WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'implication dans les travaux d'un groupe projet assure-t-elle un engagement individuel dans la diffusion du projet au sein de l'organisation ?

( Télécharger le fichier original )
par Christophe Fié
Université d'Evry Val d'Essonne - D.E.S.S. - Dynamique humaine et développement de l'organisation 1994
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

E - Déviance et évolution de la norme de groupe

Pour Schachter66(*), les attitudes (acceptation ou rejet) des membres du groupe les uns à l'égard des autres dépendent notamment de la position adoptée par chacun vis-à-vis des normes du groupe.

les personnes conformistes sont moins rejetées (si elles le sont) que les personnes déviantes vis-à-vis de la norme du groupe,

si les travaux du groupe sont jugés pertinents par les membres du groupe, le rejet sera plus important que s'ils ne les jugent pas pertinents,

à pertinence constante, le rejet est plus fort dans les groupes à forte cohésion que dans ceux à faible cohésion.

Schachter établit que les attitudes (d'acceptation ou de rejet) des membres du groupe les uns envers les autres dépendent notamment de la position adoptée par chacun par rapport aux normes du groupe. Les "déviants", c'est-à-dire ceux dont l'opinion est perçue par les autres membres comme divergente de l'opinion commune à laquelle le groupe est arrivé après discussion, sont toujours rejetés. D'autre part, en faisant varier "la cohésion" du groupe, la "pertinence" de la tâche (c'est-à-dire son importance aux yeux du groupe ou de ses membres), et en classant les membres selon leur degré de "conformité" aux normes, et en mesurant d'autre part le nombre de messages émis et reçus par chacun, il met en évidence l'une des fonctions des communications dans un groupe : maintenir sa cohésion. Vue comme un moyen d'exercer de l'influence, les communications transmettent des pressions afin d'assurer la conformité aux normes du groupe, et sont donc adressées surtout aux déviants.

Le degré de déviation vis-à-vis de la norme du groupe est corrélé au rendement dans le passé. Hollander E. P.67(*) montre que les individus qui ont témoigné de compétences dans le passé et se sont conformés à la norme de groupe, peuvent dévier de ces normes. Cette attitude ayant pour effet d'influencer le groupe dans le sens qu'ils ont choisi. Il pense que les individus dont la compétence et le conformisme au groupe sont reconnus, développent un certain crédit vis-à-vis des autres membres du groupe. Les membres du groupe à mesure qu'ils sont amenés à se fier à ses opinions et à croire qu'il prend à coeur l'intérêt du groupe vont avoir tendance à accepter qu'il fasse évoluer la norme.

Le point de vue d'une minorité peut prévaloir lorsqu'au sein d'un groupe, son statut est élevé, suivant qu'elle possède le pouvoir, qu'elle est constituée d'éléments "populaires", ou qu'elle possède des experts dont la compétence est considérée comme indiscutable.

Le processus d'influence minoritaire a été entre autre étudié par S. Moscovici68(*). Il postule que chaque membre d'un groupe, indépendamment de son rang est source et récepteur potentiel d'influence. Dans le cadre d'une expérience où il présente des diapositives bleues à un groupe de personnes, 2 de ces personnes indiquent que la couleur des diapositives est verte. La proportion des réponses vertes s'élève en moyenne de 10 % si ses 2 personnes sont intransigeantes et persévèrent dans leur affirmation lorsque l'on représente les diapositives. Il remarque que l'influence minoritaire s'exerce au niveau des opinions (jugements de valeur) plus aisément qu'au niveau des perceptions.

On constate donc que les possibilités de déviance vis-à-vis des normes du groupe sans être exclues et la possibilité d'inférer sur ces normes sont liées à la reconnaissance par le groupe et au statut au sein du groupe.

Au regard de ces travaux et de leurs conclusions nous pouvons valider 2 points :

L'attitude adoptée par le groupe vis-à-vis des objectifs du projet va avoir tendance à entraîner une normalisation des comportements individuels et un conformisme. Cette influence vers une uniformisation des comportements va dépendre :

- des caractéristiques intrinsèques du groupe (taille, cohésion, des affinités et des interactions qui lient ses membres, marge accordée en ce qui concerne les possibilités de déviance vis-à-vis de la norme, caractéristiques des individus qui le compose) et de la nature de la mission (pertinence pour les membres, temps disponible, pression externe et contexte organisationnel, etc. ),

- des attitudes (prédispositions à agir) de l'individu et de sa disposition envers le groupe et la tâche à accomplir,

- de la participation au groupe projet et des phénomènes liés au caractère "engageant" de cette participation,

La "soumission" à la pression du groupe conduit à l'adoption des comportements du groupe, mais aussi à ces croyances et valeurs. Nous pouvons en déduire que l'influence exercée par le groupe peut agir sur les attitudes de l'individu et les modifier. En ce qui concerne notre question nous pouvons valider les points suivants :

- si la norme du groupe est une implication dans les travaux du groupe, l'individu sera influencé dans le sens de l'adoption de comportements et d'une attitude d'implication.

- l'influence du groupe s'exerce sur l'individu par une pression dont l'objectif est l'adoption de la norme du groupe en ce qui concerne les attitudes (implication et engagement) vis-à-vis du projet. Ce point nous conduit à réviser le schéma de J. P. Gruère69(*):

- en ce qui concerne l'engagement dans la diffusion du projet nous pouvons faire le même constat (influence de la norme du groupe) en remarquant cependant que dans la phase de diffusion la pression exercée par le groupe peut être réduit dans le cas où il y a une dissolution du groupe ou une fréquence moins importante en ce qui concerne les situations d'interactions interindividuelles. La "soumission" à cette pression et son "acceptation" peuvent éviter le rejet de l'individu dans le cas ou il a une disposition contraire à celle du groupe. Dans la phase de diffusion si la pression est réduite, il pourra plus facilement adopter une attitude et des comportements divergents de ceux des autres membres du groupe. L'adoption d'une attitude et de comportements divergents est cependant limitée par la réduction des dissonances que cette attitude peut entraîner chez l'individu (cohérence entre les actes passés et présents) mais peut aussi conduire à une réduction de la dissonance par la rationalisation des comportements passés si leurs conditions d'émission n'ont pas permis un travail cognitif susceptible de se traduire par une modification des croyances et une évolution également susceptible de produire de nouveaux comportements.

* 66 Schachter S. "Déviation, rejet et communication" in André Lévy "Psychologie sociale - textes fondamentaux"Tome 1 - Dunod - 1974.

* 67 Hollander "Competence and conformity in the acceptance of influence", Journal of Abnormal and Social Psychology, vol 61, 1960, p-365-369.

* 68 Moscovici S. "Psychologie des minorités actives", PUF, 1979.

* 69 Gruère J. P. "Management aspects humain et organisationnels" avec Aubert N., Jabes J., Laroche H. et Michel S., PUF, 1994, chap 2, p-92

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand