Université des Sciences Sociales - Toulouse
1
Institut d'Etudes Politiques de Toulouse
Mémoire de recherche
Mention : Affaires et Relations
Internationales
Spécialité : Géopolitique et
Relations Internationales
L'Accord de Cotonou
et la lutte contre la
pauvreté
Présenté par : Sous la Direction
de :
M. Yaya MORA BROUTANI M. François
VELLAS
Année 2006
À
Mon Regretté Père, MORA
BROUTANI
Grand Educateur et Homme de Vision
Je tiens à remercier Monsieur VELLAS, pour m'avoir
dirigé dans mes recherches
Mes remerciements vont à également Mme CABANIS,
Responsable du Master pour ses conseils précieux et sa
disponibilité
Mes remerciements vont également à l'endroit de
toute l'équipe pédagogique et administrative du Master
Je ne saurais oublier Prince HOUNNASSO et toute ma famille
pour leur soutien de toujours
Enfin, je remercie particulièrement mes Amis Carine
YON, Lilou et David CREN, pour leurs encouragements, leur soutien et pour
avoir rendu mon séjour très agréable en France et à
Toulouse
À tous mes amis de Toulouse, je dis merci !
Mention spéciale à Charlotte MATHIVET...
Avertissement :
L'Institut d'Etudes Politiques de Toulouse n'entend donner
aucune approbation, ni improbation dans les mémoires de recherche. Ces
opinions doivent être considérées comme propres à
leur auteur.
Abréviations
ACP : Afrique, Caraïbe et
Pacifique
APD : Aide Publique au
Développement
APE : Accord de partenariat
Economique
BEI : Banque Européen
d'Investissement
CAD : Comité d'Aide au
Développement
CE : Communauté
Européenne
CNUCED : Conférence des Nations
Unies pour le Commerce et le Développement
EAMA : Etats Africains et Malgaches
Associés
FED : Fonds Européen de
Développement
FMI : Fonds Monétaire
International
GATTS : General Agreement on Tariffs and
Trade Service
OCDE: Organisation de Coopération et
de Développement Economique
OMC : Organisation Mondiale du
Commerce
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PMA : Pays les Moins Avancés
PPTE : Pays Pauvre Très
Endettés
PVD : Pays en Voie de
Développement
STABEX :Système de stabilisation
des recettes d'exportation de produits de base agricole
SYSMIN : Système de stabilisation
des produits miniers
UE : Union Européenne
Introduction
générale
Sur une population mondiale de 6 milliards d'êtres
humains, plus de 1,2 milliard, soit un habitant de la planète sur cinq,
survivent avec moins d'un dollar par jour1(*) et près de 3 milliards d'individus avec moins
de deux dollars par jour. 115 millions d'enfants ne fréquentent pas
l'école primaire et les trois cinquièmes de ces enfants sont des
filles. Trente mille enfants par jour meurent de maladies qui auraient pu
être évitées, soit plus de 10 millions d'enfants par an. Un
individu sur cinq n'a pas accès à l'eau potable, un sur trois vit
dans un pays subissant un stress hydrique. 42 millions de personnes dans le
monde sont atteintes du sida, dont 39 millions dans les pays en
développement2(*). En
1997, les dépenses publiques de santé s'élevaient en
moyenne à 6 dollars par habitant dans les pays les moins avancés,
alors que l'OMS3(*) a
estimé à 35-40 dollars par habitant le strict minimum
nécessaire pour des services de santé élémentaires.
La même année, les pays à revenu élevé ont
dépensé pour la santé 1356 dollars par habitant. L'aide
publique au développement des pays riches se monte à environ 55
milliards de dollars par an, alors qu'ils dépensent au moins 100
milliards de dollars par an pour les subventions agricoles et 600 milliards de
dollars pour leur secteur militaire.
Face à ce constat inquiétant, une controverse a
éclaté : l'éradication de la pauvreté figure depuis
de nombreuses années au rang des objectifs prioritaires de la
coopération internationale sans que la capacité des pays
développés à répondre à cet enjeu n'ait
été démontrée. Pire encore, de nombreux pays sont
plus pauvres maintenant qu'en 1990, ce qui tend à souligner que les
politiques mises en place depuis la dernière décennie n'ont servi
à rien. John Stiglitz4(*) a souligné ces défaillances : «
le mélange des politiques de libéralisation et des
politiques économiques restrictives imposées par le FMI a
créé un cocktail aux effets dramatiques pour les pays en
développement »5(*).
Pour réagir à cette crise de
légitimité justifiée, les institutions financières
internationales6(*) ont
cherché à se réhabiliter en annonçant une
modification de leurs objectifs et de leur mode de fonctionnement. Depuis
1997-1998, elles ont travaillé à reformuler leurs
stratégies pour placer la lutte contre la pauvreté au rang
d'objectif prioritaire de toutes leurs actions. Quelques années plus
tard, il semble bien que la lutte contre la pauvreté soit devenue l'axe
principal de la coopération internationale, dans les déclarations
tout au moins. Elle fait désormais l'objet d'un large consensus,
notamment au niveau des institutions internationales, du Comité d'aide
au développement (CAD) de l'Organisation de coopération et de
développement économiques, de l'Union européenne et des
bailleurs.
S'inscrivant dans la politique de développement
menée par la Communauté européenne à l'égard
de pays tiers en développement, regroupés par régions
stratégiques telles que la Méditerranée, les pays de
l'Est, de l'Asie et l'Amérique latine avec le Mercosur, les Accords
ACP-CE connaissent toutefois la particularité de ne pas relever des
articles 177 à 1817(*) : cette exclusion des dispositions organisant les
grandes lignes de la coopération au développement s'explique par
l'autonomie des financement que la partenariat prévoit.
Il convient néanmoins de noter que les Conventions
ACP-CE sont adoptées sur le fondement de l'article 310 CE8(*). Il s'agit donc d'Accords
d'association « d'aide au développement ». La
coopération avec les pays ACP a été l'une des
pionnières en matière d'aide au développement et
constitue, aujourd'hui, un modèle de coopération Nord/Sud.
Dès la signature du traité de Rome, à
l'initiative de la France, les Etats membres de la Communauté Economique
Européenne9(*) ont
admis la nécessité d'une association avec les anciennes colonies
devenues indépendantes ou en voie de décolonisation. En effet,
quatre des six membres avaient un lien fort avec les Etats tiers. Les articles
131 à 136 du Traité de Rome10(*) organisent les relations émanant de
l'association des pays et des territoires non européens avec lesquels
les Etats membres de la CEE ont des relations particulières. Cette
solidarité s'est illustrée par la création d'un Fonds
européen de développement11(*), permettant d'apporter un soutien financier à
ces Etats en voie de développement par l'intermédiaire de dons
des Etats membres. Organisé pour une durée de cinq ans, ce
premier FED s'est appliqué de 1958 à 1963. Le mécanisme a
été maintenu au delà de cette période,
différents FED se succédant au gré de la
coopération et des situations nouvelles. La Communauté s'est donc
dotée d'un instrument financier, permettant l'octroi d'une aide
financière et technique, ayant pour principale caractéristique
d'âtre exclu du budget de la Communauté et donc d'être
libéré de la procédure communautaire qui y est
liée12(*).
La décolonisation du continent africain, intervenue
dans les années 1960, a poussé la Communauté
européenne à revoir sa position à l'égard de cette
région, s'interrogeant sur l'opportunité de maintenir
l'association avec ces Etats nouvellement indépendants. Cette
réflexion a abouti à la « formalisation » de
ces relations, par le biais de liens contractuels avec les Etats souverains,
principalement francophones. Ainsi, la première Convention de
Yaoundé13(*) a
été signée le 20 juillet 1963 entre la Communauté
alors constitué de six Etats membres et 18 Etats principalement
africains. Entré en vigueur en 1964, cet Accord est prévu pour
une durée de 5 ans. Mais il a été succédé
par une seconde Convention de Yaoundé II14(*) signée en 196915(*).
Dans chacune des conventions de Yaoundé, un FED
indépendant16(*) a
été prévu. Elles ont également jeté les
bases d'une de la coopération entre la CEE et les Etats africains et
malgaches associés17(*). En effet, elles ont crée un cadre
institutionnel commun, spécifique et paritaire au sein duquel se
prennent les grandes orientations de l'Association. De plus elles instaurent
une égalité entre les partenaires. Il s'agit donc d'une
véritable coopération entre Etats développés et
Etats en développement. En outre, les parties ont inséré
des clauses commerciales ayant pour objectif de développement les
échanges dans la région africaine, par le biais d'une suppression
réciproque des droits de douane et du contingent.
Mais la seconde Convention de Yaoundé se solde en 1974
par un bilan décevant, la situation économique des EAMA n'ayant
pas connu le « décollage » attendu.
Le contexte de la Coopération est profondément
bouleversé par des changements internationaux et strictement
communautaires. D'abord au niveau international, la guerre froide,
l'avènement d'un « nouvel ordre économique
mondial » et la crise pétrolière sont autant
d'éléments qui ont pesé sur les nouvelles orientations du
partenariat, faisant des EAMA des partenaires privilégiés du fait
de leur importance géopolitique. Ensuite une nouvelle donne,
l'adhésion du Royaume Uni à la CEE en 1973, a influé sur
la répartition géopolitique de la coopération. Faisant
partie des anciennes puissances coloniales, ce nouvel Etat membre a
souhaité que l'aide de la CEE soit étendue aux pays membres du
Commonwealth situés en Afrique, mais également dans les
Caraïbes et le Pacifique. Cette option, qui a suscité des
débats houleux, a été finalement retenue par le nouvel
Accord d'Association signé en février 1975 à
Lomé18(*), ouvrant
ainsi la voie à un partenariat axé sur la solidarité et
l'ouverture.
Les changements entre les deux ères de
coopération ne se cantonnent pas à la seule modification de la
dénomination. Prévoyant une quatrième FED pour la
période 1075-1980, le nouvel accord de Lomé abolit la
réciprocité qui caractérisait les relations commerciales
sous Yaoundé I et II, et, tout en maintenant une trame commune,
notamment liée à l'institutionnalisation et à la
philosophie du partenariat, change de « stratégie »
pour parvenir au développement des Etats ACP. En effet, les partenaires
encouragent désormais l'industrialisation de ces pays, leur
économie étant principalement dominée par le secteur
agricole. Ce dernier, en proie aux difficultés liées à la
récolte19(*),
à la dépendance vis-à-vis de la demande extérieure
et donc des exportations, ainsi que des fluctuations des prix sur le
marché mondial, a trouvé un soutien non négligeable dans
la création d'un système de stabilisation des recettes
d'exportation des produits agricoles20(*). Ce système se matérialise sous forme
de prêts à rembourser et sa mise en oeuvre est conditionnée
non seulement par une baisse substantielle des revenus des exploitant mais
également par proportion importante, prédéterminée
par la Convention, du produit en difficulté dans l'économie de
l'Etats.
Les changements liés au partenariat entre
Yaoundé et Lomé sont d'autant plus marqués qu'en juin
1975, les Etats signataires de la nouvelle Convention, provenant de trois
régions couvertes par le même partenariat. L'Afrique, les
Caraïbes et le Pacifique ont adhéré à l'Accord de
Georgetown créant le groupe ACP.
La convention de Lomé II21(*), signée le 30 octobre
1979 et entrée en vigueur en 1981, reprend les mêmes dispositions
que l'Accord précédent. Toutefois, une innovation majeure de ce
texte consiste dans la création d'un système équivalent au
STABEX pour les produits miniers : le SYSMIN. En effet, l'importance du
secteur minier dans l'économie des Etats ACP et les
répercussions négatives liées à la
dépendance au regard des exportations ont nécessité une
aide de la part de la CEE.
La convention de Lomé III, signée en
décembre 1984 entre 10 Etats membres de la Communauté22(*) et 66 pays ACP23(*) et prévoyant un
6ème FED, opère une réorientation
nécessaire du partenariat, constituant ainsi une étape majeure de
la Coopération ACP-CE. D'une part, les parties renforcent la structure
institutionnelle commune. D'autre part, l'idée selon laquelle le
développement passe par une industrialisation des Etats ACP est
abandonnée au profit du développement de l'agriculture permettant
une autosuffisance alimentaire et une autonomie. Enfin, ce nouveau partenariat
est basé sur la prise de en compte de nouveau facteurs culturels,
sociaux, humains, et notamment des éléments de protection de
droits de l'Homme. Cette nouvelle dimension, bien qu'encore timide dans la
Convention de Lomé III, constitue une étape fondamentale dans la
coopération ACP-CE, notamment en raison de profonds bouleversements
internationaux. En effet, cette tendance à la prise en compte
d'éléments politiques s'est accentuée pendant les
années 80, du fait de la fin de la guerre froide.
Raison pour laquelle la Convention de Lomé IV24(*) dont la signature est
intervenue le 15 décembre 1989, aborde explicitement la question des
droits de l'Homme dans les pays ACP. A partir du moment où
« la neutralité était, au temps de la guerre
froide, en soi une option politique »25(*), les années 90 sont
marquées par une prise de position explicite du partenariat en faveur
d'un modèle politique démocratique, à mettre en place dans
les Etats partenaires. De plus, l'avènement du marché
intérieur de la Communauté en 1992, l'ouverture aux pays d'Europe
Centrale et Orientale ainsi que l'adhésion de l'Espagne et du Portugal
à la CEE en 1986 ont conduit les partenaires à adapter les
instruments de la coopération aux nouveaux enjeux, ont maintenu une
libéralisation des échanges. De plus, l'Accord de Lomé IV
est caractérisé par quatre grandes innovations quant à son
contenu. D'abord, il prône le développement de l'entreprise et
l'essor du secteur privé. Ensuite, l'environnement devient un aspect
clé du développement des Etats ACP et l'accompagnement du
coût social de la « politique » d'ajustement
structurel imposée par le Fonds monétaire international devient
un des axes majeurs de la coopération. Enfin, les partenaires s'engagent
moralement à trouver une solution au problème de la dette. Cet
ensemble de réformes de fond s'est également accompagné
d'une modification formelle majeure. A l'instar des précédentes
Conventions qui étaient conclues pour une durée de 5 ans,
Lomé IV a pour ambition de régir les relations ACP-CE pour
l'ensemble de la décennie 90, avec une révision à
mi-parcours pour renouveler le FED26(*) et adapter certaines dispositions.
La révision opérée à Maurice en
1995 a été l'occasion de renforcer le volet politique de la
coopération en instaurant un dialogue politique entre les divers acteurs
du partenariat et d'ajouter à la protection des droits de l'Homme la
présence de principes démocratique et d'un Etat de Droit. Pour la
première fois, «l'aide au développement » est
conditionnée. Elle constitue un des éléments politiques de
sanctions pour les pays en infraction avec ces dispositions.
Au lendemain de l'adoption de cette révision de la
Convention de Lomé IV, l'heure est déjà aux interrogations
sur les perspectives d'avenir de la coopération ACP-CE. Le bilan de ces
années de partenariat n'est pas à la hauteur des
espérances des Etats parties. En effet, certains ACP ont eu des
résultats satisfaisants, mais l'ensemble de la région n'a pas
connu le développement économique escompté. Car les pays
ACP exclu du grand marché mondial, connaissent des difficultés
économiques récurrentes, notamment liées à la
dépendance vis à vis des Etats développés et au
poids de la dette. Le maintien voire l'expansion de la pauvreté, la
marginalisation de ces Etats au niveau tant économique que politique sur
la scène internationale, les ravages des épidémies et
conflits armés au sein des populations, la malnutrition et les
problèmes liés à l'eau potable ont été
quelques exemples de l'échec des conventions de Lomé. Celles ci
ont permis assuré une amélioration substantielle de tous ces
« points sombre ».
De plus, le contexte international, caractérisé
par la disparition des deux blocs, l'attrait de la Communauté vers des
régions plus stratégiques tels que les pays de l'Est,
l'Amérique latine ou l'Asie et la progression rapide de la
mondialisation, a propulsé les Etats ACP du rang des priorités de
la communauté européenne vers le « bas de
l'échelle ». Les modifications inhérentes à la
communauté elle-même ont été impulsées par le
Traité de Maastricht27(*). De ce fait, la coopération avec les pays ACP
relève exclusivement des relations extérieures, donc de la
compétence de la Communauté européenne28(*). Cependant les implications
croissantes de la politique étrangère et de
sécurité commune dans le partenariat ont conduit l'Union
européenne à intervenir dans ce schéma.
Le groupe ACP, aidé mais non développé, a
semblé être délaissé. L'année 1996 a donc
été l'année de toutes les incertitudes. En effet, les
Etats ACP ainsi que bon nombre d'observateurs se demandaient si la convention
de Lomé IV révisée à Maurice ne serait pas le
dernier vestige des relations contractuelles ACP-UE. L'avenir du partenariat,
alors incertain, a suscité un réel débat, et au
delà, une réflexion profonde sur les modalités de la
coopération. « Sauver Lomé »
devenait alors « une question politique extrêmement
importante, non seulement vis à vis des pays membres de la Convention de
Lomé, mais pour l'unité politique de l'Europe29(*) ».
Le débat sur l'avenir du partenariat a connu une
dimension nouvelle avec l'adoption, par la Commission européenne, d'un
livre vert30(*), mettant
en évidence les carences de la coopération et proposant diverses
alternatives pouvant constituer des solutions pour un éventuel
partenariat futur. Ainsi, pour le Professeur Joao de Deus Pinheiro,
« le livre vert est avant tout une invitation à la
réflexion, sans arrière pensées ni préjugés.
Nous devons avoir le courage de tout remettre en cause. Tout, sauf notre
engagement politique et notre solidarité à l'égard des
pays ACP. [...]. Nous avons essayé d'identifier les menaces pour mieux
les cerner et les minimiser et également de mettre l'accent sur tous les
éléments positifs qu'il faut maximiser »31(*) . Le président du
Parlement européen en 1997, José-Maria Gil-Robles, se prononce en
faveur du maintien de ces relations privilégiées avec les Etats
ACP : « malgré le glissement des enjeux prioritaires
vers l'Europe de l'Est, l'Union européenne demeure l'un des principaux
contributeurs à l'aide au développement. Cependant, la
moitié de nos partenaires sont parmi les pays les moins avancés
au monde. C'est pourquoi une politique de coopération renforcée,
axée sur le concept de développement durable, est plus que jamais
indispensable »32(*).
Ainsi, en juin 1998, le Conseil a investi la Commission du
pouvoir de négociation avec le groupe ACP, au titre de l'article 300
CE33(*). Cet acte
constitue donc le point de départ formel du renouvellement du
partenariat. Les négociations ont officiellement débuté en
septembre 1998, 18 mois avant l'expiration de la Convention.
Les mandats de négociation de chacune des parties
comportent à la fois des points communs mais également des
divergences. D'une part, la Communauté et le groupe ACP s'accordent sur
la nécessité d'une réforme en profondeur du partenariat,
lequel doit être sur « [...] un dialogue politique plus
poussé, et axé sur la réduction de la misère, le
développement durable et l'intégration totale des pays ACP dans
l'économie mondiale » ainsi que sur une
« différenciation entre les pays ACP, à savoir un
traitement spécial en faveur des pays les moins
développés ».34(*)
Cependant, le principal point de discorde réside dans
la place et la force juridique du volet politique, la Communauté
souhaitant en faire le pilier de la coopération alors que les Etats ACP
entendent le conserver en tant que simples dispositions
« indicatives ».
Les partenaires ont donc opté pour un maintien de la
coopération ACP-CE, sous réserve de reformer les objectifs, les
moyens et la pratique de Lomé. Dès lors,
« prolonger la solidarité »35(*) devient le maître mot
des relations ACP-CE.
Au terme d'un an et demi de négociation houleuses et
difficiles, les partenaires ont « accouché » d'un
nouvel accord de partenariat ACP-CE le 3 février 2000 à
Bruxelles.
L'aboutissement de ce long processus de discussion a
consisté à tourner la page de Lomé et à
créer « une nouvelle ère de
coopération ». La conclusion d'un tel accord de partenariat
illustre la faculté d'une entente entre Etats développés
et ays en voie de développement, au lendemain de l'échec des
négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce
engagées à Seattle en 1999.
C'est dans ce contexte que le l'Accord de Cotonou36(*) est intervenu. En effet,
« le 23 juin, date de la signature de l'accord de Cotonou, est
à marquer d'une pierre blanche. Cette date sera désormais
synonyme d'un événement historique et politique majeur
[...] »37(*)
Le nouvel Accord, signé à Cotonou le 23 juin
2000, a donc vocation à écrire une nouvelle page des relations
ACP-CE. Adopté par 15 Etats membres38(*) de la communauté et 77 Etats ACP39(*), cette nouvelle convention est
instituée pour une durée de 20 ans. Tout en maintenant un certain
« acquis de Lomé », elle rompt avec certaines
traditions des accords précédents et rationalise les principaux
éléments.
Dès lors, les aspects économiques,
véritable raison d'être historique de la coopération au
développement des Etats ACP, sont dynamisés par une approche en
terme de « stratégie de coopération »,
permettant d'aborder les thèmes clés du partenariat. Elle vise
à la fois à redéfinir les objectifs de cette
coopération et à se doter de moyens différents et
efficaces. Cet aspect sera développé dans la partie 1 de mon
travail. De plus, le volet politique a été érigé eu
même rang que le volet économique. En effet, il est
désormais admis que le développement économique ne peut
être effectifs qu'avec un cadre institutionnel stable et
démocratique. Donc envisager l'ensemble de l'accord de Cotonou revient
à aborder la rationalisation des instruments financiers. La modification
de l'approche de la gestion des ressources et des modalités de leur
attribution aux projets et actions sur le terrain, bénéfique
à la réduction de la pauvreté et au développement
de l'économie des Etats ACP, est donc l'orientation retenue par le
nouveau partenariat. L'essentiel de notre travail sera donc consacré aux
impacts de cette convention sur la lutte contre la pauvreté.
Partie 1 : Partenariat UE - ACP : une
coopération performante ?
L'objectif du partenariat ACP-UE est de réussir
à établir des relations stables et privilégiées
entre les Etats parties. Pour ce faire, il est impératif que les
partenaires ACP parviennent à un état de développement
économique qui leur permettrait de faire face à la concurrence
mondiale. Le développement de ces Etats consiste en « un
ensemble de transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent
l'apparition et la prolongation de la croissance économique ainsi que
l'élévation des niveaux de vie »40(*).
Si cet enjeu est central dans le partenariat ACP-UE depuis sa
création, il n'en reste pas moins que la présentation de la
convention de Cotonou sous forme de « stratégie de
coopération » est novatrice. En effet, ce nouvel accord refond
le cadre de la coopération et concilie le développement des Etats
ACP avec la mise en place d'une coopération commerciale avec la
Communauté européenne. Ainsi, l'article 18 dispose :
« les stratégies de coopération se fondent sur les
stratégies de développement et la coopération
économique et commerciale, qui sont interdépendants et
complémentaires. Les parties veillent à ce que les efforts
entrepris dans les deux domaines mentionnés ci-dessus se renforcent
mutuellement ».
Dans cette perspective, nous verrons dans le chapitre 1
comment les parties se sont entendue pour recentrer le partenariat autour
d'objectifs et d'enjeux, aussi précis qu'ambitieux, fondamentaux pour la
réussite de la Coopération UE-ACP.
Parallèlement, face à la
« philosophie » de Lomé qui consistait en une
approche détaillée par secteur, la convention de Cotonou a
opté pour une valorisation des moyens mis à la disposition des
ACP par le biais d'une stratégie globale et intégrée. La
volonté d'une coopération efficace a nécessité un
renforcement des moyens mis en service de tels objectifs. Le chapitre 2 sera
consacré à ce volet.
Chapitre 1 : La coopération au
développement : quels objectifs ?
La diversification des objectifs du partenariat a
été une des principales critiques des conventions de
Lomé41(*). La
convention de Cotonou a donc entendu pallier ces effets négatifs en
redéfinissant et en recentrant les objectifs de la coopération.
Ainsi, le nouveau partenariat est basé sur deux axes essentiels.
L'article 1, relatif aux « objectifs du partenariat »,
dispose dans son alinéa 2 : « le partenariat est
centré sur l'objectif de réduction et, à terme,
d'éradication de la pauvreté, en cohérence avec les
objectifs du développement durable et d'une intégration
progressive des pays ACP dans l'économie mondiale »
Ces deux aspects, bien que déjà présents
dans les conventions de Lomé, ont, dans le cadre de Cotonou,
été renforcés. L'interdépendance, la
complémentarité de ces objectifs sont d'autant d'avantages mais
également d'inconvénients pour la réussite du partenariat
et plus largement pour le développement des pays ACP. Force est de
constater qu la tâche n'est pas aisée, les enjeux étant
importants et difficiles à atteindre. Néanmoins, réaliser
ces deux objectifs est impératif au développement effectif de ces
Etats.
Il convient, dans un premier temps, d'étudier comment
la Convention de Cotonou entend éradiquer la pauvreté, pour dans
un second temps, envisager l'objectif d'intégration dans
l'économie mondiale des Etats ACP
Section 1 : Les objectifs du partenariat
L'éradication de la pauvreté est non seulement
un objectif central du partenariat UE-ACP, mais elle est plus largement un
enjeu fondamental de la politique de développement de l'Union42(*). Cependant, la notion de
pauvreté, bien que couramment utilisée dans le contexte
international actuel et passé, est difficilement perceptible. D'une
part, ce concept a connu une nette évolution pour devenir aujourd'hui
pluridimensionnel : la pauvreté ne peut ni se définir ni
s'appréhender par rapport à un critère unique. Il s'agit,
au contraire, de la réunion d'une multiplicité de facteurs.
D'autre part, au sein même du concept de pauvreté, il existe
différents degrés que la Convention de Cotonou a dû prendre
en compte afin de parvenir à l'objectif qu'elle s'est fixée.
I- Vers une éradication de la pauvreté
dans les pays ACP ?
La Convention de Cotonou entend éliminer la
pauvreté dans les Etats ACP, mais elle ne définit pas ce concept.
Or, « comprendre la pauvreté, et non seulement la mesurer,
est le seul moyen de réparer la fracture sociale qu'elle
représente. »43(*) cet état de fait conduit logiquement,
dans un premier temps, à appréhender la pauvreté, notion
complexe qui suscite de nombreuses controverses, pour, dans un second temps,
envisager la solution retenue par la Convention de Cotonou pour lutter contre
ce phénomène : le développement durable.
A- La pauvreté : une notion
pluridimensionnelle
Il est nécessaire, avant d'aller plus loin, de
définir précisément ce que l'on entend par
pauvreté. Le sens donné au mot va en effet conditionner les
stratégies visant à la réduire. Cette
« pluridimentionalité » de la pauvreté rend
difficile une définition « universelle », absolue et
accepté par tous.
1- Difficultés
relatives à la définition de la pauvreté
La pauvreté est une notion relative et donne lieu
à un nombre considérable de définitions. Relative, d'une
part, car elle s'apprécie par rapport à des critères
variables selon les régions et les cultures, en d'autres termes au
regard de besoins différents selon les populations en cause.
D'autre part, la multiplicité des définitions
s'explique par la diversité des éléments de
référence qui peuvent être pris en compte. Cette
pluralité de définitions s'est traduite par une évolution.
Au départ purement économique, la pauvreté s'est ensuite
également traduite par une diversification des critères, afin
d'appréhender non seulement le caractère pécuniaire mais
également les aspects sociaux, humains et culturels.
Dans sa définition courante, la pauvreté
désigne l'état, la condition d'une personne qui manque de
ressources, de moyens matériels pour mener une vie décente. On
perçoit que si la notion d'argent est primordiale dans cette
définition, ce n'est que pour se rapporter à un standard de
niveau de vie. Cela entraîne nécessairement des différences
entre les pays en fonction de leur situation économique
générale. Ces considérations ont conduit les institutions
internationales à donner différentes définitions de la
pauvreté :
- la pauvreté relative évoque
un niveau de vie variable en fonction de l'époque et de la
société. Elle correspond à la moitié du revenu
médian d'une société ;
- le seuil de pauvreté correspond
à deux dollars par jour et par habitant ;
- la pauvreté absolue ou extrême
pauvreté correspond à moins de un dollar par jour
et par habitant.
Ces définitions classiques s'appuient exclusivement
sur des mesures du revenu par habitant. Cependant, un consensus existe
aujourd'hui autour de la dimension pluridimensionnelle de la pauvreté :
elle ne se limite pas à une simple insuffisance de revenu mais englobe
également des aspects plus qualitatifs de la vie. La pauvreté
n'est plus seulement économique, mais devient en même temps
sociale, politique et culturelle. Cette approche est légitimée
par les travaux d'Amartya Sen44(*), qui montrent que la pauvreté ne se
réduit pas au revenu mais apparaît plus justement comme une «
privation de capacités »45(*). Les analyses récentes considèrent
alors trois formes principales de pauvreté :
- la pauvreté monétaire prend
en compte les ressources des individus. Elle est évaluée en
fonction du revenu des individus ou de leur consommation (de biens alimentaires
et non alimentaires) ;
- la pauvreté des conditions de vie
résulte de l'incapacité de l'individu à satisfaire ses
besoins essentiels. C'est une vision plus qualitative qui met en lumière
l'exclusion par rapport à un certain mode de vie matériel et
culturel. La pauvreté est ici perçue comme un manque5 ;
- la pauvreté de « capacités »
traduit le fait que l'on ne dispose pas des moyens qui permettraient
de se soustraire à la pauvreté par la mise en valeur de ses
capacités individuelles;
Ces différentes formes de pauvreté interagissent
entre elles, de sorte que tout individu pauvre est confronté à un
cercle vicieux, un « processus cumulatif dans lequel
déficits éducatifs et matériels se traduisent par
un engrenage infernal »46(*). La pauvreté n'est plus perçue comme un
état mais s'assimile de plus en plus à un processus
pluridimensionnel et protéiforme dans le cadre duquel richesse, savoir
et pouvoir sont intimement liés. Elle est davantage abordée
à la source et considérée comme la conséquence
d'une inaptitude à saisir les opportunités qui se
présentent en raison d'un manque de capacités.
Comment situer la lutte contre la pauvreté par rapport
à ces définitions ? La complexité des termes, la
multiplicité des approches et la formulation constante de nouveaux
concepts rendent malaisée la mise en place d'une
stratégie claire. Cela se voit par exemple sur la prise en compte de la
croissance et des inégalités dans la lutte contre la
pauvreté. Les analyses récentes ont démontré que la
réduction de la pauvreté absolue repose sur deux facteurs :
l'augmentation du revenu et sa redistribution aux plus pauvres (ce qu'on nomme
depuis peu croissance « pro pauvres »). Comme l'a souligné la
conclusion d'une étude de DIAL de mai 2003, « la croissance ne
suffit pas pour la réduction de la pauvreté ; elle en
est une condition nécessaire mais doit s'accompagner de la mise
en place de politiques de réduction des inégalités
présentes et futures »47(*). Ces trois concepts sont intimement liés, de
sorte que vouloir réduire la pauvreté ne peut se faire sans
porter toute son attention aux questions de croissance et de redistribution.
La Banque mondiale, dans son rapport de 200048(*), a défini la lutte
contre la pauvreté dans une approche élargie et
pluridimensionnelle qui comporte quatre critères :
- l'augmentation des revenus ;
- l'accès aux biens publics (eau, éducation,
santé, etc.)
- la réduction des risques ;
- l'amélioration des rapports de forces en faveur des
« sans pouvoirs » et des « sans voix » (ce qu'on
désigne généralement sous le terme d'«
empowerment »).
2- L'analyse du point de
vue économique
L'aspect purement économique de la pauvreté a
donc été mis en évidence dès l'apparition du
concept, non seulement par les économistes mais également, tout
du moins dans un premier temps, par les instances internationales.
Les théories économiques se sont initialement
penchées sur le problème de la pauvreté.
appréhendée comme un manque de richesses, elle fait l'objet d'une
diversité d'approches et de la recherche d'une multiplicité de
solutions, dépassant ainsi les clivages
« classiques » des courants de pensées
prédominants dans le domaine économique. La pauvreté se
résumerait au manque de ressources, apprécié au regard des
besoins de la population en cause.
C'est sur ce postulat que se sont basées les
démarches internationales de lutte contre la pauvreté, au milieu
du XXème siècle. Face à l'extension du
phénomène et à un contexte mondial difficile - notamment
en raison de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et des profonds
bouleversement « institutionnels » et idéologiques
internationaux d'après-guerre -, les institutions internationales ont
dû intervenir pour aider les populations en détresse, dans le
cadre de la coopération au développement des régions les
plus défavorisées. Ce problème, récurrent dans une
conjoncture internationale fondée sur le libre-échange -
entraînant une interdépendance et un développement des
échanges entre les Etats - a dépassé son statut purement
national pour devenir un enjeu mondial prioritaire.
Concrètement, dès la moitié des
années 40, cette préoccupation a été mise sur le
devant de la scène international : en effet, l'Organisation
Internationale du Travail (OIT), dans sa déclaration de Philadelphie en
1944, déclarait « la pauvreté n'importe où
constitue une menace partout » ; ce constat alarmant a
permis une prise de conscience mondiale rapide.
La Banque Mondiale a, quant à elle, essayé de
mesurer la pauvreté, en se fondant sur des analyses statistiques
quantitatives permettant de déterminer le niveau de revenu par
personne.
Cette approche a connu très vite ses limites : en
effet, les années 60 ont été marquées par le
constat que la pauvreté et le sous-développement49(*) n'étaient pas
obligatoirement liés50(*). C'est pourquoi, la Banque Mondiale a
élaboré un indice en termes de niveau de vie : il s'agit de
la comparaison du coût des marchandises et services - en d'autres termes,
il s'agit du « coût de la vie » - et du revenu d'une
personne.
Dès lors, apprécier la pauvreté revenait
pour les instances internationales à fixer
- arbitrairement - un seuil en deçà duquel on
pouvait qualifier la population de pauvre.
La pauvreté relative « se calcule en
tenant compte de la répartition du revenu d'une population
données et le seuil de pauvreté est défini par un quantile
déterminé »51(*). Cette approche s'oppose à la
pauvreté absolue qui « est définie comme la
dépense pour un minimum de biens alimentaires assurant la reproduction
physiologique, plus un nombre conventionnel d'autres dépenses
déterminées à partir des budgets familiaux les plus
modestes. »52(*)
Les aspects purement économiques se sont
avérés insuffisants pour définir ce
phénomène complexe : en effet, le défaut de
réussite des programmes internationaux de lutte contre la
pauvreté, mise en place sur la base de constatations statistiques et
quantitatives a imposé une remise en cause de la perception de la
pauvreté.
Tout en maintenant cette approche économique, les
instances internationales ont complété les critères
d'appréciation. En effet, si la dimension économique de la
pauvreté est fondamentale, il n'en reste pas moins qu'elle n'en est pas
le critère unique : il est fréquent que les progrès
économiques d'un pays ne soient pas répercutés sur la
population ; en d'autres termes, le développement économique
n'est pas synonyme de réduction de la pauvreté, non seulement
parce qu'il n'y a pas une automatique redistribution des richesses, mais
également parce qu'elle comporte une dimension sociale.
3- Prise en compte des
différents facteurs
« La pauvreté ? Ne me demandez pas
ce que c'est : vous l'avez rencontrée devant ma porte. Regardez ma
maison, comptez les trous. Regardez mes affaires et les vêtements que je
porte. Regardez tout ce qu'il y a ici [...]. C'est ça la
pauvreté. »53(*) La réalité que vit quotidiennement
ce Kenyan démontre que la pauvreté ne peut s'appréhender
que par rapport à un faisceau d'indices.
Elle se caractérise par un déficit, un manque de
ce qui est considéré comme essentiel dans la vie quotidienne.
Face à cette définition, on ne peut que constater que
« l'essentiel » varie selon tout un panel de
critères, notamment la culture, la région, etc., et qu'il n'est
pas purement économique ; en effet, cela consiste aussi bien
à s'alimenter, à apprendre, à se soigner...
C'est pourquoi, dans les années 70, la Banque Mondiale
s'est attachée à définir les besoins essentiels : il
s'agit du « minimum de biens pour assurer la reproduction
physiologique (alimentation, logement, habillement, petit nécessaire
ménager) et des services de base (santé, eau potable,
assainissement, transport, éducation) ».54(*)
De plus, le Programme des Nations Unies pour le
Développement (le PNUD) traduit cette
« multiplicité des visages » par le biais
de l'indicateur de développement humain, basé à la fois
sur l'espérance de vie, le revenu par habitant et
l'alphabétisation de la population, et peut apprécier le
degré de sous-développement.
Ainsi, les institutions internationales55(*) mais également
communautaires, se sont entendues sur une appréciation de la
pauvreté en termes pluridimensionnels : la Commission admet
qu' « être pauvre, c'est aussi être
dépourvu des moyens les plus élémentaires et cela implique
des facteurs non monétaires tels que l'absence d'accès à
l'éducation, à la santé, aux ressources naturelles,
à l'emploi, à la terre et au crédit, à la
participation politique, aux services et aux
infrastructures. »56(*)
De plus, la pauvreté implique également un
risque pour les populations, une restriction de l'accès aux
différents services de l'État, en d'autres termes une dimension
d'exclusion. Cet aspect doit se traduire non seulement dans les rapports avec
l'État mais également dans le contexte plus large de la vie
quotidienne, par exemple, dans l'accès au logement, à
l'éducation, à l'emploi57(*), etc. L'objectif n'est donc plus seulement de
parvenir à l'objectif d'un développement économique mais
consiste surtout recentrer le problème autour de la personne humaine en
tenant compte à la fois des aspects quantitatifs et
d'éléments qualitatifs. En effet, la conjoncture actuelle ne
permet plus l'éradication de la pauvreté par le seul
remède économique : la pluralité des facteurs, au
premier rang desquels l'éducation et le respect de l'environnement, est
désormais incontournable.
B- Le développement durable : instrument
de lutte contre la pauvreté
« Pour être durable, le
développement doit trouver un juste équilibre entre les objectifs
économiques, sociaux et environnementaux de la société de
manière à assurer un bien-être maximal dans le
présent, sans compromettre la capacité des
générations futures à satisfaire leurs
besoins. »58(*)
La Commission entend, dans le cadre de l'aide aux pays en
développement conjuguer les impératifs immédiats de
développement avec les enjeux futurs proches ou plus lointains :
ainsi, le développement durable comme solution à la
pauvreté implique des actions efficaces intégrées dans un
projet à long terme.
Le cadre structurel - et non seulement conjoncturel -
conféré à la lutte contre la pauvreté a permis aux
partenaires de définir une véritable
« stratégie commune » : en effet, la
perspective du long terme explique que la Communauté et le groupe ACP se
soient entendus non seulement sur une stratégie globale pour lutter
contre les problèmes de pauvreté, mais également sur une
approche intégrée, qui, par conséquent, inclut des
domaines d'action diversifiés dans les politiques menées au
niveau national.
1- Une stratégie
globale
La Convention de Cotonou a mis en place une stratégie
globale pour lutter contre la pauvreté. Elle permet aux partenaires de
définir les grandes lignes pour parvenir à un
développement durable et effectif, sans qu'il soit besoin d'entrer dans
les détails de la « stratégie ». En effet,
« les textes détaillés relatifs aux objectifs et
aux stratégies de coopération, en particulier en ce qui concerne
les politiques et stratégies sectorielles, sont insérés
dans un compendium de textes de référence dans les domaines ou
secteurs spécifiques de la coopération »59(*). Ce texte qui
précise concrètement des actions du partenariat, a
été effectivement adopté en 2001.
La présentation de la Convention de Lomé IV par
exemple permet d'apprécier l'ampleur de la
« réforme de Cotonou ». En effet,
Lomé IV détaille les nombreux domaines du Partenariat. Pas moins
de 369 articles abordent successivement les « domaines de la
coopération », les instruments ainsi que les modalité
de financement de l'aide communautaire. La place de la lutte contre la
pauvreté est diffuse et s'apprécie dans le flot de
dispositions.
Cet allègement de la Convention permet une meilleure
lisibilité et plus de recul quant à la réalisation
concrète des objectifs. Il convient de noter également que ce
système permet une meilleure adaptation à la conjoncture
nationale et internationale : en effet, les textes d'application de la
Convention pourront s'adapter aux événements (prévisibles
ou non).
Cette nouvelle stratégie du partenariat implique un
suivi important : des indicateurs permettent d'apprécier
« en temps réel » les performances de la
coopération fondée sur le texte initial mais également sur
les textes dérivés d'application.
En d'autres termes, le partenariat entre l'Europe et les
États ACP ne se cantonne plus seulement au texte de la Convention mais
s'intègre dans un processus plus large, impliquant l'adoption de
nombreux textes de droit dérivé spécialisés dans
des domaines bien précis de la coopération.
2- Diversification des
domaines d'action
La conception intégrée adoptée par le
Partenariat « reflète la nature complexe et
multidimensionnelle de la pauvreté. Elle est exigeante. Mais en
même temps, elle a l'ambition de s'attaquer à la dynamique de
l'exclusion et pas à ses symptômes, aux causes profondes de la
pauvreté et pas à ses effets. »60(*)
La lutte contre la pauvreté impose donc d'agir sur
divers aspects clés : les partenaires fixent des « sous
objectifs » dans le domaine économique mais également
social à travers notamment trois domaines clé :
l'environnement, la santé et l'éducation
2.1 Aspects
économiques de la lutte contre la pauvreté
L'enjeu majeur de la lutte contre la pauvreté est de
parvenir à garantir un revenu « décent » pour
les populations en cause. Cet objectif consiste, d'une part, à garantir
un développement économique efficace mais également
à assurer une répartition effective et des revenus au sein de la
population.
Ainsi, l'article 20 de la Convention de Cotonou relatif
à l' »approche » des stratégies de
développement dispose : « [...] les stratégies
de coopération ACP-CE visent à :
a) réaliser une croissance économique
rapide, soutenue et créatrice d'emplois, [...]
b) à contribuer à assurer un partage
général et équitable des fruits de la croissance
[...] ».
Le premier aspect ne peut pas seul garantir un
développement durable. En effet, « les recherches montrent
que si le monde dans son ensemble s'enrichit en termes matériels et
financiers, la distribution de cette richesse devient plus
inégale »61(*). Ce constat à l'échelle mondiale se
retrouve également au niveau national : ainsi, à
l'intérieur même d'un pays (même ceux dits les
« moins avancés62(*) »), la répartition inégale
des revenus fait échec à l'éradication de la
pauvreté.
La nouvelle conception de la pauvreté, centrée
autour de l'être humain, impose de ne pas se contenter de définir
comme objectif la seule croissance économique : en effet, les
aspects « sociaux » ont une réelle importance pour
l'éradication de la pauvreté.
2.2 Environnement et
pauvreté : quel lien ?
L'environnement est une des principales composantes du
développement durable : en effet, considéré pendant
longtemps comme un problème secondaire des pays en voie de
développement, le principal étant l'aspect économique,
l'environnement est devenu aujourd'hui « une arme contre la
pauvreté »63(*).
Il convient de souligner que l'environnement est
particulièrement dégradé dans les pays en voie de
développement. Les États ACP sont particulièrement
touchés par les problèmes environnementaux :
déforestations, désertification, changements climatiques, etc.
Environ 14 millions d'hectares de forêts sont détruits dans les
pays en développement chaque année.
L'agriculture n'est pas étrangère à ce
phénomène et l'utilisation massive de pesticides et d'engrais ne
fait que renforcer les conséquences néfastes d'une culture
intensive. Le lien entre l'environnement et la pauvreté est à la
fois complexe et évident.
La complexité, d'une part, se reflète dans
l'étroitesse des liens de ces deux domaines et dans l'importante
imbrication qu'il en résulte. En effet, la relation entre
l'environnement et la pauvreté ne se résume pas à la
simple influence de l'un sur l'autre mais constitue un enchevêtrement
d'incidences réciproques.
L'évidence de leur lien, d'autre part, s'explique par
l'existence d'un inévitable » cercle vicieux » qu'il
convient de brise. Il s'agit, en effet, d'une logique qui implique que
« les pauvres en milieu rural allaient puiser dans le
« capital naturel » pour survivre : ils
dégradaient l'environnement de différentes manières ce
qui, en retour, alimentait la pauvreté [...] »64(*).
Le problème de l'eau potable en est un exemple. En
effet, outre la dimension sanitaire65(*), l'eau constitue un enjeu fondamental principalement
pour les domaines agricoles et industriels. Dès lors,
l'insalubrité de l'eau « potable » doublée de
la raréfaction croissante que constituent des problèmes auxquels
les institutions internationales telles que le Programme des Nations Unies pour
le Développement et les institutions communautaires entendent
remédier.
Face au constat alarmant de l'état de l'environnement
dans les pays en développement, la Commission a pris position en faveur
de l'intégration de ces problèmes dans les objectifs prioritaires
de ces États : ainsi, « Investir dans l'environnement
pour améliorer la gestion des terres et de l'eau, investir dans
l'assainissement, la gestion des déchets et la purification de l'air,
c'est souvent une opération extrêmement rentable sur le plan
économique et social et qui permet en même temps d'assurer la
durabilité des ressources. Ignorer les menaces qui pèsent sur
l'environnement peut avoir pour effet non seulement de réduire à
néant les efforts déployés pour réduire la
pauvreté mais de l'aggraver. »66(*)
2.3 La
santé : un remède à la pauvreté ?
La Commission admet que « la santé est un
facteur déterminant de la croissance économique et
développement, tandis que la maladie est à la fois une cause et
un effet de la pauvreté. »67(*) Cette préoccupation est
d'actualité pour les instances communautaires : en effet, le
Parlement Européen et le Conseil ont proposé, en mars 2002, un
règlement relatif à la lutte contre les maladies dues à la
pauvreté (VIH/sida, paludisme, tuberculose) dans les pays en
développement »68(*).
L'enjeu de la santé s'articule autour de plusieurs
aspects : d'une part, les partenaires ACP-UE entendent
« améliorer les systèmes de santé et de
nutrition, éliminer la famine et la malnutrition, assurer une fourniture
et une sécurité alimentaire suffisantes 69(*)». L'accès
à l'alimentation est un défi considérable qui se combine
avec la volonté d' « augmenter la
sécurité de l'eau domestique et améliorer l'accès
à l'eau potable et une hygiène suffisante »70(*). La lutte contre la
famine et la déshydratation permettrait de réduire
considérablement les taux de mortalité, notamment infantile, et
de réduire les infections qui y sont liées. De plus,
l'alimentation pourrait être assurée par l'autosuffisance. Si cet
objectif est largement envisageable - et envisagé - au début de
la coopération, dans les années 60, la dépendance des
États ACP est aujourd'hui un constat. C'est pourquoi, lutter contre la
faim et la soif est à la fois un objectif ambitieux et un enjeu
fondamental et urgent à réaliser.
D'autre part, il convient également de lutter contre la
propagation de maladies hautement destructrices. En effet, l'Afrique est
touchée par des maladies transmissibles telles que « le
VIH/sida, le paludisme, la tuberculose, les infections respiratoires
aiguës, les maladies diarrhéiques, parasitaires et les maladies
à prévention vaccinale, qui, toutes, affectent les pauvres de
manière disproportionnée », et par des
« problèmes affectant la santé génésique,
dont les maladies sexuellement transmissibles, l'avortement et les
problèmes de santé maternelle qui touchent
particulièrement les femmes pauvres[...] »71(*). À titre
d'illustration, il convient de citer un chiffre particulièrement
éloquent : au Botswana et au Zimbabwe, 1 adulte sur 4 est atteint
par le virus du sida. Cette épidémie a bien évidemment des
conséquences sur le taux de mortalité de ces pays mais a
également des répercutions sociales notamment sur le nombre
d'orphelins72(*).
Le Partenariat vise donc à
« démocratiser » l'accès aux soins
et, plus largement, aux services de santé en réduisant les
coûts pour les malades et en instaurant n système préventif
par le biais de l'information et de la vaccination. Il s'agit donc de
favoriser, par le biais de la coopération, l'émergence d'une
« justice sociale ».
2.4 L'éducation : un aspect essentiel de
lutte contre la pauvreté
L'éducation est également un facteur clé
pour la lutte contre la pauvreté. En effet, « les
politiques d'éducation et de formation pragmatiques et efficaces jouent
évidemment un rôle essentiel dans le processus de
développement. Une main-d'oeuvre convenablement formée et
suffisamment qualifiée contribue directement à augmenter la
productivité générale, à favoriser la croissance
économique, à éradiquer la pauvreté et, en
dernière analyse, à améliorer le niveau de vie des
populations des pays ACP. »73(*). Le Partenariat consiste donc à
promouvoir l'éducation dite de base et à
« [...] renforcer les capacités et compétences
techniques »74(*). L'éducation permettrait ainsi de
réduire la pauvreté en permettant aux populations de disposer
d'acquis techniques et, par conséquent, de modifier le paysage
économique en diversifiant les activités et les emplois. En
outre, elle garantirait une réduction voire la disparition du travail
des enfants.
De plus, l'éducation a également une influence
sur la santé puisqu'elle permet une prévention et une information
efficaces, utiles notamment pour les cas de maladies transmissibles, grossesses
et pour les problèmes liés à l'hygiène.
La tâche est importante pour parvenir à une
éducation massive : en effet, « en Afrique au Sud du
Sahara, en 1998, 54 % des filles en âge de scolarisation étaient
inscrites à l'école primaire, comparé à 66 % des
garçons. »75(*)
II- Une prise en compte des différents
degrés de la pauvreté
Parallèlement l'élaboration d'une
stratégie globale de lutte contre la pauvreté, les parties
à la Convention ont dû se pencher sur le problème de la
diversité des situations dans les États ACP : en effet, ces
États, bien que tous confrontés au problème de la
pauvreté, sont toutefois concernés à des échelles
différentes. La pauvreté est donc un concept divisé en
degrés.
Pour rendre compte de cet état de fait, les instances
internationales ont procédé, dans les années 70, à
une classification des pays en fonction de leur niveau de pauvreté.
Ainsi, parmi les « pays en voie de
développement », coexistent différentes
catégories mettant en évidence l'importance de la
précarité des États concernés.
Il convient donc, dans un premier temps, d'étudier les
éléments de « classification »
opérée au niveau international, pour dans un second temps,
envisager comment la Convention de Cotonou a pris en compte les
difficultés de chaque groupe d'États et a mis en oeuvre une
approche différenciée.
A- Les composantes de classification
internationale
Le sous-développement est
l' « état d'une société dont les
caractéristiques économiques, sociales, politiques et culturelles
l'empêchent d'assurer à l'ensemble des individus qui la composent
la satisfaction des besoins fondamentaux de la personne humaine. Le
sous-développement est donc un phénomène complexe tant
dans ses caractéristiques que dans ses facteurs.»76(*) Si la pauvreté
n'est pas automatiquement liée au sous-développement, l'inverse
n'est en revanche pas vrai : un pays sous-développé (ou en
voie de développement) reflète incontestablement la
pauvreté de sa population ou tout du moins d'une partie de celle-ci.
L'expression couramment utilisée de « tiers
monde » regroupe les pays en voie de développement. Il s'agit
d'une catégorie très générale à
l'intérieur de laquelle il existe divers degrés de
pauvreté et de précarité. Les États touchés
par une extrême pauvreté sont réunis sous l'appellation de
« pays les moins avancés »77(*), au sein desquels les
« pays pauvres très endettés »78(*) forment une
sous-catégorie. Il convient donc d'aborder successivement ce que sont
d'une part, les PMA et d'autre part, les PPTE.
1- Les pays les moins
avancés
Malgré leurs nombreuses différences79(*), les PMA ont comme point
commun de ne pouvoir garantir à leur population un revenu et un niveau
de vie décent en raison de difficultés économiques
intérieures.
Les instances internationales ainsi que la Communauté
européenne s'accordent pour qualifier les États de PMA au regard
de six critères principaux : le « produit national
brut par habitant, la part de la production dans le produit national brut total
et le taux d'alphabétisation des adultes [...], de l'indice de la
qualité de la vie, de l'indice de diversification économique et
de l'importance de la population »80(*).
Le contexte économique des PMA est également
marqué par une faible industrialisation et par une forte
dépendance à l'agriculture dite de subsistance. Les aléas
climatiques auxquels sont soumis ces États entraînent une
instabilité des récoltes agricoles et peuvent conduire à
des vagues de famine. De plus, les PMA sont généralement
touchés par des conflits armés et des épidémies qui
déciment les populations.
Il en résulte que le revenu par habitant est faible. En
effet, environ 50 % de la population africaine vit avec moins d'un dollar par
jour. De plus, pour être considéré comme un PMA, les
revenus nationaux doivent être inférieurs à 900 dollars par
an81(*). À ces
différents facteurs, il faut ajouter depuis 2000, un seuil de population
en deçà duquel l'État peut être
considéré comme PMA82(*) : les Nations Unies ont considéré
que seuls les États dont la population est inférieure à 75
millions d'habitants peuvent être admis dans cette catégorie.
Depuis 1971, date de création des PMA la
Communauté internationale porte une attention particulière aux
problèmes de ces États. Ainsi, les États
développés ont consenti, au sein des Nations Unies, à
accorder 0,7% de leur produit national brut à l'aide au
développement afin de compenser la baisse substantielle du montant de
leur aide depuis les années 90. Cependant, peu d'États sont
parvenus à cet objectif : au sein de la Communauté
européenne, seuls le Luxembourg et le Danemark octroient
individuellement un tel montant.
De plus, régulièrement, sont organisées
des conférences sous l'égide des Nations Unies afin d'aborder la
situation des PMA et de rechercher des solutions mondiales à leurs
problèmes. En 1981, la première Conférence de Paris sur
les PMA a dégagé la nécessité de réformes
structurelles. Cependant, le contexte international ainsi que l'absence de
résultats probants dans la voie du développement ont conduit les
États à adopter la « Déclaration de
Paris » lors de la deuxième conférence en 1990 :
les États ont proposé toute une série de mesures
ciblées portant notamment sur la réforme du cadre institutionnel
et permettant une croissance soutenue. Cependant, les propositions de la
Déclaration de Paris, bien qu'ambitieuses et innovatrices, ont connu un
succès en demi-teinte : les PMA se sont engagés dans la voie
de la réforme, avec l'intention de mettre en oeuvre effectivement ces
mesures, mais n'ont pas pu concrètement parvenir à ces objectifs.
En effet, les années 90 ont été le théâtre
d'une stagnation voire d'une régression de la situation
économique des PMA.
Créée dans un souci de régler le
problème de la pauvreté en adaptant les efforts internationaux
aux spécificités et à la fragilité des États
concernés, la catégorie des PMA est passée de temporaire
à permanente et a été même renforcée par une
recrudescence d'États remplissant ces conditions. En effet, au lieu de
traduire une réduction significative de la pauvreté elles ont vu
le nombre d'États doubler : ainsi, en 2001, étaient
répertoriés comme PMA 49 États alors qu'il n'y en avait
que 24 en 197183(*). Seul
le Botswana a obtenu des résultats satisfaisants qui lui ont permis de
sortir de cette catégorie.
Du 14 au 20mai 2001, à Bruxelles, a lieu la
troisième conférence relative aux PMA. Les États se sont
engagés à s'attacher à sept points principaux qui
consistent notamment à « favoriser un développement
axé sur les citoyens, [...], doter les PMA de capacités
humaines et institutionnelles, équiper les PMA de capacités de
production, rendre les avantages de la mondialisation accessibles aux PMA
[...], financer le développement des PMA et lutter contre la
pauvreté [...] »84(*).
De plus, la Communauté européenne a
récemment mis en place l'initiative « Tout sauf les
armes »85(*) qui
vise à libéraliser l'ensemble des exportations des PMA vers
l'Union européenne : elle concerne tous les produits à
l'exception des armes et munitions, avec un délai particulier pour des
produits de base. « Quant aux États ACP, l'initiative
`tout sauf les armes' constitue un volet important de la mise en oeuvre de
l'Accord de Cotonou. »86(*) Par ce biais, les instances communautaires
accordent des préférences aux États partenaires en les
affranchissant des droits de douane. Cette libéralisation des
échanges unilatérale constitue la première phase de la
création d'une zone de libre échange ACP-UE.87(*)
Cette « faveur » est justifiée par
la prééminence des États ACP au sein des PMA : sur 49
États qualifiés officiellement de PMA par les Nations Unies, 34
sont africains et 5 de la région Pacifique et Caraïbes88(*). Ainsi, 39 des 49 PMA
relèvent du partenariat ACP-UE.
2- Les pays pauvres
très endettés89(*)
Les pays pauvres très endettés sont une
sous-catégorie des pays en voie de développement. Ces
États en difficulté économique ont dû demander une
aide financière extérieure, ce qui conduit à un
endettement massif. Si la nécessité de la dette n'est pas
contestable car elle permet d'injecter des capitaux dans les circuits
économiques internes et donc de réaliser bon nombre de projets
étatiques ou privés, en revanche, c'est son poids qui pose
problème. En effet, il est logique que la dette devienne un handicap
difficile à surmonter dès lors qu'elle est supérieure aux
revenus. Au-delà de la difficulté de remboursement, les
États sont également confrontés à des
problèmes connexes : en effet, un pays endetté
éprouve des difficultés relatives à la monnaie, les
investissements étrangers sont découragés et des
ressources qui pourraient être attribuées aux domaines sociaux,
environnementaux ou de la santé sont exclusivement
réservés au service de la dette.
Depuis quelques années, la Communauté
internationale a pris conscience des difficultés croissantes des PPTE et
depuis 1996 a mis en place des programmes en faveur de ces États. Les
institutions internationales, en collaboration avec la Communauté, ont
créé l' « initiative pour les pays pauvres
lourdement endettés » Dès lors, les pays
concernés doivent réformer leur économie par le biais
d'ajustements structurels90(*) afin de diminuer substantiellement leurs dettes
B- Approche différenciée du partenariat
UE - ACP
Pour faire face aux diverses manifestations et
conséquences de la pauvreté dans un groupe de pays aussi
hétérogène, l'accord de Cotonou a entendu tenir compte de
leurs spécificités : ainsi, en ayant d'une part pris en
compte les difficultés économiques et géographiques des
États les plus pauvres et en renforçant les outils
d'évaluation, les parties ont donc, par une approche diversifiée,
pour objectif unique de réduire la pauvreté.
1- L'approche de la
convention de Cotonou
La Convention de Cotonou insiste sur la
nécessité d'une différenciation dans sa mise en
oeuvre : « [...] les modalités et les
priorités de la coopération varient en fonction du niveau de
développement du partenaire, de ses besoins, de ses performances et de
sa stratégie de développement à long
terme. »91(*)
L'approche des Conventions de Lomé a largement
montré ses faiblesses : en effet, la coopération entre les
ACP et la Communauté était détaillée dans les
textes et posait un cadre unique pour le développement de tous les
partenaires. Du fait des résultats mitigés, l'approche au cas par
cas s'est avérée nécessaire. Le livre vert
préconisait déjà en 1996 la nécessité d'une
approche différenciée : les États ACP
reflètent tous une réalité différente et d'une
diversité importante. En effet, « le rôle, le
contenu et les modalités de la coopération ne peuvent être
identiques dans un pays en proie à un processus de
désintégration économique et sociale ou dans un pays
engagé dans un programme de réformes économiques et
institutionnelles. » Il proposait l'instauration de
catégories telles que « les pays qui ont commencé
à engager des réformes » et « les
pays en émergence ». si cette distinction a rapidement
montré ses limites, notamment en raison du fait que ces
catégories sont instables et aléatoires, il n'en reste pas moins
que cette approche différenciée a été retenue par
les rédacteurs de la Convention de Cotonou avec des modalités
d'application différentes.
La différenciation, telle que l'entendent les
institutions communautaires, tient compte de deux dimensions, étatique
et locale.
Étatique, d'une part, car la Convention de Cotonou
prend en considération des facteurs structurels : ainsi, la
Communauté tient compte des données économiques globales,
donc d'un point de vue macroéconomique, individuelles,
c'est-à-dire pour chacun des États partenaires.
Locale, d'autre part, du fait que les solutions aux
problèmes « micro économique « ne peuvent
être trouvées qu'avec l'appui des populations
concernées : dès lors, un dialogue avec les populations
touchées par la pauvreté est indispensable à la
réalisation du principal objectif du Partenariat.
L'évaluation des besoins est désormais plus
réaliste et concrète. En effet, des instruments
d'appréciation des besoins et d'évaluation des mesures
effectivement prises doivent permettre une appréciation réaliste
des progrès et des points négatifs ou en demi-teinte qu'il
convient de résoudre.
Ce principe de la différenciation n'est pas
resté simplement théorique dans la Convention de Cotonou :
en effet, les partenaires y ont inséré des dispositions
permettant de réglementer de manière formelle la prise en compte
des difficultés des États partenaires, notamment celles
géographiques et économiques.
2- Prise en compte des
réalités économiques et géographiques
La cinquième partie92(*) de la Convention est entièrement
dédiée aux « dispositions générales
concernant les États ACP les moins avancés, enclavés ou
insulaires ». Elle réserve aux États qui soit sont en
difficulté économique soit qui ont des particularités
géographiques un statut particulier qui leur permet « de
profiter des possibilités offertes par le présent accord afin
d'accélérer leur rythme de développement respectif,
[...]»93(*) .
Pour les pays considérés comme des PMA,
« la coopération réserve un traitement
particulier »94(*). Les partenaires entendent donc aider plus
particulièrement ce groupe d'États qui souffre de très
graves problèmes économiques et sociaux. Par conséquent,
ils ont besoin d'un soutien et d'efforts accrus pour parvenir au
développement économique et à l'éradication de la
pauvreté. Ainsi, les quelques dispositions qui les concernent dans la
Convention95(*) portent
quasi-exclusivement sur les mesures permettant le développement
économique, le but étant
« d'accélérer leur rythme de
développement »96(*). Ces pays, plus cruellement touchés par
la pauvreté, pourront ainsi éradiquer progressivement la
pauvreté en adaptant les aspects économiques mais
également sociaux aux particularités de ces PMA.
De même, les États insulaires ou enclavés
sont entravés, du fait des particularités géographiques,
dans a réalisation de l'objectif du développement.
Parallèlement à ces
« aménagements », la Convention porte une
« attention particulière » à certains aspects
du partenariat : la coopération régionale, les transports de
la communication, les ressources et le commerce, l'ajustement structurel et le
domaine alimentaire sont les aspects sur lesquels les partenaires entendent
insister pour cet ensemble d'États ainsi que pour les
« pays en situation post-conflit. »
Cette différenciation en raison des
particularités économiques ou géographiques concerne non
seulement l'éradication de la pauvreté mais également
l'intégration des ACP dans l'économie mondiale, ces deux
objectifs étant deux branches d'un seul et même aspect : le
développement de ces États.
Section 2 : Quelle place des pays ACP dans
l'économie mondiale ?
L'intégration des États ACP dans
l'économie mondiale est à la fois une condition et une
conséquence du développement mais également un
impératif à la mise en place d'une zone de libre
échange97(*)
prévue pour 202098(*) entre les ACP et l'Union européenne.
Elle consiste pour ces États à être
compétitifs sur le marché mondial et donc à faire partie
du « paysage économique » international. Cependant,
les ACP sont soumis aux impératifs du commerce international, notamment
à travers l'émergence d'un « nouvel ordre
mondial ».
Le « nouvel ordre mondial » est un concept
apparu dans les années 80, succédant à
l' « ancien ordre économique», fondé par la
Charte des Nations Unies99(*) et au « nouvel ordre économique
international », crée par deux résolutions de
l'Assemblée Générale des Nations Unies de 1974100(*). Il est justifié par
une « nouvelle donne » internationale caractérisée
notamment par la fin de la Guerre froide et donc de l'opposition des deux
blocs, la Guerre du Golfe, ainsi que les événements en Europe de
l'Est n'ont pu que conforter cette nécessité de changement.
La société internationale est désormais
bouleversée puisque ne subsiste aujourd'hui qu'un seul axe, Nord/Sud,
que les instances internationales ainsi que les gouvernements de
différents États souhaitent voir disparaître par une
intégration effective des Pays en voie de développement dans le
commerce international.
Ainsi, ce nouvel ordre impose une politique libérale
avec toutes les conséquences qui en découlent :
mondialisation, triangle institutionnel (Fonds monétaire international,
Banque Mondiale et Organisation Mondiale du Commerce), essor des firmes
multinationales et réduction du rôle de l'État.
Dans ce contexte, les États ACP, au même titre
que les autres États sous-développés, connaissent des
difficultés tant liées aux « politiques »
internationales élaborées par les différentes instances,
notamment par l'organisation financière internationale et par
l'Organisation Mondiale du Commerce101(*), qu'aux conséquences engendrées
directement par la mondialisation de l'économie.
Les États ACP face
à l'organisation financière internationale
L'organisation financière internationale est
composée principalement de deux instances : le Fonds
monétaire international102(*) et la Banque Mondiale.
Le FMI a pour objectif d'élaborer un code de conduite
relatif aux problèmes monétaires pour les 179 États
membres, en mettant en place une « politique
internationale » sur les aspects monétaires et proposant un
engagement financier.
La Banque Mondiale est composée de quatre
institutions : la Banque Internationale pour la reconstruction et le
développement (BIRD), l'Association internationale de
développement (AID), et l'Agence multilatérale de garantie des
investissements (AMGI). Le rôle de ce groupe est d'assurer un
développement économique effectif des États membres selon
le schéma libéral classique, en facilitant les projets
étatiques de développement.
Dans cette perspective, le FMI et la Banque Mondiale, par
l'intermédiaire de la BIRD, proposent aux PVD une aide financière
fondée sur une politique d'ajustement structurel.
Le problème majeur des aides financières
internationales est qu'il ne s'agit pas de dons mais de prêts, qui, par
définition, doivent être remboursés. Le besoin de
liquidité des États en développement les a conduit
à contracter une dette grandissante, qui pèse aujourd'hui sur
leur économie.
A- La politique d'ajustement structurel du
FMI
Le FMI, par le biais de l'ajustement structurel, entend
réformer le paysage économique des États en
développement en imposant un schéma rigoureux. Face à
cette approche purement économique, la Communauté
Européenne n'a pu que combler le manque d'un accompagnement social de la
mise en oeuvre de cette politique.
L'ajustement structurel est un « ensemble de
réformes portant sur les structures économiques d'un État
[...] » accordées « en contrepartie de
l'octroi de facilités à court ou moyen
terme »103(*).
Le FMI établit dans un premier temps un diagnostic, en
s'appuyant sur toute une série d'indicateurs nationaux, sur l'importance
du déséquilibre extérieur et donc sur l'ampleur des
problèmes de l'État concerné. L'ajustement structurel
n'intervient que si, et dans la mesure où, la santé
économique de cet État le justifie afin de réformer les
marchés.
Dès lors, cette « politique »
libérale imposée par le FMI se traduit essentiellement par trois
séries de mesures : il s'agit, d'une part, pour l'État, de
procéder à la déréglementation et à la
privatisation des entreprises publiques. D'autre part, plus largement, le FMI
impose une réforme importante des institutions notamment
économiques. Enfin, l'ajustement structurel vise à stabiliser les
données financières de l'État notamment en agissant sur la
monnaie. Les institutions internationales entendent donc
« personnaliser » les programmes d'ajustement structurel et
répondre aux besoins des États en développement, tout en
maintenant un « canevas type de réformes, à
vocation apparemment universelle »104(*).
La mise en oeuvre de l'ajustement structurel dans les pays en
développement, notamment ACP, a connu un succès relatif. Si la
théorie de l'ajustement structurel aboutit à un résultat
en termes de « cercle vertueux », la mise en
pratique révèle, en revanche, l'émergence
d'un « cercle vicieux ».
Outre les effets économiques incontestables,
l'ajustement structurel a eu des conséquences néfastes sur les
populations des États en développement, un accompagnement social
étant indispensable. L'ajustement structurel, tel qu'entendu par les
institutions internationales, s'est traduit par des répercutions
désastreuses pour les populations civiles. En effet, la réduction
des effectifs de la fonction publique, les privatisations ainsi que les
contraintes économiques drastiques, [dévaluation, etc....] sont
autant de facteurs qui agissent sur la vie des ressortissants de ces
États.
La Commission a toujours affirmé la
nécessité d'agir dans le domaine social, pour
« réparer » les conséquences négatives
de l'ajustement structurel. Cependant, solutionner les problèmes
sociaux grâce à des mesures compensatoires et non les
prévenir n'est désormais plus satisfaisant : en effet, ces
enjeux sociaux doivent être pris en compte au sein même des
programme d'ajustement structurel (ce que les institutions internationales
essaient de mettre en oeuvre depuis quelques années).
De plus, si les programmes d'ajustement structurel sont
très critiquables en raison des effets négatifs qu'ils drainent,
il convient à ce stade des développements de se demander quelle
aurait été la situation de ces États sans la mise en
oeuvre de telles mesures, aurait-elle été meilleure ?
« La réponse est clairement négative, voir par
exemple le Ghana et la Tanzanie »105(*).
B- Le poids de la dette
L'endettement public est un fardeau important pour les
États ACP, comme pour de nombreux pays en développement. Ce
phénomène s'est progressivement accentué,
parallèlement à la dépendance de ces États à
l'égard des pays développés. En effet, des causes
multiples les ont conduit à contracter des emprunts auprès
d'États tiers ou d'organisations internationales : il s'agit
à la fois de difficultés de production et de gestion
efficaces des richesses ainsi qu'une « détérioration
des termes de l'échange» grandissante.
Actuellement, pour un certains nombres d'États ACP,
l'endettement est devenu difficilement surmontable : les emprunts, par
définition remboursables, représentent des montants
considérables, dépassant même parfois le montant du produit
national brut. Il est donc évident que dès lors que les
dépenses deviennent supérieures aux recettes, le poids de la
dette est insupportable pour les économies en développement.
Face à la détresse d'une quinzaine
d'États africains, asphyxiés par la hauteur des remboursements
à effectuer, les entités créancières se sont
mobilisées afin de « rééchelonner » la
dette. L'utilisation d'une telle procédure a mis en exergue la
gravité de la situation internationale et constitue une solution de
compromis entre la nécessité de soulager les États
débiteurs et celle de répondre aux exigences de remboursements
des États créditeurs. Ces négociations entre acteurs du
processus de la dette se sont déroulées au sein du Club de
Paris106(*),
« institution » informelle dont l'existence et les
modalités de procédure ne sont régis par aucun texte
international, ce qui implique une grande souplesse.
Cette « faveur » connaît
toutefois des limites : en effet, d'une part, les créances
octroyée aux États par la Banque Mondiale et par le FMI ne
peuvent en aucun cas être rééchelonnées car elles
sont considérées comme étant un dû l'ensemble de la
communauté internationale. D'autre part, le
rééchelonnement consiste à étaler le remboursement
de la dette sur une période à plus long terme que celle
initialement prévue quand elle a été contractée.
Dès lors, cette solution ne vise pas à mettre
fin à la détresse de ces États mais s'emploie à
donner une `bouffée d'oxygène » provisoire permettant
au débiteur de régulariser la situation en trouvant les moyens
d'être solvable. De plus, les intérêts de l'emprunt sont
d'autant plus conséquents que le remboursement est long : le
rééchelonnement implique nécessairement une augmentation
du montant à rembourser, grossi par les intérêts à
payer, auquel les États débiteurs ne peuvent faire face. En
effet, impuissants pour s'acquitter du montant de la dette initial, il
paraît difficilement concevable que ces États puissent rembourser
en plus le montant des intérêts.
Il convient de noter que certains créanciers ont
consenti à « effacer » une partie de la dette en la
convertissant en dons. Cependant, cette pratique reste marginale sur la
scène internationale, les conséquences étant la
« perte sèche » de la créance. Il convient de
noter que bon nombre d'organisations non gouvernementales, d'individus et de
gouvernements de pays pauvres endettés militent en faveur d'un
effacement pur et simple de l'ardoise. Cependant, cette solution ne semble pas
retenir l'attention des principaux créanciers.
Dès lors, l'endettement public reste un problème
économique des plus préoccupants pour une majeure partie des
États du groupe ACP.
I- Les pays ACP et l'OMC :
nécessité d'une adaptation de la convention de Cotonou aux
exigences commerciales internationales.
« La future Convention de Lomé risque
d'être une convention [...], vidée de tout sens, si la
référence incontournable est l'OMC. » Ce constat
dressé par Francis Wurtz lors de l'Assemblée paritaire de Maurice
d'avril 1998 met en évidence les difficultés de conciliation
entre l'aide communautaire et les exigences commerciales internationales.
L'OMC est l'institution internationale qui régit les
aspects commerciaux mondiaux. L'accord de Marrakech « instituant
l'organisation mondiale du commerce » de 1994 succède aux
accords du GATT de 1947 : il s'articule entre la volonté
d'organiser les échanges internationaux autour des objectifs
économiques de plein emploi, l'augmentation des revenus et des niveaux
de vie, et... et des impératifs de la politique libérale qui
visent à la suppression des obstacles aux échanges et aux
législations protectionnistes par le biais des négociations
multilatérales organisées sous forme de cycles appelés
« rounds ». L'OMC est organisée autour du principe
fondamental de non-discrimination, basé sur deux clauses : la
clause dite de la nation la plus favorisée et celle dite de traitement
national.
Cette dernière vise à accorder aux produits ou
services étrangers le bénéfice des mêmes
dispositions107(*). La
« clause de la nation la plus favorisée » signifie
que toute concession tarifaire entre deux États doit également
profiter aux autres États membres de l'OMC dès lors, le
système des préférences généralisées
prévues dans le cadre de Lomé en faveur des États ACP
devrait profiter à l'ensemble des membres de l'OMC.
Ce système consiste pour la Communauté à
accorder aux États ACP l'accès au marché communautaire en
franchise de droits de douane108(*). De plus, elles permettent une aide aux États
ACP, en dépit du niveau hétérogène de leur
développement.
Cependant, ce système, ayant eu des conséquences
favorables sur les économies des États ACP, a été
vivement critiqué par les pays en développement qui ne font pas
partie de ce groupe ACP. Les différents relatifs aux importations de
bananes produites dans les ACP et importées dans la Communauté
européenne sont un des exemples les plus significatifs. En effet,
l'organe de règlement des différends de l'OMC a été
saisi par plusieurs États109(*) dès 1996. Celui-ci devait trancher entre
l'exécution des règles issues de l'OMC et celle émanant de
la Convention de Lomé. Sans remettre en cause la validité de ce
dernier, l'organe de règlement des différends a admis une
dérogation aux règles internationales jusqu'en 2000, délai
après lequel la nouvelle « Convention de
Lomé » doit se mettre en conformité avec ces
dispositions. Dès lors, ces préférences ont vocation
à disparaître sous l'empire de Cotonou. Le poids de
l'inadéquation avec les exigences de l'OMC et la pression qui s'en
découlait étaient donc devenu trop fort : une adaptation
rapide mais progressive est alors devenue impérative. L'article 34, qui
énonce les « objectifs de principes » de la
« coopération économique et commerciale »,
insiste sur le fait que la « coopération économique
et commerciale est mise en oeuvre en parfaite conformité avec les
dispositions de l'accord instituant l'OMC, y compris un traitement
spécial et différencié tenant compte des
intérêts mutuels des parties et de leurs niveaux respectifs de
développement. » Si les partenaires ont maintenu le
système des préférences généralisées,
il n'en reste pas moins qu'ils ont prévu la mise en place de zones de
libre échange, soit interrégionales soit avec l'Union
Européenne, seules formes dérogatoires aux règles de l'OMC
de facto admises. »
II- Le renforcement de la crédibilité
économique des pays ACP
La mondialisation n'est en principe pas une orientation
économique stratégique délibérée des
États ; elle est, au contraire, du moins pour les pays en voie de
développement, une contrainte inhérente aux relations
internationales. Ce phénomène, aujourd'hui au coeur de touts les
débats et controverses sur la scène internationale, consiste
à fusionner les marchés nationaux dans un marché unique,
mondial.
De cette conception extensive, se dégagent deux
concepts : d'une part, la « globalisation » consiste
à créer un marché financier en s'axant autour de trois
mesures : déréglementation110(*), désintermédiation111(*) et décloisonnement
des marchés112(*). D'autre part, il existe ce que l'on pourrait
appeler la « mondialisation stricto sensu » qui vise
à créer un flux sans frontière de marchandises et de
services.
Force est de constater que la fragilité
économique et sociale des ACP constitue à la fois un motif et un
handicap à leur ouverture « directe » à la
concurrence mondiale. Dès lors, la mondialisation non seulement
constitue un enjeu pour les États ACP mais produit également des
effets négatifs. Pour atténuer ces conséquences
néfastes, les pays développés, au premier rang desquels
les États membres par l'intermédiaire de la Communauté
européenne, ont insisté sur les mesures à prendre pour
renforcer l'indispensable compétitivité des États ACP.
A- La mondialisation : quels effets pour quels
enjeux ?
La mondialisation constitue une réalité avec
laquelle il faut désormais composer : fruit de la
libéralisation des économies, ce phénomène se
caractérise principalement par le développement de la
mobilité internationale des ressources grâce à une
concurrence accrue entre entreprises multinationales.
Pour les États ACP, la mondialisation peut avoir, en
théorie du moins, des effets positifs sur leur économie. En
effet, la concurrence qu'elle engendre a pour conséquence de
réduire le coût des denrées : la diminution du prix
des marchandises et des services permet alors aux plus modestes
d'accéder à une alimentation diversifiée (et donc de
réduire la famine et la malnutrition) ou de bénéficier de
soins (et donc de combattre les maladies épidémiques).
De plus, la mondialisation draine l'innovation et le
progrès technique. Les États ACP pourraient ainsi
bénéficier de ces éléments essentiels au maintien
d'une compétitivité sur le marché mondial. Le transfert de
technologies ne se ferait plus entre les seuls pays développés
mais s'effectuerait également du Nord vers le Sud. La
libéralisation économique favorise enfin la circulation des
investissements financiers et permet le démantèlement des
obstacles aux échanges mondiaux.
La mondialisation « idéale », ne
procurant que des avantages pour l'économie des pays en voie de
développement, est toutefois une utopie. En effet, ce
phénomène libéral a un coût pour les États
ACP. « L'économie mondialisée est une lame à
double tranchant qui s'applique aux services, aux biens, aux capitaux mais
d'une façon très inégale aux pays, aux régions et
aux hommes. »113(*)
En effet, ce sont les firmes multinationales de
« nationalité » étrangère, provenant
pour la plupart du temps de pays développés, qui tirent profit de
la spirale de la mondialisation. Ces entités agissent par le biais de
filiales dans les pays en voie de développement.
Pour bénéficier des avantages d'une
mondialisation généralisée, la Communauté
européenne soutient les États ACP afin que ces derniers
deviennent compétitifs sur les marchés mondiaux.
C- Vers une compétitivité des pays
ACP ?
Face au contexte économique international, les
États ACP n'ont pour destin que de s'adapter par le biais d'une
économie intégrée et compétitive. La
compétitivité consiste pour les économies nationales
à être performantes, en termes de part de marché, sur le
marché mondial.
Pour ce faire, le Partenariat ACP-UE organise plusieurs
étapes successives : d'une part, pour ce qui concerne les aspects
financiers, les ACP doivent rediriger les investissements étrangers dans
leur État. En effet, l'investissement permet d'injecter des flux
financiers nouveaux dans les circuits économiques nationaux. En effet,
« idéalement, l'investissement direct international est
générateur à la fois de devises, de productions nouvelles
- donc d'emplois nouveaux - et de transferts de
technologie. »114(*)
Cependant, la stratégie de l'investissement passe par
une analyse en termes de « risques -opportunités »
et « rentabilité-sécurité ». le
contexte politico-économique des PMA, notamment
« l'exiguïté des marchés »,
« le niveau élevé des frais
administratifs », « l'absence d'une intermédiation
financière efficiente résultant de la faiblesse des
systèmes financiers domestiques »115(*), n'incite pas les
investisseurs étrangers du fait des risques trop élevés
pour leurs capitaux et de l'absence de garantie. Toutefois, la faiblesse de ces
investissements porte préjudice à l'essor des économies
des États ACP : en effet, le défaut de capitaux conduit
à fragiliser voire à empêcher tout développement de
l'économie, notamment du secteur privé. La coopération
UE-ACP vise donc idéalement à rediriger les capitaux
étrangers vers les pays du sud en mettant en place un cadre
institutionnel financier fiable et performant.
D'autre part, pour faire face à une mondialisation
« galopante », ces pays en voie de développement
doivent impérativement se doter de structures commerciales les plus
efficaces. Le renforcement des capacités de production des ACP
permettrait directement d'améliorer une compétitivité
actuellement encore partielle. Le Partenariat est donc fondé sur une
étroite coopération commerciale et entend rendre effectif un
cadre complet pour le commerce avec cette région. La diversification de
l'économie des États ACP, une coopération accrue avec
l'Union Européenne et les modifications de perspectives pour les
échanges intra-ACP et internationaux sont autant de voies que la
Convention de Cotonou entend explorer.
Enfin, l'intégration régionale constitue une
étape cruciale pour l'intégration des États ACP dans
l'économie mondiale. En effet, la promotion des échanges entre un
ensemble d'États est un préalable
nécessaire. « Pour l'Afrique, l'importance de
l'intégration régionale tient essentiellement aux
possibilités qu'elle offre pour développer les échanges
commerciaux, mettre en commun des ressources d'investissement, élargir
les marchés locaux et industrialiser rationnellement, en tirant parti de
l'échelle de production rendue possible pour l'élargissement des
débouchés »116(*) ; en d'autres termes, l'ensemble des
États ACP doit adopter une ligne commune non seulement sur le plan
économique et financier mais également en ce qui concerne des
problèmes plus ciblés tels que l'environnement par exemple. Pour
ce faire, la collaboration ne peut être efficace que par
l'intermédiaire d'institutions communes. Ces
« organes » existent déjà mais la plupart
sont dépourvus de l'autorité et des ressources nécessaires
pour permettre une coopération régionale effective entre ces
États.
De nombreux accords commerciaux régionaux ainsi que les
accords d'intégration régionale déjà en vigueur
permettent aux membres du GATT, puis de l'OMC, de déroger à la
règle de non-discrimination : il s'agit d'accorder des
préférences aux partenaires d'un ensemble régional, par
exemple sous la forme d'une zone de libre échange.
Dès lors, l'enjeu pour les ACP est de parvenir à
tirer profit des institutions et organes existants, en rationalisant leur
fonctionnement, afin de développer les échanges et les
investissements et, par conséquent, de stimuler la croissance. C'est un
véritable défi pour le développement que doivent relever
ces États : garantir des échanges intra régionaux et
élaborer une position unie, notamment en matière
macroéconomique, sont autant d'atouts pour relever les défis
importants qui s'imposent à eux.
Cette multitude d'impératifs et d'objectifs qui
supposent une solution rapide et efficace sont difficilement
réalisés par les États ACP. Les résultats
globalement insuffisants ont conduit les partenaires UE et ACP à
s'interroger sur l'efficacité des moyens mis à leur disposition
pour y parvenir. C'est pourquoi, dans la perspective d'une nouvelle
période de coopération, ils se sont entendus pour renforcer ces
moyens dans la nouvelle « convention de Lomé ».
Chapitre 2 : Le renforcement des moyens
utilisés
La redéfinition ambitieuse des objectifs du partenariat
ne peut être réaliste qu'accompagnée d'une adaptation des
moyens. C'est pourquoi, la Convention de Cotonou a, d'une part, repris les
instruments dégagés dans le cadre des accords de Lomé et a
renforcé leurs modalités d'application. En effet, le
résultat décevant des Conventions précédentes a
conduit les partenaires à s'interroger sur l'efficacité des
moyens utilisés : ainsi, s'ils s'accordent sur le fait que
Lomé est un modèle de coopération nord-sud sur le papier,
il est incontestable que sa mise en oeuvre est plutôt un échec. Le
livre vert de novembre 1996 soulignait que « la superposition de
différents instruments répondant à des logiques
différentes pèse sur l'efficacité globale de l'action
communautaire. ». C'est pourquoi, profitant de
l'expérience des accords précédents et tenant compte des
nombreuses critiques érigées contre le partenariat, la
Communauté et les États ACP se sont accordés pour
améliorer les outils définis pendant les 25 années de
coopération. D'autre part, la Convention de Cotonou a également
créé de nouveaux instruments : les partenaires ont
souhaité se doter de l'arsenal juridique et techniques nécessaire
afin de parvenir à réaliser les objectifs qu'ils ont fixés
pour le partenariat.
Le livre vert proposait un changement d'orientation pour le
partenariat futur, évoquant les bienfaits du « passage
à une approche thématique »117(*). L'accord de Cotonou a
donc opté pour une conception en deux temps des relations entre la
Communauté et les États ACP : c'est ainsi que les
partenaires se sont entendus pour délimiter les moyens relatifs à
la stratégie de développement, qui vise à dynamiser les
résultats économiques les États ACP et des moyens relatifs
à la coopération économique et commerciale, permettant une
relation étroite et privilégiée entre les partenaires.
La Convention de Cotonou a mis en place des outils
diversifiés dans le cadre de la stratégie de
développement, afin de parvenir à un développement
économique, social et culturel rapide, durable et effectif des
États ACP et d'éradiquer les problèmes internes tels que
la pauvreté.
La coopération économique et commerciale,
replacée dans un contexte d'échanges internationaux, a
nécessité une simplification et une rationalisation des
instruments.
Section 1 : Les différents outils de
stratégie de développement
La stratégie de développement définit les
objectifs et les moyens afin de parvenir au développement des
États ACP.
Si les outils de la stratégie de développement
sont traditionnellement de nature économique, l'évolution
récente de la conception « philosophique » du
développement a conduit les partenaires à étendre leur
action commune à d'autres facteurs qui, en apparence sont
étrangers au domaine commercial, alors qu'en réalité, ils
exercent une influence déterminante sur la réalisation des
objectifs du Partenariat.
Il convient donc, d'une part, d'envisager l'instrument
privilégié de la stratégie de développement,
à savoir le développement économique pour, d'autre part,
étudier l'extension du Partenariat à d'autres domaines importants
pour le commerce.
I- Le développement
économique
Le Préambule de la Convention reconnaît que
« des politiques économiques saines et durables sont une
condition préalable du développement ». Ainsi,
cette disposition traduit l'esprit de la Convention car le développement
économique est un instrument privilégié de la
stratégie de développement. Le Partenariat s'appuie sur trois
axes principaux regroupés dans le chapitre 2 du titre 1 : il vise,
d'une part, à renforcer le rôle du secteur privé (article
21), d'autre part, à réformer les politiques économiques
internes (article22) et enfin à assurer un
« développement économique
sectoriel » (articles 23 et 24).
A- Rôle du secteur privé
Afin de répondre aux impératifs internationaux,
mais également aux besoins internes, le Partenariat insiste sur la
nécessité de développer le secteur privé en
favorisant notamment l'investissement. En effet, seul ce dernier permet aux
entreprises d'acquérir du capital pour l'intégrer dans le
système de production. Ainsi, « les deux parties
reconnaissent la nécessité de soutenir, dans le cadre
d'initiatives intégrées et cohérentes, le
développement des entreprises dans les pays ACP afin d'améliorer
substantiellement les bases micro et macroéconomiques de la
compétitivité. »118(*)
L'article 21 relatif à
l' « investissement et développement du secteur
privé » procède en quatre temps : il s'agit
à la fois de poser un cadre favorable aux entreprises privées,
d'encadrer les services offerts à ces entités, d'assurer une
assistance technique et financière et, enfin, de porter une attention
particulière aux micro entreprises.
La création d'un
contexte favorable au secteur privé
Le premier paragraphe vise la nécessité de
réformer et de rationaliser le système institutionnel ainsi que
le contexte économique « propice à l'investissement
privé et au développement d'un secteur privé dynamique,
viable et compétitif.»
Pour ce faire, le Partenariat repose sur quatre axes
principaux : il propose, d'une part, « la promotion du
dialogue et de la coopération entre les secteurs public et
privé ». Une relation étroite entre les
différents acteurs économiques au sein d'un État ou d'une
région permet une cohésion d'ensemble de la politique
économique. Renforcer le secteur privé impose donc la
création d'un environnement stable et l'instauration de relations de
confiance avec les acteurs publics.
Force est de constater que le phénomène de
rationalisation et d'optimisation des relations s'est produit non seulement
entre les différents secteurs de l'économie mais également
au niveau intra entreprise : en effet, d'autre part, les partenaires
préconisent « le développement des capacités
de gestion et une culture d'entreprise ». Il s'agit donc de
créer une véritable dynamique interne permettant l'essor des
entreprises ACP.
La coopération s'attache également à
réformer la structure même de ces entités
économiques : « la privatisation et la réforme
des entreprises » sont autant d'alternatives proposées
aux États ACP pour renforcer le secteur et l'initiative privés.
Ces deux catégories de mesures vont dans le sens de l'ajustement
structurel proposé par les institutions internationales. Elles
permettent non seulement, par définition, de réduire
l'interventionnisme de l'État mais également d'augmenter le
nombre d'entreprises en s'appuyant sur une compétitivité
accrue.
Enfin, à titre accessoire, les partenaires entendent
promouvoir les solutions de compromis dans les litiges liés aux
entreprises grâce à un « développement et la
modernisation des mécanismes de médiation et
d'arbitrage ».
2- L'encadrement des
services offerts aux entreprises
Le deuxième paragraphe de l'article 21 met en
évidence la nécessité du soutien accru aux entreprises
privées : la « coopération vise
également à améliorer la qualité, la
disponibilité et l'accès des services financiers et non
financiers offerts aux entreprises privées dans les secteurs formels et
informel [...] ».
Dans cette perspective, la coopération procède
en plusieurs étapes : la première consiste à mettre
à disposition des entreprises ACP une mobilité financière
efficace grâce à une « mobilisation des flux
d'épargne privée, tant domestique qu'étrangère
[...] ». L'injection de capitaux dans l'entreprise permet
à celle-ci soit de développer sa production, soit
d'améliorer son rendement. Ce processus, qui permet d'utiliser
l'épargne privée à des fins d'investissement dans le
secteur privé, ne peut être réalisé que grâce
à l'intervention des États, par l'intermédiaire de leurs
orientations et choix pour la politique économique. L'objectif de ces
démarches est de « développer un secteur financier
moderne ». À cette fin, les États s'attachent
à renforcer les institutions financières et à permettre
des « opérations viables de micro
finance ».
Les deuxième et troisième étapes
proposées par la Convention de Cotonou consistent à
améliorer les institutions et activités qui en découlent,
que ce soit au niveau commercial ou u point de vue technique119(*).
Dès lors, le Partenariat s'attache à mettre en
place un cadre institutionnel opérationnel et performant mais ne
détermine pas concrètement les modalités de l'offre de
services aux entreprises. Les États, en collaboration avec la
Communauté européenne, restent donc libres quant aux moyens
utilisés, tout en étant liés à l'impératif
d'une aide effective pour l'offre de services au secteur privé.
3- L'appui financier et
technique du secteur privé
La Convention de Cotonou, dans le paragraphe 3 de l'article
21, précise l'importance des financements et des aspects techniques dans
la vie des entreprises : la « coopération vise
à promouvoir le développement des entreprise par des
financements, des facilités de garantie et un appui technique pour
encourager et soutenir la création, l'établissement, l'expansion,
la diversification, la réhabilitation, la restructuration, la
modernisation ou la privatisation d'entreprises dynamiques, viables et
compétitives dans tous les secteurs économiques, ainsi que
d'intermédiaires financiers [...] ».
Dès lors, il s'agit à la fois de s'attacher aux
instruments financiers étatiques mis à la disposition des
entreprises pour leur activité et de procéder à un
échange d'informations et de consultation au sujet de leur
activité. Le Partenariat ACP-UE est principalement basé sur une
coopération entre les différents acteurs du secteur privé,
à l'intérieur d'une zone économique donnée.
4- Le nécessaire
soutien aux micro entreprises
Face au cadre général proposé par les
premiers paragraphes de l'article 21, le quatrième paragraphe propose un
soutien accru pour les petites entreprises. Outre l'adaptation des
règles générales aux particularités de ces
entités économiques, le Partenariat s'appuie sur la
définition d'un contexte qui tient compte de leur
spécificité et de leur fragilité. Dès lors, il
revient aux États d'intervenir dans cette perspective, en
définissant « [...] une politique appropriée et un
cadre réglementaire pour leur développement
[...] ». Les micro entreprises nécessitent
également une attention particulière à la fois pour ce qui
concerne les formalités administratives et les modalités
stratégiques : la coopération vise donc à leur
fournir « les services de formation et d'information sur les
meilleures pratiques en matière de micro
financement. » Pour rétablir une
« égalité des chances » sur le marché,
les États, et plus généralement toutes les entités
qui interviennent dans la chaîne économique, se doivent de fournir
à ces petites entreprises les moyens de savoir quelles sont les
alternatives qui se proposent à elles pour optimiser à la fois
leurs placements, leurs rendements et leur compétitivité ;
les entités de taille supérieure sont plus à même
d'obtenir de tels renseignements, notamment en raison du fait qu'elles
disposent, pour la plupart, de conseils juridiques et financiers.
Les politiques
macro-économiques et structurelles
Afin de satisfaire les objectifs économiques ambitieux
qu'il s'est fixé, le Partenariat ne pouvait agir sans se doter de
« lignes de conduite » communes aux États ACP en
matière de politique macroéconomique, élément
clé de la politique économique dans son ensemble.120(*)
L'article 22 de la Convention de Cotonou est consacré
aux « réformes et politiques macroéconomiques et
structurelles » et se présente sous forme de deux paragraphes
distincts, l'un fixant les objectifs précis à atteindre en la
matière, l'autre abordant le problème des principes à
suivre.
Objectifs et
perspectives
Pour parvenir à un développement
économique durable dans le but d'une intégration des ACP dans
l'économie mondiale et de l'éradication de la pauvreté,
les partenaires ont dégagé deux axes principaux. Le premier
concerne les éléments macroéconomiques et consiste
à rétablir la croissance grâce à une rigueur
financière, monétaire et budgétaire. Il convient donc de
procéder à « une stabilisation et une croissance
macroéconomique par le biais de politiques fiscales et monétaires
disciplinées [...] ». Les États ACP doivent donc
s'attacher à équilibrer l'économie nationale. D'un point
de vue interne, il s'agit de réduire l'inflation et de contenir tous les
facteurs économiques négatifs. Au plan externe, les États
doivent procéder à une diminution de la dépendance
financière et commerciale à l'égard des États
tiers.
Dès lors, la coopération impose une gestion et
des actions économiques dans les domaines budgétaire et fiscal
permettant des répercutions positives sur l'économie dans son
ensemble. Les États ACP agissent dans cette perspective
« en renforçant la discipline fiscale, en
améliorant la transparence et l'efficacité budgétaires, en
améliorant la qualité, l'équité et la composition
de la politique budgétaire. » Les partenaires
s'entendent donc pour rationaliser ces politiques mais n'en définissent
pas collectivement les modalités concrètes de leur mise en
oeuvre : seuls les États ACP sont compétents pour prendre
les mesures qui leur semblent les plus appropriées et les plus
efficaces.
Si le premier aspect s'attache aux enjeux financiers, le
second, en revanche, concerne les acteurs et le contexte économique dans
son ensemble. Cet objectif du premier paragraphe de l'article 22 vise la
politique structurelle : en effet, les politiques ayant des effets
à long terme doivent permettre de garantir un environnement favorable au
développement économique des États. Ceux-ci doivent
s'attacher à la fois à « [...] renforcer le
rôle des différents acteurs [...] », « [...]
améliorer l'environnement pour augmenter le volume des affaires et
promouvoir l'investissement et l'emploi [...] » mais
également à rationaliser les marchés des produits et
services, financiers et du travail en mettant en oeuvre des réformes et
alternatives. Dès lors, il s'agit pour les États ACP de refondre
le cadre de leurs politiques structurelles pour garantir la
libéralisation efficace des marchés. L'ensemble de ces
changements doit intervenir non seulement au niveau étatique mais
également au niveau régional.
Les principes
« de base » des politiques macroéconomiques et
structurelles
Face aux enjeux du premier paragraphe, les partenaires ont
dégagé dans la seconde partie de l'article 22 des grands
principes sine qua non de la coopération qui doivent gouverner
les changements et réorientations à opérer pour les
politiques macroéconomiques et structurelles. Ainsi, les
« lignes de conduite » ne représentent que des
orientations générales : les États restent libres de
la manière et des moyens à mettre en oeuvre pour les
réaliser. La subsidiarité s'applique donc, les problèmes
devant être identifiés et résolus par des réformes
concrètes au niveau le plus approprié pour trouver les solutions
les plus efficaces. En l'espèce, il paraît évident que
l'État est le seul compétent pour parvenir à un tel
résultat, avec l'aide néanmoins des entités locales et
décentralisées. L'État garde donc, du moins sur le papier,
nombre de ses prérogatives en matière économique : il
reste compétent pour « déterminer l'orientation et
l'ordonnancement de leurs stratégies et priorités de
développement [...] ».
Le Partenariat insiste également sur la
« souplesse » des « programmes
d'appui » en ce qu'ils imposent des réformes qui, dans
leur contenu et leur fréquence, sont adaptées aux
particularités économiques, « sociales, culturelles
et environnementales » du pays concerné. De plus, il est
impératif que les « [...] politiques
macroéconomiques et les programmes d'ajustement structurel
reflètent le contexte sociopolitique et la capacité
institutionnelle des pays concernés [...]». Cependant, il
convient de rappeler que les programmes d'ajustement structurel notamment,
tiennent compte de cet ensemble de facteurs mais d'une manière
très relative. Le cadre économique imposé par le
système international est strict, rigide et pose de nombreuses
contraintes dont les conséquences sont souvent néfastes sur les
pays fragilisés par des facteurs endogènes et exogènes.
En pratique, les États concernés sont dessaisis
de leurs compétences en matière de politique économique
car leur contenu et leurs orientations sont prédéterminées
par le contexte international et influencés par le libéralisme
mondial.
Les quatre premiers principes déterminent donc à
la fois le rôle de l'État mais également les
paramètres qui doivent être pris en compte pour la
définition de ces politiques. Le cinquième principe concerne
logiquement la nécessité de la connaissance de ces politiques par
les populations concernées : « les mécanismes
de communication et d'information des populations sur les réformes et
politiques économiques et sociales sont
renforcés ». Il paraît en effet nécessaire
et urgent d'expliquer et de communiquer avec les principaux concernés
par ces réformes économiques. Cependant, dans la plupart des
États ACP, la précarité des réseaux de
communication conjuguée à une géographie difficile et
à un analphabétisme importants compromettent quelque peu ces
échanges. C'est donc sur cet ensemble d'éléments que les
États doivent agir afin de rendre accessible à tous les
renseignements relatifs aux réformes économiques
opérées dans leur pays.
L'approche en termes de « développement
économique sectoriel » : une nécessité
Afin de parfaire le cadre général proposé
par les articles précédents pour parvenir au développement
économique des ACP, les partenaires ont insisté sur l'importance
de l'approche sectorielle. L'article 23 de la Convention de Cotonou relatif au
« développement économique sectoriel »
précise les domaines dans lesquels les États ACP doivent
impérativement intervenir : ainsi, les secteurs de la formation, de
l'agriculture, de la technologie, de l'industrie, de l'énergie, du
commerce et de la science sont autant de branches dans lesquelles
« la coopération appuie les réformes politiques et
institutionnelles durables et les investissements nécessaires à
l'accès équitable aux activités économiques et aux
ressources productives »121(*).
Il convient, non pas de préciser de manière
exhaustive les mesures que le Partenariat entend soutenir, mais de s'attacher
à deux domaines principaux de ce développement économique
et sectoriel : l'agriculture et le tourisme.
1- L'agriculture :
les mesures de soutien
L'agriculture est bien souvent un secteur de l'économie
prédominant dans les États ACP. Cependant, la répartition
des terres est traditionnellement inégale, avec la présence de
grands producteurs à côté de petits exploitants. Les
problèmes en matière d'agriculture sont nombreux, la Convention
de Cotonou n'en retenant que les principaux. L'article 23 propose des actions
en matière de propriété et d'exploitation,
d' « élaboration de stratégies
rurales » et de « stratégies de production
agricole ».
D'une part, la propriété est une source de
conflits récurrente dans des pays en voie de développement, dans
lesquels ce droit est difficilement respecté en raison d'une mauvaise
gestion des espaces opérée par l'État et d'une
pauvreté manifeste ne permettant pas aux exploitants modestes
d'acquérir des terres. La Communauté européenne entend
donc appuyer les réformes politiques permettant un accès
équitable au capital, que ce soit sous forme pécuniaire, par le
biais d'une « facilité » de crédits ou
« en nature », grâce à la
« démocratisation de l'accès à la terre. Le
respect du droit de propriété est un droit reconnu par de
nombreuses conventions internationales visant à protéger les
droits de l'Homme que les États ACP s'attachent à
respecter122(*).
D'autre part, les États doivent élaborer des
stratégies afin de garantir un développement rural et agricole.
L'exode rural et l'abandon des métiers agricoles au profit de ceux des
services ou de l'industrie peuvent paraître pour certaines populations
une alternative à la pauvreté. En effet, il semble admis que ce
phénomène touche de plus en plus durement les ruraux123(*). Dès lors, afin de
réduire cet abandon des zones rurales au profit des villes, les
États partenaires doivent s'employer à mettre en oeuvre des plans
permettant à la fois de protéger les ressources naturelles et de
permettre une administration sur le terrain, décentralisée,
permettant une plus grande autonomie et laissant place à une initiative
accrue dans les différentes régions, intra étatiques.
La gestion du « capital naturel » est
incontestablement une donnée centrale pour éviter un tel flux. En
effet, protéger les richesses naturelles permet de garantir la
durabilité et la régénération de ces ressources.
Dès lors, la production non intensive pourra permettre aux agriculteurs
une source de revenus ou d'alimentation sur une période à long
terme. Dans cette perspective, les politiques agricoles doivent respecter
certaines « lignes de conduite » notamment en
matière de pêche. Il s'agit également de développer
la « [...] production agricole, les politiques nationales et
régionales de sécurité alimentaire, la gestion des
ressources en eau et le développement de la pêche
[...] ». En d'autres termes, les États ACP doivent
assurer une productivité et une rentabilité de l'agriculture
locale en garantissant également une sécurité des
produits124(*) et une
préservation du patrimoine culturel.
2- Tourisme : un
facteur non négligeable dans la lutte contre la
pauvreté
Le tourisme est également un des secteurs
générateurs de richesses pour les États ACP. En effet,
pour la plupart125(*),
le tourisme permet aux populations autochtones de survivre. Dès lors,
l'objectif n'est plus seulement un appui à ce domaine mais consiste
à instaurer un « développement durable de
l'industrie du tourisme en reconnaissant son importance croissante pour le
renforcement du secteur des services dans les pays ACP et l'expansion du
commerce mondial de ces pays, sa capacité à stimuler d'autres
secteurs d'activité économique et le rôle qu'elle peut
jouer dans l'éradication de la pauvreté »126(*). Il convient de
souligner que si l'article 23 rappelle d'intervenir dans cette matière,
l'article 24, quant à lui, est exclusivement consacré au tourisme
et en précise à la fois les objectifs et les modalités
d'approche. Ainsi, les partenaires s'emploient à collaborer pour mettre
en place une véritable politique du tourisme, offrant toutes les
garanties de sécurité non seulement aux étrangers mais
également et surtout aux entreprises nationales de ce secteur ainsi
qu'aux « [...] cultures indigènes dans les pays ACP
[...] ». Par conséquent, les interventions
étatiques permettant de développer ce secteur par
l'intermédiaire d'investissements ou de
« développement des produits » est
encouragée
II- Les autres facteurs de
développement
L'essor du commerce ne concerne pas le seul domaine
économique. D'autres facteurs ont été pris en
considération car ils y sont intrinsèquement liés :
ainsi, les aspects humains, régionaux et environnementaux sont
abordés par la Convention. Il convient donc, d'une part, d'aborder le
facteur humain et social, dans un deuxième temps, les modalités
de la coopération régionale et enfin la place de
l'environnement.
A- Le facteur humain et social
Cet aspect est abordé dans la section 2 relative au
« développement humain et social »
comprenant les articles 25 à 27 relatifs respectivement au
« développement social et sectoriel», aux
« questions liées à la jeunesse » et
« au développement culturel ».
Le développement
social sectoriel
L'article 25 entend axer la coopération autour de
quatre axes principaux : l'éducation, la santé, les
questions liées au logement et le dialogue social. Cette disposition
énonce les objectifs à atteindre dans ces domaines.
« La coopération appuie les efforts des États ACP
dans l'élaboration de politiques et de réformes
générales et sectorielles qui améliorent la couverture, la
qualité et l'accès aux infrastructures et services sociaux de
base, et prend en compte les besoins locaux et les demandes spécifiques
des groupes les plus vulnérables et des plus défavorisés,
tout en réduisant les inégalités dans l'accès
à ces services »127(*). Au delà des objectifs de
résultat que se fixe la Convention, notamment l'éradication des
maladies transmissibles et épidémiques, ce sont de
véritables orientations de politique sociale et sanitaire qui sont
données aux États ACP. Cette tendance du paragraphe 1 de
l'article 25 est confirmée par les paragraphes 2 et 3 : le premier
fait la promotion du nécessaire accompagnement et
« développement des capacités dans les secteurs
sociaux », alors que le second insiste sur la nécessité
de la solidarité qui s'exprime notamment par la mise en place
« de systèmes de protection et de sécurité
sociales ».
Pour ce faire, les partenaires portent une attention
particulière aux « [...] programmes de formation à
la conception des politiques sociales et aux techniques modernes de gestion des
projets et programmes sociaux, les politiques favorables à l'innovation
technologique, à la recherche, la constitution d'une expertise locale et
la promotion de partenariats, l'organisation de tables rondes au niveau
national et/ou régional. » Il s'agit donc
d'édifier une politique sociale équilibrée, ouverte au
dialogue entre les partenaires sociaux. Dans la perspective de créer ou
de renforcer une véritable « cohésion
sociale », les partenaires se sont attachés à
encourager les États ACP à mettre en place un système de
sécurité sociale basé sur l' « auto
assistance» et sur la « solidarité
économique ».
Les aspects
spécifiques liés à la jeunesse
L'article 26 relatif à la jeunesse pose le principe
d'une protection efficace envers cette catégorie fragile de la
population. L'objectif de cette disposition consiste dans la valorisation du
« potentiel de la jeunesse, de manière à ce que les
jeunes gens soient mieux intégrés dans la société
et puissent montrer toute l'étendue de leurs
capacités ».
D'une part, il s'agit de « protéger les
droits des enfants et des jeunes, notamment des filles »128(*). Cette disposition est
fondée sur la nécessité de combattre le travail des
enfants et le tourisme sexuel. Sur ce dernier point, les institutions
communautaires ont expressément pris position pour une lutte efficace
contre l'exploitation sexuelle des enfants, au travers de divers
textes.129(*)
Sur le premier point, les partenaires entendent trouver une
solution juste qui permettrait de protéger les mineurs contre une
exploitation abusive de leur potentiel sans que les familles, qui bien souvent
n'ont que cette seule source de revenus, ne soient pas totalement
démunies de ressources. Néanmoins, « la
pauvreté n'excuse pas tout »130(*). Il conviendrait, par exemple, d'employer
à la place de l'enfant un des parents au chômage. La
Communauté européenne par le biais de la coopération mais
également les instances internationales telle que l'organisation
internationale du travail s'emploient à éradiquer ce
phénomène en renforçant les systèmes
éducatifs des ACP et en informant les familles concernées. Ainsi,
« l'OIT lutte contre les formes de travail qui privent l'enfant
de son droit à l'enfance »131(*).
Outre le fait que l'enfance est considérée comme
une période privilégiée pour l'éducation et la
construction nécessaire pour passer à l'âge adulte, le
travail des mineurs est également condamnable pour les dérives et
sévices qui en découlent. En effet, le travail dans les pays en
voie de développement engendre des maltraitances (travail dans des
conditions très défavorables, punitions, etc.). Les mêmes
conséquences découlent de l'exploitation et du tourisme sexuels.
C'est pour lutter contre ces conséquences en cascade désastreuses
pour la jeunesse des États ACP, et plus généralement des
PVD, que la Communauté européenne entend agir par le biais de la
coopération. La protection des jeunes filles s'avère
également nécessaire car la situation de la femme dans certaines
civilisations tribales est nettement défavorable.
D'autre part, le deuxième paragraphe de l'article 26
entend « valoriser les compétences, l'énergie, le
sens de l'innovation et le potentiel de la jeunesse afin de renforcer leurs
opportunités dans les domaines économique, social et culturel et
d'élargir leurs possibilités d'emploi dans le secteur
productif ». Il s'agit donc de soutenir l'initiative des jeunes
en les aidant dans les démarches et dans les projets qu'ils entendent
réaliser. Le troisième paragraphe s'attache à consacrer
l'épanouissement des enfants par le biais d'activités culturelles
et sportives. Ainsi, par l'intermédiaire d'associations ou
d' « organismes émanant des communautés locales
», les enfants peuvent « [...] développer leur potentiel
physique, psychologique et socio-économique [...] ».
Ainsi, l'accomplissement des enfants par l'éducation,
la formation et les activités extra-scolaires prévalent donc sur
toutes les formes d'exploitation auxquelles les pays en voie de
développement procèdent actuellement. Le développement
économique, humain et social passe par une rupture avec le modèle
en vigueur et nécessite non seulement de rendre le travail décent
mais également de n'employer que des hommes et femmes en âge de
travailler, en tenant compte de leurs fragilités et en les
protégeant efficacement des risques inhérents à l'emploi
en question.
La protection de l'enfance est d'autant plus nécessaire
dans les États ACP ; en effet, ces pays en voie de
développement connaissent pour la plupart des situations
difficiles : pauvreté, exclusion mais également conflits
armés, et.... Ainsi, la fragilité des mineurs est d'autant plus
grande que les risques auxquels ils sont soumis sont nombreux et
dangereux. Le quatrième paragraphe de l'article 26 entend
« réintégrer les enfants dans la
société dans le cadre de situations post-conflit, par le biais de
programmes de réhabilitation ». Les nombreux orphelins de
guerre, mais également pour cause de maladies132(*), se trouvent
fragilisés et seuls pour survivre. Il convient donc pour les
États de prendre de nombreuses dispositions afin de garantir la
sécurité et une vie saine, épanouie, avec un libre
accès à l'éducation et aux services de santé.
1- La protection de la
culture
La richesse et la diversité des cultures et coutumes
dans les États ACP ont conduit les partenaires à insister sur
l'importance du « développement culturel »
et de sa place au sein de la coopération. Ainsi, l'article 27 de la
Convention de Cotonou propose une approche basée sur quatre
points : elle consiste à « intégrer la
dimension culturelle à tous les niveaux de la coopération au
développement », « reconnaître,
préserver et promouvoir les valeurs et identités culturelles pour
favoriser le dialogue interculturel »,
« reconnaître, sauvegarder et valoriser le patrimoine
culturel, appuyer le développement des capacités dans ce secteur,
et [...] développer les industries culturelles et
améliorer les possibilités d'accès au marché pour
les biens et services culturels. »
Le Partenariat entend donc porter une attention
particulière à la dimension culturelle afin à la fois de
tenir compte des particularités régionales ou ethniques et
d'instaurer un dialogue, de permettre des échanges ainsi qu'une
compréhension entre les États parties à la Convention. En
effet, « la culture englobe l'ensemble des valeurs, des modes de
pensée et de comportement qui structurent de manière plus ou
moins visible une société »133(*).
Au niveau intra étatique, la culture peut être un
facteur de développement du fait de sa dimension
économique : créatrice d'emploi, génératrice
d'investissements, la culture doit être exploitée par les
États ACP comme alternative à une économie traditionnelle.
Elle permet également la préservation d'un
patrimoine culturel riche et son expansion par le biais de l'encouragement de
la créativité des artistes. Le soutien à la culture permet
aux États ACP d'affirmer leur identité culturelle propre mais
également de promouvoir les échanges interculturels au sein de la
zone ACP.
B- Les modalités de la coopération
régionale
Les articles 28, 29 et 30 sont consacrés à la
« coopération et intégration
régionales ». Ces deux éléments doivent
permettre d'intégrer les États ACP dans l'économie
mondiale en permettant une « [...] libre circulation des
populations, des biens, des services, des capitaux, de la main d'oeuvre et de
la technologie entre les pays ACP », en partageant un
savoir-faire et en coordonnant « [...] les politiques
régionales et sous-régionales de coopération
[...] ». Le renforcement des liens entre certains États
du groupe ACP permettrait une cohésion d'ensemble et renforcerait la
crédibilité et la compétitivité de ces pays en
développement.
Dès lors, certains États ACP créent des
liens entre eux, soit sous la forme de l'intégration économique
régionale soit sous forme d'une simple coopération.
Les modalités de
l' « intégration économique
régionale »
Les zones d'intégration économique
régionale sont une des alternatives proposées par la Convention
de Cotonou pour résoudre les conflits entre les règles de l'OMC
et celles régissant la coopération ACP -UE. En effet, permettant
d'établir des politiques communes et des actions « de
concert » entre les États membres de cette entité,
cette zone d'intégration économique régionale est une des
rares formes, acceptée par l'OMC, de mise à l'écart de la
règle de la nation la plus favorisée.
Cette forme d'intégration régionale permet
d'instaurer un cadre institutionnel permettant non seulement d'agir sur
différents secteurs économiques mais également de
dégager certains principes communs, laissant aux les États ACP le
choix des modalités de leur mise en oeuvre. L'article 29 de la
Convention de Cotonou se contente de rappeler les grands axes d'une
intégration générale. Il s'agit à la fois de
« développer et renforcer les capacités
[...] » en créant des institutions régionales
propres et en permettant aux États membres de cette entité de
participer activement aux activités.
La création de telles zones d'intégration
économique régionale rappelle l'instauration d'une
Communauté économique en Europe. En effet, ces deux
« structures » sont très voisines et ont la
perspective d'un renforcement économique d'un espace géographique
déterminé. En définissant des « politiques
de réforme sectorielle » en mettant en place un
marché régional compétitif et ouvert à tous les
pays membres de cette zone, en libéralisant les marchandises, services
et paiements, il semble évident que cette intégration
économique ne peut qu'aller dans le sens du développement des
États ACP qui en sont membres, notamment les moins avancés.
Les modalités de
« coopération régionale »
La coopération régionale est une forme
intermédiaire entre l'intégration et l'individualisme de chaque
État. Elle consiste à la fois à élaborer des
politiques, ou tout du moins des orientations communes, dans les domaines
clés de l'économie de l'économie ou du social : par
exemple, les politiques de transport et de communication ou celles relatives
à la santé.
Elle permet également aux États qui en sont
membres de se consulter sur des problèmes sensibles et transfrontaliers,
notamment en matière de criminalité internationale.
Il s'agit donc de permettre aux ACP de garantir une
cohérence des actions menées par le biais de la concertation. Une
telle entreprise ne peut être efficace que par l'instauration d'un
dialogue permanent et qui permet à ces États de trouver des
solutions collectives à des problèmes récurrents, tels que
par exemple les conflits armés, là où les idées
individuelles n'ont pu aboutir.
Il convient toutefois de préciser que ces zones de
coopération régionale sont difficiles à réaliser en
raison de leur caractère intergouvernemental et de la
nécessité qui en découle d'un consensus. La collaboration
entre États voisins, parfois en conflits, est une tache ardue mais pas
impossible à réaliser : elle est une des conditions de
l'intégration réussie de ces États dans l'économie
mondiale.
C- La protection de l'environnement
L'article 32 de la Convention est consacré à
l' « environnement et ressources naturelles». Le rôle
de l'environnement dans la lutte contre la pauvreté et dans le
développement économique durable des pays en voie de
développement n'est plus à démontrer. Cette disposition
précise les principes de base d'une politique de l'environnement saine
dans les États ACP. Il s'agit donc non seulement de soutenir les actions
concrètes en faveur de la protection de la nature, qui est selon une
expression traditionnelle « la plus grande richesse » de
ces pays, et de « [...] créer ou renforcer les
capacités de gestion environnementale, scientifiques et techniques,
humaines et institutionnelles, pour tous les acteurs ayant un rôle
à jouer dans la protection de l'environnement ».
Les actions dans ces domaines comprennent à la fois la
préservation des ressources naturelles et la lutte contre la
dégradation, notamment du fait de la présence de déchets
dangereux.
La préservation de l'environnement dans les
États ACP est toutefois une entreprise délicate. En effet, les
bouleversements climatiques, la sécheresse et désertification
sont des problèmes communs à cette zone géographique et
fragilisent les entreprises étatiques et privées. L'aide de
la Communauté européenne en la matière est
précieuse : en effet, celle-ci envoie régulièrement
des experts dans les zones sensibles afin de protéger des espèces
animales ou végétales en voie de disparition.
Section 2 : Pour une simplification des moyens de
coopération
Si le développement des pays ACP est un enjeu du
Partenariat, il n'en reste pas moins que ce dernier organise également
les relations entre l'Union Européenne et le Groupe ACP. En effet, il
paraît utile d'organiser un cadre commercial privilégié
entre ces deux régions, notamment dans la perspective de la
création d'une zone de libre échange.
Ainsi, les coopérations économique et
commerciale s'organise autour de trois volets : d'une part, il s'agit de
mettre en oeuvre des accords de partenariat économique, un aspect
commercial innovateur de la Convention de Cotonou ; d'autre part, les pays
ACP doivent jouer un rôle accru sur la scène internationale.
Enfin, le partenariat axe la coopération autour des services de
commerce.
I- Les accords de partenariat
économique134(*)
Les accords de partenariat économique sont régis
par le chapitre 2 du titre 2 relatif à la coopération
économique et commerciale. L'article 36 relatif aux modalités
rappelle la nécessité et les fondements de la conclusion de tels
accords. Ainsi, « les parties conviennent de conclure les
nouveaux accords commerciaux compatibles avec les règles de l'OMC, en
supprimant progressivement les entraves aux échanges entre elles et en
renforçant la coopération avec tous les domaines en rapport avec
le commerce ».
L'enjeu à moyen terme est de
régénérer une économie en difficulté et de
renforcer les zones d'intégration ou de coopération
régionales. L'objectif de ces accords est de parvenir à terme
à établir des zones de libre échange intra
régionales ainsi qu'avec la Communauté européenne.
Dans un souci d'efficacité et de réalisme, les
parties à l'accord se sont accordées pour étaler les
négociations de ces accords sur une période comprise entre
septembre 2002 et fin 2007, ce enfin que ces nouvelles modalités
commerciales entrent en vigueur dès le début 2008.
Le 9 avril 2002, la Commission a mis en place une
« stratégie de négociation des Accords de
Partenariat économique ». Cette phase préparatoire
est indispensable car un changement brutal des modalités de
coopération UE-ACP aurait pu produire des effets récessifs sur
les économies ACP en raison d'un contexte défavorable. Il s'agit
notamment l'intégration et la coopération régionale qui ne
sont que partiellement réalisées aurait eu pour
conséquence non seulement que les Etats ACP ne sont pas prêts
économiquement mais également qu'il manque une cohérence
du groupe sans laquelle des négociations commerciales ne peuvent
être menées efficacement.
Pendant la période 2008-2020, les APE entreront en
vigueur et permettront lors du renouvellement du Partenariat de mettre en place
une zone de libre échange ACP-UE. Il convient de relever que cette
disposition précise que les APE ne servent pas à seulement
établir des relations économiques actuelles mais visent
également à éliminer progressivement les obstacles aux
échanges entre les partenaires, tout en tenant compte « [...]
du niveau de développement et de l'incidence socio-économique
des mesures commerciales sur les pays ACP, et de leur capacité à
s'adapter et à ajuster leurs économies au processus de
libéralisation ».
II- Pour une coopération renforcée
entre pays développés et les Etats ACP
Le chapitre 3 du second titre de a troisième partie
relatif à la « coopération dans les instances
internationales » est composé de deux articles, l'un relatif
aux « dispositions générales »,
l'autre relatif aux « produits de base ». Il
convient donc d'aborder successivement le modèle de participation au
sein des instances internationales par les Etats ACP puis la politique de
coopération relative aux produits de base.
1- Rôle des pays ACP
au sein des instances internationales
La Convention de Cotonou, en son article 39, propose un cadre
succinct pour la représentation des pays ACP dans les instances
internationales. Le partenariat entend donc insister sur la dimension
essentielle de la participation et du respect des règles de l'OMC pour
parvenir au développement de leur économie. Ainsi,
« les parties reconnaissent l'importance de leur participation
active à l'OMC ainsi qu'à d'autres organisations internationales
compétentes [...] »135(*). Le partenariat prend donc position pour une
intégration institutionnelle facilitant une intégration
commerciale internationale.
Dès lors, les Etats ACP se doivent d'adhérer
à des instances internationales mais également de participer
activement en collaboration avec la Communauté :
« elles conviennent de coopérer étroitement
à l'identification et à la promotion de leurs
intérêts communs dans le cadre de la coopération
économique et commerciale internationales
[...] »136(*). La communauté souhaite donc une
cohésion et une mobilisation des Etats ACP pour les
échéances internationales à venir, notamment les nouvelles
négociations commerciales de l'OMC lancée à Doha en
2001.
Ainsi, les partenaires entendent faire front commun pour
défendre leurs positions communes et adapter les règles
internationales afin de tenir compte «du niveau de
développement des Etats ACP ainsi que des difficultés qu'ils
éprouvent pour se renforcer à leurs
obligations »137(*).
C'est donc une trame générale pour la
« coopération dans les enceintes internationales »
qui est définie dans cet article et la volonté d'une prise de
conscience à la fois des Etats ACP de leur potentiel international et de
l'importance d'une participation cohérente et unie et de la
Communauté internationale pour ce qui concerne le poids et la
fragilité de ces pays en développement.
2- La
« politique » sur les produits de base
Régie par l'article 40 de la Convention de Cotonou,
cette « politique sur les produits de base » a pour
objectif non seulement d'assurer aux produits ACP un débouché
mais également de permettre aux Etats membres de la Communauté de
s'approvisionner en produits essentiels. En effet, c'est ce type de
marchandises qui fait principalement l'objet des flux d'importations des pays
en développement.
Dans le cadre de la coopération dans les instances
internationales, la Partenariat rappelle les enjeux des
négociations : il s'agit « [...] d'assurer un
meilleur fonctionnement des marchés internationaux des produits de base
et d'en accroître la transparence »
A cette fin, les Etats ACP sont représentés au
sein des institutions internationales compétentes mais doivent pouvoir
intervenir et être entendus. La coopération UE-ACP met donc en
place un système d'écoute permettant à l'une des parties
de procéder « [...] des échanges de vue
[...] » relatifs soit au système actuel soit au sujet
d'éventuelles modifications, dans le but de satisfaire chacun des
intérêt en présence.
La Convention de Cotonou s'emploie donc à dresser les
grandes lignes de la coopération internationale en rappelant les
règles du « bon membre d'une organisation
internationale ». Si la Communauté européenne appuie
les Etats ACP dans le cadre des produits de base ou de l'accès aux
médicaments génériques138(*), elle ne règle en revanche pas le
problème de la représentation effective des Etats ACP au sein du
système international.
III- La coopération dans le cadre du commerce
des services
Les chapitres 4 et 5 du titre 2 sont respectivement
consacrés aux services et au commerce. Il convient donc d'aborder
successivement ces deux domaines afin d'apprécier la manière dont
les partenaires entendent les encadrer.
A- L'encadrement du commerce des services
Intégrés depuis 1994 dans les règles du
GATT, les services sont devenus aujourd'hui un domaine important des
échanges internationaux. L'article 41 précise
« [...] l'importance croissante des services dans le
commerce international et leur contribution déterminante au
développement économique et social [...] ».
Afin de permettre aux Etats ACP de bénéficier de
tels avantages, les partenaires ont, d'une part, rappelé leurs
engagements internationaux inhérents aux règles de l'OMC et
d'autre part, maintenu leur engagement mutuel de soutien et de
coopération. Dès lors, la Communauté soutient les
initiatives ACP dans ce domaine dans le but de « [...] de
renforcer leurs capacités de prestation de service ».
Les articles 42 et 43 s'attache à définir les
grandes orientations dans deux domaines particuliers et importants pour le
commerce : les transports maritimes et les technologies de l'information
et des communications.
Pour ce qui concerne les transports, il s'agit de
libéraliser ce secteur afin de pouvoir accéder librement au
marché international. La règle du traitement national, qui
consiste à faire bénéficier les partenaires des avantages
accordés aux nationaux, est en l'espèce applicable pour tout ce
qui concerne l'accès aux structures et infrastructures. De plus, la
coopération vise à promouvoir à fois la rentabilité
du secteur et ses performances ainsi que le respect de l'environnement.
Les nouvelles technologies sont également visées
par la Convention : la carence des ACP dans ce domaine est
préjudiciable car elle réduit l'accès à un service
porteur. En effet, l'article 43 précise qu'il s'agit `une sine qua
non de l'intégration de ces Etats dans l'économie mondiale.
Outre le rappel des règles de l'OMC, les parties s'engagent à
adopter des programmes développant ce secteur technologique et
permettant un libre accès pour toute la population.
De plus, il s'agit également « [...]
d'assurer une complémentarité et une harmonisation plus
poussées des systèmes de communications, aux niveaux national,
régional et international et leur adaptation aux nouvelles
technologies »
B- Les modalités relatives au commerce de
marchandises
Pour satisfaire les objectifs du Partenariat, les parties ne
pouvaient éluder les problèmes relatifs aux nouveaux domaines
liés au commerce.
Les dispositions en ce domaine sont inspirées des
politiques communautaires. Elles visent à la fois à mettre en
place une politique de concurrence, tout en maintenant l'approche
différenciée, une protection efficace de la
propriété intellectuelle et une politique de
sécurité des produits, notamment par le biais de
procédures communes et uniformisées de normalisation et de
certification des produits, ainsi que par des mesures sanitaires et
phytosanitaires permettant la protection de la santé humaine, animale et
végétale. Ces mesures permettent des échanges entre les
parties plus faciles et plus sûrs, évitant ainsi les
hypothèses d'entraves fondées sur ce motif. La protection des
consommateurs est donc un enjeu fondamental pour les relations UE-ACP :
des mécanismes de consultation entre les partenaires ainsi que des
procédures d'alerte en cas de danger sont disponibles. Les
impératifs de sécurités alimentaires sont mis en place
dans le cadre du Partenariat.
Dans le cadre de la convention de Cotonou, les partenaires ont
optimisé les moyens mis au service d'objectifs redéfinis et
simplifiés. En effet, les outils ainsi que les ambitions de la
coopération étaient jugés complexes et trop diffus. Le
nouvel Accord de Partenariat a donc opté pour une approche
différente tout en maintenant la volonté de parvenir au
développement économique des Etats ACP.
Le développement économique est un objectif
ambitieux et fondamental de la coopération ACP-UE. Cependant, pour
parvenir à sa réalisation effective, les partenaires ont admis,
depuis plus d'une dizaine d'années, que les remèdes
économiques, humains et sociaux ne suffissent pas. En effet,
Parallèlement à la lutte contre la pauvreté placée
au coeur de sa stratégie, le nouvel Accord de Cotonou associe
étroitement le dialogue politique et l'aide au développement,
assure la participation de la société civile et des acteurs
économiques dans le processus de développement, et introduit une
profonde réforme du système financier. Dès lors, la
Communauté européenne a imposé des traits politiques
communs, considérés comme indispensables à la lutte contre
la pauvreté : la bonne gouvernance.
Partie 2 : La dimension politique de l'accord :
l'exigence de « bonne gouvernance »
La dimension politique de la coopération ACP-UE, bien
que sous-jacente depuis l'origine, s'est renforcée et
« officialisée » dans le texte de la Convention de
Lomé IV. En effet, il était devenu nécessaire, pour
réaliser les objectifs du Partenariat, de définir des lignes
directrices institutionnelles communes aux États ACP. Ces aspects, dits
« politiques », se sont matérialisés dans le
cadre des relations extérieures, parallèlement à
l'évolution opérée à l'intérieur même
de la Communauté européenne, dans un concepts unique : la
« bonne gouvernance »139(*).
Ce principe, dans la perspective des relations ACP - UE,
« [...] englobe les traditions et les institutions à
travers lesquelles s'exerce l'autorité dans un pays et
notamment :
1. le processus par lequel les gouvernants sont choisis,
rendus responsables, contrôlés et remplacés ;
2. la capacité des gouvernants à
gérer efficacement les ressources, à formuler et appliquer de
saines politiques et réglementations ;
3. le respect des citoyens et de l'État pour les
institutions régissant leurs interactions économiques et
sociales »140(*).
Il s'agit donc de définir un canevas aux États
ACP afin que chacune des entités intéressées tende vers un
idéal démocratique. En effet, si l'État est le sujet de
droit principalement visé par cette notion, il n'en demeure pas moins
qu'il n'est pas le seul concerné : ainsi, aux relations verticales
qu'elle implique nécessairement, à savoir
l' « obligation » qui provient des organisations
internationales et qui s'adresse aux États, s'est ajoutée une
gouvernance dite horizontale, qui impose aux organisations internationales
elles-mêmes de respecter ces principes141(*).
Si la « bonne gouvernance » n'est
abordée qu'une seule fois dans la Convention de Cotonou142(*), les aspects-clé de
cette notion sont mis en évidence et considérés comme des
éléments importants du Partenariat à la fois stricto sensu
dans le titre II mais également quant aux acteurs, notamment dans le
chapitre 2 du titre I, alors que la deuxième partie s'attache à
définir le cadre institutionnel optimal pour une coopération
entre les États ACP et la Communauté européenne efficace.
Les aspects purement politiques de la coopération consistent à la
fois à établir un dialogue politique et à mettre en place
de la démocratie et de l'État de droit, ces
éléments étant complémentaires.
À titre pédagogique, il convient d'aborder
successivement les éléments relatifs à la gouvernance en
envisageant, d'une part, le renforcement des éléments
« démocratiques » essentiels du volet politique de
la coopération par la mise en place d'une conditionnalité de
l'aide afin, d'autre part, d'apprécier la mise en place d'un dialogue
politique efficace.
Chapitre 1 : Les éléments
« démocratiques » du Partenariat : la mise en
place d'une conditionnalité politique de l'aide au
développement
L'aide au développement, octroyée aux
États ACP depuis la première Convention de Lomé, se veut
altruiste, dénuée de toute condition. Cependant, les partenaires,
s'apercevant de la nécessité d'un cadre institutionnel stable et
« sain » pour à la fois parvenir à un
développement durables des États ACP et établir une
coopération avec la Communauté européenne, ont, dès
la Convention de Lomé IV révisée à Maurice en 1995,
introduit une exigence de « bonne gouvernance », en mettant
en évidence le besoin impérieux de démocratie,
d'État de Droit, de respect des Droits de l'Homme et de bonne gestion
des affaires publiques.
Afin d'insister sur la force et la nécessité de
ces principes, les partenaires les ont érigés au rang de
condition sine qua non du partenariat. Ainsi, la Convention de Cotonou a
instauré un mécanisme selon lequel toute
« infraction », tout mépris ou irrespect de ces
éléments politiques est susceptible d'entraîner une
suspension de l'aide. En d'autres termes, les États ACP doivent
désormais remplir certains critères politiques, faute de quoi la
Communauté peut engager des procédures de sanction à leur
égard. Le partenariat ACP- CE, en tant que « laboratoire des
relations extérieures de la Communauté », a donc
introduit une conditionnalité politique à leur
coopération.
Il convient donc, d'une part, de s'interroger sur la nature
des éléments démocratiques, en étudiant le contenu
du volet politique du Partenariat, pour, d'autre part, apprécier les
modalités de la conditionnalité, en envisageant la sanction de
l'irrespect des conditions politiques.
Section 1 : Le contenu du volet politique du
Partenariat : la rigueur du « bloc » des
éléments politiques exigés des États ACP
Ingérence ou intervention nécessaire de la
Communauté européenne ? Cette interrogation, au coeur du
débat sur le rôle des États développés et des
institutions européennes et internationales dans le domaine politique
dans les États ACP, connaît pas de réponse, tant ces deux
idées sont proches, avec des frontières floues. En tant que
principal bailleur de fonds, la Communauté a imposé que les aides
octroyées aux États ACP soient équitablement et
correctement gérées et allouées au service des objectifs
préalablement définis.
Bien que laissée à l'appréciation de
chacun quant à sa qualification, il est incontestable que
l'élaboration de règles communes en matière politique dans
le cadre des relations entre l'Europe et les États ACP est
désormais une réalité. En effet, à la
« neutralité » de la première Convention de
Lomé, s'est progressivement substituée une prise de position
politique des partenaires.
La Convention de Cotonou oeuvre dans le sens des accords de
Lomé précédents en reprenant les éléments
politiques désormais traditionnels. Dans cette perspective, les
partenaires ont estimé nécessaire de renforcer le contenu dans ce
volet politique en introduisant une branche nouvelle, celle de la
« bonne gestion des affaires publiques »143(*).
La réaffirmation des composantes
« traditionnelles » du volet politique
Le Partenariat impose à la fois de bâtir un cadre
institutionnel démocratique et de permettre aux ressortissants de
bénéficier de droits et libertés. Dès le
Préambule de la Convention de Cotonou, les partenaires affirment ces
objectifs, « reconnaissant qu'un environnement politique
garantissant la paix, la sécurité et stabilité, le respect
des droits de l'homme, des principes démocratiques et de l'État
de Droit [...] fait partie du développement à long terme ;
reconnaissant que la responsabilité première de la mise en place
relève des pays concernés ». L'article 9 relatif
aux « éléments essentiels et élément
fondamental » aborde ces aspects et les considère comme
étroitement liés, indissociables. Cependant, il convient, dans un
premier temps, d'envisager la condition d'un État de Droit et de la
démocratie, en tant que rappel d'une exigence déjà
ancienne, pour, dans un second temps, étudier la place des droits de
l'homme dans la coopération au développement.
La Démocratie : le rappel d'exigences
déjà anciennes
Il convient, d'une part, de replacer ces deux exigences dans
le contexte général et historique des relations ACP - CE avant,
d'autre part, de voir les apports de la Convention de Cotonou.
1- Considérations
de l'Etat de droit et de la démocratie dans le contexte des relations
ACP-UE
L'État de Droit et la Démocratie sont deux
concepts étroitement liés. D'une manière
générale, le premier peut être défini comme
l' « État dont l'organisation est
réglée par le droit et la justice »144(*). Cette structure permet
d'offrir un certain nombre de garanties aux citoyens, notamment grâce
à une séparation des pouvoirs effective, la mise en place d'un
contrôle de constitutionnalité et de l'indépendance de la
justice. La démocratie est un principe qui consiste à faire
participer le peuple au gouvernement et à l'administration de
l'État soit directement soit, plus couramment, indirectement, par
l'intermédiaire de représentants élus.
La « neutralité politique » qui
caractérisait les premières conventions de Lomé a
commencé à s'effacer dès Lomé III, pour
définitivement disparaître de Lomé IV, la révision
de 1995 et la Convention de Cotonou, chacun de ces textes apportant une pierre
à l'édifice du volet politique. La démocratie et
l'État de Droit se sont manifestés explicitement dans l'article 5
de la Convention de Lomé IV révisée145(*). Il semble que les
événements intervenus dans le monde, à l'issue des
années 80, notamment la fin de la guerre froide et la chute du mur de
Berlin, aient été à l'origine d'une prise de conscience
quasi-générale du rôle des éléments
politiques dans le processus de développement des États
sous-développés.
Bien que Lomé IV révisée soit
considérée par certains146(*) comme un texte complet du point de vue politique, il
n'en reste pas moins que la pratique n'a pas mis en évidence la
démocratisation massive des États ACP. Cependant, il convient de
relever que ce processus, entamé il y a peu de temps, est une
démarche longue et douloureuse.
La Mauritanie en est d'ailleurs un exemple parfait. Soumise
à un régime présidentiel de nature plutôt
autoritaire, cet État a amorcé, dans les années 90, un
« processus de démocratisation
`contrôlée' »147(*).
L'engagement des partenaires ACP-UE vise donc à imposer
la démocratie et l'État de Droit comme un schéma politique
optimal. Ainsi, la coopération lance un défi très
audacieux : relever les États ACP des crises politiques graves
qu'ils traversent. Le poids de cette responsabilité pèse donc
actuellement sur la Convention de Cotonou.
L'approche de l'État
de Droit et de la démocratie par la Convention de Cotonou
La Convention de Cotonou a renforcé, dans le texte, le
volet politique en définissant précisément les concepts de
principes démocratiques et d'État de droit.
Les principes démocratiques sont définis comme
« des principes universellement reconnus sur lesquels se fonde
l'organisation de l'État pour assurer la légitimité de son
autorité, la légalité de ses actions qui se reflète
dans son système constitutionnel, législatif et
réglementaire, et l'existence de mécanismes de
participation »148(*). Ainsi, il s'agit de mettre en place un
système dans lequel le peuple exerce, directement ou par
l'intermédiaire de représentants élus, sa
souveraineté selon des moyens et principes propres à chacun des
États149(*). Plus
que des principes, le Partenariat vise à réaliser un
véritable « processus de
démocratisation ».
La position de la Communauté en la matière a
été synthétisée dans un règlement du Conseil
du 29 avril 1999 relatif à la fixation des « exigences pour la
mise oeuvre des actions de coopération au développement qui
contribuent à l'objectif général du développement
et de la consolidation de la démocratie et de l'État de Droit
ainsi qu'à celui du respect des droits de l'homme et des libertés
fondamentales »150(*). La Communauté s'attache donc, non seulement
à la séparation des pouvoirs exécutif, législatif
et judiciaire, à encourager la pluralité politique et la bonne
marche des élections, mais également prône une
participation accrue des citoyens. Cependant, au-delà de ces
préoccupations, il s'agit d'un processus global regroupant des notions
plus spécifiques telles que l'État de Droit et la bonne gestion
des affaires publiques.
L'objectif ultime n'est pas seulement de parvenir à une
démocratisation des États ACP mais surtout de réussir le
pari d'élaborer une véritable culture démocratique propre.
La Convention de Cotonou aborde les « principes
démocratiques », et non la démocratie, afin d'englober
le large processus dans lequel ils s'inscrivent. Dès lors, il s'agit
d'une démarche graduelle que les partenaires entendent soutenir du
début jusqu'à la fin.
Les principes démocratiques se situent donc au coeur de
l'approche « matérielle », à savoir des
moyens qu'elle met à la disposition de l'État pour mener des
actions prises par le biais du peuple, pour le peuple. Cependant, cette vision
est utopique car, même dans les pays considérés comme
démocratiques, les citoyens ne sont pas toujours, en pratique, au coeur
de la prise de décision.
Quant à l'État de Droit, il « inspire
la structure de l'État et les compétences des divers pouvoirs,
impliquant en particulier des moyens effectifs et accessibles de recours
légal, un système judiciaire indépendant garantissant
l'égalité devant la loi et un exécutif qui est pleinement
soumis au respect de la loi »151(*). Dès lors, les partenaires doivent organiser
l'État en tenant compte de fonctions considérées comme
élémentaires : le cadre juridique, structurant l'État
en plusieurs branches distinctes, est donc un élément important
pour les États ACP.
Le concept d'État de droit constitue une limitation des
prérogatives de l'État. En effet, ce contre-pouvoir permet
d'éviter les éventuelles dérives des acteurs
étatiques. Ce phénomène ne peut se produire que
grâce au développement du droit, lequel doit primer sur les
actions étatiques.
En d'autres termes, démocratie et État de droit
imposent la réunion de nombreux éléments, les plus
symboliques étant la présence de plusieurs partis politiques et
d'une opposition au régime en place, le droit de vote pour l'ensemble de
la population accompagné d'une « éducation
civique », une justice dégagée de toute astreinte
étatique, une presse libre et indépendante, la
déconcentration du pouvoir entre plusieurs organes (présence
d'une assemblée parlementaire aux côtés du chef de
l'État par exemple), la présence de contre-pouvoirs
indépendants.
L'architecture que doit revêtir l'État ainsi que
les moyens dont il doit se doter ont une vocation apparemment universelle. Si
d'autres schémas peuvent être envisageables, il n'en reste pas
moins que les institutions internationales, au même titre que la
Communauté européenne, reconnaissent que l'État de droit
et la démocratie sont les deux piliers d'un modèle
considéré comme optimal.
Quelle place pour les Droits de l'Homme dans la
coopération au développement ?
Les droits de l'homme sont-ils un moyen au service de
l'État de Droit et de la démocratie ou en sont-ils une condition
préalable ? Le lien étroit qui unit ce triangle conceptuel
se traduit nécessairement par l'obligation de mettre en place
simultanément ces trois éléments. Cependant, la
sensibilité du sujet, du fait des réticences des États
ACP, a conduit la Communauté européenne à nuancer sa
position, afin de trouver un compromis. En effet, selon l'expression de Michel
Rocard152(*),
« la question des droits de l'homme est un des chapitres les plus
difficiles à négocier car les Européens ne doivent pas
être les ayatollah qui imposeraient par force leurs normes en la
matière ».
Les Droits de l'Homme représentent un aspect
fondamental de la coopération ACP-Ce et plus largement de la politique
de développement menée par la Communauté à
l'égard d'États tiers. En effet, introduite progressivement dans
les différentes Convention de Lomé, à partir de la fin des
années 90 avec Lomé IV, cette exigence prend toute sa
signification dans la Convention de Cotonou : l'article 9 pose le principe
général du « [...] respect de tous les droits de
l'homme et des libertés fondamentales [...] ». Cependant,
l'hétérogénéité des cultures conduit
à s'interroger sur la nature même de cet ensemble de droits.
Le paragraphe 2 de ce même article rappelle
l'attachement des partenaires aux textes internationaux ou régionaux de
protection des droits de l'homme. Le Préambule considère
« [...] la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales du Conseil de l'Europe, la Charte africaine des
droits de l'homme et des peuples, ainsi que la Convention américaine des
droits de l'homme comme des contributions régionales positives au
respect des droits de l'homme dans l'Union européenne et les
États ACP. »
Dès lors, les droits de l'homme, traditionnellement
considérés comme universels, doivent, dans les États ACP,
être inspirés de textes internationaux généraux ou
spécifiques, une « personnalisation » au regard des
spécificités culturelles, des traditions ou de tout autre
paramètre ,n'étant admise que de façon très
restrictive. Chacune des grandes catégories de droits, reconnues au plan
international, doit être effectivement garantie : aux droits
économiques, sociaux et culturels, doivent s'ajouter les droits dits
civils, politiques et humanitaires. Les droits de l'homme sont
caractérisés par leur globalité et, selon la conception de
la Commission, sont à la fois « universels, indivisibles et
interdépendants ».
Les États ACP, pour la majorité en
difficulté économique et, pour certains, en proie à des
crises politiques graves, doivent se doter d'un arsenal juridique permettrant
de concilier à la fois développement et respect de droits
fondamentaux au bénéfice des ressortissants. La démarche
de vouloir mettre en place un « tronc commun » de droits,
devoirs et libertés s'explique par le fait que les partenaires ont voulu
centrer leur coopération autour de la « [...] personne
humaine, qui en est l'acteur et le bénéficiaire principal
[...] ».
Respecter les droits de l'homme implique la participation des
bénéficiaires aux différents secteurs et niveaux de la vie
quotidienne. Au même titre que le PNUD153(*), les partenaires ACP-UE considèrent la
protection de ces droits comme un principe fondamental dont doivent se doter
les États.
I- La « bonne gestion des affaires
publiques », élément politique central de la Convention
de Cotonou
La « bonne gestion des affaires
publiques » est désormais un principe directeur du volet
politique de la coopération. En effet, institué dans la
perspective de renfoncer la cohérence institutionnelle des États
ACP, ce concept impose une lutte contre la corruption efficace.
A- Le renforcement de la cohérence
institutionnelle des États ACP
Avant de mettre en évidence l'implication
étroite de ce principe dans l'instauration d'une démocratie et
d'un État de Droit effectifs, il convient de définir la notion de
« bonne gestion des affaires publiques ».
Ce concept, apparu dans la Convention de Lomé IV
révisée est défini par la Convention de Cotonou comme
« [...] la gestion transparente et responsable des ressources
humaines, naturelles, économiques et financières en vue du
développement équitable et durable ».
En effet, dans l'exercice effectif de ses différentes
missions, l'État doit respecter certains principes.
La transparence et la responsabilité sont donc les deux
notions clé de la bonne gestion des affaires publiques. Elles
interviennent, à la fois au niveau du processus décisionnel
étatique, de la mise en application ainsi que pour la gestion et le
suivi des politiques et des mesures prises.
Dès lors, il s'agit, d'une part, de donner une
cohérence aux impulsions étatiques et de garantir la
légalité de l'action : le droit doit alors s'imposer
à l'État et à l'Administration en rendant effectives les
règles juridiques par une leur application réelle par les
pouvoirs publics.
D'autre part, les citoyens doivent pouvoir accéder
à l'information relative aux actions de l'État : il ressort
une obligation de « rendre compte » d'une bonne et saine
administration publique. Cet aspect est garanti à la fois par la
transparence et par la participation des ressortissants à la prise de
décisions.
La rationalisation institutionnelle qui s'opère dans le
cadre de la réalisation de la démocratie ne peut être
effective qu'avec une réelle transparence des actions publiques. Ainsi,
le « travail » réalisé sur les structures
étatiques et sur les principes qui guident leurs actions doit être
obligatoirement accompagné d'une lutte contre la corruption, traduisant
l'opacité des affaires publiques.
La bonne gestion des affaires publiques est un
élément à part entière de la démocratie.
Cependant, cet aspect a dû être mis en évidence et
isolé car il constitue souvent un élément oublié du
processus de démocratisation. En effet, la corruption est un des
fléaux les plus récurrents de la société
africaine ; malgré les efforts entrepris pour démocratiser
l'État, certains ACP connaissent des échecs du fait d'une gestion
des affaires publiques « truquée ». Dès lors,
ce principe mis en évidence dans l'Accord de Cotonou vise non seulement
à éradiquer la corruption par une transparence des
opérations étatiques mais surtout s'inscrit dans un processus
plus large qui consiste à procéder à une
démocratisation efficace. Ce dernier objectif nécessite donc de
trouver un remède à la corruption.
B- La « bonne gestion des affaires
publiques » : moyen efficace de lutte contre la corruption et
la pauvreté.
Principal élément perturbateur de la bonne
gestion des affaires publiques, la corruption est un phénomène
complexe et lourd de conséquences pour les États ACP. Il convient
donc successivement d'aborder la définition et les enjeux que draine la
corruption avant d'envisager les moyens permettant de mettre fin à ce
phénomène.
La corruption :
enjeux
Le terme de corruption, bien que régulièrement
employé, est difficile à définir. La complexité de
la notion s'accompagne nécessairement de nombreuses conséquences
qui découlent de ce phénomène.
a-
La notion de corruption
Par sa nature, la bonne gestion des affaires
publiques est un objectif politique qui impose une lutte efficace contre
la corruption. Cette dernière consiste en une « fourniture
directe ou indirecte de toute somme d'argent, bien, avantage ou protection
à une personne investie d'un pouvoir de décision publique ou
privée en vue d'obtenir de la part de cette dernière qu'elle
adopte un certain type de décision, de comportement ou
d'abstention »154(*).
La corruption est un phénomène complexe qu'il
convient d'éradiquer en agissant sur la multiplicité des facteurs
qui la composent. Elle est, en effet, à la fois une cause et une
conséquence de la présence d'un cadre institutionnel insuffisant.
L'origine de la corruption réside notamment dans une faiblesse ou une
illégitimité de l'État, ainsi que dans la quasi
inexistence de contre-pouvoirs et de cadre juridique performant pour les
opérations étatiques155(*).
L'opacité dans al gestion publique des diverses
institutions, quel que soit le niveau hiérarchique des corrompus ou des
corrupteurs, ainsi que des règles de droit qui les encadrent, permet aux
acteurs étatiques de tirer profit d'une activité collective.
Au-delà du contexte dans lequel elle s'exerce, la
corruption constitue un accord informel entre deux personnes afin de parvenir
à des objectifs réciproques. En d'autres termes,
« soudoyer donc quelqu'un, le corrompre pour qu'il agisse contre
son devoir, c'est violer et provoquer la violation de règles de conduite
en usage dans une société »156(*).
b- Les conséquences de la corruption dans les
États ACP
Ce « crime économique » est
attractif du fait de sa rentabilité pour ses auteurs. Cependant, si elle
draine des effets positifs pour certains, la corruption a pourtant bon nombre
d'aspects négatifs. D'une part, ce phénomène pose des
problèmes économiques, à la fois en freinant le
développement et en faussant la redistribution des fruits de la
croissance. De plus, les investissements se raréfient du fait du manque
de garantie, du aux instabilités politiques ou aux malversations
financières.
Dès lors, ce sont les ressortissants de l'État
en question qui paient l'addition de la corruption. Si, pour certains, ce
concept constitue nécessairement soit un atout pour l'économie
soit une contrainte inhérente à la culture, il n'en reste pas
moins que la corruption est un terreau fertile pour la criminalité dite
organisée, du fait des bénéfices et avantages qu'elle
procure.
D'autre part, la lutte contre la corruption et la
réflexion sur la mise en place d'institutions démocratiques sont
deux entreprises indissociables. En effet, la corruption met en évidence
des problèmes de gestion et de nature des organes étatiques. La
vulnérabilité des « victimes » de la
corruption, leur passivité s'exprimant par l'absence de sanctions, la
faible rémunération des fonctionnaires sont autant
d'éléments qui permettent, sinon de justifier, du moins
d'expliquer ce phénomène. À quoi faut-il encore ajouter,
pour le cas des États ACP, une fragilité accrue en raison des
carences institutionnelles et politiques ainsi que de leur dépendance
à l'égard des États développés.
En effet, sont à la fois concernés par la
corruption l'argent provenant des « revenus propres » de
l'État, mais également les flux issus de l'aide financière
européenne voire internationale.
Cette lutte contre la corruption dans la Convention de Cotonou
s'inscrit donc dans une volonté et une nécessité de
préserver l'aide financière communautaire en la rationalisant et
en permettant une utilisation de ces fonds conformes aux objectifs du
Partenariat.
La lutte contre la corruption
dans les États ACP : quels moyens ?
Le choix des moyens à employer pour éradiquer la
corruption est l'affaire de chacun des États ACP. En effet, la
Convention de Cotonou impose une obligation de résultat, sans
préciser les modalités de sa mise en oeuvre. Cependant, quelques
lignes directrices communes à l'ensemble du groupe, et valables
également dans les États développés, peuvent
être dégagées.
La lutte contre la corruption est avant tout
conditionnée par une volonté politique et étatique forte.
En effet, les premiers acteurs de la corruption, les organes de
l'Administration, sont les seuls à pouvoir lancer le processus
d'éradication de la corruption.
Pour les aider dans les démarches, a été
créé en 2000 le « réseau mondial pour la
bonne gouvernance »157(*). Ce forum international a pour ambition de
soutenir les États dans la lutte contre la corruption. Par le biais de
formations et de conseils, le forum informe des voies qui s'offrent à
eux parvenir à rendre effective une gouvernance étatique tant
recherchée.
La lutte contre la corruption nécessite
également une participation active de la société
civile : c'est tous les niveaux et tous les acteurs de la
société qui doivent intervenir dans l'élaboration d'une
véritable politique de transparence des affaires publiques. En effet,
les citoyens, principales victimes des conséquences de la corruption,
doivent être activement consultés par les pouvoirs
publics158(*).
Aucune solution standard au phénomène de
corruption ne peut être proposée aux États ACP, chacun
devant trouver le remède adapté au contexte politique du pays,
à la culture et aux enjeux qu'il s'est fixé.
Cependant, l'absence de modèle imposé par la
coopération ne signifie pas le défaut d'importance de la
démarche : en effet, il convient de rappeler que « la
lutte contre la corruption équivaut à une lutte pour le
développement »159(*).
La corruption, au même titre que les autres
éléments du volet politique, est
« sanctionnée » par une conditionnalité de
l'aide. En d'autres termes, l'accord de coopération a prévu des
mécanismes d'intervention, par le biais des « clauses de
non-exécution », dès lors que les exigences de bonne
gouvernance ne sont pas remplies par les États partenaires.
Section 2 : La « sanction » : la
mise en place d'une conditionnalité de l'aide au
développement
La conditionnalité de l'aide au développement
est un principe qui soumet la coopération communautaire et ACP au
respect par ces derniers de certaines exigences, à dominance politique.
Cet aspect a été créé lors de la Convention de
Lomé IV, en 1989, alors que les événements internationaux
imposaient que la Communauté, dans le cadre des relations
extérieures qu'elle entretient avec certaines régions, tienne
compte de la dimension politique, et non plus seulement économique, dans
la perspective du développement.
Cependant, définir les objectifs politiques sans
s'assurer de leurs mises en oeuvre effectives, revenait à se doter d'une
coquille vide. C'est pourquoi, les partenaires ont instauré un
système de contrôle et de « sanctions »,
soumettant le bénéfice de l'aide communautaire au respect
d'exigences politiques. Cependant, ce mécanisme peut être, du fait
de son caractère contraignant, interprété comme une
ingérence dans les affaires intérieures d'un État,
pourtant protégées par sa souveraineté.
Pour ne pas « tuer » la coopération
avec les États ACP en infraction, la Convention de Cotonou a
instauré un mécanisme progressif composé de deux types de
mesures : dans un premier temps, les articles 96 et 97160(*) énoncent les
modalités de la consultation avant, dans un second temps, d'aborder le
système répressif par l'adoption de « mesures
appropriées ».
La recherche d'une solution de compromis entre les parties
La consultation est l'étape de la procédure
liée à la conditionnalité la plus utilisée. Elle
consiste à instaurer un dialogue entre les parties permettant de
réfléchir à une solution de compromis en conformité
avec l'esprit de la Convention de Cotonou. Dès lors, cette recherche
d'une conciliation a pour objectif de mettre fin à l'irrespect des
aspects politiques.
Il convient de souligner qu'il ne s'agit pas ici du dialogue
politique tel qu'entendu dans le titre II de la partie I de la Convention,
lié à la « dimension politique ». En effet,
les mesures prévues par les articles 96 et 97 interviennent dès
lors qu'une violation des dispositions politiques prévues par le
partenariat est soupçonnée.
Les éléments préalables à la
procédure de consultation
Avant d'engager formellement la procédure de
consultation, les parties doivent produire des informations attestant la
réalité de la situation. A titre préalable, il convient
cependant de déterminer quel est le champ d'application de la
procédure.
1- Le champ d'application
de la procédure
La procédure de consultation s'applique à des
sujets strictement définis par les articles 96 et 97. En effet, seul la
méconnaissance d'éléments politiques abordés dans
le volet politique du partenariat est susceptible de conduire à de tels
moyens.
Ainsi, par exemple, des consultations ont été
engagées avec le Libéria pour cause de violations de droits de
l'homme impunies, l'absence de partis d'opposition, la corruption ainsi que le
mépris de la liberté d'expression.
De même, Haïti avait du répondre de son
attitude lors d'élections et, l'Union européenne n'a pu que
constater l'irrespect des conditions d' État de Droit et des principes
démocratiques. Il en est de même pour le Togo avec lequel l'UE
avait suspendu sa coopération au lendemain des élections de
1992.
Il convient de remarquer que l'article 96 vise indistinctement
« les parties » : « Si [...] une partie
considère que l'autre a manqué à une obligation
[...] » semble signifier que chacune des parties, que ce soit
les États ACP ou les membres de l'Union européenne, peut faire
l'objet d'une telle procédure. Cependant, la pratique est tout
autre : seuls les États ACP sont susceptibles de faire l'objet d'un
tel recours en cas de violation de principes politiques. Les États
membres de l'Union européenne, bien que ne respectant pas toujours
correctement l'ensemble des conditions politiques, ne sont pas concernés
par un tel mécanisme.
Les éléments
nécessaires à la procédure de consultation
Dès qu'une partie viole l'article 9 de la Convention de
Cotonou, l'autre partie doit produire les informations nécessaires
à un examen commun. En effet, il s'agit, à partir de suspicions,
d'établir, sur la base de documents, la réalité politique.
Ces informations ont pour objectif soit d'attester de la bonne foi de
l'État en cause et du respect des conditions politiques, soit de prouver
l'infraction présumée.
La procédure de
consultation stricto sensu
Les consultations sont strictement encadrées par les
articles 96 et 97 à la fois quant à leur objet, quant aux
délais dans lesquels elles doivent se dérouler ainsi que quant
à leur issue. Il convient donc d'aborder successivement ces trois
éléments.
La nature des
consultations
Les consultations doivent être menées dans la
perspective de trouver une solution commune, respectueuse des engagements
ACP-UE. C'est pourquoi, les parties au dialogue ont pour obligation de mener
les consultations dans « un esprit ouvert et constructif ».
Dès lors, les principaux concernés doivent donc coopérer
à la recherche d'un compromis, de bonne foi.
Les consultations portent essentiellement sur les
modalités mises en oeuvre ou à venir pour mettre fin à une
situation « illégale ». Ainsi, elles ont pour objet
principalement « les mesures prises ou à prendre par la
partie concernée afin de remédier à la
situation ». Il s'agit donc non pas de monter du doigt
l'État fautif mais de l'aider à trouver une solution
équitable et conforme au droit de Cotonou.
Les délais
inhérents à la procédure
Pour ne pas utiliser la procédure de consultation comme
un bouclier permettant à un État d'agir à l'encontre de
ses engagements politiques dans l'impunité, les partenaires ont admis la
nécessité d'encadrer ce mécanisme dans délais
prédéfinis. Ainsi, les
« négociations » commencent « au plus
tard 15 jours après l'invitation [...]», pour ce qui
concerne l'atteinte aux principes démocratiques, à l'État
de droit et aux droits de l'homme et « [...] au plus tard 21
jours après l'invitation [...] » pour les cas de
corruption. Il semble indiquer que ce dernier aspect revêt une urgence
moindre que les exigences démocratiques prévues par l'article 9
alinéas 2. Cette solution peut être contestable parce que la
corruption constitue un volet important de la démocratisation des
États ACP. Dès lors, il semblerait logique d'imposer le
même délai pour chacune des composantes du volet politique.
La brièveté de ces délais s'explique par
l'urgence qui caractérise les situations d'infraction. En effet,
l'irrespect des droits de l'homme ou le défaut d'élections
libres, par exemple, sont autant de situations délicates sur lesquelles
il faut réfléchir le plus rapidement possible.
La consultation doit au maximum durer 60 jours. Ce
délai est suffisamment long pour envisager les différentes
hypothèses et la situation de l'État concerné afin de
trouver une solution optimale et relativement court pour permettre une
intervention rapide et efficace.
Il convient de remarquer que ces délais sont des
durées maximales ; elles peuvent donc, selon les cas, être
plus courtes.
3- L'issue de la
consultation
L'issue de la consultation peut être de deux
sortes : cette procédure peut déboucher soit sur la mise en
oeuvre effective de réformes permettant de résoudre les conflits
nés de la mauvaise application de la Convention de Cotonou, soit sur le
défaut d'accord ou sur l'existence d'un compromis réalisable dans
une période à moyen ou long terme. Dans cette dernière
hypothèse, les parties, bien que parvenant à reconnaître la
violation des conditions politiques, ne parviennent pas à
réaliser les mesures permettant d'y mettre fin. Dès lors, les
États ACP ainsi que la Communauté européenne
achèvent la procédure de consultation par un texte formel et
passent éventuellement à la seconde phase du processus, à
savoir l'adoption de « mesures
appropriées ».
L'adoption de « mesures
appropriées » ou la place d'un mécanisme
répressif imposé par la Communauté aux États ACP en
infraction
L'adoption de « mesures
appropriées » intervient dès lors que la
procédure de consultation est terminée et que la situation
litigieuse n'a pas disparu. Afin de mieux cerner cette phase liée
à la conditionnalité de l'aide, il convient, d'une part,
d'envisager les conditions requises pour d'autre part apprécier les
caractéristiques des mesures prises dans le cadre de cette
procédure.
A- Des « mesures
appropriés » imposées par la Communauté aux pays
ACP
L'adoption de « mesures
appropriées » intervient dès lors que la
procédure de consultation est terminée et que la situation
litigieuse n'a pas disparu. Afin de mieux cerner cette phase liée
à la conditionnalité de l'aide, il convient, d'une part,
d'envisager les conditions requises afin, d'autre part, d'apprécier les
caractéristiques des mesures prises dans le cadre cette
procédure.
Les conditions de la mise
en oeuvre d'une telle procédure
Comme il a été précisé
précédemment, l'adoption de « mesures
appropriées » n'intervient que lorsque la consultation n'a pas
permis une modification effective et conforme aux principes de la Convention de
Cotonou de la situation en cause. Ainsi, l'article 96 dispose :
« Si les consultations ne conduisent pas à une solution
acceptable par les parties, en cas de refus de consultation, ou en cas
d'urgence particulière, des mesures appropriées peuvent
être prises ». Ces mesures revêtent donc le
caractère de mesures provisoires, permettant de soutenir le processus de
« régularisation ».
Si les deux premières situations visées par
l'articles 96 sont aisément identifiables, il n'en reste pas moins que
l'urgence est une notion relative et donc litigieuse. Les partenaires ont donc
entendu en préciser le sens dans le second paragraphe. Il s'agit de
« [...] cas exceptionnels de violations particulièrement
graves et évidentes d'un des éléments essentiels
visés à l'article 9, paragraphe 2, qui nécessitent une
réaction immédiate ».
Ainsi, l'urgence recouvre les hypothèses manifestes,
nécessitant soit par leur importance soit par leur persistance un
règlement effectif et rapide. De plus, le recours à cette
justification semble automatiquement limité par l'emploi de l'adjectif
« exceptionnel ». Cette restriction peut s'expliquer par le
caractère unilatéral des mesures prises dans de telles
circonstances. L'arbitraire de la partie à l'origine de la
procédure ne peut s'imposer que dans des cas extrêmes, pour
lesquels une intervention sans accord préalable de la partie
incriminée est nécessaire. Le dialogue, clé de voûte
du partenariat, doit donc être privilégié dans la
majorité des cas. L'utilisation du motif de l'urgence incombe à
la partie qui soulève l'irrégularité, laquelle n'a besoin
que d'informer le Conseil des ministres et l'autre partie. Ainsi, le
caractère « autoritaire » de la procédure
justifie les précautions prises quant à son utilisation.
Les caractéristiques des « mesures
appropriées »
L'expression employée dans le texte même de la
Convention est suffisamment floue pour englober tout un panel de dispositions
mis au service de la défense du schéma politique
considéré comme le meilleur pour parvenir à un
développement durable.
Les « mesures appropriées »
visées par la Convention de Cotonou sont définies dans l'article
96, second paragraphe : elles regroupent les « [...] mesures
arrêtées en conformité avec le droit international et
proportionnelles à la violation ».
Leur caractéristique principale est donc
l'adéquation entre la « sanction » et la
gravité de l'infraction. Par exemple, pour avoir procédé
à des élections anti-démocratiques, Haïti s'est vu
suspendre l'allocation attribuée en vertu de la deuxième tranche
du Fonds européen de développement et le Conseil des ministres a
décidé « la réorientation du reliquat de la
première tranche du 8ème FED vers des projets au
bénéfice direct des populations haïtiennes, au renforcement
de la société civile et du secteur privé et au soutien
éventuel du processus de démocratisation et renforcement de
l'État de droit »161(*). Outre les pressions financières,
l'État incriminé, par le biais de soutiens pécuniaires aux
actions sur le terrain, doit rendre effectif les grands principes politiques
définis par le partenariat. Ainsi, la conditionnalité de l'aide
est donc au service du volet politique car elle ne se contente pas de
réprimer les écarts de conduite mais agit concrètement
dans la perspective d'une mise en place réelle de la gouvernance.
Il convient de remarquer que l'adoption de « mesures
appropriées » peut également constituer un soutien aux
réformes engagées volontairement par l'État ACP en cause.
La situation du Libéria en est un exemple. En effet, cet État a
enfreint plusieurs dispositions contenues dans l'article 96, telles que les
droits de l'homme ou la bonne gestion des affaires publiques. Bien que les
consultations aient abouti sur l'adoption et l'application de garanties par le
biais d'actions améliorant le sort de la démocratie [entendue
dans un sens large], il n'en reste pas moins que le maintien de quelques
« zones d'ombre » sur la situation de cet État ont
conduit le Conseil des ministres à proposer des mesures de soutien
visant à appuyer un processus déjà en cours. En effet, ce
dernier organe dispose dans une proposition de décision à ce
sujet162(*) :
« Dans l'attente de mesures substantielles visant à
honorer les engagements pris pour faire respecter les droits de l'homme, la
démocratie, l'État de droit et les principes de bonne
gouvernance, il est décidé de relancer graduellement et de
manière conditionnelle la coopération de l'UE en fonction des
progrès réalisés. » Dès lors, la
Communauté propose toute une série d'actions que le gouvernement
du Libéria doit entreprendre pour se mettre en conformité avec le
droit de Cotonou et, par voie de conséquence, pour permettre une
levée les sanctions financières.
La conditionnalité n'est donc pas, comme il peut
être envisagé a priori, une simple suspension de l'aide pour la
durée pendant laquelle l'infraction se poursuit. Bien au contraire, il
s'agit de l'appui aux processus de réformes engagés par
l'État, tout en octroyant une nouvelle répartition des
ressources. L'arrêt des versements communautaires aux États en
infraction, ce qui revient à une suspension provisoire de la
coopération, n'est qu'un outil utilisé en dernier ressort, alors
que des mesures « plus douces » sont restées vaines.
Cet élément est employé rarement en raison de l'importance
des répercussions néfastes sur les populations civiles et sur la
situation de l'État, généralement en proie à de
nombreuses difficultés.
Les articles 96 et 97 précisent dans les mêmes
termes la relative souplesse avec laquelle les parties doivent manier les
« mesures appropriées » : « Le
choix [quant à leur nature] doit porter en priorité sur les
mesures qui perturbent le moins l'application du présent accord. Il est
entendu que la suspension serait un dernier recours ».
Le partenariat revêt désormais un volet politique
complet, garantissant une structure et des pouvoirs étatiques stables et
cohérents : l'Etat de droit, les principes démocratiques, la
bonne gestion des affaires publiques et la garantie de droits de l'homme sont
autant d'impératifs préalables permettant de préparer un
environnement sain pour un développement durable et la lutte contre la
pauvreté.
Cependant, ce panel d'éléments politiques reste
inefficace si aucun dialogue n'est mis en place pour définir les grandes
orientations de ce volet.
La gouvernance doit donc revêtir une dimension de
coopération, de communication. Dès lors, le dialogue s'impose
comme un lien entre les stratégies de coopération et les aspects
politiques, ainsi qu'entre les éléments politiques
eux-mêmes. Ce trait d'union entre différents domaines couverts par
le partenariat, ainsi qu'entre divers acteurs autres que l'Etat, est donc le
corollaire indispensable des éléments
« démocratiques » imposés par l'article 9 de
la Convention de Cotonou
Chapitre 2 : Le dialogue politique : le
nécessaire « trait d'union » du volet politique du
Partenariat
Le dialogue politique est un élément
complémentaire de la conditionnalité et fait incontestablement
partie de la bonne gouvernance, qui régit non seulement les relations
intra étatiques mais également celles entre les partenaires
ACP-UE.
Dès lors, cette dimension permet de conférer
à la coopération un « visage humain ». en
effet, le dialogue est le « trait d'union » du Partenariat,
permettant ainsi de présenter les relations ACP-CE comme un tout
indissociable et de tenir compte des spécificités de chacun des
États ACP grâce à une écoute des besoins de chacun
des acteurs de la vie quotidienne.
Afin de cerner la réalité de ce concept, il
convient de dégager les domaines qu'il concerne, en étudiant son
champ d'application rationae materiae. De plus, l'originalité
du dialogue politique réside dans le fait qu'il touche des acteurs
divers, se situant à des niveaux différents.
Section 1 : Le champ d'application : des
domaines diversifiés pour un dialogue politique large
Les domaines concernés par le dialogue politique sont
nombreux et variés. En effet, outre le cadre politique traditionnel
composé de la démocratie, de l'État de droit et des droits
de l'homme ainsi que le nouvel impératif de bonne gestion des affaires
publiques, le dialogue concerne également, et peut-être à
titre principal, les domaines les plus sensibles pour les États ACP et
la Communauté européenne. L'article 8 de la Convention de Cotonou
tente de cerner les objectifs et les enjeux d'un tel échange ; il
convient donc, à titre préalable, d'examiner
l'intérêt de ce dialogue politique.
I- Objectifs et enjeux du dialogue politique
Le dialogue a pour ambition de rationaliser et d'optimiser les
performances de la coopération en matière politique, et, plus
largement, celles de la coopération au développement163(*). En effet, ayant pour
support la Convention de Cotonou, il vise à aborder
« [...] toutes les questions d'intérêt commun,
général, régional ou
sous-régional »164(*). L'objectif d'une telle démarche
consiste principalement éviter la recherche de solutions individuelles
des États, unilatérales ou contraires à l'esprit de la
coopération : en effet, la résolution des problèmes
doit passer par une entente entre les partenaires, avec l'appui de la
société civile et doit être conforme à l'esprit et
aux principes du partenariat.
Le dialogue est l'un des « principes
fondamentaux » du partenariat : en effet, l'article 2 de la
Convention de Cotonou insiste sur « [...] le rôle central
du dialogue et le respect des engagements mutuels : les engagements pris
par les parties dans le cadre de leur dialogue sont au centre du partenariat et
des relations de coopération ».
Son importance repose essentiellement sur le rôle qui
lui est conféré : l'article 8, consacré
entièrement à ce thème, lui attribue la fonction
« [...] d'échanger des informations, d'encourager la
compréhension mutuelle ainsi que de faciliter la définition de
priorités et de principes communs ».
Le dialogue se porte notamment sur les domaines sensibles du
partenariat, principalement de nature politique. En effet, il constitue
à la fois une appréciation régulière de la
situation politique dans les États ACP mais également la
recherche des solutions optimales pour mettre en place un paysage politique
sain et propice au développement.
Par conséquent, le dialogue doit s'appliquer à
l'ensemble du volet politique, à savoir à l'application des
droits de l'homme, à la lutte contre la corruption, à la mise en
oeuvre du processus de démocratisation et d'État de droit.
Élément de prévention, permettant parfois de trouver des
solutions « à l'amiable », évitant ainsi le
recours à la « clause de non exécution », il
doit être le maître mot de la coopération et doit guider
toutes les initiatives des partenaires.
Outre le volet politique stricto sensu, le dialogue politique
doit également porter sur des domaines sensibles entre les partenaires
cités expressément dans le texte de la Convention : la
promotion de la paix visée par l'article 11 et le problème des
migrations (article 13).
L'extension du dialogue à des domaines sensibles
Les domaines hautement sensibles dans le cadre des relations
entre les États ACP et la Communauté européenne sont
essentiellement de deux ordres car ils ont chacun des répercussions
néfastes au-delà du simple cadre étatique : il
s'agit, d'une part, des guerres, contre lesquelles la Convention de Cotonou
entend lutter en mettant en oeuvre des mesures « [...] en
faveur de la paix, de la prévention et résolution des
conflits » et d'autre part, des flux migratoires165(*).
La consolidation de la paix
et la prévention des conflits
Les conflits armés sont récurrents dans les
États ACP : en effet, nombre d'entre eux sont en proie à des
guerres ayant diverses origines [ethniques, religieuses, politiques...].
L'instabilité engendrée crée de nombreux
troubles et effets pervers : le Comité d'aide au
développement166(*) a adopté une déclaration relative
à la prévention des conflits violents167(*) dans laquelle les ministres
concernés168(*)
réaffirmaient leur sentiment : « [...] Nous restons
convaincus que le souci de prévention des conflit doit être
pleinement intégré aux efforts que nous déployons pour
aider les partenaires à réduire la pauvreté, promouvoir la
croissance économique et améliorer le développement
durable ». Cette prise de position internationale, souligne
l'incidence des conflits armés sur le développement rapide et
effectif des États concernés. Cette constatation n'a pas
échappé aux partenaires ACP-UE, qui ont reconnu cette
imbrication, notamment dans une position commune du Conseil de l'Union
européenne du 14 mai 2001, relative à « la
prévention, la gestion et le règlement des conflits en
Afrique ». L'Union européenne entend donc mettre au point
« [...] une approche volontariste, globale et intégrée
[...] ».
Au même titre, les guerres entravent également la
création d'un schéma politique stable, tel que l'impose la
Convention de Cotonou. Enfin, les conflits armés causent des dommages
importants sur les populations en cause [« enfants
soldats » ou victimes de la guerre, mines anti-personnel, famine,
destruction de récoltes, d'habitats, de bâtiments...].
Dès lors, la Convention de Cotonou propose, dans son
article 11, de mettre en place à la fois une prévention et des
systèmes de résolution de ces conflits169(*).
Un axe important dans ce mécanisme réside dans
« [...] un appui aux efforts de médiation, de
négociation et de réconciliation [...] ». En effet,
« par le dialogue, les parties contribuent à la paix, à
la sécurité et à la stabilité, et à
promouvoir un environnement politique stable et
démocratique »170(*).
La communication est donc la clé de voûte de la
lutte contre le maintien et la propagation des guerres puisqu'elle intervient
au niveau préventif et au stade de la recherche de solutions pré
ou post conflit.
La Convention de Cotonou met en place une véritable
« politique » en faveur de la paix par le biais, notamment,
d'une optimisation de la gestion des richesses naturelles, d'une
régularisation et une réduction des armes et engins de
guerre : elle agit à tous les stades du conflit mais place le
dialogue au coeur même de ce système.
Parvenir à résoudre des litiges naissants ou
récurrents au sein d'institutions formelles ou de réunions
formelles entre les partenaires ACP-UE et les principaux
intéressés, à savoir les parties au litige, est un
défi majeur de la Convention de Cotonou, afin que les conflits
armés, qui ont déchiré les États ACP, ne soient
plus un obstacle au développement.
A- La participation de nouveaux acteurs au dialogue
politique : l'intervention de la société civile
L'approche participative est au coeur de la nouvelle
philosophie de la coopération ACP-UE. L'article 2 de la Convention de
Cotonou précise que « outre l'État en tant que
partenaire principal, le partenariat est ouvert à différents
types d'acteurs, en vue de favoriser la participation de toutes les couches de
la société, du secteur privé et des organisations de la
société civile à la vie politique, économique et
sociale. »171(*)
Ainsi, la société civile joue un rôle
prépondérant dans la mise en oeuvre des réformes
nécessaires à la réussite du partenariat. Il est donc
logique qu'elle intervienne également en amont, pour préciser les
besoins et les solutions envisageables sur le terrain. En d'autres termes,
« [...] le développement et le soutien d'une culture
démocratique doit se construire de bas en haut, via des programmes mis
en place au niveau local afin que les citoyens puissent prendre part à
des initiatives qu'ils auront eux-mêmes contribuées à
mettre sur pied ».
La société civile dans son ensemble figure
désormais au rang des acteurs du Partenariat ». Il convient
successivement d'apprécier quel est son contenu pour, ensuite,
dégager ses attributions et les missions qui lui sont
confiées.
La société civile est un concept né sur
la scène internationales pour définir tous les acteurs non
étatiques, généralement exclus du dialogue politique
national ou au sein d'instances communautaires ou mondiales. Pour permettre un
dialogue humain et replacer les individus au coeur des réformes
institutionnelles et du développement, il devenait d'associer à
la fois les acteurs économiques et sociaux non étatiques et les
organisations non gouvernementales.
Les acteurs
économiques et sociaux non étatiques
Cette catégorie de la société civile
regroupe les individus, les travailleurs salariés ou indépendants
qui participent à la vie économique et sociale de l'État.
Rompant avec la tradition des accords de Lomé, la Convention de Cotonou
entend promouvoir une approche participative « qui consiste
à associer aux efforts de développement et sous la
responsabilité des pouvoirs publics, maîtres d'oeuvre en la
matière, l'ensemble des forces vives de la
société »172(*).
Le secteur privé, d'une part, est invité
à prendre part au dialogue avec les pouvoirs étatiques ainsi
qu'avec les autres membres de la société civile. La
représentativité de ces acteurs doit être
avérée, dans chacun des États ACP.
D'autre part, la Convention de Cotonou vise
« les partenaires économiques et sociaux »,
à savoir l'ensemble des forces de travail et des organes qui
défendent leurs intérêts tels que les syndicats,
corporatismes ou toutes autres formes d'organisation représentatives
d'une partie de la population.
Ces acteurs doivent non seulement fonctionner de
manière démocratique mais également répondre
expressément « aux besoins de la population » et
doivent, pour ce faire, exploiter des compétences
particulières.
Plusieurs groupes de travail, institués par le premier
forum de la société civile ACP des 2 et 3 juillet 2001, ont pour
mission de réfléchir aux composantes de la société
civile dans la perspective de promouvoir le dialogue. Dès lors, dans son
discours d'ouverture, monsieur Jean-Robert Goulongana, secrétaire
général du groupe ACP, souligne la difficulté
d'appréhender un tel concept : « si la
nécessité d'une large participation dans le processus de
développement des nouveaux acteurs et leur implication dans le
partenariat ACP-UE ont donc été admis et consignés dans
l'Accord, encore faut-il définir de façon plus précise les
modalités de leur implication, qui dépendent, pour l'essentiel,
vu leur diversité, de la situation spécifique dans chaque pays
ACP.»173(*)
L'enjeu de ce dialogue
« vertical »174(*) est de rassembler et de rendre cohérent le
discours des acteurs économiques et sociaux. Ceux-ci, qu'ils
appartiennent à la sphère privée ou publique, au domaine
économique, social ou autre, ont pour objectif de rendre plus
démocratique et plus efficace les projets s'inscrivant dans le cadre du
développement. Dès lors, il s'agit de trouver, dans chacun des
États ACP, l'unité de la société civile ainsi que
les modalités de sa représentation pour un discours conforme aux
attentes de l'ensemble de cette entité
hétérogène.
La définition des acteurs non étatiques
dépend donc de chaque État ACP, de sa culture et des pratiques
politiques et participatives qui existent. Cependant, les pays qui ne
répondent pas aux idéaux démocratiques doivent être
incités à instaurer un tel dialogue et l'appréciation du
contenu de cette catégorie doit être le fait d'intervenants
extérieurs neutres.
Les organisations non
gouvernementales
Les organisations non gouvernementales175(*), entités juridiques
qui ont pour ambition de représenter la société civile
dans le cadre des relations avec l'État ou avec les enceintes
internationales.
Il n'existe aucune définition précise de
l'organisation non gouvernementale tant elles sont nombreuses et diverses. Les
seules caractéristiques communes sont une autonomie par rapport aux
différents gouvernements ACP, occidentaux ou autres et dans leur
caractère non lucratif. Cependant, les ambitions de chacune divergent,
seules quelques unes interviennent activement dans le développement des
États ACP.
Les ONG sont vivement critiquées du fait de l'absence
de légitimité. Elles constituent néanmoins un contre
pouvoir, sinon politique du moins médiatique, à l'État et
certaines jouent le jeu de l'information des citoyens. Les pays en voie de
développement connaissent un essor de cette forme de participation,
certaines constituant un véritable catalyseur pour la
démocratisation des États. Dès lors, la Communauté
européenne apporte son soutien aux ONG
bénéfiques pour le développement des États
ACP. Ce sont ces organes qui sont invitées au dialogue politique tel
qu'il est entendu par la Convention de Cotonou. L'article 7 relatif au
« développement des capacités » encourage la
création de telles ONG et souhaite leur implication dans le partenariat.
En effet, ces ONG peuvent apporter un éclairage réaliste sur les
stratégies proposées puisqu'elles jouent un rôle essentiel
dans leur mise en oeuvre, sur le terrain.
Les représentants de la société civile,
dès lors qu'ils sont « investis » d'un réel
pouvoir de représentation, sont des acteurs incontournables du dialogue
politique.
Cependant, les États contestent l'intervention de la
société civile car elle constitue un contre pouvoir grandissant.
La Convention de Cotonou a toutefois entendu associer cet acteur au dialogue
politique et lui octroie un rôle déterminant dans le cadre du
partenariat ACP-UE.
L'intervention de la société civile : une
nécessité pour la réussite du partenariat
La Convention de Cotonou encadre l'intervention de la
société civile dans le partenariat. En effet, cet acteur
investit d'un « rôle complémentaire » à
l'État. Dès lors, l'article 4, relatif à
« l'approche générale » octroie aux acteurs
non étatiques des droits. De plus, l'accord de coopération met en
évidence la nécessaire collaboration des acteurs non
étatiques des pays ACP et des membres de la Communauté
européenne.
Les
« droits » octroyés à la
société civile dans le cadre du partenariat
L'intervention des acteurs non étatiques dans les
processus d'élaboration des stratégies se limite au pouvoir de
consultation et d'information. En effet, impliqués dans le dialogue
politique, ils peuvent apporter des solutions et des explications
concrètes aux problèmes que les États abordent parfois
sous un angle théorique.
La société civile joue donc principalement un
rôle consultatif ; elle est soutenue également dans son
projet d'extension et de dialogue plus ouvert.
Parallèlement, les acteurs non étatiques sont
actifs dans la mise en oeuvre de projets ou d'initiatives locales,
bénéfiques pour le partenariat. Dans cette perspective, ils
reçoivent et gèrent une aide financière destinée au
développement local, celui-ci devant être entrepris par les
acteurs situés au niveau le plus approprié.
Ce « principe de subsidiarité » les
investit donc d'un large pouvoir de représentation des citoyens. Ainsi,
la société civile est au coeur du dialogue politique et, donc, au
coeur du partenariat.
Ce rôle, jusque là informel, prend une nouvelle
dimension avec la Convention de Cotonou. Désormais reconnue, la
participation de la société civile à la coopération
ACP-UE reste à être organisée et rationalisée avec
la pratique de Cotonou.
Ainsi, la société civile est
l'élément déclencheur du processus de
démocratisation et de la mise en oeuvre effective du volet politique.
2- La mise en place d'un
réseau d'information et de coopération entre les acteurs de la
société civile
Les acteurs non gouvernementaux, pour exercer pleinement leurs
fonctions, doivent communiquer entre eux, d'un État à l'autre.
Ainsi, le partenariat soutien les réseaux d'information qui permettent
« une meilleure information et de créer une plus grande
connaissance des caractéristiques de base du partenariat
ACP-UE.»176(*)
Cette démarche a pris forme lors de la réunion
du forum de la société civile ACP de juillet 2001 : cette
première session a permis de mettre en marche une réflexion de
l'ensemble des acteurs non étatiques sur les pouvoirs dont ils sont
investis par l'accord de Cotonou et sur leur mise en oeuvre optimale. Les
thèmes se sont axés principalement sur
« l'information et la consultation de la société
civile », « la représentation de ses
différentes composantes », etc., autant de sujets qui
permettent de renforcer la cohérence et l'unité des
différents acteurs non étatiques.
Conclusion Générale
Le cadre de coopération ACP/UE a beaucoup
évolué avec les phases successives de coopération
jusqu'à l'accord de Cotonou actuellement en vigueur. Cet accord a pour
soubassement la coopération économique, politique et
financière à travers la lutte contre la pauvreté,
l'élaboration d'un nouveau cadre de coopération économique
et commercial, le renforcement de la dimension politique, l'approche
participative et l'amélioration de la coopération
financière.
Avec l'évolution de la configuration économique
et géopolitique mondiale, l'UE s'est alignée sur les nouvelles
approches du développement dans le cadre de la mondialisation. Elle a
obtenu la redéfinition des relations ACP - UE selon ses termes en se
basant sur les échecs des premiers accords. L'approche nouvelle
étant la lutte contre la pauvreté et l'intégration des
pays ACP au marché mondial.
La Commission et le Conseil de l'UE ont fixé comme
objectif principal de la politique de développement de la
Communauté la réduction, et à terme, l'éradication
de la pauvreté. Cela implique un soutien au développement durable
dans les domaines économique, social et environnemental. Cela implique
aussi non seulement qu'une aide doit être octroyée à des
initiatives environnementales particulières, mais aussi que la dimension
environnementale soit
Intégrée dans tous les instruments et programmes
existants, surtout dans les domaines de
concertations prioritaires de l'UE, tel que le commerce,
l'agriculture, la pêche, les transports
et l'énergie.
La politique européenne de développement et les
relations de coopération entre l'UE et les pays africains ont perdu leur
spécificité en s'alignant sur l'agenda international basé
sur le commerce. D'après plusieurs analystes il n'y a plus en
réalité de coopération au développement ; à
l'avenir il n'y aura que des relations extérieures commerciales ou
politiques. Cette situation amène l'UE à négocier les
accords de partenariat économiques avec les pays africains.
Malgré les conclusions négatives des études d'impact
menées à ce jour177(*), l'UE pousse l'agenda des APE alors que les gains ne
sont pas visibles. Même la Banque Mondiale est en désaccord sur
ces APE.
Le commerce est considéré par l'UE comme un
instrument au service du développement et de l'environnement. Trois
éléments essentiels pour assurer une contribution à la
croissance économique et au développement durable, grâce
à l'intégration du commerce dans les stratégies de
développement : des politiques macro-économiques saines ; un
meilleur accès au marché et des règles commerciales
équilibrées en soutien aux réformes internes ; enfin une
assistance technique commerciale et une aide au développement des
capacités des pays ainsi que l'intégration du commerce dans leur
stratégie nationale de réduction de la pauvreté.
Cette vision de l'UE dans sa coopération avec les ACP
ramène l'Accord de Cotonou à un instrument ayant un objectif
purement commercial. Les éléments liés à la
gouvernance politique et de lutte contre la pauvreté sont
intégrés pour satisfaire la stratégie économique
à travers les APE, d'une part, satisfaire les soucis des pays africains
par rapport à la lutte contre la pauvreté. Elle peut
paraître logique pour la première puissance commerciale mondiale,
cependant il s'agit de voir si la libéralisation du commerce comme voulu
par l'UE dans Cotonou et dans l'OMC, facilite ou entrave le
développement durable en Afrique.
L'objectif d'intégration des pays africains dans
l'économie mondiale dans un contexte de mondialisation sera un
très long processus si on se réfère au rapport
inégal des forces. Les économies des pays en développement
déjà bien fragilisées et exposées à
l'instabilité financière pourront-elles sur la base du libre
échange s'intégrer dans un circuit qui donne la faveur aux pays
riches et où la règle est le respect des desiderata de ces
derniers. La dichotomie entre le discours de l'UE et celui des autres bailleurs
de fonds en matière de commerce et développement et la
réalité de l'action tant au niveau bilatéral que
multilatéral est flagrante.
Suivant le credo des institutions financières
internationales, l'objectif fondamental des
politiques de lutte contre la pauvreté est la
croissance. Toutefois, en reconnaissance du fait que la croissance ne profite
pas automatiquement aux pauvres, une certaine importance est accordée
à l'éducation et la santé. Par ailleurs, un
élément de taille manque dans le dispositif d'action de l'UE pour
la lutte contre la pauvreté, il s'agit de la restauration de la
responsabilité nationale dans l'élaboration des politiques contre
la pauvreté. Il apparaît des liens importants entre l'aide
liée, sous conditionnalités et qui répond à
l'agenda des bailleurs et le rôle de ces mesures dans les
inégalités et l'aggravation de la pauvreté.
En outre, l'économie africaine est
particulièrement extravertie. Cette situation empêche la mise en
place de politiques endogènes de développement durable. Car les
politiques commerciales imposées conduisent à ouvrir encore plus
des économies déjà affaiblies par cet état de fait.
Les économies africaines restent très dépendantes de
quelques produits de base peu ou non transformés. Leur exportation ne
permet guère des bénéfices sur l'ouverture commerciale
alors qu'elle induit de nombreux déséquilibres en termes de
sécurité alimentaire et de préservation de
l'environnement.
L'UE influence beaucoup le cadre de partenariat et les
priorités en matière de développement des pays africains
en faisant valoir ou en imposant des choix qui correspondent plus à ses
intérêts. La tendance à la budgétisation
amorcée par la Commission européenne constitue une limite et un
recul réel dans la coopération. L'UE aussi, dans les pays est
soumise aux stratégies politiques et diplomatiques de ses membres avec
l'Etat africain. Résultat, elle ne fait pas la différence entre
les gouvernants et les organisations de la Société Civile.
L'Union Européenne tout en poussant les pays africains
à une plus grande ouverture des marchés et à toujours plus
de libéralisation, protège son marché et ses producteurs
de la concurrence grâce à tout un attirail de mesures qu'elle est
à même d'imposer dans les instances internationales. Le cas du
commerce des produits agricoles et la politique agricole de l'UE largement
subventionniste et protectionniste constituent de bons exemples.
Le constat sur les politiques ainsi que les pratiques est plus
favorable à l'incohérence qu'à la cohérence comme
règle. Il est aujourd'hui établi que les soutiens multiformes aux
produits agricoles européens se chiffrent en milliards de dollars de
pertes pour les économies d'Afrique sub-saharienne. Les
conditionnalités et l'appropriation ou la maîtrise nationale des
programmes tous deux défendus par l'UE sont également des
concepts inconciliables.
Le maintien des subventions agricoles en Europe réduit
progressivement les revenus des paysans africains. La politique agricole
commune qui est à la base de la stratégie de l'UE dans ses
relations avec les pays africains aussi longtemps qu'elle implique et facilite
ce commerce international, il sera difficile pour elle d'être autre chose
qu'une politique décourageant la durabilité. Car la plantation,
et non le réseau de producteur indépendant, est le partenaire de
préférence des grands opérateurs économiques. Les
styles d'agriculture industrielle, la transformation des aliments et la vente
au détail dans l'UE tendent à stimuler les producteurs africains
à adopter les mêmes modes de développement, si ces derniers
veulent bénéficier des récompenses financières
intrinsèques au commerce avec l'UE. Ce qui est en contradiction avec les
priorités des développements durables dans la sous région
ouest africaine.
Dans le cadre de la gestion des ressources naturelles et de
l'environnement, il faut souligner le fait que les pays de l'Union
Européenne sont ceux qui ont le plus prélevé par le
passé et qui continuent de s'arroger une part importante des ressources
naturelles disponibles. Les exemples de l'exploitation des forêts et des
ressources halieutiques en sont une illustration flagrante. L'UE a signé
différents accords de pêche, entre autre avec le
Sénégal et la Mauritanie, mais dont les prises ne correspondent
pas toujours au protocole d'accord. Cela résulte en un
dépérissement de la faune maritime.
Le poids de la dette à la charge des pays africains
ainsi que la constitution des fonds
nécessaires à l'atteinte des objectifs
visés constituent encore des goulots d'étranglement. Là
aussi l'UE ne prévoit pas explicitement l'annulation de la dette,
préférant s'en tenir aux politiques décidées dans
ce domaine par ses pays membres. Il faut noter la diminution depuis
quelques décennies des fonds de l'aide malgré
les engagements pris au niveau international, alors que la mobilisation de
ressources financières importantes est une condition pour combler
les écarts. Il faut aussi noter que la ventilation
sectorielle de l'aide n'est pas souvent en faveur du développement
humain, car étant couplée aux intérêts
stratégiques de l'UE. Les actions préconisées par l'UE sur
le financement du développement sont largement insuffisantes et parfois
inadéquates.
Dans la pratique, l'UE n'applique pas entièrement
l'Accord de Cotonou. En effet, l'un des principes est la participation des
acteurs non étatiques afin de contribuer à la réalisation
de l'objectif de réduction de la pauvreté. Dans la plupart des
pays africains, ce principe n'a pas été mis en application de
façon convenable. Absence de dialogue pour les PIN, manque d'information
sur les différentes étapes de la coopération Etat/UE.
D'autre part les secteurs de concentration faisant l'objet du financement de
l'UE restent centrés, dans la plupart des pays ouest africains, sur le
transport et l'appui macro-économique. Il a été
relevé, aussi, la difficulté de faire une évaluation
objective des performances de l'UE par rapport à la réalisation
des objectifs de durabilité.
La dimension politique inexistante au début a pris de
l'ampleur au fil des années, jusqu'à devenir la composante clef
de l'Accord. Le Dialogue politique est l'instrument privilégié de
la coopération. La coopération politique est basée sur le
respect des principes des droits de l'homme, de démocratie et de bonne
gouvernance. Leur violation provoque la suspension du partenariat.
L'adoption de la bonne gouvernance comme
conditionnalité pour la réalisation des objectifs de
développement durable ne repose pas encore sur des critères
avérés d'évaluation, notamment en ce qui concerne les
réformes institutionnelles. L'évaluation des progrès
réalisés et des situations est à géométrie
variable et reste dominé par les intérêts
stratégiques. Le cas du Togo et de la Guinée sont illustratifs de
cette démarche. L'objectif de l'établissement d'accords de
partenariat entre l'Union Européenne et les pays africains était
de favoriser ou soutenir le développement des anciennes colonies au
moyen de préférences commerciales non réciproques et
d'apports financiers. La motivation de ces accords relevait aussi pour l'Europe
de la préservation de marchés extérieurs
privilégiés, de la gestion des intérêts
géostratégiques dans le cadre de la guerre froide et de garantir
l'approvisionnement en matières premières.
L'accord de Cotonou marque la fin du droit à l'aide et
le renforcement des conditionnalités dans tous les domaines. Les
politiques de l'UE suscitent des espoirs dans les pays africains, mais, comme
tous les autres cadres de coopération, les résultats se font
attendre. Afin de donner un contenu qui est davantage en phase avec les
priorités des Africains, la politique de coopération de l'UE doit
s'inscrire dans une dynamique d'appui au renforcement des capacités
endogènes d'élaboration, d'exécution des programmes de
développement.
ANNEXES
· Annexe n° 1 : Carte des pays
ACP
· Annexe n° 2 : Etat des
ratifications de la Convention de Cotonou au 7 mai 2003
· Annexe n° 3: Le préambule de
la Convention de Cotonou
· Annexe n° 4 : Les articles 9
relatif aux « éléments essentiels et
élément fondamental » et 96 et 97 de la convention de
Cotonou relatifs à la conditionnalité politique
Annexe 1 : LES PAYS ACP (AFRIQUE,
CARAÏBES, PACIFIQUE)
ANNEXE 2
Ratification de l'Accord de Cotonou
|
au 7 mai 2003
Etats européens ayant ratifié l'accord: 15
+Communauté
Etats ACP ayant ratifié l'accord : 76
Suivant le dépôt de l'instrument de ratification
par la Communauté européenne auprès du Secrétariat
général des pays ACP le 27 février 2003, l'accord
est entré en vigueur le 1er avril 2003.
L'accord s'applique à tous les Etats ACP ayant
ratifié l'accord au moment de son entrée en vigueur.
Pour ce qui concerne les Etats ACP qui n'avaient pas
ratifié l'accord au moment de son entrée en vigueur, l'accord
s'appliquera à partir du premier jour du deuxième mois suivant la
date à laquelle les instruments de ratification requis auront
été déposés (article 93.3).
Pour plus de détails, voir le site du Bureau des
Accords du Conseil de l'Union:
ETAT DES RATIFICATIONS PAR LES ETATS
MEMBRES
PAYS
|
Date de ratification effective
|
Allemagne
|
14 mai 2002
|
Autriche
|
17 juillet 2002
|
Belgique
|
17 janvier 2003
|
Danemark
|
4 juillet 2001
|
Espagne
|
19 juin 2002
|
Finlande
|
18 février 2002
|
France
|
10 avril 2002
|
Grèce
|
31 octobre 2002
|
Irlande
|
28 mai 2002
|
Italie
|
12 novembre
|
Luxembourg
|
24 octobre
|
Pays-bas
|
20 décembre
|
Portugal
|
10 juillet 2002
|
Royaume-uni
|
17 décembre 2001
|
Suède
|
20 décembre 2001
|
Communauté européenne
|
27 février 2003
|
Source : http://ue.eu.int/Accords/
ETAT DES RATIFICATIONS PAR LES ETATS ACP
PAYS
|
Date de ratification effective
|
Afrique du sud
|
8 juillet 2002
|
Angola
|
28 février 2003
|
Antigua et Barbuda
|
26 novembre 2001
|
Bahamas
|
26 avril 2001
|
Barbade
|
27 février 2002
|
Belize
|
13 septembre 2001
|
Bénin
|
16 janvier 2002
|
Botswana
|
7 mars 2002
|
Burkina
|
Faso 6 mai 2002
|
Burundi
|
7 février 2003
|
Cameroun
|
21 février 2002
|
Cap Vert
|
23 octobre 2002
|
Comores
|
4 septembre 2001
|
Congo
|
13 décembre 2002
|
Cook (îles)
|
27 juin 2000
|
Côte d'Ivoire
|
28 janvier 2003
|
Djibouti
|
2 octobre 2001
|
Dominique
|
29 juillet 2002
|
Erythrée
|
10 septembre 2001
|
Ethiopie
|
31 juillet 2001
|
Fidji
|
10 juillet 2001
|
Gabon
|
14 mai 2002
|
Gambie
|
11 février 2002
|
Ghana
|
3 janvier 2002
|
Grenade
|
17 mai 2002
|
Guinée
|
28 juin 2001
|
Guinée bissau
|
28 avril 2003
|
Guinée équatoriale
|
26 mars 2003
|
Guyana
|
28 juin 2001
|
Haïti
|
25 mars 2003
|
Jamaïque
|
16 février 2001
|
Kenya
|
6 avril 2001
|
Kiribati
|
13 mars 2003
|
Lesotho
|
6 juin 2001
|
Liberia
|
4 février 2003
|
Madagascar
|
26 juillet 2002
|
Malawi
|
18 décembre 2000
|
Mali
|
19 avril 2001
|
Marshall (îles)
|
30 novembre 2000
|
Maurice
|
18 septembre 2000
|
Mauritanie
|
30 mars 2001
|
Micronésie
|
8 février 2002
|
Mozambique
|
12 décembre 2001
|
Namibie
|
7 juin 2002
|
Nauru
|
31 mars 2003
|
Niger
|
19 mars 2002
|
Nigeria
|
12 mars 2003
|
Niue
|
4 décembre 2000
|
Ouganda
|
3 janvier 2002
|
Palau
|
31 août 2001
|
Papouasie- Nouvelle Guinée
|
3 mai 2002
|
République centrafricaine
|
28 mai 2002
|
République démocratique du
Congo
|
22 mai 2002
|
République dominicaine
|
21 décembre 2001
|
Rwanda
|
11 avril 2002
|
Salomon
|
25 juillet 2002
|
Samoa
|
16 mars 2001
|
São Tomé é
Princípe
|
4 mars 2003
|
Sénégal
|
27 février 2003
|
Seychelles
|
11 décembre 2000
|
Sierra leone
|
4 septembre 2001
|
Somalie
|
Pas de signature de l'Accord Article
93.6 applicable
|
Soudan
|
29 octobre 2001
|
St Kitts et Nevis
|
16 juillet 2001
|
St Lucie
|
16 janvier 2002
|
St Vincent et les Grenadines
|
24 avril 2002
|
Suriname
|
10 avril 2002
|
Swaziland
|
23 mai 2002
|
Tanzanie
|
3 décembre 2001
|
Tchad
|
14 mai 2002
|
Togo
|
21 novembre 2001
|
Tonga
|
2 mars 2001
|
Trinité et Tobago
|
18 juin 2002
|
Tuvalu
|
26 juillet 2001
|
Vanuatu
|
6 juin 2002
|
Zambie
|
13 mai 2002
|
Zimbabwe
|
15 novembre 2002
|
Source : http://ue.eu.int/Accords/
ANNEXE 3
PRÉAMBULE
« VU le traité instituant la
Communauté européenne, d'une part, et l'accord de Georgetown
instituant le groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (ACP), d'autre part;
AFFIRMANT leur engagement à oeuvrer ensemble en vue de
la réalisation des objectifs d'éradication de la pauvreté,
de développement durable et d'intégration progressive des pays
ACP dans l'économie mondiale;
EXPRIMANT leur détermination à apporter par leur
coopération une contribution significative au développement
économique, social et culturel des États ACP et au
mieux-être de leurs populations , à les aider à relever les
défis de la mondialisation et à renforcer le partenariat ACP-UE
dans un effort visant à donner au processus de mondialisation une
dimension sociale plus forte;
RÉAFFIRMANT leur volonté de revitaliser leurs
relations privilégiées et de mettre en oeuvre une approche
globale et intégrée en vue d'un partenariat renforcé
fondé sur le dialogue politique, la coopération au
développement et les relations économiques et commerciales;
RECONNAISSANT qu'un environnement politique garantissant la
paix, la sécurité et la stabilité, le respect des droits
de l'homme, des principes démocratiques et de l'État de droit et
la bonne gestion des affaires publiques, fait partie intégrante du
développement à long terme; reconnaissant que la
responsabilité première de la mise en place d'un tel
environnement relève des pays concernés;
RECONNAISSANT que des politiques économiques saines et
durables sont une condition préalable du développement;
SE RÉFÉRANT aux principes de la Charte des
Nations Unies, et rappelant la Déclaration universelle des droits de
l'homme, les conclusions de la Conférence de Vienne de 1993 sur les
droits de l'homme, les Pactes sur les droits civils et politiques et sur les
droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur les droits
de l'enfant, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes, la Convention internationale
sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, les
Conventions de Genève de 1949 et les autres instruments du droit
international humanitaire, la Convention de 1954 sur le statut des apatrides,
la Convention de Genève de 1951 relative au statut des
réfugiés et le protocole de New York de 1967 relatif aux statut
des réfugiés;
CONSIDÉRANT la Convention de sauvegarde des droits de
l'homme et des libertés fondamentales du Conseil de l'Europe, la Charte
africaine des droits de l'homme et des peuples, ainsi que la Convention
américaine des droits de l'homme comme des contributions
régionales positives au respect des droits de l'Homme dans l'Union
européenne et les États ACP;
RAPPELANT les déclarations de Libreville et de Santo
Domingo des chefs d'État et de
gouvernement des pays ACP lors de leurs sommets de 1997 et
1999;
CONSIDÉRANT que les objectifs et principes du
développement définis lors des conférences des Nations
Unies et l'objectif fixé par le comité d'aide au
développement de l'OCDE visant à réduire de moitié,
d'ici à 2015, le nombre de personnes vivant dans l'extrême
pauvreté, offrent une vision précise et doivent sous-tendre la
coopération ACP-UE dans le cadre du présent accord;
ACCORDANT une attention particulière aux engagements
souscrits lors des conférences des Nations Unies de Rio, Vienne, Le
Caire, Copenhague, Pékin, Istanbul et Rome, et reconnaissant la
nécessité de poursuivre les efforts en vue de réaliser les
objectifs et de mettre en oeuvre les programmes d'action qui ont
été définis dans ces enceintes;
SOUCIEUX de respecter les droits fondamentaux des
travailleurs, et tenant compte des principes contenus dans les conventions
pertinentes de l'Organisation internationale du travail;
RAPPELANT les engagements auxquels elles ont souscrit dans le
cadre de l'Organisation mondiale du commerce,
ONT DÉCIDÉ DE CONCLURE LE PRÉSENT
ACCORD: »
ANNEXE 4 : Les articles 9
relatif aux « éléments essentiels et
élément fondamental » et 96 et 97 de la convention de
Cotonou relatifs à la conditionnalité politique
ARTICLE 9
« Éléments essentiels et
élément fondamental
1. La coopération vise un développement durable
centré sur la personne humaine, qui en est
l'acteur et le bénéficiaire principal, et
postule le respect et la promotion de l'ensemble des droits de l'homme. Le
respect de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales, y
compris le respect des droits sociaux fondamentaux, la démocratie
basée sur l'État de droit, et une gestion transparente et
responsable des affaires publiques font partie intégrante du
développement durable.
2. Les parties se réfèrent à leurs
obligations et à leurs engagements internationaux en matière
de respect des droits de l'homme. Elles
réitèrent leur profond attachement à la dignité et
aux droits de l'homme qui constituent des aspirations légitimes des
individus et des peuples. Les droits de l'homme sont universels, indivisibles
et interdépendants. Les parties s'engagent à promouvoir et
protéger toutes les libertés fondamentales et tous les droits de
l'homme, qu'il s'agisse des droits civils et politiques, ou économiques,
sociaux et culturels. L'égalité entre les hommes et les femmes
est réaffirmée dans ce contexte.
Les parties réaffirment que la démocratisation,
le développement et la protection des libertés
fondamentales et des droits de l'homme sont
interdépendants et se renforcent mutuellement. Les principes
démocratiques sont des principes universellement reconnus sur lesquels
se fonde l'organisation de l'État pour assurer la
légitimité de son autorité, la légalité de
ses actions qui se reflète dans son système constitutionnel,
législatif et réglementaire, et l'existence de mécanismes
de participation. Sur la base des principes universellement reconnus, chaque
pays développe sa culture démocratique.
L'État de droit inspire la structure de l'État
et les compétences des divers pouvoirs, impliquant en particulier des
moyens effectifs et accessibles de recours légal, un système
judiciaire indépendant garantissant l'égalité devant la
loi et un exécutif qui est pleinement soumis au respect de la loi. Le
respect des droits de l'homme, des principes démocratiques et de
l'État de droit, sur lesquels se fonde le partenariat ACP-UE, inspirent
les politiques internes et internationales des parties et constituent les
éléments essentiels du présent accord.
3. Dans le cadre d'un environnement politique et
institutionnel respectueux des droits de
l'homme, des principes démocratiques et de
l'État de droit, la bonne gestion des affaires publiques se
définit comme la gestion transparente et responsable des ressources
humaines, naturelles, économiques et financières en vue du
développement équitable et durable. Elle implique des
procédures de prise de décision claires au niveau des pouvoirs
publics, des institutions transparentes et soumises à l'obligation de
rendre compte, la primauté du droit dans la gestion et la
répartition des ressources, et le renforcement des capacités pour
l'élaboration et la mise en oeuvre de mesures visant en particulier la
prévention et la lutte contre la corruption.
La bonne gestion des affaires publiques, sur laquelle se fonde
le partenariat ACP-UE, inspire les politiques internes et internationales des
parties et constitue un élément fondamental du présent
accord. Les parties conviennent que seuls les cas graves de corruption, active
et passive, tels que définis à l'article 97 constituent une
violation de cet élément.
4. Le partenariat soutient activement la promotion des droits
de l'homme, les processus de
démocratisation, la consolidation de l'État de
droit et la bonne gestion des affaires publiques.
Ces domaines constituent un élément important du
dialogue politique. Dans le cadre de ce
dialogue, les parties accordent une importance
particulière aux évolutions en cours et au caractère
continu des progrès effectués. Cette évaluation
régulière tient compte de la situation économique,
sociale, culturelle et historique de chaque pays.
Ces domaines font également l'objet d'une attention
particulière dans l'appui aux stratégies de développement.
La Communauté apporte un appui aux réformes politiques,
institutionnelles et juridiques, et au renforcement des capacités des
acteurs publics, privés et de la société civile, dans le
cadre des stratégies qui sont décidées d'un commun accord
entre l'État concerné et la Communauté. »
ARTICLE 96
« Éléments essentiels -
Procédure de consultation et mesures appropriées concernant les
droits de l'homme, les principes démocratiques et l'État de
droit
1. Aux fins du présent article, on entend par "partie",
la Communauté et les États membres de
l'Union européenne, d'une part, et chaque État
ACP, d'autre part.
2. a) Si, nonobstant le dialogue politique mené de
façon régulière entre les parties, une partie
considère que l'autre a manqué à une
obligation découlant du respect des droits de l'homme, des principes
démocratiques et de l'État de droit visés à
l'article 9, paragraphe 2, elle fournit à l'autre partie et au Conseil
des ministres, sauf en cas d'urgence particulière, les
éléments d'information utiles nécessaires à un
examen approfondi de la situation en vue de rechercher une solution acceptable
par les parties. À cet effet, elle invite l'autre partie à
procéder à des consultations, portant principalement sur les
mesures prises ou à prendre par la partie concernée afin de
remédier à la situation.
Les consultations sont menées au niveau et dans la
forme considérés les plus appropriés en vue de trouver une
solution.
Les consultations commencent au plus tard 15 jours
après l'invitation et se poursuivent pendant une période
déterminée d'un commun accord, en fonction de la nature et de la
gravité du manquement.
Dans tous les cas, les consultations ne durent pas plus de 60
jours.
Si les consultations ne conduisent pas à une solution
acceptable par les parties, en cas de refus de consultation, ou en cas
d'urgence particulière, des mesures appropriées peuvent
être prises. Ces mesures sont levées dès que les raisons
qui les ont motivées disparaissent.
b) Les termes "cas d'urgence particulière" visent des
cas exceptionnels de violations
particulièrement graves et évidentes d'un des
éléments essentiels visés à l'article 9, paragraphe
2 , qui nécessitent une réaction immédiate.
La partie qui recourt à la procédure d'urgence
particulière en informe parallèlement l'autre partie et le
Conseil des ministres, sauf si les délais ne le lui permettent pas.
c) Les "mesures appropriées" au sens du présent
article, sont des mesures arrêtées en
conformité avec le droit international et
proportionnelles à la violation. Le choix doit porter en priorité
sur les mesures qui perturbent le moins l'application du présent accord.
Il est entendu que la suspension serait un dernier recours.
Si des mesures sont prises, en cas d'urgence
particulière, celles-ci sont immédiatement notifiées
à l'autre partie et au Conseil des ministres. Des consultations peuvent
alors être convoquées, à la demande de la partie
concernée, en vue d'examiner de façon approfondie la situation
et, le cas échéant, d'y remédier. Ces consultations se
déroulent selon les modalités spécifiées aux
deuxième et troisième alinéas du point a). »
ARTICLE 97
« Procédure de consultation et mesures
appropriées concernant la corruption
1. Les parties considèrent que, dans les cas où
la Communauté est un partenaire important en
termes d'appui financier aux politiques et programmes
économiques et sectoriels, les cas graves de corruption font l'objet de
consultations entre les parties.
2. Dans de tels cas, chaque partie peut inviter l'autre
à procéder à des consultations. Celles-ci
commencent au plus tard 21 jours après l'invitation et
ne durent pas plus de 60 jours.
3. Si les consultations ne conduisent pas à une
solution acceptable par les parties ou en cas de
refus de consultation, les parties prennent les mesures
appropriées. Dans tous les cas, il appartient, en premier lieu, à
la partie auprès de laquelle ont été constatés les
cas graves de corruption de prendre immédiatement les mesures
nécessaires pour remédier à la situation. Les mesures
prises par l'une ou l'autre partie doivent être proportionnelles à
la gravité de la situation. Le choix doit porter en priorité sur
les mesures qui perturbent le moins l'application du présent accord. Il
est entendu que la suspension serait un dernier recours.
4. Aux fins du présent article, on entend par "partie",
la Communauté et les États membres de
l'Union européenne, d'une part, et chaque État
ACP, d'autre part. »
BIBLIOGRAPHIE
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généraux :
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économiques de développement », n°108, collection
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FLAGEUL Noël « Dictionnaire de
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l'économie », n° 198 et n° 199, collection
Repères, éd. La découverte et Syros, 2001
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dépendance à l'interdépendance. Mondialisation et
marginalisation : une chance pour l'Afrique ? »,
édition L'Harmattan, 1998, 431 pages
BARTOLI Henri «Repenser le
Développement. En finir avec la Pauvreté »,
programme « gestion des transformations sociales »,
éditions UNESCO, Economica 205 pages
BOCQUET Dominique «Quelle
efficacité économique pour Lomé ? Redonner du sens au
partenariat entre l'Union Européenne et les pays d'Afrique, des
Caraïbes et du Pacifique », rapport au ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie, Collection des rapports
officiels, la Documentation Française, 108 pages
DE BRUYNE Paul et NKULU KARAMBA Olivier
«La Gouvernance nationale et locale en Afrique
subsaharienne», études africaines, édition l'Harmattan,
2001, 166 pages
GABAS Jean Jacques (sous la direction de)
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coopération à construire », Editions Karthala
1999, 457 pages.
HUGON Philippe
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collection Repères, éditions la découverte et Syros
2001
KANKWENDA Mbaya, GREGOIRE Luc-Joël, LEGROS
Hugues, OUEDRAOGO Harouna « La lutte contre la
pauvreté en Afrique subsaharienne », PNUD,
éditions Ecoomica, 1999
MAHAMAT ADOUM Ismaël « Le
groupe ACP ou l'organisation des Etats d'Afrique, Caraïbes et
Pacifique », Thèse soutenue à Toulouse en 1984
WAGO Jean Baptiste « L'Afrique
face à son destin », études africaines,
éditions l'Harmattan, 1997, 206 pages
SARRASIN Bruno « Ajustement
structurel et lutte contre la pauvreté en Afrique. La banque mondiale
face à la critique », éditions l'Harmattan, 1999,
114 paages
YAMEGO Hermann « Repenser
l'Etat africain », éditions l'Harmattan, 1993, 250
pages
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ALLY Terry « Dix ans
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sur le développement durable, le courrier ACP-UE n°168, mars avril
1998
AMAÏSO Yves Ekoué
« Pour une conférence mondiale sur la
Solidarité : financer le développement sans
ingérence ? », dossier sur le financier du
développement, le courrier ACP-UE n°191, mars avril 2002
LECOMTE Henri-Bertrand,
« mandats de négociation ACP et UE : points communs
et divergences », le courrier n°173, janvier février
1999
BOWEN Brid « La promotion du
commerce équitable », dossier sur le commerce et le
nouvel ordre mondial, le courrier ACP-UE n°166, novembre décembre
1997
BRIGAJDINO Glenn « Un tournant
dans les relations Afrique-Europe », le Courrier ACP-UE
n°157, mai juin 1996
CHEIKH YERIM Seck
« Guinée, un nouvel équilibre »,
Jeune Afrique l'Intelligent, n°2162, 17 au 23 juin 2002
CONZATO Fraco « Le fardeau de
la dette en Afrique subsaharienne », dossier sur le financement
du développement , le courrier ACP-UE n°191, mars avril 2002
DAVID Dominique « Plus de 40
ans de relations Europe-ACP », édition spéciale
accord de Cotonou, le courrier ACP-UE
« L'après Lomé IV : qu'en pense
la société civile ? », le courrier ACP-UE
n°159, septembre octobre 1996
Edition spéciale du Courrier ACP-UE
« Accord de partenariat ACP-CE signé à Cotonou le
23 juin 2000 », septembre 2000
IV- Documents officiels
· Communication émanant de la Commission
européenne, notamment COM(2000), COM(2001) et COM (2002)
· COM(1996) 570 final du 20 novembre 1996,
« Le livre vert sur les relations entre l'UE et les pays
ACP à l'aube du 21ème siècle- défis et
options pour un nouveau partenariat »
· Compendium des stratégies de
coopération. Accord de partenariat entre les membres du groupe des Etats
d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique et la Communauté
européenne ainsi que les Etats membres, signé à Cotonou en
juin 2000, Commission européenne DE 110, novembre 2001
V- Sites Internet
www.acpsec.org :
site du groupe ACP
www.ecdpm.org :
site du centre européen de gestion des politiques de
développement
www.europa.eu.int:
site de l'Union européenne
www.ue-acp.org :
site relatif aux acteurs de processus de la coopération entre l'Union
européenne et les Etats ACP
www.unctad.org :
site de la CNUCED
SOMMAIREINTRODUCTION
GÉNÉRALE
5
INTRODUCTION GÉNÉRALE
5
PARTIE 1 : PARTENARIAT UE - ACP :
UNE COOPÉRATION PERFORMANTE ?
14
Chapitre 1 : La coopération
au développement : quels
objectifs ?
15
Section 1 : Les objectifs du
partenariat
16
I- Vers une
éradication de la pauvreté dans les pays ACP ?
16
A- La
pauvreté : une notion pluridimensionnelle
17
1-
Difficultés relatives à la définition de la
pauvreté
17
2- L'analyse du
point de vue économique
19
3- Prise en compte
des différents facteurs
21
B- Le
développement durable : instrument de lutte contre la
pauvreté
22
1- Une
stratégie globale
22
2- Diversification
des domaines d'action
23
2.1 Aspects
économiques de la lutte contre la pauvreté
24
2.2 Environnement
et pauvreté : quel lien ?
24
2.3 La
santé : un remède à la
pauvreté ?
26
2.4
L'éducation : un aspect essentiel de lutte contre la
pauvreté
27
II- Une prise en
compte des différents degrés de la pauvreté
27
A- Les composantes
de classification internationale
28
1- Les pays les
moins avancés
29
2- Les pays pauvres
très endettés
31
B- Approche
différenciée du partenariat UE - ACP
32
1- L'approche de la
convention de Cotonou
32
2- Prise en compte
des réalités économiques et
géographiques
33
Section 2 : Quelle place des pays ACP
dans l'économie mondiale ?
34
Les États ACP face à l'organisation
financière internationale
35
A- La politique
d'ajustement structurel du FMI
36
B- Le poids de la
dette
37
I- Les pays ACP et
l'OMC : nécessité d'une adaptation de la convention de
Cotonou aux exigences commerciales internationales.
39
II- Le renforcement
de la crédibilité économique des pays ACP
40
A- La
mondialisation : quels effets pour quels enjeux ?
41
C- Vers une
compétitivité des pays ACP ?
42
Chapitre 2 : Le renforcement des
moyens utilisés
44
Section 1 : Les différents
outils de stratégie de développement
45
I- Le
développement économique
46
A- Rôle du
secteur privé
46
La création d'un contexte favorable au
secteur privé
46
2- L'encadrement des services offerts aux
entreprises
47
3- L'appui financier et technique du secteur
privé
48
4- Le nécessaire soutien aux micro
entreprises
48
Les politiques macro-économiques et
structurelles
49
Objectifs et perspectives
49
Les principes « de base » des
politiques macroéconomiques et structurelles
50
B- L'APPROCHE EN
TERMES DE « DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
SECTORIEL » : UNE NÉCESSITÉ
52
1-
L'agriculture : les mesures de soutien
52
2- Tourisme :
un facteur non négligeable dans la lutte contre la
pauvreté
53
II- Les autres
facteurs de développement
54
A- Le facteur
humain et social
54
Le développement social sectoriel
54
Les aspects spécifiques liés à
la jeunesse
55
1- La protection de
la culture
57
B- Les
modalités de la coopération régionale
58
Les modalités de
l' « intégration économique
régionale »
58
Les modalités de
« coopération régionale »
59
C- La protection de
l'environnement
59
Section 2 : Pour une simplification
des moyens de coopération
60
I- Les accords de
partenariat économique
61
II- Pour une
coopération renforcée entre pays développés et les
Etats ACP
62
1- Rôle des
pays ACP au sein des instances internationales
62
2- La
« politique » sur les produits de base
63
III- La
coopération dans le cadre du commerce des services
64
A- L'encadrement du
commerce des services
64
B- Les
modalités relatives au commerce de marchandises
65
PARTIE 2 : LA DIMENSION POLITIQUE DE
L'ACCORD : L'EXIGENCE DE « BONNE GOUVERNANCE »
66
Chapitre 1 : Les
éléments « démocratiques » du
Partenariat : la mise en place d'une conditionnalité
politique de l'aide au développement
68
Section 1 : Le contenu du volet
politique du Partenariat : la rigueur du « bloc » des
éléments politiques exigés des États
ACP
69
La réaffirmation des composantes
« traditionnelles » du volet politique
70
La Démocratie : le rappel d'exigences
déjà anciennes
70
1-
Considérations de l'Etat de droit et de la démocratie
dans le contexte des relations ACP-UE
70
L'approche de l'État de Droit et de la
démocratie par la Convention de Cotonou
72
Quelle place pour les Droits de l'Homme dans la
coopération au développement ?
73
I- La
« bonne gestion des affaires publiques »,
élément politique central de la Convention de
Cotonou
75
A- Le renforcement
de la cohérence institutionnelle des États ACP
75
B- La « bonne gestion des
affaires publiques » : moyen efficace de lutte contre la
corruption et la pauvreté.
76
La corruption : enjeux
76
A- LA NOTION DE
CORRUPTION
77
B- LES CONSÉQUENCES DE LA CORRUPTION
DANS LES ÉTATS ACP
77
La lutte contre la corruption dans les États
ACP : quels moyens ?
78
Section 2 : La
« sanction » : la mise en place d'une
conditionnalité de l'aide au développement
80
La recherche d'une solution de compromis entre les
parties
81
Les éléments préalables
à la procédure de consultation
81
1- Le champ d'application de la
procédure
81
Les éléments nécessaires
à la procédure de consultation
82
La procédure de consultation stricto
sensu
82
La nature des consultations
82
Les délais inhérents à la
procédure
83
3- L'issue de la consultation
83
A- Des
« mesures appropriés » imposées par la
Communauté aux pays ACP
84
Les conditions de la mise en oeuvre d'une telle
procédure
84
Les caractéristiques des « mesures
appropriées »
85
Chapitre 2 : Le dialogue politique :
le nécessaire « trait d'union » du volet politique
du Partenariat
87
Section 1 : Le champ
d'application : des domaines diversifiés pour un dialogue politique
large
88
I- Objectifs et enjeux du dialogue politique
89
L'extension du dialogue à des domaines
sensibles
90
La consolidation de la paix et la prévention
des conflits
90
A- La participation
de nouveaux acteurs au dialogue politique : l'intervention de la
société civile
91
Les acteurs économiques et sociaux non
étatiques
92
Les organisations non gouvernementales
93
L'intervention de la société
civile : une nécessité pour la réussite du
partenariat
94
Les « droits » octroyés
à la société civile dans le cadre du partenariat
95
2- La mise en place d'un réseau
d'information et de coopération entre les acteurs de la
société civile
95
CONCLUSION GÉNÉRALE
96
ANNEXES
101
* 1 Rapport mondial sur le
développement humain 2004 du Programme des Nations unies pour le
Développement (PNUD). Ce rapport présente un bilan complet de
la situation actuelle des pays en développement dans de nombreux
domaines (pauvreté monétaire, santé, éducation,
égalité entre les sexes, protection de l'environnement, etc.). La
plupart des données chiffrées sont extraites de ce rapport.
* 2 Ce constat permet d'affirmer
le plus souvent non sans justesse que les malades sont au Sud et les moyens et
médicaments au Nord
* 3 Organisation Mondiale de la
Santé
* 4 Prix Nobel d'économie
en 2001 et ancien économiste en chef à la Banque mondiale
* 5 Journal Le Monde du
6 novembre 2001
* 6 Ce terme regroupe le
Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM) et les
banques
régionales de développement. L'appellation
d'Institutions de Bretton
Woods (IBW) est également utilisée pour
désigner le FMI et la BM.
* 7 Anciens articles 130 U
à 130 Y. Exclue du champ d'application de ces articles, la
coopération CE ACP obéit toutefois aux mêmes
impératifs que ceux décrits dans ces mêmes articles comme
par exemple la lutte la pauvreté.
* 8 Cet article stipule :
« La Communauté peut conclure avec un ou plusieurs Etats ou
organisations internationales des accords créant une association
caractérisée par des droits et obligations réciproques,
des actions en commun et des procédures
particulières »
* 9 Ci-après
dénommée « CEE », devenue avec le
traité de Maastricht en 1992, la « Communauté
Européenne »
* 10 Devenus articles 178
à 188 CE relatifs aux « pays et territoires d'outre-mer
* 11 Ci-après
dénommé FED
* 12 Les Etats membres de la
communauté gardent le contrôle de ce financement sans être
soumis au vote du parlement européen.
* 13 Du nom de la capitale du
Cameroun
* 14 Le Kenya, la Tanzanie et
l'Ouganda se ont rejoint le groupe.
* 15 Précisons que ces
conventions ont un caractère bilatéral
* 16 Un 2ème
FED pour la Convention de Yaoundé I et un 3ème FED
pour la Convention de Yaoundé II.
* 17 Ci-après
dénommé « EAMA »
* 18 Du nom de la capitale du
Togo. Rejoignent la Coopération, pour la Communauté, le
Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark, et pour les pays ACP, les Bahamas,
Barbade, le Botswana, l'Ethiopie, Fidji, la Gambie, le Ghana, Grenade, La
Guinée, la Guinée-Bissau, la Guyane, la Jamaïque, le
Lesotho, le Libéria, Malawi, Maurice, le Nigeria, Samoa, Sierra Leone,
le Soudan, le Swaziland, Tonga, Trinité et Tobago et la Zambie.
* 19 Par exemple les alias
climatiques et l'invasion des criquets
* 20 Ci-après
dénommé « STABEX »
* 21 Cette nouvelle convention
a connu un 5ème FED. On note également une extension
géographique grâce à de nouvelles adhésion : le
Cap Vert, les Comores, Djibouti, Dominique, Kiribati, la Papouasie, Nouvelle
Guinée, Sainte Lucie, Sao Tome et Principe, Seychelles, Iles Salomon,
Suriname et Tuvalu
* 22 La Grèce est
devenue en 1981 le 10ème membre de la CEE
* 23 Angola, Antigua et
Barbuda, Belize, Mozambique, République Dominicaine, Saint Christophe et
Nevis, Saint Vincent et Grenadines, Vanuatu et Zimbabwe ont rejoint le
groupe
* 24 Prévoit un
8ème FED pour la période 1990-1995. Guinée
équatoriale, Haïti ont rejoint la convention
* 25 Dieter Frisch, le
Courrier, éd. Spéciale Accord de Cotonou, « Plus de
40 ans de relations Europe ACP », P.12
* 26 La convention de
Lomé IV a donc connu deux FED, chacun pour une durée de 5 ans
* 27 L'instauration d'une Union
européenne est basée sur l'existence de trois piliers. Le premier
regroupe les communautés et est axé sur le principe de
l'intégration. Les 2ème et 3ème
piliers, respectivement relatifs à la politique étrangère
et de sécurité commune et à la coopération
judiciaire et policière, sont fondés sur le système de
l'intergouvernementalité et de coopération.
* 28 Le terme d'Union
Européenne - UE -sera utilisé dans les développements
ultérieurs.
* 29 Jacques Delors, courrier
n°151, mai -juin 1995, p. 48
* 30 COM (1996) du 20 novembre
1996, « livre vert sur les relations entre l'union
européenne et les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
à l'aube du 21ème siècle - défis et
options pour un nouveau partenariat »
* 31 Courrier n°162, mars
- avril 1997, p.2, « le livre vert sur les relations entre l'UE
et les pays ACP à l'aube du 21ème siècle :
un réducteur d'incertitudes »
* 32 Courrier n°163, mai -
juin 1997, p.5
* 33 Cet article organise les
modalités de la négociation et de conclusion d'accords externes
de la Communauté avec des pays ou organisations tiers
* 34 Jean Bossuyt, Andrea
Koulaïmah-Gabriel, Geert Laporte, Henri-Bertrand Solignac Lecomte,
« mandats de négociation ACP et UE : points communs et
divergences », le Courrier n°173, janvier - février 1999,
p.72
* 35 Michel Rocard, le courrier
n° 163, p.9
* 36 Du nom de la Capitale
économique du Bénin
* 37 Poul Nielson,
Commissaire européen au développement et à l'aide
humanitaire, « l'accord de Cotonou au service des plus
pauvres », le Courrier, édition spéciale Accord de
Cotonou, septembre 2000, page 2
* 38 La Finlande, la
Suède et l'Autriche ont adhéré en 1995 à la CEE.
* 39 En plus des Etats parties
des précédentes conventions, s'ajoutent les Iles Cook, les Iles
Marshall, la Micronésie, Nauru, Niue et Palau.
* 40 Jean-Yves Capul et Olivier
Garnier, « l'économie et les sciences sociales de A à
Z », Hatier, p.84
* 41 En effet, l'article 1
de la Convention de Lomé IV dispose : « La
Communauté et ses Etats membres, d'une part, et les Etats ACP, d'autre
part, [...] concluent la présente convention de coopération en
vue de promouvoir et d'accélérer le développement
économique, culturel et social et d'approfondir et de diversifier leurs
relations dans un esprit de solidarité et d'intérêt mutuel.
Les parties contractantes affirment ainsi leur engagement à poursuivre,
renforcer et rendre plus efficace le système de coopération
instauré par les première, deuxième et troisième
convention ACP-CEE et confirment le caractère privilégié
de leurs relations, fondé sur leurs intérêts
réciproques et la spécificité de leur coopération.
Les parties contractantes expriment leur volonté d'intensifier leurs
efforts en vue de créer dans la perspective d'un ordre international
plus juste et plus équilibré un modèle de relations entre
Etats développés et Etats en développement et d'oeuvrer
ensemble pour affirmer au plan international les principes qui fondent leur
coopération. » - Convention de Lomé IV du 15
décembre 1989, JOCE L 229 du 17 août 1991, p.3
* 42 Voir en ce sens la
Communication de la Commission au Conseil et au Parlement Européen
« la politique de développement de la Communauté
européenne », COM (2000) 212 final, du 26 avril 2000.
* 43 Dominique David,
« De la pauvreté à l'exclusion », Courrier
ACP-UE n°143, janvier - février 1994, p.42
* 44 Prix Nobel
d'économie en 1998
* 45 La richesse est alors
pressentie comme pouvoir et la pauvreté comme altération des
conditions dans
lesquelles les individus décident ; cela justifie de fait
une intervention des gouvernements et des institutions
internationales.
* 46 Totté Marc (sous
la direction de), La pauvreté en « références
», Hors Série n° 6, COTA - GRESEA - Monde selon les
femmes, Editions COTA, avril 2003.
* 47 Cling Jean-Pierre, De
Vreyer Philippe, Razafindrakoto Mireille, Roubaud François, La
croissance ne suffit pas pour réduire la pauvreté : le
rôle des inégalités, Document de travail DIAL, mai 2003
* 48 Banque mondiale,
Rapport sur le développement dans le monde 2000 : Combattre la
pauvreté, Editions
ESKA, Paris, 2000.
* 49 Dans le contexte de
l'époque, la notion de « sous développement »
était entendu dans une seule perspective économique.
* 50 Donc « on
s'aperçoit que le développement économique à
l'occidentale n'était pas synonyme de l'augmentation du niveau de vie
des habitants du tiers Monde », dossier sur la pauvreté,
Courrier ACP-UE
* 51 Elsa ASSIDON,
« Les théories économiques de
développement », n°108, collection repères,
éd. La découverte, p. 94
* 52 « Les
théories économique du développement »,
précité.
* 53 Définition d'un
Kenyan - rapport de la Banque Africaine de Développement, éd.
Economica, 2000
* 54 Voir en ce sens
« Les théories du Développement »,
précité
* 55 Dans son rapport de
1997, le PNUD propose une définition complète :
« la pauvreté est un état de dénuement ou de
privation tant des besoins fondamentaux de l'existence nécessaires pour
vivre une vie décente, saine, longue et constructive que des
opportunités et perspectives liées à la participation des
individus à la vie active, sociopolitique et culturelle de la
société. » Il admet aussi une imbrication de ces
deux notions : « De même que la croissance
économique est nécessaire au développement humain, le
développement humain est essentiel à la croissance
économique. Toute action éclairée doit s'organiser autour
de cette relation réciproque. », PNUD, rapport Mondial sur le
développement humain, 1997, p. 38
* 56 COM (2000) 212 final du
26 avril 2000, Communication de la Commission au Conseil et au Parlement
européen relative à la « politique de
développement de la Communauté européenne ».
* 57 Donc,
« des personnes sont pauvres lorsqu'elles ne peuvent
accéder à des conditions appropriées et durables de
bien-être, en terme de sécurité d'approvisionnement
alimentaires, de sécurité économique, sociale et
environnementale, de droits civils et de participation politique .»,
Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil,
au Comité économique et social et au Comité des
régions du 21 février 2002, « Vers un
partenariat mondial pour un développement durables »,
COM (2002) 82 final/2
* 58 Communication de la
Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité
économique et social et au Comité des régions du 21
février 2002, « vers un partenariat mondial pour un
développement durable », précitée
* 59 Article 20 -3 de la
Convention de Cotonou
* 60 Bernard Petit,
« Le nouvel accord de partenariat ACP-UE », RMCUE
n°437, avril 2000, p. 217
* 61 Communication de la
Commission, « Vers un partenariat mondial pour un
développement durable », précité.
* 62 Voir supra
* 63 Francis Lefebvre, le
Courrier ACP-UE, novembre -décembre 2001, p.32
* 64 David Reed, article
précité
* 65 Voir plus loin
* 66 Communication de la
commission au Conseil et au Parlement européen, « la gestion
de l'eau dans les pays en développement : politique et
priorités de la coopération au développement de
l'UE », COM (2002) 132 final du 12 mars 2002
* 67 Communication de la
Commission au Conseil et au Parlement européen « La
santé et la lutte contre la pauvreté dans les pays en
développement » - 22 mars 2002, COM (2002) 129 final
* 68 COM (2002) 109 final,
du 4 mars 2002
* 69 Article 25 1 b) de la
Convention
* 70 Article 25 1.e) de la
Convention
* 71 Communication sur
« la santé et la lutte contre la pauvreté dans les pays
en développement », précitée.
* 72 « En
Afrique, la maladie provoque plus de 6500 décès chaque jour et
déjà fait plus de 9 millions d'orphelins », Ben
Light, « la politique de la CE dans la lutte contre le
VIH/SIDA », Courrier ACP-UE septembre octobre 2001, p.19
* 73 Compendium des
stratégies de coopération. Accord de partenariat entre les
membres du groupe des Etats ACP et la Communauté Européenne ainsi
que ses membres, signé à Cotonou en juin 2000, novembre 2001, p.
33
* 74 Article 25 1. a) de la
Convention
* 75 Communication de la
Commission au Parlement européen et au conseil sur
« l'éducation et la formation dans le contexte de la
réduction de la pauvreté dans les pays en
développement », COM (2002) 116 final du 6 mars 2002
* 76 Dictionnaire
d'économie et de Sciences sociales, sous la direction de
Claude-Danièle Echaudemaison, éd. Nathan
* 77 PMA
* 78 PPTE
* 79 Différence d'ordre
géographique, sociologique, politique, ...
* 80
« Coopération au développement des PMA : lutter
contre la pauvreté », revue Développement, publication
de la Commission européenne, DE 109, avril 2001
* 81 Dans les années
1990, les PMA avaient un PNB d'environ 300 dollars par habitant. Ce chiffre
montre la tendance de l'accroissement de l'écart entre les revenus des
pays industrialisés et ceux des pays en voie de développement les
plus pauvres.
* 82 Le choix d'une taille
maximale pour les PMA s'explique par le manque de représentation dans
les instances internationales et par leur grande frigilité apparente que
les grands pays. Cependant, il convient de rappeler que les Etats très
peuplés (par exemple le Nigeria) peuvent également souffrir d'une
pauvreté importante et remplir toutes les conditions
« économiques » et « sociales »
exigées par les Nations Unis sans pour autant être admis au sein
de la catégorie des PMA : leur population est alors un obstacle
à leur admission.
* 83
« Coopération au développement des PMA : lutter
contre la pauvreté », p.6
* 84 Francisco Granell,
« une troisième conférence des Nations Unies pour
répondre aux problèmes des peuples les plus pauvres de la
planète », Courrier ACP-UE mai - juin 2001, p.16
* 85 Voir l'article de Remco
Vahl, « l'initiative « tout sauf les
armes » : le libre accès au marché communautaire
pour tous les PMA », Courrier ACP-UE mai - juin 2001, p. 30-31
* 86 Remco Valh, article
précité
* 87 Voir plus loin
* 88
« Coopération au développement des PMA : lutter
contre la pauvreté », précité
* 89 La problématique de
la dette elle-même sera traitée dans les développements
ultérieurs.
* 90 Dans les années
1990, ces pays ont été contraints par les institutions
financières internationales à mettre en place un Programme
d'Ajustement Structurel - PAS-
* 91 Article 2 relatif aux
« principes fondamentaux »
* 92 Articles 84 à 90
* 93 Article 84 de la
Convention de Cotonou
* 94 Article 84,
précité
* 95 Voir l'article 86 de la
Convention
* 96 Selon les termes
mêmes de la convention
* 97 Abolition des droits de
douane et des restrictions quantitative entre les Etats parties.
* 98 La Convention de Cotonou a
été signée en 2000 pour une durée de 20 ans, la
création d'une zone de libre échange sera donc organisée
par une nouvelle Convention ACP-UE. Néanmoins, la Convention de Cotonou
entend « préparer le terrain » en imposant
comme condition préalable l'intégration des ACP dans
l'économie mondiale.
* 99 Il concerne la
liberté des échanges, l'égalité de traitement, la
libéralisation ainsi que la réciprocité des
échanges.
* 100 Résolution 3201
du 1er avril 1974 et 3281 du 1é décembre 1974. Il est
caractérisé par une réglementation des investissements
internationaux, un contrôle des sociétés internationales,
par la possibilité pour les Etats de nationaliser et d'exproprier, par
une participation à la croissance économique internationale ainsi
que par le droit de favoriser les pays en voie de développement.
* 101 Dénommée
OMC
* 102 Dénommé
FMI
* 103 Jean Salmon,
universités francophones, Bruyant 2001
* 104 Elsa Assidon,
« Les théories économiques du
développement », collection repères, éd. La
découverte, p.69.
* 105
« Ajustement structurel et pauvreté », dossier
relatif à la pauvreté, courrier ACP-UE n°143, janvier -
février 1994, p.65
* 106 Cette
« institution » est créée en 1956 à
l'occasion d'une renégociation de la dette argentine. Elle s'est
généralisée du fait des difficultés de
remboursement de nombreux Etats débiteurs. La procédure de
rééchelonnement consiste, dans un premier temps, à
reporter la créance, amis dans le second temps, du fait des
impératifs de rentabilité pour les Etats créanciers,
à renégocier les termes du contrat initial, en procédant
à une évaluation des richesses de l'Etat en cause et n lui
imposant un calendrier de remboursement. Le rééchelonnement de la
dette se fait à la demande de l'Etat débiteur et donne lieu
à des négociations entre le débiteur et le ou les
créanciers ainsi qu'avec les représentants du FMI, de la Banque
mondiale, de l'UE, de l'OCDE et de la CNUCED
* 107 Il doit être
compris sans discrimination entre les produits quelle que soit leur origine
* 108 En d'autres termes,
« les accords de Lomé [...] se situaient dans une
perspective régionaliste de préférences et de non
réciprocité prenant en compte les asymétries
internationales » - Philippe Hugon, « la
Convention de Lomé replacée dans le contexte de
l'OMC », dans « l'Union Européenne et les pays
ACP, un espace de coopération à construire », sous la
direction de Jean Jacques Gabas, éd. Karthala, p. 271.
* 109 Etats-Unis, Mexique,
Honduras, Guatemala et Equateur
* 110 « La
déréglementation se caractérise par la suppression
progressive des règlements et des contrôles en matière de
fixation des prix des services bancaires, la suppression du contrôle des
changes et la libéralisation des taux d'intérêt à
long terme » - Dominique David, dossier sur la mondialisation,
courrier ACP-UE n° 164, juillet août 1997, p.55
* 111 « Le terme
de désintermédiation signifie simplement que les
opérateurs internationaux ont maintenant un recours direct aux
marchés financiers et bancaires pour effectuer leurs opérations
de placement et d'emprunt » - Dominique David, article
précité.
* 112 « Le
décloisonnement des marchés nationaux s'analyse comme une
interpénétration du monétaire et du financier et comme une
intégration au marché mondial des fonctions financières et
monétaires nationales » - Dominique David,
précité.
* 113 E.N Mbekau et G. Nziki,
« Quels enjeux pour l'Afrique subsaharienne ? »,
Courrier n°164, juillet août 1997, p.80
* 114 Jacques Adda,
« La mondialisation de l'économie.
2-problèmes », collection repère, éd. La
découverte, 2001, p. 9
* 115 Kenneth Karl,
« l'investissement étranger direct dans les PMA, un
vecteur de croissance à saisir », courrier ACP-UE,
juillet août 2001, p.11
* 116 Rapport sur le
développement en Afrique 2000, « intégration
régionale en Afrique », Banque Africaine de
développement, éd. Economica, p. 114
* 117 Livre vert,
précité, p.22
* 118 Compendium de
stratégie, précité, p. 24
* 119 « L'appui
aux institutions, programme et activités et initiative qui contribuent
au développement et au transfert de technologies et de savoir-faire et
à la promotion de meilleures pratique dans tous les domaines de la
gestion des entreprises »
* 120 La macroéconomie
est « l'étude des relations entre les données globales
de l'économie[...] tels que la production, l'emploi, l'épargne,
l'investissement, la consommation », Définition de
l'économie et les sciences sociales de A à Z,
précité.
* 121 Article 23
* 122 Voir supra
* 123 Voir en ce sens le
rapport sur le développement en Afrique 2002,
« développement rural et réduction de la
pauvreté en Afrique », Banque Africaine de
Développement, Economica.
* 124 Voir supra
* 125 A part ceux qui
connaissent des crises politiques graves, des conflits armés ou des
épidémies importantes
* 126 Article 24 de la
Convention de Cotonou
* 127 Article 25 1
* 128 Article 26 a)
* 129 Notamment l'action
commune adoptée par le Conseil relative à la lutte contre la
traite des êtres humains et l'exploitation sexuelle des enfants, JOCE L
63 du 4 mars 1997
* 130 Dominique David, dossier
relatif à la pauvreté, Courrier ACP-UE, précité, p.
56
* 131 Claude Dumont, Bureau
international du Travail, Courrier ACP-UE précité, p. 57
* 132 Notons que le SIDA tue
de nombreuses personnes dans les pays ACP, mais également qu'in subsiste
de nombreuses épidémies mortelles.
* 133 Compendium des
stratégies de coopération, novembre 2001,
précité.
* 134 Ci-après
dénommé APE
* 135 Paragraphe 1 de
l'article 39
* 136 Paragraphe 2 de
l'article 39
* 137 Paragraphe 3 de
l'article 39
* 138 Voir en ce sens les
négociations de Doha en 2001
* 139 La notion de
« bonne gouvernance » est un thème
d'actualité au sein de la Communauté européenne, à
la fois au niveau interne et dans les relations extérieures avec les
Etats tiers. La bonne gouvernance est apparue dans un premier temps au sein des
institutions internationales, telles que le FMI et la Banque Mondiale, afin
d'inciter les pays en voie de développement à accompagner les
efforts économiques de changements politiques. La Commission
européenne a, quant à elle, publié en 2001, un livre blanc
relatif à la « bonne gouvernance » (COM 2001 - 428
final du 25 juillet 2001 et JOCE C-287 du 12 octobre 2001, pp. 1-29). Il ne
s'agit pas dans ces développements, de prendre part aux
réflexions sur ce thème, mais d'apporter un éclairage
particulier sur cette notion, dans le cadre des relations ACP-UE
* 140 Paul De Bruyne et
Olivier Nkulu Kabamba, « la bonne gouvernance nationale et locale
en Afrique subsaharienne », éd. Harmattan, 2001, p. 9
* 141 D'après
Mathieu Fau Nougaret « La bonne gouvernance dans les relations
juridiques internationales », RMCUE n°446, mars 2001,
p.174
* 142 Dans l'article 20
relatif à l' « approche » des stratégies
de développement : « [...] dans ce contexte, et dans
le cadre des politiques de développement et de reformes mises en oeuvre
par les pays ACP, les stratégies de coopération visent à
[...] d) promouvoir le développement et les reformes institutionnelles,
renforcer les institutions nécessaires à la consolidation de la
démocratie, de la bonne gouvernance, et des
économies de marché efficaces et compétitives et renforcer
les capacités au service du développement et du partenariat
[...] ».
* 143 Précisons que
la « bonne gestion des affaires publiques » avait
été déjà évoquée dans l'article 5 de
la Convention de Lomé IV révisée. La nouveauté dans
les Accords de Cotonou réside dans son explicitation et sa
définition.
* 144 Dictionnaire de droit
international public, sous la direction de Jean Salomon,
précité.
* 145 « Dans
une telle perspective, la politique de développement et la
coopération sont étroitement liées au respect et à
la jouissance des droits et libertés fondamentales de l'homme, ainsi
qu'à la reconnaissance et à l'application des principes
démocratiques, à la consolidation de l'Etat de droit et à
la bonne gestion des affaires publiques »
* 146 Selon Dieter Frisch,
par exemple : « Pour ma part, j'estime que le texte le plus
récent pour Lomé (Lomé IV bis) est, du point de vue
politique, complet et à jour » - La dimension politique
de Lomé, Le courrier n°166, novembre décembre 1997, p.82
* 147 De Francis
Levèbvre, le Courrier mars avril 2002, p. 51
* 148 Article 9 2),
2ème paragraphe de la Convention de Cotonou
* 149
« La démocratie n'appartient à personne. Elle peut
être et elle doit être assimilée par toutes les cultures.
Elle est susceptible de s'incarner dans des formes multiples afin de mieux
s'inscrire dans la réalité des peuples. La démocratie
n'est pas un modèle à copier sur certains Etats, mais un objectif
à atteindre par tous les peuples ! Elle est l'expression politique
de notre patrimoine commun ». - Extrait du discours du
Secrétaire Général Boutros Boutros Galhi en ouverture de
la Conférence mondiale sur les droit de l'homme, « Les
Nations Unies et les droit de l'homme 1945-1995 », livre bleu,
volume VII, New-York, 1995
* 150 Règlement CE
n°975/1999, JOCE L 120 du 8 mai 1999, p. 1à 7
* 151 Article 9 de la
Convention de Cotonou
* 152 Extraite de
« L'Union européenne et la conditionnalité de
l'aide au développement », RTDE juillet - septembre
2001.
* 153 « Les
droit de l'homme ne sont pas la cerise sur le gâteau du
développement. Bien au contraire, leur respect est fondamental sur la
voie de celui-ci. Sans libertés politiques, c'est à dire sans le
droit de participer à la vie civile pour tous les hommes et toutes les
femmes, comment jouir des libertés
économique ? », Rapport du PNUD sur le
développement humain 2000
* 154 Dictionnaire de droit
public, sous la direction de Jean Salmon, universités francophones,
Bruyant 2001, p.275
* 155 « Plus
les règles formelles sont vagues, rigides ou inadaptées, plus les
arrangements informels dirigent les actes et les choix des agents
économiques », - Jean Cartier-Bresson,
« Les analyses économiques des causes de la
corruption », le Courrier ACP-CE n°177, octobre novembre
1999, p.65
* 156 Définition de
Mamadou Koulibaly, « Les coûts de la corruption », le
Courrier ACP-CE, n°177, p.67
* 157 Il convient de
préciser que ce réseau est un organe international
réunissant quelques 21 Etats, développés ou en voie de
développement, dans le monde. Il ne s'agit donc pas de structures
propres à la Convention de Cotonou. Mais elles permettent d'aider les
Etats ACP membres de parvenir à l'objectif d'éradication de la
corruption fixé par l'accord de coopération ACP-UE
* 158 Cet
élément sera précisé dans les développements
ultérieurs, relatifs à la participation de la
société civile au dialogue politique
* 159 Mukete Itoe,
« le réseau mondial pour la bonne gouvernance : une
nouvelle arme contre la corruption dans les pays en
développement », Courrier ACP-UE novembre décembre
2001, p.23
* 160 Relatifs
respectivement aux « éléments essentiel -
procédure de consultation et mesures appropriées concernant les
droits de l'homme, les principes démocratiques et l'Etat de
droit » et à la « Procédure de consultation
et mesures appropriées concernant la corruption ».
* 161 Voir en ce sens la
proposition de décision du Conseil du 14 décembre 2001
« portant modification de la décision du Conseil
2001/131/EC du 29 janvier 2001 portant conclusion de la procédure de
consultation avec Haïti conformément à l'article 96 de
l'accord de Cotonou », COM (2001) 781 final
* 162 Proposition de
décision du Conseil du 21 février 2002, portant
« conclusion de consultations avec le Libéria au titre de
l'article 96 et de l'article 97 de l'accord de Cotonou », COM
(2002) 103 final.
* 163 En effet, l'article 8
paragraphe 3 de la Convention de Cotonou précise que « le
dialogue englobe les stratégies de coopération ainsi que les
politiques générales et sectorielles... »
* 164 Article 8 paragraphe 3
de la Convention de Cotonou.
* 165 Ces deux domaines
font l'objet de deux articles distincts dans le titre II de la partie 1 relatif
à la « dimension politique »
* 166 Ci-après
dénommé CAD
* 167 Déclaration
des ministres « prévenir les conflits violents :
orientations à l'intention de partenaires
extérieurs », avril 2001. Reproduite dans les lignes
directrices du CAD, « prévenir les conflits
violents : quels moyens d'action ? », OCDE 2001
* 168 Le CAD est un
comité spécialisé de l'OCDE. Il est composé de
l'Allemagne, Australie, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats-Unis,
Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Japon, Luxembourg,
Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni,
Suède, et la Suisse ainsi que la Commission européenne.
* 169 L'article 11
paragraphe 2 dispose : « les activités dans le
domaine de la consolidation de la paix, de la prévention et du
règlement des conflits visent notamment assurer un équilibre des
opportunités politiques, économiques, sociales et culturelles
offertes à tous les segments de la société, à
renforcer la légitimité démocratique et
l'efficacité de la gestion des affaires publiques, à
établir des mécanismes efficaces de conciliation pacifique des
intérêts des différents groupes, à combler les
fractures entre les différents segments de la société
ainsi qu'à encourager une société civile active et
organisée »
* 170 Article 8, paragraphe
3
* 171 Mukete Tahle Itoe,
Courrier ACP-UE novembre 2001, p. 23
* 172 Jean-Robert
Goulongana, secrétaire général du groupe ACP, discours
prononcé à l'occasion du premier forum de la
société Civile ACP, Bruxelles, le 3 juillet 2001,
www.acpsec.org
* 173 Discours, idem
* 174 Du fait qu'il s'exerce
entre acteurs situés à des niveaux différents de la
société.
* 175 Ci-après
dénommées ONG
* 176 Article 5 de la
Convention de Cotonou relatif à
l' « information »
* 177 Par exemple
l'étude Sustainability Impact Assessment, commanditée par la
Commission européenne Price Waterhouse
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