Chapitre 2 : Historique des peintures
contemporaines.
2.1 Les formes ancestrales de l'art actuel.
Différentes formes d'expression artistique
précèdent l'apparition des peintures contemporaines sur toile.
L'art rupestre, les peintures sur sable et l'art corporel existent depuis des
milliers d'années et c'est dans ces pratiques rituelles que les artistes
contemporains puisent leurs motifs, leurs compositions et leur inspiration.
2.1.1 L'art rupestre.
On retrouve un peu partout sur le continent australien des
milliers de motifs gravés ou peints sur la roche. Certains sont
anthropomorphes ou zoomorphes, d'autres représentent des traces
laissées sur la terre par les hommes et les animaux. Mais la plupart (
les lignes, cercles concentriques, points, demi-cercles...) semblent abstraits
à toute personne qui n'a pas appris leur symbolique particulière.
Tous ces motifs doivent être considérés en relation avec
leur environnement et avec les croyances religieuses. (Isaac 1990,136).
2.1.1.1 Caractéristiques formelles de l`art rupestre
du désert
L'art rupestre du désert est principalement
non-figuratif. Son uniformité est assez exceptionnelle pour une surface
géographique si étendue. Formé de cercles, lignes,
points... et d'empreintes d'animaux et d'hommes, cet art montre la grande
différence, dans la façon de représenter le monde, entre
les Aborigènes du centre7 et la manière
européenne.
7On retrouve des signes identiques à ceux du
Désert dans d'autres régions comme le Queensland et l'ouest des
New South Wales.
2.1.1.2 Les sites
Dans la grotte Koonalda, prés de la plaine Nullarbor
dans le sud de l'Australie, on trouve, sur les parois, des traces datées
de 20000 avant J.C. Ces traces sont considérées comme les
premières formes d'art sur le continent. Dans le désert central,
des sites comme Ewaninga (ILL.6), Owalinja (ILL.7), Rodinga (ILL.8), Uluru
(ILL.9) et Nama (ILL.10), entre autres, présentent des motifs
non-figuratifs de cercles ou U peints ou gravés. Ces sites sont
difficilement datables car ils sont restés utilisés pendant
plusieurs siècles, voir plusieurs millénaires, et le sont
même parfois encore aujourd'hui (Brill 1988,154). Les matières
anciennes ont été recouvertes par de nombreuses couches de
peintures, ce qui rend plus difficile la datation au carbone 14.
2.1.1.3 Une interprétation ?
Les Aborigènes du désert dessinent ce qui peut
apparaître comme une vue aérienne de la terre sur laquelle les
êtres vivants ont laissé leurs traces (Isaac 1990,142 ; Layton
1992, 54) (cf.p. 56-7).
2.1.1.4 Une continuité jusqu'à
aujourd'hui.
Dans une de ses études, Layton a comparé l'art
rupestre avec les dessins faits dans le sable par les Aborigènes du
vingtième siècle pour illustrer leurs récits de
légendes ou d'événements réels : les signes sont
les mêmes, preuve d'une continuité traditionnelle (Layton 1992,
54). L'observation des sites du Désert nous montre que les motifs que
l'on retrouve dans les tableaux contemporains sont tout à fait dans la
continuité formelle de l'art rupestre du désert central puisque
les signes sont les mêmes : les cercles concentriques reliés entre
eux par des lignes, les formes en U, les empreintes sont donc traditionnels
dans cette région. On
constate ainsi que non seulement les motifs sont restés
les mêmes sur des millénaires dans les différentes
habitudes traditionnelles, mais qu'ils ont également été
repris pour les peintures contemporaines qui sont une pratique relativement
nouvelle pour les Aborigènes. Par contre, les études faites sur
la composition et sur le cadre sont difficilement applicables à l'art
rupestre puisque le cadre des peintures rupestres est beaucoup moins bien
défini et que l'état actuel des parois est le résultat de
l'accumulation et de la superposition de motifs peints ou gravés sur une
très longue période, il est donc difficile de vraiment parler de
composition.
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