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La délinquance juvénile: comparaison et synthèse

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par Taoufik Bouyablane
Université Hassane II - Mohammadia - Maroc - Licence en droit privé 2006
  

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II. Les théories biologiques ou héréditaires:

Dès sa naissance, la criminologie fut confrontée à la question de savoir si l'hérédité n'avait pas une quelconque influence sur le comportement délictuel des criminels. Le

8 Gabriel Tarde (1843G1904), psychologue social et criminologue français. Principaux ouvrages: les Lois de l'imitation (1890), la Logique sociale (1895) et l'Opposition universelle (1897). À la différence de Durkheim, à qui il s'opposait, il définit le fait social comme la conjugaison d'un fait primordial, qui est l'imitation, et d'un fait moins important, l'invention. Pour lui, l'invention est la combinaison originale et individuelle d'imitations antérieures. L'imitation produit d'abord la différence sociale (entre modèle et copies), puis entraîne l'homogénéisation, résultat inéluctable de la contagion imitative.

9 On entend ici par "coutumes acceptées" juste le sens terminologique abstrait du terme et non le sens communément admis qui vise les bonnes valeurs.

10 G. Tarde, 1890.

vieil dicton "tel père tel fils" incitait à opérer des recherches poussées dans cette direction.

A. Théorie de la "perversité constitution nelle" de DUPRE:

En 1912 déjà, le professeur DUPRE, impressionné par les travaux du psychiatre Allemand KROEPLIN, va développer en France sa théorie de la "perversité constitutionnelle" qui peut être schématisée ainsi :

- L'individu atteint par l'hérédité de la perversité constitutionnelle présente des anomalies dans l'un de ses trois instincts essentiels, à savoir : la conservation, la reproduction et l'association.

Etant constitutionnelles, ces anomalies restent irréductibles et tout effort curatif est vain. Cette théorie a trouvé un large écho en Allemagne entre les 2 guerres et on connaît aujourd'hui les tristes applications qui en ont été faites et les résultats qui en ont découlé.

La plupart des manuels de criminologie font une large place à l'hérédité et illustrent les développements y relatifs par le cas de la famille"JUKE".

Issue il y a cent ans d'un père alcoolique, cette famille a pu fournir à elle seule: - 77 délinquants

- 202 prostituées et souteneurs

- 142 vagabonds.

Cependant, l'ignorance dans laquelle on se trouve vis-à-vis des conditions sociales de cette famille, nous empêche d'imputer scientifiquement le comportement antisocial de ses membres à l'hérédité. (Pas que d'éminents criminologues n'ont pas hésité à franchir).

Dans ces conditions, on ne peut que soupçonner cette transmission de père en fils sans la prouver, et il est difficile de trancher sur la question du diagnostic héréditaire. En effet, bon nombre d'honorables pères de famille ont donné naissance à des délinquants, et à l'inverse, de grands criminels ont eu pour progéniture des citoyens modèles.

Aujourd'hui, le problème de l'hérédité criminelle, quoique toujours d'actualité, semble en voie d'être dépassé sans pour autant être résolu. Il y a trop de coïncidences pour parler de simple hasard et aucun facteur positif pour incriminer une transmission héréditaire de la délinquance!

Durant les années 60, certaines découvertes vont tendre à localiser les recherches sur l'une des 42 paires de chromosomes, à savoir le chromosome sexuel.

En 1968, un criminel notoire aux tendances suicidaires va attirer l'attention du Docteur HIVERT, Chef de l'Annexe Psychiatrique de la prison de la Santé à Paris. Il fera examiner son caryotype qui révélera la présence d'un chromosome sexuel su pplémentaire.

Au lieu d'une paire (XY), il possédait une trisomie (XYY). Cette découverte aura été sans intérêt si quelque temps auparavant, la même anomalie n'avait été observée chez un sujet Américain qui avait assassiné en 1966 huit élèves infirmières dans un grand hôpital de Chicago.

Déjà en 1965, un médecin anglais, Patricia JACOB et son équipe avaient découvert sept cas de trisomie (XYY) parmi 197 délinquants d'une prison pour détenus dangereux, puis 9 parmi 315 soit 2,8 %.

Les proportions des cas de trisomie sexuelle étaient 6 à 7 fois supérieure à celle constatée chez un groupe témoin de 1935 sujets où un seul cas a été dépisté, soit 0,05 %.

Une des études les plus frappantes, fut publiée en 1973 par le Docteur JARVIC, de l'institut de psychiatrie de New York.

Pour estimer la proportion de trisomie (XYY) et (XXY) dans la population totale, il se réfère à une étude faite sur les nouveaux-nés Américains qui constituent un échantillon très représentatif. Sur 9904 nouveaux-nés de sexe masculin, on découvrit 13 cas de trisomie (XYY) et 14 (XXY) soit 0,13 % et 0,14 %. Par ailleurs, il synthétisa une vingtaine d'études sur des délinquants, synthèse qui a révélé 61 cas sur 4293 délinquants, soit 1,4 %, donc 10 fois plus que dans la population générale prise comme groupe de contrôle. L'expérience menée par cet homme de science dans un hôpital psychiatrique a révélé 1,4 % de cas.

Les congressistes des 1ères journées de l'institut de criminologie de Paris, tenues en Mai 1973 estimèrent qu'il n'y avait pas statistiquement une chance sur 100 que ces observations soient toutes le fait du hasard. Fallait-il cependant incriminer le chromosome supplémentaire et en faire le"chromosome du crime", à défaut d'un "virus du crime"?

Des avocats français y ont trouvé un système de défense pour leurs clients. Les juges ont fait appel aux lumières du corps scientifique pour les éclairer sur la question, afin de déterminer le degré de responsabilité des délinquants qu'ils avaient à juger et qui étaient porteurs de cette erreur dans leur matériel génétique.

Leurs rapports furent très nuancés. Pour le Docteur LAFFON, Médecin-chef, "L'aberration chromosomique, c'est à dire la présence d'un chromosome "Y" supplémentaire, n'est pas la détermination, mais une sorte de facilitation du crime. Tant qu'on n'aura pas découvert le mécanisme de cette anomalie, le porteur du chromosome supplémentaire présentera un danger potentiel".

La génétique qui est encore dans sa jeunesse livrera peut être un jour le secret de l'inadaptation sociale de certains individus.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo