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Planification et controle de projet, une aide méthodologique et métacognitive dans le processus d'autonomisation de certains lecteurs/scripteurs

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par Hiên-Minh Lê (Thi)
Université du Québec en Outaouais - Maîtrise en gestion de projet 2005
  

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2.4.2 Métaconnaissances

Selon Doly (dans Grangeat, 1997), Flavell (1985) différencie les

métaconnaissances en quatre catégories (celles portant sur la personne, la tâche, les stratégies et l'intégration de ces trois) selon les objets sur lesquels elles portent, notamment :

- sur les personnes et le sujet lui-même : ce sont les représentations que peut avoir l'individu sur :

· la pensée humaine, sur le sujet connaissant en général,

· sur d'autres apprenants auxquels le sujet se compare ou

· sur lui-même comme apprenant (connaissance de soi)

- sur les tâches

- sur les stratégies

- sur l'interaction entre ces trois objets (pp. 20-21).

Ces habiletés métacognitives sont surtout développées grâce à un apprentissage

dit métacognitif où plusieurs conditions sont mises en place dans un encadrement pédagogique faisant appel à la différenciation et à l'autonomisation. Nous estimions que cette façon de faire permettrait de rejoindre la population des élèves à risques qui

sont, pour nous, ceux qui ne réussissent pas bien, mais qui n'attirent pas l'attention et

les ressources du système à cause des cas plus graves. L'atteinte du but fixé est évaluée selon une logique de régulation, à plusieurs moments durant l'exécution de la tâche globale. La métacognition se trouve sous deux aspects : les métaconnaissances qui concernent les domaines cités plus haut et le contrôle de l'activité cognitive par le sujet. Selon Grangeat (1997), puisque ces connaissances ou ressources sont internes à l'apprenant et sont difficiles à observer directement, il est nécessaire de les inférer par des indicateurs, selon les trois axes déjà nommés.

Le tableau suivant regroupe les sept indicateurs d'inférence de Grangeat (1997), lesquels représentent les principales pistes d'analyse de notre recherche.

SEPT INDICATEURS POUR INFÉRER LA MÉTACOGNITION

LA PERSONNE L'énonciation : le sujet explicite ses processus ou ses états

mentaux.

La décentration : le sujet élabore la prise en compte des processus ou des états mentaux d'autrui.

LA TÂCHE La perception des éléments implicites : le sujet précise la production des inférences ou des coordinations d'opération.

La référenciation : le sujet établit clairement un lien avec une tâche semblable rencontrée par ailleurs.

LA STRATÉGIE L'anticipation : le sujet planifie explicitement des procédures d'effectuation

L'adaptation : Le sujet dit comment il ajuste les procédures prévues à l'aide des résultats intermédiaires de l'action. L'appréciation : le sujet évalue, de façon justifiée, la pertinence des procédures qu'il a employées à la lumière des résultats obtenus.

Encadré 1. Les sept indicateurs pour inférer la métacognition (Grangeat, 1997, p. 99)

En examinant ces indicateurs, remarquons la relation humaine qui domine dans l'axe concernant la personne et la coordination en ce qui touche la tâche, ainsi que la planification, l'ajustement, la régulation et l'évaluation des procédures, etc. au niveau de

la stratégie. Or, ce sont tous là, des éléments clés de la gestion de projet que sont la formulation de la mission et des objectifs, l'appropriation de ces objectifs par l'ensemble des acteurs, etc.

La métacognition est le chemin incontournable d'un apprentissage réflexif, garant

du « apprendre à apprendre » que vise le MEQ (2003/2004) pour un apprentissage tout

au long de la vie : voilà réussir l'école et non réussir à l'école comme auparavant. Le but

de notre recherche étant de vérifier le discours des scripteurs/lecteurs sur le processus d'autonomisation de leur apprentissage en lien avec l'application des pratiques et techniques de la gestion de projet, la métacognition est donc un concept clé à considérer. Voici la description en détail des sept indicateurs d'inférence de la métacognition fournis par Grangeat (1997) :

2.4.2.1 Les indicateurs concernant les personnes

Les métaconnaissances relatives aux personnes sont des connaissances sur

soi et les autres personnes à comparer entre elles et avec soi (Flavell, 1985). Ce serait alors des représentations que peut avoir le scripteur/lecteur, sur la pensée humaine ou sur le sujet connaissant en général, ou encore sur d'autres apprenants,

ou sur lui-même. Elles au nombre de deux : ce sont l'énonciation et la

décentration. En réalité, ces deux concepts ne sont pas complètement dissociés,

il y a une progression psychique qui les distingue comme des phases ou stades.

La décentration étant un des trois éléments constituants de la stratégie (la complexité, la volonté de gagner et la décentration) selon Barbot & Camatarri (1999, p. 86), elle lie donc les capacités ou ressources personnelles en métacognition au développement des stratégies du scripteur/lecteur en situation

de gestion de son projet.

Au stade de l'énonciation, le scripteur/lecteur serait capable de décrire son expérience, c'est-à-dire ses propres processus et états mentaux lors de la réalisation des tâches, et ce, de façon chronologique et contextualisée. Nous pouvons dire qu'il y a eu construction du savoir métacognitif par l'explicitation. Comme la métacognition appartient au domaine de l'abstraction, c'est le niveau d'abstraction empirique d'après Doly (dans Grangeat, 1997). Quant au stade de la décentration, le scripteur/lecteur serait capable de se détacher davantage de ces expériences qu'il décrirait de façon plus décontextualisée et davantage analytique.

Il y verrait la durée, du début jusqu'à la fin. C'est la transition entre le niveau d'abstraction empirique et le début du niveau d'abstraction réfléchissante selon Doly (dans Grangeat, 1997). Nous y observerons une progression, d'un niveau descriptif et chronologique des procédures à un niveau explicatif, logique, en des termes généralisés (un plan détaillé, un plan avec des mots-clés, etc.). Le parallèle pourrait se faire ici avec Piaget sur la nature et le rôle de la prise de conscience dans la construction de l'intelligence, à travers les trois niveaux d'abstraction :

empirique (description chronologique), réfléchissante (analyse logique) et réfléchie (conceptualisation). À partir du niveau de l'analyse logique, la représentation implique la tâche et lorsque celle-ci devient réfléchie, elle couvre les stratégies. Le lien se ferait donc facilement avec la gestion de projet qui insiste sur le développement des stratégies.

2.4.2.2 Les indicateurs concernant la tâche

Selon Flavell (1985) (cité par Grangeat [1997]), les métaconnaissances

relatives aux tâches sont des connaissances sur les caractéristiques des tâches. Acquises au fur et à mesure des expériences cognitives et des comparaisons effectuées, elles permettent de planifier des activités cognitives. Les caractéristiques ici retenues pour notre analyse sont plutôt des facteurs qui influencent la réussite des scripteurs/lecteurs du point de vue des ressources. Elles concernent les outils, les processus, l'enseignante et les pairs. Ces métaconnaissances acquises témoigneraint du degré d'abstraction réfléchissante chez le scripteur/lecteur, c'est-à-dire de son niveau d'analyse logique. Pour ce faire, nous allons vérifier, lors de notre analyse, si les scripteurs/lecteurs étaient capables de se référer à une tâche antérieure en explicitant les facteurs précités.

Ce sont la référenciation et la perception des éléments implicites.

· La référenciation

Cet indicateur démontre la capacité de se référer clairement à une tâche (caractérisée par les outils de planification et contrôle de projet utilisés et présentés au chapitre 2, les processus d'apprentissage, l'enseignante et les pairs)

ou aux actions similaires ayant eu lieu antérieurement. Il démontrerait la prise de conscience des expériences métacognitives ponctuelles, localisées dans une tâche particulière ayant un début, une fin et un résultat. Dans ce sens, il y aurait construction d'un savoir métacognitif par l'analyse logique. À ce niveau, une certaine distance aurait été établie entre le scripteur/lecteur et son savoir. C'est l'indice d'une intériorisation des connaissances et des compétences puisque le scripteur/lecteur serait capable d'en évoquer. Cette intériorisation aurait eu lieu grâce à la médiation exercée par l'enseignante qui s'imposerait entre lui et le savoir (c'est en effet l'indicateur précédent concernant sa capacité de décentration vis-à-

vis l'enseignante), et ce, pendant l'exécution d'une tâche précise antérieurement.

Ce rôle de médiateur de l'école que représente l'enseignante en salle de classe contribuerait ainsi à faire passer du « non conscient » au « conscient volontaire », l'accès à la construction des connaissances métacognitives (Grangeat, 1997). La référenciation à la performance démontrerait un niveau plus élevé dans cette

« conscience volontaire ». Non seulement ces scripteurs/lecteurs seraient capables de se débrouiller seuls, mais aussi ils seraient capables de performer en s'automotivant grâce aux outils de planification et contrôle inspirés de la gestion

de projet et utilisés dans cette recherche afin de les guider dans le processus

d'intériorisation ou transfert des connaissances. Ces outils seront présentés dans

le chapitre 3 portant sur la méthodologie.

La référenciation révélée chez les scripteurs/lecteurs quant à ces outils confirmerait leur impact sur le développement de la métacognition. Le processus étant aussi un élément clé de l'autonomisation de l'apprentissage, la référenciation

au processus d'écriture et de lecture révélerait aussi l'impact des outils de la gestion de projet sur le développement de la métacognition chez le scripteur/lecteur tels le fractionnement et l'ordonnancement des tâches. La médiation qui assume un rôle transformateur du processus d'intériorisation, tel que déjà décrit plus haut, touche aussi à la référenciation vis-à-vis l'enseignante- chercheure et les pairs.

· La perception des éléments implicites

Cette perception concerne l'inférence et la coordination des actions. Le scripteur/lecteur qui serait capable de percevoir des éléments implicites tels le lien entre différentes actions (la coordination) et le but (inférence) témoignerait de sa capacité d'abstraction au plan de la conceptualisation. C'est en fait la construction d'un savoir métacognitif par la conceptualisation. Pour notre analyse, nous retenons trois éléments: le but, les processus et la performance des activités d'apprentissage, car ce sont là les mêmes éléments présents dans la gestion de projet. La perception du but apporte la valeur à la tâche, la perception des

processus contribue à bâtir la contrôlabilité de la tâche grâce à la conscience des étapes de réalisation et, finalement, la performance indique les exigences de la tâche.

2.4.2.3 Les indicateurs concernant les stratégies

Les métaconnaissances relatives aux stratégies sont des connaissances

permettant le pilotage des stratégies cognitives (Flavell, 1987). Ce sont des connaissances qui font appel à la capacité du scripteur/lecteur de mobiliser ses ressources ; c'est-à-dire, sa capacité d'intégrer les informations dont il dispose sur l'état présent de son fonctionnement cognitif, à les confronter à ses connaissances métacognitives antérieures et aux données issues de la réalité, afin d'adapter ses stratégies cognitives et de les rendre plus efficaces. Les métaconnaissances relatives aux stratégies révèlent le niveau d'abstraction conceptuelle du scripteur/lecteur. La construction des métaconnaissances à ce niveau se fait par conceptualisation et s'inscrit dans un processus de régulation. L'appréciation de soi, des outils de planification et contrôle de projet, de l'apport de l'enseignante- chercheure et des pairs représentent un premier niveau métacognitif quant aux stratégies. Viennent ensuite la capacité de s'adapter et d'anticiper. À ce stade, le scripteur/lecteur devrait être capable d'effectuer une planification opératoire vers

la réussite, compte tenu de ses expériences réfléchissantes antérieures. Il serait arrivé au niveau d'abstraction où domine le réfléchi. Ces indicateurs nous livrent des pistes d'analyse de nos données quant aux stades les plus avancées du processus d'autonomisation selon Morin & Brief (1995).

2.4.3 Métacognition et dispositifs pédagogiques

Pour mieux comprendre le concept de la métacognition, la référence aux travaux

de Piaget (1974) est nécessaire. Il y a formulé des idées précurseures à partir de la prise

de conscience en montrant que la réflexion sur les actions cognitives procure au sujet de nouvelles possibilités de régulation. En effet, en évaluant ses actions cognitives antérieures, avec du recul, le scripteur/lecteur se trouve à accroître son pouvoir de coordination, tout en y donnant plus de signification (Grangeat, 1997). La prise de conscience de son propre pouvoir de coordination et de la signification des actions, en plus de l'aspect de contrôle « confère à la métacognition des caractéristiques totalement compatibles avec les critères retenus pour spécifier la réussite des apprentissages et donc pour caractériser l'autonomisation dans l'activité pédagogique » (Chartrand, 1996). C'est ici qu'intervient l'application des pratiques et techniques en planification et contrôle de projet à portée métacognitive sur l'autonomisation des scripteurs/lecteurs. Or, pousser les scripteurs/lecteurs à devenir autonomes c'est davantage accentuer leurs différences. Dans un tel contexte, la différenciation pédagogique représente un cheminement dont le point de départ nécessiterait une évaluation diagnostique des besoins des scripteurs/lecteurs afin de les amener à l'autonomisation.

Develay (1992) propose de « trouver une procédure pédagogique susceptible d'articuler l'évaluation diagnostique et la différenciation pédagogique afin d'accroître l'autonomisation du sujet dans l'activité pédagogique ». Logiquement, pour jouer un rôle d'articulation, le dispositif recherché doit posséder des caractéristiques qui sont à la fois communes aux deux procédures à articuler (soient l'évaluation diagnostique et la

différenciation pédagogique) et compatibles avec l'intention de renforcer

l'autonomisation. Or, celles-ci conduisent l'enseignant à centrer son attention sur trois domaines principaux : le scripteur/lecteur, les tâches à accomplir et les stratégies à mettre en oeuvre pour y parvenir. Il est alors aisé de constater que ces trois domaines recoupent les trois aspects concernés par la métacognition. Définie comme une réflexion sur l'interaction entre les connaissances et le sujet (Meirieu, 1987/1993), la métacognition semble donc susceptible de constituer l'articulation voulue.

La métacognition, illustrée par Grangeat (1997), est donc une articulation entre l'évaluation et la différenciation comme suit :

ÉVALUATION DIAGNOSTIQUE

Amélioration de

Amélioration

s

MÉTACOGNITION

l'autonomisation de tous les scripteurs/lecteur

DIFFÉRENCIATION PÉDAGOGIQUE

Figure 8. Rôle de la métacognition dans l'autonomisation (Grangeat, 1997, p. 98)

Dans notre recherche, nous allons également vérifier le discours des scripteurs/lecteurs sur la portée métacognitive des pratiques et techniques en planification et contrôle dans leur cheminement.

Pour ce faire, puisque la métacognition est une réflexion interne du sujet, elle est inaccessible à l'observateur dans les conditions habituelles de l'enseignement. Comme toute activité mentale, elle doit être inférée, soit à partir de ce qu'en dit le sujet, soit à partir de ce qu'il fait, en résolvant un problème, par exemple. C'est cette méthode-ci qui a été retenue pour notre recherche. Notre analyse sera fondée sur les sept indicateurs fournis par Grangeat (1997), traduisant l'activité métacognitive et recouvrant

les trois caractéristiques des métaconnaissances : la personne, la tâche et les stratégies (figure 4). À partir de ces indicateurs, il est envisageable de cerner la pertinence des dispositifs pédagogiques (procédures métacognitives selon Grangeat, 1997) qui visent à stimuler la métacognition et à extérioriser une partie de cette réflexion. Pour que les pratiques et techniques de gestion de projet soient véritablement des dispositifs pédagogiques, il faudrait qu'elles fassent partie d'une méthode pédagogique. Or, pour Meirieu (1985/1990, p. 105), « dès que se trouvent un formateur, un apprenant et un savoir, il y a une méthode ».

Selon cet auteur, du point de vue du formateur, de celui qui élabore les dispositifs d'apprentissage, une méthode peut se présenter comme la composition de deux éléments : les situations d'apprentissage et les outils d'apprentissage. Les situations d'apprentissage comprennent les situations impositives collectives, les situations individualisées et les situations interactives. Les outils d'apprentissage incluent tous les moyens tels la parole, l'écriture, les gestes, les images, les technologies, les matériaux, etc. Dans ce sens, nous constatons que les pratiques et techniques de gestion de projet,

de l'application de la gestion du processus (objectifs, tâches orientées vers un but,

gestion des ressources, etc ...) aux différents outils de planification et contrôle

(diagramme de Gantt, Pert, etc.) constitueraient bel et bien une méthode pédagogique.

En effet, la gestion de projet aux aspects à la fois mécaniste et post-moderne selon les termes de Hazebroucq & Badot (1996) est une méthodologie aux yeux de Raynal (2003). Appliquée dans le contexte scolaire, elle servirait de levier dans le développement de la conscience dans l'apprentissage. Une conscience qui porte autant sur les ressources de l'environnement externe (les pairs et l'enseignant) du scripteur/lecteur que sur les ressources en provenance de sa structure interne afin de

lui pourvoir le pouvoir d'apprendre par lui-même.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams