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Analyse des faits politiques en Afrique: cas de la Cote d'Ivoire

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par Herphi Halerre Bouyoméka Mikolo et Pascaline AVLESSI
projet cerco du benin - Licence communication et relations internationales 2010
  

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Paragraphe 2 : Les causes immédiates

Nous nous intéresserons dans ce paragraphe aux raisons qui pourront préciser les sources internes des conflits. Pour ce faire, il nous sera nécessaire de structurer cette analyse sur deux plans.

A- Sur le plan sociopolitique

Au plus fort de la crise économique qu'a connue la Côte d'Ivoire à la fin de la décennie 1980, Houphouët-Boigny fit appel à Alassane Dramane Ouattara en 1990, fonctionnaire international peu connu dans son pays. Après la mort du « Vieux » en décembre 1993, Alassane Ouattara et ses hommes contestent au président de l'Assemblée Nationale Henri Konan Bédié, héritier prévu par la Constitution, l'accession automatique à la magistrature suprême. Malgré cette opposition, ce dernier viendra s'autoproclamer à la télévision nationale, Président de la République de Côte d'Ivoire. Dès lors, l'ancien premier Ministre rejoint une formation politique transfuge du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).

Dans le souci de se maintenir au pouvoir, le président Henri Konan Bédié crée le concept d'«ivoirité », qui n'aura de sens que celui voulu par son concepteur ou son utilisateur. Tantôt il désignait sur le plan culturel ce qui est propre à l'ivoirien ou qui détermine la marque identitaire d'ivoirien, tantôt il désignait un système socio- économique appartenant aux seuls ivoiriens de naissance, des ivoiriens de souche multiséculaire (qui ont leurs deux parents biologiques ivoiriens ainsi que leurs grands- parents eux-mêmes ivoiriens de naissance). Dans la pratique, ce concept a contribué à créer un sentiment de dédain vis-à-vis de l'autre, de celui qui n'était pas ivoirien ou chez des personnes ivoiriennes dont les patronymes avaient une consonance nordiste dont on retrouvait les mêmes appellations dans les autres pays de la sous-région.

Sur le plan politique il est utilisé comme arme par les tenants du pouvoir pour écarter des adversaires politiques et rejeter tous ceux qui critiquaient le pouvoir ou qui s'étaient érigés contre leur système de gouvernance au nombre desquels Alassane Ouattara, Djény Kobenan, Amadou Kourouma. De même, la nationalité des ressortissants de la partie septentrionale du pays sera remise en cause. Toute chose qui contribuera à instaurer un climat délétère. C'est dans ce contexte, que le 24 décembre 1999, le Général Robert Gueï, appuyé par l'armée, destituera le président ivoirien Henri Konan Bédié. A partir de cette date, la Côte d'Ivoire prit un rendez-vous avec l'instabilité politique. Sous la transition militaire, le concept d'ivoirité qui avait cours refait surface.

Ainsi, pendant les élections d'octobre 2000, tous les potentiels candidats des partis à forte obédience tels le PDCI et le RDR seront systématiquement rejetés par la cour suprême dirigée par Tia Koné. C'est donc seul que Laurent Gbagbo affrontera le général putschiste lors de ces élections présidentielles. A l'issue de ce scrutin, le Général Gueï s'autoproclame à la télévision nationale Président de la République, décision que contestera Laurent Gbagbo, en appelant ses militants à sortir massivement dans la rue pour faire échec à ce qu'il a appelé « un hold hup électoral ». Il fut finalement proclamé et investi Président le 26 octobre 2000.

Contestée à son tour par les militants d'Alassane Ouattara, pour la plupart originaires de la partie septentrionale du pays, cette élection donnera lieu à des affrontements entre adversaires politiques. Les « nordistes » sont l'objet d'une sanglante répression de la part des forces de l'ordre sur indication des sympathisants du FPI. Au cours de son mandat, Laurent Gbagbo reprend à son compte le concept d'« ivoirité » qui avait jusque-là envenimé la situation sociopolitique du pays. Ainsi de nombreux ressortissants du nord seront privés de leur droit civique. Certains verront leur carte d'identité confisquée par les forces de l'ordre pour nationalité douteuse, tandis que d'autres se verront refuser le certificat de nationalité. Cette situation a engendré au sein de la population nordiste des sentiments de frustration, de rejet tendant à faire d'eux des apatrides. Et, l'argument de l'exclusion et de la xénophobie est tout trouvé sous le vocable « assaillants venus du nord», lorsque le 19 septembre 2002, une tentative de coup d'Etat fut perpétrée et finira par devenir une rébellion avec pour base Bouaké. Celle-ci va se transformer en un conflit international pour impliquer de nombreuses nations.

La crise de légitimité à la tête de l'État est née du non-respect dans la proclamation des résultats des règles légales et des institutions républicaines de la Côte d'Ivoire par les partisans d'Alassane Ouattara et ses appuis extérieurs.

En effet, le 2 décembre 2010, les résultats provisoires, favorables à Alassane Ouattara (54,1 %), ont été annoncés, hors délai, par le seul président de la Commission Electorale Indépendante (CEI), que n'accompagnait aucun des commissaires, à l'Hôtel du Golf, devenu le siège du concurrent de Gbagbo, et non au siège de la CEI. Au lendemain du 3 décembre, conformément à la loi électorale, le Conseil Constitutionnel, seule juridiction habilitée à le faire, a proclamé les résultats définitifs, accordant la victoire au Président sortant Laurent Gbagbo, avec 51,45 % des suffrages.

Monsieur Choi, représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU dans ce pays, à peine annoncés les résultats du Conseil Constitutionnel, a décidé de valider les résultats de la CEI, se prévalant de son rôle de certificateur qui en aucune façon ne le plaçait au-dessus des institutions ivoiriennes. Pourtant, les résultats provisoires choisis par Monsieur Choi avalisent une fraude caractérisée.

En effet, sur les 20073 procès-verbaux de bureaux de vote, 1001 comportaient un nombre de votants supérieur au nombre d'inscrits, 807 comportaient plus de suffrages exprimés que d'inscrits, 1231 étaient dépourvus du sticker certifiant la validité du procès-verbal. Ces 3039 bureaux représentent 1 337 572 inscrits et 583 334 votants. Faut-il ajouter que, dans 1533 bureaux représentant 582 248 inscrits et 223 162 votants, le Président sortant Laurent Gbagbo a obtenu 3 ou moins de 3 voix. Les procès-verbaux douteux provenaient, pour l'essentiel, des cinq régions du nord du pays où le Conseil Constitutionnel a annulé les résultats de 7 départements dans trois régions du nord (Vallée du Bandama, les Savanes et Worodougou) où des recours, portant sur 600 000 voix environ, avaient été déposés par la majorité présidentielle.

A signaler que, faute de recours, le Conseil Constitutionnel a validé les surprenants résultats de la région du Denguélé où Alassane Ouattara l'emporte avec 97,85 % des suffrages, soit 70 357 voix, contre 2,15 % à Laurent Gbagbo, soit 1151 voix.

Le scrutin a été entièrement faussé dans les cinq régions du nord représentant 17 % de l'électorat national, en raison de la sortie des forces armées des Forces Nouvelles, ancienne rébellion qui n'avait pas été désarmée comme l'imposait pourtant l'Accord de Ouagadougou. Cette pression militaire, écartant les représentants de la LMP des bureaux de vote afin d'y organiser une fraude massive et pourchassant les éventuels électeurs favorables à Laurent Gbagbo, enlève toute crédibilité au scrutin dans cette partie du pays.

A noter que, dans les quatorze régions du reste du pays, représentant 83 % des inscrits, le candidat Ouattara n'a déposé aucun recours. Laurent Gbagbo y obtient 2 031 294 voix (53,86 %) contre 1739 945 (46,13 %) pour son adversaire.

Ainsi, il incombait au Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies de veiller au strict respect du verdict des urnes. Malgré l'unanimité apparente des différentes parties, la certification faite par le Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU en Côte d'Ivoire, après la proclamation des résultats du second tour de la présidentielle par la CEI et le Conseil Constitutionnel, sera remise en cause par le camp Gbagbo qui a accusé l'ONU d'être partiale. Et c'est le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara qui sera à l'origine de la crise postélectorale ivoirienne.

B- Sur le plans socio économique et culturel

La crise économique et le phénomène d'appauvrissement des populations constituent l'une des causes principales de l'instabilité en Côte d'Ivoire. Depuis l'indépendance en 1960 jusqu'au gouvernement d'Henry Konan Bédié en 1993, le café et le cacao constituent la base sociale et politique du parti au pouvoir (PDCI-RDA) qui a crée une « bourgeoisie de planteurs ».

La production générale des principaux produits a chuté en 1999 alors que les prix ont diminué depuis 1997 pour le coton, l'huile d'arachide et de palme, le sucre aussi bien que pour le cacao et le café. Les exportations du café ont diminué fortement. Ces difficultés économiques ont coïncidé avec la libéralisation de l'économie ivoirienne. Ce qui a provoqué une conjoncture sociale et économique particulièrement défavorable. La réforme de la caisse de stabilisation de soutien des prix de produits agricoles (CAISTAB) réalisée en 1999 et la libéralisation de la filière cacao ont provoqué le mécontentement des exportateurs car l'état ne pouvait plus apporter son soutien à ces derniers. La stabilisation des prix de cacao et la garantie des ventes anticipées par la Caistab avaient cessé dès août 1999.

La libéralisation des prix a emmené la concurrence parmi les producteurs et la fluctuation des cours s'est directement répercutée sur eux. En plus de ce facteur, l'Union Européenne a aussi autorisé l'utilisation d'autres matières que le cacao (le beurre de karité) dans la fabrication du chocolat à hauteur de 5%. C'est pourquoi les producteurs ivoiriens ont vendu le cacao à des prix historiquement bas en 1999. Cette situation économique a fini par des mouvements de grève, de blocage de la commercialisation du cacao et de la destruction de milliers de tonnes de cacao.

Ces mouvements de grève se sont étendus sur les autres producteurs locaux de coton (à cause de la fixation du prix du coton après la libéralisation de la filière en 1998) et de palmier à huile (contre des prix trop bas). Même les dockers du port d'Abidjan ont protesté contre la baisse de leurs salaires. Par ailleurs, l'augmentation des prix de certains produits de première nécessité comme le carburant répercutée sur les tarifs des transports en commun a provoqué la diminution du pouvoir d'achat de la population.

Le stimulateur de ces problèmes est lié au comportement d'Henry Konan Bédié dans la gestion des affaires publiques du pays qui a entraîné le gèle des financements en 1999 par les institutions de Bretton Woods. Ce qui se résume par :

· l'indifférence notoire du régime d'Henry Konan Bédié « aux évolutions du contexte international » ;

· la diminution de l'Aide Publique au Développement (ADP) par les bailleurs de fonds ;

· L'émergence de thèmes comme la « bonne gouvernance et la responsabilité » et leur ignorance par le régime de Bédié ;

· l'étendue de la fraude fiscale, l'absence de sanctions des individus convaincus de détournements, de substantielles dépenses ou de budget, ainsi que des dépenses non ordonnées.

Bref, en somme,  l'inertie du régime sur la lutte contre la pauvreté et l'inefficacité des dépenses publiques dans les secteurs sociaux  constituent parmi tant d'autres, les facteurs de déstabilisation du pouvoir de Bédié. Pour atteindre leurs objectifs politiques, certains politiciens ont utilisé la crise économique, le problème du foncier et celui des étrangers pour créer des sentiments de xénophobie au sein de la population forestière de la Côte d'Ivoire. C'est donc sur cette base qu'après la mort de Félix Houphouët Boigny en 1993 que la notion de l'« Ivoirité » fut politiquement exploitée par Bédié et ses partisans pour écarter son principal concurrent et premier Ministre Alassane Dramane Ouattara.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci