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La liberté du sujet éthique chez Kant et Fichte

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par Christophe Premat
Université Paris I - DEA d'Histoire de la Philosophie 2000
  

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2) La réalité du « nous » comme sujet transformé.

Le passage d'un ordre juridico-civil à un ordre purement éthique implique la transformation d'une intersubjectivité en interpersonnalité, c'est-à-dire que l'on passe d'une communauté de corps à une communauté de corps spirituels, retrouvant ainsi un sens monadique ; le corps n'est plus la déduction matérielle de la liberté, il revêt une dimension de réceptivité qui soutient l'activité infinie de l'homme. Je suis à la fois émetteur et récepteur, la vie de ce grand corps qu'est la communauté spirituelle étant animée par la transmission du contenu éthique. L'intersubjectivité était le premier stade où les corps libres interagissaient entre eux, l'éthicité, elle, désigne le stade supérieur dans le resserrement des libertés. Le contenu éthique concentre les valeurs qui coordonnent les différents corps : « éthique » n'est pas un adjectif qualifiant l'état du sujet ou un état postulé et souhaité par le sujet, mais est ce qui réalise le sujet. L'interpersonnalité ne permet plus de définir le sujet comme personne mais expose la réalité d'un « nous », dans la mesure où Je est pour les autres : « je ne mourrai absolument pas pour moi, mais seulement pour les autres. »126(*) La mort est l'occasion d'une renaissance, elle est l'abolition d'une vie sensible, soumise à la réalité du Moi, pour une vie suprasensible exprimant la réalité d'un Nous. Dans l'élaboration de l'intersubjectivité, l'autre pouvait être réduit à un alter ego posé par moi, à quelque chose qui doit être posé devant moi, afin que soit possible mon auto-position comme Je, et que je dois accepter pour l'unité et la cohérence avec moi-même. Cela pouvait suffire à déterminer l'assise des relations juridiques qui constituait le but de cette intersubjectivité. Dans l'espace intersubjectif juridique, chaque sujet avait conscience de son être-limité et en même temps de sa relation aux autres libertés et en la possibilité d'un nous. L'imagination avait un rôle fondamental en ce qu'elle délivrait une intentionnalité éthique et autorisait une ouverture sur un avenir de la communauté. Les sujets pouvaient imaginer l'avenir de leur communauté et ainsi pressentir cette nouvelle forme d'intersubjectivité que constitue l'interpersonnalité. L'intersubjectivité n'est pas encore la mise en oeuvre de la réalité d'un « nous », elle est la relation entre un toi et un moi « comme si le principe même de l'intersubjectivité, avant toute rencontre effective, habitait au coeur de la conscience, était constitutif du rapport même du moi à soi-même, le moi se dédoublant originairement en un moi et un toi, tutoyant la vie qui l'habite, l'épousant et la voulant dans la ligne qu'il trace et qu'elle laisse en lui. »127(*) L'intersubjectivité avait marqué une évolution très nette de la philosophie de Fichte puisque dans le Fondement du droit naturel, le droit était déduit à titre de condition de possibilité de l'intersubjectivité, celle-ci étant elle-même la condition de possibilité de la subjectivité, c'est-à-dire de la conscience de soi et de la conscience morale. C'était grâce à l'initiative de l'autre, qui m'appelait à l'activité, que je prenais conscience de moi-même comme sujet libre et fini.

Or, l'interpersonnalité est la théorie supérieure de l'intersubjectivité et repose sur la compréhension du monde des esprits (du « nous ») comme mise en présence de l'Absolu. L'Autre et la communauté sont devant moi comme quelque chose qui est bon et qui doit être absolument. Le but dernier de l'action morale est une réalité interpersonnelle, une communauté des je et des tu constitués intersubjectivement, réciproques et libres. Ce monde des sujets libres est alors le seul monde qui soit à la mesure de la raison et qui manifeste l'Absolu. Voilà la configuration dernière de la communauté suivant le concept de liberté et qui doit être la base de la téléologie éthique au sein de la philosophie de l'histoire. Le concept de l'agir moral s'approfondit alors en même temps que le concept de l'Absolu. L'interpersonnalité n'est pas seulement la communication entre le vouloir fini et le vouloir infini mais est l'unité, la communion entre la vie finie et la vie infinie. La vie infinie n'est pas le terme inaccessible de l'effort, l'au-delà visé par le sujet ; elle est là dans la présence de l'amour qui l'accueille. C'est le concept d'amour qui prouve la réalité du nous au sein de l'interpersonnalité, concept nécessaire qui n'était pas requis pour la fondation d'un ordre intersubjectif juridique.

* 126 FICHTE, La destination de l'homme, Trad. Franç. Jean-Christophe GODDARD, éditions GF, Paris, 1995, p.224.

* 127 Jean-Christophe GODDARD, La philosophie fichtéenne de la vie, le transcendantal et le pathologique, éditions VRIN, Paris, 1999, p.69.

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