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La délinquance juvénile: comparaison et synthèse

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par Taoufik Bouyablane
Université Hassane II - Mohammadia - Maroc - Licence en droit privé 2006
  

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III. La délinquance juvénile: côté impacte de l'acte criminel sur la personnalité de mineur:

Comme l'assurait De Greeff, nous somme tous des délinquants virtuels, seul le passage à l'acte permet de différencier le délinquant du non-délinquant. Cette remarque est valable dans toutes les perspectives criminologiques, car même si seulement certains individus sont prédisposés à la criminalité, tous ne deviennent pas effectivement criminels. Alors, qu'elles sont les différentes caractéristiques des étapes de l'acte criminel ainsi que les conditions du passage à cet acte?

A. Les étapes de l'acte criminel:

La scène de l'acte criminel s'étale sur deux temps; avant le passage et le passage à l'acte.

1. L'étape pré-acte:

Un ensemble d'auteurs37 soutiennent le courant du "choix rationnel du crime"38.

37 A titre d'exemple: Morgan O. Raynolds "Crime by choice", Fichier Institue Publication Dallas Texas 1985; Dereck Cronish "The reasonning criminal", New York Spenger Verlag 1986.

Pour ce courant, ou bien cette théorie, le crime en tant qu'acte spécifique, découle d'un choix fondé sur la raison du criminel de passer à l'acte face à l'existence d'opportunités réelles de le commettre avec le plus d'avantages et le moins de risque possible, c'est le choix fait après avoir réfléchi sur le comportement envisagé et pesé ses pour et ses contre. Il s'agit là, de savoir dans quelle mesure les opportunités offertes à l'adolescent au sein de la réalité sociale quotidienne immédiate et apparente peuvent l'encourager à passer à l'acte.

2. Le passage a l'acte:

Sutherland a tenté de décrire les constantes du comportement criminel susceptibles d'expliquer pourquoi tel individu a commis tel crime, à tel moment et de telle manière. Parmi ces constantes, on trouve chez les criminels invétérés le processus de maturation39.

L'individu passe à l'acte lorsqu'il a atteint un "âge criminel", c'est-à-dire le moment de sa vie où sa criminalité a terminé son développement. Cette maturité criminelle est acquise lorsque le sujet a assimilé une attitude générale envers la criminalité et lorsqu'il a complètement acquis la connaissance des techniques criminelles d'exécution. La maturation peut se terminer très tôt ou très tard. Ainsi, un enfant mal éduqué dans une zone où l délinquance est élevée peut atteindre la maturité criminelle à 12 ou 14 ans. Mais le processus peut être beaucoup plus long si le futur délinquant vit dans un milieu honnête.

Di Tullio à son tour, a formulé la notion des facteurs "déclenchants", qui existent en général dans toutes les circonstances qui, pour faible que soit leur force causale, sont toujours nécessaires pour l'accomplissement de l'acte criminel, car elles sont responsables de l'anéantissement des résistances individuelles. Le passage à l'acte est actionné en effet par un mauvais fonctionnement des forces inhibitoires, et plus précisément des "forces crim i no-répu lsives"40.

B. Les conditions du passage a l'acte:

Il faut deux conditions pour qu'une personne passe à un acte criminel, la première c'est avoir une personnalité "instable" ou criminelle, la seconde c'est que cette personne doit se trouvée en une situation précaire dite situation criminogène.

1. La personnalité criminelle:

Puisque, selon De Greeff, nous somme tous des délinquants virtuels et seul le passage à l'acte permet de différencier le délinquant du non-délinquant. Qu'elle genre de personnalité pousse un délinquant de passer à l'acte? Ou bien, au sens inverse, empêche un non-délinquant de passer à l'acte? Et qu'elle est la composante des cette personnalité?

38 Une théorie posée par Cesare Beccaria (l'Homme rationnel) et Jeremy Bentham (l'Homme calculateur) au XVIIIème Siècle.

39 Sutherland; "Principes de criminologie".

40 Di Tullio; "Principes de criminologie clinique".

a. Les freins qui empêchent le non-délinquant de passer a l'acte:

Les explications biologiques, socioculturelles, ou psychiques de la délinquance débouchent toutes à un carrefour à partir duquel les routes convergent et aboutissent à un être humain nécessairement doté d'une personnalité. Une personnalité qui est tissée de multiples influences maléfiques dont les criminologues ont patiemment établit l'inventaire. Une personnalité, autrement dit un caractère, un tempérament, une manière d'être, de penser, d'agir et de réagir devant les gents et les choses; c'est le "Moi" dans le jargon des psychologues.

Cette personnalité s'enrichit, si l'on peut dire, d'une dimension nouvelle lorsque l'individu prédisposé est effectivement passé à l'acte. Car elle possède alors un élément spécifique qui la différencie des autres. Cet élément dynamique est peutêtre même le seul qui soit commun à tous les délinquants.

La bonne méthode pour conduire une telle étude consiste à prendre le problème à l'envers et à se demander ce qui empêche le non-délinquant de passer à l'acte. C'est ce qu'a fait Manouvrier à la fin du XIXème, en s'inspirant de considérations très simples. Il suffit en effet que chacun de nous s'introspecte, car nous ne manquons pas de tentations. Divers freins, mis en lumière par Manouvrier, ont pu jouer, depuis les plus nobles jusqu'aux plus terre à terre: le sentiment de l'immoralité de l'acte ou de son caractère ignoble; la crainte du châtiment, et de toutes ses conséquences; les difficultés matérielles de l'exécution du crime; la pitié pour la victime...

Chez le délinquant qui est passé à l'acte, ces freins d'ordre moral, pénal, matériel et affectif n'ont pas joué. Le criminel est semblable à l'homme normal lorsque, avant de commettre son crime, il est soumis aux tentations, aux impulsions, aux déterminismes, aux situations criminogènes de la condition humaine. Mais il devient anormal lorsqu'il se singularise en cédant à ces poussées.

b. Les composantes de la personnalité criminelle:

Egocentrisme, labilité, agressivité, indifférence affective, tel sont selon Pinatel, les quatre caractères fondamentaux de la personnalité qui sous-tendent le passage à l'acte:

· Le délinquant est "égocentriste", il a tendances à tout rapporter à soi-même et à se considérer comme le centre de l'univers. Il en résulte diverses conséquences importantes du point de vue du passage à l'acte qui ont été bien lises en évidence par De Greeff. Jugeant son attitude d'après ses critères personnels, le délinquant a toujours tendance à légitimer sa faute en dévalorisant les lois et les hommes, en se démontrant que l'hypocrisie est universelle et qu'il est encore plus honnête que ceux qui auraient à le juger. Ainsi s'explique, selon Pinatel, le défaut de refoulement qu'ils manifestent vis-à-vis de l'abjection sociale.

· Le délinquant est "labile", il est instable, fragile et exposé à tomber, faiblir à la moindre secousse. De ce fait, il est incapable d'être recoulé par la menace de la sanction pénale.

· Le délinquant est "agressif", c'est ce qui lui permet de renverser les obstacles matériels et les difficultés de l'entreprise criminelle. En synthétisant divers travaux, Pinatel attire l'attention sur les formes et les mécanismes de cette agressivité d'ordre physiologique et psychologique.


· Le délinquant est atteint d'"indifférence affective", qui le rend aveugle et sourd à ce que l'exécution du crime comporte d'ignoble. Cette indifférence affective peut être soit une composante solidifiée et structurée de la personnalité criminelle comme l'a montré Pinatel41, soit, la manifestation d'un processus évolutif et transitoire d'inhibition affective ou de désengagement affectif comme l'a montré De Greeff42.

Mais encore, pour qu'un individu ainsi structuré passe à l'acte, il faut qu'il rencontre une situation criminogène.

2. la situation criminogène:

C'est le moment où un éventuel délinquant, qui présente les traits caractéristiques de la personnalité criminelle, se trouve dans un milieu dit du fait et face à une situation sociale difficile qui dépasse ses barrages moraux, présumés fragiles, de sa personnalité, c'est l'état dangereux.

a. Le milieu du fait et sa différance de milieu du développement:

Les criminologues font une distinction entre le milieu du développement, qui influence la formation et l'évolution de la personnalité (la famille, les groupes sociaux, etc.), et le milieu du fait, c'est-à-dire les situations dans lesquelles est placé le délinquant au moment de son crime. C'est ce milieu du fait qui joue un rôle plus ou moins important dans le déclanchement du passage à l'acte.

A l'heure actuelle, on met de plus en plus l'accent sur le rôle que joue la victime en tant qu'élément de la situation précriminelle. La victime peut être, soit un agent actif du crime, soit un agent passif. Elle un agent actif lorsque précisément sa situation de victime la pousse à commettre une infraction; hypothèse dite du "criminel-victime": l'adolescent maltraité par son père alcoolique qui se soustrait à sa condition en tuant son tourmenteur. Elle est un agent passif lorsqu'elle est une "victime camouflée", prédisposée à jouer ce rôle, ou lorsqu'elle attire le crime par son attitude (imprudence, provocation, etc.). La victime intervient donc parfois elle aussi comme facteur de dangerosité.

b. L'état dangereux:

Le concept de l'état dangereux, inventé à la fin du XIXème siècle par le positiviste italien Garofalo, disciple de Lombroso, a connu parmi les criminologues de toutes tendances un grand succès.

Garofalo définissait la dangerosité comme la perversité constante et agissante du délinquant et la gravité du mal qu'on peut redouter de sa part, en d'autres termes, sa "capacité criminelle"43. Les criminologues ont considérablement étendu le champ d'utilisation de cette pensée, non seulement pour mesurer après le crime "le degré de sociabilité qui reste", mais aussi avant le crime pour dépister, prévoir et pourquoi pas faire cesser l'état dangereux.

41 Dans son ouvrage "Autour de la théorie de la personnalité criminelle".

42 Dans son ouvrage "Introduction à la criminologie".

43 5ème

Garofalo; "La criminologie", édition Alcan.

L'état dangereux constitue en quelque sorte le signal d'alarme qui permet de déceler la plus ou moins grande probabilité de passage à l'acte. Il est le produit de

l'équation: personnalité criminelle + situation criminogène.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld