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Déviances scolaires et controle social à  Yaoundé: Essai d'approche Sociologique du quotidien des jeunes à  l'école

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par Mahamat ABDOULAYE
Université de Yaoundé I - DEA Sociologie 2009
  

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ABSTRACT

Most studies in the sociology of education treat social structure as if they were constraint and objective `'social facts'' : by searching statistical links between these structures, these studies are unable to consider the manner in which these social facts are produced. Breaking with the functionalist and reproduction theories, these researches attempt to revisit the ethnographic approach in the sociology of education and to break these total `'boites-noires'' which include these learning centers and educative community inspired by symbolic interactionnism or the ethnomethodology. Also, this approach as an objective, is to describe the procedures, practical reasoning from which academic actors construct society and produce daily norms on which the academic institutions rely while objecting to perceive the `'revelation'' of inequity played in advance among situations and academic interactions. The field observations reported in this study finally reveal that the attitudes and behaviors of the educative community that crush the logic of educative rationality, to produce and reproduce a living sociality that brings to the fore ordinary academic, deficiency that develop daily in the interactions with the social supply of norms.

INTRODUCTION GENERALE

I - PROBLEMATIQUE

Les sociologues qui se rattachent aux courants de pensée objectivistes considèrent que les faits sociaux, faits collectifs, sont extérieurs aux individus. Par conséquent, il convient de les étudier comme des choses, sans se préoccuper des motivations personnelles des individus qui les accomplissent. Selon les partisans de la tradition globalisante, la société impose ses normes et ses valeurs par l'éducation morale, la socialisation. « Elle ne contraint pas seulement en proposant des idéaux et des modèles, en prescrivant et en proscrivant des procédures, en fournissant de l'information et en diffusant des croyances, mais en nous socialisant dans certaines attentes et orientations » (R. Boudon et F. Bourricaud, 1982 :110), en nous motivant à assumer des rôles, à entreprendre une activité sociale conforme à nos aspirations. C'est dans cet ordre d'idée que nombre d'institutions parmi lesquelles l'école, sont conçues.

Ainsi, les approches holistes des institutions éducatives définissent-ils l'institution comme une forme sociale définie en dehors des acteurs, comme un ensemble de normes s'imposant à eux. L'école est même, après la famille, considérée comme la principale agence de socialisation. Elle est une institution sociale qui a pour rôle d'aider les plus jeunes membres de l'entité sociale, encore au stade d'apprentissage des règles et normes sociales, de mieux connaître et d'assimiler celles-ci, dans le but d'une bonne et parfaite intégration sociale (F. E. Binyegui, 2004 : 42). C'est en vertu de cette socialisation que nombre d'auteurs pensent que tout comportement individuel est socialement déterminé. Les analyses hyperfonctionnalistes de certains théoriciens de la reproduction, tel que Bourdieu, assignent alors à l'individu le statut d'un être passif, ayant intériorisé grâce à une socialisation efficace les normes et les valeurs lui permettant de tenir sa place. Sous ce rapport, l'individu est perçu comme un produit de la société, animée par une logique sociale qui le dépasse (P. Bonnewitz, 2002 : 72). Il y a dans ce modèle de la reproduction l'idée d'une efficacité sans faille de l'institution école dans son rôle de socialisation. L'école est ainsi placée dans une situation d'ascendance sur l'élève. Grâce à un arsenal de dispositifs institutionnels de contrainte, de contrôle et de dissuasion, elle essaie de réguler et canaliser les actions humaines à la façon dont les instincts canalisent le comportement animal. En d'autres termes, l'institution école fournit des règles de conduite qui façonnent notre comportement et nous contraignent à suivre les sentiers tracés par la société. Celle-ci nous  fait même croire que ces sentiers sont les seules voies possibles.

Parallèlement à cette conception, le phénomène de «résistance » semble, pourtant, se développer de plus en plus parmi la jeunesse et envahir précisément ces institutions scolaires.

Au Cameroun, l'observation de la «scène officielle » des établissements scolaires en milieu urbain, montre en effet une multiplicité de comportements en marge de l'enseignement qui se développent dans les coulisses des activités essentielles pour la vie d'un établissement : il est devenu presque un fait banal d'observer des actes de «résistances » ouvertes ou voilées tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des institutions scolaires ; comportements résistants qui se manifestent sous de multiples facettes : flânerie des élèves dans les bars pendant les heures de cours,  décrochage,  jeux de hasard, corruption, falsifications des carnets de notes, conflits internes, incompétence ou insuffisance managériale, trafic d'influence, tactiques de survie individuelles, en y ajoutant la déviance vestimentaire, les agressions physiques, la consommation de la drogue, le harcèlement sexuel, le viol, la prostitution, les cours de soutien individuels à domicile, le monnayage officieux des inscriptions dans les établissements et, que dire, de la tricherie qui devient endémique dans le système éducatif camerounais. Ce constat montre bien comment les jeunes scolaires résistent à la prééminence du travail intellectuel, des valeurs morales de la société, que l'école tente de leur faire intérioriser et, de ce fait, refusent de «payer » l'accès à la connaissance et au succès scolaire, par une obéissance passive aux normes instituées. Qu'est-ce qui peut donc expliquer ces phénomènes de résistance à la socialisation imposée par l'école ?

Dès lors faut-il considérer les approches objectivistes et hyperfonctionnalistes comme productrice d'une totale intelligibilité des résistances et stratégies des jeunes, fussent-elles en milieu scolaire, dont elles prétendent expliquer les raisons qui sous-tendent l'échec (ou la réussite) scolaire, les inégalités d'accès au savoir et les comportements déviants à l'école ? Sont-elles alors l'unique grille de lecture des rapports qu'entretiennent les institutions scolaires et les partenaires éducatifs ? Ces pratiques de résistance, ne sont-elles pas là une manière par laquelle les partenaires de l'acte éducatif contribuent au contraire à fabriquer dans un bricolage institutionnel permanent les normes sur lesquelles repose l'institution scolaire ? Bien qu'en rupture avec les structures institutionnelles, ces nouvelles formes éducatives ne concourent-elles pas à assurer la pérennité et le maintien de la cohésion de cette communauté de travail ? Les acteurs scolaires n'essaient-ils pas de construire une véritable contre-culture, valorisant les éléments originaux qu'ils puisent dans leur milieu familial, leur connaissance du monde du travail ou dans la rue où, à leurs yeux, se joue la «vraie vie » ? Sinon, quel est le sens et la signification des actes de construction, de négociation ou de la contestation des règles et routines de l'ordre scolaire ?

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille