SIGLES ET ACRONYMES
AEEMB : Association des Elèves et
Etudiants Musulmans au Burkina
BICE : Bureau International Catholique de
l'Enfance
BMHN : Boucle du Mouhoun
C.CEB : Chef de Circonscription d'Education de
Base
CE2 : Cours Elémentaire
2ème année
CEB : Circonscription d'Education de Base
CEBNF : Centre d'Education de Base Non
Formelle
CEEP : Centre d'Eveil et d'Education
Préscolaire
CELPAC : Centre de Lecture publique et
d'Animation culturelle
CERFI : Cercle d'Etudes, de Recherches et de
Formation Islamique
CM2 : Cours Moyens 2ème
année
CMBF : Communauté Musulmane du Burkina
Faso
CP1 : Cours Préparatoire
1ère année
CPAF : Centre Permanent d'Alphabétisation
et de Formation
DEP : Direction des Etudes et de la
Planification
DPEBA : Direction Provinciale de l'Enseignement
de Base et de l'Alphabétisation
DREBA : Direction Régionale de
l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation
FDC/BF : Fondation pour le Développement
Communautaire du Burkina Faso
INSD : Institut National de la Statistique et de
la Démographie
MENA : Ministère de l'Education Nationale
et de l'Alphabétisation
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PACTE : Projet de lutte contre le trafic des
enfants en Afrique de l'Ouest
PCD : Plan Communal de Développement
PDDEB : Plan Décennal de
Développement de l'Education de Base
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
TBS : Taux Brut de scolarisation
UCM : Union Culturelle Musulmane
1
INTRODUCTION
L'éducation s'impose comme une condition pour
réussir tous les aspects de la vie politique, économique,
sociale, culturelle et religieuse. Elle est un facteur essentiel à
l'émancipation des peuples, au développement humain durable.
Cette importante dimension de l'éducation apparaît dans les
réflexions de Pascal MOUKENE: «Le domaine de l'éducation
est pour toute société la pierre angulaire de la construction de
son avenir. L'éducation traduit les tendances et les options
présentes dans la société et en même temps elle
constitue un processus de projection dans le futur »1
En Afrique précoloniale, le type d'éducation qui
a existé était traditionnel et communautaire. Pour Ousmane
SAWADOGO2, cette éducation valorisait la cohésion du
groupe. L'important était le rôle social que chaque individu
devait jouer. L'éducation visait à apprendre à chacun
à se situer par rapport au groupe, à en respecter les
règles et les valeurs, en un mot à se conformer au rôle qui
lui était assigné. L'épanouissement personnel
n'était pas valorisé; mais la sécurité et la
perpétuation du groupe. L'enfant n'était pas encouragé
à développer son moi, mais l'identité du groupe, l'esprit
communautaire et le sens des responsabilités envers les autres.
Par la suite, les écoles coraniques sont
arrivées. Introduites en Afrique à travers l'Egypte et l'Afrique
du Nord par les marins et commerçants arabes, elles ont joué un
rôle de premier plan dans la diffusion de la culture arabo-musulmane.
C'est ainsi que Tombouctou a connu au XVIème siècle un
rayonnement intellectuel extraordinaire. Toutefois Youssif ELIAS3
écrit à propos de cette école : « Si elle
apparaît aujourd'hui en rupture avec le monde moderne et ses exigences
matérielles, c'est probablement parce qu'elle n'a pas su s'engager
à temps dans les voies ouvertes par la recherche pédagogique
moderne. Refusant de repenser sa stratégie en fonction des besoins d'un
monde en pleine mutation et livré à la rude concurrence de
l'école moderne, mieux adaptée aux nouvelles conditions et
utilisant un
1 Pascal Mukene, L'ouverture entre l'école
et le milieu en Afrique noire. Pour une gestion pertinente des
connaissances, Editions universitaires de Fribourg -- Suisse, 1988, p.
253.
2 Ousmane Sawadogo, Les représentations des
paysans de Koulouégo (Burkina Faso) confrontés aux nouvelles
technologies agricoles, Mémoire de maîtrise,
Université Paris 8, 1994.
3 Youssif Elias, « Islam et vie culturelle en
Afrique », in Ethiopiques numéro 29, Revue socialiste de
culture négro-africaine, février 1982.
matériel pédagogique de plus en plus
sophistiqué, l'école coranique apparaît aujourd'hui
à la recherche d'un nouveau souffle ».
Avec la colonisation de l'Afrique entre le
XVIème et le XIXème
siècle4, l'école formelle est créée par
les colonisateurs européens. Appelée école des otages au
départ, du fait que les premiers enfants qui la fréquentaient
étaient enlevés aux chefs africains, elle visait la formation des
cadres de l'administration coloniale. En fait le gouvernement avait besoin
« de se faire seconder par des cadres autochtones subalternes pour
servir de «courroie de transmission» et d'agents d'exécution
entre les dirigeants européens et les masses, et cela à tous les
niveaux de l'activité économique ».5
En conséquence, la nécessité de
réformer l'école africaine est apparue aprés la
colonisation. Jean-Blaise KENMOGNE6 évoque les circonstances
de ce changement en écrivant : « Il y a près de
quarante-cinq ans, le tout premier constat officiel de la faillite de
l'école africaine a été fait, sans complaisance aucune.
C'est en effet en 1961, alors que de nombreux Etats viennent à peine
d'accéder à l'indépendance que les ministres africains de
l'Education nationale, réunis à Addis Abeba en Ethiopie, ont
clairement posé le diagnostic.
D epuis lors, de multiples tentatives de réforme
scolaire ont été opérées, aussi bien par
les
E tats que par les institutions religieuses. Sans que les
résultats obtenus soient véritablement à la hauteur des
espoirs».
Dans cette recherche de solution, le Burkina Faso a
adopté une politique participative dans la perspective d'accroître
l'offre éducative en permettant que le secteur privé intervienne
dans le domaine. Cela a eu pour conséquence le développement
rapide du secteur de l'éducation de base qui compte de nos jours un
grand nombre d'écoles privées7. Ces écoles se
subdivisent en écoles privées confessionnelles ou laïques et
se classent selon leur statut comme suit : école privée
catholique, école privée protestante, école franco-arabe,
école medersa, école privée laïque.
4 Encarta Junior, 2009.
5 INADES -formation- L'Afrique en mutation,
cité par Issa Barthélemy KABORE dans Préparation
aux
ome2C=1TfnTrfi.2222s. nais,
directeur général du Cercle international pour la protection de
la Création (CIPCRE).
7 1 965 écoles privées contre 8 831
publiques en 2010-2011 ; source : DEP-MEBA
3
L'Etat exerce son contrôle sur ces écoles
à travers un contrat dont les termes sont consignés dans les lois
et textes règlementaires que sont : la loi 013 portant Loi d'orientation
de l'éducation ; l'arrêté 2004 - 05/MEBA/SG/DGEB/DEBP du 05
février 2004 portant cahier des charges des établissements
privés de l'enseignement de Base privé ; le décret
n°99-221/PRES/PM/MESSRS/MEBA du 29 juin 1999 portant réglementation
de l'enseignement de Base privé au Burkina Faso ; et le décret
n° 2008-236 /PRES/PM/MEBA/MESSRS/MASSN/MATD du 08 mai 2008 portant
organisation de l'enseignement primaire.
Conformément aux dispositions, les fondateurs et
promoteurs d'écoles privées ont l'obligation de fonctionner en
respectant toutes les règlementations relatives à la
création, à l'ouverture et au fonctionnement des
établissements. Parmi celles-ci, l'application des horaires et
programmes officiels en vigueur au Burkina Faso qui n'exclut pas la
liberté d'ajouter d'autres programmes spécifiques.
Malheureusement, certaines écoles, les medersas et
franco-arabes pour la plupart, semblent avoir des difficultés pour
appliquer le programme officiel d'enseignement et à se distinguer des
écoles coraniques qui, elles, sont en marge du système
éducatif. Cette situation nous a conduit à nous pencher sur le
phénomène spécifique à l'enseignement de Base
privé confessionnel musulman. Le thème que nous avons choisi est
« Les écoles coraniques et l'éducation des enfants
talibés ».
Notre étude se subdivise en deux grandes parties. La
première partie est consacrée à la théorie et
à la méthodologie. Elle comprend le contexte et la justification,
la problématique et enfin la méthodologie.
La deuxième partie traite des aspects pratiques. Elle se
compose de : la présentation, l'analyse et l'interprétation des
données ; puis les suggestions.
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