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La liberté du sujet éthique chez Kant et Fichte

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par Christophe Premat
Université Paris I - DEA d'Histoire de la Philosophie 2000
  

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2) Progrès de la liberté comme indication d'une possibilité de vie suprasensible chez Fichte.

Si nous nous plaçons du point de vue de la moralité supérieure, en lequel le sujet détermine le rapport du sujet à l'objet, nous sentons alors l'exigence du progrès qui nous conduit au-delà du monde du progrès, vers une vie future, suprasensible où la volonté pure, "fin dernière de la raison" pourra enfin régner. 99(*) L'histoire est l'histoire de la formation du sujet en sujet éthique, cette transformation nécessitant des médiations efficaces et certaines. Il s'agit en fait de dépasser le seul point de vue subjectif en posant un monde intelligible. Le sujet éthique est un nouveau sujet, qui diffère du sujet politique : la transformation du sujet en sujet éthique s'effectue par la transformation du concept même de sujet, que nous verrons dans la troisième partie de notre travail. Cette transformation accompagne un dépassement de la moralité par rapport à elle-même, qui implique une révolution de la philosophie fichtéenne et un accès au point de vue de la religion où l'objet absolu qu'est Dieu, détermine le sujet-objet pratique par une volonté infinitisée. Cette volonté infinie se détermine à l'aide d'une lecture du progrès dans le monde sensible, lecture significative en ce sens que les signes de ce progrès nous indiquent la possibilité d'une vie future dépassant le progrès lui-même. Le progrès est infini dans son essence, il ne se caractérise pas par la différenciation de sa forme, mais plutôt comme l'indication de sa négation suprasensible. Il n'est pas une visée d'instauration du futur, il signe en fait la possibilité d'une autre vie radicalement différente. "C'est alors que le monde éternel se lève plus éclatant face à moi et que la loi fondamentale de son ordre apparaît clairement à mon oeil spirituel. En ce monde la volonté, inaccessible à tout oeil mortel, la volonté telle qu'elle est dans l'obscurité secrète de mon âme, est purement et simplement le premier terme d'une chaîne de conséquences qui court à travers tout le royaume invisible des esprits -de même que, dans le monde terrestre, l'action, c'est-à-dire un certain mouvement de la matière, est le premier terme d'une chaîne matérielle s'écoulant à travers le système entier de la matière"100(*). Je suis à la fin de la chaîne matérielle et au début de la chaîne éthique, il n'y a pas continuité entre ces deux chaînes mais rupture, la fin de la première indiquant simplement la possibilité de la deuxième. Le progrès de la liberté indique une promesse, l'homme se définissant par l'espoir. Nous ne sommes pas libres mais nous devenons libres, la liberté n'est jamais un acquis. La liberté prend son sens dans l'orientation du vouloir vers un idéal éthique. Il y a comme un appel à la liberté pour que l'homme surmonte sa nécessité dans la vie éthique. Comme l'écrit Jean-Christophe Goddard, la liberté "rapporte ce qu'elle voit, les possibles, à son voir déterminé, les appréhende comme siens, c'est-à-dire ce par quoi il lui échoit de se déterminer dans une réalisation, qui, bien que partielle à l'égard de l'infini ouvert par la possibilisation du réel en quoi elle consiste, engage la totalité de son être"101(*). La liberté est un engagement dans l'avenir, et l'histoire correspond à la détermination progressive de celle-ci. C'est l'imagination, en tant que faculté du flottement (Schweben), qui permet d'ouvrir infiniment cet avenir : les hommes, dans l'ordre juridico-politique, ont à imaginer un avenir commun et cet avenir commun ne peut être qu'éthique, car la réalisation éthique est la détermination véritable de la liberté. L'éthique est toujours de l'ordre de l'avenir, car comme l'écrit Jean-Christophe Goddard, "l'éthique ne formule pas originairement ses questions par rapport à une réalité préexistante face à laquelle le sujet aurait à déterminer sa place et son comportement."102(*) Le sujet est toujours tendu, dans un effort constant, vers la réalisation progressive de sa liberté dans l'éthicité.

L'ordre juridico-politique assure un socle rigide permettant au lien éthique de s'affirmer mais il n'a pas la même signification chez Kant et chez Fichte puisque pour le premier, cet ordre se sublime pour faire advenir une pureté éthique alors que pour le deuxième, cet ordre vise sa propre négation pour qu'un espace véritablement éthique se réalise. Il est une médiation qui indique une rupture chez ce dernier. L'histoire elle-même prend un nouveau sens, parce qu'elle prépare les conditions d'un avènement d'un ordre éthique ; cela ne signifie pas qu'elle soit une éthicité en gestation ou en incubation, mais un progrès vers une détermination éthique de la liberté qui redéfinisse le sujet en sujet de la communauté éthique. Il s'agit alors de caractériser cette communauté et de saisir pleinement ses contours.

* 99 FICHTE, La destination de l'homme, Trad. J-C GODDARD, éditions GF, Paris, 1995, p.193.

* 100 Ibid., p.188.

* 101 Jean-Christophe GODDARD, La philosophie fichtéenne de la vie, le transcendantal et le pathologique, éditions VRIN, Paris, 1999, p.109.

* 102 Ibid., p.132-133.

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