.[24]

Un oubli dont les futures mères, déjà peu enclines à avouer ces turbulences émotionnelles et ambivalentes affleurant à leur conscience, s'accommodent comme elles peuvent depuis l'avant-grossesse jusque longtemps après dans le post-partum. Le

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 16/89

déni de la vie psychique et de ses manifestations est déjà là, même dans des situations que nous, professionnels ou simples proches, ancrés dans nos croyances et nos certitudes, qualifierions de normales.

1.3.2 La grossesse, entre statut recherché et symbole de liberté

Dans nos sociétés, devenir mère est valorisant pour la femme en âge de procréer. Marque d'épanouissement et de normalité, avoir des enfants attire sur un couple la reconnaissance sociale et familiale, confère le statut jusque-là refusé de parent. Le désir d'enfant apparaît donc comme la valeur la plus naturelle et la plus universelle, à notre époque où entre la contraception, la Procréation Médicalement Assistée (PMA) toujours plus performante et la liberté de chacun, le maître mot semble être « Un enfant si je veux, quand je veux ». « Vouloir un enfant » est perçu comme un désir uniquement conscient, fonder une famille un choix librement consenti répondant à des idéaux culturels, familiaux et sociaux.

Et pourtant, il suffit de lire les faits divers ou d'observer notre entourage pour constater l'étrangeté dont sont pétries de nombreuses histoires familiales : abandon, mise à l'adoption, maltraitance, délaissement ou carence, abus sexuel [24]. On a tous entendu parler, peut-être dans notre entourage, a fortiori en tant que professionnel de santé, de cette femme qui après deux ans de PMA enfin couronnés de succès, passe de l'autre côté du mur pour se faire avorter en service d'orthogénie. Ou encore de ce futur père dont la compagne est enfin enceinte, réalisant ainsi un voeu appuyé et partagé dans leur couple, qui rompt soudain tout contact à l'orée du sixième mois de grossesse. Malgré nos représentations rassurantes de l'instinct maternel ou d'un besoin primaire de filiation, il est évident devant ces exemples qu'être parent ne va pas de soi.

On l'a vu précédemment, c'est la grossesse et par prolongation l'enfant qui entraîne la métamorphose psychique nécessaire pour devenir parent : on cesse d'être le fils de quelqu'un pour être le parent d'un autre. Cette transformation psychique renvoie au propre vécu de chacun et réveille des forces psychiques contradictoires jusque-là enfouies dans l'inconscient : de tels conflits s'ils ne sont pas dépassés peuvent entraver la construction d'un lien psychique de filiation. L'adulte reconnu comme père ou mère ne peut alors assumer cette naissance sociale, dans l'incapacité d'endosser le rôle qu'il semblait pourtant s'être choisi. [22]

Université Nice Sophia Antipolis - École de Sages-femmes de Nice page 17/89

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