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La concertation comme outil de construction d'un développement durable en Nouvelle-Calédonie

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par Yannick MONLOUIS
Arsenal - M1 Infocom 2008
  

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Titre : Evolution du nombre de participant

Analyse Quantitative

 

Réunion 1

Réunion 2

Réunion 3

Le nombre de participant

22

41

32

Société civile

9

23

15

Politique

11

13

12

Industrie

2

4

4

Expert

0

1

1

Évolution de la participation globale

45 40 35 30 25 20 15 10 5 0

 
 
 

Réunion 1 Réunion 2 Réunion 3

Le nombre de participant

Commentaire : Même si dans la troisième réunion la participation diminue, on peut dire que globalement elle a augmenté. Cette augmentation ce confirmera dans la 4ème réunion.

Evolution de la participation par catégorie

1 2 3

25

Société civile Politique Industrie Expert

Nombre de personne

20
15
10

 
 
 

5
0

 
 
 
 

118

Commentaire : On constate que les participants de la société civile sont le plus souvent majoritaires. Ils sont suivis par le système politique et loin derrière nous retrouvons la société et les experts. Le CICS est donc un bon outil d'expression pour la société civile car elle permet à ses membres de venir s'exprimer devant les organisations qui prennent les décisions.

Titre : Part des personnes ayant pris la parole

 

Réunion 1

Réunion 2

Réunion 3

Le nombre de participant actif

13

13

12

Société civile

6

5

6

Politique

6

5

4

Industrie

1

2

1

Expert

0

1

1

Le nombre de participant actif

14

13
12

 
 

Le nombre de participant actif

 
 
 
 
 
 

11

1 2 3

Commentaire : On peut dire que le nombre de participant est stable. On constate également qu'il y a peu de renouvellement. En effet, lors de la troisième réunion aucun nouvel individu ne s'est exprimé. Tous ce qui ont pris la parole, avaient déjà eu l'occasion de s'exprimer soit lors de la réunion d'ouverture, soit lors de la deuxième réunion.

Participants actifs

Société civile Politique Industrie Expert

7

Nombre de personne

6
5
4

 
 
 
 

3 2 1 0

 
 
 
 
 

1 2 3

120

Commentaire : Étant donné que le nombre de leurs participants est le plus important, il est normal que la société civile et le système politique aient un temps de parole supérieur par rapport aux deux autres catégories. Ce qui peut surprendre, c'est la passivité de l'industriel qui est presque là en temps qu'observateur. Pourtant, son activité représente le coeur de la discussion.

Titre : Evolution du temps de discussion

Le temps de discussion

495

437

127

La société civile

208

163

46

Les politiques

268

199

63

L'industriel

19

31

6

Les experts

0

44

12

Le temps de discussion

600 500 400 300 200 100

0

 
 
 
 
 
 

Le temps de discussion

1 2 3

Commentaire : Le temps de réunion étant plus court, les discussions l'ont été aussi. Le résultat est paradoxal car face à un élargissement des participants, les réunions se font moins longues.

Nombre de ligne

300

250

200

150

100

50

0

Evolution du temps de parole par catégorie

1 2 3

Société civile Politique Industrie Expert

122

Commentaire : Deux éléments sont marquants dans ce graphique. D'une part, malgré le fait que la société civile soit souvent majoritaire en nombre, le temps de parole est systématiquement occupé par le système politique. D'autre part, le graphique confirme la passivité de l'industriel dans le débat qui au fur à mesure devient plus observateur, qu'acteur. Globalement, Vale Inco représente la catégorie qui s'exprime le moins.

Analyse Qualitative

 

Le lieu

Seule, la première réunion était fortement symbolique. Même si la salle du congrès est accessible de tous, ce lieu n'a pas la méme connotation qu'une maison commune et la salle se trouve également éloigné de la population de Yaté, ceux qui sont les plus concernée par le projet.

Date et heure

Là aussi, seule la première réunion a permis de réunir un nombre important de personne.

Le contexte (économique, social, politique...)

Le contexte est un indicateur permettant de saisir les spécificités des débats ou de mettre en relation des éléments. Par exemple lors de la troisième réunion, on constate la reprise du chantier par Vale Inco. Cette annonce explique peut être la volonté de l'exécutif d'attribuer rapidement l'autorisation ICPE à l'industriel.

Les thèmes

On peut apercevoir que les thèmes ont toujours étaient logique avec l'actualité et les décisions des réunions précédentes. On peut dire qu'il n'y a dans notre échantillon aucune volonté d'orienter le débat.

Les personnes représentées par famille d'acteur

Les personnes de chaque catégorie sont un peu prés toujours les mémes. Ceci est une situation normale étant donné qu'à la base le comité est limité dans la composition de ses participants. La société civile devrait être une catégorie beaucoup plus riche, forte d'associations, de profanes et autres catégories ; mais le choix de départ bride le pouvoir même de cette catégorie qui doit pour s'exprimer passer par la voix de quelques acteurs clés tel que le comité Rhéébù nùù. Libre ensuite à eux de s'entendre sur les modalités de leurs discours.

Avis ou/et décision

prise

Les décisions et avis ont été particulièrement intéressants. En effet, nous constatons que la recherche de neutralité est l'axe fort des discussions. Il y a un fort besoin de légitimer les décisions, afin d'atténuer le sentiment de doute et de suspicion qui plane autour du projet et de ses autorisations. La confrontation des partis est un point extrêmement positif qui permet de rapprocher les décisions politiques des attentes de la population et ainsi d'établir les prémices d'une démocratie plus participative.

124

Les entretiens

Tous les entretiens qui suivent sont retranscrits au mot près. Ceci explique les quelques
erreurs de langue que vous constaterez

L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée environ 1H30, j'ai extrait les éléments les plus importants.

Mr Jean François GOURMAND : Il est commissaire enquêteur, agréé par la commission départementale du GARD, également co-fondateur de la C.N.C.E (Commission Nationale des Commissaire Enquêteur). Il a mené la première enquête publique relative à l'exploitation d'une usine de traitement de nickel et de cobalt sise à Goro.

Contexte : Notre entretien s'est déroulé le 12 mars 2009, au Corum de Montpellier. Un peu près 2 heures avant le commencement du débat public concernant la nouvelle ligne ferroviaire Montpellier-Perpignan. Était présent Mr JF Gourmand (JF), Anaïs Michot (AM), étudiante en première année du master Information et communication à l'Université de Toulouse et moimême (YM).

Extraits de l'entretien A 10 min 56 secondes

YM : Avant votre venu en Nouvelle-Calédonie, des enquêtes avaient déjà été faites. Vous aviez été mis au courant de ça ?

JF : Non ! Mais moi j'ai gratté, moi je suis curieux de nature et puis surtout je suis là pour mettre les choses aux clairs. [...] Et donc, j'ai voulu savoir ce qui avait été fait avant et alors là, on m'a dit « Ha ben oui... ». Parce qu'il y avait une usine pilote qui avait été faite. Et donc cette usine pilote, il y avait eu aussi une enquête publique...

YM : Mais par contre, pas faite par un commissaire-enquêteur qui venait de France.

JF : Non justement ! Alors j'ai demandé. Alors on était un peu réticent, « Ah non... mais ça c'est de la vieille histoire » De la vieille histoire ! Mais enfin l'usine pilote, est pilote au niveau technique, mais aussi au niveau de la communication ! Il faut voir comment ça était fait. Donc, j'ai demandé à voir ça, et j'ai vu que... Tiens d'ailleurs, j'ai dü voir le commissaire-enqueteur de l'époque, mais qui lui-même a dit que ça avait été fait d'une manière très très légère. Et il y avait eu heu... Je crois deux personnes.

YM : Deux consultations ! J'ai vu ça, il y avait eu deux consultations. Il y avait eu deux enquêtes précisément et à la première y'en a eu deux et à la deuxième y en a eu trois.

JF : Ouais voilà, c'était complètement ridicule.

YM : C'est pour ça, qu'ils ont fait appel à un professionnel

JF : Et donc, y a eu l'autorisation qui a été donnée de faire cette usine pilote qui était... qui était bien. Mais ils ont fait ça un petit peu... comme ils ont voulu quoi. Et c'est là qu'ils se sont rendu compte que... comme entre temps pour l'usine principale ça avait remué beaucoup de monde, il y avait beaucoup d'associations qu'étaient là-dessus, même au niveau coutumier et tout ça. Ils se sont dit « mais il faut qu'on fasse un peu plus que ça, même si la réglementation calédonienne ne l'impose pas. »

126

A 17 min 50 secondes

JF : Quand j'ai pris connaissance du dossier, je me suis aperçu très vite qu'en faites heu... On n'était pas dans le méme cadre du tout... législatif. Et en particulier, alors ce qui était très important, c'est que, une enquête quand méme de cette importance. Toutes les enquêtes en général, mais surtout de cette importance. Le pilier sur lequel on peut s'appuyer, qui peut vous contrôler, c'est le Président du Tribunal Administratif (TA). Parce que c'est lui qui vous nomme, et après heu... c'est lui qui juge des litiges qu'il peut y avoir, etc.... Donc allant làbas, je m'étais dit « bon faudra que je le contacte », « dès que j'arrive, je vais voir le Président du TA ». Mais là-bas on m'a rigolé au nez, me disant « Oh mais, il a rien n'avoir dedans le Président du TA ». J'ai découvert que là-bas, c'était pas le Président du TA qui me nommer et dont je dépendais, c'était pas non plus le Préfet mais c'était, le Président de la Province sud et que à ce moment là, Jacques Lafleur, il avait cette particularité. C'est qu'il avait toutes les casquettes des gens qui étaient... avec moi, en face de moi, contre moi, on sait pas, puisqu'il était à la fois... heu c'est lui qui me désignait, c'est lui qui me payait. Alors que les questions de règlement, d'indemnité...

YM : Alors que normalement, il doit y avoir une certaine autonomie ?

JF : Voilà !...C'était lui qui était en tant que Président de la région, qui était un petit peu finalement maître d'ouvrage de l'opération, par industriel interposé, mais enfin c'était quand méme... Heu... La Province sud était impliquée dans l'opération. [...] Mais là, lui il avait toutes les casquettes et y compris, je l'ai découvert après, que finalement... La Province sud avait des « billes » dans l'opération, par l'intermédiaire de développement de ses sociétés. Et puis en allant plus loin, que méme Mr Jacques Lafleur à titre personnel avait aussi... était intéressé financièrement. Donc, il avait tout et moi j'avais personne sur qui m'appuyait.

A 28 min 06 secondes

JF : Ce qui veut dire que par rapport, par exemple aux premières enquêtes et même aux enquêtes qui ont suivi... J'ai pas eu exactement les autres rapports qui ont été faits ensuite, avec les deux dernières...

YM : Ils sont disponibles sur internet.

JF : J'ai pas l'impression que ça pourrait donner des résultats plus importants.

YM : Non, mais, parce que heu... en faites, c'est votre enquête... Vous êtes une des seules enquêtes à avoir donnez un avis défavorable. Les autres ont été dans le « sens du poil », pour ainsi dire et heu... heu je sais pas, peut être qu'il y a eu plus de contrôle ?

JF : Ben, c'est-à-dire que entre-temps... Entre-temps y a eu des études qu'on étaient faites. Moi, c'est surtout... ça on le voit dans mon rapport, y avait pas lieu de rentrer dans le détail,... Y avait donc pas lieu de rentrer dans le détail, de faire des nouvelles propositions, de faire des variantes et faire tous ça, parce que c'était annoncé, que ! Y avait des nouvelles études, que !... Le dossier lui-même n'était pas complet, alors heu...

YM : Hé pourtant ! C'était pas complet mais quand vous êtes arrivé, le projet était déjà... en marche quoi. Vous êtes arrivé, des routes étaient déjà construites, des...

JF : Ben oui, ben ça, ça a fait l'objet de ma lettre que je vous ai envoyé, de la mise en demeure là !

YM : Oui oui, à Mr Lafleur.

JF : Lafleur. Car ça a été stupéfiant ! C'est ce qui a fait aussi que... Je me suis dit « non mais attend, c'est pas possible ! "

AM : Vous avez était nommé après le début du projet ?

JF : Sur le terrain ? Oui, c'est-à-dire, ça s'est fait sur le terrain au moment où moi j'arrivé, donc... Heu vous l'avez la lettre ?

YM : [Cherchant la lettre]. Oui... Elle est là. Et vous soulignez... justement que vous êtes arrivé mais ce n'est pas normal que le projet est déjà commencé... à un stade avancé.

JF : Alors moi je l'ai... J'ai fait ça dans un style diplomatique, parce que quand méme... heu... Je voulais pas passer pour un... Donc ça, ça a été fait le 8 mars. Donc en faites, l'enquête était finie. Et normalement ça, j'avais pas à le faire. Quand j'ai parlé autour de moi, que je m'étonnais que le chantier soit démarré, heu... on me disait « Oh mais oui, ça c'est ", enfin « on ", les administrations, les pouvoirs. Ils me disaient « Oui mais vous c'est pas votre affaire, vous, vous devez juste dire si le dossier et bien fait ou mal fait « Heu... Hé ben oui, mais c'est là que j'ai mis [Il lit la lettre] « je procède actuellement au regroupement des registres d'observation des trois communes.150 observations... Et que bon nombre de ces observations, dont certaines sont très argumentées, relèvent à première lecture des manques importants, des imperfections et des erreurs dans les très volumineux dossiers soumis à enquête ". C'est-à-dire qu'avant d'aller dire est-ce que c'est bien de faire telle chose ou de faire telle chose ? Il était déjà constaté que ça manqué d'éléments, ça manqué de tous ça. Et alors... D'autre part [Il relit la lettre] « J'ai constaté avec une certaine surprise sur le terrain un démarrage généralisé des travaux et en particulier des défrichements massifs. Ce contre quoi le public s'est fortement manifesté. " Or dans le dossier, il y avait justement des réclamations et des insuffisances sur l'analyse de la faune et de la flore et de tous ça ! Et on détruisait tout ! Avant de... Et c'est pour ça que j'ai mis ce petit paragraphe que « L'état initiale du site va être fortement bouleversé à proximité immédiate des réserves naturelles terrestres et marines et cela remet en cause la possibilité de vérification et de la validation de l'étude d'impact et sa relativise aussi, l'intérêt des expertises d'analyses critiques demandées, ainsi que les possibilités de choix de variantes ".

YM : Hum hum

JF : C'était pas la peine de dire, on va étudier le site. D'une part ça aurait du être fait ! Or tout le monde disait que ce n'était pas. On le savait. Et qu'il allait falloir des... La preuve c'est qu'il a fallu quatre ans pour les faire toutes ces études.

128

YM : À cause de la pression de la société civile.

JF : Et oui, sans ça heu... Sans ça la réponse, elle était toute faite. D'ailleurs, on le voit dans le mémoire en réponse d'Inco. Il dise « oui oui, mais on fera le nécessaire, vous imposez tout ce que vous voulez, on fera le nécessaire »

YM : Oui, j'ai vu dans une de... une de heu... non dans le débat ou une de vos lettres. Comme quoi on vous a demandé de conclure rapidement l'enquête pour qu'il puisse avoir leur autorisation pour commencer le chantier

JF : Et oui, et oui ! Et en faite le chantier était déjà commencé.

YM : En faites heu... Enfin je vous demande votre avis. Est-ce que vous pensez que votre enquête, c'était juste un alibi quoi, heu pour valider le démarrage ? Est-ce que ça a vraiment changé quelque chose dans la prise de décision de la Province sud ou des heu...

JF : Si ça a changé quelque chose ? Ou si ça devait changer quelque chose ?

YM : Je sais que ça devait changer quelque chose, mais est-ce que ça a changé quelque chose ?

JF : Non, mais ça devait changer au niveau... heu... au niveau légal et puis au niveau du bon sens, ça devait changer quelque chose. Mais dans l'esprit de ceux qui dirigeaient, tous ça, ça devait rien changer !

YM : C'était juste un alibi donc ?

JF : Voilà

AM : C'était pour légitimer les décisions qui étaient déjà prises en fin de compte ?

JF : Voilà, et non seulement la décision était prise, mais les travaux avaient déjà commencés

A 39 min et 42 secondes

YM : Et donc... Normalement, une enquête publique en France, quand elle est finie, l'avis doit être diffusé et l'enquête peut être consultée de tous ?

JF : Ah ben oui ! Alors ça, ça a été le b.a-ba, et moi j'y croyais vraiment ! J'y croyais vraiment et je l'ai dit d'ailleurs, je l'ai dit dans le... et j'ai dit dans le...

YM : Au début, vous aviez dit pendant la réunion que l'enquête serait diffusée

JF : Que l'enquête, que j'allai faire mon rapport et qu'elle serait rendu publique. Et puis c'est 2-3 jours avant de finir que j'ai entendu dire « Oh ben non, heu... ». Alors, heu... J'allais pas faire d'esclandre et puis moi, il fallait que je reprenne l'avion, après je repartais. Alors, j'ai laissé faire et puis en faites heu... J'ai su après qu'il avait complètement...

YM : D'accord

JF : Donc, moi j'avais un devoir de réserve, j'avais pas le droit de le diffusé à quelqu'un d'autre.

AM : C'est à qui de le diffusé normalement ?

JF : Hum ?

AM : C'est à qui de le diffuser ? C'est pas votre rôle normalement ?

JF : Ah non non non ! C'est pas mon rôle. Je le remets... Alors justement, normalement je le remet au Préfet ou je le remet à...

AM : Alors que là c'était... Comme c'était à la fois...

JF : Et puis éventuellement, y a le Président du Tribunal Administratif qui peut tout de suite dire « mais il faut diffuser ce rapport ». Tandis que là, personnes savaient que le rapport... Méme heu... On savait pas si je l'avais remis réellement.

YM : D'accord

JF : Ca a duré deux ans comme ça !

YM : Votre rapport a été diffusé en faites... Ben maintenant je peux vous le dire, votre rapport a été diffusé quand... heu la nouvelle administration, avec Philippe Gomès, a été mise en place. C'est là que votre rapport a été diffusé.

JF : Oui oui oui ! Mais ça je l'ai su un jour, deux ans plus tard. Je reçois un coup de fil de mon fils qui me dit « Dit donc sur Fr3 là, il vienne de retransmettre une émission de RFO dans laquelle tu es cité, on présente ton rapport en entéte, etc... JF Gourmand heu... dans les Cévennes ». J'ai dit « Ah bon !? ». C'était deux plus tard !

YM : Voilà, ben c'est exactement le temps qu'il a fallu pour faire la nouvelle élection de 2004 et Jacques Lafleur n'a pas été réélu...Deux ans plus tard.

À 43 minutes et 19 secondes

JF : Quand je suis rentré chez moi, j'ai reçu quelques jours après une belle lettre, me disant que mon rapport était inadmissible, que j'avais pas fait mon travail, que c'était pas valable...

YM : Signé de qui cette lettre ?

JF : Ah ben de Lafleur

YM : D'accord

JF : Enfin, son secrétaire général

AM : Oui mais c'est pas... Enfin c'était pas lui qui vous avez nommé.

130

JF : Si !

AM : C'était la commission heu... JF : Non non, c'était...

AM : Donc, c'était qu'à lui de juger ?

JF : Ah ben... Oui, dans le cadre des lois et règlement de la République Française et de la Province sud.

YM : D'accord. Donc comme votre avis avait été défavorable, il a jugé que votre travail n'était pas fait ?

JF : Oui

YM : D'accord

JF : Et en plus qu'il avait pas lieu de rendre public mon rapport. Parce qu'en effet, c'était pas prévu, mais quand il m'avait fait venir, en fait il avait jamais dit, mais c'était sous entendu. Parce que moi, on me demandait de faire heu... de faire une enquête « comme » on la faisait en métropole. Donc, c'était différent de la manière dont elle... Donc c'était prévu réglementairement dans la réglementation calédonienne.

La synthèse qui est proposé est issue de l'entretien réalisé avec Mr François Leborgne. Notre rencontre a durée environ 1H00. Pour des raisons personnelles, Mr Leborgne n'a pas souhaitait que l'entretien soit enregistré. Donc les informations que vous consulterez sont une retranscription de l'entretien la plus précise et objective possible. Seuls les éléments que j'ai jugés important apparaissent.

Mr François LEBORGNE : Il est ingénieur en charge de la cellule suivi du Projet Vale Inco.

Contexte : Notre entretien s'est déroulé le 5 mai 2009 à 9h à Nouméa, au bureau de la Direction de l'Environnement (DENV). C'est le service chargé de l'environnement de la Province sud. J'avais rencontré Mr Leborgne cinq jours auparavant. Avant, l'entretien je lui aie fait parvenir une trame de l'échange que l'on aurait.

Retranscription des principaux points abordés

Pouvez-vous me présenter votre fonction au sein de la DENV ?

Mr Leborgne est un ingénieur qui s'occupe en particulier de la gestion des risques du projet Vale Inco. Il fait partie de la cellule Vale Inco qui est une composante du Service de Prévention des Risques, qui fait partie de la DENV. Cette cellule a été créée en 2007. Face à l'importance du projet de l'usine du sud, il était nécessaire de créer une cellule ad hoc pour gérer tout le suivi du projet. La cellule s'occupe des diverses autorisations nécessaires au fonctionnement de l'usine telles que l'autorisation ICPE, les autorisations concernant les installations portuaires, les mines, les carrières...

Qu'est ce que la province attend de ce projet industriel ?

Au niveau environnemental, la province attend le respect des engagements de l'industriel avec elle et aussi vis-à-vis de l'État car des contrats et conventions ont été signés et d'autres vont l'être. Toutes ces actions visent à préserver la richesse de la biodiversité calédonienne, la province engage Vale Inco à mettre tous les moyens en oeuvre pour respecter au maximum la biodiversité qui l'entoure.

Comment jugez-vous la conduite du projet au niveau environnemental ?

Mr Leborgne pense qu'il y a eu une volonté de la nouvelle assemblée d'ouvrir le débat et de rendre l'information transparente. Cette ouverture n'était pas évidente avant l'installation du nouvel exécutif.

Est-ce que le projet a fait l'objet d'un agenda 21 local ? Pourquoi ?

Le projet n'a pas fait l'objet d'un agenda 21 car cette démarche est facultative et est à l'initiative de l'industriel. La province n'a rien à voir avec cela.

Qu'elles sont les organismes ad hoc pour le projet Vale Inco ?

Il y a le CICS qui a pour objectif d'informer la population, ensuite vous avez le comité de pilotage qui s'occupe de l'administration du projet et plus récemment l'Observatoire de

132

l'Environnement du Grand sud (l'OEil), qui grâce à des indicateurs surveille si l'activité minière ne cause pas d'impact sur l'environnement du sud. L'oeil incite les exploitants à surveiller eux-mémes les conséquences de leurs activités sur l'environnement. Son rayon de surveillance ne se limite pas au lagon sud, il est beaucoup plus large. Ge comité est financé par la Province sud. Get observatoire tient des réunions entre les différentes catégories qui débâtent à propos de l'usine. Dans sa composition « l'oeil » est beaucoup plus ouvert que le GIGS car il incorpore un nombre plus important d'acteurs, notamment plusieurs associations de protection de l'environnement. On constate que l'oeil a de plus en plus la méme fonction que le GIGS.

Comment expliquez-vous les différences entre les normes locales et les normes européennes ?

La loi organique confie des compétences aux provinces, donc les lois ne sont pas appliquées tel quelles. Elles sont adaptées à la Nouvelle-Calédonie. Certaines réglementations, normes... restreignent trop l'activité de l'industriel et limite sa flexibilité, par contre certaines initiatives doivent être renforcées en Nouvelle-Calédonie car la biodiversité est d'une telle richesse qu'il faut mettre des moyens adaptés pour la protéger. La création des réglementations locales est faite en concertation avec les différents partenaires (associations, industries, entreprises, syndicats...)

Comment communiquez auprès du public ?

Il y a les organismes tel que le CICS ou l'OEil et chaque compte rendus de réunion est disponible ici au bureau de la DENV. Vous avez aussi la possibilité de consulter les informations sur internet. Il est vrai qu'actuellement, les mises à jour n'ont pas été effectuées mais ça ne saurait tarder. On ne peut pas se permettre à chaque fois de diffuser une publicité ou autre, cela coûterai beaucoup trop chère à la province.

Comment jugez-vous du bien fondé des études données par Vale Inco ?

La Province sud mandate la DIMENC pour juger de la recevabilité du projet. Jusqu'à présent, vu l'importance du dossier, seul le projet Vale Inco a disposé d'une validation par un organisme extérieur et indépendant. La province ne peut pas se permettre de le faire à chaque fois, car cela lui coûterai trop chère.

Qu'est-ce qui a mené à créer le CICS ?

Mr Leborgne souligne le fait qu'il n'était pas présent ; cependant il pense qu'avant la création du comité, il régnait autour du projet une méfiance qui a entraîné une situation conflictuelle importante. Il fallait alors faire apparaître le problème, établir un maximum de transparence. Aujourd'hui, méme si la méfiance n'est pas totalement abolie, le sentiment de confiance est plus important et c'est ceux vers quoi il faut tendre. Pour exemple, le pacte signé entre Rhéébù nùù et Vale Inco serait un des fruits des réunions tenues au sein du GIGS.

Le public participe t'il aux réunions du CICS ?

Lors des réunions, les associations de protection de l'environnement participent beaucoup. Le grand public peut venir, mais il assez rare de voir quelqu'un qui ne fait partie d'aucune associations ou qui ne s'est pas personnellement investi dans le projet. Mr Leborgne ne sait pas comment expliquer cette situation. D'après lui, peut être que le public veut s'exprimer autrement, puisque lors d'une conférence organisée par l'IRD la foule était présente, alors que lors des réunions du GIGS seules les personnes « expertes » participent et le grand public ne répond pas présent.

134

L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée un peu prés 40 min, j'ai extrait les éléments les plus importants.

Mr Sylvian Raffard-Artigue : Il est directeur du département relations communautaires de Vale Inco Nouvelle-Calédonie. Le rôle principal de ce département est d'optimiser la participation locale dans le projet.

Mr Jean-Michel N'Guyen : Il est le directeur adjoint du département environnement. Il est en charge d'obtenir les autorisations, d'établir les programmes, le plan de suivi et de contrôle et il rend compte aux services de contrôle tels que la DIMENC ou la DENV (Direction de l'Environnement de la Province sud).

Contexte : Notre entretien s'est déroulé à 11h le 6 mai 2009, au siège de Vale Inco NouvelleCalédonie. Sur demande de Mme Bouras Fatima du service communication, j'ai envoyé deux mois à l'avance la trame de l'entretien. L'entretien ne devait se déroulait qu'avec une personne. Cependant, Mr Raffard-Artigue a estimé qu'il serait mieux d'y inclure Mr N'Guyen car leurs services travaillent souvent en collaboration.

Extraits de l'entretien À 5 minutes 20 secondes

SRA : Et puis surtout on participe activement à la mise en place du pacte pour le développement durable du grand sud, qui est donc un pacte qui a été signé entre quatre entités. Donc, nous Vale Inco, le comité Rhéébù nùù, l'aire coutumière Djubéa Kapume et les sénateurs coutumiers de l'aire Djubéa Kapume. Et donc bon là, ça c'est quand méme un gros gros dossier qu'on gère ben avec la direction générale et avec le département environnement. Heu... donc là on est en plein dedans puisque la signature a eu lieu au mois de septembre dernier et puis là on a... On n'est dans les étapes de mise en place quoi, de tous ça.

JMN: Le projet Goro Nickel, communication et information c'est heu... c'est un aspect essentiel de ce projet. Ca a été un aspect essentiel de ce projet dès le départ. Pourquoi ? Parce que ce projet industriel là il fallait le faire accepter. À tous points de vus, un projet industriel effectivement ça apporte des avantages, des côtés positifs comme des côtés négatifs. Donc, il était essentiel pour Inco à l'époque, aujourd'hui Vale Inco de faire accepter ce projet là. De faire accepter ce projet là par le plus grand nombre, c'est-à-dire par tous les calédoniens. Donc dès le départ y a eu quelques oppositions heu... d'entrée, notamment de par les ONG et méme par les populations locales. Donc ça a été, ça a été très difficile. Donc il a fallu mettre des structures, on a mis nous-mémes en place donc... Développer un département communication et avec Didier on a travaillé en étroite collaboration pour essayer d'expliquer déjà aux gens ce qu'est le projet Goro Nickel d'accord, quels sont les avantages qu'apportaient ce développement économique, qu'elles sont les inconvénients qu'allait apporter aussi... enfin les côtés négatifs qu'allait apporter ce développement économique et aussi définir avec les calédoniens le niveau d'impact négatif qui était heu... acceptable et qui devait être accepté. Voilà, et pour se faire, il fallait passer par des structures de concertation, des structures, des canaux d'information, donc il y a eu un travail de fait à ce niveau là qui était essentiel et

heu... On a vite compris dès la première année que c'était une étape qui était heu... déterminante et c'était la seule condition pour faire accepter ce projet. Alors heu... Donc c'est pour ça que Sylvian, etc, enfin le service communication, enfin relation communautaire a mis en place des réunions d'informations, de communications dans les tribus auprès de la population et nous-mêmes au niveau donc de la population au sens plus large du terme. Ce n'était plus la population locale, mais c'était la population calédonienne dans son ensemble. Alors, ça a été difficile parce que bon, il a fallu mettre en place effectivement heu... Un certains nombres de structures, de manifestations, d'événements comme les portes ouvertes, comme heu... des réunions publiques pour expliquer la démarche du projet dans sa démarche socio-économique, sa démarche technique, sa démarche environnementale. Donc un des enjeux effectivement c'était heu... de ce projet là qui posait problème, c'était les impacts environnementaux, les enjeux environnementaux d'une part et aussi les enjeux socioéconomiques, d'accord. Parce que heu... on avait bien compris que la population était pour ce projet, mais il fallait sous certaines conditions, d'accord. Ensuite, il y a eu je crois une avancée considérable qui a été initiée par la Province sud, par le pouvoir provincial et la mise en place, la création de ce qu'on appelle aujourd'hui le comité d'information, de concertation heu... et de surveillance des impacts environnementaux du projet de Goro Nickel. C'est ce qu'on appelle le CICS. Donc une structure mise en place par heu... l'initiative de la Province sud dans laquelle siège un certain nombre de représentation, d'accord. Du monde associatif mais aussi des institutions. Il y a l'État, le Gouvernement, les Provinces heu... les coutumiers heu... les communes, les ONG, d'accord. Et c'est donc par le biais de ce CICS qu'on a pu faire avancer un certains nombres de choses, d'accord. Qu'on a pu faire avancer les idées, pour faire avancer... et heu... et mettre en place une démarche pour valider le projet dans ses aspects techniques, dans ses aspects heu... environnementaux, d'accord. Ca a été une étape pour moi, enfin une étape essentielle quoi et c'est heu... un des éléments qui a permis qu'on en est là aujourd'hui.

A 12 min 40secondes

YM: Alors heu, les difficultés que vous avez rencontrées face à la venue de l'usine, est-ce que vous les avez rencontrées sur les autres implantations au niveau international, enfin je veux dire c'est des choses heu...

JMN : Je pense, enfin d'un point de vue heu... d'un point de vue plus générale, je pense que les problèmes qu'on a rencontrés ici, ce sont des problèmes inhérents à ce type de développement économique partout dans le monde.

YM : D'accord, il n'y a pas eu d'originalité dans le cas calédonien ? JMN : Si

SRA : Oui, enfin moi je dirais que, il a raison Jean-Michel dans le sens où c'est vrai qu'à chaque fois qu'un projet de cette ampleur a été mené par Vale Inco ou Inco. Que ce soit Voisey's Bay, que ce soit en Indonésie, que ce soit même au nord du Brésil ou au Mozambique. Il y a... et de plus en plus hein, je veux dire avant c'était moins flagrant que

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maintenant et de plus en plus il y a un aspect relation communautaire qui est très important. Un aspect acceptation, licence social qui est beaucoup plus important qu'avant, où avant les industriels se bornaient à obtenir une licence opérationnelle, enfin une autorisation administrative et ne prenaient pas vraiment en compte la partie participative et communautaire de la chose, du développement économique. Maintenant, ce n'est plus du tout le cas. Il y a même des lignes directives qui sont édictées par la banque mondiale et par l'ICMM66 que l'on doit suivre. Et nous on s'inscrit complètement dans ces lignes directrices. Donc, on a développé un certain nombre d'outil et une démarche qui aujourd'hui se cristallise autour du pacte, mais le pacte c'est la trame qui vient autour d'une démarche qui a été initiée il y a déjà quand méme un bon moment... en terme d'implication et d'information des populations.

A 20 min 05 secondes

YM : Alors heu... Par rapport aux autres acteurs du projet, les politiques, les associations, estce que vous avez un protocole spécial pour communiquer avec eux ? Comment ça se passe ?

JMN : Ce qu'on privilégie aujourd'hui c'est une relation directe, d'accord. On essaie d'avoir heu... d'avoir des réunions de discussion, d'information, voir de travail avec toutes ces entités, d'accord. Et heu... dans une approche qui se veut transparente, constructive et heu... d'échange.

YM : D'accord, et heu... Comment aujourd'hui jugez-vous vos relations avec ces différentes entités, justement ?

SRA: Ben, les entités politiques c'est un peu dure parce qu'on est en campagne électorale. YM : Electoral et puis surtout peut être avec l'actualité heu...

JMN: Oui avec l'actualité aussi, oui avec les problèmes qu'on a eu dernièrement. Mais disons qu'avec les services techniques, donc du Gouvernement et de la Province sud donc et heu... On a des réunions de travail régulières et heu... On arrive à avancer ensemble.

SRA : Je dirais méme heu... par exemple heu... Excuse-moi Jean-Michel, avec la mairie de Yaté donc qui est Rhéébù nùù depuis la dernière élection municipale on a de très bons échanges c'est sure que heu... on n'est pas toujours d'accord sur tout, on... mais... par contre ils n'hésitent pas à nous appeler dès qu'il y a un souci. Nous on leurs réponds, on a... Je dirai que c'est pas heu... On communique pas par communiqué interposé où là c'est la non-communication quoi, c'est le degré zéro de la communication. Là heu... je veux dire ils nous appellent directement sur nos portables quoi, et puis bon on se voit très souvent, on se voit toutes les semaines hein ! Quasiment tous les jours on a des appels téléphoniques, on entretient, on a vraiment un canal de communication très actif notamment avec Yaté, avec le Mont-Dore aussi, la Province Sud, bon peut être un petit moins régulièrement mais heu... Bon c'est des canaux qui sont vraiment ouverts quoi. Et heu... C'est sure que là, l'actualité ça nous a mis un coup, ça c'est sure.

66 International Council of Mining and Metals

JMN : Ouais, sinon par rapport aux ONG, on a différentes catégories d'ONG. Il y a des ONG avec lesquelles on arrive effectivement à communiquer, à travailler même, à avoir des échanges très constructifs heu... Et des ONG avec lesquelles on a plus de difficultés parce qu'ils sont fondamentalement contre tout développement industriel économique. Voilà. Donc avec ceux là on garde contact, on essaie de prendre en compte leurs réserves, leurs questionnements, etc. et on essaie d'y répondre mais on arrive très vite à un blocage des concepts heu... Je dirais philosophique quoi.

A 23 min et 55 secondes

YM : Alors à côté de tous les outils que vous venez de me citer en terme de communication, qu'elle est l'intérêt pour Vale Inco de participer aux réunions du CICS justement ?

SRA: Ben c'est un souci de transparence hein, je veux dire le comité est créé par la puissance publique qui a le pouvoir de police environnemental en plus. C'est sa compétence nous sommes heu... convoqué... invité à participer à ce comité. D'une manière éthique ça nous semble un exercice de transparence honorable et puis nous on se plie à... enfin je veux dire, je vois pas dans quelle mesure on pourrait se soustraire à une invitation de la Province à participer.

JMN: Et surtout ! Et surtout, je crois que ce qu'il faut comprendre c'est que le CICS a été crée aussi pour heu... pour faire avancer le projet, d'accord. Mais le faire avancer dans un cadre consensuel, d'accord. Avec l'ensemble des parties prenantes, c'est-à-dire que le CICS validait les options heu... avec l'apport et l'aval de l'ensemble des représentations, donc de la société calédonienne : institutions, représentation de la société civile, coutumiers, ONG, etc., d'accord. C'est un organisme qui a permis justement de débattre ouvertement des problèmes, des questions et de faire avancer le projet.

YM : D'accord

SRA: Oui, surtout que les séances, elles sont publiques

JMN: D'autant plus... hum... non.

SRA: Ben, qu'on on était à l'assemblée du...

JMN : Normalement non, après ils ont ouvert un peu, mais c'était heu... SRA : Au début, c'était pas public ?

JMN : Non pas public

SRA : Et après oui ?

JMN : Après oui.

YM : Il y a seulement la première réunion à Goro qui était publique, sinon après les autres, elles se passent à l'assemblée.

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JMN : Ouais, c'est ça. Sur invitation normalement.

SRA : Ha d'accord, mais j'ai jamais vu les gens heu... refuser l'entrée.

JMN : Ouais, mais après ils étaient plus lâches, ouais... Mais ce qu'il faut savoir c'est que c'était heu... c'est toujours d'ailleurs un organisme qui donne des avis formels, d'accord. Qui acte les décisions, d'accord. C'est pas heu... contrairement à tous ceux qu'on a eu jusqu'à présent sur les salles de réunions, etc. [son téléphone portable sonne] Là on rentre dans une structure formelle et officielle, d'accord.

SRA : Oui et qui engage un certain nombre de dépense et d'action aussi, puisque les expertises qui ont été validées par le GIGS ont été commandées, ont été menées par les experts, et puis bien sûre elles ont été financées quoi. Donc y a...

JMN : Oui c'est ça, l'avantage c'est que c'était une structure qui était hors cadre de la société et qui s'est déroulé sous l'égide donc des autorités compétentes. Provinciale, avec les représentants du Gouvernement, de l'État Français et toutes les autres parties prenantes de la société civile.

A 31 min et 23 secondes

YM : Le fameux pacte que vous avez signé avec les populations du sud, avec Rhéébù nùù, il est issue, enfin...

JMN : Hors GIGS, non non.

YM : Non ?

JMN : Non, ça c'est en parallèle.

YM : D'accord.

JMN : Mais le CICS en avait fait un point heu... un point essentiel.

SRA : Ben, le travail du GIGS il a quand même servi puisque dans les discussions sur le pacte, il y avait quand même en toile de fond un certain nombre de chose et notamment l'impact environnemental toujours du projet, puisqu'en faites heu... la base de la discussion c'est quoi ? Un projet s'implante avec des impacts et des opportunités de développement... Dans quelles mesures on va pouvoir limiter au maximum ses impacts ? Ga en partie, le GIGS a apporté des réponses. Le GIGS et Vale Inco, mais le GIGS aux travers des contre-expertises. Puisque Vale Inco a apporté un certain nombre de réponses, mais le GIGS a demandé des contre-expertises pour valider ou invalider ces réponses. Donc, le GIGS a participé indirectement à apporter un certain nombre de réponses dans le cadre des discussions du pacte. Mais le pacte, c'est vrai que c'était déconnecté et en parallèle du CICS.

YM : D'accord.

JMN : G'est-à-dire que le CICS aussi en tant qu'institution qui se plaçait au dessus donc des parties prenantes à permis aussi heu... reflété aussi une certaine indépendance, une certaine neutralité. Et donc... avait toute la crédibilité nécessaire.

YM : D'accord, alors aujourd'hui avec ce nouveau comité qui a été créé le CCE. RSA : Il n'est pas encore créé.

YM : Il n'est pas encore créé.

RSA : Le GGGE.

YM : Le GGGE, il va se créer ?

RSA : Oui.

YM : Alors qu'elle est l'utilité de ce comité ? Est-ce qu'il n'y a pas un risque de redondance avec le GIGS ? Enfin...

RSA : Ben ce CCCE là, comme son nom l'indique Comité Consultatif Coutumier
Environnemental, il est avant tout coutumier... et environnemental. Donc c'est quand méme
une assemblée qui est composée exclusivement de coutumiers, alors que le GIGS rassemble

les coutumiers, les institutions, les associations, des représentants de la société civile. Et c'est... c'est plus à un niveau communautaire puisque dans le pacte, comme je le disais tout à l'heure, les signataires sont la société et les représentants coutumiers avec le comité Rhéébünùù. Donc le GGGE moi je le vois plus hein, parce que je laisserai aussi Jean-Michel heu... JMN : Ben, je dirais que...

RSA : Je le vois plus moi, pardon, comme une commission du conseil d'aire qui traite de l'environnement, plutôt que...

JMN : Non, moi je pense que la question est pertinente parce qu'effectivement, est ce qu'il y a redondance ? Heu... il peu y avoir des risques de redondance.

RSA : Ben ouais.

JMN : N'empêche qu'aujourd'hui le CCCE, c'est une entité coutumière. YM : D'accord.

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JMN : Qui n'a pas forcément un pouvoir heu... je dirais... formel, officiel, d'accord. Le GIGS, oui ! D'accord. Le CICS a des statuts, etc... il a fait l'objet d'un arrété de création... Donc ce qui veut dire que le GGGE dans sa fonctionnalité ne devra pas rentrer en opposition avec le GIGS. Donc je pense que y a une complémentarité à trouver.

RSA : Oui tout à fait.

JMN : G'est-à-dire que les décisions du CCCE ne devra pas aller contre l'avis du GIGS sinon ça ne marchera pas.

RSA : Oui, je pense que, en plus t'as raisons ce sera complètement complémentaire puisque je crois que les travaux du GGGE seront alimentés par un certain nombre de documents et de conclusions qui viendront du GIGS.

JMN : Ben.... Oui.

RSA : Et le GGGE se prononcera à la lumière de ces travaux.

JMN : Tout à fait.

YM : D'accord.

RSA : En autres.

YM : Alors aujourd'hui vous avez l'OEil, le CICS, le CCCE, ça fait beaucoup de...

JMN : Oui, ça fait beaucoup de choses. C'est vrai qu'il faudra qu'on fasse très attention car il risque d'y avoir des heu...

YM : Des contre-informations peut-être ?

JMN : Oui. Des contradictions même. Des contradictions et il faudra que chacun joue pleinement son rôle mais dans les limites de sa sphère de responsabilité et de compétence.

RSA : C'est vrai que ça fait beaucoup de forums pour un projet, carrément !

JMN : Ha ben oui ! Oui oui. G'est-à-dire que sur un sujet, sur une question, un problème donné, heu... le CICS pourra se prononcer comme le CCCE, Alors après...

RSA : Et l'OEil.

JMN : Et comme l'OEil, ok. Quoique l'OEil, il est en retrait, il a plus un rôle d'experts
indépendants. Mais les décisions. Concernant les décisions, c'est le CICS qui prendra les
décisions. Le GGGE pourra en prendre aussi, il faut simplement que le GGGE et le GIGS à un

moment ou à un autre fonctionne de concert pour pouvoir sortir une décision commune quoi. Faut pas que l'un prenne une décision qui va à l'encontre de l'autre.

YM : Je sens que y a un niveau, enfin d'après ce que vous disiez, je sens que y a un niveau hiérarchique qui fait que le GIGS et au dessus de GGGE.

JMN : Le GIGS à inéluctablement un caractère officiel. YM : D'accord.

JMN : Le CCCE ne l'a pas aujourd'hui.

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L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée environ 1H30, j'ai extrait les éléments les plus importants.

Mr Mike Hosken : Il a la double nationalité Française et Néo-Zélandaise. C'est un membre éminent de l'association Codefsud. La Coordination de Défense du Sud est une association de type "loi 1901" ayant pour but la protection de l'environnement dans le Sud de la NouvelleCalédonie. Cette association est composée de plusieurs autres associations ainsi que de citoyens qui partagent les mêmes idées.

Martin : C'est un journaliste de RFO Paris qui est venu sur le territoire faire un reportage globale sur la Nouvelle-Calédonie. Il enregistre l'interview pour Radio France International et il compte également écrire un article pour le « Monde diplomatique ».

Contexte : Notre entretien s'est déroulé à 9h le 7 mai 2009, à la Case à Café. Mr Hosken qui avait également été contacté par un journaliste de RFO Paris, pour aborder son rôle dans l'association Codefsud, m'a proposé que nous nous rencontrions en même temps.

Extraits de l'entretien A 11 min 35 secondes

MH : ... Des kanaks de plusieurs tribus dans le sud ne sont pas d'accord avec ce pacte. D'ailleurs, ils veulent le dénoncer, mais ça c'est pas à nous de le faire. Nous ne l'avons pas signé. Nous avons toujours dit qu'ont étaient contre ce pacte. Donc, c'est pas à nous de les tenir par la main et de les ramener pour qu'ils signent un autre pacte de dénoncer le premier pacte, enfin bref...

A 13 min 40 secondes

MH : Il y a eu des problématiques qui n'ont pas été exposées au public ; et pour cause, là on peut parler hum... de la première... Tu as cité tout à l'heure Yannick, Mr Gourmand, le premier enquêteur public.

YM : François Gourmand

MH : Voilà ! Lui. Il a donné un avis défavorable au projet en 2001. Or le projet tel qu'il a été présenté en 2004 et la lettre dont il me semble, j'ai envoyé les PDF là, hein ?

YM : Hum hum

MH : Donc, si ma mémoire est bonne, les phrases étaient que le projet n'avait guère changé depuis 2001 et qu'il était sensiblement pareil et que pour X, X, raisons... Y avait trois pages, donc c'était la Direction des Ressources Naturelles.

YM : Mr Chaverot.

MH : Mr Chaverot, qui avait donné un avis défavorable et qu'il avait bien expliqué. Il avait
fait du bon travail et d'ailleurs sept services sur les douze services qui avaient été consultés,
ils avaient dit « non, c'est pas bon ». Malgré ces refus catégoriques... malgré que sept

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services sur douze avaient dit non, trois jours après cet brouillon de lettre, un autre avis était pondu par cet même service sous la pression de certaines personnes et ça je tiens pour officiel. L'avis défavorable a été amoindri en avis très réservé, et en plus qui était assorti de plusieurs recommandations pour que les prochains, heu... parce que l'on a parlé de... si on comprend bien la phrase. Il faut que le prochain demande de l'ICPE, donc installation classée ou permis d'opérer, soit prise en considération pour ne pas heu... pour ne pas affecter sa recevabilité. Donc ça, il faut bien le dire hein ! Ca, c'est super important. Alors donc, expliquez-moi pourquoi les services instructeurs de la Province sud avaient dit « ce n'est pas un bon projet » et pourquoi donc, le 14 octobre 2004, le Président de la Province sud, Mr Gomès a pris un arrêté autorisant un permis d'opérer pour cette usine. Cet méme permis à opérer à été annulé par le comité Rhéébù nùù, le 16 juin 2006. Après des longues... Y a eu des bagarres, eu presque... y a failli avoir des morts, y a eu des assaults, des forces de l'armée, les gendarmeries sur les manifestants à le carrefour de la Madeleine. Bref y a eu un sacré périple dans cette histoire.

A 24 min 00 secondes

YM : Aujourd'hui y a beaucoup de comité, y a le CICS qu'est sorti, y a le CCCE qui a été créé, y a l'OEil notamment et tous ces comités qui ont pour but d'ouvrir le débat au public, vous n'y participez pas ou venez qu'en tant qu'observateur.

MH : Yannick, initialement, j'ai dü personnellement menacer dans les réunions qui se passaient à huis clos [...] Ils ont accepté que j'assiste à des réunions mais je n'avais le droit à aucun parole, je pouvais pas ouvrir la bouche. Parfait ! Néanmoins, j'avais un pied dans la porte comme on dit. Par la suite donc heu... Codefsud était invité à assister dans les discussions, mais toujours on n'avait pas le droit à la parole, donc heu... C'est fabuleux comme système de transparence et de développement durable, c'est excellent ! Donc heu... Et un jour je me rappelle bien, c'était au Congrès ou j'allai... je me suis mis debout pour prendre la parole qui m'était pas donné, qui m'était pas offert et Mr Gomès m'avait menacé de me sortir manu militari parce que je n'avais pas le droit à la parole. Donc heu... Bravo !

A 46 min 40 secondes

YM : Alors là depuis le début de l'entretien vous nous parlez de preuve, etc... qui accusent les politiques, l'usine et la conduite du projet en général. Et je voulais vous demandez qu'elles sont vos moyens vous de permettre à votre contestation de rentrer dans le centre de décision, puisqu'on fin de compte, c'est le politique qui va décider et si vous restez toujours dans la contestation, est ce qu'il y a un moyen de...

MH : Attend, mais attend Yannick. La dernière petite comité ou commission qui a été créé c'est l'OEil. Et ben moi je dis, ils peuvent mettre le doigt dans l'oeil tout de suite. Parce qu'on n'était méme pas invité à signer dans ce comité : L'oeil. Attend, il faut arréter. C'est pour ça, nous nous sommes des contestataires, peut être un peu plus... on n'est pas très orthodoxes peut être, parce que c'est vrai qu'on organise des pique-niques à la « Kapendua » avec trois cents personnes heu... moi-même, j'ai fait des virées en kayak pour arréter la pose du tuyau. Nous avons avec le syndicat des pécheurs organisés un blocage naval heu... C'est vrai qu'on

est des mauvais coucheurs. Donc qu'elles sont nos moyens qu'ils nous restent ? Et ben voilà, c'est d'organiser le 8 avril une semaine après le lâché d'acide... Nous avons organisés un manifestation au pied de l'hôtel de la Province sud, l'après-midi méme où l'oeil a fait sa première heu... ils ont siégé pour la première fois. Attend, mais je sais même pas si sur le site de l'oeil, ils ont mis qu'il y a eu un accident, parce que deux semaines après, il y avait toujours pas de mise sur le site que « ah, effectivement il y a eu quand même deux cents milles litre d'acide ! » Faut arrêter ! C'est bien connu quand on veut noyer un poisson ou noyer les informations, on créé une commission. Ben voilà, ben c'est... on est là quoi.

A 1H 00 min 20 secondes

YM : Sur votre site internet en voit un nombre incroyable d'information heu... MH : Parfois un peu trop, parce que l'information tue l'information, n'est ce pas ?

YM : Voilà... Et d'où vous retirez cette information ? Comment vérifiez-vous la véracité des sources, etc ?

MH : (rires)

YM : Parce qu'on les voit nulles part, à part sur le site de Codefsud.

MH : Non mais Yannick. Y a plein de gens qui nous donne les informations, y a des gens qui travaillent dans des services administratifs, y a des gens qui travaillent au sein de Goro Nickel même, y a des politiciens, y a plein de gens ! Mais on fait un peu le sale boulot. Donc que...

YM : D'accord

MH : Mais ils sont... Tous ceux qui est cheville, vous pouvez y allez c'est bon hein, ça pousse !

A 1H 11 min 25 secondes

YM : Est-ce que les gens du pays participe beaucoup à la défense de l'environnement ? Parce que j'ai l'impression... Enfin de France, j'ai commencé à faire mes enquêtes, j'ai l'impression c'est plus les gens extérieurs qui viennent en Calédonie, qui s'aperçoivent plus de sa richesse que les gens d'ici.

MH : Moi je pense que c'est... d'abord c'est un luxe de pouvoir s'occuper de l'environnement tel que notre groupe s'occupe. Parce que sa prend beaucoup de temps mais... énormément de gens, leurs premier soucis, c'est d'abord de procurer à manger et à boire et d'avoir un toit et en Calédonie il y a beaucoup de gens qui vivent dans la pauvreté. Il faut le dire. Alors on va pas obliger ces gens là de s'occuper... Là ça fait quoi ? Une heure et demie que je suis là avec vous ? Et ben la plupart de mes compatriotes, de nos compatriotes, ben y sont en train de bosser... Ils reconnaissent sans doute que c'est important d'avoir un environnement sain et respectueux de sa santé.

L'entretien ci-dessous n'est pas complet. Il a durée environ 40 minutes, j'ai extrait les éléments les plus importants.

Mr Raphael Mapou : Il est Secrétaire Général du comité Rhéébù nùù. Ce comité est l'entité de la société civile qui a le plus d'importance dans le rapport de force avec le système politique et économique dans le cadre du projet de l'usine du sud.

Contexte : Notre entretien s'est déroulé à 15h le 7 mars 2009, au Sénat Coutumier. Pour des raisons qui me sont inconnues, notre entretien a été reporté à de nombreuses reprises. J'ai donc eu cet entretien à l'improviste. Mr Mapou était au courant que je souhaitai l'interroger sur le CICS, mais il ne savait pas que j'allai venir et moi je n'étais pas sür de le trouver.

Extraits de l'entretien

A 2 min 45 secondes

RM : ...Donc y a eu l'usine pilote, 2002 heu... Nous on suit, mais on commence à ce poser beaucoup de questions, alors la lumière est venu des associations environnementalistes. Ils étaient pas nombreux à l'époque, EPLP67 n'existez pas puisque EPLP a été créé à la suite du conflit de Goro.

YM : Voilà

RM : C'est une nouveauté EPLP, heu... YM : Ensemble Pour La Planète

RM : Ensemble Pour La Planète, donc heu... dont on fait partie d'ailleurs. Membre fondateur depuis le début méme si on ne participe plus beaucoup en ce moment. Donc heu... et eux ils nous ont alerté, c'est eux qui nous ont alerté. « Attention, c'est une usine chimique ». Ils sont venus, ils ont sensibilisé le Sénat, ils nous ont approchés aussi là-haut, à travers les autorités coutumières. Ils avaient des portes d'entrée, donc ils ont alerté et là, on a commencé à prendre conscience que ce n'était plus n'importe quelle usine, mais que c'était une usine chimique, d'un type nouveau etc., D'ailleurs au Canada, un peu partout dans le monde, tous le monde se posaient beaucoup de questions. Donc 2002... on n'était pas en franche opposition, on n'était plutôt en situation d'interrogation et heu... de crainte et donc on décide de faire une mission au Canada [...] et donc on fait cette mission au Canada en 2002, et là-bas avec le Sénat... Et là, on se rend compte... C'est là où vraiment on prend toute la dimension du problème quoi. Que... Parce que là, on rencontre les Inuits, les Inouis, le peuple Cri, les autochtones du Canada qui se battent autour de questions sur le barrage, sur les questions des mines d'uranium, sur Voisey's bay... donc et là on découvre toutes les facettes de cette problématique. Donc, on revient avec un oeil tout à fait nouveau puisqu'à ce moment là, on commence à adopter une position plus critique et heu... donc on reste à l'écoute, on est plus ouvert aux questions soulevées par les chercheurs, les scientifiques, les associations.

67 Ensemble pour la Planète est une association de type loi 1901 constituée d'autres associations mais aussi de simples citoyens désireux d'agir pour la sauvegarde de notre environnement en Nouvelle-Calédonie.

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A 7 min 35 secondes

RM : Après fin 2004, on commence à adopter une position radicalement contre. YM : Pourquoi ?

RM : Alors on se rend compte que beaucoup de promesses, beaucoup d'études qui sont évoquées, que... que le projet n'était pas vraiment encadré. Donc ça c'est notre avis. Parce que quand Phillipe Gomès arrive heu... alors quand Phillipe Gomès arrive à la Province, certes, il pointe du doigt les insuffisances, mais en même temps il active le projet. Il donne de la vitesse au projet. Et nous, c'est là qu'on réagit. On dit « non non non non ! Si tu pointes du doigt les insuffisances du projet, les expertises, etc... Tu ne peux pas en même temps donner les autorisations comme tu le fais ». Alors, c'est là où on n'attaque l'arrêté ICPE qui a été délivré en septembre, octobre deux milles heu..., septembre, c'est soumis au CICS, comité consultatif environnemental où là, on n'est les seuls à s'opposer, en octobre ça passe au journal officiel et donc après on n'attaque l'arrêté IGPE au tribunal administratif. Donc toute l'année 2004-2005, on n'enclenche une bataille sur le plan judiciaire. Et le projet donc heu... avec le soutien de la Province, de l'État, on continue d'accélérer, accélérer et jusqu'en 2006. 2006, on décide de passer à l'action parce que on considère, parce qu'au vu de ce qu'on a vu depuis fin 2004 [son téléphone portable sonne]. Et donc heu... Il continue à accélérer, y a certaines expertises, nous on fait la bagarre dans le cadre du GIGS, le comité consultatif environnemental qui a été mis en place par Phillipe Gomès. C'est un des structures de concertation, c'est le premier structure de concertation qui a été mis en place après son élection. Donc là on se bat à l'intérieur de cette structure, on défend le principe des expertises indépendantes qui n'existait pas à l'époque. Heu... On n'est suivi sans vraiment être suivi, il réussisse quand méme à nous imposer le CEREGE qui est un bureau d'expertise mais plutôt français et européen qui est basé à Marseille. Et donc là, on dit ben non, on n'est pas d'accord. Alors, c'est prévu que sa démarre 2004 les expertises. Ils continuent à traîner alors après en renvoi en janvier, février et ainsi de suite les experts ne démarrent toujours pas et nous on voulait à tout pris que les expertises interviennent le plus rapidement possible avant que l'on aille plus loin dans le projet. Alors les expertises, c'est sur les rejets en mer, les effluents, c'est sur un certain nombre de chose comme ça. Et donc là les expertises tardent à venir et là on se rend compte qu'on va être floués, et c'est là qu'on décide de réagir brutalement et on décrète le 1er avril 2006, l'opération... Heu, comment on appelait ça ?.... L'opération embargo autour de l'usine de Goro. Et donc 1er avril 2006, les militants, ils bloquent toutes les entrées de l'usine, ils prennent les camions, ils bloquent les routes et puis plus personnes ne doit rentrer et puis Goro, enfin l'usine est en état de siège. L'usine, la mine est en état de siège, le port est bloqué, et donc commence un rapport de force qui va durer un mois, un peu plus d'un mois méme si les forces de l'ordre ont réussi à dégager les barrages, les militants au bout de trois semaines. Ca c'est sur les journaux, heu... sur les journaux on fait la une. Voilà, donc... après le... y a une période... bon nous on lève pas de nos positions. En plus de ça donc, au moment... au mois de juin, le tribunal administratif tranche. Il annule l'arrêté ICPE. Alors en général, ce qui se passe quand il annule les arrêtés IGPE. Les arrêtés ICPE dépendent heu... non, les permis de construire dépendent des arrétés ICPE. Pour construire ce genre d'usine, y a deux législations, y a la législation de l'urbanisme hein, qui prévoit des permis de

construire, etc., des permis de lotier, permis de construire et les arrêtés ICPE qui sont la référence ici puisque jusqu'ici, il n y avait pas de code minier. Aujourd'hui, ils ont réussi à... heu Gomès hier a présenté le code minier de la Province. Enfin, le code environnemental, alors voilà, mais loin d'arrêter le projet, y a des concertations qui sont faites en juin, juillet 2006, alors on participe aux concertations, mais heu... en méme temps, ils continuent à construire. Alors l'usine n'est pas arrété, alors qu'on on demande pourquoi il n'arrête pas. Les gens nous répondent non, on n'a les permis de construire. Voilà. Donc on a mené des batailles juridiques qui nous ont mené à Paris.

A 15 min 10 secondes

YM : Les gens du sud par rapport à l'usine de nickel, est-ce qu'ils ont déjà étaient complètement contre ou c'est juste développer l'usine, mais en respectant, enfin comment ça c'est passé quoi ?

RM : Alors on n'est passé par toutes les phases. Au début, l'usine était bien vue. La première époque, j'ai évoqué taleur. Avant 2001/2002. Après, c'est la phase interrogatif 2002/2004. On va 2004/2006/2007, c'est la phase d'opposition, là on est totalement opposé. Si heu... on n'avait les moyens l'usine heu... plus rien ne resterait aujourd'hui sur l'usine. C'est clair, les forces de l'ordre ont été mobilisés en masse pour protéger l'usine. On peut pas dire plus en ce qui concerne la volonté des gens d'éradiquer l'usine. Alors y a eu beaucoup de division aussi au niveau du monde des autochtones du sud. Y a des gens qui travaillent par exemple, on toujours étaient en opposition au comité Rhéébù nùù, heu... pas les gens qui travaillent, mais les gens qui ont su créer des entreprises. Donc, on n'est passé par toutes les phases. Aujourd'hui, l'usine est tolérée, mais moyennant la signature d'un protocole du pacte que je vous ai donné qui traduit un peu tous les préoccupations, qui prend en compte tous les préoccupations des autorités coutumières et nos préoccupations en matière environnemental, social, culturel et en matière développement durable.

YM : D'accord, alors... aujourd'hui vous communiquez avec les personnes de l'usine à travers le ... enfin vous allai communiquer à travers le CCCE.

RM : A travers le CCCE, notamment.

YM : Alors ça, il est inscrit dans le pacte et pourquoi le CCCE alors qu'il y avait déjà le CICS et l'oeil aussi notamment dont vous allez être le...

RM : Ouais, alors l'oeil est arrivé après hein. L'oeil, c'est récent heu... enfin c'est récent, c'est la province ! la province qui a créé... au moment où l'oeil a été pensé, il n'a jamais été question que l'oeil deviennent une structure associative. Il s'est trouvé que l'expert qui est venu sur le volet juridique, etc., la mise en place de l'oeil. Il a proposé, il a simplement dit que le système associatif est le plus intéressant. Mais l'oeil va rester hum... va dépendre essentiellement des moyens de la Province, si il y a une volonté politique à la Province de poursuivre le travail de l'oeil, heu... l'oeil va jouer un rôle disons efficace, méme global. Mais le CCCE finalement c'est différent parce que nous en acceptant l'usine, en « acceptant l'usine » pour ainsi dire, on a en méme temps dit à l'industriel, on peut pas se contenter de ce

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que dise l'administration. On peut ou ne pas faire confiance à l'administration. Donc, nous on a besoin d'être présent à l'intérieur de l'usine. Nous on est autant responsable que vous de ce qui se passe dans le sud. Donc, il est pas question de... Alors là aussi, on a négocié pour qu'on délègue pas nos responsabilités à des autorités administratives. On veut être au premier rang, de... au nom de la transparence, au nom de notre responsabilité. Il faut qu'on soit présent dans tout le... D'où le principe de nommer les 8 techniciens, d'où le principe de mettre en place le GGGE, qui normalement devra donner son avis en amont, par rapport à tous ce qui va être demandé à l'administration. Rhéébù nùù est aussi présent dans la commission minière communale. Parce que la commission minière communale de Yaté par exemple, on est présent ; les coutumiers sont représentés dedans, mais on va dire heu... On peut dire enfin que ces des structures qui vont s'enchevêtrer, enfin qui peuvent faire double emploi. Mais c'est un peu pour ça aussi qu'on s'est investi dans le... qu'on va s'investir dans le CCCE, dès qu'il est mis en place et qu'on s'est investi dans l'observatoire. On a accepté là... Les politiques nous ont fait cette proposition, donc on a accepté ! En se disant, il vaut mieux qu'on soit dans les structures pour pouvoir articuler et faire en sorte qu'il n y est pas double emploi et que les moyens soient bien mis là ou on pense.

YM : D'accord, alors y a eu plusieurs associations de protection de l'environnement qui ce sont occupées de ce projet, pourtant c'est vraiment Rhéébù nùù qui a était au centre. Alors comment ça se fait que vous, vous avez réussi à participer à la conduite du projet mais pas les autres associations ? Enfin, par exemple au GIGS vous aviez le droit de parler, les autres associations étaient là en tant qu'observateur.

RM : (Rires) Et ben, tout simplement parce que nous on n'était les plus méchant quoi. YM : C'est pour ça ?

RM : Oui, c'est pour ça. C'est con mais c'est comme ça. C'est parce qu'on était ceux qui était les... Parce que la plupart des associations donc qui contestent sur le plan des écrits, sur le plan médiatique, heu... sur le plan juridique aussi, eux ils ont du mal à venir. Je vois sur des dossiers, eux ils hésitent à aller sur le plan juridique aussi. C'est un peu la faiblesse des associations. Nous, c'est pas... c'est pas... on n'a pas le même heu... On est une association, mais finalement on représente les chefferies, donc... du sud, c'est une association qui regroupe les chefferies du sud. Certaines chefferies, parce que c'est pas toutes les chefferies, donc notre force à nous, c'est le faite que on a un pied directement sur le terrain. Si on décide d'y aller, c'est un peu ce que je dis toujours aux associations. La plupart des associations sont opposées au pacte, à la signature du pacte et aujourd'hui beaucoup contestent la suite, la poursuite, ils veulent qu'on arrête, que la Province sud [...] Ils veulent à tout prix que l'arrêté soit suspendu, ICPE. Ce que je leur dit, c'est que mon problème à moi, si je décide, si Rhéébù nùù décide de demander l'arrêt du projet, nous on va pas se contenter de le dire. On va être obligé, notre obligation de résultat fait qu'on va être obligé de se mobiliser. On va mobiliser les gens, on va prendre les moyens qu'il faut. Si on décide d'arrêter ce sera vraiment... on se donnera les moyens, même si on a pas beaucoup de moyens comme on a vu dans le passé mais... donc le contexte n'est pas le même, on n'agit pas sur le même terrain. Nous quand on s'engage, on s'engage avec eux quoi. C'est pas une association de 10

personnes qui se contentent de faire des analyses et qui dénoncent. Le pouvoir médiatique, c'est important ! Il l'utilise bien aujourd'hui EPLP, etc. Mais, j'ai envie de dire que dans le contexte qu'on a vu dans le sud, c'était inexistant quoi. Il a fallu qu'on se batte nous, c'est pour ça qu'on a été pris en compte, c'est pour ça qu'on est considéré comme incontournable, c'est pour ça qu'on a proposé que Rhéébù nùù préside l'oeil du pays quoi, heu... l'oeil de l'observatoire.

A 30 min 40 secondes

YM : Par rapport à tous ces comités maintenant qui ont pour but d'ouvrir le débat au public, qui ont pour but de rendre le projet plus transparent. Dans aucun des comités, il me semble que les personnes du public peuvent venir et intervenir, participer au débat. Il faut qu'ils passent par vous, par des associations qui siègent.

RM : Oui, c'est vrai

YM : Et comment vous expliquez ce manque d'ouverture ? RM : C'est vrai, c'est vrai

YM : Parce que voilà, moi dans le cadre de mes études, je participe, heu... j'ai un exemple, voilà là j'ai... ha je l'ai pas emmené avec moi. Mais y a un grand projet d'aménagement du territoire à Montpellier. Il organise des réunions de débat public et les gens viennent, participent. Ici on parle de concertation, mais personnes peut venir.

RM : Ouais, en faites ici ce qui est un peu vicieux, c'est que... ben vous posez la question à Vale Inco demain, les responsables. Ils vont vous dire, ben on a fait tant de réunions en tribus.

YM : Ils me l'ont déjà dit.

RM : Ouais, tant de réunions en tribus, ça se chiffre par dizaine, par centaine, on a distribué des dépliants, etc... Donc eux, ils font une communication directe, ciblée. Ici, dans la configuration dans laquelle on se trouve, c'est un peu le rôle des... quand y a des menaces ou quand y a des... dans les procédures d'autorisations, etc. est inclus l'enquête publique. Mais alors l'enquête publique ne donne pas beaucoup de résultat. L'enquête publique on l'a vu sur le projet, les gens ne se déplacent pas du tout. Alors heu..., donc le problème ressenti, le problème ressenti c'est... j'ai l'impression que quelque soit les opérations de..., les réunions qui sont organisées, les gens ne déplacent... sur les questions environnementales, les gens se déplacent très peu. Ca on a vu dans tous les enquêtes publiques. [...] Après au-delà de ça, c'est vrai qu'on n'est pas allez. Par exemple, nous un moment on a envisagé de faire un référendum. Un référendum au niveau de la commune de Yaté sur le pour ou contre l'usine. Heu... ça c'est difficile a mener et je ne sais pas si au niveau des textes, on nous autorise à faire des référendums.

YM : C'est flou ?

RM : Ouais, c'est flou et alors nous le modèle qu'on a, mais la communication... Enfin, ou on
parle de communication menée par les associations directement, c'est ce qu'on a évoqué tout

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à l'heure. Nous on arrive parfaitement à communiquer. On fait... y a un mode de communication qui existe au niveau des tribus. Le dimanche quand on sort de la messe, c'est le système de communication traditionnel. On dit heu... on passe les informations à la population qui est là ou alors on fait des brochures, etc. Au niveau des tribus kanaks, c'est comme ça que sa fonctionne. Ca fonctionne ou sa fonctionne moins bien, des fois sa fonctionne plus du tout (rire). Mais au-delà de ça non. Référendum, les consultations sont organisées, publiques hein, dans les communes. Par exemple avec Goro Nickel ça a beaucoup été développé ça. Mais les gens viennent très peu, ils viennent très peu. Alors, ya des forums. Nous ce qu'on va faire à travers le pacte, [...] enfin y a trois structures de concertations qui sont prévues. Une pour la commune du Mont-Dore, une pour la commune de l'Ile des Pins et une pour la commune de Yaté. Ces trois structures de concertation, ça va être un lieu privilégié pour les gens, pour s'exprimer quoi. Surtout, le volet environnemental, social et culturel. Après, c'est à l'initiative des gens qui sont responsables, qui structurent ces choses là.

YM : Là y a eu les trois comités. Le premier, c'est le CICS. Est-ce qu'il a eu des impacts concrets sur la conduite du projet ?

RM : Heu... On va dire oui. Oui dans la mesure où le CICS a été consulté à chaque fois pour tout ce qui est expertise. Alors, le CICS est consulté pour... Alors, c'est toujours les mémes qui parlent là-dedans, mais ça n'inscrit pas le fait que tout le monde soit associé et donc, à travers le CICS, on s'est positionné sur un certain nombre de chose y compris enfin de parcours sur l'arrêté ICPE. [...]

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote