II.3. Les suggestions à l'endroit de la
communautémusulmane
La communauté musulmane est moralement garante des
fidèles du point de vue
religieux. En ce sens, elle doit s'impliquer dans
l'éducation des enfants en veillant sur toutes
les structures qui prétendent assurer une éducation
islamique. Aussi, lui faudrait-il :
> Sensibiliser les membres de la communauté,
notamment les parents d'enfants talibés et les maîtres coraniques
en vue de faire cesser : la pratique de la mendicité, le trafic
d'enfants et le principe de non paiement de frais de scolarité au
marabout.
> Organiser et encadrer les promoteurs de foyers coraniques
afin qu'ils puissent respecter les règles établies en
matière d'enseignement privé au Burkina Faso. Pour cela,
délivrer un certificat de reconnaissance aux maîtres coraniques
attitrés, et faire appliquer les mêmes horaires et programmes par
tous.
II.4. Les suggestions à l'endroit de l'Etat
Les actions à entreprendre par l'Etat doivent viser
l'intégration des talibés au système scolaire. Pour cela,
il pourrait adopter les propositions suivantes :
> sensibiliser les responsables religieux, les promoteurs,
les parents d'enfants et les talibés pour qu'on envoie désormais
les talibés dans les medersas et franco-arabes reconnues par l'Etat;
> traduire les textes de lois en langues nationales et les
mettre à la disposition des communautés et des promoteurs de
foyers coraniques ; en particulier les
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articles de loi interdisant la mendicité, la loi
d'orientation de l'éducation et le cahier de charge portant organisation
de l'enseignement privé au Burkina Faso.
> recenser les maîtres coraniques et leur octroyer
des moyens pour abandonner la création des foyers coraniques. Avec les
fonds accordés, ils peuvent mener des activités
génératrices de revenus et se passer de l'aumône.
> transformer les promoteurs en animateurs de centres
d'alphabétisation et les alphabétiser dans une langue nationale
de leur choix ;
> transformer les écoles coraniques en Centres
Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF) ou en écoles
franco-arabes ;
> orienter vers les Centres d'Education de Base Non
Formelle (CEBNF) les talibés qui ont terminé leur cycle
coranique.
II.5. L'école coranique réformée
La mise en oeuvre de ces recommandations devrait donner lieu
à l'école coranique réformée. A terme, nous aurons
les écoles coraniques de types suivants :
v' les écoles coraniques
réformées en medersas reconnues. Elles seront
celles qui auront accepté de se transformer en adoptant le mode de
gestion et de fonctionnement des écoles medersa reconnues au Burkina
Faso ;
1' les écoles coraniques
réformées en Centres permanents d'alphabétisation et de
formation(CPAF). Ce sera celles qui voudront bien : soit devenir
centres d'alphabétisation ou, à défaut,
référer leurs talibés à des centres et fonctionner
comme des sortes d'écoles coraniques satellites. Dans ce cas, les
élèves répartissent les temps d'apprentissage entre
l'atelier et le foyer.
v' les écoles coraniques traditionnelles
pour les scolaires. Elles seront celles qui recevront les
élèves de l'école primaire classique les jours non
ouvrables et ceux ayant terminé leur scolarité obligatoire.
Dans l'une et l'autre de ces écoles, la
mendicité sera bannie ; tout comme le contrôle de l'Etat
s'exercera à travers ses services compétents et en collaboration
avec la communauté musulmane.
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