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Problématique de la contribution de l'alphabétisation des femmes à l'amélioration de la santé communautaire en milieu urbain: Cas de Cotonou en république du Bénin

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par Marcellin KOBA
Université d'Abomey-Calavi - Conseiller Principal de Jeunesse et d'Animation, option ANDRAGOGIE 2005
  

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1.3- REVUE DE LITTERATURE

La revue des écrits de cette étude est constituée d'ouvrages et d'études relatifs à l'alphabétisation, l'éducation des adultes et à la santé communautaire, aussi bien dans le monde en général qu'en République du Bénin en particulier. Certains des auteurs que nous avons cités ont abordé dans un aspect la question de l'alphabétisation au service du développement et d'autres études se sont intéressées à l'amélioration des conditions des femmes en général. La question spécifique de la relation entre l'alphabétisation des femmes et l'amélioration de la santé n'a pas été clairement abordée dans les documents que nous avons consultés et quand elle l'est, ce n'est que de façon parcellaire.

* Conceptions et objectifs des programmes d'alphabétisation

BERNARDO B. I. A. [11] affirmait que l'objectif des programmes d'alphabétisation devrait être l'intégration progressive de la pratique de la lecture et de l'écriture dans le plus grand nombre d'activités communautaires possibles. Ceci devra induire des changements dans les habitudes des membres de la communauté alphabètes ou non. Par ailleurs, l'évolution d'une communauté par l'intégration d'un plus grand nombre de pratiques fondées sur l'écrit transforme la façon dont les membres conçoivent leur vie par l'intermédiaire de ces pratiques. Enfin pour concrétiser les effets de l'alphabétisation en ce qui concerne la façon dont les individus considèrent leur vie, il ne suffit plus d'alphabétiser les individus, il faut alphabétiser les communautés.

C'est pourquoi, HAMADACHE A. et MARTIN D. [12], en analysant les contenus des programmes en la matière, dénonçaient que les contenus des activités de post-alphabétisation, dernière étape du processus d'alphabétisation, sont souvent envisagés presque exclusivement sous la forme de matériel imprimé, bien connu sous le nom de « matériels de lecture pour adultes néo-alphabètes». Cependant, il y a d'autres activités telles que les groupes d'étude, les cercles culturels, les émissions radio, etc. qui interviennent pour permettre à l'adulte de demeurer dans sa nouvelle situation d'alphabète. Au regard des stratégies mises en oeuvre qui visent entre autres la nécessité d'une participation des intéressés à la définition et à la mise oeuvre des éléments de la stratégie, l'importance des motivations des publics concernés à s'engager dans ce processus d'auto-éducation, la nécessité d'une diversification des activités et des institutions de post-alphabétisation adaptées aux besoins des publics spécifiques ; l'adulte doit trouver les moyens de répondre à ces problèmes sociaux.

Soucieux de répondre à cette aspiration au Bénin, le plan de vulgarisation de la Déclaration de la Politique Nationale d'Alphabétisation et d'Education des Adultes (DEPOLINA), proposé par la DNAEA [13] montre que l'objectif général de la politique est l'élimination progressive et durable et de l'analphabétisme. Ainsi, les objectifs spécifiques y afférents sont entre autres, réduire de 68% à 50% au moins le taux d'analphabétisme à l'horizon 2010, favoriser l'émergence d'un environnement lettré, réduire de 50% l'analphabétisme des femmes, intensifier la recherche linguistique appliquée sur les langues nationales en rapport avec les exigences de la nouvelle Politique Nationale d'Alphabétisation et d'Education des Adultes. La DEPOLINA prévoit au nombre de ces stratégies, l'adéquation entre offres différenciées et demandes diversifiées. Elle concerne la diversité et la multiplicité des demandes/besoins de formation dans le domaine de l'alphabétisation et de l'éducation des adultes qui reflètent très souvent les réalités socio-économique et culturelle spécifiques. Dans ce cas, l'Etat et les autres acteurs en tenant compte des spécificités élaborent des offres qui permettent aux populations de faire de l'alphabétisation un outil d'accompagnement et de renforcement dont les acquis sont réinvestis dans leurs activités sociales, culturelles, économiques et politiques. Par ailleurs, les programmes doivent répondre aux besoins spécifiques des groupes qui demandent l'alphabétisation et l'éducation pour leur épanouissement. A chaque situation spécifique, on élaborera un programme spécifique.

Ceci répond aux voeux de la Direction de l'Alphabétisation [14] qui souhaitait que les objectifs des programmes nationaux d'alphabétisation s'insèrent dans le cadre d'objectifs politiques culturels et socio-économiques larges. L'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul est surtout perçu comme élément de base qui, associé à d'autres composantes éducatives, permet l'acquisition de mécanismes de communication. Dans plusieurs cas, l'action éducative se propose en premier lieu, d'offrir à une population sélectionnée la possibilité d'acquérir les attitudes et comportements jugés nécessaires pour contribuer à l'édification d'une nouvelle société. Au plan socio-éducatif, les objectifs prennent en compte le changement de comportement en vue des transformations sociales envisagées, la lutte contre les discriminations en matière d'éducation, notamment à l'égard des femmes, la meilleure organisation de la vie communautaire et la participation de la population à son propre développement, l'acquisition des connaissances pratiques dans le domaine de la santé, de la vie sociale et du travail en vue de l'amélioration des conditions de vie.

Dans le rapport de la 5ème Conférence Internationale sur l'Education des Adultes (5ème CONFINTEA) tenue en 1997 à Hambourg en Allemagne [15], l'UNESCO précise que dans les débats sur les programmes d'alphabétisation pour adultes, il est nécessaire de clarifier si l'objet est de transférer des compétences techniques, c'est-à-dire la capacité de coder et de décoder la relation entre signe et son, ou d'aborder des notions plus profondes sur la personnalité, l'identité et la nature du savoir. L'éducation des adultes à l'adresse des femmes, à savoir les programmes d'alphabétisation, stage de compétence pratique ou projets de participation communautaire, peut jouer un rôle important pour rendre les femmes conscientes des nombreuses formes de préjudices qu'elles subissent, en les informant de leurs droits et en les encourageant à prendre leur vie en main. L'éducation des adultes ne poursuit pas le seul objectif de transmettre des compétences, mais aussi de permettre aux femmes d'utiliser leurs compétences pour négocier et traiter plus efficacement avec les structures du pouvoir. Lors de la conception des programmes éducatifs, il est nécessaire de mettre l'accent sur la méthodologie active et sur l'environnement offert. Ce dernier est-il un espace favorable et stimulant pour les femmes ? Il doit aussi réserver une place à l'apprentissage informel, car une part importante et précieuse de la communication a lieu à l'extérieur des lieux de formation. La participation des apprenantes à la conception du programme éducatif permettra de répondre à leurs préoccupations et contexte de vie.

* La mise en oeuvre des programmes

Pour ce qui est de la mise en oeuvre de ces programmes, AFRIK T. [16], montrait que de nouvelles idées sur l'alphabétisation ont été avancées dans les années 70 par Paulo Freire qui affirmait que l'alphabétisation « fait partie du processus grâce auquel les personnes alphabétisées prennent conscience de leur situation personnelle (conscientisation) et s'instruisent afin de l'améliorer ». Selon Freire, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul sont une étape vers la réalisation des droits politiques, économiques et culturels de l'homme. Il doit permettre aux néo-alphabètes de jouer un rôle dans les efforts visant à transformer leur univers en un endroit où il fera bon vivre. A cet effet, l'alphabétisation moderne se réfère à l'utilisation pratique, dans la vie de tous les jours, de l'aptitude à lire, écrire et compter. Même si les analphabètes peuvent apprendre l'hygiène ou le commerce par des explications orales et des démonstrations, il n'en demeure pas moins que les connaissances à enregistrer sont trop nombreuses pour que leur esprit les retienne. En d'autres termes, un important capital de connaissance se perd du fait des oublis. En conséquence, il convient de recueillir ces informations dans des manuels auxquels il sera possible de se référer en cas de nécessité. L'alphabétisation permet à l'individu ou à une société de passer d'une culture d'oralité à une culture d'écriture. Et les aspects qualitatifs des programmes d'alphabétisation et de post-alphabétisation destinés aux femmes et aux jeunes filles, l'utilité, la qualité, la durabilité et l'efficacité (interne et externe) ne donnent pas encore satisfaction. AFRIK démontre que l'analphabétisme renforce aussi la pauvreté. Car l'analphabétisme ne s'applique pas uniquement à l'incapacité de lire, d'écrire et de calculer. Il s'agit aussi d'une sorte de discrimination et de handicap (les analphabètes étant abusés ou se considérant comme des aveugles). L'analphabétisme est «une culture de la pauvreté» et, de plus, la pauvreté représente plus qu'une simple pénurie de biens et services, de nourriture, de vêtements et de logement, elle est également associée à une «pénurie de compétences».

Dans la même perspective, MEYER B. [17], entrevoyait que la signification accordée à l'alphabétisation dans la rhétorique officielle n'est qu'apparente car la négligence du secteur saute aux yeux. Ceci est également valable pour le secteur de la formation des adultes en général. Pour la lutte contre l'analphabétisme, spécialement des femmes, il ne peut seulement s'agir d'apprendre une technique de lecture et d'écriture, il faut apprendre en même temps une nouvelle mentalité qui se pose des questions sur les structures hiérarchiques. Dans l'esprit de Paulo FREIRE, il s'agit d'apprendre une lecture critique du monde. Pour les femmes cela signifie la rupture avec une culture monologue dans laquelle s'exprime un ordre de société défini par les hommes.

Aussi, ABALOT E. J. [18], dans sa tentative d'établir la dialectique entre alphabétisation et développement montre-t-il qu'au-delà des objectifs traditionnels de l'alphabétisation que sont la lecture, l'écriture et le calcul, elle se doit d'être perçue comme faisant partie intégrante d'une éducation globale au développement. Ainsi, lorsque l'alphabétisation devient fonctionnelle, elle représente le mécanisme de base, le levier fondamental pour la maîtrise des innovations technologiques, l'utilisation optimale des ressources financières et pour enfin une gestion optimale du capital humain, de la faune et de la flore. A cet effet, l'alphabétisation qui se trouve à la fois en amont et en aval de toutes actions éducatives et du développement doit évoluer de pair et être en interaction constante avec les changements sociaux opérés dans notre monde contemporain. En effet, un investissement dans l'éducation des adultes en général et plus particulièrement dans celle des femmes est directement rentable sur les plans de soins de santé primaire, d'habitat, de nutrition et réduction de la pauvreté humaine et monétaire.

* Difficultés de l'exécution des programmes

Dans ce volet, l'UNESCO [19] déclare que l'alphabétisation des adultes rencontre des difficultés en Afrique. Ses défis se posent en termes d'accessibilité des services d'éducation de base, de participation des filles et des femmes, ainsi que l'engagement des communautés, de pertinence des programmes et des méthodes, de rétention des apprentissages et leur applicabilité dans la vie quotidienne. On note également la persistance des barrières de genre, une contrainte à la participation des filles et des femmes aux activités éducatives, la déficience en nombre et en compétence des formateurs qui demeurent trop souvent bénévoles. La contribution potentielle de l'éducation des adultes à l'émergence des citoyens informés et tolérants au développement socio-économique, aux progrès de l'alphabétisation, à l'atténuation de la pauvreté et à la préservation de l'environnement est énorme ; il faut donc l'exploiter. Enfin, l'éducation tout au long de la vie peut jouer un rôle considérable dans la promotion de la santé et la prévention des maladies. L'éducation des adultes offre d'importantes possibilités de donner équitablement et durablement accès à des connaissances utiles en la matière.

* Actions pour l'amélioration de la santé avec les femmes

Pour MBOW P., dans son article Analphabétisme, pauvreté des femmes : cas du Sénégal [20], l'alphabétisation trouve sa raison d'être dans l'amélioration du niveau de vie : le taux de mortalité d'enfants de 0 à 5 ans baisse à mesure que le taux d'alphabétisation augmente. Egalement, la longévité et le revenu national brut augmentent en fonction du nombre d'habitants alphabétisés et inscrits aux enseignements. L'accès aux informations et aux systèmes de communication prennent de l'ampleur dans un contexte alphabétisé : une mère incapable de lire la notice d'un médicament pour la réhydratation par voie orale (RVO) perd plus facilement son enfant. L'échec du planning familial au Sénégal est à chercher du côté de l'analphabétisme des femmes. Rapportant une enquête menée auprès des grandes commerçantes de Dakar, MBOW affirme que les femmes, bien qu'elles se rendent dans les contrées lointaines (France, Turquie, Inde, etc.) et gèrent des millions, elles rencontrent d'énormes difficultés pour tenir leur compte. Cette situation réduit leur autonomie et les expose à certaines déconvenues.

L'accès au crédit, parfois même l'ouverture d'un compte bancaire leur pose problème en raison de leur manque d'informations. Les femmes aimeraient être autonomes : lire et écrire leur courrier, toucher leurs mandats, gérer leur revenu.

Par ailleurs, une étude de l'UNICEF [21] rapporte que plusieurs problèmes sont identifiés dans les conditions de vie des femmes à savoir, la fréquence des maladies liées à l'eau, à l'assainissement due à la consommation élevée de l'eau non potable, le manque général d'hygiène, l'assainissement inadéquat et insuffisant. Par ailleurs, la vie matérielle est difficile à cause des revenus faibles, la surcharge de travail, l'accès difficile à une alimentation adéquate/équilibrée. Les femmes ont des difficultés à prendre soins des enfants et assurer leur bien-être car leurs responsabilités familiales se sont accrues et elles manquent d'informations appropriées. Parmi les groupes les plus vulnérables en milieu urbain, figurent les femmes urbaines sans beaucoup de ressources, les femmes chefs de ménage de facto (y compris les jeunes filles mères), les femmes petites commerçantes, les productrices et vendeuses d'aliments. Le Rapport souligne qu'en milieu urbain, il est également difficile d'accéder aux capitaux nécessaires pour l'auto-emploi. Le petit commerce est l'activité principale pour 70% des femmes. Le 1/3 de la population des quatre grandes villes (Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Abomey-Bohicon) n'ont pas recours aux soins de santé modernes, principalement à cause du coût trop élevé, par exemple Cotonou et Porto-Novo. On constate que 79% des femmes résident à moins de 5 km d'un centre de santé, 88% ont recours aux soins prénataux, 79% sont assistées au cours de l'accouchement et l'action d'éducation de base pour adultes, telles que l'alphabétisation a un impact actuel très faible car environ 55% des inscrits ont été alphabétisés entre 1993 et 1994. En outre, la connaissance d'une innovation ou d'une amélioration potentielle de la vie quotidienne grâce à un nouveau comportement n'induit pas nécessairement le changement. Par exemple, l'existence des visites prénatales est connue, mais souvent c'est au 6ème mois ou plus tard que les femmes effectuent leur première consultation (25% des naissances) ou même n'en font pas du tout (19%) ; l'accouchement dans les maternités est connu, du moins par 80% des femmes qui font une visite prénatale, mais n'est pratiqué que par 64% d'entre elles.

L'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) [22] révèle, en outre, que l'éducation en général et celle des filles en particulier joue un rôle primordial dans la recherche de solutions à des problèmes comme la réduction de la pauvreté qui mettent en péril leur existence. En effet, les problèmes courants chez les jeunes filles au Bénin sont essentiellement : l'analphabétisme, la maltraitance, l'exploitation sexuelle, les formes de discrimination et de violence. Il faut y ajouter les questions cruciales de santé liées à la malnutrition, aux IST, aux maladies parasitaires et d'origine hydrique, aux traumatismes et autres invalidités relatives à certains risques.

L'International Water and Sanitation Center (IRC) [23] dans son étude sur les services de santé environnementale dans les villes africaines, justifie la forte urbanisation estimée à plus de 5% par l'accroissement naturel et l'exode rural. Ce faisant, elle pousse les populations les plus pauvres à occuper anarchiquement l'espace urbain et sa périphérie. C'est ce qui explique la prolifération des habitats précaires qui ne sont pas desservis par les services d'eau potable et d'assainissement. Ainsi les couches sociales défavorisées subissent un double péril sanitaire. Premièrement, elles souffrent beaucoup plus des fléaux de la vie moderne et de l'exclusion économique qui entraîne l'hypertension, la violence, les accidents de circulation. Deuxièmement, elles sont exposées aux risques sanitaires liés à l'environnement qui causent le paludisme, les maladies diarrhéiques et les infections parasitaires.

1.3.1- Relation entre éducation, alphabétisation et santé 

L'état d'analphabétisme donne lieu à des comportements qui ne sont pas de nature à favoriser une bonne santé. C'est parmi les analphabètes qu'on enregistre les plus forts taux de mortalité infantile, les grossesses précoces, les mauvaises conditions d'hygiène et d'habitat, etc. Par exemple, l'existence des visites prénatales est connue, mais souvent c'est au 6ème mois ou plus tard que les femmes effectuent leur première consultation (25% des naissances) ou même n'en font pas du tout (19%) ; l'accouchement dans les maternités est connu, du moins par 80% des femmes qui font une visite prénatale, mais n'est pratiqué que par 64% d'entre elles [21]. L'éducation quant à elle, est un processus qui doit induire un changement au sein de la communauté. Elle permet dans sa pratique de donner à chaque membre du groupe social, les schèmes de comportement nécessaires dans les divers domaines de la vie. Ainsi, les connaissances liées à la santé peuvent être acquises à travers ce processus.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway