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La politique étrangère des Etats Unis d'Amérique vis-à -vis de la République Démocratique du Congo: de 1990 à  2006

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par Mahatma Julien Tazi K. Tien-a-be
Université de Kinshasa - Diplome d'Etudes Supérieures en Relations Internationales 2009
  

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1.5.7. Le danger de ce programme contre certains États comme la RDC

Nous pouvons retenir de tous ces programmes que les américains ont un seul objectif majeur: la lutte contre le terrorisme en Afrique et, sans doute, accéder aux richesses naturelles des pays d'Afrique. Si le programme américain est sans aucun doute légitime, de considérer l'objectif de politique étrangère de ce pays et surtout la situation générale de l'Afrique post-guerre froide, ce programme, dans la sélection des pays à participer, menace certains États en mettant à coup sûr les États participants à l'abri de tout danger. De ce fait, les inquiétudes des pays occidentaux comme la France et la Grande Bretagne semblent se justifier. La principale crainte est la création d'une armée de conquête et la formation d'une milice de déstabilisation. En plus, ces programmes ont crée des armées d'élites surentraînées et suréquipées qui ont commencé, bénéficiant de la protection des USA, à déstabiliser certains régimes jugés par les américains antipathiques.

La coopération militaire des États-unis avec le Rwanda a été mise en cause par le Congrès américain. Le Pentagone est accusé d'avoir assuré l'entraînement de soldats rwandais ayant participé au renversement de l'ex-président zaïrois Mobutu, voire de s'être compromis dans les crimes contre l'humanité commis par des troupes rwandaises à l'encontre de centaines de milliers de réfugiés hutus, pourchassés depuis octobre à travers la RDC.

« Le ministère de la Défense a reconnu que son assistance technique a largement dépassé le cadre humanitaire affiché, mais continue de démentir toute implication américaine dans la «rébellion» de l'est de la RDC. Cet aveu d'un engagement militaire, dont sont niées les conséquences, soulève plusieurs questions » (195(*))

Dans un cas d'espèce, en Afrique centrale, comme dans le sahel, il n' y a pas directement des organisations à caractère terroriste au sens américain, même si les conditions sociales et politiques de ces régions s'y prêtent bien. A côté de la RDC, il y a le Soudan que les américains ont longtemps accusé comme un régime abritant les mouvements terroristes, notamment celui de Ben laden. Pour cela, le gouvernement américain a sélectionné à quelques uns de ces programmes l'Ouganda qui pour la RDC, sont avec le Rwanda des voisins dangereux.

Cette sélection américaine a été faite sans tenir compte des critères qu'il a lui même établis. La formation dont ont bénéficié les militaires Ougandais et même Rwandais a permis à ces pays de se sentir dotés des capacités humaines et techniques supplémentaires. Ainsi, ils sont allés, sans crainte, en guerre contre la RDC. En effet, ils ont envoyé des troupes de conquête à l'est de ce pays.

Il faut noter que cette partie de la République est riche en ressources naturelles comme le Pétrole l'or, le coltan, le nobium, et autres.

Il est à signaler aussi que l'aspect opérationnel de cette coopération avec le Rwanda et l'Ouganda a été passé sous silence. Il s'est inscrit dans le cadre d'une «action secrète» (covert action). Il aurait dû être porté à la connaissance du Congrès et être approuvé par la Maison Blanche. Nous constatons que la première de ces conditions n'a pas été remplie. Dans le système américain de contrôles et de contre-pouvoirs, ces genres d'opérations devaient bien être portés au Congrès. Les choses semblent ne rien présenter parce qu'il n'y a pas d'implication militaire directe des États-unis dans la «rébellion» en RDC et dans les tueries de civils qui l'ont accompagnée . Cependant, ce qui est attesté de plusieurs sources, ce sont les livraisons de matériel militaire à bord d'avions Galaxy et Hercules de l'US Air Force, via Kampala et Goma, de même la présence au Zaïre de «conseillers» américains, ex-membres des Forces spéciales recrutés par le truchement de sociétés écrans privées.(196(*))

La responsabilité américaine est celle d'avoir formé et équipé des armées des pays comme le Rwanda et l'Ouganda sans avoir une garantie sérieuse qu'ils n'en abuseront. Il faut savoir que le Rwanda et l'Ouganda sont des États qui ont les plus été sélectionnés par les différents programmes américains. On peut se poser la question pourquoi seulement eux.

Une analyse approfondie et désintéressée nous amène à bien d'autres situations qui expliquent le pourquoi de ces efforts américains. En ce qui concerne le Rwanda, Monsieur LONDENDE LOKENGE déclare ceci quand il dit : «  L'invasion et la déstabilisation de la République Démocratique du Congo ont exposé le nouveau rôle que le gouvernement américain a assigné aux régimes du Rwanda et de l'Ouganda. Ce rôle est celui de servir de police transcontinentale en Afrique. Avec la fin du communisme, l'impérialisme occidental entre dans une nouvelle phase de néo-colonialisme en Afrique. Celle de l'exploitation massive des ressources africaines en vue de répondre aux besoins, créée par l'ouverture de nouveaux marchés. La mise en place d'une police transcontinentale répond au souci de garantir l'accès aux ressources minières, d'imposer la volonté politique et économique de l'occident, et enfin de déstabiliser les régimes africains qui empêchent la réalisation de cette vision. Fort de son nouveau rôle de gendarme en Afrique et de l'appui inconditionnel des États Unis, Kagame, n'a-t-il pas déclaré au cours d'une conférence de presse a Bruxelles que personne ne dirigera le Congo sans mon accord(197(*)) .

Cette réflexion semble tenir quand l'on doit analyser les inquiétudes exprimées par les autres États occidentaux, notamment la France et la Grande Bretagne, à propos des programmes militaires américains en Afrique. Ce qui est vrai est que les programmes américains aux quels les deux États précités ont largement participé ont fait de leurs armées des polices intercontinentales. Cela pour les intérêts américains en Afrique.

Ici, nous pouvons donc admettre que les programmes militaires américains étaient montés non seulement pour des questions humanitaires et l'auto prise en charge des conflits africains, mais surtout la lutte contre le terrorisme en Afrique et l'accès à l'immensité de ses ressources naturelles.

Pour le pouvoir américain, il était nécessaire d'établir un régime militaire très puissant dans la région des Grands Lacs pour imposer des solutions militaires aux conflits. C'est donc celle là la vision qui a dicté l'assistance militaire des États Unis au Rwanda et à l'Ouganda. Et c'est dans ce même contexte qu'il faut comprendre le danger de cette politique américaine du Congo.

Quoi de plus simple pour savoir que le choix stratégique américain porté sur le Rwanda et l'Ouganda a préparé, d'une manière ou d'une autre, le comportement de ces États dans la Sous Région. D'une manière implicite, ces pays ont profité du soutien moral et même diplomatique des USA pour se comporter comme nous l'avons souligné. Les américains ont bien participé à la préparation de la guerre Rwando Ougandaise contre la RDC. Cette participation était perceptible dans deux secteurs importants.

Sur le plan diplomatique, les initiatives diplomatiques américaines en faveur du Rwanda et de l'Ouganda confirment l'existence d'une relation très solide de clientélisme entre le gouvernement américain et ces derniers. En guise d'illustration, on note:

1. Dans le but d'embellir l'image de Museveni et de Kagame, les États Unis ainsi que ses alliés occidentaux ne cessent de brandir ces régimes comme des dirigeants modèles en Afrique. Ainsi, pour consacrer le nouveau choix stratégique américain dans la région, les anciens présidents américains Bill Clinton et Georges Bush junior ont fait des déplacements importants en Afrique. Ces déplacements les ont conduit respectivement en Ouganda et au Rwanda

2. Les États Unis ont activement milité en faveur de l'impunité de Museveni et de Kagame quant à leur responsabilité dans le contre génocide des Hutu dans les camps des réfugiés au Congo. En effet, sous pression américaine, la version finale du rapport de l'enquête des Nations Unies à ce sujet a été modifiée pour remplacer le mot "génocide" par "massacre". Par cette action, Washington a voulu préserver l'intégrité morale de ses protégés, car ces derniers utilisent le génocide Tutsi comme base justificative de leur dictature ethnique.

3. Les États Unis sont en train de promouvoir les intérêts du Rwanda et de l'Ouganda, auprès des institutions internationales. Par exemple, bien que la Banque Mondiale ait établi la réduction du budget militaire comme condition de base pour l'octroi de l'aide aux pays africains, elle continue, sous la pression américaine, à octroyer des prêts aux régimes ethniques du Rwanda et de l'Ouganda bien que leurs budgets militaires aient augmenté de plus de 400% entre 1995 et 1998.

4. Quant à l'invasion du Congo, il y a lieu de croire que les États Unis ont soutenu cette politique. Bien qu'il est clairement établi que les troupes rwandaises et ougandaises ont envahi le Congo, et que l'Ouganda ait allé jusqu'à le confirmer, les États Unis n'ont pas dénoncé cette agression. Et au niveau des Nations Unies, suite aux manigances américaines, aucune résolution n'a été votée pour la condamner. (198(*))

Pour se rendre compte de l'évidence de ce que nous venons de soutenir, nous pouvons nous rappeler de ce que Susan Rice, sous-secrétaire d'État aux Affaires Africaines, a ouvertement déclaré comme pour  justifier cette invasion du Congo « ...le Rwanda et l'Ouganda ont des intérêts légitimes de sécurité qui justifient leur présence en RDC ». (199(*)).

De ce qui précède, il y a lieu de s'inquiéter de la perception américaine de la RDC dans la Sous Région. En effet, ces inquiétudes grandissent du jour au jour.

Toute cette situation analysée froidement donne lieu de se poser certaines questions. Pourquoi les USA ont-ils porté leur choix stratégique sur des États à culture belliciste comme le Rwanda et l'Ouganda. Comment peut-on justifier ce choix pendant que les guerres post guerre froide ont tendance à jouer sur le dépérissement des États et même sur leur formation. (200(*))

Cette perception et choix stratégique américains ne sont pas de nature à apporter la stabilité dans une Région où l'ethnie a toujours été instrumentalisée à des fins hautement politiques.

LEMARCHAND tente de donner une autre explication : « ...... ce patronage reste ciblé en priorité sur le Rwanda et l'Ouganda, et que celui-ci reste la donnée fondamentale de la politique régionale des USA. Il y a une erreur de choix stratégique qui tend à privilégier l'ethnocratie Rwandaise, tout en fermant les yeux sur ses multiples violations des droits de l'homme, au dedans comme au dehors du Rwanda, ainsi que sur son ingérence économique, politique et militaire dans la crise congolaise. Vis à vis du Rwanda comme de l'Ouganda,cette relation de patronage est affranchie de toute conditionnalité...... le désarrois de la politique américaine trouve sa source dans une contradiction fondamentale entre le but recherché et les moyens mis en oeuvre pour l'atteindre. En sacrifiant l'impératif démocratique à l'exigence de la stabilité, Washington se trouve engagé, indirectement et contre son gré, dans une entreprise de déstabilisation régionale par client interposé. Autre contradiction: en invoquant le génocide de 1994 pour donner une assise morale à leur partenariat avec le gouvernement Kagame, les USA se sont fait l'avocat d'un régime lui-même coupable des crimes contre l'humanité sinon de génocide. »(201(*)) cette réalité est encore perçue par Stephen Smith qui pense que : «  l'ombre portée du génocide rachète, aux yeux du gouvernement américain, le régime de Kigali, de ses pratiques dictatoriales et de ses violations des droits de l'homme ».(202(*))

Comme la RDC se trouve dans une situation de non État, malade de sa diplomatie, elle s'est mise en danger pour deux principales raisons: pour ses pentecôtistes naturelles et pour l'immensité du territoire qu'elle ne peut protéger (203(*)). Pour être concret, Collette Braeckman a écrit : les matières premières tirées d'Afrique centrale ont toujours été essentielles au développement des industries des pointes, des industries du nord. Au 19ème siècle, le caoutchouc a servi dans l'industrie automobile naissante, pendant la première guerre mondiale, le cuivre était stratégique pour la fabrication des munitions et c'est l'uranium extrait au Katanga qui permit aux américains de produire la première bombe atomique. De nos jours encore, l'industrie électronique et la conquête de l'espace, par exemple, ont besoin de cobalt, de niobium, du coltan (pour le GSM) dont le Congo est riche. Si au 19ème siècle les grandes puissances se faisaient concurrence pour s'approprier les précieuses ressources du Congo, aujourd'hui cette configuration est toujours présente. » (204(*))

De la même manière, Haddad poursuit cette logique qui traduit le danger que les potentialités naturelles et la grandeur du territoire représentent pour la survie de l'État Congolais en écrivant : «  vaste comme l'Europe occidentale, la RDC est l'objet d'un schéma envisageable de démantèlement. Les causes de tels projets sont nombreuses, cependant les principales se présentent ainsi : les richesses naturelles abondantes et diversifiées; la position stratégique concernant neuf pays limitrophes où sont tracés non seulement les frontières politiques, mais aussi les remparts de la francophonie, de l'anglophonie, de la swahiliphonie, de l'arabophonie et de la lusophonie; la capacité démographique, etc » (205(*))

La RDC est un État qui va, pour longtemps encore souffrir de cette politique américaine des grands Lacs. Cette politique est fondée sur une certaine instrumentalisation et patronage des pays voisins comme le Rwanda et l'Ouganda. Cela est relatif à la confiance dont ils bénéficient de la part de ceux qui participent à la formulation de la politique étrangère des USA. La situation dans laquelle se trouvait la République ne lui avait pas permis de bien se défendre. Ainsi, ils pouvaient bien lui prendre les parties les plus importantes de son territoire. La survie de la RDC ne peut venir que d'elle-même. Elle ne peut compter que sur elle-même. Pour elle, les autres sont considérés comme des États redoutables. Elle doit savoir quelle posture adopter face à ces États qui profitent de la déliquescence de sa structure étatique pour la contrôler, de l'intérieur et de l'extérieur.

* 195 LOUVIER, G, « Rwanda: l'aide militaire américaine en questions. Les États-unis sont soupçonnés d'avoir aidé les soldats rwandais à renverser Mobutu et d'être complices des tueries contre les réfugiés hutus. », In Monde, septembre 2007, p. 3

* 196 LOUVIER, G, Op.Cit. ,p.58

* 197 LONDENDE LOKENGE, Les Tutsi, gendarmes des américains en Afrique, éd. L'Harmattan, Paris, 1998, p.40

* 198 CROUZET, I., op.cit., p187.

* 199 BOUTROS BOUTROS GHALI, Une guerre noire, éd. Gabriel Périès et David Servenay, Paris, 2000, p. 195

* 200 BAYART, J-F., La guerre en Afrique : dépérissement ou formation de l'État, éd. Esprit, Paris, 1998, p.67

* 201 LEMARCHANT, R., op.cit . p.361

* 202 SMITH, S., «  Paris contre Washington, Afrique la fin du bas empire, in revue française de géopolitique, Gallimard, 1997, pp.53-66

* 203TAZI, K. «  La négociation des matières premières de base de la RDC : solution à l'instabilité chronique de la sous région des grands lacs », in MES N° 29, Septembre- Octobre 2005, pp36-52

* 204BRACKMAN, C., conférence tenue à l'ULB le 7 mai 2003, à l'occasion de la sortie de son livre , les nouveaux prédateurs politiques des puissances en Afrique centrale », éd. Fayard, Bruxelles, 2003.

* 205 HADDAD, A., Piste de réflexion, éd. PUL, Lubumbashi, 2004. p.181

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