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Du costume de la confrérie Kuingang de Bansoa à  la création picturale : proposition d'oeuvres plastiques

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par Willy Valdès KENGNE
Université de Yaoundé 1 - Maitrise 2008
  

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Section III : Organisation socio-politique de Bansoa

La hiérarchisation des sociétés Bamiléké n'est pas stéréotypée comme on peut le penser. Chaque village a ses particularités et ses appréhensions. Cependant plusieurs traits généraux peuvent être retenus, traits communs aux chefferies. Il est possible comme l'affirme FONGANG (1993-1994, 80), de dégager trois types de macro structures intervenant dans la gestion politique de toute chefferie Bamiléké à savoir le pouvoir exécutif, l'organe de délibération et la population.

Sur le plan religieux, les Bansoa croient en l'existence d'un Dieu Suprême qu'ils nomment «Ssi». Cependant, il existe aussi la croyance en des dieux locaux ou familiaux représentés par des lieux sacrés divers allant des arbres aux tentes érigées à cet effet en passant par des chutes d'eau. Ces divinités personnifiées selon le quartier ou la famille où l'on se trouve sont secondées par les ancêtres que les Bansoa vénèrent à travers le culte des crânes car, ici le mort ne s'en va pas mais reste et peut agir en bien ou en mal sur le vivant. Après vient le chef et sa suite.

Le Feuh (chef) et ses agents d'exécution constituent l'organe exécutif. Les deux autres catégories d'institution qu'on peut désigner selon leurs fonctions sont les organes de délibération et les organes déconcentrés.

Notre préoccupation majeure est de présenter l'organisation politique telle qu'elle était structurée, ou du moins les survivances que l'on observe aujourd'hui de part et d'autre. Cette tentative de reconstitution nécessite une analyse minutieuse des organes du pouvoir. Ceci nous conduit à analyser leurs attributions sur le plan politique.

Carte 3 : Village Bansoa
Source : archives chefferie supérieure Bansoa adaptées

Photo1. Entrée principale de la chefferie Bansoa Notons les masques ku'ngang peints de part et d'autres

Auteur : W. V. Kengne, Septembre 2006

A- L'organe exécutif.

1. Le pouvoir du chef

L'organe exécutif se présente comme le niveau supérieur de la stratification d'une chefferie8 puisque c'est à sa tête que trône le Feuh9 ; celui-ci est le personnage central de la chefferie. Il est responsable de la politique intérieure et extérieure de la communauté. La légitimité de son pouvoir repose sur sa désignation par son père avant sa mort, son arrestation et son initiation au La'akam.10 Une fois sorti de là, il devient aux yeux de la population le Ssila'a (dieu du village), porte-parole des ancêtres fondateurs de la chefferie.

Ceux-ci lui confèreraient l'intelligence et le pouvoir pour gouverner. Il est en quelque sorte le maître du gwong11. Le chef a la responsabilité de négocier et de conclure les accords et les alliances au nom du peuple avec les chefferies voisines. Il exerce aussi son autorité par le biais des Nwoullah, des Mekam nefveu, des sociétés coutumières et des sous-chefs.

Malgré l'étendue des pouvoirs dont dispose le chef, celui-ci est loin d'être un potentat car son autorité est contrôlée et limitée par des institutions spécialisées aux pouvoirs bien connus, à l'instar du Ku'ngang12.

a. Les conseilers spéciaux du chef

Dans l'exercice de son pouvoir, le Feuh a besoin et s'appuie sur les institutions comme sus évoqué mais aussi sur les conseillers spéciaux.

i. Le Kuetché Feuh.

Le terme Kuetché Feuh se traduit littéralement par adjoint ou assistant du chef ou encore celui qui tient la main du chef. Il est le plus proche du chef, mieux son premier conseiller. C'est un prince frère consanguin du chef désigné dont les parcours initiatiques sont identiques. Si le chef disparaît brutalement sans laisser de progéniture, le Kuetché Feuh prend les rênes du pouvoir. Il est après le Chef, le seul prince à avoir accès à toutes les confréries coutumières de la chefferie.

Il n'a aucune prérogative politique et apparaît comme un médiateur au cas où surviendraient des différends dans la famille royale. On le voit davantage s'activer dans les médiations pendant l'absence du chef.

ii. La Maffeuh

Quand le chef accède au trône, sa mère accède automatiquement à la dignité de Maffeuh. Ce terme se traduit littéralement par reine-mère. Cela lui confère une situation matérielle décente et elle tient de toute la communauté un grand respect et une haute considération.

Une fois qu'une femme est reine-mère, elle est contrainte de se conformer à certaines règles, notamment son départ de la concession royale. Elle quitte la concession, car ne pouvant faire des enfants avec son propre fils ; celui-ci consomme ses unions avec les veuves de son père qui peuvent encore procréer. Quand elle vient à décéder, une de ses filles est désignée héritière. Si celle-ci est déjà mariée, elle doit quitter son foyer conjugal pour s'établir dans sa nouvelle propriété où elle reçoit discrètement son époux pour des besoins de procréation. Elle peut même «épouser» d'autres femmes pour son mari.

Comme le Kuetché Feuh, elle a le droit de participer à certaines confréries secrètes réservées uniquement aux hommes et peut apparaître aussi en public pendant les exécutions rituelles et rythmiques. La reine-mère a le droit d'être reçue publiquement par le chef, même pendant le «ndú shù».13.

b. Les agents d'exécution du Chef

L'isolement du Feuh est pallié très vite par la présence autour de lui de nombreux collaborateurs (Nwoulah) et serviteurs (Metcheuh'Feuh) et des hérauts (Pe ton'lop). Ils constituent la garde personnelle du Feuh en même temps que ses messagers.

i. Les Metcheuh'Feuh (serviteurs)

Ce sont des agents inférieurs et soumis aux Nwoulah. Aux côtés du chef, ils s'apparentent à la garde personnelle et aux messagers. Ils accompagnent le chef dans ses sorties à l'intérieur ou à l'extérieur de la chefferie car ils sont chargés de porter les attributs du chef constitués de la pipe, de la chaise, de la calebasse de vin de raphia, etc. Si le chef décède subitement sans avoir désigné son successeur, les Metcheuh'Feuh contribuent au choix du successeur selon la confiance que le défunt avait placée en eux. Le travail des Metcheuh-feuh est complété par celui d'un autre corps, les Pe nton lop.

ii. Les pe nton lop ou Kui'fheu (hérauts)

Ce mot se traduit difficilement en français. Si nous essayons, on aura PE qui signifie les gens, NTON = crier, siffler et LOP = sirène. C'est une sorte de héraut des temps modernes. Ce sont des informateurs dont la mission première est de transmettre au peuple les messages du chef. Ils effectuent leur mission nuitamment et dans l'anonymat absolu et au cours de ces missions, ils crient les mots d'ordre du chef en soufflant dans un instrument. Il peut arriver qu'ils «exécutent la sentence prononcée par ce dernier (en cas de mauvaise volonté de la part du condamné). » (FOGUI, 1990, 136) Il est interdit de les croiser; si vous les entendez arriver, vous devez vous éclipser.

iii. Les Nwoulah

Ce sont les agents d'exécution les plus gradés et investis selon leur loyauté et leur moralité exemplaires. Ils s'apparentent aux ministres de l'administration actuelle et bénéficient des privilèges divers. Leur fonction à la chefferie dure neuf ans. Ils ont la charge des divers aspects des structures sociales tels que le protocole, la sécurité, le culte et bien d'autres.

Le nombre de Nwoulah varie d'une chefferie à l'autre selon les besoins de celle-ci. Pour certains auteurs, il existe trois ou quatre catégories. Cependant, le groupement Bansoa en a compté huit à travers le temps et les règnes. Nous avons retenu les principaux qui sont encore présents aujourd'hui14.

- Le Nwoulah Tchobum ou Nwoulah Nka'a

Son appellation provient des cauris qui ornent son chapeau ; (Tcho = tête et Mbum = cauris). Ses fonctions sont assez étendues ; Il est assimilé au premier ministre et règle la plupart des litiges portés devant le chef, puisque celui-ci ne s'occupe que des cas très graves. Il est aussi le grand prêtre du culte des ancêtres. Il garde la partie supérieure de la chefferie, sorte de caveau où seraient gardés les crânes des chefs décédés. Vu le contact qu'il entretien entre le monde des vivants et celui des morts, il a la charge d'arrêter le nouveau chef pour son intronisation. Il est assisté d'un adjoint nommé Nkué Nwoulah Tchobum.

- Le Nwoulah Noh

Le mot Noh signifie chefferie. Ce Nwoulah est en quelque sorte le ministre de l'intérieur et le gardien des trésors de la chefferie. Il est assimilé au ministre de la défense dans la mesure où il coordonne aussi les activités du Mandjong15. De nos jours, il gère les affaires internes à la chefferie. Il est assisté d'un Ndeffeu Nwoulah Noh qui s'occupe spécifiquement du protocole.

- Le Nwoulah Kah

Le mot Kah peut se traduire par association ou regroupement. Le Nwoulah Kah est chargé de gérer les associations traditionnelles. Il organise, contrôle et supervise les activités de ces associations et doit dresser un compte rendu fidèle au chef du village autant pour celles qui siègent le jour que pour celles qui siègent la nuit. Il y en a plusieurs qui siègent selon les jours de la semaine et nous pouvons citer : le Kah Memetè, le Kah Ndùshù, Le Kah Nshendà...

- Le Nwoulah Ntée-nchiéNtée-nchié signifie littéralement «le père de l'interdit». Ce Nwoulah est le

coordonnateur du rite de purification du village. Ce rite (Tchoua-tcha'a) qui dure trois jours permet aux Ppeu-nchiée ou «gens de l'interdit» (qui sont en fait les membres du Ku'ngang) de se mettre en condition pour exécuter la danse rituelle avant laquelle ils parcourent tout le village des grands carrefours aux limites pour l'exorciser, le purifier et le protéger16.

Il est important de signaler que ces Nwoulah après leur service auprès du chef, jouissent à leur sortie de certains privilèges et anoblissements.

22 reçoivent trois petites filles ainsi que des lopins de terre. Le Nwoulah Kah recevait deux petites filles ainsi qu'une portion de terre.

Nous avons arbitrairement choisi de ne pas être exhaustif dans cette section. Certes les fonctions des uns peuvent être confondues à celles des autres, mais tous oeuvrent pour le bien de la chefferie, tout comme ceux qui appartiennent aux organes de délibération.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille