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Les écoles coraniques et l'éducation des enfants talibés dans la ville de Dédougou au Burkina Faso

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par Abdoulaye ZERBO
Université de Koudougou au Burkina Faso - Diplôme d'inspecteur de l'enseignement du premier degré 2012
  

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CONCLUSION

Lorsque nous abordions cette étude, notre objectif était de découvrir le fonctionnement des écoles coraniques de la ville de Dédougou, puis de disposer de données statistiques sur ces écoles.

A cette étape conclusive, nous pouvons affirmer, au regard de leur nombre et de leurs effectifs, que l'école coranique occupe une place importante dans la vie des populations. Les raisons de cet intérêt sont apparemment d'ordre religieux, mais en réalité, elles cachent une méconnaissance des lois nationales en matière d'enseignement, d'éducation et surtout de droit des enfants.

Il est apparu sans conteste que ces écoles ne sont pas reconnues et qu'elles ne sont pas prises en compte dans le calcul des taux bruts de scolarisation du Burkina Faso. L'incidence de cette situation sur les efforts du Burkina Faso pour relever les TBS et atteindre l'Education pour tous est très négative.

Par ailleurs, nous nous sommes posé un certain nombre de questions dont la principale est la suivante : les écoles coraniques garantissent-elles une éducation de qualité aux enfants talibés ?

Pour répondre à cette question, nous avons émis l'hypothèse principale disant que : les écoles coraniques dispensent un enseignement religieux qui prépare les enfants à être de bons croyants. En spécifiant cette hypothèse nous en avons tiré deux autres, secondaires, formulées de la manière suivante :

- La durée de la scolarité, les conditions de recrutement et d'études permettent d'assurer aux élèves des écoles coraniques une éducation de qualité ;

- Les élèves des écoles coraniques se livrent à la mendicité seulement par principe religieux.

Nous avons mené nos recherches en tenant compte des orientations de ces hypothèses qu'il nous a paru nécessaire de vérifier au moyen d'instruments de collectes de données. Pour ce faire, nous avons élaboré des guides d'entretien et une grille d'observation au regard de notre approche qui se voulait qualitative.

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A l'issue du traitement, de l'analyse et de l'interprétation des données, il est apparu que notre hypothèse principale seule est confirmée et que les écoles coraniques dispensent effectivement un enseignement islamique dont le but est d'amener les enfants à être de bons fidèles musulmans.

Quant aux deux autres hypothèses, elles ont été infirmées. Nous retenons pour la premiere que les programmes et conditions d'étude ne favorisent pas une bonne éducation des enfants ; pour la deuxieme, que la mendicité est moins le fait d'un principe religieux qu'une imagination pour subvenir aux besoins des foyers.

Au demeurant, il est ressorti que les objectifs, les finalités et les buts de cette éducation sont loin de s'accorder avec ceux définis par l'Etat et que d'ailleurs l'éducation des foyers coraniques ainsi que les conditions d'enseignement sont entachées de pratiques intolérables. La situation est grave à ce point que certains observateurs se demandent si l'école coranique n'est pas un fléau pour emprunter les termes du journal l'Evasion qui a écrit à propos des talibés : « Ce sont des écoliers de l'école coranique, cette institution éducative de l'islam, insérée dans notre société contemporaine aux côtés des institutions scolaires officiellement reconnues. Cette école doit elle être considérée comme un fléau social par rapport aux droits universels de l'enfant et par rapport à l'aspiration à une société saine et productive dans un pays comme le Burkina Faso ? ».67

Cependant, un aspect des résultats de notre étude nous semble intrigant et mérite à notre sens de faire l'objet d'une étude sociologique. C'est la dominance d'un certain groupe ethnique dans les foyers coraniques. Treize (13) promoteurs sur quinze (15), soit 86,7 % sont des Peuls. Ce constat est-il le même sur toute l'étendue du territoire national ? Pourquoi les Peuls sont-ils les plus nombreux dans ce secteur ?

Tout compte fait, nous pensons que le moment est venu de rompre le silence, d'écouter enfin l'alerte lancée par certains acteurs tels la Fondation pour le Développement Communautaire du Burkina Faso et d'aller vers la réforme des écoles coraniques longtemps laissées à la dérive.

67 Evasion N°347 du vendredi 14 mars 2003, p. 13

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