2-2 Quels ajustements pour notre etude de cas ?
La finalité de notre etude sera de mettre en evidence
les caracteristiques spécifiques qu'ont les habitants de notre zone
d'étude dans leur perception et leurs pratiques de la métropole
de Chennai. Les questions de mobilité, de connectivité et
d'accessibilité, sont le cÏur et la raison d'être de notre
enquête. L'utilisation de la carte mentale devra nous
permettre, simplement, de donner un visage à un espace de vie. Pour
être lisibles, les spécificités de notre zone
d'étude devront être comparées aux réalités
vécues par les habitants d'autres quartiers, que nous
présenterons dans le paragraphe suivant. Au final, l'idée sera,
à partir des résultats obtenus, de mesurer la force des liens qui
unissent chaque quartier au reste de la ville, et de mettre en exergue
certaines discontinuités qui participent, ou pas, à la mise
à l'écart des quartiers nord de Chennai.
2-2-1 Déroulement de l'exercice
Par rapport à une cartographie participative classique,
oü la réalisation de l'exercice implique plusieurs individus, nous
nous concentrerons sur une perception personnelle et intime de l'espace. Il
sera même important de veiller à ce que le participant ne
bénéficie d'aucune aide extérieure au cours de
l'élaboration de la carte mentale. Il ne s'agira donc pas d'une
cartographie communautaire, mais d'une succession d'exercices individuels qui
une fois mis bouts à bouts pourront être le reflet d'un ressenti
global pour les habitants du quartier concerné.
Par ailleurs, là oü la cartographie participative,
en règle générale, oriente l'exercice de la cartographie
mentale en précisant les éléments qui doivent
appara»tre sur le papier, nous choisirons de ne donner aucune indication
au participant, puisque l'on recherchera avant tout la
spontanéité. Le participant, ainsi, ne fera mention que des
éléments spatiaux qui lui semblent significatifs dans sa vie
courante, des lieux qu'il a l'habitude de fréquenter et qu'il
conna»t bien.
Des indications, pourtant, il est indispensable d'en donner,
notamment lorsqu'il est question d'expliquer les raisons et les
finalités de l'enquête. Aussi, au début de chaque
interview, après les présentations, on explique l'utilité
de notre enquête et de l'intervention des locaux, le temps
nécessaire à l'exercice ainsi que ses modalités, mais on a
évite de développer sur les résultats attendus, de facon
à ne pas orienter les réponses. En tous les cas, il est
intéressant de valoriser le participant, en insistant sur le fait que la
qualité de la réalisation cartographique importe peu, et que
chaque participation nous sera utile. En effet, il est très difficile,
lors des premiers contacts, de convaincre les locaux de prendre un crayon, et
de dévoiler ainsi leurs faiblesses, d'autant qu'une large partie d'entre
eux ma»trise mal l'écriture ou le dessin. Il est clair que la
confrontation au crayon et à la feuille blanche est un
élément de stress à prendre en compte. Il est aussi
parfois compliqué de convaincre le participant de réaliser un
travail sans compensation salariale! Enfin, une autre
difficulté provient du fait que la carte, ses usages,
ses regles, appartiennent pour une partie du public au domaine de l'inconnu.
Pour toutes ces raisons, les capacités de persuasion sont soumises
à rude épreuve. A partir de ces constats, une stratégie se
doit d'être élaborée.
De maniere à faciliter l'exercice, on proposera un
éventail de solutions visant à mettre à l'aise le
participant. Pour commencer, celui-ci aura la possibilité de visualiser,
tres brievement, des exemples multiples de cartes réalisées par
d'autres, sans qu'il nÕait le temps de les parcourir en detail, ce qui
pourrait influencer ses representations. Il pourra egalement utiliser
indifféremment le tamoul de l'anglais (beaucoup des interviewés
n'osent pas dire qu'ils ne connaissent pas l'anglais et se renferment à
cause de cela, c'est pour cette raison qu'il est important de les rassurer en
leur expliquant que ce n'est pas un probleme). Ceux qui ma»trisent mal
l'écriture, quant à eux, pourront se contenter de dessiner et
d'indiquer les marqueurs spatiaux qui seront énoncés à
l'oral puis reportés sur papier par l'interprete, au fur et à
mesure de l'elaboration de la carte. La convivialité et le cTMte amical
de l'approche importent énormément, et viennent compenser
l'aspect scolaire qu'elle semble revetir de prime abord. L'énonce de
l'exercice, par ailleurs, se veut clair et objectif : Ç Dessinez,
sous forme de carte, la ville de Chennai dans son ensemble, d'apres ce que vous
en connaissez È. Pour terminer, et c'est certainement là le
point le plus important, la carte mentale n'est évoquée
qu'à la fin de l'interview, apres une longue introduction par un
questionnaire, qui en plus de jouer le rTMle de facilitateur de l'exercice,
viendra surtout le completer et surtout combler ses imperfections.
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