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La jeunesse marocaine: de la participation à  l'implication dans le développement humain et social

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par Hicham ABDEDINE
Faculté de Sciences Economiques Souissi Rabat - Master 2 Finance et Management des Organisations Economiques et Sociales et Développement Humain 2011
  

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II. Une population majoritairement jeune

La démographie marocaine précoloniale suivait un régime démographique quasinaturel, elle connaissait des fluctuations causées par la fréquence des crises démographiques, ces dernières liées à un phénomène naturel (sécheresse, épidémies, etc.), et aussi à un facteur politique comme les invasions étrangères.

Au début du 20ème siècle la pyramide des âges au Maroc se caractérise par une base large, notons ainsi l'importance de la tranche d'âges située entre 10 et 24 ans.

Source : http://www.exportnetwork.ma

Plusieurs facteurs peuvent justifier cette tendance : l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène, l'accroissement très sensible des connaissances médicales ainsi que le développement des mesures préventives et curatives4.

Il faut noter que l'espérance de vie à la naissance est passée de 67,9% à 72,9%5

4 Rapport du CRED et HCP : Tendances passées et perspectives d'avenir, 2006, 96 p.

5 Ministère de la Santé et Haut-commissariat au Plan, 2009-2010.

entre 1994 et 2009. Et dans une autre optique le taux d'alphabétisation de la population âgée de 10 ans et plus a évolué de 45% à 60,3%6 sur la même période, marquant ainsi le passage à une population mieux instruite et consciente quant aux préventions contre les maladies infantiles, et aux exigences nutritionnelles pour préserver l'état sanitaire des descendants.

Ceci s'est accompagné par le progrès en termes d'équipement médical et d'infrastructures hospitalières. Ajoutons à cela que le nombre d'habitants par médecin a baissé de façon importante entre 1994 et 2008 passant de 2933 à 1611 habitants par médecin. Donc ces résultats confirment la baisse du taux de mortalité infantile de 57%o à 32,2%o7 entre 1991 et 2009.

L'ensemble de ces éléments combinés les uns aux autres, ont favorisé un environnement propice à l'augmentation de la masse des jeunes, cette dernière qui nécessite une attention particulière, vu qu'elle soufre de plusieurs problèmes, tel que ceux liés à l'emploi, à la pauvreté et à la persistance du chômage, etc.

Dans la partie qui va suivre, nous allons mettre la lumière sur les problèmes rencontrés par les jeunes en termes de chômage et d'emploi.

III. Les jeunes dans l'économie 1. Le Chômage des jeunes

La question du chômage ne peut être abordée sans se référer à plusieurs critères, qui sont : l'évolution de la structure du marché de travail, l'évolution du progrès technique, la qualification de la main d'oeuvre, et également la structure de la pyramide des âges du pays.

En effet le marché du travail est un lieu abstrait où se confronte l'offre et la demande d'emploi. Lorsque la demande sur ce marché diminue le chômage augmente. Les crises économiques constituent une cause majeure du chômage, car les entreprises qui sont touchées par la crise cherchent à réduire leurs coûts de production en procédant à des licenciements. Une autre cause est la substitution du capital au travail : en raison de l'évolution du progrès technique qui pousse les entreprises à remplacer l'Homme par la machine, et ce pour des soucis de productivité.

6 Opcité.

7 Opcité.

D'autre part même en présence d'importants investissements la question de la qualification est incontournable, les entreprises cherchent des profils qualifiés et bien formés pour assurer la pérennité de leurs organisations. Cet objectif est parfois difficile en raison des problèmes que le pays connait en matière d'éducation, tel que la présence d'un taux élevé des non diplômés. Près de 65,2%8 de la population active ne dispose d'aucun diplôme.

En outre, la structure des âges de la population est cruciale, car la présence d'une population majoritairement jeune, exige des investissements important de la part de l'Etat, et lorsque ce dernier n'arrive pas à créer ces investissements, les jeunes et plus particulièrement les diplômés sont en situation de chômage.

En effet, le chômage au Maroc touche surtout les diplômés, plus spécifiquement les femmes avec 70,7%9. Cela peut être justifié par le fait que les femmes ne s'intègrent pas facilement dans la majorité des fonctions comme les hommes, ces derniers en tendance à accepté des fonctions quelque soit leur nature et leur degré de difficulté ainsi que la situation géographique. Il faut noter aussi que les femmes constituent la tranche la plus diplômée avec 14,4% par rapport aux hommes 10,3%10. On assiste donc à une nouvelle catégorie de femmes carriéristes dont le cycle d'étude augmente de plus en plus. Il faut savoir également que les jeunes diplômés sont les plus touchés par le chômage surtout la tranche de 15 à 24 ans (57,9%)11, suivi de la tranche d'âge de 25 à 34 ans (32,6%) puisqu'il s'agit de la population la plus nombreuse, et celle dont les attentes sont beaucoup plus exigeantes quant aux postes à occuper.

De façon générale et en observant l'évolution du taux de chômage de l'année 2005, 2008 et 2010, et selon le graphique ci-après nous remarquons une tendance globale à la baisse, le taux de chômage national est passé entre 2005 et 2010 de deux chiffres (11%) à un seul chiffre (9,1%)12. Cette tendance est justifiée par les initiatives prises par l'Etat tel que l'encouragement de l'investissement, le lancement de l'INDH en 2005 et également la mise en oeuvre de la nouvelle charte de l'emploi (cf.chapitre 2).

8 Haut Commissariat au Plan, Enquête sur les niveaux de vie des ménages, 2008.

9 Rapport de l'Agence Internationale du Développement Economique et Social, 2008.

10 Opcité.

11 Opcité.

12 Haut Commissariat au Plan, Enquête nationale sur l'emploi, 2010.

Graphique 1 : Taux de chômage national selon le milieu (2005,2008 et 2010)

2. L'emploi des jeunes

La question de l'emploi est liée à plusieurs facteurs. Tout d'abord elle est fonction du niveau d'éducation et de qualification de la population du pays, elle est liée également à la politique d'ouverture en termes d'investissements étrangers, et d'autre part, à la répartition géographique de l'emploi.

De façon générale les créations d'emploi se font essentiellement en milieu urbain. En effet, la dernière décennie a été marquée par la création de 1,56 millions d'emlpois dont 69% ont été créés dans les villes, alors que 31% ont concerné les campagnes. Ce qui est tout à fait normal puisque ce sont les villes qui offrent le plus d'opportunités d'emplois en présence d'une forte industrialisation, des entreprises, et des administrations, etc.

Il est à signaler que dans le grand Casablanca, 28 000 emplois sont créés chaque année, 17 000 nouveaux emplois annuels dans la région de Marrakech -Tensift-Al Haouz, tandis que la région de Tadla-Azilal perd chaque année 1000 postes par an en moyenne. En se basant sur les tranches d'âge, du fait que les jeunes sont exigeants en matière de postes à pourvoir, les emploi créés durant la dernière décennie ont profité plus aux adultes âgés de 30 à 59 ans avec 158 000 emplois en moyenne annullement depuis l'année 2 000. Par contre chez les jeunes de 15 à 29 ans 9 000 emlpois ont été pérdus chaque année13.

La délocalisation des unités de production de bien et de services ont beacoup contribué à la création d'emplois au Maroc, notamment la dynamique de l'offshoring. Un exemple est celui des centres d'appel qui emploient plus de 30 00014 salariés au niveau national, mais il reste pour les jeunes un tremplin, et source pour financer leur quotidien.

13 La Vie Economique, mai 2011.

14 Enquête de l'émission Eclairage, 2010.

« J'ai intégré le métier des centres d'appel, seulement pour assurer le financement de mes études supérieures, et non pas pour construire une carrière, à mon avis c'est un travail très stressant même s'il est bien rémunéré, et dés que j'aurais mon diplôme je vais chercher un poste qui correspond bien à mon profil universitaire ». Khaled, 24 ans, Rabat.

Mais certains jeunes l'ont pris comme une carrière, et ne souhaitent pas le changer même contre un emploi dans le public, justifiant cette préférence par le fait que les centres d'appel offrent par exemple au titulaire d'un bac+2 un salaire 2 fois celui de la fonction publique.

« C'est vrai que je suis titulaire d'une licence en droit, et je sais que beaucoup de jeunes manifestent devant le parlement chaque jour, pour intégrer la fonction publique, mais moi je souhaite travailler dans le centre d'appel, car j'ai deux enfants, un loyer et j'ai acheté une voiture à crédit, seul un salaire comme celui que je reçois me permet de faire face aux charges très lourdes de la vie ». Nadia, 26 ans, Temara.

Nous constatons qu'au niveau de l'emploi, il s'agit plutôt des préferences des jeunes quant au secteur dans lequel ils souhaitent travailler. En 1992, selon le Haut Commissariat au Plan 87 % des jeunes diplômés en chômage préféraient travailler dans le secteur public dont 30 % au Ministère de l'intérieur. Seuls 2 % optaient pour le secteur privé, car communément les jeunes pensent que le secteur privé est fragile et peu sûr. Mais avec la persistance du chômage, les exigences de la vie et l'évolution des besoins de consommation, les jeunes commencent à changer leurs attitudes en optant de plus en plus pour des initiatives privées (Chattou, 2003).

Dans une autre optique, on assiste à une dépréciation des diplômes, comme exemple la licence n'a plus la valeur qu'elle avait il y'a longtemps, et cette dépreciation est proportionnelle à la dégradation du niveau de l'enseignement et également aux exigences des entreprises en matière de qualification et de compétence. Donc, les jeunes étudiants commencent à sentir cette frustration, ils sont donc contraints par le fait qu'ils doivent prolonger leur cycle d'études et avoir de hauts diplômes s'ils veulent intégrer un poste intéressant et bien rémunéré.

Un autre problème qui bloque l'emploi des jeunes, c'est celui du réseau famillial et de la corruption, les diplômes même s'ils sont souvent de niveau supérieur, s'avèrent insufisants. Beaucoup de jeunes étudiants affirment l'importance de l'intermédiaire ou encore le terme le plus utlisé dans la société (le Piston), pour accèder à un emploi. C'est ce qui crée plus de frustration chez les jeunes diplômés en supérieur, c'est le fait d'emploi basé sur les connaissances et les réseaux familliaux, et qui mènent à des dysfonctionnements au sein de l'entreprise du fait de l'inadéquation du profil avec le poste à pourvoir, ou de l'incompétence de la personne recrutée. Et même nous assistons à des recrutements par des entreprises privées, non justifiés par le mérite ou la compétence, seulement sur des critères physiques, plus particulièrement liés aux jeunes femmes. Certaines entreprises privées exigent lors des entretiens d'embauche que les jeunes femmes voilées par exemple, enlèvent leurs voiles, si jamais elles veulent être admises au sein de l'entreprise. Parfois les recruteurs abusent de leur pouvoir de recrutement envue d'exploiter le besoin des jeunes femmes d'un travail, ce qui conduit souvent à des harcèlements sexuels.

En plus de la problématique du chômage et de l'emploi des jeunes, il y'a d'autres problèmes d'ordre sociologique vécus par les jeunes, tels que les problèmes liés à l'éducation, la pauvreté et l'émigration, et que nous allons voir ci-après.

IV. Analyse Sociologique 1. En matière d'éducation

L'éducation est censée être un critère de développement des nations, dans la mesure où elle est le précurseur de l'amélioration des conditions de vie de la population. Cette dernière en étant bien formée, peut accéder facilement à un emploi, d'autant plus l'éducation figure parmi les trois critères de l'IDH qui permettent de classer les pays selon l'ordre de développement humain. Le Maroc a été classé en 2008, au 130ème rang sur 182 pays au niveau du développement humain, et c'est le secteur de l'éducation qui l'a entre autres pénalisé. De ce fait, le pays compte parmi les nations à faible IDH, et ce, malgré les efforts consentis depuis l'année 2004 (cf. chapitre 2) qui ont contribué à améliorer le développement humain au Maroc.

Le système éducatif a rencontré ses limites en matière de résolution du problème du chômage. Le Maroc est l'un des rares pays qui n'ont pas instauré un système d'évaluation des apprentissages15. Et la Banque Mondiale a classé le Maroc dans les derniers rangs à coté du Djibouti, du Yémen et de l'Iraq.

En se focalisant sur les chiffres, la proportion des diplômés est passée de 30,4% à 36,6% entre 1999 et 2009. Le taux d'alphabétisation de la catégorie des jeunes à âges de 15 à 24 ans est passé de 62,5% à 79,5% sur la même période, ceci est dû à l'attention particulière accordée par la haute autorité au domaine de l'alphabétisation, notons qu'il y'a eu création de deux directions, à savoir la Direction de l'Education non Formelle, et la Direction de la Lutte Contre l'Analphabétisme. Du coté de la scolarisation, le Maroc a enregistré une importante évolution concernant l'enseignement primaire de la population de 6 à 12 ans, ainsi le taux de scolarisation de cette catégorie a atteint 90,5%. Pour l'enseignement scolaire collégial, le Maroc a atteint un taux de 44%. Si l'on observe ces deux derniers taux, on peut dire que l'effectif qui accède à l'enseignement collégial ne représente que la moitié de l'effectif scolarisé dans le primaire. Plusieurs facteurs peuvent être avancés : les jeunes quittent le cycle primaire en cours de route, ou bien ils réussissent le cycle primaire, mais n'ont pas la possibilité d'intégrer le cycle collégial, pour des soucis financiers. Plusieurs d'entre eux quittent l'école pour travailler et aider leurs familles, les garçons travaillent en tant qu'apprentis par exemple dans la menuiserie, la mécanique, etc. Concernant les filles, elles sont beaucoup plus orientées vers le travail domestique, en tant qu'aides ménagères. Ceci à plusieurs conséquences négatives sur cette catégorie de la population, car ils sont exposés à la manipulation dans des travaux forcés contre une somme d'argent minime, et également à l'exploitation sexuelle.

En matière de formation professionnelle, les résultats sont importants, il faut noter que l'effectif a presque doublé en nombre de stagiaires, entre 1999 et 2009, passant ainsi de 130 000 à 252 000 stagiaires. Il est force de constater que l'on évoque tout le temps l'évolution en termes de quantité, mais on ne met jamais l'accent sur l'amélioration de la qualité de l'éducation au Maroc, ce qui a contribué au faible classement du Maroc en matière d'éducation à l'international.

15 Le Matin, du 4 février 2008, Art : La Banque mondiale cloue au pilori l'enseignement et appelle à des réformes.

Les problèmes liés à l'éducation et à la difficulté d'accès à l'emploi renforcent la pauvreté et l'immigration des jeunes.

Ci-après nous allons mettre la lumière sur les problèmes liés à la pauvreté et à l'immigration clandestine.

2. La pauvreté et l'immigration clandestine

La pauvreté est une composante structurelle de la situation économique et sociale du Maroc. Liée à l'état de sous développement dans le quel le pays se trouvait au moment de l'indépendance, elle perdure au-delà de la période de mise en application du Programme d'Ajustement Structurel. Confronté à un endettement lourd, le pays est contraint d'adopter de 1983 à 1993 un PAS imposé par le FMI. Ces dix années ont été marquées par la réduction massive des dépenses publiques, le développement des exportations, les politiques de privatisation et parallèlement par la montée de la pauvreté et du chômage.

o La Pauvreté au Maroc :

Depuis le début des années 90, le Maroc s'est trouvé confronté à une situation sociale en perpétuelle dégradation, caractérisée par une pauvreté grandissante et par un creusement des inégalités. La proportion de la population vivant en dessous du seuil national de pauvreté atteint 19% en 2003, contre 13% en 1997. En outre, les inégalités sont importantes. Selon un rapport de l'O.C.D.E sur les perspectives économiques en Afrique 2002, 10% des plus pauvres détiennent 2,6% de la richesse nationale, tandis que 10% des plus riches en possèdent 30,9 %.

En termes d'impact, l'amélioration globale des niveaux de vie, conjuguée à la stagnation des inégalités sociales, a sensiblement réduit la pauvreté de 2001 à 2008, « le taux de pauvreté absolue a diminué de 6,7% à 3,6% au niveau national, de 2,3% à 1,3% en milieu urbain, et de 12,3% à 6,7% en milieu rural. »16.

En termes d'effectif, si le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté s'élève en 2007 à 2,8 millions17 personnes, il y a lieu de noter que, depuis 2001, 1,7 million de marocains sont sortis de la pauvreté. Dans ces progrès, il est certain que l'impact de l'Initiative Nationale pour le Développement Humain a été

16 HCP, rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, 2009.

17 HCP, rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement, 2007.

d'une portée significative malgré le caractère récent de sa mise en oeuvre, la pauvreté a baissé plus rapidement dans les communes rurales ciblées par cette initiative. Entre 2004 et 2007, la pauvreté a baissé dans ces communes de 36% à 21%18.

Malgré ces réalisations la pauvreté persiste encore au Maroc et touche les jeunes en particulier puisqu'ils constituent une partie importante de la population du pays, entrainant ainsi d'autres conséquences : par exemple l'émigration non conventionnelle ou conventionnelle à l'étranger en est une. La principale cause, c'est que les jeunes, cherchent à sortir de la précarité, et comme solution ils choisissent d'émigrer à l'étranger. Parmi ces jeunes, on trouve les titulaires de diplômes dans des spécialités qui ne sont pas beaucoup demandées au Maroc, et qui émigrent par exemple au Canda ou en Allemagne... là où leurs compétences sont valorisées.

Un autre fléau est celui de la prostitution des jeunes femmes qui se trouvent dans une situation de pauvreté et de chômage. Il faut signaler que les chiffres des Maladies Sexuellement Transmissibles sont importants, 77%19 des femmes atteintes ont un âge situé entre 15 à 25 ans, alors que les jeunes hommes représentent 23% seulement.

o De la pauvreté à l'émigration clandestine

Prés de 2 millions de marocains vivent et travaillent actuellement en Europe. Les marocains se prennent comme destination principale l'Europe, non seulement pour des raisons économiques, mais également pour des raisons psychologiques.

Il faut noter que le Maroc compte parmi les pays africains à forte affluence d'émigrés clandestins, et constitue également un canal de passage pour les émigrés subsahariens.

Chaque jour, de nombreux jeunes marocains entreprennent des voyages dangereux vers les côtés d'Espagne ou les Îles Canaries. Mais, plus souvent qu'on ne le pense ces immigrations n'aboutissent pas à la destination souhaitée, entrainant ainsi des dégâts humains importants en raison des moyens utilisés, et qui ne répondent pas aux normes en vigueur.

18 HCP, Enquête nationale sur les niveaux de vie des ménages, 2007.

19 Reportage sur les Maladies Sexuellement Transmissibles, 2M, 2010.

En 2002, 90% des jeunes marocains veulent émigrer et vivre à l'étranger et 89% des jeunes entre 20 et 29 ans souhaitent migrer. 60% des femmes déclarent qu'elles n'hésiteront pas à quitter le Maroc pour rejoindre l'Europe20. Constat majeur à faire, c'est la frustration des jeunes face à la précarité, ils ont perdu confiance vis-à-vis des politiques publiques et aussi dans les instances représentatives, qui utilisent seulement les voix des jeunes pour accéder aux postes de pouvoir. Mais en contrepartie, ils ne prêtent pas une attention particulière aux attentes des jeunes.

3. Les jeunes et la politique

Au Maroc, la relation des jeunes à la politique reste à appréhender. Malgré les signes de libéralisation politique, les enquêtes menées jusqu'à présent, mettent en évidence la montée de l'abstention et la baisse des adhésions des jeunes aux organisations politiques traditionnelles.

Il est force d'affirmer l'indifférence croissante des jeunes à la politique, en plus de cette indifférence, affirmée d'autres types de rapports positifs à la politique peuvent êtres distingués : celui où les jeunes sont encadrés dans des organisations politiques ou à caractère politique et celui où le rapport à la politique se fait en dehors de toute agence politique. On peut aussi ajouter les nouvelles formes d'actions collectives qui s'inscrivent dans le cadre de la société civile et qui sont souvent présentées comme un palliatif à l'action politique (Rachik, 2006).

Au niveau de l'adhésion des jeunes aux partis politiques, malheureusement il n'ya pas de données précises quant au nombre des jeunes adhérents aux partis politiques, faute de présence d'enquêtes nationales à ce sujet. En 1992, le taux des adhérents parmi les étudiants ne dépassait pas 7 %. D'après une autre enquête menée à l'échelle nationale 32,1 % des jeunes enquêtés savent ce qu'est une association (48 % en urbain et 10 % en rural), 4 % adhèrent à une association (0,7 % en rural) dont 80 % à des associations sportives, culturelles et éducatives et 18 % à des associations à caractère politique (Bourqia, 1992).

20 Le journal indépendant, 2002.

En matière du rapport entre la politique et la religion, les jeunes ne veulent pas que la religion se mêle des partis politiques, c'est ce qui a été tiré dans l'enquête récente menée par l'Economiste et Sunergia sur les jeunes d'aujourd'hui.

D'après cette enquête effectuée sur un échantillon de 1020 jeunes issus de différentes villes du royaume, 37% sont contre le fait que la religion guide les partis politiques, 29% sont pour, et 35%21 des jeunes ont déclaré qu'ils ne savent rien. Ces chiffres nous poussent à émettre quelques suppositions : les jeunes tendent de plus en plus vers la modernisation du fait que les Etats s'inspirent des modèles occidentaux en matière de démocratie, du droit de la femme et du droit de l'enfant (...), ce qui a généré chez les jeunes une culture de modernité de l'Islam, en faisant de lui seulement une pratique secondaire qui doit s'éloigner du champs politique.

D'autre part, il y'a une part de jeunes qui ont copié le modèle parental conservateur, et qui fait que les décisions politiques doivent prendre comme base de départ les valeurs de l'Islam.

De l'autre coté on trouve une part importante des jeunes qui n'ont pas d'opinion. Cela est dû au manque de culture politique et religieuse, qui est lié aux insuffisances éducatives en matière d'éducation à la citoyenneté, avec des programmes fondamentaux souvent superficiels. Ces derniers ne prennent pas en compte le rôle que les jeunes peuvent jouer dans la gestion de la chose publique, à travers le vote, la participation dans la prise de décision, etc.

De plus, il est force d'affirmer que les jeunes peuvent jouer un rôle important dans la prise de la relève au niveau des instances politiques, chose qui ne doit pas rester monopolisée par l'ancienne génération. En effet la plus haute autorité du pays a mis le point sur cette question en ramenant l'âge du vote à 18 ans, cela pour confirmer le rôle des jeunes dans l'avenir du pays, et non pas pour faire des jeunes uniquement un effectif qui permet de rassembler un maximum de voix pour les candidats aux élections.

21 Enquête Economiste-Sunergia, les jeunes d'aujourd'hui 2011, 80p.

Pour conclure, tout au long de ce chapitre nous avons analysé les principaux problèmes vécus par les jeunes, des problèmes qui engagent l'avenir de toute la nation, puisque l'essor de cette dernière table sur sa jeunesse. Ajoutons à cela le mouvement des jeunes du 20 février 2011 qui a soulevé la faiblesse des politiques publiques au niveau de la jeunesse. D'où l'importance d'une prise en compte urgente des attentes de cette catégorie de la population. L'Etat a déjà initié plusieurs réformes au niveau économique et social et qui tentent de répondre aux attentes de la jeunesse du Maroc.

Dans le second chapitre nous allons voir les principales réformes qui ont été lancées par l'Etat, pour apporter des solutions aux problèmes économiques et sociaux de la population marocaine, Les réformes ont été destinées notamment aux jeunes, et parmi lesquelles figure la stratégie intégrée de la jeunesse, lancée au cours de l'année 2010.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery