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Problématique de l'accès à l'information administrative au Bénin

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par Oswald Vital PADONOU
Université d'Abomey-Calavi, ENAM - Diplôme de cadre supérieur du cycle 1 2006
  

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Section 2 : Vérification des hypothèses et établissement du diagnostic

Paragraphe 1 : Analyse des données et vérification des hypothèses

A- Analyse des données

· La fréquence de sollicitation des documents

Les usagers de l'administration publique béninoise pour la plupart font recours aux services de l'administration pour leurs besoins d'information. Très peu le font toujours et une bonne partie quelques fois. Ceux qui ne font jamais recours à l'administration pour leur besoin d'information représentent seulement le dixième.

Au regard de ces taux, l'administration n'a pas encore atteint l'efficience de sa mission de service public. On peut la considérer comme source potentielle et latente d'informations. A priori, une écrasante majorité d'usagers devrait toujours ou tout au moins assez souvent solliciter l'administration pour leur besoin d'information.

· Le canal d'expression du besoin d'information

Il est aisé de remarquer que deux tiers des usagers se voient obligés de se déplacer vers l'administration pour exprimer leur besoin d'information. Les canaux que permettent les Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) à savoir le téléphone et le courrier électronique sont très peu exploités. Par contre la lettre est utilisée par un usager sur cinq.

L'administration publique béninoise n'est donc pas encore une administration moderne qui travaille avec le temps. Elle n'est pas non plus souple et s'enferme dans des procédures longues, lentes, fastidieuses et souvent inutiles.

· Le niveau de satisfaction des usagers

Seul un usager sur dix affirme d'emblée être satisfait de ses demandes d'information. Près de la moitié estime être très peu satisfaite et plus d'un usager sur cinq estime n'être pas du tout satisfait. Cela suppose que le droit à l'information des usagers n'est pas reconnu et garanti.

· Le délai de satisfaction des usagers (tableau n°9)

60% des usagers interrogés estiment être satisfaits dans un délai supérieur à un mois et moins de 10% le sont aussitôt ; ce qui préjuge que le traitement des demandes d'information ou de documents administratifs ne connaît pas de célérité. L'information étant une «  donnée périssable », tout débiteur d'information doit faire diligence pour honorer sa créance envers le créancier en temps réel.

· La réalisation des produits documentaires (dossiers de presse) ou d'instruments de recherche (tableau n°10)

Seul le quart des professionnels interrogés réalise des produits documentaires et parmi ceux qui les réalisent, la plupart affirment en faire peu et même très peu. Il est donc établi que la publication et la signalisation des informations administratives souffre de régularité quand même elle est possible. Le défaut de moyens techniques et de personnel qualifié en est la cause principale.

· La périodicité de réalisation des produits documentaires (dossiers de presse) ou d'instruments de recherche (tableau n°11)

Plus de la moitié des professionnels de l'information qui réalisent des produits documentaires le font entre 3 et 6 mois. Si cela ne pose pas de problèmes particuliers aux archives, au niveau des centres de documentation qui doivent rester dans l'air du temps en accompagnant les évènements d'importance pour le pays, la périodicité paraît trop distancée.

A partir des développements précédents, on se rend compte de la diversité et de l'éparpillement des textes qui régissent le droit à l'information. L'absence de codification de ces textes en un document unique entraîne l'ignorance des textes par les agents de l'administration. En plus de la non sensibilisation des fonctionnaires sur les droits des usagers en matière d'information, il n'existe pas une véritable politique nationale d'information. Cette situation induit des traitements différents d'une administration à une autre et surtout selon la position sociale du demandeur (selon une étude effectuée au Sénégal, les ouvriers, les artisans et les paysans sont les plus exclus de l'accès à l'information administrative).

De plus, une pratique courante des agents de l'administration publique béninoise consiste à apposer le cachet confidentiel sur tous les documents. Le culte du secret et de la confidentialité ainsi que la forte hiérarchisation du système administratif provoquent une rétention systématique de l'information dans les administrations béninoises. Même les décrets et arrêtés ministériels qui ne sont juridiquement exécutoires et opposables qu'après leur publication, sont interdits de diffusion à l'endroit des usagers.

Les budgets des collectivités décentralisées qui devraient être, en vertu de la loi et du principe de transparence, portés à la connaissance des administrés ne sont pas accessibles aux travailleurs et aux usagers des Mairies. Les agents de l'administration n'ont pas eux mêmes accès aux documents qui déterminent les rapports de travail (statuts de la fonction publique, conventions collectives de travail...) qui les lient à l'Etat ou aux entreprises publiques et semi-publiques. Les professeurs et étudiants qui doivent alimenter la recherche ne disposent pas de données provenant de l'administration. A l'endroit des opérateurs économiques et investisseurs étrangers par contre, la Chambre de Commerce et d'Industrie du Bénin (CCIB) et l'Observatoire Béninois des Opportunités d'Affaires (OBOPAF) font l'effort de mettre à leur disposition, des informations provenant de l'administration. Mais face au besoin, cet effort est encore largement insuffisant.

Quand les internautes béninois, dans leur quête d`information parcourent les sites web des administrations encore fonctionnels et mis à jour, grande est leur déception de constater la maigreur des ressources disponibles qui se limitent généralement à l'organigramme schématisant l'architecture de l'institution, les photos de ses dirigeants. Rien de consistant n'est mis en ligne pour satisfaire les besoins des visiteurs de ces sites.

La Direction du Journal Officiel qui est censée être une structure importante et même charnière dans la diffusion de l'information administrative est laissée dans la vétusté. Cette direction n'est pas en mesure de mettre à la disposition des usagers une salle de consultation avec le mobilier adéquat et les conditions optimales d'exploitation. Elle ne dispose pas encore d'un site web, à l'opposé de la plupart de ses homologues africains, pour mettre en ligne le contenu de ses parutions bimensuelles.

C'est dans cet environnement d'accès difficile à l'information administrative que les journalistes multiplient des tentatives d'investigation dans l'administration en courant le risque d'accusation pour l'infraction de recel de document administratif. La pratique du journalisme d'investigation est donc ainsi compromise.

Les enseignants et les étudiants, eux, sont plus souvent obligés d'abandonner leurs recherches ou de soudoyer les agents de l'administration.

B- Vérification des hypothèses et diagnostic établi

Hypothèse N°1 : L'absence de codification, le défaut de sensibilisation et l'ignorance des textes font que le droit à l'information du citoyen n'est pas reconnu dans les Administrations.

Observations : Il ressort des entretiens avec les agents de l'administration, qu'ils n'ignorent pas totalement le droit des usagers à l'information. Mais ils ne connaissent pas la portée et les limites de ce droit. Ce qui les amène à circonscrire eux-mêmes le champ du droit à l'information des usagers dans les administrations. Le défaut de sensibilisation est donc, de toute évidence à la base de la non reconnaissance intégrale de ce droit.

L'hypothèse est donc dans une large mesure, vérifiée.

Hypothèse N°2 : Le défaut de personnel qualifié et de moyens techniques a pour conséquences l'inexistence, l'insuffisance et le défaut de vulgarisation des Publications Officielles.

Observations : La lecture des résultats obtenus à partir du guide d'entretien adressé aux professionnels de l'information, fait savoir l'existence de publications officielles dans la plupart des administrations. Cependant, leur forme, leur contenu et le défaut de large diffusion de la plupart de ces documents font que leur mission n'est pas efficacement assurée. A cela, il convient d'ajouter, toujours selon les éléments recueillis à partir du guide d'entretien que, le manque qualitatif et quantitatif de personnel et de moyens pour assumer la mission de production et de diffusion des Publications Officielles.

L'hypothèse N°2 est donc bel et bien vérifiée.

Hypothèse N°3 : le culte de la confidentialité et du secret et la forte hiérarchisation du système administratif entravent l'accès aux documents administratifs.

Observations : Les usagers de l'Administration interrogés, situent les causes liées à la difficulté d'accès aux documents administratifs au culte de la confidentialité et à la forte hiérarchisation du système administratif. Ce que confirment certains fonctionnaires. Et c'est à ce niveau que la plupart pensent qu'il y a quelque chose à revoir.

L'hypothèse N°3 est donc, elle aussi vérifiée.

Diagnostic établi

Les problèmes et difficultés liés à l'accessibilité de l'information administrative au bénin sont réels et patents. Les données recueillies et présentées plus haut décrivent la proportion dans laquelle les usagers de l'Administration publique béninoise croisent des barrières et surmontent des embûches dans leur quête d'information ou de documents administratifs.

Les approches de solutions seront donc proposées aux maux identifiés et répertoriés et des recommandations formulées aux uns et aux autres, dans le sens de l'amélioration des rapports Administration-administrés

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway